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- doctor whoDoyen
Luigi_B a écrit:C'est certain mais cette peur n'est pas nécessairement liée à l'enseignant, peut-être davantage au regard des autres élèves.
Le regard de l'enseignant sur l'erreur est généralement encourageant, bienveillant dans le contexte du cours et effectivement l'erreur/la faute lui est utile pour faire progresser tout le monde : ce regard ne devient jugeant qu'en l'absence d'effort ou de mauvaise volonté.
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- ElyasEsprit sacré
Luigi_B a écrit:C'est certain mais cette peur n'est pas nécessairement liée à l'enseignant, peut-être davantage au regard des autres élèves.
Le regard de l'enseignant sur l'erreur est généralement encourageant, bienveillant et effectivement l'erreur/la faute lui est utile pour faire progresser tout le monde : ce regard ne devient jugeant qu'en l'absence d'effort ou de mauvaise volonté.
Il y a dedans une part culturelle aussi du système scolaire français. Se tromper est encore considéré comme mal, même dans le processus formatif. Se tromper dans l'évaluation sommative ou certificative doit être sanctionnée, pas dans la phase d'apprentissage où se tromper est un outil didactique comme un autre. En se taisant, l'élève ne permet pas de traiter l'erreur. En conséquence, il va souvent rester dans l'incompréhension, dans une phase médiane d'apprentissage où il va rester bloquer.
Dans le discours de LouisBarthas, il y a confusion entre l'usage de l'erreur dans le processus formatif et la question de l'évaluation sommative. Ses conclusions me semblent totalement déconnectées du consensus général autour de l'erreur comme outil didactique d'apprentissage. Personnellement, j'utilise ce ressort pour faire sortir les "erreurs communes" en histoire. Par exemple, mes élèves sont convaincus que les esclaves des Grecs et des Romains étaient noirs. Je leur pose donc la question sur l'origine des esclaves de l'Antiquité et l'erreur commune jaillit immédiatement. Etant jaillie, je peux la corriger et leur expliquer le pourquoi de cette erreur. Par contre, en contrôle, ils n'ont pas intérêt à se tromper De plus, grâce à cette erreur, je peux travailler en fil rouge de la 6e à la 4e la contextualisation de l'esclavage selon les périodes et les zones géographiques.
- IgniatiusGuide spirituel
LouisBarthas a écrit:Non, c'est une question philosophique. Je prendrai un exemple afin de montrer la différence entre erreur et faute : comment qualifieriez-vous le fait de griller un feu rouge ? Si vous dites que vous avez commis une erreur et que cette erreur vous est reconnue comme un droit, alors vous n'avez pas commis d'infraction, vous ne serez pas pénalisé et n'aurez nul besoin, à l'avenir, de respecter l'arrêt à un feu rouge - même au mépris de votre intégrité physique et de celle des autres. Par contre, si le législateur estime que vous avez commis une faute, vous serez sanctionné, quelle que soient les raisons ayant conduit à l'infraction.Isis39 a écrit:LouisBarthas a écrit:
Je crois que l'on n'a jamais entendu le gramophone orwellien fonctionner autant qu'en cette rentrée, et France-Culture le fait marcher à tue-tête. Je n'ai pas écouté l'émission, mais cette citation évoque le fameux "droit à l'erreur", une stupidité de plus de la part des idéologues qui haïssent l'école et sont avides de sa disparition.
L'erreur n'est pas une étape mais au contraire un obstacle à l'apprentissage, car l'on n'est pas responsable de son erreur : en effet, l’erreur est un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai ; si l'on accepte les erreurs des élèves, alors on les autorise à tenir pour vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai, et par là-même on les déresponsabilise, car l’erreur se produit comme un raté dont on n’est pas responsable, elle ne relève pas du jugement moral.
En réalité les élèves ne font pas des erreurs à l‘école mais commettent des fautes. Faire une faute c’est faillir, manquer au sens latin du terme (latin populaire : fallita), c’est être en moins. La connaissance de la vérité fait défaut à l’élève qui commet une faute.
Donc l’élève ne devrait pas avoir le droit de commettre des erreurs à l’école, c’est à dire de tenir pour vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai, mais nous devons trouver normal qu’il commette des fautes puisqu’il se rend à l’école justement pour apprendre à ne pas en faire.
L'école se nierait elle-même si elle devait accepter que les fautes des élèves fussent des erreurs. La faute appelle l’élève à s’examiner lui-même, à reconnaître et accepter ses insuffisances, ses manques, ses limites, elle l’humanise en le laissant libre de se corriger, de s‘améliorer en fournissant un effort.
Si l’on est pour le droit à l’erreur à l’école alors on doit, en toute logique, faire porter aux enseignants la responsabilité de l’échec des élèves. L’élève commettant des erreurs dont il n’est, par définition, pas responsable, c’est à l’enseignant de concevoir de nouvelles « stratégies d’apprentissages » au moyen d’évaluations ayant pour but de lui permettre d’« améliorer ses pratiques ». Et l’évaluation peut ainsi se substituer à la note.
On imagine la conséquence logique de la déresponsabilisation de l’élève à laquelle mène la théorie du droit à l’erreur : le droit de l'élève de ne plus apprendre, et donc à ne plus être un élève.
En fait ton problème c'est juste une histoire de vocabulaire ?
Les questions philosophiques ne sont pas anodines : comment se fait-il que, depuis quelques années, les réformateurs insistent tant sur le "droit à l'erreur" ? Pour les enseignants honnêtes et pourvus de bon sens qui instruisent les enfants, cette question est évidement insensée, mais pour les premiers, l'enjeu est de taille : si l'erreur devait être un droit alors on ne devrait plus noter les élèves : l'élève s'est trompé, il en a le droit, il n'a pas à être sanctionné par une note. Pour le réformateur, c'est le commencement du règne de l'évaluation, et qui n'a pas besoin de l'existence d'un sujet-élève : quelle que soit la réponse que fournira l'élève - qu'il sache ou pas, qu'il mente ou pas - elle ne l'engagera jamais moralement ; tout le poids de l'évaluation reposera sur l'enseignant qui devra en permanence concevoir de "nouvelles stratégies d'apprentissages" censées enfin permettre "la réussite de tous les élèves".
Pour passer du monde philosophique des idées au monde réel qui fait bien plus mal, voyez comment, lorsqu'un enseignant a des "problèmes" de discipline, on lui en impute la responsabilité, c'est-à-dire la faute.
Reconnaître à l'élève le droit à l'erreur, c'est lui donner le droit de ne pas travailler et en attribuer la faute à l'enseignant ; le "droit à l'erreur" de l'élève est inséparable du stigmate de la faute de l'enseignant et signe sa mise en servitude.
Je trouve tes deux interventions particulièrement éclairantes et intéressantes sur cette insistance du droit à l'erreur : en effet, j'y suis plutôt favorable a priori, car on apprend en se trompant et c'est mon rôle que de corriger pour élever, mais je constate bien que, dans les faits, ce droit à l'erreur conduit à tenter de nous empêcher justement de sanctionner l'erreur commise, au risque de bloquer le parcours de l'élève.
C'est bien cela que nous vivons actuellement : des passages d'élèves entièrement décorrélés de leurs capacités réelles, que l'on nous empêche d'évaluer.
Et c'est pour cela que les programmes aux attentes délirantes sont en fait contre-balancés par des épreuves surnotées pour masquer l'abîme.
En maths, c'est criant aussi.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- IgniatiusGuide spirituel
Je crois que vous n'avez pas compris le discours de LouisBarthas : ce "droit à l'erreur" ne pose problème dans la classe mais bien dans les discours de certains réformateurs, qui veulent ainsi empêcher la sanction, donc la notation.
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- User17706Bon génie
Mais par euphémisme, justement.Luigi_B a écrit:Inversement le terme "erreur" peut également avoir une connotation morale ("erreur de jeunesse").
Dans l'expression « droit à l'erreur » le mot « droit » n'a effectivement de sens (acceptable) que s'il n'exonère pas l'auteur de la responsabilité de la corriger ultérieurement (et donc s'il n'empêche pas de sanctionner l'erreur ou la faute, sanction au demeurant toute symbolique) ; l'expression indique surtout que les conséquences de l'erreur dans la résolution d'une équation ne sont pas du même ordre que celles de l'erreur dans la manipulation d'une scie sauteuse ─ l'équation laisse normalement les doigts en place ; elle indique qu'on ne mourra pas de se tromper (ce qui est littéralement vrai dans le cadre protégé d'une salle de classe), donc qu'on peut oser, essayer, tenter ; et certes il ne faudrait pas qu'elle soit interprétée comme une licence de s'y complaire.
- IphigénieProphète
errare humanum est, perseverare diabolicum
la première fois c'est une erreur, la deuxième une faute, la troisième un vice.
La quatrième une compétence en voie d'acquisition: faut graduer.
la première fois c'est une erreur, la deuxième une faute, la troisième un vice.
La quatrième une compétence en voie d'acquisition: faut graduer.
- IgniatiusGuide spirituel
:lol:
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- LouisBarthasExpert
Oui, c'est ça que je veux dire.Igniatius a écrit:Je crois que vous n'avez pas compris le discours de LouisBarthas : ce "droit à l'erreur" ne pose problème dans la classe mais bien dans les discours de certains réformateurs, qui veulent ainsi empêcher la sanction, donc la notation.
Je me suis bien sûr toujours appuyé sur les erreurs de mes élèves pour les faire progresser. J'y suis d'ailleurs très attentif car elles sont révélatrices des difficultés objectives des notions à acquérir, mais également de mes propres insuffisances pédagogiques.
Non, ce qui m'inquiète c'est cette expression qui se répand de "droit à l'erreur", parallèlement à la critique négative de la notation. Si l'on accepte la définition de l'erreur comme un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai, l'école devrait plutôt considérer l'erreur comme la conséquence d'un manque que comme un droit. Si l'erreur renvoie à un manque, on peut noter le travail de l'élève ; si elle est considérée comme un droit, cette notation peut se voir rejetée au nom du "droit à l'erreur". Ce droit à l'erreur peut aussi justifier des pratiques pédagogiques non-explicites de "tâtonnement expérimental" qui font beaucoup de dégâts dans le primaire où j'enseigne.
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
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Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
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- doctor whoDoyen
LouisBarthas a écrit:Oui, c'est ça que je veux dire.Igniatius a écrit:Je crois que vous n'avez pas compris le discours de LouisBarthas : ce "droit à l'erreur" ne pose problème dans la classe mais bien dans les discours de certains réformateurs, qui veulent ainsi empêcher la sanction, donc la notation.
Je me suis bien sûr toujours appuyé sur les erreurs de mes élèves pour les faire progresser. J'y suis d'ailleurs très attentif car elles sont révélatrices des difficultés objectives des notions à acquérir, mais également de mes propres insuffisances pédagogiques.
Non, ce qui m'inquiète c'est cette expression qui se répand de "droit à l'erreur", parallèlement à la critique négative de la notation. Si l'on accepte la définition de l'erreur comme un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai, l'école devrait plutôt considérer l'erreur comme la conséquence d'un manque que comme un droit. Si l'erreur renvoie à un manque, on peut noter le travail de l'élève ; si elle est considérée comme un droit, cette notation peut se voir rejetée au nom du "droit à l'erreur". Ce droit à l'erreur peut aussi justifier des pratiques pédagogiques non-explicites de "tâtonnement expérimental" qui font beaucoup de dégâts dans le primaire où j'enseigne.
D'un manquement, plutôt. L'erreur est la conséquence non pas de l''absence d'idée, mais de la présence d'idées toutes faites. Il n'y a pas (seulement) à remplir la tête des élèves d'idées nouvelles, mais à s'appuyer sur celles qui sont déjà dans leur tête.
J'ajoute que la didactique actuelle est fondé sur le concept d'obstacle épistémologique (devenu didactique), oubliant toute la part de vérité que possèdent les représentations enfantines. L'ancienne pédagogie "intuitive" de l'école de Ferdinand Buisson et alii y accordait bien plus d'importance.
Sans doute a-t-elle commis l'erreur stratégique de ne pas théoriser l'autre facette de l'intuition, qui est justement ce qui fait obstacle à l'apprentissage, laissant la place aux critiques de Bachelard, reprises par la suite pour détruire l'école de Buisson.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
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