G. Fioraso veut des quotas pour les bacs pros et technos dans les BTS et les IUT.

les échos a écrit:La loi n'est pas encore votée, mais la mécanique est enclenchée. Dans une lettre du 16 avril que nous nous sommes procurée, la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, indique aux recteurs la marche à suivre en vue de donner la priorité aux bacheliers professionnels dans les sections de techniciens supérieurs (STS) et aux bacheliers technologiques dans les Instituts universitaires de technologie (IUT). Ces filières sont trop souvent occupées par des bacheliers généraux, selon la ministre. Le projet de loi Fioraso, qui sera débattu à l'Assemblée le 22 mai, prévoit des quotas pour éviter aux bacheliers pros et technos d'atterrir par défaut à la fac, où ils échouent souvent. Ce dossier devra être mené « en étroit partenariat avec les directeurs et présidents d'IUT […] ainsi qu'avec les proviseurs pour ce qui concerne les STS », écrit Geneviève Fioraso aux recteurs, en souhaitant prendre en compte « l es caractéristiques des différents territoires ».

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En IUT je ne sais pas ce que ça donne mais en BTS la porte ouverte aux bacs pros on pratique depuis longtemps : j'ai même déjà eu des classes spécifiques où on n'avait que des bacs pros et on savait qu'il fallait les accompagner afin que le BTS passe en 3 ans délai légal de la formation.

Il y a de quoi attaquer une telle mesure devant le Conseil d'Etat, parce que cela brise l'égalité des citoyens devant la loi (ou les procédures de recrutement : il y aura des critères Bac Pro et des critères Bac S).
Soit ils se planteront en fin de cursus, soit on descendra dramatiquement le niveau de l'examen — soit effectivement on leur fera un BTS en trois ans, mais alors, quid des autres qui l'auront échoué en seconde année ?
Tout ce que fait Fioraso est foireux, au pur sens du terme ("Ta mère fit un pet foireux / Et tu naquis de sa colique", comme disaient les cosaques Zaporogues et Apollinaire).

Le niveau a déjà tendance à baisser même avec le recrutement standard en séries technologiques. Par ailleurs certains BTS ont une majeure partie des épreuves en CCF. Si c'est fait dans les règles, l'examen reste exigeant, mais est-ce bien le cas partout ?

Dans quelque domaine que ce soit, les quotas ne font bien souvent que renforcer une inégalité, voire une injustice. Ils viennent signifier une forme d'échec, et ne résolvent en rien les problèmes qui causent cet échec. Vouloir imposer des quotas de bacheliers pro et/ou techno revient simplement à prendre acte du fait que ces bacheliers sont moins bien placés que les lauréats (et avec quels lauriers !) d'un bac général. Un bac pro ou un bac techno n'offre pas les mêmes possibilités, à celui qui le possède, qu'un bac général ? Qu'à cela ne tienne, imposons des quotas, ne donnons pas un sou de plus à l'enseignement professionnel, ne nous penchons surtout pas sur le contenu de la formation dans ces filières, ni sur les moyens matériels et humains mis à leur disposition, et continuons de nous payer en mots en affirmant haut et fort que l'enseignement professionnel est notre priorité...



S'il n'y avait pas un enseignement à plusieurs vitesses, on n'aurait pas besoin de réfléchir à un recrutement à plusieurs vitesses.

Éducation Nationale, qu'ils disaient ?

D'ailleurs, les BTS sont rénovés petit à petit et ils passent tous au ccf.
Devinez pourquoi.

Si vous lisez le site de l'académie de Rouen (je crois) vous remarquerez que les notes de français des BTS en ccf sont environ 2 points supérieures aux autres. Donc passent à 11 et quelques au lieu de 09, de quoi ne plus être handicapé par le français.

Je pratique le CCF avec les ET et cette hausse n'est pas nécessairement signe d'école des fans. On sait très bien comment se passent les harmonisations des copies : personne n'est d'accord et chacun part corriger chez lui en son âme et conscience et donc selon ses critères. On les a tous ces critères mais on peut donner plus d'importance à tel ou tel comparativement à un collègue. J'ai pu participer à l'harmonisation finale dans mon académie et ce que j'ai pu constater c'est que malgré le travail de correction sérieux des correcteurs, le travail de l'harmonisation il y a des disparités dues au paquet de copies, aux étudiants qu'on a dans l'année (dans un sens positif ou négatif), à ce qu'on a pu enseigner aux étudiants. Je ne parle pas de méthode, mais des textes sur les thèmes au programme : même en préparant bien les étudiants à la problématique des corpus, il reste qu'on ne peut pas tout voir en quelques mois et que pour des étudiants moyens voire en difficulté ça crée une autre disparité en épreuve finale ou l'un des deux thèmes seulement tombe, parfois sur des aspects, voire des textes vus en cours... parce que présents dans les fameuses anthologies.

En ET les étudiants passent sur les deux thèmes, l'un en essai, le 2nd en synthèse + une épreuve orale de soutenance de rapport de stage. La note de l'examen est la moyenne de ces trois résultats. Les oraux sont souvent bons, c'est un premier point qui augmente la moyenne. Quant aux épreuves écrites ce n'est pas la même chose de passer sur un thème par épreuve et de connaître parfaitement les exigences de son correcteur puisque c'est votre professeur, parfois depuis deux ans.

Je corrige autant en CCF qu'en épreuve terminale, et sincèrement les copies de CCF sont largement au-dessus (à part ceux qui vraiment ne veulent faire aucun effort et il y en a) de ce que je lis en épreuve finale. J'ai souvent retenu des notes plus larges en CCF non parce que ce sont mes étudiants mais bien parce que ce que je lisais en épreuve finale me faisait m'arracher les cheveux. Je n'ai cependant pas oublié les conditions des épreuves en CCF et suis au final plus exigeante pour eux que pour les étudiants que je corrige en fin d'année. Ils comprennent vite la différence d'ailleurs : "On ne va pas pouvoir faire illusion, vous savez ce qu'on a fait et si on ne le sort pas, vous allez nous en vouloir".

Bref, le CCF s'il est bien pratiqué peut être tout à fait formateur mais il faut que ce soit fait dans les règles. Par ailleurs au tout début de sa mise en place certains collègues ont été évincés du dispositif, alors je pense que les deux points en plus ne sont pas tant que cela à incriminer.

J'ai répondu en tant que professeur de Culture Générale et Expression.

Dans les disciplines techniques certains projets sont plus ceux du professeur que ceux des étudiants d'après mes collègues, mais je mets cela entre guillemets car je ne suis pas professeur dans ces disciplines.

Mesure risquée. Je vois mal des IUT scientifiques qui ont l'habitude de recruter des élèves motivés avec des mentions au bac S continuer à maintenir le niveau avec ce nouveau recrutement.
Je crains que d'ici quelques années les élèves du cycle général ne désertent les formations technologiques.