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- neomathÉrudit
Rappel des faits :COCOaine a écrit:Je continue à dire que c'est un "acteur de violence" , on le décrit comme pacifique, tout comme les 2 blaireaux qui se sont grillés sur un transfo HT
Les deux adolescents dont vous faites si élégamment l'éloge funèbre étaient poursuivis par la police pour un seul et unique crime : avoir la mauvaise couleur de peau.
Même si Sarkozy a prétendu le contraire le jour même, aujourd'hui même les défenseurs des policiers ne le contestent plus.
- COCOaineHabitué du forum
Bah moi je veux bien défendre sur le terrain le dégel du point d'indice!!! Mais pacifiquement bien sur
- COCOaineHabitué du forum
neomath a écrit:Rappel des faits :COCOaine a écrit:Je continue à dire que c'est un "acteur de violence" , on le décrit comme pacifique, tout comme les 2 blaireaux qui se sont grillés sur un transfo HT
Les deux adolescents dont vous faites si élégamment l'éloge funèbre étaient poursuivis par la police pour un seul et unique crime : avoir la mauvaise couleur de peau.
Même si Sarkozy a prétendu le contraire le jour même, aujourd'hui même les défenseurs des policiers ne le contestent plus.
Celle la c'est la meilleure
Les forces ont un certain flair lors des contrôles d'identités
Question, tu arrives à un rond point et 2 voitures de police te font signe de t'arrêter pour un contrôle, que fais-tu?
A) Je m'arrête car je n'ai rien à me reprocher
B) Je m'arrête mais j'ai picolé 3 bières, pas grave j'assume...
C) Je suis bourré alors je fonce dans le tas, advienne ce qu'il adviendra...
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Moi en tant que bon citoyen je sais quoi faire
- stenchMonarque
COCOaine a écrit:
Les forces ont un certain flair lors des contrôles d'identités
Question, tu arrives à un rond point et 2 voitures de police te font signe de t'arrêter pour un contrôle, que fais-tu?
..
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Mais c'est fou, c'est ce que je fais tout le temps :shock: Comment tu le sais?
- Guillaume le GrandFidèle du forum
ah on en entend des khonneries, mais celle-là elle bat des records.COCOaine a écrit:
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Moi en tant que bon citoyen je sais quoi faire
_________________
''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- COCOaineHabitué du forum
Donc un jour y aura de la légitime défense
Mais promis, les médias diront de toi que tu étais un homme respectable, bénévole aux restos du coeur et allait à l'église tous les dimanches...
Par contre le flic qui aura risqué sa vie pendant 15 ans pour défendre les concitoyens et aura donc eu le malheur d'engager une course poursuite fatal, sera traité comme un moins que rien, cowboy de son état, extrêmement dangereux et bipolaire, etc...
Au final, il aura une sanction en interne et sera tellement désabusé qu'il préférera se tirer une balle avec son arme de service en rentrant chez lui...
Cette histoire peut être facilement transposé avec un méchant prof qui aurait abusé en demandant à ses élèves de finir un exo à la maison, et que les braves élèves face à tant d'injustice auront défoncé la tête de ce sataniste à coups de barre de fer!!!!
Mais promis, les médias diront de toi que tu étais un homme respectable, bénévole aux restos du coeur et allait à l'église tous les dimanches...
Par contre le flic qui aura risqué sa vie pendant 15 ans pour défendre les concitoyens et aura donc eu le malheur d'engager une course poursuite fatal, sera traité comme un moins que rien, cowboy de son état, extrêmement dangereux et bipolaire, etc...
Au final, il aura une sanction en interne et sera tellement désabusé qu'il préférera se tirer une balle avec son arme de service en rentrant chez lui...
Cette histoire peut être facilement transposé avec un méchant prof qui aurait abusé en demandant à ses élèves de finir un exo à la maison, et que les braves élèves face à tant d'injustice auront défoncé la tête de ce sataniste à coups de barre de fer!!!!
- stenchMonarque
COCOaine a écrit:Donc un jour y aura de la légitime défense
Mais promis, les médias diront de toi que tu étais un homme respectable, bénévole aux restos du coeur et allait à l'église tous les dimanches...
Par contre le flic qui aura risqué sa vie pendant 15 ans pour défendre les concitoyens et aura donc eu le malheur d'engager une course poursuite fatal, sera traité comme un moins que rien, cowboy de son état, extrêmement dangereux et bipolaire, etc...
Au final, il aura une sanction en interne et sera tellement désabusé qu'il préférera se tirer une balle avec son arme de service en rentrant chez lui...
Cette histoire peut être facilement transposé avec un méchant prof qui aurait abusé en demandant à ses élèves de finir un exo à la maison, et que les braves élèves face à tant d'injustice auront défoncé la tête de ce sataniste à coups de barre de fer!!!!
En effet un anarchiste qui allait à l'église tous les dimanches, ça mérite de passer dans les médias.
Je remarque juste que le seul, pour le moment, qui fait preuve de violence sur le sujet, c'est toi. Tu renvoies une bien belle image de ce bon citoyen que tu veux incarner.
- COCOaineHabitué du forum
Guillaume le Grand a écrit:ah on en entend des khonneries, mais celle-là elle bat des records.COCOaine a écrit:
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Moi en tant que bon citoyen je sais quoi faire
Ce n'est pas le cas de Clichy et son transfo HT?
Bonjour, nous sommes 2 jeunes sans histoires, nous nous baladons tranquillement mais des policiers veulent faire un contrôle d'identité... Vite vite, courrons, sautons, escaladons tous les obstacles... Dommage nous allons mourir alors que nous n'avions rien à nous reprocher
- COCOaineHabitué du forum
stench a écrit:
En effet un anarchiste qui allait à l'église tous les dimanches, ça mérite de passer dans les médias.
Je remarque juste que le seul, pour le moment, qui fait preuve de violence sur le sujet, c'est toi. Tu renvoies une bien belle image de ce bon citoyen que tu veux incarner.
Je fais preuve d'un peu de "violence" écrite (d'ailleurs le plus violent est surement ma faiblesse en conjugaison/grammaire/etc...)... Néanmoins je suis un citoyen lambda, je respecte le code civil et pénal, je paye mes impôts et pire encore je travail pour l'état... :lol!:
- Guillaume le GrandFidèle du forum
Vous n'avez sans doute jamais vécu un contrôle de police. Tant mieux pour vousCOCOaine a écrit:Guillaume le Grand a écrit:ah on en entend des khonneries, mais celle-là elle bat des records.COCOaine a écrit:
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Moi en tant que bon citoyen je sais quoi faire
Ce n'est pas le cas de Clichy et son transfo HT?
Bonjour, nous sommes 2 jeunes sans histoires, nous nous baladons tranquillement mais des policiers veulent faire un contrôle d'identité... Vite vite, courrons, sautons, escaladons tous les obstacles... Dommage nous allons mourir alors que nous n'avions rien à nous reprocher
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- COCOaineHabitué du forum
Bien sur que si, et plus d'une fois... Et comme par hasard, en restant poli tout se passe super bien...
Sinon pour répondre d'avance au prochain argument, j'ai aussi habité en cité lorsque j'étais jeune... J'ai aussi eu plusieurs fois la possibilité de choisir la facilité, etc...
Sinon pour répondre d'avance au prochain argument, j'ai aussi habité en cité lorsque j'étais jeune... J'ai aussi eu plusieurs fois la possibilité de choisir la facilité, etc...
- Presse-puréeGrand sage
Relativement à d'autres évènements, une petite analyse (en anglais, mode mi comique, mi sérieux) sur la militarisation des forces de l'ordre (à partir de 6' 50'').
Je ne crois pas qu'on en soit encore là en France, mais bon.
Je ne crois pas qu'on en soit encore là en France, mais bon.
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- henrietteMédiateur
On se calme, s'il vous plaît. Si on ne peut pas discuter sereinement sur ce fil, je verrouille.
- AlwidisNiveau 5
adrifab a écrit:Et tu trouves normal par contre que ces mêmes forces de l'ordre reçoivent de l'acide par ces mêmes jeunes ?? L'indignation sélective sans doute...John a écrit:Au nom du jeune qui est mort, tué par les forces de l'ordre dont le premier ministre a dit juste après le décès qu'il refusait de les mettre en cause.
Il n'y a pas eu de mort chez les forces de l'ordre je crois ?
- Guillaume le GrandFidèle du forum
''Des consignes d'extrême sévérité ont été données contre les manifestants'' http://www.lemonde.fr/planete/video/2014/11/12/remi-fraisse-ce-que-les-gendarmes-ont-vu-la-nuit-du-drame_4522364_3244.html
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- Jim ThompsonExpert
+1stench a écrit:Quand ils manifestent contre quelque chose, ils sont au choix :
1/ manipulés par des adultes qui se servent d'eux
2/ manipulés par des partis politiques qui se servent d'eux
3/ de gros glandeurs qui ne veulent que sécher les cours.
Ensuite, on les critique en disant que la jeunesse ne se mobilise plus et est décérébrée par les real TV. De fait, quand est-ce que les lycéens ont le droit de se mobiliser?
_________________
CAPA/CAPN: SNES CTA/CTM: FSU
- NormandyxNeoprof expérimenté
S'il y a un truc que je n'ai jamais accepté en tant que parent d'élève, c'est bien les blocages de lycée, ça m'obligeait à conduire mes enfants plus tôt pour qu'ils puissent entrer dans l'établissement avant que les bloqueurs n'entrent en action. Quant aux motivations profondes et surtout aux finalités de ces manifestations, je reste assez perplexe...
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
COCOaine a écrit:Je suis cash
La bienveillance pour des personnes qui ne le méritent pas cela m'exaspère...
Après peut-être que ce Rémi est quelqu'un de vraiment très bien, mais il aura eu le malheur d'être influençable...
Ce que vous écrivez est proprement immonde.
Les deux jeunes morts à Clichy en 2005 étaient tout simplement innocents.
Ils ont courru devant les flics car ils ont eu peur d'être arreté et retenu au commissariat
Alors que l'heure de la rupture du jeune approchait.
Renseignez vous avant d'écrire importe quoi.
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- JPhMMDemi-dieu
Si les manifestants continuent à lancer de l'acide sur les forces de l'ordre (qui sont des gens aussi) ou à tenter de les brûler avec des cocktails molotov, on peut craindre ce "mais bon", en effet.Presse-purée a écrit:Relativement à d'autres évènements, une petite analyse (en anglais, mode mi comique, mi sérieux) sur la militarisation des forces de l'ordre (à partir de 6' 50'').
Je ne crois pas qu'on en soit encore là en France, mais bon.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- COCOaineHabitué du forum
Collier de Barbe a écrit:COCOaine a écrit:Je suis cash
La bienveillance pour des personnes qui ne le méritent pas cela m'exaspère...
Après peut-être que ce Rémi est quelqu'un de vraiment très bien, mais il aura eu le malheur d'être influençable...
Ce que vous écrivez est proprement immonde.
Les deux jeunes morts à Clichy en 2005 étaient tout simplement innocents.
Ils ont courru devant les flics car ils ont eu peur d'être arreté et retenu au commissariat
Alors que l'heure de la rupture du jeune approchait.
Renseignez vous avant d'écrire importe quoi.
J'aime me répéter
Les forces ont un certain flair lors des contrôles d'identités
Question, tu arrives à un rond point et 2 voitures de police te font signe de t'arrêter pour un contrôle, que fais-tu?
A) Je m'arrête car je n'ai rien à me reprocher
B) Je m'arrête mais j'ai picolé 3 bières, pas grave j'assume...
C) Je suis bourré alors je fonce dans le tas, advienne ce qu'il adviendra...
D) Je n'ai rien à me reprocher, mais je suis un anarchiste donc je fonce dans le tas...
Moi en tant que bon citoyen je sais quoi faire
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Rien a voir avec ce qui s'est passé à Clichy.
Renseignez vous avant de diffamer la mémoire de deux mômes...
Renseignez vous avant de diffamer la mémoire de deux mômes...
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- COCOaineHabitué du forum
Ils ne se sont pas enfuit alors qu'il n'avait rien à se reprocher?
- stenchMonarque
COCOaine a écrit:Ils ne se sont pas enfuit alors qu'il n'avait rien à se reprocher?
Et si c'était le cas, leur mort est donc justifiée. J'aime ta façon de penser.
- MoonchildSage
En fait, c'est quand même un peu plus compliqué que ça. Il y a quelques années, certains de nos élèves de seconde avaient raconté à un collègue qu'à chaque fois qu'ils croisaient un policier, il partaient en courant sans raison particulière. En gros, pour eux, c'était normal : tu vois un flic, tu cours, dans une sorte de mélange confus entre le jeu et l'impératif en milieu urbain hostile d'éviter de se retrouver face à un individu identifié comme membre d'une bande rivale. Evidemment, c'est le meilleur moyen d'attirer sur soi l'attention des forces de l'ordre, d'être poursuivi sans motif valable et de risquer un accident ; s'il y a aussi peu de drames de ce genre, c'est probablement parce que, dans leur ensemble, les policiers français sont loin d'être des violents contrairement à l'image que certains peuvent en avoir.COCOaine a écrit:Ils ne se sont pas enfuit alors qu'il n'avait rien à se reprocher?
Après, quand un accident survient, je ne trouve pas choquant qu'en attendant les résultats de l'enquête, le ministre de l'intérieur, le premier ministre ou même le président affichent dans un premier temps leur soutien aux policiers ou aux gendarmes ; mais j'ai bien conscience que pour ceux qui fréquentent l'éducation nationale, un ministre qui ne jette pas immédiatement en pâture à l'opinion public les fonctionnaires dont il a la tutelle, c'est devenu tout bonnement inimaginable.
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Pour ceux qui ont plus d'empathie que notre "collegue" voici ce qu'ecrivait Ariane Chemin dans le Monde en décembre 2005 a propos de Zyed et Bouna (15 et 17 ans)
"Dans leur souvenir, c'était à peu près l'heure de "Malcolm" sur M6, au plus tard celle de "Nous ne sommes pas des anges", sur Canal+. Bref, il était autour de midi. Ce jeudi 27 octobre, dans l'appartement des Traoré, Bouna sort de la douche. Le garçon de 15 ans s'est levé tard, comme ses frères et soeurs, comme tous les enfants de la cité qui borde le centre commercial du Chêne-Pointu, à Clichy-sous-Bois, au bout du bout du "9-3".
Clichy s'éveille. C'est l'époque des vacances scolaires, celles de la Toussaint — ici on dit plutôt "les vacances d'automne". La journée est longue jusqu'à la "coupure" du jeûne du ramadan, le soir en famille. Alors les "petits", comme Bouna, les "moyens" et les "grands" — ceux qui, jusqu'à 22 ou 23 ans, vivent toujours chez les parents — font durer la grasse matinée. Ils jouent à la PlayStation, regardent Trace TV, Equipe TV ou des DivX — des films piratés. "Pour faire perdre le temps", comme ils disent.
Bouna Traoré, yeux doux comme ses frères, est un beau gosse fin, agile et coquet. Ce jour-là, comme chaque matin, il s'enduit le visage de Topicrème, un produit pour peaux sèches, donne un coup de fer sur son jogging. Comme son grand frère Siyakha, il porte un petit diamant à l'oreille. Et il n'est pas peu fier de son "contour" — le must, la coiffure "renoi" branchée. On se fait raser à mi-tête par le coiffeur de Sevran — "c'est là-bas qu'ils coupent bien" — ou chez cet homme de la cité qui manie bien les ciseaux et coupe à l'amitié, au domicile et à la débrouille.
Sans bruit, Bouna nettoie et chausse ses Nike Shox bleu et blanc. Sans bruit, parce que son père, éboueur à la Ville de Paris, est rentré du travail à 6 heures du matin, après une heure de RER plus un bus, le 601. Pour les enfants, la seule contrainte de la journée, c'est de rejoindre la maison à 18 heures pétantes, pour "couper" le ramadan. A tour de rôle, on se dévoue pour aller faire des "petites courses" au Franprix du Chêne-Pointu — 3 euros en moyenne au panier de la ménagère — ou au Lidl de Montfermeil, plus loin, mais moins cher. Ce jour-là, c'est Siyakha Traoré, le grand de 24 ans, qui fait les courses. A chaque pas, il croise des amis. Un "tcheck", le poing de l'un contre celui de l'autre. "Tranquille ?" — "Tranquille."
Après sa douche, Bouna quitte la "pama", sa cité, pour remonter quelques mètres plus haut vers le Chêne-Pointu. Ici, l'histoire locale, même celle des années 1960, est oubliée. Ni les petits ni les grands ne savent expliquer que "pama" veut dire "parc de la mairie". Seul, sans doute, M. le maire sait que le Chêne-Pointu fut, en son temps, un petit "Lourdes" où l'on se rendait en pèlerinage. En 1212, trois riches marchands angevins, attaqués et liés à un chêne alors qu'ils se rendaient à la capitale par la forêt de Bondy, furent délivrés par des anges. Trois hommes sauvés des brigands. Un vrai miracle.
A Clichy-sous-Bois, le temps ne s'écoule pas comme partout. Les vacances ne vident jamais le Chêne-Pointu ; au contraire, elles le remplissent. Pour un Calvin, 14 ans, parti ce mois d'octobre en vacances "à Sartrouville, dans le 7-8", combien d'autres ne quittent jamais la Seine-Saint-Denis ? Ce 27 octobre, le petit frère de Bouna, lui aussi, est absent. Il est si habile au ballon rond qu'il a été envoyé en "détection" au Havre. Comme dit un copain de classe : "La moitié de Clichy, elle est forte au foot, parce qu'il y a rien d'autre à y faire."
Il fait beau. Tout le monde traîne dehors, c'est-à-dire tous les garçons. Allers-retours entre le centre commercial, ses vitrines d'aquarium opaques, ses néons jaunasses, sa boucherie halal, son marchand de journaux-PMU et, heureusement, l'Internet de la boutique Box — "l'antigalère", disent les petits.
Retour au pied des tours, à Rabelais, "là où tout le monde se positionne", 20 mètres plus loin. "Si on ne trouve pas les potes dehors, on les appelle chez eux" avec le portable, outil indispensable dès qu'on a "à gérer" une "chneck", une "femeu", une copine. C'est quand commencent les problèmes de filles et de recharges SFR que, dans la cité, on devient un "moyen".
Rabelais, c'est là qu'habite Zyed Benna, 17 ans, petit dernier d'une famille tunisienne de six enfants. Le père lui aussi est éboueur de la Ville de Paris. Il est sévère. Il n'a pas apprécié que le nom de son fils traîne dans une histoire de vélo volé. Zyed n'est arrivé en France qu'en 2001, il peine dans sa classe de troisième, mais c'est un "mec tracé", expliquent ses copains, "trop stock", trop fort. Pour preuve, son surnom : "lance-pierre". De mémoire d'habitant du Chêne-Pointu, il était le seul capable de lancer un marron jusqu'au 16e étage de la tour. Ses copains ont immortalisé l'exploit avec une caméra.
Ce 27 octobre, c'est l'heure des "Feux de l'amour". Il est largement temps de sortir. Au Chêne-Pointu, on n'aime pas rester dans les T3. Le samedi ou le dimanche, les grands sont toujours là pour emmener les petits en voiture au Flunch ou au cinéma de Rosny II, leur apprendre à conduire les quads. "Pour faire passer l'heure", en ce jour de semaine, Bouna, bon footeux "très technique", propose un tournoi au stade de Livry-Gargan, ville limitrophe, mais bien plus riche que Clichy et son stade "plein de pierres et tout pourri". Il y a là Sofiane, le pote au scooter, Aristide, David, Martin, Bruno, Yahya, tous âgés de 14 ou 15 ans, copains de cité ou de ballon. Suit aussi Muhittin Altun, le Kurde, 17 ans, le seul qui ne parle pas bien le français, quoique mieux que son père, ouvrier en bâtiment. Ils aiment le zouk, le rap français et américain comme 50 Cents, Sniper, Psy 4 de la rime, "et même parfois des variétés françaises. Bouna chantait 'Allumer le feu' de Johnny Hallyday", disent-ils.
Peu après 17 heures, les gamins quittent le stade. Petit crochet par un chantier où la région Ile-de-France construit des logements sociaux ? De sa fenêtre, l'employé d'un funérarium tout proche a en tout cas l'impression qu'un des gamins fait le guet. Voudraient-ils chiper quelque chose dans le cabanon de chantier ? La police est prévenue. Dix minutes plus tard, une première voiture de la brigade anticriminalité (BAC) s'arrête à proximité. Les gamins s'enfuient comme une volée de moineaux. "Cours ! Cours !", crie l'un d'eux en apercevant derrière lui un policier en civil, flash-ball à la main. "On doit pas courir, on n'a rien fait", tente David. En vain.
Courir, chez eux, c'est déjà un réflexe. "Quand il y a quelqu'un qui court, on est obligé de courir. L'autre jour, quelqu'un est arrivé en courant dans la cité, eh bien, tout le monde est parti dans tous les sens", raconte Joe, 16 ans. "Comment la police elle nous traite, les petits, ça les effraie", argumente Mehmet Dogan, le "cousin" de Muhittin. "Ils voient que les keufs ils nous tutoient, qu'ils nous vannent, qu'ils y vont au culot, à l'audace, qu'ils nous traitent d'espèces de kekes." En chœur, les petits assurent qu'on ne les aime pas. "Les policiers viennent du Raincy ou de Livry, là où il y a des Français. Quand ils viennent ici, ils nous disent : 'Mets-toi contre la voiture, bouffon', et après ils disent que c'est nous les malpolis. Même si on n'a rien, rien fait, ils nous traitent de petits pédés."
Dans leur tête, tout en courant, les petits font leurs comptes. Ils ne prennent leurs papiers d'identité que pour les grandes occasions : la Foire du trône, les courses à Chelles ou à Clignancourt, quand les grands frères les emmènent acheter "des hauts et des jeans fashion".
"Nos parents, ils ont eu tellement de mal à les avoir, ces papiers, qu'ils en prennent soin", explique Siyakha Traore. "Les petits, ça perd tout." Ils sont donc bien cachés dans l'attaché-case du papa, dans la chambre ou dans le sac de la maman. Seules traînent dans la cuisine les cartes "Famille nombreuse" ou celles du collège.
Se faire attraper un jour de ramadan n'est pas une bonne idée. Qu'ils passent entre une et quatre heures au poste, ils seront de toute façon en retard pour l'iftar. "J'avais faim. En plus on avait joué au foot et on était assoiffés. Je ne voulais pas perdre de temps", dit Yahya. Pendant le ramadan, enfin, on ne doit pas commettre de bêtises. "Même si on est innocents, les parents ils nous disent : 'Pourquoi ils t'ont attrapé si t'as rien fait ?'", explique un ami de Bouna. En courant, Zyed lâche tout haut : "Si les 'civils' m'attrapent, mon père il m'envoie au bled, en Tunisie." Un cauchemar. Ils s'amusent bien dans la cité. "Bouna, tellement il jouait, il prêtait même pas attention aux repas. Sa mère lui disait : 'T'as mangé ? Bouna, t'as mangé ?'", raconte son frère.
La petite bande remonte le "parc des amoureux", traverse sans regarder la rue qui sépare Livry-Gargan de Clichy, et entre par une porte ouverte, tatouée d'affiches "non" au référendum, dans un terrain municipal en friche où les Gitans du coin viennent pique-niquer aux beaux jours.
C'est là, semble-t-il, que les policiers arrêtent Harouna et Sofiane, qui courent le moins vite. Zyed, premier au cross à l'école, Bouna et Muhittin gagnent, au bas du terrain vague, un mur de béton orné de tags et couronné de fils barbelés, qu'ils longent jusqu'au cimetière.
Une seconde équipe de policiers, prévenue par talkie-walkie, a pris place derrière les tombes. La nuit est là. On entend aboyer les chiens des pavillons de Livry-Gargan. Sauts, courte échelle, voilà les trois amis, "le Noir, l'Arabe et le Turc", soupirent leurs copains, derrière les 3 mètres de l'enceinte de la centrale EDF. Ils ne regardent pas les têtes de mort sur l'avertissement placardé : "L'électricité, c'est plus fort que toi." Plutôt que de monter sur une des échelles et de s'allonger sur le toit d'un des bâtiments, ils choisissent d'escalader les 4 mètres du transformateur, à l'abri des regards. C'est très haut. Mais, comme dit Joe, "avec la peur on peut tout faire". Ils y restent une bonne demi-heure.
A 18 h 12, Bouna ou Zyed ont sans doute un geste maladroit. Un arc électrique se forme entre eux. Tous trois sont soulevés de terre par une décharge de 20 000 volts. Au Chêne-Pointu, la télé de Moussa, 15 ans, s'arrête net sur sa série. "On comprenait pas." Au commissariat de Livry-Gargan, le brigadier Sébastien M., qui s'applique à expliquer dans son rapport qu'aucune dégradation n'a été commise sur le chantier, avant de rendre les autres mineurs arrêtés à leurs parents, est tout à coup plongé dans l'obscurité. "J'ai constaté qu'aucun fusible n'était désenclenché. La coupure ne venait pas du commissariat, a-t-il confié sur procès-verbal. Le courant est revenu cinq minutes après, j'ai pu faire mon rapport."
Comment Muhittin, brûlé par quelque 2 000 degrés, la peau collée à ses vêtements, mais vivant, trouve-t-il alors la force de revenir au Chêne-Pointu et de retrouver le grand frère de Bouna ? "C'est un guerrier", répondent en hommage ses copains. Le jeune Kurde, juste capable d'articuler les deux prénoms de ses amis, entraîne une dizaine de garçons sur le terrain vague. Et de répéter : "On s'est fait courser, on s'est fait courser."
Sans geindre, il montre de son index la direction à suivre, mais, arrivé devant la centrale, il détourne les yeux à l'opposé, cache son visage en pleurs sous son autre bras. "Je me disais : mais c'est quel endroit ici ? Jamais, même pendant mon enfance, je n'étais venu là, raconte Siyakha. Plus on avançait, plus on sentait une chaleur de malade, plus Muhittin il était triste." "Bouna ! Zyed !", crie la bande.
Mais personne ne répond. Les minutes deviennent des heures, la rumeur se répand. "On a attendu, tellement attendu. Plus qu'à l'ANPE. On a même dû battre les records du consulat", raconte son frère. La mère de Bouna "fait tomber des larmes", son père se frappe la tête contre le mur de la centrale. Ils sont morts, c'est certain.
Les baskets de Zyed, "des Converse toutes neuves, noir et gris", ont été carbonisées. Comme les Nike Shox de Bouna. Mais ses Adidas sont restées quelques jours dans l'entrée du T3, avant de s'en aller avec lui pour l'enterrement au bled, en Mauritanie. Avant le voyage, Siyakha Traoré a demandé à voir le corps à l'Institut médico-légal. L'histoire qu'il raconte ressemble à une scène du réalisateur Jean-Claude Brisseau. Une belle dame très douce l'a prévenu que, quand il ouvrirait la porte, son petit frère serait là, à gauche, en entrant. Il l'a aperçu tout de suite, Bouna, "une tache noire — sa figure — dans tous ces draps blancs".
Les brûlures avaient gonflé son pauvre visage, bleu, rose, noir. Mais sa coiffure, ce dégradé qu'il s'était fait dessiner une semaine plus tôt, pour être beau pour l'Aïd, était intacte. Siyakha Traoré n'a vu que ça, la "chevelure" de l'ange, son seul réconfort. "Son contour, son dégradé, c'est les seuls endroits qui n'ont pas été touchés."
"Dans leur souvenir, c'était à peu près l'heure de "Malcolm" sur M6, au plus tard celle de "Nous ne sommes pas des anges", sur Canal+. Bref, il était autour de midi. Ce jeudi 27 octobre, dans l'appartement des Traoré, Bouna sort de la douche. Le garçon de 15 ans s'est levé tard, comme ses frères et soeurs, comme tous les enfants de la cité qui borde le centre commercial du Chêne-Pointu, à Clichy-sous-Bois, au bout du bout du "9-3".
Clichy s'éveille. C'est l'époque des vacances scolaires, celles de la Toussaint — ici on dit plutôt "les vacances d'automne". La journée est longue jusqu'à la "coupure" du jeûne du ramadan, le soir en famille. Alors les "petits", comme Bouna, les "moyens" et les "grands" — ceux qui, jusqu'à 22 ou 23 ans, vivent toujours chez les parents — font durer la grasse matinée. Ils jouent à la PlayStation, regardent Trace TV, Equipe TV ou des DivX — des films piratés. "Pour faire perdre le temps", comme ils disent.
Bouna Traoré, yeux doux comme ses frères, est un beau gosse fin, agile et coquet. Ce jour-là, comme chaque matin, il s'enduit le visage de Topicrème, un produit pour peaux sèches, donne un coup de fer sur son jogging. Comme son grand frère Siyakha, il porte un petit diamant à l'oreille. Et il n'est pas peu fier de son "contour" — le must, la coiffure "renoi" branchée. On se fait raser à mi-tête par le coiffeur de Sevran — "c'est là-bas qu'ils coupent bien" — ou chez cet homme de la cité qui manie bien les ciseaux et coupe à l'amitié, au domicile et à la débrouille.
Sans bruit, Bouna nettoie et chausse ses Nike Shox bleu et blanc. Sans bruit, parce que son père, éboueur à la Ville de Paris, est rentré du travail à 6 heures du matin, après une heure de RER plus un bus, le 601. Pour les enfants, la seule contrainte de la journée, c'est de rejoindre la maison à 18 heures pétantes, pour "couper" le ramadan. A tour de rôle, on se dévoue pour aller faire des "petites courses" au Franprix du Chêne-Pointu — 3 euros en moyenne au panier de la ménagère — ou au Lidl de Montfermeil, plus loin, mais moins cher. Ce jour-là, c'est Siyakha Traoré, le grand de 24 ans, qui fait les courses. A chaque pas, il croise des amis. Un "tcheck", le poing de l'un contre celui de l'autre. "Tranquille ?" — "Tranquille."
Après sa douche, Bouna quitte la "pama", sa cité, pour remonter quelques mètres plus haut vers le Chêne-Pointu. Ici, l'histoire locale, même celle des années 1960, est oubliée. Ni les petits ni les grands ne savent expliquer que "pama" veut dire "parc de la mairie". Seul, sans doute, M. le maire sait que le Chêne-Pointu fut, en son temps, un petit "Lourdes" où l'on se rendait en pèlerinage. En 1212, trois riches marchands angevins, attaqués et liés à un chêne alors qu'ils se rendaient à la capitale par la forêt de Bondy, furent délivrés par des anges. Trois hommes sauvés des brigands. Un vrai miracle.
A Clichy-sous-Bois, le temps ne s'écoule pas comme partout. Les vacances ne vident jamais le Chêne-Pointu ; au contraire, elles le remplissent. Pour un Calvin, 14 ans, parti ce mois d'octobre en vacances "à Sartrouville, dans le 7-8", combien d'autres ne quittent jamais la Seine-Saint-Denis ? Ce 27 octobre, le petit frère de Bouna, lui aussi, est absent. Il est si habile au ballon rond qu'il a été envoyé en "détection" au Havre. Comme dit un copain de classe : "La moitié de Clichy, elle est forte au foot, parce qu'il y a rien d'autre à y faire."
Il fait beau. Tout le monde traîne dehors, c'est-à-dire tous les garçons. Allers-retours entre le centre commercial, ses vitrines d'aquarium opaques, ses néons jaunasses, sa boucherie halal, son marchand de journaux-PMU et, heureusement, l'Internet de la boutique Box — "l'antigalère", disent les petits.
Retour au pied des tours, à Rabelais, "là où tout le monde se positionne", 20 mètres plus loin. "Si on ne trouve pas les potes dehors, on les appelle chez eux" avec le portable, outil indispensable dès qu'on a "à gérer" une "chneck", une "femeu", une copine. C'est quand commencent les problèmes de filles et de recharges SFR que, dans la cité, on devient un "moyen".
Rabelais, c'est là qu'habite Zyed Benna, 17 ans, petit dernier d'une famille tunisienne de six enfants. Le père lui aussi est éboueur de la Ville de Paris. Il est sévère. Il n'a pas apprécié que le nom de son fils traîne dans une histoire de vélo volé. Zyed n'est arrivé en France qu'en 2001, il peine dans sa classe de troisième, mais c'est un "mec tracé", expliquent ses copains, "trop stock", trop fort. Pour preuve, son surnom : "lance-pierre". De mémoire d'habitant du Chêne-Pointu, il était le seul capable de lancer un marron jusqu'au 16e étage de la tour. Ses copains ont immortalisé l'exploit avec une caméra.
Ce 27 octobre, c'est l'heure des "Feux de l'amour". Il est largement temps de sortir. Au Chêne-Pointu, on n'aime pas rester dans les T3. Le samedi ou le dimanche, les grands sont toujours là pour emmener les petits en voiture au Flunch ou au cinéma de Rosny II, leur apprendre à conduire les quads. "Pour faire passer l'heure", en ce jour de semaine, Bouna, bon footeux "très technique", propose un tournoi au stade de Livry-Gargan, ville limitrophe, mais bien plus riche que Clichy et son stade "plein de pierres et tout pourri". Il y a là Sofiane, le pote au scooter, Aristide, David, Martin, Bruno, Yahya, tous âgés de 14 ou 15 ans, copains de cité ou de ballon. Suit aussi Muhittin Altun, le Kurde, 17 ans, le seul qui ne parle pas bien le français, quoique mieux que son père, ouvrier en bâtiment. Ils aiment le zouk, le rap français et américain comme 50 Cents, Sniper, Psy 4 de la rime, "et même parfois des variétés françaises. Bouna chantait 'Allumer le feu' de Johnny Hallyday", disent-ils.
Peu après 17 heures, les gamins quittent le stade. Petit crochet par un chantier où la région Ile-de-France construit des logements sociaux ? De sa fenêtre, l'employé d'un funérarium tout proche a en tout cas l'impression qu'un des gamins fait le guet. Voudraient-ils chiper quelque chose dans le cabanon de chantier ? La police est prévenue. Dix minutes plus tard, une première voiture de la brigade anticriminalité (BAC) s'arrête à proximité. Les gamins s'enfuient comme une volée de moineaux. "Cours ! Cours !", crie l'un d'eux en apercevant derrière lui un policier en civil, flash-ball à la main. "On doit pas courir, on n'a rien fait", tente David. En vain.
Courir, chez eux, c'est déjà un réflexe. "Quand il y a quelqu'un qui court, on est obligé de courir. L'autre jour, quelqu'un est arrivé en courant dans la cité, eh bien, tout le monde est parti dans tous les sens", raconte Joe, 16 ans. "Comment la police elle nous traite, les petits, ça les effraie", argumente Mehmet Dogan, le "cousin" de Muhittin. "Ils voient que les keufs ils nous tutoient, qu'ils nous vannent, qu'ils y vont au culot, à l'audace, qu'ils nous traitent d'espèces de kekes." En chœur, les petits assurent qu'on ne les aime pas. "Les policiers viennent du Raincy ou de Livry, là où il y a des Français. Quand ils viennent ici, ils nous disent : 'Mets-toi contre la voiture, bouffon', et après ils disent que c'est nous les malpolis. Même si on n'a rien, rien fait, ils nous traitent de petits pédés."
Dans leur tête, tout en courant, les petits font leurs comptes. Ils ne prennent leurs papiers d'identité que pour les grandes occasions : la Foire du trône, les courses à Chelles ou à Clignancourt, quand les grands frères les emmènent acheter "des hauts et des jeans fashion".
"Nos parents, ils ont eu tellement de mal à les avoir, ces papiers, qu'ils en prennent soin", explique Siyakha Traore. "Les petits, ça perd tout." Ils sont donc bien cachés dans l'attaché-case du papa, dans la chambre ou dans le sac de la maman. Seules traînent dans la cuisine les cartes "Famille nombreuse" ou celles du collège.
Se faire attraper un jour de ramadan n'est pas une bonne idée. Qu'ils passent entre une et quatre heures au poste, ils seront de toute façon en retard pour l'iftar. "J'avais faim. En plus on avait joué au foot et on était assoiffés. Je ne voulais pas perdre de temps", dit Yahya. Pendant le ramadan, enfin, on ne doit pas commettre de bêtises. "Même si on est innocents, les parents ils nous disent : 'Pourquoi ils t'ont attrapé si t'as rien fait ?'", explique un ami de Bouna. En courant, Zyed lâche tout haut : "Si les 'civils' m'attrapent, mon père il m'envoie au bled, en Tunisie." Un cauchemar. Ils s'amusent bien dans la cité. "Bouna, tellement il jouait, il prêtait même pas attention aux repas. Sa mère lui disait : 'T'as mangé ? Bouna, t'as mangé ?'", raconte son frère.
La petite bande remonte le "parc des amoureux", traverse sans regarder la rue qui sépare Livry-Gargan de Clichy, et entre par une porte ouverte, tatouée d'affiches "non" au référendum, dans un terrain municipal en friche où les Gitans du coin viennent pique-niquer aux beaux jours.
C'est là, semble-t-il, que les policiers arrêtent Harouna et Sofiane, qui courent le moins vite. Zyed, premier au cross à l'école, Bouna et Muhittin gagnent, au bas du terrain vague, un mur de béton orné de tags et couronné de fils barbelés, qu'ils longent jusqu'au cimetière.
Une seconde équipe de policiers, prévenue par talkie-walkie, a pris place derrière les tombes. La nuit est là. On entend aboyer les chiens des pavillons de Livry-Gargan. Sauts, courte échelle, voilà les trois amis, "le Noir, l'Arabe et le Turc", soupirent leurs copains, derrière les 3 mètres de l'enceinte de la centrale EDF. Ils ne regardent pas les têtes de mort sur l'avertissement placardé : "L'électricité, c'est plus fort que toi." Plutôt que de monter sur une des échelles et de s'allonger sur le toit d'un des bâtiments, ils choisissent d'escalader les 4 mètres du transformateur, à l'abri des regards. C'est très haut. Mais, comme dit Joe, "avec la peur on peut tout faire". Ils y restent une bonne demi-heure.
A 18 h 12, Bouna ou Zyed ont sans doute un geste maladroit. Un arc électrique se forme entre eux. Tous trois sont soulevés de terre par une décharge de 20 000 volts. Au Chêne-Pointu, la télé de Moussa, 15 ans, s'arrête net sur sa série. "On comprenait pas." Au commissariat de Livry-Gargan, le brigadier Sébastien M., qui s'applique à expliquer dans son rapport qu'aucune dégradation n'a été commise sur le chantier, avant de rendre les autres mineurs arrêtés à leurs parents, est tout à coup plongé dans l'obscurité. "J'ai constaté qu'aucun fusible n'était désenclenché. La coupure ne venait pas du commissariat, a-t-il confié sur procès-verbal. Le courant est revenu cinq minutes après, j'ai pu faire mon rapport."
Comment Muhittin, brûlé par quelque 2 000 degrés, la peau collée à ses vêtements, mais vivant, trouve-t-il alors la force de revenir au Chêne-Pointu et de retrouver le grand frère de Bouna ? "C'est un guerrier", répondent en hommage ses copains. Le jeune Kurde, juste capable d'articuler les deux prénoms de ses amis, entraîne une dizaine de garçons sur le terrain vague. Et de répéter : "On s'est fait courser, on s'est fait courser."
Sans geindre, il montre de son index la direction à suivre, mais, arrivé devant la centrale, il détourne les yeux à l'opposé, cache son visage en pleurs sous son autre bras. "Je me disais : mais c'est quel endroit ici ? Jamais, même pendant mon enfance, je n'étais venu là, raconte Siyakha. Plus on avançait, plus on sentait une chaleur de malade, plus Muhittin il était triste." "Bouna ! Zyed !", crie la bande.
Mais personne ne répond. Les minutes deviennent des heures, la rumeur se répand. "On a attendu, tellement attendu. Plus qu'à l'ANPE. On a même dû battre les records du consulat", raconte son frère. La mère de Bouna "fait tomber des larmes", son père se frappe la tête contre le mur de la centrale. Ils sont morts, c'est certain.
Les baskets de Zyed, "des Converse toutes neuves, noir et gris", ont été carbonisées. Comme les Nike Shox de Bouna. Mais ses Adidas sont restées quelques jours dans l'entrée du T3, avant de s'en aller avec lui pour l'enterrement au bled, en Mauritanie. Avant le voyage, Siyakha Traoré a demandé à voir le corps à l'Institut médico-légal. L'histoire qu'il raconte ressemble à une scène du réalisateur Jean-Claude Brisseau. Une belle dame très douce l'a prévenu que, quand il ouvrirait la porte, son petit frère serait là, à gauche, en entrant. Il l'a aperçu tout de suite, Bouna, "une tache noire — sa figure — dans tous ces draps blancs".
Les brûlures avaient gonflé son pauvre visage, bleu, rose, noir. Mais sa coiffure, ce dégradé qu'il s'était fait dessiner une semaine plus tôt, pour être beau pour l'Aïd, était intacte. Siyakha Traoré n'a vu que ça, la "chevelure" de l'ange, son seul réconfort. "Son contour, son dégradé, c'est les seuls endroits qui n'ont pas été touchés."
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- COCOaineHabitué du forum
Donc maintenant c'est encore plus affligeant pour eux... Ce n'était même pas un contrôle d'identité au faciès...
"Peu après 17 heures, les gamins quittent le stade. Petit crochet par un chantier où la région Ile-de-France construit des logements sociaux ? De sa fenêtre, l'employé d'un funérarium tout proche a en tout cas l'impression qu'un des gamins fait le guet."
Sinon qu'est ce qu'ils sont méchants les policiers
J'espère que l'employé du funérarium à fait de la prison pour homicide involontaire...
Bon revenons au sujet initial :
La violence monte encore d’un cran, plusieurs semaines après la mort de Rémi Fraisse. A Paris, le blocage du lycée Montaigne a tourné à l’émeute, ce vendredi, et un parent d’élève a frappé un lycéen à coup d’extincteur, raconte Le Figaro, vidéo à l’appui.
Devant cet établissement du 6e arrondissement de la capitale, plusieurs fois bloqué ces derniers jours en protestation contre la mort du manifestant au barrage de Sivens, des jeunes venus de divers lycées parisiens s’étaient rassemblés dès 7h30 ce vendredi matin. Face à eux, surprise: des parents d’élèves et des membres de l’administration du lycée, venus pour «discuter», selon Armelle Malvoisin, présidente de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP) de Montaigne, citée par Le Figaro.
Le jeune homme hospitalisé
Au lieu d’une discussion, c’est un affrontement qui a lieu. Des pétards et des œufs sont lancés par les lycéens, et des poubelles sont avancées devant la porte d’entrée. Un jeune est même armé d’un extincteur, dont il se sert pour disperser les parents d’élèves. La situation dérape quand un homme parvient à le lui arracher des mains, puis à le frapper en pleine tête. L’échauffourée dégénère.
Au bout de quelque temps, le calme revient. Les élèves sont rentrés grâce à «un cordon de sécurité mis en place par les parents entre les manifestants et les élèves», raconte Armelle Malvoisin. Quant au lycéen frappé, âgé de 16 ans et venu du lycée Lavoisier, il irait bien, selon la police. Emmené à l’hôpital Cochin par les pompiers, il souffre d’un hématome derrière l’oreille gauche. Il a subi un premier scanner ce vendredi et devrait en faire un autre samedi, pour déterminer s’il souffre d’un traumatisme crânien, selon Le Figaro.
En fonction de l’état de son fils, la mère du lycéen pourrait porter plainte. L’agresseur présumé est âgé de 54 ans et n’est pas connu des services de police. Il s’est présenté de lui-même au commissariat du 6e après les faits.
En plus y a la vidéo c'est magnifique...
Je souhaite bon rétablissement à ce jeune qui ne faisait pas partis du lycée, qui a emmené lui même l'extincteur et qui avançait à visage découvert :lol!:
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