Fioraso veut créer une nouvelle filière d'enseignement supérieur pour les bacheliers professionnels

Je n'ai pas vu que cela avait été déjà posté :

Près d’un tiers des bacheliers professionnels (30 %) poursuivent des études dans le supérieur. Tous ne peuvent pas s’orienter vers un BTS, malgré l’orientation prioritaire des bacs pros vers ces formations, inscrite dans la loi de juillet 2013. Or, si le taux de poursuite dans le supérieur passe de 30 à 50 % dans les années à venir, « le flux à absorber serait supérieur à 200.000 étudiants par an, soit largement supérieur à la capacité d’accueil des BTS », indique le ministère. Les expérimentations menées dans telle université ou telle école d’ingénieur pour mieux accueillir les bacs pros dans l’enseignement supérieur ne suffisent plus, au vu de leur nombre croissant.

La suite :

http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0204026967966-enseignement-superieur-fioraso-veut-creer-une-nouvelle-filiere-pour-les-bacs-pros-1076462.php

C'est surtout la fin qui est intéressante :

"A terme, selon la secrétaire d’Etat, il faut toutefois « juguler la hausse des bacs pros ». « Si on a dégagé 60.000 postes, c’est bien pour faire en sorte que davantage de jeunes aillent vers un bac général. Même si le bac pro est un bac à part entière. »"

"A terme, selon la secrétaire d’Etat, il faut toutefois « juguler la hausse des bacs pros ». « Si on a dégagé 60.000 postes, c’est bien pour faire en sorte que davantage de jeunes aillent vers un bac général. Même si le bac pro est un bac à part entière. »"

Donc les 60000 postes qui ne sont pas et ne seront jamais créés ne doivent servir qu'aux filières générales ? Parce que les bacs pros n'ont pas besoin de profs, sûrement ?
Cette phrase est quand même très bizarre...

Qu'on nous foute un peu la paix, chaque nouveauté est une dégradation.

"Une filière spécifique pour les bac pro pourrait "être proposée dans tous les types d'établissements d'enseignement supérieur, qu'il s'agisse de lycées offrant déjà des formations professionnelles, de lycées délivrant des BTS, d'universités soucieuses d'offrir une alternative crédible aux bac pro désireux de les rejoindre ou d'écoles prêtes notamment à ouvrir leurs classes préparatoires intégrées à ce nouveau public", précise la lettre de mission."


Ah oui, surtout, ne les mettons pas en LP où il y a le matériel, les enseignants, hein...mettons-les ailleurs.

Je suis si fatiguée que j'en ris...
c'est mieux que d'en pleurer...

La filière pro en lycée général ça le fait plus que le lycée pro !

Cath, c'est ce que je n'ai pas compris. Les plateaux techniques sont dans les lycées (bac pro et BTS) ils ne vont pas les créer dans les universités, avec quels budgets ?
Je vois l'exemple de mon lycée, depuis pas mal d'année, on en est au partenariat, les étudiants d'une école d'ingénieur et d'un IUT viennent suivre des modules dans un atelier particulier. Cela pour éviter d'avoir à financer les équipements sur leur site.

Cath a écrit:

"A terme, selon la secrétaire d’Etat, il faut toutefois « juguler la hausse des bacs pros ». « Si on a dégagé 60.000 postes, c’est bien pour faire en sorte que davantage de jeunes aillent vers un bac général. Même si le bac pro est un bac à part entière. »"

Donc les 60000 postes qui ne sont pas et ne seront jamais créés ne doivent servir qu'aux filières générales ? Parce que les bacs pros n'ont pas besoin de profs, sûrement ?
Cette phrase est quand même très bizarre...

Qu'on nous foute un peu la paix, chaque nouveauté est une dégradation.

Moi c'est ça qui me choque ! Ben oui, un bac pro est un bac, c'est dans le nom.

Et puis bon, comme tu dis Cath, on n'a pas besoin de profs...

"A terme, selon la secrétaire d’Etat, il faut toutefois « juguler la hausse des bacs pros ». « Si on a dégagé 60.000 postes, c’est bien pour faire en sorte que davantage de jeunes aillent vers un bac général. Même si le bac pro est un bac à part entière. »"

J'adore le "même si" hyper méprisant.

Quand est ce qu'ils comprendront que le Bac général n'est pas un graal!

Le bac général ne sert à rien si on ne fait pas des études derrière ou il permet de passer des concours...le bac pro permet de trouver un emploi de suite (sans concours) ou poursuivre des études dans la filière du bac pro obtenu.
C'est pas comme ça qu'on va attirer du monde en LP

Je cite le paragraphe en entier

Le tout doit se faire « à partir des besoins exprimés par les milieux professionnels », insiste Geneviève Fioraso. Pour répondre à des besoins en qualifications professionnelles nouvelles « non satisfaits ». A terme, selon la secrétaire d’Etat, il faut toutefois « juguler la hausse des bacs pros ». « Si on a dégagé 60.000 postes, c’est bien pour faire en sorte que davantage de jeunes aillent vers un bac général. Même si le bac pro est un bac à part entière. »

Dans la première partie, c'est la logique de la filière professionnelle, il y a un besoin de main d’œuvre qualifiée et il faut la former (autrement qu'avec le gréta et pôle emploi) mais immédiatement après, il est noté qu'il faut les pousser vers le général. Donc, on ne va ouvrir de nouvelles sections de bac pro alors qu'il y a un manque de professionnels dans certains secteurs d'activité, d'où le recours à pôle emploi et au gréta.
C'est vraiment un énorme paradoxe (et un gros mensonge, mais bon, ça, on a l'habitude, depuis le temps, c'est devenu une seconde nature chez nos politicards)

interprétation personnelle des propos de la ministre :

Le coût par élève de la filière pro est supérieur à celui de la voie générale. Pas de beaucoup maintenant qu'une année de formation a été supprimée, mais le déficit se combat aujourd'hui à coup de demi-pourcent d'économie. Donc la croissance de la démographie lycéenne se fera essentiellement en filière générale.

Les bacs pro devenant la seule filière sélective, ils pourraient devenir assez vite les filières où s'orientent les bons élèves. En dehors de quelques lycées d'élite protégés par un immobilier bourgeois ou des frais de scolarité prohibitifs, la filière générale deviendrait alors la voie de relégation des classes populaires et des classes moyennes paupérisées.

Pas la filière générale, certaines filières générales accompagnées aussi de filières technologiques.

L'objectif c'est de les laisser sur les bancs de l'école le plus longtemps possible pour amortir l'impact de leur arrivée sur le marché du travail, le tout  au moindre cout et cela s'obtient par une filière qui combine qq disciplines un peu plus concrètes, des choses pas trop difficile d'accès et quasi 100% théorique (i.e. presque tout sur papier), le miracle des STMG par exemple.

Et si un jour le marché du travail redevient déficitaire et réclame plus de jeunes sur le marché de l'emploi ?  Aucun problème il suffira de réformer légèrement ce type de filière de masse proposant de l'employé non qualifié pour permettre de l'alternance ou de l'apprentissage.

Bref des filières de régulation des flux de population d'élèves et des viviers de travailleurs au service de l'économie et des marchés.

C'est une forme d'industrialisation de l'école, exactement comme on est passé du Boulanger qui préparait ses baguettes à la main et avait le souci de la qualité à certains boulangers qui se contente de recevoir du produit industriel en quantité et font cuire. Plus aucun souci de qualité, c'est pragmatique et cynique, gestion de masse, minimisation des couts et rendement.

C'est cousu de fil blanc.

Les bacheliers pro n'ont pas assez de débouchés en BTS. Et comme les BTS coûtent cher, on ne veut pas en créer d'autres. Donc on va demander aux "autres filières du supérieur" d'accueillir tous ces étudiants sans avenir. Les autres filières ? Quesako ? Les prépas ? Je pouffe ! Les IUT ? ça coûterait aussi cher que d'ouvrir de nouveaux BTS…

Alors, que reste-t-il ? Bon sang, mais c'est bien sûr ! L'université ! La poubelle générale, à laquelle on supprime sans vergogne ses moyens de fonctionnement ! Alors on va demander d'ouvrir (à moyens constants, comme d'hab' !) de nouvelles filières réservées aux bacs pros. Et d'ailleurs, si on pouvait un peu maquiller ces bacs pros en bacs généraux pour noyer le poisson, ce ne serait pas plus mal… Et on va bien faire comprendre aux universitaires qu'ils doivent être trèèèès tolérants et noter trèèèèès large.

Mme Fioraso, vous êtes vraiment une faussaire ! Mais vous avez le tort de penser que personne ne s'en rend compte. Vous avez aussi celui de penser que les universitaires sont prêts à toutes les compromissions. Or, que je sache, nous n'avons pas de comptes à rendre à quelque inspecteur que ce soit. Dans mon cours, je décide de ce que je fais, de la façon dont j'évalue les étudiants, et je suis encore juge de ce que je suis prêt à accepter dans le registre du bradage des diplômes. Vous nous envoyez déjà des bacheliers au niveau indécent, et nous sommes obligés de sacrifier 2 ans (L1-L2) pour reprendre les bases à zéro. C'est déjà bien, non ? Pour moi, ça s'arrête là, la limite de l'acceptable est atteinte…

De toute façon, même si je voulais donner dans la fiorasite aiguë, je ne le pourrais même pas : 80% du programme de syntaxe de L1 est de niveau collège. Sujet, verbe, complément. Comment puis-je simplifier encore ? Les copies que je corrige sont anonymées (vous savez, le petit coin noir que les étudiants replient et collent, et qu'on passe ensuite un temps fou à détacher…) : pas de discussion. Il y a un barème précis, défini à l'avance, le même pour tous. "Mme Fioraso est une menteuse". Une menteuse COD : 0 point. Une menteuse attribut : 1 point.

Je me fiche complètement de l'origine des étudiants que vous m'envoyez. Mais ils s'inscrivent en filière Lettres, et donc ils doivent être capables de faire l'analyse syntaxique d'une phrase. Ça s'arrête là. Mon filtre est le même depuis 15 ans : il est assez grossier, mais il élimine déjà 50% des étudiants. Si j'écarte encore les mailles, il n'y a plus de filtre.

Finrod a écrit: L'objectif c'est de les laisser sur les bancs de l'école le plus longtemps possible pour amortir l'impact de leur arrivée sur le marché du travail, le tout  au moindre cout.

J'ai exactement la même analyse, enfin ce n'est pas une analyse, c'est un constat désabusé face à une situation aberrante.

Otez-moi cependant d'un doute, avant le Bac pro était en 4 ans, maintenant en 3, mais il faut rajouter des années en post-bac... C'est d'une logique fantastique !

Ce que je retiens :

fioraso a écrit: Seuls 3,5 % réussissent à l’issue de leur première année de licence, confie aux « Echos » la secrétaire d’Etat.

Madame Geneviève Fioraso, sous-sous-secrétaire d'Etat pour la promotion de l'enseignement inférieur...