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- Pedro CordobaNiveau 7
(écrit avant de lire les derniers messages)
Il est notoire que l’espagnol a détrôné l’allemand en tant que seconde langue. Mais pour comprendre la situation actuelle, il convient de préciser les dates et l’évolution des parts de chaque langue. En 1970, les deux étaient à égalité : 36% des élèves choisissaient l’une et 36 % l’autre. Puis l’espagnol commence à se détacher au cours de la décennie suivante. [A mon avis, la raison de ce succès - je l’ai déjà signalé sur le forum - est l’adoption de la « méthode d’expression orale spontanée » : les élèves ayant commencé l’espagnol en quatrième maîtrisaient parfaitement l’oral à la fin du collège, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui suite à l’imposition par les didacticiens de l’anglais, qui contrôlent l’Inspection générale, des méthodes « communicationnelles » puis de l’approche par « compétences » et « tâches » - je ferme la parenthèse].
Quoi qu’il en soit, les choses ont évolué de telle façon qu’en 2000, l’espagnol était choisi par 66,3 % des élèves et l’allemand par 15,4%. Il faut néanmoins ajouter à cela deux remarques complémentaires : ces chiffres ne concernent que le choix de la seconde langue et l’on assiste depuis 2005 à un redressement très net de l’allemand, aux dépens bien sûr de l’espagnol, qui ne bénéficie plus de l’exception pédagogique qui avait fait son succès. Certains évoquent le retentissement auprès des jeunes de groupes « métal » comme Rammstein avec ses 20 millions d’albums vendus, ou davantage « pop » comme Tokio Hotel qui devient célèbre justement en 2005. Cette explication musicale me laisse cependant un peu sceptique, les effets de la mode étant par définition assez éphémères alors que nous avons justement affaire à une tendance qui s’accentue depuis une dizaine d’années. Mais je reviendrai sur cet aspect des choses après avoir rapidement considéré les statistiques cumulées des concours depuis 1999.
Agrégation d’allemand
Nombre total des postes : 767 – nombre total de candidats présents : 3823 – nombre total d’admis : 767 – taux moyen de réussite : 20 %
Capes d’allemand
Postes : 2733 – présents : 10 232 – admis : 2479 – taux de réussite : 24 %
Agrégation d’espagnol
Postes : 919 – présents : 7459 – admis : 919 – taux de réussite : 12, 3 %
Capes d’espagnol
Postes : 7342 – présents : 41614 – admis : 7310 – taux de réussite : 17,5 %
Il résulte de ces données que :
1. Le ministère favorise l’allemand en ce qui concerne la nature des postes : il y a proportionnellement deux fois plus de postes à l’agrégation d’allemand (22% du total) qu’à l’agrégation d’espagnol (11 % du total)
2. Ce phénomène est accentué par le choix des candidats eux-mêmes : en allemand les agrégatifs représentent 37,4 % de l’ensemble alors que cette part tombe à 15,2 % en espagnol, soit moins de la moitié.
3. Cette primauté de l’agrégation en allemand est en outre légèrement renforcée par la politique des jurys. Tous les postes à l’agreg sont attribués qu’il s’agisse de l’allemand ou de l’espagnol mais le jury du Capes d’allemand est un peu plus sévère que le jury d’espagnol, surtout quand il y a une augmentation importante et soudaine du nombre de postes qui ne peut logiquement pas avoir de correspondance dans le niveau des candidats.
4. La conséquence est que la part des agrégés effectivement recrutés depuis 1999 est de 11,1% en espagnol et de 23,6% en allemand.
5. Mais en réalité la distorsion en faveur des agrégés est encore plus forte en allemand car les rapports des jurys d’agrégation signalent que de très nombreux candidats sont des certifiés déjà en poste dans le secondaire et dont la véritable ambition était l’agrégation externe : cela diminue logiquement la part des certifiés dans le total des professeurs en exercice. A mon avis il devrait y avoir 30% d’agrégés, peut-être plus, parmi nos collègues d’allemand dans le secondaire.
Tout cela renforce bien évidemment le caractère « élitiste » de l’allemand pour ce qui est du professorat. Il en va de même pour ce qui est des élèves. En effet, la domination écrasante de l’espagnol ne concerne, je l’ai souligné plus haut, que la seconde langue. L’anglais est évidemment prépondérant en tant que première langue, mais l’allemand première langue n’est pas totalement absent alors que pratiquement personne ne choisit dans ce cas l’espagnol. Un chiffre est à cet égard particulièrement frappant : 70 % des collèges proposent l’allemand première langue en sixième et seulement 6,2 % l’espagnol. D’après les études de la DEEP, le choix de l’allemand-première langue est l’apanage d’un public très particulier : élèves en avance et/ou issus de milieux favorisés et/ou enfants d’enseignants, catégories qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre d’autant plus que les statisticiens du ministère classent les enseignants dans les milieux… favorisés (j’imagine que seulement du point de vue scolaire). A cela s’ajoute l’effet bien connu des classes européennes au lycée et à partir de la quatrième en collège et aussi – peut-être surtout – la mise en place de « classes bilingues » dès la sixième. L’apprentissage de l’anglais étant ainsi assuré, les parents n’hésitent plus à choisir aussi l’allemand dès la sixième.
Ce dispositif des sixièmes bilingues ne concerne que 5 % des élèves. Il est donc infiniment plus « élitiste » que l’ancien examen d’entrée en sixième, preuve supplémentaire s’il en fallait que le collège unique n’a fait que renforcer les discriminations sociales en incitant les parents les mieux informés à adopter divers dispositifs de contournement. Les sixièmes bilingues en sont un parmi beaucoup d’autres, à commencer par le choix de la résidence, strictement corrélé aux revenus.
70,8 % des élèves des sixièmes bilingues choisissent en tout cas le couple anglais/allemand. Et ce sont majoritairement des agrégés qui sont affectés dans ces classes de sixième-cinquième, pour leur plus grand bonheur et, j’imagine, le plus souvent à leur demande. Bref, les meilleurs élèves (qui sont désormais les plus favorisés socialement) ont droit à l’allemand, enseigné qui plus est par des professeurs formés « à l’ancienne », en privilégiant les connaissances disciplinaires, l’agrégation ayant pour l’instant échappé aux didacticiens, aux pédagogues en chambre et autres scientistes de l’éducation ainsi qu’à toute « professionnalisation » dans les IUFM-ESPE. C’est dans ces classes-là, ou dans les bonnes écoles privées, que l’on trouve les fils de ministres, de journalistes et d’inspecteurs généraux, bref de tous ceux qui applaudissent des réformes qui n’affectent pas leurs propres rejetons. Il n’est même pas exclu qu’on y trouve aussi des fils de didacticiens, de pédagogues en chambre et autres scientistes de l’éducation. Et c’est pour satisfaire ces parents-là que le ministère accorde proportionnellement deux fois plus de postes à l’agrégation d’allemand.
Quoi qu’il en soit, il est clair que les besoins en professeurs d’allemand sont très supérieurs à ce qu’on imagine d’après le seul choix de la seconde langue. Je rappelle les données pour l’année 2000 : 66,3 % des élèves choisissent l’espagnol deuxième langue et 15,4% l’allemand. Mais pour la même année 2000 sur l’ensemble des effectifs du second degré, il y avait 1 760 896 élèves faisant de l’espagnol et 1 070 099 faisant de l’allemand. Si l’on considère donc la totalité première langue + seconde langue + troisième langue, les élèves d’espagnol représentaient 33,1 % de l’ensemble (5 320 902) et les élèves d’allemand 20,1 %. L’écart est considérablement réduit et n’a pu que l’être davantage au cours des dernières années qui ont vu la remontée de l’allemand seconde langue.
A cela s’ajoute enfin, comme l’a remarqué néo, l’effet des départs à la retraite. Car l’essor de l’espagnol commence dans les années 1970 et ne se traduit dans une augmentation très forte du nombre de postes que dans les années 1980. Tous les professeurs recrutés depuis lors sont évidemment encore en exercice. Ceux qui partent massivement à la retraite depuis 2010 sont au contraire les enfants du baby-boom, recrutés à une époque où l’espagnol n’avait pas la place dominante qu’il a acquise aujourd’hui. C’est donc en allemand que les besoins se font le plus gravement sentir. Le ministère essaie de pallier ce déficit en augmentant le nombre de postes au Capes mais c’est une stratégie absurde : les bons candidats ne s’y présentent pas et les jurys, considérant que le niveau des présents est trop faible, ne couvrent pas tous les postes. Et pour corser le tout, ceux qui réussissent le Capes n’ont qu’une idée en tête : devenir agrégés le plus vite possible, réduisant encore le nombre réel de professeurs en exercice.
Tout cet ensemble de données converge vers un phénomène bien connu, mais qui reçoit ainsi un éclairage plus concret : l’allemand est une discipline élitiste, à la fois en ce qui concerne les professeurs et les élèves. Je pense qu’il est inutile de dire que l’adjectif « élitiste » n’est pas pour moi négatif en soi, bien au contraire : il est dommage que l’allemand ne puisse servir de modèle à suivre pour l’ensemble des disciplines. Les lettres classiques auraient peut-être pu jouer un rôle analogue : il faudrait se demander pourquoi cela n’a pas été le cas. Le grand problème – malheureusement insoluble – est que la méritocratie ayant été déterrée de l’école, la sélection s’opère par d’autres voies et que l’élite scolaire tend de plus en plus à se confondre avec l’élite sociale. C’est ce qui explique ma colère – que je ne réussis pas toujours à maîtriser – contre les responsables, conscients ou inconscients, de cette monstrueuse injustice qui érode le système éducatif jusqu’à en détruire la base philosophique et politique : l’émancipation par le savoir.
Il est notoire que l’espagnol a détrôné l’allemand en tant que seconde langue. Mais pour comprendre la situation actuelle, il convient de préciser les dates et l’évolution des parts de chaque langue. En 1970, les deux étaient à égalité : 36% des élèves choisissaient l’une et 36 % l’autre. Puis l’espagnol commence à se détacher au cours de la décennie suivante. [A mon avis, la raison de ce succès - je l’ai déjà signalé sur le forum - est l’adoption de la « méthode d’expression orale spontanée » : les élèves ayant commencé l’espagnol en quatrième maîtrisaient parfaitement l’oral à la fin du collège, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui suite à l’imposition par les didacticiens de l’anglais, qui contrôlent l’Inspection générale, des méthodes « communicationnelles » puis de l’approche par « compétences » et « tâches » - je ferme la parenthèse].
Quoi qu’il en soit, les choses ont évolué de telle façon qu’en 2000, l’espagnol était choisi par 66,3 % des élèves et l’allemand par 15,4%. Il faut néanmoins ajouter à cela deux remarques complémentaires : ces chiffres ne concernent que le choix de la seconde langue et l’on assiste depuis 2005 à un redressement très net de l’allemand, aux dépens bien sûr de l’espagnol, qui ne bénéficie plus de l’exception pédagogique qui avait fait son succès. Certains évoquent le retentissement auprès des jeunes de groupes « métal » comme Rammstein avec ses 20 millions d’albums vendus, ou davantage « pop » comme Tokio Hotel qui devient célèbre justement en 2005. Cette explication musicale me laisse cependant un peu sceptique, les effets de la mode étant par définition assez éphémères alors que nous avons justement affaire à une tendance qui s’accentue depuis une dizaine d’années. Mais je reviendrai sur cet aspect des choses après avoir rapidement considéré les statistiques cumulées des concours depuis 1999.
Agrégation d’allemand
Nombre total des postes : 767 – nombre total de candidats présents : 3823 – nombre total d’admis : 767 – taux moyen de réussite : 20 %
Capes d’allemand
Postes : 2733 – présents : 10 232 – admis : 2479 – taux de réussite : 24 %
Agrégation d’espagnol
Postes : 919 – présents : 7459 – admis : 919 – taux de réussite : 12, 3 %
Capes d’espagnol
Postes : 7342 – présents : 41614 – admis : 7310 – taux de réussite : 17,5 %
Il résulte de ces données que :
1. Le ministère favorise l’allemand en ce qui concerne la nature des postes : il y a proportionnellement deux fois plus de postes à l’agrégation d’allemand (22% du total) qu’à l’agrégation d’espagnol (11 % du total)
2. Ce phénomène est accentué par le choix des candidats eux-mêmes : en allemand les agrégatifs représentent 37,4 % de l’ensemble alors que cette part tombe à 15,2 % en espagnol, soit moins de la moitié.
3. Cette primauté de l’agrégation en allemand est en outre légèrement renforcée par la politique des jurys. Tous les postes à l’agreg sont attribués qu’il s’agisse de l’allemand ou de l’espagnol mais le jury du Capes d’allemand est un peu plus sévère que le jury d’espagnol, surtout quand il y a une augmentation importante et soudaine du nombre de postes qui ne peut logiquement pas avoir de correspondance dans le niveau des candidats.
4. La conséquence est que la part des agrégés effectivement recrutés depuis 1999 est de 11,1% en espagnol et de 23,6% en allemand.
5. Mais en réalité la distorsion en faveur des agrégés est encore plus forte en allemand car les rapports des jurys d’agrégation signalent que de très nombreux candidats sont des certifiés déjà en poste dans le secondaire et dont la véritable ambition était l’agrégation externe : cela diminue logiquement la part des certifiés dans le total des professeurs en exercice. A mon avis il devrait y avoir 30% d’agrégés, peut-être plus, parmi nos collègues d’allemand dans le secondaire.
Tout cela renforce bien évidemment le caractère « élitiste » de l’allemand pour ce qui est du professorat. Il en va de même pour ce qui est des élèves. En effet, la domination écrasante de l’espagnol ne concerne, je l’ai souligné plus haut, que la seconde langue. L’anglais est évidemment prépondérant en tant que première langue, mais l’allemand première langue n’est pas totalement absent alors que pratiquement personne ne choisit dans ce cas l’espagnol. Un chiffre est à cet égard particulièrement frappant : 70 % des collèges proposent l’allemand première langue en sixième et seulement 6,2 % l’espagnol. D’après les études de la DEEP, le choix de l’allemand-première langue est l’apanage d’un public très particulier : élèves en avance et/ou issus de milieux favorisés et/ou enfants d’enseignants, catégories qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre d’autant plus que les statisticiens du ministère classent les enseignants dans les milieux… favorisés (j’imagine que seulement du point de vue scolaire). A cela s’ajoute l’effet bien connu des classes européennes au lycée et à partir de la quatrième en collège et aussi – peut-être surtout – la mise en place de « classes bilingues » dès la sixième. L’apprentissage de l’anglais étant ainsi assuré, les parents n’hésitent plus à choisir aussi l’allemand dès la sixième.
Ce dispositif des sixièmes bilingues ne concerne que 5 % des élèves. Il est donc infiniment plus « élitiste » que l’ancien examen d’entrée en sixième, preuve supplémentaire s’il en fallait que le collège unique n’a fait que renforcer les discriminations sociales en incitant les parents les mieux informés à adopter divers dispositifs de contournement. Les sixièmes bilingues en sont un parmi beaucoup d’autres, à commencer par le choix de la résidence, strictement corrélé aux revenus.
70,8 % des élèves des sixièmes bilingues choisissent en tout cas le couple anglais/allemand. Et ce sont majoritairement des agrégés qui sont affectés dans ces classes de sixième-cinquième, pour leur plus grand bonheur et, j’imagine, le plus souvent à leur demande. Bref, les meilleurs élèves (qui sont désormais les plus favorisés socialement) ont droit à l’allemand, enseigné qui plus est par des professeurs formés « à l’ancienne », en privilégiant les connaissances disciplinaires, l’agrégation ayant pour l’instant échappé aux didacticiens, aux pédagogues en chambre et autres scientistes de l’éducation ainsi qu’à toute « professionnalisation » dans les IUFM-ESPE. C’est dans ces classes-là, ou dans les bonnes écoles privées, que l’on trouve les fils de ministres, de journalistes et d’inspecteurs généraux, bref de tous ceux qui applaudissent des réformes qui n’affectent pas leurs propres rejetons. Il n’est même pas exclu qu’on y trouve aussi des fils de didacticiens, de pédagogues en chambre et autres scientistes de l’éducation. Et c’est pour satisfaire ces parents-là que le ministère accorde proportionnellement deux fois plus de postes à l’agrégation d’allemand.
Quoi qu’il en soit, il est clair que les besoins en professeurs d’allemand sont très supérieurs à ce qu’on imagine d’après le seul choix de la seconde langue. Je rappelle les données pour l’année 2000 : 66,3 % des élèves choisissent l’espagnol deuxième langue et 15,4% l’allemand. Mais pour la même année 2000 sur l’ensemble des effectifs du second degré, il y avait 1 760 896 élèves faisant de l’espagnol et 1 070 099 faisant de l’allemand. Si l’on considère donc la totalité première langue + seconde langue + troisième langue, les élèves d’espagnol représentaient 33,1 % de l’ensemble (5 320 902) et les élèves d’allemand 20,1 %. L’écart est considérablement réduit et n’a pu que l’être davantage au cours des dernières années qui ont vu la remontée de l’allemand seconde langue.
A cela s’ajoute enfin, comme l’a remarqué néo, l’effet des départs à la retraite. Car l’essor de l’espagnol commence dans les années 1970 et ne se traduit dans une augmentation très forte du nombre de postes que dans les années 1980. Tous les professeurs recrutés depuis lors sont évidemment encore en exercice. Ceux qui partent massivement à la retraite depuis 2010 sont au contraire les enfants du baby-boom, recrutés à une époque où l’espagnol n’avait pas la place dominante qu’il a acquise aujourd’hui. C’est donc en allemand que les besoins se font le plus gravement sentir. Le ministère essaie de pallier ce déficit en augmentant le nombre de postes au Capes mais c’est une stratégie absurde : les bons candidats ne s’y présentent pas et les jurys, considérant que le niveau des présents est trop faible, ne couvrent pas tous les postes. Et pour corser le tout, ceux qui réussissent le Capes n’ont qu’une idée en tête : devenir agrégés le plus vite possible, réduisant encore le nombre réel de professeurs en exercice.
Tout cet ensemble de données converge vers un phénomène bien connu, mais qui reçoit ainsi un éclairage plus concret : l’allemand est une discipline élitiste, à la fois en ce qui concerne les professeurs et les élèves. Je pense qu’il est inutile de dire que l’adjectif « élitiste » n’est pas pour moi négatif en soi, bien au contraire : il est dommage que l’allemand ne puisse servir de modèle à suivre pour l’ensemble des disciplines. Les lettres classiques auraient peut-être pu jouer un rôle analogue : il faudrait se demander pourquoi cela n’a pas été le cas. Le grand problème – malheureusement insoluble – est que la méritocratie ayant été déterrée de l’école, la sélection s’opère par d’autres voies et que l’élite scolaire tend de plus en plus à se confondre avec l’élite sociale. C’est ce qui explique ma colère – que je ne réussis pas toujours à maîtriser – contre les responsables, conscients ou inconscients, de cette monstrueuse injustice qui érode le système éducatif jusqu’à en détruire la base philosophique et politique : l’émancipation par le savoir.
- pirandellaNiveau 5
Merci pour votre rapport socio-historique ! Je suis prof d'italien baignant au quotidien dans le "franco-allemand", car mon conjoint allemand est spécialiste des relations franco-allemandes, et je trouve votre propos très éclairant !
Une étude précise de la répartition géographique et sociale de l'offre de l'allemand confirmerait certainement vos propos.
Une étude précise de la répartition géographique et sociale de l'offre de l'allemand confirmerait certainement vos propos.
- JohnMédiateur
Dieu que c'est intéressant comme analyse !
Merci Pedro !
Merci Pedro !
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- neoSage
Merci pour cette analyse éclairante et stimulante !
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Human... https://www.youtube.com/watch?v=RIZdjT1472Y
- AnagrammeFidèle du forum
Gracias Pedro Córdoba.
- farfallaEmpereur
Gracias Pedro Córdoba.
C'est très intéressant, vraiment !
C'est très intéressant, vraiment !
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"Si nada nos salva de la muerte, al menos que el amor nos salve de la vida" Pablo Neruda
"Yo lloré porque no tenía zapatos hasta que vi un niño que no tenía pies." Oswaldo Guayasamin
- ycombeMonarque
Pedro Cordoba a écrit:
70,8 % des élèves des sixièmes bilingues choisissent en tout cas le couple anglais/allemand.
Merci pour cette analyse.
C'est souvent le cas parce que c'est la seule solution pour être sûr que son rejeton est dans une classe pas trop mauvaise, tant qu'il n'y a que la bilingue allemand de proposée. Mais le simple fait d'avoir une langue de plus joue ce rôle. Ainsi, dès qu'un collège qui propose déjà une 6ème bilingue anglais-allemand se met à proposer en plus Anglais-Espagnol, les demandes se concentrent sur la seconde, la première n'étant remplie que par des élèves dont les familles s'accrochent à l'allemand et par les refusés de l'anglais-espagnol. Il y a pas mal de pression des parents pour ouvrir des bilingues en anglais-espagnol dans mon coin (je suis dans une zone un peu plus près de l'Espagne que de l'Allemagne, géographiquement et culturellement).
Il faudrait voir aussi si les classes bilingues ont un impact sur l'évolution des LV2. Les élèves en bilingues anglais/allemand sont comptés dans LV2 allemand dans les ordinateurs de l'EN. Est-ce que la hausse n'est pas due en grande partie à une hausse du nombre des classes bilingues anglais/allemand ?
Abibac et bachibac ont respectivement 20 et 4 ans d'existence, il y a deux fois plus de lycées proposant abibac. Est-ce que ces sections ne demandent pas plutôt des agrégés, et ne peuvent pas aussi expliquer une partie du surnombre d'agrégés pour la langue de Gœthe?
- InviteeFVénérable
Merci Pedro pour cette analyse très détaillée et très intéressante.
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