Autorité et gentillesse

Et voilà, on l'attendait tous: la question de la stagiaire paniquée !

Gentillesse et autorité sont-ils incompatibles quand on débute ?
Ma tutrice m'a conseillé d'être assez ferme en seconde jusqu'aux vacances de la Toussaint, elle me dit de ne pas répondre à leurs sourires, en gros de prendre le masque du prof impassible. Cela ne me choque pas du tout car je me considère comme " sévère" ( j'ai fait des remplacements dans le passé) et je suis plutôt en accord avec ses principes...mais voilà...

Ce matin je n'ai pas pu m'empêcher d'être souriante et bienveillante face à des élèves qui s'étaient trompés de groupe, des élèves qui n'osaient pas parler alors qu'ils avaient la réponse sur le bout de la langue....bref.
Je n'ai pas pour autant eu l'impression de manquer d'autorité, j'ai été intransigeante sur le bavardage (qu'il n'y a quasiment pas eu) sur les mains qui n'étaient pas levées alors qu'elles devaient l'être (j'ignorais les réponses de ceux qui ne levaient pas la main, je rappelais qu'à 35 ce n'est pas gérable si tout le monde ouvre la bouche sans autorisation et que si la remarque intervenait trop souvent il y aurait sanction).

Le cours se termine et là, c'est le drame : Au revoir Madame, vous êtes gentille...



Qu'en pensez-vous ?

Que les déguisements, ça donne chaud

Si tu es gentille, tu es gentille. Cela n'est pas incompatible avec la fermeté et l'autorité.

Je pense que les élèves aiment les limites et la fermeté et c'est surement pour cela qu'il te trouve gentille. être compréhensif n'a jamais empêché d’être ferme.

Simgajul a écrit:Je pense que les élèves aiment les limites et la fermeté et c'est surement pour cela qu'il te trouve gentille. être compréhensif n'a jamais empêché d’être ferme.

Quand on est ferme mais juste, ils traduisent ça par gentil, effectivement.

Un jour, j'ai incendié un élève pénible. A la sortie, dix gamins viennent me voir pour dire que je suis gentil

On peut être bienveillant et avoir de l'autorité, il n'y a aucune contradiction. Ne doute pas de toi et sois ferme sur ce qui compte (comme tu l'as été aujourd'hui au sujet des bavardages) et ça ira très bien !

:lol: :lol: :lol: :lol:

Je pense que fermeté et gentillesse sont tout à fait compatible. Je pense même que la bienveillance est une qualité quand on travaille avec l'humain et que sourire est une arme plutôt qu'un défaut.

Elyas a écrit:Que les déguisements, ça donne chaud

C'est bien trouvé !

Merci vous me rassurez bien!
Je vais en toucher un mot à ma tutrice ce soir!

Rester totalement froid devant un sourire, c'est totalement débile. Ça c'est pas être ferme, c'est être désagréable.

Comme dit supra: s'agit pas de choisir entre fermeté et gentillesse. S'agit d'être ferme dès que c'est nécessaire et cordial/chalereux lorsque les conditions le permettent.

C'est même un excellent moyen de leur faire comprendre qu'ils ont tout à gagner à être corrects.

livie a écrit:
Merci vous me rassurez bien!
Je vais en toucher un mot à ma tutrice ce soir!

Lui en toucher un mot ? Pour ?

J'hallucine un peu devant l'histoire de "ne pas répondre aux sourires" :shock:  Quand on me sourit, je souris en retour, y compris en classe, et je n'ai jamais eu de souci d'autorité, y compris quand j'étais en collège... Au contraire...

Ne porte pas de masque et sois toi-même. La bienveillance va de paire avec l'autorité dès lors que tu sais être ferme : dis ce que tu fais, fais ce que tu dis. Souriante ou pas, dès lors que les élèves savent sur quel pied danser avec toi et savent où sont les limites, tout se passe bien.

J'ai la chance d'être tombée sur une tutrice profondément humaine et à l'écoute donc cela ne posera pas de soucis du moment que cela fonctionne tout en restant comme je suis.

Je crois que ses conseils partaient d'un bon sentiment, elle doit mieux savoir que moi que les secondes montrent rarement leur vrai visage dès la première heure de cours

livie a écrit:Oui tu as raison, elle verra bien qu'assez tôt ma façon de faire quand elle viendra me visiter. Autant voir comment se profilent les heures à venir avant de lui en parler.
J'ai la chance d'être tombée sur une tutrice profondément humaine et à l'écoute donc cela ne posera pas de soucis du moment que cela fonctionne tout en restant comme je suis.

Je te conseille d'attendre trois mois avant d'être totalement certaine de ça. J'ai déjà vu des stagiaires dire ça de leur tuteur/tutrice le premier mois... et dès qu'un copain/une copine du tuteur / de la tutrice se plaint de la stagiaire qui partage sa classe, c'est bizarre, ça peut changer et la profonde humanité prend son sens le plus sombre.

Pseudo a écrit:

livie a écrit:
Merci vous me rassurez bien!
Je vais en toucher un mot à ma tutrice ce soir!

Lui en toucher un mot ? Pour ?

Ah, tiens, j'ai eu la même réaction

Le mieux, c'est de faire avec ce que tu es. Moi, je suis ultra-ferme (qui a dit psychorigide ? ) mais souriante... si je me met à jouer un rôle, je vais être mal à l'aise et les élèves vont le ressentir. Tu as bien fait.

Après, je ne vois pas pourquoi tu devrais "en toucher un mot" à ta tutrice. À l'occasion, si elle en reparle, tu lui diras que tu as suivi ton instinct, que finalement, ça se passe bien comme ça et que tu réalises que ne pas sourire n'est pas dans ta nature, point.

Je suis très gentil, mais faut pas me marcher sur les pieds, c'est tout les élèves comprennent vite leur malheur lorsqu'ils dépassent par exemple un certain niveau sonore.

Elyas a écrit:

livie a écrit:Oui tu as raison, elle verra bien qu'assez tôt ma façon de faire quand elle viendra me visiter. Autant voir comment se profilent les heures à venir avant de lui en parler.
J'ai la chance d'être tombée sur une tutrice profondément humaine et à l'écoute donc cela ne posera pas de soucis du moment que cela fonctionne tout en restant comme je suis.

Je te conseille d'attendre trois mois avant d'être totalement certaine de ça. J'ai déjà vu des stagiaires dire ça de leur tuteur/tutrice le premier mois... et dès qu'un copain/une copine de la tutrice se plaint de la stagiaire qui partage sa classe, c'est bizarre, ça peut changer et la profonde humanité prend son sens le plus sombre.

Merci du conseil !

Je "plussoie" les propos d'Elyas, "gentil n'a qu'un œil" comme dirait ma grand-mère. Méfiance (ou du moins distance, le terme méfiance est peut-être mal choisi...) mais cordialité sont de mise les premiers temps.

Aucune incompatibilité entre autorité et gentillesse !
Bien au contraire, même, à mon avis : autoritaire tout le temps, tu vas terroriser tes élèves, mais pas les faire adhérer à ton cours ; bienveillante tout le temps, tu vas te faire marcher sur les pieds.
A mon humble avis, l'équilibre est entre les deux, et le remontage de bretelles est d'autant plus efficace quand les élèves savent aussi que tu es "gentille" (j'aime pas ce mot) quand tout va bien.

Elyas a écrit:

Simgajul a écrit:Je pense que les élèves aiment les limites et la fermeté et c'est surement pour cela qu'il te trouve gentille. être compréhensif n'a jamais empêché d’être ferme.

Quand on est ferme mais juste, ils traduisent ça par gentil, effectivement.

Un jour, j'ai incendié un élève pénible. A la sortie, dix gamins viennent me voir pour dire que je suis gentil

Je n'aurais pas dit mieux. Lors de ma première année en collège, j'incendie littéralement un élève à la fin d'un cours! J'en pouvais plus! et pensant y être allée un peu fort je lui demande: "V. pourquoi tu crois que je t'engueule comme ça ?" Réponse désarmante du gamin: "parce que vous m'aimez bien M'dame!"
CQFD.
Je suis super rigide parce que je m'intéresse à eux et que je suis là pour les faire travailler, mais je leur souris et blague parfois, parce que je m'intéresse à eux et qu'on travaille avec de l'humain...

J'ai été un peu dans le même cas de figure que toi aujourd'hui Livie pour mon premier jour en tant que prof (stagiaire) !

Je suis quelqu'un de ferme, et je pense être plutôt intransigeante sur les bavardages (c'est quelque chose qui m'irrite profondément) et pourtant je suis de nature souriante, et j'aime plaisanter.
Mon défi cette année va vraiment être de m'imposer en étant moi-même, je me suis pris à sourire à une des blagues d'un de mes élèves, et je m'en suis aussitôt voulue parce qu'on nous avait demandé de ne "pas trop sourire...."
Or je pense que c'est important quand même que les élèves se sentent en confiance et à l'aise avec le prof pour s'exprimer librement (je suis prof d'anglais) donc j'avoue être un peu indécise....

J'ai vraiment peur de "rater" à maintenir la discipline dès le début, mais en même temps je veux être moi-même un maximum... Peut-être que c'est incompatible ? J'avoue être un peu déboussolée, je ne sais pas trop comment me comporter maintenant.

Je fais la gueule jusqu'à la Toussaint. Mais je ne me force pas

Je vais uniquement parler de mon année de stagiaire pour que les choses soient identiques: j'ai beaucoup souri, aidé, engueulé aussi... Mes collègues pensaient que j'étais beaucoup trop stricte (le plaisir d'être appelée nazie ), les classes que je n'avais pas avaient peur, tous les élèves que j'avais en classe me trouvaient gentille. 
La main de fer dans le gant de velours...

Vous aurez des formateurs pour vous dire: ne souriez pas avant la Toussaint. C'est un conseil débile, oubliez-le. 
Par contre, éviter quand même de rire aux blagues des élèves, particulièrement si elles sont faites pour ralentir/détourner l'attention du cours.

JEMS a écrit:Je suis très gentil, mais faut pas me marcher sur les pieds, c'est tout les élèves comprennent vite leur malheur lorsqu'ils dépassent par exemple un certain niveau sonore.

Moi aussi je suis gentille ! Mais ce matin, les élèves de 5e que j'ai eus en 6e ont informé leurs camarades que je pouvais avoir la main lourde quand je punis et les ont prévenus que le texte à recopier en cas de bavardage était long, très long et qu'il valait mieux éviter aussi les conjugaisons.
Passerais-je donc pour un dragon ?

MelanieSLB a écrit:Je vais uniquement parler de mon année de stagiaire pour que les choses soient identiques: j'ai beaucoup souri, aidé, engueulé aussi... Mes collègues pensaient que j'étais beaucoup trop stricte (le plaisir d'être appelée nazie ), les classes que je n'avais pas avaient peur, tous les élèves que j'avais en classe me trouvaient gentille. 
La main de fer dans le gant de velours...

Notre CDE nous a dit, lundi, que pour la gestion de classe, c'était "la main de fer dans le gant de fer". Bien bien...