Racisme en salle des professeurs.

Cation a écrit:Merci à tous : ça fait chaud au cœur...

Je vous tiens au courant de la suite : pleins de poutous  

Je suis affligée mais moyennement surprise ; quand j'ai commencé à enseigner,j'avais une très haute idée de ce que que représentait pour moi le monde des profs (sur le modèle de celles et ceux qui avaient été les miens) : culture, intelligence. Mais je constate qu'il y a des mesquins, des petits, des incultes, des médiocres et....des racistes...car nous sommes un échantillon de la société (cela n'excuse pas). Et naturellement, je suis moins diplomate et je dis très franchement ce que je pense quand certains propos me dérangent.
Courage Patience est la vertu des forts

MrBrightside a écrit:Je reste persuadé que le second est la conséquence du premier. Si on lutte contre le racisme, les communautarismes prendront fin d'eux-mêmes.

Je pense aussi qu'il s'agit d'une solution partielle pour la lutte contre le communautarisme et une parfaite intégration dans la société...

MrBrightside a écrit:

Jacq a écrit:
Luttons contre le racisme. Il est intolérable, surtout en salle des prof, parce que nous avons un rôle à jouer auprès de nos élèves qui est de lutter contre toute forme de discrimination. Mais luttons aussi contre tendance communautariste qui se développe aussi en salle des prof, et que je trouve tout aussi détestable.

Je reste persuadé que le second est la conséquence du premier. Si on lutte contre le racisme, les communautarismes prendront fin d'eux-mêmes.

Oui, tu as raison. Mais justement, au moment où nous devrions nous réjouir de l'entrée dans la fonction de personne de la "diversité" (comme qu'on dit) on se retrouve avec une prolongation de la discrimination. Je n'ai eu, durant ma scolarité, aucun professeur d'origine ethnique "non françaiise" (vous me comprennez, je veux dire qui ont des parents......). Donc je me réjouis justement de cette démocratisation. Mais alors que l'on devrait se réjouir, constater cette évolution positive, on se retrouve avec une poursuite des discrimination : certains prof que je vais qualifier de "blanc de blanc" n'aiment pas cela, on se retrouve avec des personnes qui se regroupent ! Alors, mélangeons nous, constatons cette avancée; et faisons cause commune. Moi je constate que, malheureusement, ce que je prenais pour une avancée (l'arrivée de personnes issues de familles étrangères dans la fonction publique) est en fait une reproduction des inégalités à savoir que le cons racistes existent toujours mais aussi que de l'autre côté les personnes issues de la "diversités" se regroupent ensemble et tombent dans le communautarisme. Ce n'est pas ma manière de voir. Quelque soit la cause, le remède ne me semble pas bon.
Maintenant je ne nie pas que le racisme peut être présent en SdProf, que notre collègue ne l'a pas ressenti, mais est-il aussi possible de constater l'envers du décors ?
Moi je m'en tape totalement que mon collègue soit noir blanc ou jaune. Je veux qu'il soit mon collègue.
Je déteste le collègues racistes.
Je n'aime pas les collègues communautaristes.

Olympias a écrit:Je suis affligée mais moyennement surprise ; quand j'ai commencé à enseigner,j'avais une très haute idée de ce que que représentait pour moi le monde des profs (sur le modèle de celles et ceux qui avaient été les miens) : culture, intelligence.

C'est exactement ma désillusion...

Les cons (racistes) je ne les ai jamais aimé, et ne vais jamais les aimer.
Mon regret est actuellement de voir mes collègues de la communauté maghrébine se détourner de moi (nous). Nous ne mangeons plus ensemble, sauf de rares exceptions, nous parlons vaguement ensemble, sauf lorsqu'ils peuvent se retrouver "entre eux".
Je n'ai pas changé, c'est eux qui ont changé. Et je le déplore.

Je vois ce que tu veux dire, après je comprends (sans pour autant apprécier) que certains collègues choisissent la sécurité dans le communautarisme.
Quand un collègue d'origine ethnique différente vient vers un "local", c'est un peu la loterie: il peut aussi bien tomber sur quelqu'un comme toi que sur quelqu'un comme les collègues de Cation. Du coup, à force de se prendre des baffes quand on va au devant des autres, on fini par rester entre gens semblables.

MrBrightside a écrit:Je vois ce que tu veux dire, après je comprends (sans pour autant apprécier) que certains collègues choisissent la sécurité dans le communautarisme.
Quand un collègue d'origine ethnique différente vient vers un "local", c'est un peu la loterie: il peut aussi bien tomber sur quelqu'un comme toi que sur quelqu'un comme les collègues de Cation. Du coup, à force de se prendre des baffes quand on va au devant des autres, on fini par rester entre gens semblables.

ou bien se refermer sur lui-même et devenir solitaire au boulot...

Voilà. Les deux solutions me semblent aussi dommageable l'une que l'autre. Comme dis plus haut, tu trouveras vite des gens sympa avec qui sympathiser en salle des profs

MrBrightside a écrit:Je vois ce que tu veux dire, après je comprends (sans pour autant apprécier) que certains collègues choisissent la sécurité dans le communautarisme.
Quand un collègue d'origine ethnique différente vient vers un "local", c'est un peu la loterie: il peut aussi bien tomber sur quelqu'un comme toi que sur quelqu'un comme les collègues de Cation. Du coup, à force de se prendre des baffes quand on va au devant des autres, on fini par rester entre gens semblables.

Mais la plupart des gens sont comme moi ! Il faut vraiment mal tomber pour tomber sur une salle des prof raciste (mais cela arrive, et puis j'ai des collègues qui sont racistes ! on en trouvera partout malheureusement).
Mais autant je dénonce le racisme imbécile, autant je dénonce ceux qui l'invoquent pour se regrouper.
J'ai commencé à enseigner il y  a presque 15 ans. Nous n'avions à l'époque presque aucun collègue d'origine maghrébine. Pendant des années nous avons vu les choses changer et avons pensé à une démocratisation positive.  Bon sang cela faisait du bien de voir enfin les classes populaires issues de l'immigration arriver enfin à un statut autre que celui qui leur était réservé.
La démocratisation se poursuit, et c'est une très bonne chose, entre autre pour nos élèves des "quartiers" qui peuvent voir qu'on peut y arriver ! C'est une très bonne chose.
Mais dans le même temps nous avons des personnes qui en salle de prof sont racistes (ils étaient là avant, ces racistes) et nous avons nos collègues d'origine (je suis désolé et bien désolé d'employer ce terme) qui se regroupent et se mettent à l'écart. Je suis désolé, mais dans ma salle des prof il n'y a pas (plus) de collègues racistes. Mais par contre nous avons des collègues qui se regroupent sur des critères ethniques ou religieux. J'ai un collègue qui  discrètement va reprocher à nos collègues d'origine maghrébine de se rapprocher des non maghrébins.
MERDE !
J'ai lutté contre le racisme pour me retrouver discriminé ?  Pas discriminé mais exclu ?

Lorsque l'on exclu quelqu'un pour son appartenance ethnique ou religieuse, on est raciste ! C'est vrai !
Lorsqu'on se regroupe pour son appartenance ethnique ou religieuse on est quoi ?

Lorsque je vois un prof je vois un prof. Je me fiche de son origine nationale, ethnique, religieuse... Je souhaite que ce soit la même chose pour tous.  Dans mon lycée ceux qui se regroupent entre eux ne sont pas exclus, c'est eux qui se "regroupent" et finalement  par leur comportement poursuivent une attitude raciste.

Je peux paraître violent dans mes propos, mais mes propos sont à la mesure de mon désappointement. Je suis de la génération "touche pas à mon pote".

Cation a écrit:Comment as-tu réagi ?

Au début, très énervé mais sans réagir. Et pourtant, ici beaucoup savent que je peux vite monter.
Puis, j'ai reparlé à ces gens là pour en discuter, comme ils étaient très ouverts (lol), j'ai laissé tomber.

Conseil : ne vas jamais au resto avec eux.

Jacq a écrit:Je suis désolé, mais dans ma salle des prof il n'y a pas (plus) de collègues racistes.

T'as de la chance Mais pas plus tard qu'avant hier, j'ai reçu un mail dans lequel un collègue se moquait de la consonance étrangère du nom du nouveau principal...

Heureusement que je n'ai pas ce genre de problèmes dans mon établissement! Il y a des profs d'origines diverses, tout le monde s'apprécie et se mélange sans se poser la moindre question et heureusement! Ca me parait tellement impensable l'inverse!

Mais bon dans un ancien établissement j'avais eu des soucis avec une personne qui m'appelait "le PD" et ça avait failli aller assez loin. J'avais clairement expliqué que si j' entendais à nouveau la moindre remarque de ce genre ça se réglerait par un dépôt de plainte, et la chef avait convoqué la personne en question en lui expliquant que son comportement était pénalement répréhensible.

Il y a des choses qu'il ne faut pas laisser passer (que ce soit dans un sens ou dans un autre on est bien clair) le communautarisme est néfaste. Comment peut on apprendre aux enfants et aux ados le respect de l'autre, la tolérance en commençant déjà par mépriser une partie de la population.

MrBrightside a écrit:

Jacq a écrit:Je suis désolé, mais dans ma salle des prof il n'y a pas (plus) de collègues racistes.

T'as de la chance Mais pas plus tard qu'avant hier, j'ai reçu un mail dans lequel un collègue se moquait de la consonance étrangère du nom du nouveau principal...

Comment peut il oser?? Qu'on fasse une blague de mauvais gout à l'oral ça peut passer selon le contexte, mais oser l'écrire dans un mail...

Saska a écrit:

neomath a écrit:

Cation a écrit:Peut-on en parler à la direction ?

Le racisme est un délit...

Il y a, à mon avis, autant de racistes dans une salle des profs qu'au bistrot du coin. C'est la façon de l'exprimer qui change, c'est tout.
Je ne vous conseille pas d'aller vous plaindre. Ils diront que vous n'avez rien compris, que c'était de l'humour, qu'ils ne faisaient qu'exercer leur droit à critiquer les religions, toutes les justifications à deux balles habituelles ... Et vous passerez pour un mauvais coucheur et un parano.

Juste une question : tiendriez-vous le même discours, en tant qu'enseignant, à un/des élèves qui subiraient des propos racistes ?

Trop facile, à mon sens, de banaliser et de rejeter la faute sur celui qui subit des propos ou des comportements racistes (ou sexistes, ou homophobes, etc)

1) Conseiller à quelqu'un de partir la fleur au fusil dans des circonstances où il n'aura que des coups à prendre et aucune chance d'obtenir réparation me parait irresponsable. Mais chacun voit midi à sa porte.

2) J'aimerais bien comprendre comment vous déduisez de ma réponse que je
"rejette la faute sur celui qui subit des propos ou des comportements racistes".

MrBrightside a écrit:

Jacq a écrit:Je suis désolé, mais dans ma salle des prof il n'y a pas (plus) de collègues racistes.

T'as de la chance Mais pas plus tard qu'avant hier, j'ai reçu un mail dans lequel un collègue se moquait de la consonance étrangère du nom du nouveau principal...

C'est balô, tu as cliqué sur "transférer".

J'ai longuement débattu avec moi même (et mes amis FB) sur ce coup là, honnêtement. Je ne connais le bonhomme que depuis la rentrée, mais il plutôt juste l'air du mec bêbête qui n'a juste pas compris que déformer un nom d'origine étrangère n'était 1)pas drôle, 2)raciste. Je lui laisse le bénéfice du doute pour l'instant.

Bah moi l'année dernière à un collègue qui tenait des propos racistes, j'ai osé dire "mais tu es un vrai c o n n a r d !!! "les autres collègues, stupéfaits (je ne suis plus toute jeune  et suis plutôt bcbg, je ne dis jamais de grossièretés...) ont éclaté de rire et le collègue en question a bien sur confirmé que j'avais mal interprèté ses propos, que je n'avais pas vu le coté second degré... tu parles ... une autre collègue l'a repris sèchement et il n'a plus jamais osé tenir des propos limite... et j'ai vu un jour en salle d'ordi qu'il avait une clé USB du FN  (si si ça existe )

Je vous propose un pari.
J'ai une nouvelle collègue, maghrébine.  
Nous avons, en une semaine, mangé deux jours sur 4 ensemble.  Nous nous entendons bien, en salle des prof elle ne cherche rien, ne va  ni vers l"un ni vers l'autre.

Je tiens le pari, dans quelque mois elle ne mange plus à la cantine, elle va aller dans la petite salle où monsieur Gourou tient séance auprès de ses ouailles.

Je tiens le pari.
Pensez à moi dans un ou deux mois et relancez le sujet. La pression aura été exercée.

Jacq a écrit:Je vous propose un pari.
J'ai une nouvelle collègue, maghrébine.  
Nous avons, en une semaine, mangé deux jours sur 4 ensemble.  Nous nous entendons bien, en salle des prof elle ne cherche rien, ne va  ni vers l"un ni vers l'autre.

Je tiens le pari, dans quelque mois elle ne mange plus à la cantine, elle va aller dans la petite salle où monsieur Gourou tient séance auprès de ses ouailles.

Je tiens le pari.
Pensez à moi dans un ou deux mois et relancez le sujet. La pression aura été exercée.

Ou les règles de bienséances ne lui permettent pas d'aborder et de "charmer" une femme ou une femme maghrébine ne craint pas le mélange...

Bon, je suis très étonné par le témoignage de certains collègues. Les collègues d'origine maghrébine, j'en ai eu assez peu, et ils ne se "regroupaient" pas "entre eux" particulièrement.
Sinon des maladresses, j'ai pu en voir.
Exemple, un jour la collègue d'Anglais qui sort au nouveau prof arabe au self en septembre alors qu'il fait très chaud: "Oh mais toi, tu as l'habitude" sous entendu, tu as l'habitude de la chaleur.
Le nouveau qui éclate de rire et qui lui dit "oh tu sais, moi, je suis né et j'ai grandi à..." . Une région pas très connue pour ses canicules. Instant de solitude pour la collègue d'Anglais.
Après, l'année a été très sympa et ils ont devenus bien potes.

MrBrightside a écrit:

Jacq a écrit:
Luttons contre le racisme. Il est intolérable, surtout en salle des prof, parce que nous avons un rôle à jouer auprès de nos élèves qui est de lutter contre toute forme de discrimination. Mais luttons aussi contre tendance communautariste qui se développe aussi en salle des prof, et que je trouve tout aussi détestable.

Je reste persuadé que le second est la conséquence du premier. Si on lutte contre le racisme, les communautarismes prendront fin d'eux-mêmes.

Ne pourrait-on aussi penser le contraire ? A savoir que le second renforce le premier ?

Clodoald a écrit:Bon, je suis très étonné par le témoignage de certains collègues. Les collègues d'origine maghrébine, j'en ai eu assez peu, et ils ne se "regroupaient" pas "entre eux" particulièrement.
Sinon des maladresses, j'ai pu en voir.
Exemple, un jour la collègue d'Anglais qui sort au nouveau prof arabe au self en septembre alors qu'il fait très chaud: "Oh mais toi, tu as l'habitude" sous entendu, tu as l'habitude de la chaleur.
Le nouveau qui éclate de rire et qui lui dit "oh tu sais, moi, je suis né  et j'ai grandi à..." . Une région pas très connue pour ses canicules. Instant de solitude pour la collègue d'Anglais.
Après, l'année a été très sympa et ils ont devenus bien potes.

Tiens, ça m'est arrivé aussi, moi qui suis née le 1er jour de l'hiver dans le nord de la France... J'ai répondu la même chose.

Bienvenue dans le vrai monde, celui où, suivant le mot d'un ami : "quelque que soit le filtre utilisé, il y a toujours la même proportion de c*ns à l'arrivée".

Plus sérieusement, que communautarisme et racisme soit imbriqué est une évidence, et le jeu de l’œuf et la poule sur ce sujet ne fait rien avancer du tout.

Je sais que ça va paraitre défaitiste, mais on ne peut pas faire grand chose de manière officielle contre les propos généraux type café du commerce (qu'ils soient à relents raciste, sexistes, homophobe, profdemathophobe ou profd'anglaisphobe), ça va se solder par le fameux "je plaisante, t'as pas d'humour" déjà mentionné. Si il y a attaque personnelle directe, là on peut (voir le message d'Ostéoby).

Au quotidien, il y a les récupérables (ceux qui pensaient vraiment que c'était drôle) et les qu'on-fréquentera-pas. Les premiers, faut juste être patient et pédagogue.

Après, il ne faut pas non plus monter au créneau et en appelant "racisme" tout et n'importe quoi. J'entends tous les ans des blagues sur mon nom de famille, on le déforme plus ou moins, et quand la même personne le fait depuis 10 ans à chaque fois qu'on se croise, c'est lourd, mais ce n'est pas du racisme (dans le cas de mon nom, il n'y a pas d’ambiguïté possible). Et j'imagine bien que cette personne ferait de même avec un nom à "consonance étrangère" sans penser à mal.

Cation a écrit:C'est vrai que certains collègues s'expriment comme  "au bistrot du coin" : je t'assure que le registre du langage n'est pas plus élevé -> d'ailleurs, je ne comprend pas qu'on puisse être enseignant et avoir un langage limite familier (coté LP beaucoup s'expriment avec un langage type "ch'ti" en vulgaire en plus)

Effectivement je suis coté LP, je n'ai pas un langage "ch'ti", mais quand je suis avec des collègues ou dans la vie de tous les jours, je parle familier voir vulgaire...

Je ne vais pas par 4 chemins, et hors de questions que je me mette un balais dans le cul pour faire plaisir à 2/3 collègues coincés...

Par contre devant les élèves, je tiens un langage courant... De toute façon ça ne servirait à rien de hausser le niveau de langage, les élèves ne comprendraient pas...

Socialement parlant un prof n'est pas réellement un fonctionnaire de catégorie A, c'est à la rigueur un A sous-payé sans aucune considération... Donc tant que nous aurons ce statut, il n'y a aucun effort à faire...