- RobinFidèle du forum
François Jacob, La logique du vivant, une histoire de l'hérédité, éditions Gallimard, collection Tel, 1970.
"Le livre de François Jacob est la plus remarquable histoire de la biologie qui ait jamais été écrite. Elle invite aussi à un grand réapprentissage de la pensée." (Michel Foucault)
François Jacob, né le 17 juin 1920 à Nancy et mort à Paris le 20 avril 1913, est un chercheur en biologie français. Il fut chancelier de l'ordre de la Libération de 2007 à 2011.
Ses travaux sur la génétique des bactéries et des virus, sur les mécanismes de transfert d'information, sur la régulation cellulaire ont valu à François Jacob, chef de service de l'Institut Pasteur, professeur de génétique cellulaire au Collège de France, le prix Nobel de Physiologie et de Médecine en 1965 avec André Lwoff et Jacques Monod.
Notion associée : "La connaissance du vivant"
Aux élèves :
Je vous conseille de lire au moins l'introduction intitulée : "Le programme".
François Jacob y précise l'objet de son livre : "Il est question ici d'hérédité et de reproduction. Il est question des transformations qui ont progressivement modifié la manière de considérer la nature des êtres vivants, leur structure, leur permanence au fil des générations."
Il explique ensuite les deux façons d'envisager l'histoire de la biologie :
Celle qu'il a écartée :
"On peut tout d'abord y voir la succession des idées et leur généalogie. On cherche alors le fil qui a guidé la pensée jusqu'aux théories en fonction aujourd'hui. Cette histoire se fait pour ainsi dire à rebours, par extrapolation du présent vers le passé. de proche en proche, on choisit la devancière de l'hypothèse en cours, puis la devancière de la devancière et ainsi de suite (...)
Celle qu'il a suivie :
Il y a une autre manière d'envisager l'histoire de la biologie. C'est de rechercher comment les objets sont devenus accessibles à l'analyse, permettant ainsi à de nouveaux domaines de se constituer en sciences. Il s'agit alors de préciser la nature de ces objets, l'attitude de ceux qui les étudient, leur manière d'observer, les obstacles que dresse devant eux leur culture. L'importance d'un concept se mesure à sa valeur opératoire, au rôle qu'il joue pour diriger l'observation et l'expérience.
Il n'y a plus alors une filiation plus ou moins linéaire d'idées qui s'engendrent l'une l'autre. Il y a un domaine que la pensée s'efforce d'explorer ; où elle cherche à instaurer un ordre ; où elle tente de constituer un monde de relations abstraites en accord, non seulement avec les observations et les techniques, mais aussi avec les pratiques, les valeurs, les interprétations en vigueur. Les idées jadis répudiées prennent souvent autant d'importance que celles où cherche à se reconnaître la science d'aujourd'hui et les obstacles autant que les chemins ouverts.
La connaissance fonctionne ici à deux niveaux. Chaque époque se caractérise par le champ du possible que définissent non seulement les théories ou les croyances en cours, mais la nature même des objets accessibles à l'analyse, l'équipement pour les étudier, la façon de les observer et d'en parler. C'est seulement à l'intérieur de cette zone que peut évoluer la logique. C'est dans les limites ainsi fixées que manœuvrent les idées, qu'elles s'essayent, qu'elles s'opposent. Parmi tous les énoncés possibles, il s'agit alors de choisir celui qui intègre au plus près les résultats de l'analyse. Là intervient l'individu (...)
Il met ensuite en évidence les quatre étapes de l'évolution de la biologie moderne (la pensée de la Renaissance et de l'âge baroque étant caractérisée par l'analogie universelle) :
1) au début du XVIIème siècle : la structure d'ordre un : l'agencement des surfaces visibles.
2) à la fin du XVIIIème siècle, la structure d'ordre deux : l'organisation qui sous-tend organes et fonctions et finit par se résoudre en cellules.
3) au début du XXème siècle, la structure d'ordre trois : les chromosomes et les gènes.
4) au milieu du XXème siècle, la structure d'ordre quatre : la molécule d'acide nucléique. sur quoi reposent aujourd'hui la conformation de tout organisme, ses propriétés, sa permanence à travers les générations.
"Ce qu'on a cherché à décrire ici, ce sont les conditions qui, depuis le XVIème siècle, ont permis l'apparition successive de ces structures. C'est la manière dont la génération, création chaque fois renouvelée exigeant toujours l'intervention de quelque force externe, s'est transformée en reproduction, propriété interne de tout système vivant. C'est l'accès à ces objets de plus en plus cachés que constituent les cellules, les gènes, les molécules d'acide nucléiques. La découverte de chaque poupée russe, la mise en évidence de ces dénivellations successives ne résultent pas simplement d'une accumulation d'observations et d'expériences. Le plus souvent, elles expriment un changement plus profond, une transformation dans la nature même du savoir. Elles ne font que traduire, dans l'étude du monde vivant, une manière nouvelle de considérer les objets."
Table des matières :
Introduction. Le Programme.
Chapitre I. La structure visible. La génération. Le décryptage de la nature. Le mécanisme. Les espèces. La préformation. L'hérédité.
Chapitre II.
L'organisation. La mémoire de l'hérédité. L'architecture cachée. La vie. La chimie du vivant. Le plan d'organisation. La cellule.
Chapitre III. Le temps. Les cataclysmes. Les transformations. Les fossiles. L'évolution.
Chapitre IV. Le gène. L'expérimentation. L'analyse statistique. La naissance de la génétique. Le jeu des chromosomes. Les enzymes.
Chapitre V. La molécule. Les macromolécules. Les microorganismes. Le message. La régulation. La copie et l'erreur.
Conclusion. L'integrom.
Index.
"Le livre de François Jacob est la plus remarquable histoire de la biologie qui ait jamais été écrite. Elle invite aussi à un grand réapprentissage de la pensée." (Michel Foucault)
François Jacob, né le 17 juin 1920 à Nancy et mort à Paris le 20 avril 1913, est un chercheur en biologie français. Il fut chancelier de l'ordre de la Libération de 2007 à 2011.
Ses travaux sur la génétique des bactéries et des virus, sur les mécanismes de transfert d'information, sur la régulation cellulaire ont valu à François Jacob, chef de service de l'Institut Pasteur, professeur de génétique cellulaire au Collège de France, le prix Nobel de Physiologie et de Médecine en 1965 avec André Lwoff et Jacques Monod.
Notion associée : "La connaissance du vivant"
Aux élèves :
Je vous conseille de lire au moins l'introduction intitulée : "Le programme".
François Jacob y précise l'objet de son livre : "Il est question ici d'hérédité et de reproduction. Il est question des transformations qui ont progressivement modifié la manière de considérer la nature des êtres vivants, leur structure, leur permanence au fil des générations."
Il explique ensuite les deux façons d'envisager l'histoire de la biologie :
Celle qu'il a écartée :
"On peut tout d'abord y voir la succession des idées et leur généalogie. On cherche alors le fil qui a guidé la pensée jusqu'aux théories en fonction aujourd'hui. Cette histoire se fait pour ainsi dire à rebours, par extrapolation du présent vers le passé. de proche en proche, on choisit la devancière de l'hypothèse en cours, puis la devancière de la devancière et ainsi de suite (...)
Celle qu'il a suivie :
Il y a une autre manière d'envisager l'histoire de la biologie. C'est de rechercher comment les objets sont devenus accessibles à l'analyse, permettant ainsi à de nouveaux domaines de se constituer en sciences. Il s'agit alors de préciser la nature de ces objets, l'attitude de ceux qui les étudient, leur manière d'observer, les obstacles que dresse devant eux leur culture. L'importance d'un concept se mesure à sa valeur opératoire, au rôle qu'il joue pour diriger l'observation et l'expérience.
Il n'y a plus alors une filiation plus ou moins linéaire d'idées qui s'engendrent l'une l'autre. Il y a un domaine que la pensée s'efforce d'explorer ; où elle cherche à instaurer un ordre ; où elle tente de constituer un monde de relations abstraites en accord, non seulement avec les observations et les techniques, mais aussi avec les pratiques, les valeurs, les interprétations en vigueur. Les idées jadis répudiées prennent souvent autant d'importance que celles où cherche à se reconnaître la science d'aujourd'hui et les obstacles autant que les chemins ouverts.
La connaissance fonctionne ici à deux niveaux. Chaque époque se caractérise par le champ du possible que définissent non seulement les théories ou les croyances en cours, mais la nature même des objets accessibles à l'analyse, l'équipement pour les étudier, la façon de les observer et d'en parler. C'est seulement à l'intérieur de cette zone que peut évoluer la logique. C'est dans les limites ainsi fixées que manœuvrent les idées, qu'elles s'essayent, qu'elles s'opposent. Parmi tous les énoncés possibles, il s'agit alors de choisir celui qui intègre au plus près les résultats de l'analyse. Là intervient l'individu (...)
Il met ensuite en évidence les quatre étapes de l'évolution de la biologie moderne (la pensée de la Renaissance et de l'âge baroque étant caractérisée par l'analogie universelle) :
1) au début du XVIIème siècle : la structure d'ordre un : l'agencement des surfaces visibles.
2) à la fin du XVIIIème siècle, la structure d'ordre deux : l'organisation qui sous-tend organes et fonctions et finit par se résoudre en cellules.
3) au début du XXème siècle, la structure d'ordre trois : les chromosomes et les gènes.
4) au milieu du XXème siècle, la structure d'ordre quatre : la molécule d'acide nucléique. sur quoi reposent aujourd'hui la conformation de tout organisme, ses propriétés, sa permanence à travers les générations.
"Ce qu'on a cherché à décrire ici, ce sont les conditions qui, depuis le XVIème siècle, ont permis l'apparition successive de ces structures. C'est la manière dont la génération, création chaque fois renouvelée exigeant toujours l'intervention de quelque force externe, s'est transformée en reproduction, propriété interne de tout système vivant. C'est l'accès à ces objets de plus en plus cachés que constituent les cellules, les gènes, les molécules d'acide nucléiques. La découverte de chaque poupée russe, la mise en évidence de ces dénivellations successives ne résultent pas simplement d'une accumulation d'observations et d'expériences. Le plus souvent, elles expriment un changement plus profond, une transformation dans la nature même du savoir. Elles ne font que traduire, dans l'étude du monde vivant, une manière nouvelle de considérer les objets."
Table des matières :
Introduction. Le Programme.
Chapitre I. La structure visible. La génération. Le décryptage de la nature. Le mécanisme. Les espèces. La préformation. L'hérédité.
Chapitre II.
L'organisation. La mémoire de l'hérédité. L'architecture cachée. La vie. La chimie du vivant. Le plan d'organisation. La cellule.
Chapitre III. Le temps. Les cataclysmes. Les transformations. Les fossiles. L'évolution.
Chapitre IV. Le gène. L'expérimentation. L'analyse statistique. La naissance de la génétique. Le jeu des chromosomes. Les enzymes.
Chapitre V. La molécule. Les macromolécules. Les microorganismes. Le message. La régulation. La copie et l'erreur.
Conclusion. L'integrom.
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