Que conseiller à une étudiante reçue au CAPES de lettres qui ne veut plus réellement être enseignante ?

Je me permets de soumettre le cas d'une jeune femme (22 ans) de mon entourage: étudiante en lettres classiques après 3 années de prépa (elle a soutenu son mémoire de M1) elle vient d'être reçue au CAPES de LC auquel elle s'est présentée à tout hasard.
La voilà affectée à plus de deux heures de route en transports communs de chez elle et elle n'a pas le permis, pour 8 heures de cours. Elle n'a pas réellement envie de devenir prof, ce qui la tente c'est le salaire.
Elle voudrait surtout passer l'agrégation et si possible entrer dans le journalisme.
Ses parents veulent la convaincre d'accepter ce poster de "seulement 8 h", pour devenir titulaire et demander l'année suivante une disponibilité, afin de préparer l'agrégation.
A-t-elle une chance d'obtenir cette disponibilité après son année de stage ?
Que peut-on lui conseiller ?
Pour ma part, je crains que ces "seulement 8 heures" avec 4 heures de transport par jour ne la bousillent totalement, avec incapacité de faire autre chose et donc de préparer l'agrégation.
Merci d'avance. (Une vieille prof d'allemand de l'est).

LaraDeL'est a écrit: Elle n'a pas réellement envie de devenir prof, ce qui la tente c'est le salaire de 1100 euros.
Elle voudrait surtout passer l'agrégation et si possible entrer dans le journalisme.

Je ne comprends pas, si elle ne veut pas être prof, pourquoi passer l'agrégation qui est un concours de l'enseignement n'ouvrant qu'au professorat ?   

LaraDeL'est a écrit:Je me permets de soumettre le cas d'une jeune femme (22 ans) de mon entourage: étudiante en lettres classiques après 3 années de prépa (elle a soutenu son mémoire de M1) elle vient d'être reçue au CAPES de LC auquel elle s'est présentée à tout hasard.
La voilà affectée à Oissery, qui se trouve à plus de deux heures de route en transports communs de chez elle  (Bourg-la- Reine, et elle n'a pas le permis), pour 8 heures de cours. Elle n'a pas réellement envie de devenir prof, ce qui la tente c'est le salaire de 1100 euros.
Elle voudrait surtout passer l'agrégation et si possible entrer dans le journalisme.
Ses parents veulent la convaincre d'accepter ce poster de "seulement 8 h", pour devenir titulaire et demander l'année suivante une disponibilité, afin de préparer l'agrégation.
A-t-elle une chance d'obtenir cette disponibilité après son année de stage ?
Que peut-on lui conseiller ?
Pour ma part, je crains que ces "seulement 8 heures" avec 4 heures de transport par jour ne la bousillent totalement, avec incapacité de faire autre chose et donc de préparer l'agrégation.
Merci d'avance. (Une vieille prof d'allemand de l'est).

   1100 ? je pensais que c'était 1388 nets ?

Et sinon, oui elle peut l'obtenir selon certaines conditions (suivre son conjoint donne droit à la disponibilité par exemple ). Il faut demander une dispo pour le 2 septembre de la rentrée qu'on ne fera pas ( 2015) car la titularisation se fait à la rentrée suivant l'année de stage paraît-il.

1388€ + Primes  :wanted: 

Par contre je ne comprends pas pourquoi l’agrégation, et pourquoi s'être inscrit au CAPES?   

Je ne comprends pas très bien non plus le concept. De plus, les semaines risquent d'être très chargées entre les heures de cours à assurer, les cours à préparer, la formation et les trajets. Tout ça pour préparer un concours dans un domaine qui ne l'intéresse pas plus que ça... Conçoit-elle l'enseignement comme quelque chose d'alimentaire en attendant mieux?

J'ai l'impression qu'il y a erreur d'orientation :/
Si elle veut être journaliste, il faut qu'elle passe par les grandes écoles, dont les élèves ont pourtant eux-mêmes déjà souvent du mal à percer dans le métier :/

Pour devenir journaliste, la voie la moins hasardeuse (mais qui le reste malgré tout) consiste à passer le concours d'entrée de l'une des formations reconnues par la profession http://www.studyrama.com/formations/specialites/journalisme/les-ecoles-de-journalisme-reconnues-par-la-profession-86107

Si le CAPES était un examen, ce serait anodin mais il se trouve que c'est un concours. J'imagine la tête du premier recalé en lisant ça. Pas cool pour lui s'il rêvait d'enseigner.

J'y pense car il se trouve que je connais la première recalée de l'agreg de Lettres Classiques de cette année qui rempile pour l'an prochain ...

Cette jeune femme semble bien perdue, car passer un concours de l'enseignement si on ne veut pas enseigner c'est bien étrange.
On comprend mieux le choix de l'agrégation, concours "prestigieux", mais j'espère qu'elle est consciente du fait que celle-ci ne lui ouvrira pas les portes de la profession journalistique pour autant. Et que réussir ce concours est un peu plus compliqué que pour le CAPES nombre de postes, des œuvres au programme et des épreuves oblige.

Dernier sujet d'étonnement: pourquoi ne pas avoir demandé le report de stage pour passer l'agrégation?

Au fait, si elle est affecté 8h en établissement, c'est parce qu'elle sera en formation. Elle ne sera donc pas à temps partiel.

Elle s'est présentée au CAPES à tout hasard? (Elle s'est bien inscrite pourtant) ce n'est pas vraiment du hasard   

Elle s'est inscrite sous la pression de ses parents, qui sont de l'avis qu'à bac + bac il faut un diplôme.
Quant à l'objectif de l'agrégation, l'idée sous-jacente est que "ça peut toujours servir", pas seulement pour l'enseignement.

C'est peut-être plus l'idée des deux heures de transport pour se rendre à son établissement que l'idée de devenir prof qui la dérange, sinon pourquoi passer le CAPES et maintenant l'agrégation  ?   Et quel rapport entre agrégation et journalisme ?

Mais en tout cas, qu'elle réussisse ou non l'agrégation, le problème de l'affection loin du domicile se posera à un moment donné, passer son permis ou déménager sera probablement inévitable.

Peut-elle vraiment se passer du salaire (qui est un peu au-dessus de 1300 euros il me semble, 1100 euros, ce n'est même pas le SMIC) ? Si elle est encore à la charge de ses parents, ont-ils les moyens de continuer à lui financer ses études alors qu'elle a réussi un concours menant à un emploi stable ?
En période de crise, je trouve plus que téméraire d'abandonner avant d'avoir commencé et sans avoir d'idée précise sur ce qu'elle veut faire à la place (agrégation sans enseigner, journalisme... Ce n'est pas très clair).

Edit : Mais le CAPES n'est pas un diplôme, c'est un concours. Et pour le passer, elle devait avoir au moins une maîtrise (qui elle est un diplôme).  

Je ne comprends pas bien la démarche de cette jeune fille qui me semble être perdue ...
Le CAPES n'est pas un diplôme, c'est un concours: des gens se battent pour décrocher le fameux sésame.
L'agrégation ne sert que pour enseigner: au lycée (bien qu'on trouve des agrégés au collège), pour en enseigner en classe prépa, à la fac, ... Deux amies vont préparer l'agreg cette année, elles ont demandé et obtenu leur report de stage, dans le but, plus tard, d'enseigner à la fac.
Rien à voir avec le journalisme donc (mais puisque vous êtes prof, je ne vous apprends rien )

Je dirais qu'enseigner juste pour avoir un salaire, ce n'est pas une bonne solution, surtout que les conditions ne lui semblent pas favorable (loin du domicile, pas de permis): je viens d'avoir le CAPES et ai toujours voulu enseigner, du coup je ne conçois pas qu'on puisse considérer que le boulot de prof soit juste un boulot alimentaire (je changerai peut-être d'avis dans quelques années   ) Mais c'est un autre débat. Après, elle peut toujours tenter le coup de l'enseignement, à voir si cela lui conviendrait ...

SilverLining a écrit:
Je dirais qu'enseigner juste pour avoir un salaire, ce n'est pas une bonne solution, surtout que les conditions ne lui semblent pas favorable (loin du domicile, pas de permis): je viens d'avoir le CAPES et ai toujours voulu enseigner, du coup je ne conçois pas qu'on puisse considérer que le boulot de prof soit juste un boulot alimentaire (je changerai peut-être d'avis dans quelques années   ) Mais c'est un autre débat. Après, elle peut toujours tenter le coup de l'enseignement, à voir si cela lui conviendrait ...

Je suis bien d'accord, on ne fait pas d'enseignement "comme ça" ou alors on ne tient pas sur la durée. Je ne vois pas non plus le rapport entre vouloir passer l'agrégation et le journalisme. Le concours ne sert à rien d'autre qu'enseigner... Elle a la chance, d'avoir obtenu le CAPES, du 1er coup, en y allant "à priori" juste pour voir. Avec le concours en poche, au moins, c'est un emploi stable assuré et ce n'est pas à négliger par ces temps de crise alors en attendant de percer dans le journalisme...

LaraDeL'est a écrit:Ses parents veulent la convaincre d'accepter ce poster de "seulement 8 h", pour devenir titulaire et demander l'année suivante une disponibilité, afin de préparer l'agrégation.

La disponibilité n'est donnée qu'après trois ans en tant que titulaire, si les conditions de service dans l'académie le permettent (cf. http://www.education.gouv.fr/cid58037/vie-professionnelle-et-situation-personnelle-conge-de-formation-professionnelle.html).

"Seulement 8h", sans compter le transport, la préparation, les corrections, les heures à l'ESPÉ, le mémoire...

Après les clarifications au sujet du CAPES-diplôme, en voici deux autres...!

Eh bien, je comprends mieux pourquoi je lis partout sur le net la désillusion et la volonté de démission rapide (après 1 ou 2 ans seulement) de nouveaux jeunes enseignants.
Quel conseil lui donner?
De bien réfléchir , de ne pas s'abîmer dans un job alimentaire , de ne pas abîmer les élèves et de penser que lorsqu'elle aura mis un pied dans l'indépendance financière, elle risque de ne plus pouvoir en sortir et de gâcher sa vie entière ou de se réveiller bien tard.
Et je sais de quoi je parle.  

Kaleipsos a écrit:

LaraDeL'est a écrit:Ses parents veulent la convaincre d'accepter ce poster de "seulement 8 h", pour devenir titulaire et demander l'année suivante une disponibilité, afin de préparer l'agrégation.

La disponibilité n'est donnée qu'après trois ans en tant que titulaire, si les conditions de service dans l'académie le permettent (cf. http://www.education.gouv.fr/cid58037/vie-professionnelle-et-situation-personnelle-conge-de-formation-professionnelle.html).

"Seulement 8h", sans compter le transport, la préparation, les corrections, les heures à l'ESPÉ, le mémoire...

Après les clarifications au sujet du CAPES-diplôme, en voici deux autres...!

Ce sont des choses différentes, il n'y a pas d'obligation d'exercice pour obtenir une dispo.

Au temps pour moi ! Je n'avais rien trouvé d'autre que ce lien à ce sujet.

Je ne comprends pas effectivement qu'elle n'ait pas demandé de report de stage lors des vœux. Sinon moi je lui conseillerais d'essayer ; de chercher un appart proche de son établissement et de se lancer. Un de mes grands regrets est de n'avoir pas été face à une vraie classe avant de tomber enceinte, ça m'a fait un électrochoc et j'aurais aimé savoir avant à quoi m'en tenir (et si elle habite Bourg-la-reine -moi j'étais à Sceaux- elle risque de tomber de haut). Mais au moins elle sera confrontée à la réalité de l'enseignement actuel et elle pourra toujours retourner chez ses parents après si elle préfère démissionner.

Sinon je suis désolée mais je comprends qu'on aie le CAPES sans s'y attendre...Elle a peut-être voulu "prendre la température" si je puis dire et ne s'y attendait pas et bien que ce soit cruel pour la dernière recalée je pense que cela montre à quel point certains CAPES sont aujourd'hui dévalués et aisément accessibles...

Ben oui il lui suffit / suffisait de demander un report de stage pour préparer l'agreg; en cas d'échec elle aurait juste fait son stage capes un an plus tard.

Sinon elle n'a qu'à décider par elle-même cette petite! à son âge il est temps de ne plus se laisser dicter ses choix par les parents / l'entourage...   elle verra bien si l'enseignement lui convient ou pas (avant d'essayer on sait rarement), elle est jeune, elle aura le temps de voir ce qu'elle a vraiment envie de faire par la suite.

Après 3 années de prépa, je crois que les étudiants sont formatés pour avoir le capes alors ce n'est pas vraiment une surprise qu'elle ait réussi, même sans le vouloir de tout son cœur .La somme de méthodes et de culture engrangées en khagne lui ouvre les portes des concours les plus difficiles et ne dévalue pas le concours en lui-même.
Certes, le capes 2014 est sans doute plus accessible que le cru 94 mais enfin, il ne constitue pas pour autant un concours au rabais .
Les étudiants de Lettres aujourd'hui ne reçoivent pas la même formation que celle qui était dispensée par le passé mais à leur niveau de competences, il ne leur paraît pas si accessible que ça, je t'assure, Aliceinwonderland.

Loin de moi l'idée de dévaluer particulièrement le cru 2014 ; déjà quand je passais les concours en ce qui concerne le CAPES autour de moi tous ceux qui avaient bossé un minimum l'avaient, en LC comme en LM, a fortiori après une prépa. Et je me rappelle lorsque j'ai eu un regret et ai repassé le CAPES finalement après ma démission j'avais discuté avec un étudiant qui venait en "touriste" (ancien khâgneux) ; après la dissertation il m'a demandé en quoi consistaient les épreuves d'ancien français et de grammaire, je lui avais expliqué (à l'époque il y avait encore un programme, Erec et Enide, et il l'ignorait, ne savait pas distinguer cas sujet et régime, la phonétique c'était du chinois pour lui)...Il avait demandé un report mais était lucide et ne croyait guère à l'agreg, il hésitait à se lancer dans une toute autre voie (bien conscient de ce que risquait d'être son travail hélas). En gros il avait sauvé les meubles en matières techniques en mettant le paquet en stylistique (je lui avais dit de faire un commentaire composé) ; certes il était beaucoup moins bien placé que moi qui avais sérieusement travaillé mais il avait un rang correct malgré tout grâce à un 15 en disserte, une note correcte en ET à l'oral et grâce à la langue vivante.

Une amie à moi disait que pour le CAPES il suffit pour l'avoir soit de bosser comme un bourrin (si on n'est pas bon en disserte les matières techniques peuvent sauver), soit d'être intelligent avec de bonnes méthodes (et dans ce cas on peut se permettre d'y aller en touriste-je ne dis pas que ça marche à tous les coups mais ça peut arriver...la preuve) ; alors que pour l'agreg disait-elle  il faut vraiment les deux...Ce qui est assez juste je trouve.

Et j'ajoute, à mon avis c'est encore plus vrai en LC puisqu'il ne doit pas y avoir d'ancien français (qui handicape effectivement les ex prépas) et moins de grammaire (même si je sais que les maquettes ont changé, faudrait que je vérifie).

Merci pour vos réponses. J'ai voulu aider comme je peux cette jeune fille qui se pose beaucoup de questions et ne sait à qui s'adresser. Il y a parmi vos réponses certains éléments qui pourront l'aider.