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- VincaNiveau 5
Bon j'ai vraiment honte , mais les élèves me mettent le doute et là, je commence à ne plus croire en moi.
Dans l'incipit de "Pierrot", de Maupassant :
Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux à falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une âme de brute prétentieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses mains rouges sous des gants de soie écrue.
Elle avait pour servante une brave campagnarde toute simple, nommée Rose. Les deux femmes habitaient une petite maison à volets verts, le long d'une route, en Normandie. Comme elles possédaient, devant l'habitation, un étroit jardin, elles cultivaient quelques légumes.
Or, une nuit, on lui vola une douzaine d'oignons.
Dès que Rose s'aperçut du larcin, elle courut prévenir Madame, qui descendit en jupe de laine.
Ce fut une désolation et une terreur. On avait volé, volé Madame Lefèvre ! Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir. Les deux femmes effarées contemplaient les traces de pas, bavardaient, supposaient des choses : « Tenez, ils ont passé par là. Ils ont mis leurs pieds sur le mur ; ils ont sauté dans la plate-bande ». Et elles s'épouvantaient pour l'avenir. Comment dormir tranquilles maintenant !
Le bruit du vol se répandit. Les voisins arrivèrent, constatèrent, discutèrent à leur tour ; et les deux femmes expliquaient à chaque nouveau venu leurs observations et leurs idées. Un fermier d'à côté leur offrit ce conseil : « Vous devriez avoir un chien ».
C'était vrai, cela ; elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil. Pas un gros chien, Seigneur ! Que feraient-elles d'un gros chien ! Il les ruinerait en nourriture. Mais un petit chien.
Dès que tout le monde fut parti, Madame Lefèvre discuta longtemps cette idée de chien. Elle faisait, après réflexion, mille objections, terrifiée par l'image d'une jatte pleine de pâtée ; car elle était de cette race parcimonieuse de dames campagnardes qui portent toujours des centimes dans leur poche pour faire l'aumône ostensiblement aux pauvres des chemins, et donner aux quêtes du dimanche.
Rose, qui aimait les bêtes, apporta ses raisons et les défendit avec astuce. Donc il fut décidé qu'on aurait un chien, un tout petit chien.
On se mit à sa recherche, mais on n'en trouvait que des grands, des avaleurs de soupe à faire frémir. L'épicier de Rolleville en avait bien un, un tout petit ; mais il exigeait qu'on le lui payât deux francs, pour couvrir ses frais d'élevage. Mme Lefèvre déclara qu'elle voulait bien nourrir un « quin », mais qu'elle n'en achèterait pas.
Or, le boulanger, qui savait les événements, apporta, un matin, dans sa voiture, un étrange petit animal tout jaune, presque sans pattes, avec un corps de crocodile, une tête de renard et une queue en trompette, un vrai panache, grand comme tout le reste de sa personne. Un client cherchait à s'en défaire.
Madame Lefèvre trouva fort beau ce roquet immonde, qui ne coûtait rien. Rose l'embrassa, puis demanda comment on le nommait. Le boulanger répondit : « Pierrot ».
1. Selon vous, quel est le point de vue employé ?
2. "Or, une nuit, on lui vola une douzaine d'oignons.", est-ce une ellipse ou un sommaire selon vous ?
Merci de votre aide !!!!!!
Dans l'incipit de "Pierrot", de Maupassant :
Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux à falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une âme de brute prétentieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses mains rouges sous des gants de soie écrue.
Elle avait pour servante une brave campagnarde toute simple, nommée Rose. Les deux femmes habitaient une petite maison à volets verts, le long d'une route, en Normandie. Comme elles possédaient, devant l'habitation, un étroit jardin, elles cultivaient quelques légumes.
Or, une nuit, on lui vola une douzaine d'oignons.
Dès que Rose s'aperçut du larcin, elle courut prévenir Madame, qui descendit en jupe de laine.
Ce fut une désolation et une terreur. On avait volé, volé Madame Lefèvre ! Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir. Les deux femmes effarées contemplaient les traces de pas, bavardaient, supposaient des choses : « Tenez, ils ont passé par là. Ils ont mis leurs pieds sur le mur ; ils ont sauté dans la plate-bande ». Et elles s'épouvantaient pour l'avenir. Comment dormir tranquilles maintenant !
Le bruit du vol se répandit. Les voisins arrivèrent, constatèrent, discutèrent à leur tour ; et les deux femmes expliquaient à chaque nouveau venu leurs observations et leurs idées. Un fermier d'à côté leur offrit ce conseil : « Vous devriez avoir un chien ».
C'était vrai, cela ; elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil. Pas un gros chien, Seigneur ! Que feraient-elles d'un gros chien ! Il les ruinerait en nourriture. Mais un petit chien.
Dès que tout le monde fut parti, Madame Lefèvre discuta longtemps cette idée de chien. Elle faisait, après réflexion, mille objections, terrifiée par l'image d'une jatte pleine de pâtée ; car elle était de cette race parcimonieuse de dames campagnardes qui portent toujours des centimes dans leur poche pour faire l'aumône ostensiblement aux pauvres des chemins, et donner aux quêtes du dimanche.
Rose, qui aimait les bêtes, apporta ses raisons et les défendit avec astuce. Donc il fut décidé qu'on aurait un chien, un tout petit chien.
On se mit à sa recherche, mais on n'en trouvait que des grands, des avaleurs de soupe à faire frémir. L'épicier de Rolleville en avait bien un, un tout petit ; mais il exigeait qu'on le lui payât deux francs, pour couvrir ses frais d'élevage. Mme Lefèvre déclara qu'elle voulait bien nourrir un « quin », mais qu'elle n'en achèterait pas.
Or, le boulanger, qui savait les événements, apporta, un matin, dans sa voiture, un étrange petit animal tout jaune, presque sans pattes, avec un corps de crocodile, une tête de renard et une queue en trompette, un vrai panache, grand comme tout le reste de sa personne. Un client cherchait à s'en défaire.
Madame Lefèvre trouva fort beau ce roquet immonde, qui ne coûtait rien. Rose l'embrassa, puis demanda comment on le nommait. Le boulanger répondit : « Pierrot ».
1. Selon vous, quel est le point de vue employé ?
2. "Or, une nuit, on lui vola une douzaine d'oignons.", est-ce une ellipse ou un sommaire selon vous ?
Merci de votre aide !!!!!!
- JaenelleHabitué du forum
1. omniscient, à cause de ça, par exemple : "Elle faisait, après réflexion, mille objections, terrifiée par l'image d'une jatte pleine de pâtée" (= pensées)
Mais le texte multiplie le discours indirect (libre ?), qui donne l'impression d'un point de vue interne.
J'ai quand même un doute mais, par exemple, dans ces deux passages : "Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir. Les deux femmes effarées contemplaient les traces de pas, bavardaient, supposaient des choses : « Tenez, ils ont passé par là. Ils ont mis leurs pieds sur le mur ; ils ont sauté dans la plate-bande ». Et elles s'épouvantaient pour l'avenir. Comment dormir tranquilles maintenant !" et "C'était vrai, cela ; elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil.", cela signifierait que nous sommes dans les pensées de plusieurs personnages à la fois. Or, pour moi, le point de vue interne, c'est un personnage à la fois.
Quelqu'un pour confirmer ?
L'autre difficulté de ce texte, c'est qu'on a un narrateur dit "effacé" (pas narrateur-personnage puisque ce n'est un personnage de l'histoire qui raconte) mais une présence forte de l'auteur, très ironique (d'où la multiplication des "on", le portrait très orienté des deux femmes...).
2. Un sommaire : le vol est raconté, pas passé sous silence. Quand il y a ellipse, l'événement non raconté n'est pas nommé.
Mais le texte multiplie le discours indirect (libre ?), qui donne l'impression d'un point de vue interne.
J'ai quand même un doute mais, par exemple, dans ces deux passages : "Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir. Les deux femmes effarées contemplaient les traces de pas, bavardaient, supposaient des choses : « Tenez, ils ont passé par là. Ils ont mis leurs pieds sur le mur ; ils ont sauté dans la plate-bande ». Et elles s'épouvantaient pour l'avenir. Comment dormir tranquilles maintenant !" et "C'était vrai, cela ; elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil.", cela signifierait que nous sommes dans les pensées de plusieurs personnages à la fois. Or, pour moi, le point de vue interne, c'est un personnage à la fois.
Quelqu'un pour confirmer ?
L'autre difficulté de ce texte, c'est qu'on a un narrateur dit "effacé" (pas narrateur-personnage puisque ce n'est un personnage de l'histoire qui raconte) mais une présence forte de l'auteur, très ironique (d'où la multiplication des "on", le portrait très orienté des deux femmes...).
2. Un sommaire : le vol est raconté, pas passé sous silence. Quand il y a ellipse, l'événement non raconté n'est pas nommé.
- JadgadetteNiveau 3
Bonsoir,
alors moi je dirais que
1) Maupassant alterne entre point de vue interne (discours indirect libre "On avait volé, volé Madame Lefèvre ! Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir."), et point de vue externe (et caustique !) d'observateur (tous les passages décrivant Mme Lefèvre et son caractère). C'est d'ailleurs ce va-et-vient qui crée un effet comique (je trouve)
edit (à Jaenelle) : je ne pense pas que ce soient les pensées de plusieurs personnages, je dirais plutôt que c'est leur dialogue comique retranscrit au discours indirect libre (mais à confirmer...)
2) ellipse (un sommaire c'est, dans La Parure, tout le passage qui précède "et cette vie dura dix ans" je ne sais pas si je suis claire, mais c'est le meilleur exemple qui me vient à l'esprit)
alors moi je dirais que
1) Maupassant alterne entre point de vue interne (discours indirect libre "On avait volé, volé Madame Lefèvre ! Donc, on volait dans le pays, puis on pouvait revenir."), et point de vue externe (et caustique !) d'observateur (tous les passages décrivant Mme Lefèvre et son caractère). C'est d'ailleurs ce va-et-vient qui crée un effet comique (je trouve)
edit (à Jaenelle) : je ne pense pas que ce soient les pensées de plusieurs personnages, je dirais plutôt que c'est leur dialogue comique retranscrit au discours indirect libre (mais à confirmer...)
2) ellipse (un sommaire c'est, dans La Parure, tout le passage qui précède "et cette vie dura dix ans" je ne sais pas si je suis claire, mais c'est le meilleur exemple qui me vient à l'esprit)
- VincaNiveau 5
ça m'inquiète de voir que vous n'êtes pas d'accord...
Je suis en train de me dire que j'ai peut-être visé trop haut pr les gamins (et pr moi ;-) !).
D'autres avis pour trancher ????
Merci en tout cas !!!
Je suis en train de me dire que j'ai peut-être visé trop haut pr les gamins (et pr moi ;-) !).
D'autres avis pour trancher ????
Merci en tout cas !!!
- miss sophieExpert spécialisé
+1Jaenelle a écrit:2. Un sommaire : le vol est raconté, pas passé sous silence. Quand il y a ellipse, l'événement non raconté n'est pas nommé.
Pour le point de vue, on a accès aux sentiments du personnage mais on a aussi, comme dit précédemment, des remarques critiques sur les deux femmes ; je dirais donc "narrateur omniscient".
- VincaNiveau 5
Ne faudrait-il pas qu'on ait accès aux pensées des deux personnages plutôt qu'à leurs remarques pour parler de point de vue omniscient ?
D'autres avis ?
D'autres avis ?
- saocaeNiveau 7
Pour moi, c'est aussi un narrateur omniscient. La présentation des deux femmes me semble être faite par un narrateur qui sait tout des personnages (une âme de brute prétenieuse etc...).
Je pense aussi que la phrase "une nuit on lui vola..." est un sommaire. Pour moi, une ellipse, c'est lorsqu'on passe sous silence plusieurs jours ou plus (ou moins) sans n'en rien dire. Or, ici on sait ce qui s'est passé.
Je pense aussi que la phrase "une nuit on lui vola..." est un sommaire. Pour moi, une ellipse, c'est lorsqu'on passe sous silence plusieurs jours ou plus (ou moins) sans n'en rien dire. Or, ici on sait ce qui s'est passé.
- Hermione0908Modérateur
"Une nuit on lui vola..." est aussi un sommaire pour moi. A mon sens, une ellipse donnerait quelque chose du genre "Dix ans passèrent.", sans le récit d'aucun événement particulier.
Pour le point de vue, je suis partagée. J'ai tout de même un net penchant pour l'omniscient.
Pour le point de vue, je suis partagée. J'ai tout de même un net penchant pour l'omniscient.
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Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
- AnacycliqueÉrudit
Sans hésitation :
1. omniscient
2. un sommaire
pour les raisons qui ont été énoncées auparavant.
1. omniscient
2. un sommaire
pour les raisons qui ont été énoncées auparavant.
- VincaNiveau 5
En fait, à mes yeux, le texte présente les actes et pensées de Mme Lefèvre, donc on pourrait dire qu'il y a un point de vue interne.
Seule la phrase "qui aimait les bêtes' peut être interprétée comme une pensée de Rose. Si c'est le cas, on a bien un point omniscient. Qu'en dites-vous ?
Pour le sommaire, j'approuve !!!
Seule la phrase "qui aimait les bêtes' peut être interprétée comme une pensée de Rose. Si c'est le cas, on a bien un point omniscient. Qu'en dites-vous ?
Pour le sommaire, j'approuve !!!
- LédisséEsprit sacré
Omniscient aussi, avec des passages plus spécifiquement internes (Maupassant, c'est très subtil ; c'est bien pour ça que c'est un écrivain génial ), comme il a été relevé.
"Qui aimait les bêtes", pour moi, n'est pas une pensée de Rose : elle ne pense pas "moi j'aime les bêtes", c'est une explication du narrateur omniscient justement. Le type du point de vue interne, c'est en effet "On avait volé ! On pouvait voler encore !" = les pensées de Mme Lefèvre.
Pour le sommaire/ellipse, s'il faut absolument dire quelque chose, sommaire (ellipse = absence d'info là où on en attendrait). Mais à vrai dire, donner simplement une info (un vol) pour une nuit, je ne trouve pas du tout ça "choquant". Contrairement au sommaire avéré relevé plus haut, dans la Parure, qui résume 10 ans.
Si on parle de sommaire ici, des sommaires, il y en a partout, non ?
"Qui aimait les bêtes", pour moi, n'est pas une pensée de Rose : elle ne pense pas "moi j'aime les bêtes", c'est une explication du narrateur omniscient justement. Le type du point de vue interne, c'est en effet "On avait volé ! On pouvait voler encore !" = les pensées de Mme Lefèvre.
Pour le sommaire/ellipse, s'il faut absolument dire quelque chose, sommaire (ellipse = absence d'info là où on en attendrait). Mais à vrai dire, donner simplement une info (un vol) pour une nuit, je ne trouve pas du tout ça "choquant". Contrairement au sommaire avéré relevé plus haut, dans la Parure, qui résume 10 ans.
Si on parle de sommaire ici, des sommaires, il y en a partout, non ?
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- La JabotteNeoprof expérimenté
Le propre de la narration omnisciente est d'alterner les points de vue internes. On ne parle pas de point de vue omniscient : le narrateur est omniscient et, selon les passages, il adopte un point de vue interne (d'un personnage ou d'un autre) ou un point de vue "externe". L'intervention du narrateur est à placer sur un autre niveau.
Donc :
- narrateur omniscient
- point de vue interne
- interventions du narrateur
- pas de sommaire : une simple relation d'un fait, avec effet de style éventuellement (concision de l'annonce => peu d'importance aux yeux du narrateur versus longueur des réactions => importance exagérée donnée par les femmes, peur, "montage en épingle", quoi).
Excepté dans les cas de narrateur interne ou de narrateur externe, il est donc peu judicieux d'essayer de définir le point de vue adopté dans la totalité d'un texte : on s'attache à un passage seulement, puisque le point de vue varie.
Donc :
- narrateur omniscient
- point de vue interne
- interventions du narrateur
- pas de sommaire : une simple relation d'un fait, avec effet de style éventuellement (concision de l'annonce => peu d'importance aux yeux du narrateur versus longueur des réactions => importance exagérée donnée par les femmes, peur, "montage en épingle", quoi).
Excepté dans les cas de narrateur interne ou de narrateur externe, il est donc peu judicieux d'essayer de définir le point de vue adopté dans la totalité d'un texte : on s'attache à un passage seulement, puisque le point de vue varie.
- La JabotteNeoprof expérimenté
Donc, pas de sommaire, mais encore moins d'ellipse !
- La JabotteNeoprof expérimenté
Rho la la, j'adore Maupassant, et plus particulièrement cette nouvelle ! "Ce fut une désolation et une terreur." Trop fort.
En passant, j'avais fait faire un exercice d'écriture à mes 4e, voilà quelques années, à partir du 1er paragraphe, c'était chouette. Exercice d'imitation : ils devaient respecter exactement la structure des phrases, et présenter à leur tour deux personnages que tout opposait (le gourmand/le frugal ou l'ascète ; l'expansif/le timide...) à l'aide de la même opposition syntaxique et lexicale :
En passant, j'avais fait faire un exercice d'écriture à mes 4e, voilà quelques années, à partir du 1er paragraphe, c'était chouette. Exercice d'imitation : ils devaient respecter exactement la structure des phrases, et présenter à leur tour deux personnages que tout opposait (le gourmand/le frugal ou l'ascète ; l'expansif/le timide...) à l'aide de la même opposition syntaxique et lexicale :
Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux à falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une âme de brute prétentieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses mains rouges sous des gants de soie écrue.
Elle avait pour servante une brave campagnarde toute simple, nommée Rose.
- VincaNiveau 5
J'ai du mal à saisir la différence que tu fais entre narrateur omniscient et point de vue omniscient.
Et surtout, de façon + générale, n'y a-t-il pas point de vue omniscient lorsqu'un extrait présente par exemple les pensées de tout le monde ?
Et pour en revenir à l'incipit de"Pierrot", effectivement l'alternance de points de vue me paraît intelligente. Mais quand y aurait-il le point de vue interne de Rose par exemple ?
Et si on a point de vue interne de Rose et point de vue interne de Mme Lefèvre, pourquoi ne pas parler de point de vue omniscient ?
Je suis un peu perdue, désolée de toutes ces questions !
Et surtout, de façon + générale, n'y a-t-il pas point de vue omniscient lorsqu'un extrait présente par exemple les pensées de tout le monde ?
Et pour en revenir à l'incipit de"Pierrot", effectivement l'alternance de points de vue me paraît intelligente. Mais quand y aurait-il le point de vue interne de Rose par exemple ?
Et si on a point de vue interne de Rose et point de vue interne de Mme Lefèvre, pourquoi ne pas parler de point de vue omniscient ?
Je suis un peu perdue, désolée de toutes ces questions !
- Hermione0908Modérateur
En fait, on va parler de point de vue(ou focalisation) interne ou externe, et de statut du narrateur (interne, externe, omniscient). C'est là qu'est la confusion (que j'ai joyeusement faite dans mon commentaire précédent d'ailleurs, puis j'ai réfléchi... blonde un jour...).
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- VincaNiveau 5
Je pensais que le statut du narrateur, c'était dire s'il était narrateur-personnage ou narrateur extérieur à l'histoire et que les points de vue étaient interne, externe ou omniscient...
- Hermione0908Modérateur
Rhaaaa ! Tu me mets le doute maintenant ! Et j'ai la flemme de vérifier là maintenant...
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- VincaNiveau 5
J'ai rarement relu autant de pages de narratologie sur internet !!! Je tombe toujours sur la même chose :
statut du narrateur : narrateur extérieur à l'histoire/narrateur impliqué ou narrateur-personnage
points de vue : interne, externe, omniscient
statut du narrateur : narrateur extérieur à l'histoire/narrateur impliqué ou narrateur-personnage
points de vue : interne, externe, omniscient
- Hermione0908Modérateur
Bon, alors j'ai fait un emmêlage de crayons en règle...
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- VincaNiveau 5
Non, ne dis pas ça !!! Je ne suis pas du tout sûre de moi.
La preuve est ce post !!!!!!!!!
Et puis surtout, je suis toujours devant mon texte, sans réussir à trancher.......... la honte absolue !
La preuve est ce post !!!!!!!!!
Et puis surtout, je suis toujours devant mon texte, sans réussir à trancher.......... la honte absolue !
- La JabotteNeoprof expérimenté
Vinca a écrit:J'ai du mal à saisir la différence que tu fais entre narrateur omniscient et point de vue omniscient.
Et surtout, de façon + générale, n'y a-t-il pas point de vue omniscient lorsqu'un extrait présente par exemple les pensées de tout le monde ?
Et pour en revenir à l'incipit de"Pierrot", effectivement l'alternance de points de vue me paraît intelligente. Mais quand y aurait-il le point de vue interne de Rose par exemple ?
Et si on a point de vue interne de Rose et point de vue interne de Mme Lefèvre, pourquoi ne pas parler de point de vue omniscient ?
Je suis un peu perdue, désolée de toutes ces questions !
Il n'y a pas de point de vue omniscient, ça n'existe pas. Par définition, le point de vue, c'est l'endroit où tu te places pour raconter. Le narrateur externe est forcément en point de vue externe, le narrateur interne est forcément en point de vue interne, mais le narrateur omniscient peut alterner les points de vue. Il peut, mais il fait ce qu'il veut : il ne donne au lecteur que ce qu'il veut lui donner, il nous balade. Donc, on n'a jamais le point de vue de Rose et c'est normal, puisqu'elle est réduite à rien, ou presque.
Un extrait (de quelle taille ? combien de paragraphes ?) ne peut pas présenter les points de vue de tout le monde en même temps (genre une phrase pour X puis une phrase pour Y puis une demi-phrase pour Z puis retour sur X) : il alterne les points de vue (généralement par paragraphes) ou il considère un groupe, une foule, comme une entité, et c'est le même point de vue pour tous ceux qui constituent ce groupe. ("Ils perçurent un grognement.").
Le point de vue de Rose, dans la nouvelle Pierrot, on ne l'a que lorsqu'il rejoint celui de Mme Lefèvre, me semble-t-il (mais je n'ai pas relu la nouvelle, là), c'est-à-dire quand Maupassant dit "les femmes".
- La JabotteNeoprof expérimenté
Le narrateur omniscient est un narrateur extérieur à l'histoire, obligatoirement. Mais parler de point de vue omniscient, c'est assez contradictoire.
Maintenant, si tous les cours, manuels et définitions que tu trouvent parlent de point de vue omniscient, je ne dis plus rien, parce que je ne suis pas non plus la science infuse. Mais j'ai toujours entendu parler de narrateur omniscient (donc : statut du narrateur).
Maintenant, si tous les cours, manuels et définitions que tu trouvent parlent de point de vue omniscient, je ne dis plus rien, parce que je ne suis pas non plus la science infuse. Mais j'ai toujours entendu parler de narrateur omniscient (donc : statut du narrateur).
- Gwen59gcNiveau 7
Je remonte ce "vieux" sujet mais j'ai moi aussi une petite question concernant l'incipit de Pierrot. Je me demande si "dame de campagne (...) demi-paysannes à rubans et à chapeaux falbalas" peut être considéré comme un chiasme.
"dame" et "à rubans et à chapeaux falbalas" représentant la femme noble
"de campagne" et 'demi-paysannes" représentant la paysanne
Merci
"dame" et "à rubans et à chapeaux falbalas" représentant la femme noble
"de campagne" et 'demi-paysannes" représentant la paysanne
Merci
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2022-2024 : poste UPE2A 18h
2013-2022 : poste LM
2012-2013 : contractuelle LC en attendant les résultats du concours
- GilbertineNeoprof expérimenté
Je crois que c'est un faux-sens de voir "rubans et falbalas" comme des évocations de la noblesse. Maupassant évoque le mauvais goût de ces femmes qui veulent afficher une certaine assise financière comme des bourgeoises.
Quant au chiasme, si le passage coupé est trop long, ce serait un peu tiré par les cheveux. Le chiasme est une formule compacte, j'aime à le voir comme une figure de l'enfermement.
Quant au chiasme, si le passage coupé est trop long, ce serait un peu tiré par les cheveux. Le chiasme est une formule compacte, j'aime à le voir comme une figure de l'enfermement.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
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