- User17706Bon génie
Renoncer ? ah non : faire une légère entorse à l'ordre, ça peut arriver, une fois tous les 4000 ans, peut-être.
Pour l'« intérêt philosophique », si l'on veut, mais une bonne partie des textes écrits par ceux qu'on nomme philosophes ont l'ambition de dire quelque chose de vrai au sens banal du terme. Cet intérêt ne se comprend habituellement pas en dehors de cette prétention à la vérité ; alors que ce n'est pas la vérité au même sens, éventuellement pas la vérité du tout, que se propose d'atteindre un poème, par exemple. C'est tout ce que je voulais dire. Ça n'empêche pas du tout de chercher ni de trouver un intérêt.
Pour l'« intérêt philosophique », si l'on veut, mais une bonne partie des textes écrits par ceux qu'on nomme philosophes ont l'ambition de dire quelque chose de vrai au sens banal du terme. Cet intérêt ne se comprend habituellement pas en dehors de cette prétention à la vérité ; alors que ce n'est pas la vérité au même sens, éventuellement pas la vérité du tout, que se propose d'atteindre un poème, par exemple. C'est tout ce que je voulais dire. Ça n'empêche pas du tout de chercher ni de trouver un intérêt.
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:
Pour l'« intérêt philosophique », si l'on veut, mais une bonne partie des textes écrits par ceux qu'on nomme philosophes ont l'ambition de dire quelque chose de vrai au sens banal du terme. Cet intérêt ne se comprend habituellement pas en dehors de cette prétention à la vérité ; alors que ce n'est pas la vérité au même sens, éventuellement pas la vérité du tout, que se propose d'atteindre un poème, par exemple. C'est tout ce que je voulais dire. Ça n'empêche pas du tout de chercher ni de trouver un intérêt.
On pourrait d'ailleurs faire le lien entre la volonté de dire le vrai et le fait de soutenir une thèse dans un texte !
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- keroGrand sage
Je me permets de revenir sur mon parallèle avec la démarche historique.
En histoire, l'usage correct des règles méthodologiques (des procédures que tu évoques, Parménide, que tu places au centre de ta démarche) ne s'acquiert, presque naturellement, qu'à partir du moment où l'on comprend le sens de l'exercice demandé (dissertation ou explication/commentaire de texte). On peut faire un commentaire de texte en suivant la plus stricte des méthodologies, mais être à côté de la plaque, car on n'a pas compris le sens de l'exercice (partir du document pour en dégager un savoir historique, dans le cas du commentaire).
C'est dans ce sens - je pense - que tu dois comprendre l'incitation de PY à ne pas te focaliser sur la méthodologie. La méthodologie est un moyen à mettre au service de quelque chose qui est au-delà, alors que j'ai parfois l'impression - à la lecture discontinue de ce fil - que tu en parles comme si elle constituait un but.
D'où ma suggestion: réfléchir au sens profond de l'exercice. Mais je vois que c'est dans cette direction que la discussion s'aventure depuis quelques posts.
En histoire, l'usage correct des règles méthodologiques (des procédures que tu évoques, Parménide, que tu places au centre de ta démarche) ne s'acquiert, presque naturellement, qu'à partir du moment où l'on comprend le sens de l'exercice demandé (dissertation ou explication/commentaire de texte). On peut faire un commentaire de texte en suivant la plus stricte des méthodologies, mais être à côté de la plaque, car on n'a pas compris le sens de l'exercice (partir du document pour en dégager un savoir historique, dans le cas du commentaire).
C'est dans ce sens - je pense - que tu dois comprendre l'incitation de PY à ne pas te focaliser sur la méthodologie. La méthodologie est un moyen à mettre au service de quelque chose qui est au-delà, alors que j'ai parfois l'impression - à la lecture discontinue de ce fil - que tu en parles comme si elle constituait un but.
D'où ma suggestion: réfléchir au sens profond de l'exercice. Mais je vois que c'est dans cette direction que la discussion s'aventure depuis quelques posts.
- ParménideNeoprof expérimenté
Oui et c'est ce qui m'arrive en fait. Depuis longtemps, je suis une méthode à la lettre, vu que je n'ai jamais eu autre chose. Jamais personne pour me dire de remettre en perspective, etc...kero a écrit:
On peut faire un commentaire de texte en suivant la plus stricte des méthodologies, mais être à côté de la plaque, car on n'a pas compris le sens de l'exercice (partir du document pour en dégager un savoir historique, dans le cas du commentaire).
kero a écrit:
C'est dans ce sens - je pense - que tu dois comprendre l'incitation de PY à ne pas te focaliser sur la méthodologie. La méthodologie est un moyen à mettre au service de quelque chose qui est au-delà, alors que j'ai parfois l'impression - à la lecture discontinue de ce fil - que tu en parles comme si elle constituait un but.
D'où ma suggestion: réfléchir au sens profond de l'exercice. Mais je vois que c'est dans cette direction que la discussion s'aventure depuis quelques posts.
Je sais, et c'est la raison pour laquelle il faudrait que je subordonne mes préoccupations par rapport à l'épreuve à la question de mes lectures personnelles. Des que je saurai lire mes textes courants les textes de concours seront d'un abord plus facile, je pense.
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- supersosoSage
Parménide, je pense que c'est plutôt une sorte d'aller-retour. Lire des livres (et donc voir des textes dans un contexte plus large), lire des textes plus courts en passant 6 h dessus, vont aiguiser ton regard et les lectures s'enrichiront mutuellement. C'est pour cela que depuis le début, on te dit de ne pas te focaliser dessus et de ne pas attendre d'avoir "la bonne manière" de lire (parce qu'il n'y en a pas, hormis le principe général de rendre raison au texte - m'enfin si je ne dis pas trop de conneries ). En tout, cas, je suis contente de voir ton évolution : tu me sembles sur une meilleure voie qu'il y a quelque temps. C'est un grand pas.
- User17706Bon génie
Pawn a écrit: quelle ne fut pas ma surprise de constater que, au moins dans une académie, c'est même une consigne générale.
Je l'ai appris quand mes élèves se sont pris des cartons au bac blanc, parce que mon collègue les avait sanctionnés de ne pas avoir fait de "partie discussion" !!
Je venais de passer 13 ans dans une autre académie où était répété quasiment à chaque réunion d'entente qu'il était "entendu", justement, qu'on ne séparait pas l'explication et le "commentaire".
Gros doute à ce moment pour moi : mon collègue se trompait-il ? Vérification faite, non, dans cette académie, la consigne est de faire une "partie discussion". J'ai donc dû revoir les consignes données aux élèves, ce qui n'est pas pour les rassurer, eux qui ne veulent que cela.
En général cette "partie" est très très courte, et souvent sans aucune pertinence.
Je viens à nouveau de changer d'académie (je reviens dans l'académie qui m'a formée comme élève, étudiante, puis comme prof -si on peut parler de formation de prof, pour les profs de philo ;-) ) ; parmi mes premières questions figurait justement celle-là : faut-il "faire une partie discussion" dans l'explication de texte ? Et la réponse de mon collègue est la même qu'il y a 20 ans : pas de méthode imposée.
Ce qui veut dire quand même, quelle que soit la forme, qu'on attend quelque chose comme une critique du texte.
Je sais bien que ces débats sont un peu stériles, compte tenu des copies réelles ;-)
Mais enfin, ça me paraît le minimum que de se mettre au clair sur les attendus, ou plutôt, sur l'idéal.
Je reviens là-dessus. Je suis bien d'accord sur le fait que, quel que soit le niveau des copies réelles, le minimum est de dire suffisamment à quoi ressemble une bonne copie. Et en l'espèce, je ne comprends tout simplement pas qu'il y ait des académies où l'on se lance dans des innovations ou dans des fantaisies méthodologiques en les présentant comme obligatoires. Car enfin il n'y a rien dans les instructions, ni dans le programme, ni dans le petit filet de texte qui accompagne les textes au baccalauréat, qui laisse ne serait-ce qu'entendre qu'une « partie discussion » pourrait être une bonne idée.
On a le même problème, mais au niveau national cette fois (il me semble !), avec le troisième sujet des séries technologiques. La « version officielle » est que les questions qui accompagnent le texte n'ont aucune autre fonction que de guider l'élève dans son travail au brouillon, et en même temps je ne connais personne qui sanctionne la technique de réponse directe aux questions, rappelées par leur numéro. Là, c'est bien l'exemple d'un malaise réel : l'usage a tellement infléchi le format de l'épreuve qu'on en vient à une situation où la très grande majorité des productions sont dans un format qui est en principe exclu, en pratique autorisé.
- RuthvenGuide spirituel
PauvreYorick a écrit:
Je reviens là-dessus. Je suis bien d'accord sur le fait que, quel que soit le niveau des copies réelles, le minimum est de dire suffisamment à quoi ressemble une bonne copie. Et en l'espèce, je ne comprends tout simplement pas qu'il y ait des académies où l'on se lance dans des innovations ou dans des fantaisies méthodologiques en les présentant comme obligatoires. Car enfin il n'y a rien dans les instructions, ni dans le programme, ni dans le petit filet de texte qui accompagne les textes au baccalauréat, qui laisse ne serait-ce qu'entendre qu'une « partie discussion » pourrait être une bonne idée.
On a le même problème, mais au niveau national cette fois (il me semble !), avec le troisième sujet des séries technologiques. La « version officielle » est que les questions qui accompagnent le texte n'ont aucune autre fonction que de guider l'élève dans son travail au brouillon, et en même temps je ne connais personne qui sanctionne la technique de réponse directe aux questions, rappelées par leur numéro. Là, c'est bien l'exemple d'un malaise réel : l'usage a tellement infléchi le format de l'épreuve qu'on en vient à une situation où la très grande majorité des productions sont dans un format qui est en principe exclu, en pratique autorisé.
En fait, ce n'est pas une innovation, mais un reste d'une compréhension de l'ancienne consigne ("expliquez et dégagez l'intérêt philosophique") qui est devenu ensuite ("dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée") justement pour limiter ces explications en deux parties (il y avait une partie explication qui se résumait à de la paraphrase et une partie discussion qui prenait parfois la forme d'une petite dissertation). Comme il n'y a pas de méthode attendue, toutes les formes sont acceptables du moment que le texte est expliqué.
Pour les ST, il y a eu un basculement aussi : la forme originelle reposait sur des questions dissociées, et on voit depuis quelques années émerger l'idée d'un commentaire unifié (à mon avis, c'est vraiment ne pas connaître les ST que de leur dire : "on vous pose des questions, mais l'exercice ne consiste pas à répondre aux questions qu'on vous pose").
- User17706Bon génie
Ah, merci. Pour les séries technologiques, je suis étonné de cette chronologie, la discussion avec quelques membres de l'Inspection m'ayant quasi persuadé qu'elle était inverse (comme tu l'as bien vu).
Mais je suis entièrement d'accord sur le fait que leur poser des questions tout en leur demandant de n'y pas répondre est voué à l'échec. Si l'on voulait vraiment obtenir une explication de texte, il faudrait se forcer à reformuler complètement les indications.
Pour l'aspect « expliquez et dégagez » (→ « puis » dégagez), je n'ai jamais sanctionné cette façon de faire les (très) rares fois où je l'ai rencontrée, mais j'attends du coup également qu'on ne sanctionne pas le fait de ne pas procéder en deux temps. C'est cela qui me pose problème, et d'autant plus que, innovation ou survivance (survivance apparemment), on ne peut pas sérieusement dire que quoi que ce soit dans les instructions y encourage, loin de l'exiger.
Mais je suis entièrement d'accord sur le fait que leur poser des questions tout en leur demandant de n'y pas répondre est voué à l'échec. Si l'on voulait vraiment obtenir une explication de texte, il faudrait se forcer à reformuler complètement les indications.
Pour l'aspect « expliquez et dégagez » (→ « puis » dégagez), je n'ai jamais sanctionné cette façon de faire les (très) rares fois où je l'ai rencontrée, mais j'attends du coup également qu'on ne sanctionne pas le fait de ne pas procéder en deux temps. C'est cela qui me pose problème, et d'autant plus que, innovation ou survivance (survivance apparemment), on ne peut pas sérieusement dire que quoi que ce soit dans les instructions y encourage, loin de l'exiger.
- PawnNiveau 1
PauvreYorick a écrit: leur poser des questions tout en leur demandant de n'y pas répondre est voué à l'échec.
Encore une fois, tout à fait d'accord ! Alors que justement, on est en plein dans l'exposé des exercices de type-bac, en ce début d'année, cette difficulté me paraît insoluble.
Je viens de donner un travail sur un texte à des élèves de STMG pendant 2H. Et même si, bien sûr, j'ai expliqué (longtemps, lentement, plusieurs fois, etc.) qu'il fallait analyser le texte avant de répondre aux questions, j'ai vu les élèves lire 2 ou 3 fois le texte, et aussitôt répondre aux questions.
Je ne découvre pas cela, bien sûr, mais je ne sais absolument pas comment y remédier.
J'ai essayé, dans une autre classe (de STI) d'obliger les élèves à se poser des questions (de compréhension), avant de répondre aux questions "officielles" (puisqu'ils ne le faisaient pas spontanément).
Mais la consigne "Demandez-vous à vous-même, sans rédiger de réponse" leur a simplement paru dénuée de signification. Beaucoup m'ont demandé ce que cela voulait dire "se demander à soi-même" et pourquoi "sans rédiger de réponse".
Après tout, ils ont sans doute raison : on ne peut pas obliger un esprit à se demander quelque chose qu'il ne se demande pas.
Ils ont lu ces questions (du genre "quel synonyme pourriez-vous donner à tel terme ?" ou "l'auteur affirme -t-il p ou non-p ?"), ont répondu mentalement aussi vite que pour les autres questions, et sans chercher plus loin si la réponse ne leur apparaissait pas immédiatement.
Et du coup, il n'y a pas eu plus d'analyse, de réflexion sur le sens, que si je n'avais pas posé ces questions. Je dirais même que ça leur a encore plus embrouillé l'esprit, et qu'ils ont encore moins compris le texte que si je ne leur avais pas posé ces questions.
Du coup, dans chacune de ces classes, l'exercice était plié en 1H. Et je ne dirais pas que les choses sont radicalement différentes en séries générales, où j'ai, aussi, de plus en plus de mal, à les habituer à passer du temps à comprendre un extrait.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais quelquefois cela fonctionne ; sur tel texte particulier et surtout quand ils doivent travailler en groupes, il arrive qu'ils se demandent, et parfois même qu'ils "s'engueulent" sur le sens d'un passage. Quel plaisir de les voir se "disputer" ainsi ! Mais c'est rare (et n'arrive jamais -dans mon expérience personnelle, bien sûr- s'ils ne savent pas que je vais ramasser et noter).
Que penser de ça, par exemple :PauvreYorick a écrit: Pour l'aspect « expliquez et dégagez » (→ « puis » dégagez), je n'ai jamais sanctionné cette façon de faire les (très) rares fois où je l'ai rencontrée, mais j'attends du coup également qu'on ne sanctionne pas le fait de ne pas procéder en deux temps. C'est cela qui me pose problème, et d'autant plus que, innovation ou survivance (survivance apparemment), on ne peut pas sérieusement dire que quoi que ce soit dans les instructions y encourage, loin de l'exiger.
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1228934707488/0/fiche___ressourcepedagogique/
C'est assez ambigu, mais pas tant que ça, si ?
- User17706Bon génie
Je n'ai pas eu la patience de regarder / écouter la vidéo, mais effectivement, les consignes données ne correspondent pas à ma pratique, voire correspondent assez exactement à ce que je m'efforce d'éviter. Mais (en ST) je n'essaie pas toujours de « lisser », je ne le fais que si j'ai une bonne classe.Pawn a écrit: Que penser de ça, par exemple :
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1228934707488/0/fiche___ressourcepedagogique/
C'est assez ambigu, mais pas tant que ça, si ?
Je me suis plusieurs fois demandé si l'on n'obtiendrait pas de meilleurs résultats sans les questions qu'avec. C'est dire à quel point j'ai des doutes, moi aussi, sur le format du 3e sujet en ST.
- RuthvenGuide spirituel
PauvreYorick a écrit:
Je me suis plusieurs fois demandé si l'on n'obtiendrait pas de meilleurs résultats sans les questions qu'avec. C'est dire à quel point j'ai des doutes, moi aussi, sur le format du 3e sujet en ST.
Hormis la difficulté théorique de penser ce qu'est une explication de texte dans le cadre d'un cours de philosophie générale (je trouve qu'il y a un hiatus théorique que l'on occulte soigneusement), ce 3ème sujet est redoutable ; quand j'ai des ST(I), je les prépare essentiellement à la dissert.; je n'aborde pas l'explic. de texte avant le deuxième trimestre car d'expérience, ils se débrouillent pour faire trois contre-sens sur un texte de dix lignes (je me demande parfois comment ils y arrivent), et je me cantonne à leur apprendre à répondre aux questions. Autant il est facile (hum ...) de créer un questionnement sur une dissertation, d'envisager des réponses possibles, autant la lecture questionnante du texte suppose des compétences difficiles à travailler à partir de petits exercices. Mais si vous avez des techniques pour les entraîner, je suis preneur.
- AspasieNiveau 10
Idem et pour la manière de procéder, et pour la recherche de techniques d'entraînement.Ruthven a écrit: je n'aborde pas l'explic. de texte avant le deuxième trimestre car d'expérience, ils se débrouillent pour faire trois contre-sens sur un texte de dix lignes (je me demande parfois comment ils y arrivent), et je me cantonne à leur apprendre à répondre aux questions. Autant il est facile (hum ...) de créer un questionnement sur une dissertation, d'envisager des réponses possibles, autant la lecture questionnante du texte suppose des compétences difficiles à travailler à partir de petits exercices. Mais si vous avez des techniques pour les entraîner, je suis preneur.
- ParménideNeoprof expérimenté
-"expliquez et dégagez l'intérêt philosophique"
-"dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée"
J'ai déjà la réponse mais je vais quand même poser la question par acquis de conscience : en aucun cas on ne doit tenir compte de l'une ou l'autre de ces deux méthodes pour les exercices proposés au capes ou l'agrégation (écrit comme oral), n'est ce pas ?
J'oublie souvent que la philosophie concerne AUSSI les séries technologiques ! Et là , ce que tu dis est peut être typique de cette filière. En tous cas si ça ne devait pas être le cas ça expliquerait la constante prééminence, un peu partout, de la dissertation sur l'explication.
-"dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée"
J'ai déjà la réponse mais je vais quand même poser la question par acquis de conscience : en aucun cas on ne doit tenir compte de l'une ou l'autre de ces deux méthodes pour les exercices proposés au capes ou l'agrégation (écrit comme oral), n'est ce pas ?
Ruthven a écrit:
Hormis la difficulté théorique de penser ce qu'est une explication de texte dans le cadre d'un cours de philosophie générale (je trouve qu'il y a un hiatus théorique que l'on occulte soigneusement), ce 3ème sujet est redoutable ; quand j'ai des ST(I), je les prépare essentiellement à la dissert.; je n'aborde pas l'explic. de texte avant le deuxième trimestre car d'expérience, ils se débrouillent pour faire trois contre-sens sur un texte de dix lignes (je me demande parfois comment ils y arrivent), et je me cantonne à leur apprendre à répondre aux questions. Autant il est facile (hum ...) de créer un questionnement sur une dissertation, d'envisager des réponses possibles, autant la lecture questionnante du texte suppose des compétences difficiles à travailler à partir de petits exercices. Mais si vous avez des techniques pour les entraîner, je suis preneur.
J'oublie souvent que la philosophie concerne AUSSI les séries technologiques ! Et là , ce que tu dis est peut être typique de cette filière. En tous cas si ça ne devait pas être le cas ça expliquerait la constante prééminence, un peu partout, de la dissertation sur l'explication.
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"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- User17706Bon génie
Aspasie a écrit:Idem et pour la manière de procéder, et pour la recherche de techniques d'entraînement.Ruthven a écrit: je n'aborde pas l'explic. de texte avant le deuxième trimestre car d'expérience, ils se débrouillent pour faire trois contre-sens sur un texte de dix lignes (je me demande parfois comment ils y arrivent), et je me cantonne à leur apprendre à répondre aux questions. Autant il est facile (hum ...) de créer un questionnement sur une dissertation, d'envisager des réponses possibles, autant la lecture questionnante du texte suppose des compétences difficiles à travailler à partir de petits exercices. Mais si vous avez des techniques pour les entraîner, je suis preneur.
Entraînement à raison de 2h / semaine ?...
- AspasieNiveau 10
Oui, c'est bien le problème. Et l'exemple ne suffisant pas, il faut jalonner. J'ai même déjà songé à leur donner un texte sans aucune question et à récupérer au bout d'une heure leur brouillon de préparation aux questions qui leur seront données ensuite... juste pour qu'ils comprennent qu'il faut un brouillon, une analyse préalable. Mais dans ce cas, la question ne se fait pas attendre : "mais madame... mais on fait quoi ? " "Et bien l'analyse préalable comme je vous l'ai dit ? " "... Oui mais il faut faire quoi ?"... bref, en route pour une méthodologie de la préparation de la préparation, et ça...PauvreYorick a écrit:Entraînement à raison de 2h / semaine ?...
- GrypheMédiateur
Et cela en série techno ? Mais c'est fait exprès pour les piéger ou bien ? :lol:PauvreYorick a écrit:Mais je suis entièrement d'accord sur le fait que leur poser des questions tout en leur demandant de n'y pas répondre est voué à l'échec.
Tu peux leur dire qu'il y a un forum interdit aux élèves sur lequel il y a 80 pages de conseils à ce sujet. :lol!:Aspasie a écrit:Mais dans ce cas, la question ne se fait pas attendre : "mais madame... mais on fait quoi ? " "Et bien l'analyse préalable comme je vous l'ai dit ? " "... Oui mais il faut faire quoi ?"... bref, en route pour une méthodologie de la préparation de la préparation, et ça...
- AspasieNiveau 10
:lol: Ils se rueraient à la recherche du forum... Quitte à y passer des heures ! De toute façons, ils adorent ça, recopier des pages du net. Ca les rassure et leur donne l'impression de travailler. Et ils tentent toujours l'excuse à la noix du "Mais madame, c'est un travail à la maison... pour un travail à la maison on a le droit, non ?".Gryphe a écrit:Tu peux leur dire qu'il y a un forum interdit aux élèves sur lequel il y a 80 pages de conseils à ce sujet. :lol!:
Et en attendant, côté analyse du texte (ou du sujet hein... dans les deux cas...), je suis comme Anne, je ne vois rien venir.
Ceci étant, je me dis, plus sérieusement, qu'il y aurait tout intérêt à aller regarder les brouillons des élèves et à travailler dessus. Mais 1) j'ai déjà bien assez à faire avec les copies 2) je crois aussi que c'est standardiser à tort le rapport à la préparation, car après tout, un brouillon peu paraître pauvre mais s'avérer contenir l'essentiel pour son auteur qui saurait en faire quelque chose. Bref, on n'est pas sortis du sable comme dirait Guenièvre !
- ParménideNeoprof expérimenté
Je crois qu'on m'a oublié
Parménide a écrit:-"expliquez et dégagez l'intérêt philosophique"
-"dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée"
J'ai déjà la réponse mais je vais quand même poser la question par acquis de conscience : en aucun cas on ne doit tenir compte de l'une ou l'autre de ces deux méthodes pour les exercices proposés au capes ou l'agrégation (écrit comme oral), n'est ce pas ?
Ruthven a écrit:
Hormis la difficulté théorique de penser ce qu'est une explication de texte dans le cadre d'un cours de philosophie générale (je trouve qu'il y a un hiatus théorique que l'on occulte soigneusement), ce 3ème sujet est redoutable ; quand j'ai des ST(I), je les prépare essentiellement à la dissert.; je n'aborde pas l'explic. de texte avant le deuxième trimestre car d'expérience, ils se débrouillent pour faire trois contre-sens sur un texte de dix lignes (je me demande parfois comment ils y arrivent), et je me cantonne à leur apprendre à répondre aux questions. Autant il est facile (hum ...) de créer un questionnement sur une dissertation, d'envisager des réponses possibles, autant la lecture questionnante du texte suppose des compétences difficiles à travailler à partir de petits exercices. Mais si vous avez des techniques pour les entraîner, je suis preneur.
J'oublie souvent que la philosophie concerne AUSSI les séries technologiques ! Et là , ce que tu dis est peut être typique de cette filière. En tous cas si ça ne devait pas être le cas ça expliquerait la constante prééminence, un peu partout, de la dissertation sur l'explication.
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- GrypheMédiateur
On était occupés sur les topics des élections pro.Parménide a écrit:Je crois qu'on m'a oublié
Bon courage avec tes commentaires de textes. :flower:
- User17706Bon génie
En ce qui me concerne, ce n'est pas un oubli ; c'est juste que, ne comprenant pas la question, j'attendais une reformulation ou bien la réponse de quelqu'un qui l'eût comprise.Parménide a écrit:Je crois qu'on m'a oubliéParménide a écrit:-"expliquez et dégagez l'intérêt philosophique"
-"dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée"
J'ai déjà la réponse mais je vais quand même poser la question par acquis de conscience : en aucun cas on ne doit tenir compte de l'une ou l'autre de ces deux méthodes pour les exercices proposés au capes ou l'agrégation (écrit comme oral), n'est ce pas ?
- JPhMMDemi-dieu
C'est quoi un intérêt philosophique ?
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- ParménideNeoprof expérimenté
Gryphe a écrit:
Bon courage avec tes commentaires de textes. :flower:
Merci !
PauvreYorick a écrit:En ce qui me concerne, ce n'est pas un oubli ; c'est juste que, ne comprenant pas la question, j'attendais une reformulation ou bien la réponse de quelqu'un qui l'eût comprise.Parménide a écrit:Je crois qu'on m'a oubliéParménide a écrit:-"expliquez et dégagez l'intérêt philosophique"
-"dégagez l'intérêt philosophique de cet texte en procédant à son étude ordonnée"
J'ai déjà la réponse mais je vais quand même poser la question par acquis de conscience : en aucun cas on ne doit tenir compte de l'une ou l'autre de ces deux méthodes pour les exercices proposés au capes ou l'agrégation (écrit comme oral), n'est ce pas ?
Qu'est ce qui n'est pas clair?
Je veux dire que pour les concours de philosophie on n'est surtout pas censé suivre l'une ou l'autre de ces consignes de bac. Non?
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- User17706Bon génie
Ben je ne vois pas ce que ces consignes font d'autre que de dire qu'il faut faire une explication de texte, donc j'ai surtout du mal à voir comment on pourrait ne pas les suivre. Sauf éventuellement à essayer de donner un sens emphatique à l'idée d'« intérêt philosophique » (coucou JPhMM, moi non plus je ne suis pas sûr de comprendre). Ou bien à interpréter « et » comme indiquant une procédure en deux étapes. Bref, je crois qu'il ne faut surtout pas surinterpréter ces consignes.
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:Ben je ne vois pas ce que ces consignes font d'autre que de dire qu'il faut faire une explication de texte, donc j'ai surtout du mal à voir comment on pourrait ne pas les suivre. Sauf éventuellement à essayer de donner un sens emphatique à l'idée d'« intérêt philosophique » (coucou JPhMM, moi non plus je ne suis pas sûr de comprendre).
D'accord.
Donc il n'y a aucune différence de nature entre l'explication du bac et celle du capes. Non?
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- User17706Bon génie
En tout cas, je n'en fais pas, et rien ne contraint à en faire une.
- ParménideNeoprof expérimenté
Face à la persistance de mes problèmes en matière de méthode de commentaire, et surtout, de lecture des textes, je suis obligé de relancer cette ancienne discussion. La bonne méthode est difficile à trouver. Pourtant ça fait plusieurs fois que mon correcteur me dit que la méthode est au point, curieusement. J'ai relu dernièrement les comptes rendus qu'il m'avait envoyés concernant les deux anciennes copies de concours sur Sénèque et sur Pascal.
Ce sur quoi il met avant tout l'accent c'est le manque d'interrogation du texte et le manque de remise en perspective dans l'histoire de la philosophie :
PY : si je dois interroger d'avantage les textes et les replacer d'avantage dans l'histoire de la philosophie, comment cela doit-il se pratiquer? Je ne suis pas à l'aise à l'idée de retourner les textes contre leurs auteurs. Et s'il faut interroger les textes et les replacer dans l'histoire de la philosophie, faut-il le faire dans le développement ou en conclusion?
Ce sur quoi il met avant tout l'accent c'est le manque d'interrogation du texte et le manque de remise en perspective dans l'histoire de la philosophie :
- Spoiler:
- Au Capes, j’aurais mis exactement la même note (8). Car le texte est à l’évidence compris : aucun contresens. Vous avez en particulier vu un tournant essentiel du texte, dans la deuxième partie, quand Pascal, après avoir défini par la raison, affirme que le progrès des sciences est rendu possible par la mémoire. Tout au plus on pourrait vous reprocher de n’avoir pas suffisamment questionné ces deux définitions de l’homme que donne Pascal dans le texte : le propre de l’homme c’est la raison et la mémoire. Quel rapport y a-t-il entre les deux ? La mémoire est-elle une caractéristique plus essentielle encore de l’homme, qui rend possible la raison ? Ou bien la raison et la mémoire sont-elles une seule et même chose ? (on pourrait argumenter en ce sens en affirmant que le raisonnement est discursif, pas intuitif, qu’il suppose donc un acte de mémoire, une rétention des étapes antérieures de l’argumentation et une anticipation des étapes ultérieures : mémoire et raison seraient alors indissociables).
Pourquoi pas davantage que 8 ? Parce que le texte n’est pas suffisamment situé dans l’histoire de la philosophie et questionné. Je crois que vous auriez pu
1) souligner davantage dans votre introduction que l’enjeu essentiel du texte n’est pas la définition de l’homme, mais que Pascal engage une réflexion sur l’essence de l’homme pour traiter une question qui se pose à l’époque, et qui n’apparaît qu’à la fin du texte : quelle doit être notre attitude envers les Anciens, envers le savoir qu’ils nous ont légué (plus précisément : doit-on, parce qu’Aristote a dit que « la nature a horreur du vide », le suivre sur ce point et renoncer à la théorie selon laquelle le vide existe ? - théorie que Pascal a mise au point à la suite de la célèbre expérience de Torricelli).
2) souligner davantage, à la fin du devoir, la nouveauté de cette théorie pascalienne du progrès des sciences (qui ouvre la voie, bien sûr, aux théories du progrès des Lumières et à des théories comme celles de Comte, qui vous citez). Il aurait fallu rappeler que les Grecs n’avaient pas l’idée d’un savoir progressant à l’infini (parallèlement, leur univers était un cosmos fini et non un univers doublement infini comme celui de Pascal) : voir la cosmologie de Platon dans le Timée, par exemple. Rappeler aussi que c’est le christianisme qui a ruiné cette idée grecque d’un savoir fini, par sa conception du temps linéaire (eschatologique) : on le voit bien quand Pascal écrit que « l’homme n’est produit que pour l’infinité ». On aurait pu aussi montrer que Pascal va peut-être plus loin que cette idée chrétienne, puisque que son progrès des sciences semble vraiment infini et non orienté vers un état final, certes très éloigné mais constituant le telos de l’histoire (la résurrection)… Il y a quelque chose de très moderne dans ce concept pascalien d’un progrès des sciences à l’infini sans telos, d’un progrès simplement cumulatif à l’infini.
3) il aurait été possible de questionner davantage cette conception du progrès des sciences à la fois continuiste, unidirectionnel et infini. De nombreux philosophes, au XXe siècle, ont insisté au contraire sur la discontinuité de l’histoire des sciences (les ruptures épistémologiques chez Bachelard, les paradigmes de Kühn, les epistémè de Foucault), sur le caractère multidirectionnel du progrès des idées … Bref, la conception de Pascal (l’histoire des sciences comme progrès continu, unidirectionnel et infini) est loin d’être la seule possible. Je crois qu’on s’attendait, au Capes, à ce que vous mobilisiez votre culture en matière de philosophie de l’histoire et de philosophie des sciences pour questionner cette conception moderne, mais peut-être pas contemporaine, du progrès.
- Spoiler:
- Même remarques que pour le devoir sur Pascal : j’aurais mis 8. Car le texte est très bien compris : pas de contresens, seulement quelques détails à revoir et un point sur lequel il faudrait insister davantage.
Les détails à revoir, mineurs : à la page 1, il faudrait préciser en quel sens vous parlez de la contingence de la nature, car vous montrez bien dans la suite que la conception de Sénèque est déterministe et finaliste (sans doute voulez-vous dire que le sort qui échoie à chacun n’est pas le même, même si nous sommes tous esclaves) ; à la page 3, le mot démocratique ne convient pas, mais l’idée est juste : pour Sénèque, la condition est la même pour tous, malgré la diversité du sort qui nous échoie : maîtres et esclaves sont logés à la même enseigne, et cette enseigne est celle de l’esclavage à l’égard de la nature (« toute vie est esclavage »). Vous avez raison de souligner cet aspect, l’universalisme de Sénèque (qu’on retrouve à la même époque chez les chrétiens, quand Paul déclare qu’il n’y a « ni homme ni femme, ni esclave ni maître, ni Juif ni Grecs », mais il écrit cela pour souligner, à la différence de Sénèque, que nous sommes tous « fils de Dieu »).
Le seul point sur lequel je crois qu’il aurait fallu insister davantage est l’articulation, à la fin du texte, de la liberté et de la nature. La nature finalisée a bien prévu le remède (l’habitude) mais cela ne signifie pas que l’homme va voir sa douleur spontanément diminuée par l’habitude. Sinon il n’y aurait évidemment pas besoin d’exhorter l’homme (toute la fin du texte est une exhortation : « il faut donc s’accoutumer »). Comme vous l’avez bien dit, la nature ne détermine pas l’usage que nous ferons de nos représentations (l’usage que nous faisons des souffrances que nous ressentons face aux coups de la fortune). La nature a donc créé l’homme libre de faire usage ou non du remède qu’elle fournit (l’habitude) (en ce sens, il y a bien une contingence dans la nature, c’est peut-être cela que vous voulez dire à la page 1). Il aurait fallu préciser cette articulation entre nature et liberté : la nature nous dote du remède (l’habitude) et du moyen de la mettre en œuvre (la raison). Il y a quelque chose d’étrange et de paradoxal que vous auriez pu souligner : quand on parle de l’habitude, en règle générale, c’est pour dire qu’elle agit sans nous demander notre avis (on finit par s’habituer, comme on dit). Ici, au contraire, il y a une injonction paradoxale : « il faut s’accoutumer » ! L’habitude n’a donc rien de spontanée…
Enfin, il aurait été possible de signaler qu’il y a d’autres conceptions possibles de la nature et de la liberté, de manière à mieux faire saisir l’originalité de la perspective de Sénèque. Toute conception de la liberté n’est pas rationaliste, comme celle de Sénèque (pensez à Bergson, par exemple). Toute conception de la liberté ne consiste pas à mettre en œuvre un remède que la nature a prévu pour nous (il y a des conceptions de la liberté, comme celle de Kant, où la liberté consiste à aller contre la nature, celle des inclinations, pour construire un « règne des fins » qui tendanciellement échappe à la nature). On pourrait aussi essayer de confronter la conception de Sénèque et notre conception moderne de la nature. Pour nous, la nature n’est plus finalisée, elle n’a rien prévu pour remédier aux maux qu’elle nous inflige… D’où une conception plus tragique de l’existence, souvent, dans nos sociétés (la souffrance et la mort sont pensés comme non surmontables). On pourrait au contraire estimer qu’il y a une grande vérité dans ce texte, qu’il réussit à montrer qu’il y a une part de notre existence qui ne dépend pas de nous, inévitablement (les coups de la fortune), mais qu’il y a malgré tout une liberté (faire usage de nos représentations), liberté qui est aidée par la nature (par le mécanisme de l’habitude). On peut fort bien trouver cette position de Sénèque plus pertinente que d’autres (révolte contre la souffrance, ou bien tentative bouddhiste de l’éliminer totalement par le détachement, etc.).
Bref, la fin du devoir pourrait faire preuve de davantage de culture philosophique sur ce problème et aussi être plus personnelle : Adhérez-vous personnellement à la solution de Sénèque ? Pensez-vous que l’on peut dépasser la souffrance ? De la même manière que Sénèque ? (par un acte libre mettant en œuvre le remède prévu par la nature). D’une autre manière ?
PY : si je dois interroger d'avantage les textes et les replacer d'avantage dans l'histoire de la philosophie, comment cela doit-il se pratiquer? Je ne suis pas à l'aise à l'idée de retourner les textes contre leurs auteurs. Et s'il faut interroger les textes et les replacer dans l'histoire de la philosophie, faut-il le faire dans le développement ou en conclusion?
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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