[LV] Approche actionnelle. Qu'en pensez-vous ?

Rien d'actionnel en CPGE. Ils lisent le texte et répondent au questions. Même chose sur des supports audio ou vidéo. Les deux ans sont une longue séance dont la tache finale est le concours :lol:

De manière générale, et surtout de ce que j'ai entendu lors des formations, je ne vois que peu d'intérêt à l'actionnelle dans l'enseignement général. C'est une conception utilitariste de la langue qui doit maintenant "servir" à quelque chose. Le jour où on passe les maths en actionnel, je veux bien voir la tête des sections scientifiques Les tâches finales evoquées par les collègues stagiaires et par les formatrices me paraissent souvent artificielles et ça les élèves doivent bien le sentir. Comme dit Dulcinea, le prof devient plus un GO qu'un enseignant à travers cette perspective. Je ne sais pas si on a essayé de rendre "amusant" l'apprentissage des langues mais c'est raté.

Et je ne vous parle pas des lacunes que je retrouve en post-bac sur des faits de langue peu compliqués.

Merci à Macbr... de dire ce que je ressens comme ancien prof de CPGE pour l'allemand. Ces modes, éphémères, mais toujours présentées comme une panacée, le nec plus ultra de la pédagogie, sont issues de l'esprit fertile d'Inspecteurs n'ayant aucune idée de ce que signifie vraiment l'apprentissage d'une langue vivante ; l'expérience me permet de dire qu'ils sont soit incompétents, soit peu compétents en pédagogie de LV, soit locuteurs natifs d'anglais ou d'allemand, auquel cas ils s'estiment très supérieurs aux profs francophones, ce qui rend inutiles de quelconques recherches pédagogiques (dont ils se foutent et, surtout en grammaire, sont d'une incompétence notoire).

Disons-le tout net : Une pédagogie ne peut partir que de la langue, pas de considérations extérieures ou de modes "l'actuel") ou autres fadaises ! Un progression sérieuse de nos élèves ne se conçoit qu'à partir des sons de la langue authentique, des expressions simples, puis d'expressions complexes.

Ce qui n'est jamais dit : Quand on impose d'enseigner une langue vivante à 30 élèves à la fois, ce qui est en fait impossible, on est obligé de se fabriquer des artefacts, des modèles absurdes mais parés du sceau de la pédagogie pour ne pas être obligé de remettre en cause tout ce système absurde. Après, à chacun de se débrouiller, et parfois la perversité de certains inspecteurs vous fait croire que vous n'êtes pas bons !!! Pourquoi ne pas dire ce que tout Institut d'Interprètes (dont l'ISIT) sait : On en peut pas se passer d'un labo de langues, ni de groupes réduits en LV... Ce n'est pas possible ? eh bien on va fabriquer un bac de LV tellement facile que chacun aura une bonne note, donc pas de contestation possible ! Ah oui, après ? en prépa ou en fac ? ben, on s'en fout !! (au point que des élèves ayant eu 18 ou 19/20 au bac ne dépassent pas 9 ou 10/20 en prépa.. d'autres, avec 13 ou 14/20, deviennent vraiment bons !! ben oui, ce n'est pas simple)

mike
agrégé d'allemand
prof de collège, de lycée, de prépas ECS-ECE Ile de France

Comme Libellune j'ai découvert l'actionnel avec le FLE/FLS et je dois dire que j'ai trouvé l'idée super... une progression basée sur la communication, la grammaire au service d'une langue vivante, j'adhérais plutôt à ces idées.

Comme je n'ai rien connu d'autre (en tant qu'enseigante) j'ai essayé d'appliquer le principe en anglais, mais en PLP, je me pose des questions ... et j'en arrive aux mêmes conclusions que Dulcinea: avec des élèves faibles et peu intéressés j'ai l'impression d'être un G.O. qui en plus s'épuise Cela a bien fonctionné avec une seule classe ... et encore seulement en groupes, à 30 on oublie !

Et j'ai encore plus de doutes quand je vois le manque criant de moyens, donner du sens ok, mais quand la tache finale est "créer son blog" et qu'on n'a jamais accès à une salle d'informatique ... ou quand il s'agit "d'organiser un séjour à Londres" et qu'on ne pourra jamais le mettre sur pied, où est la situation "authentique" ? vive l'arôme artificiel de la langue !

Finalement on peut monter un très beau scénario sur papier, mais la plupart du temps il reste fictif.

Bon, globalement on semble aller dans le même sens...

J'en pense que c'est du flan, pour le dire vulgairement. C'est du flan quand c'est utilisé comme on nous demande de le faire, c'est à dire comme méthode miracle et unique.
Utilisée de temps en temps, cela permet de casser la routine, autrement c'est la pauvreté lexicale et culturelle à tous les étages.

holderfar : bravo !!

Merci
Cette année, je suis obligée d'en passer un peu par là, mais l'année prochaine, j'espère bien pouvoir fonctionner autrement. Une année d'expérimentations débiles sur le dos des élèves, ça va bien.

Mais comment faire vis-à vis d'une inspection si dogmatique? Ce sont quasiment des enragés de l'actionnel, en tous cas les miens (d'autre part tout à fait gentils).

Ben, je ne sais pas trop, justement. C'est le problème.
Bon allez, dans dix ans, ils seront passés à autre chose!

Avec toujours autant de conviction, donc de dogmatisme, nous n'en serons guère plus avancés.

holdefart et mike, je pense tout pareil !

d'ailleurs, je me rappelle fort bien que quand j'ai appris les langues avec une méthode de "drill" permanent dans les années 80, j'adorais le fait qu'à la fin, je connaissait le dialogue quasi par coeur, et on se rejouait le truc et ça nous éclatait.

et au moins c'était clair quand arrivait l'interro : dans cette leçon, on a appris le vocabulaire de la nourriture + "I do, I don't". Point. Pas un petit peu de ci, un chouia de ça et une pincée de machin chose...c'était quoi la recette, au fait ?

Allez j'ose, sous couvert d'anonymat: Vive la grammaire, vivent les Drills!

Je me permets de vous donner mon expérience de 3 inspections (1ère: 13/20, 2de: 15/20, 3è: 17/20) : Les IPR (IG en CPGE) ne voient pas l'application d'une théorie plus ou moins révisable, ils voient si votre cours marche : a) votre langue est fluide et authentique ; b) vous alternez le magistral et l'échange ; c) votre pédagogie globale donne un cours réussi où les élèves ont appris et noté de bonnes choses...

justinien, j'en sais rien, de toutes façons, perso j'ai pas été inspectée depuis 2004, j'ai changé d'acad l'an dernier, j'ai même pas eu un mail de "bonjour", donc ils peuvent me faire des reproches, faudrait déjà nous tenir au courant de ce qu'ils veulent, hein...

Mike, je crois que ça dépend quand même des individus, il y a quelques "enragés"...

Euh, Mike, pour le magistral, on n'a pas le droit...
Et puis cette "trace écrite" à élaborer avec les élèves. Que fait-on s'ils sont nullissimes (pardon, s'ils ont quelques difficultés) et qu'ils ne vous disent rien, pas trop peu, non, littéralement, rien?

On prépare la trace écrite avec ce que l'on veut qu'ils aient à apprendre. Et on la fait copier.
Tu peux rendre ça un peu interactif en laissant des espaces que tu leur demandes de compléter et la trace écrite devient quelque chose auquel ils ont tout de même contribué.

à mon humble avis, pour ce qui est de la meilleure méthode, c'est avant tout celle avec laquelle le prof est à l'aise. Je ne pense pas qu'on puisse occulter notre personnalité dans notre façon de transmettre...

moi, ce qui me dérange le plus à l'heure actuelle, c'est ce que je considère comme une contradiction : les élèves doivent échanger, discuter, argumenter, et en même temps, il faut leur faire répéter en répétition chorale. ça me semble incompatible. Qu'en pensez-vous ?

kensington a écrit:
On prépare la trace écrite avec ce que l'on veut qu'ils aient à apprendre. Et on la fait copier.
Tu peux rendre ça un peu interactif en laissant des espaces que tu leur demandes de compléter et la trace écrite devient quelque chose auquel ils ont tout de même contribué.

Kensington, je suis d'accord avec toi, et il me paraît difficile (impossible) de fonctionner autrement, mais d'après l'inspection, ellTu sais bien qu'il faut qu'ils soient acteurs de leur propre...

Cela m'intéresse d'avoir le témoignage de professeurs expérimentés qui ont été confrontés lors d'une inspection à ce point de vue. Comment faites vous?