Jérémie Fontanieu, prof de SES à Drancy prêt à « changer le monde et sa classe ».

Ben93 a écrit:Bon, à mon tour !  



Vous voulez "changer le monde", c'est utopique, vous n'y arriverez pas, ce "monde" est peut-être le "9.3" ? Même là, c'est une mission impossible, le département est condamné, j'en suis le premier désolé, je suis un enfant du 9.3, j'y vis depuis 26 ans, j'y enseigne aussi.

Je suis moi aussi enfant du 93 et j'y ai enseigné. Je ne partage pas votre fatalisme. D'autant que le 93 est complexe et multiple : parler du 93 comme d'un tout cohérent c'est finalement ne pas le connaître. Et pour moi même le pire du 93 n'est pas condamné : question de volonté et de moyen.

C'est ma première année au collège et je suis désarmée face au manque de travail à la maison.
Pourriez-vous me dire en quoi ce serait "dangereux" d'adopter la méthode des SMS envoyés au parents?
Evidemment, l'utilisation du téléphone personnel est un problème. Imaginons un instant que nous ayons un téléphone professionnel, dans ce cas, je pense ( cela reste encore à tester) que prendre 5 minutes pour envoyer un texto aux parents plutôt que de remplir le cahier de texte serait efficace.

Je réagis à un point qui me chiffonne beaucoup, même s'il peut paraître anecdotique. Je voulais réagir ce matin, mais je n'en ai pas eu le temps.

C’est un outil comme un autre, mais je leur laisse beaucoup de libertés par ailleurs… en dehors du cours, ils font ce qu’ils veulent. Les élèves ont de très forts esprits critiques, ce sont tout de même des adolescents Very Happy Des électrons libres il y en a dans la classe, et je ne les force pas. Par exemple plusieurs élèves ont préféré ne pas venir au « week-end d’intégration » en début d’année : après en avoir parlé avec eux et les parents, on avait décidé ensemble (et j’avais expliqué ensuite à la classe, de façon bienveillante ; les élèves avaient été très compréhensifs d’ailleurs c’est super) qu’ils n’avaient pas à se forcer.

Si je comprends bien, lorsqu'un élève décide de mener sa vie le week-end au lieu de se rendre à un week-end d'intégration:
1) Il doit rendre des comptes au professeur qui en discute avec lui.
2) le sujet est discuté entre les parents et le professeur.
3) On fait une annonce à la classe (mais très bienveillante, ouf!).

Heureusement qu'ils font preuve d'esprit critique, ces électrons libres... Car je me demande comment pourrait réagir une personnalité plus effacée et plus timide face à une telle pression...

Ombredeloup a écrit:C'est ma première année au collège et je suis désarmée face au manque de travail à la maison.  
Pourriez-vous me dire en quoi ce serait "dangereux" d'adopter la méthode des SMS envoyés au parents?
Evidemment, l'utilisation du téléphone personnel est un problème. Imaginons un instant que nous ayons un téléphone professionnel, dans ce cas, je pense ( cela reste encore à tester) que prendre 5 minutes pour envoyer un texto aux parents plutôt que de remplir le cahier de texte serait efficace.

Mais bcp d'entre nous procèdent ainsi : téléphone aux parents le soir-même d'un incident ou d'un travail non fait.
Pour ma part, au lycée, j'utilise à fond le mail (puisqu'ils nous ont équipés d'ENT, autant qu'ils servent à quelque chose) pour communiquer en direct avec les parents.

Mais ici comme ailleurs, les parents des pires élèves, ou bien ne répondent jamais, ou bien sont d'accord avec moi mais n'arrivent à rien avec leur gosse.
C'est pourquoi j'ai tendance à croire que la classe de Jérémie Fontanieu recèle quelque chose d'exceptionnel, notamment pour Drancy : ont-ils été sélectionnés ?
Ce fonctionnement ne peut pas marcher avec une classe lambda : ceux qui seront récalcitrants seront approuvés par l'administration, car le système est plutôt organisé pour nous empêcher de sévir.




@Al : tu es hardcore mais je suis globalement d'accord avec tes mots. Il y a un gros pb de registre et de positionnement. (le "louanges bordel" m'a aussi bcp marqué)
Je vais aller plus loin : le dit Jérémie est jeune et présente bien. J'ai ma fille dans sa classe (hypothèse hein) je vais voir sa page facebook : je prends peur. Qu'est-ce que ces commentaires totalement déplacés sur la "beauté des élèves", l'aspect émotif du prof qui se sent "porté" par ses élèves, et qui semble en avoir besoin.
Honnêtement, c'est chelou.

Tout pareil qu'Al et Igniatius.
Et pareil que Provence.

Je n'arrive pas à trouver ces discours sains, même en les relisant après avoir pris en compte les interventions de Jérémie Fontanieu sur ce fil.

D'ailleurs, a-t-il répondu sur la droit à l'image de ses élèves? Ont-ils signé une autorisation? Il y a eu tant de messages, très longs, qu'il est possible que j'aie raté l'info...

J'ai fait les mêmes expériences qu'Ignatius avec les élèves problématiques. Les parents sont ou injoignables ou bien sont impuissants. On se retrouve parfois devant des problèmes abyssaux qui requéraient que nous soyons tout à la fois prof/psy/assistante sociale et moi le "care" (notion très à la mode chez les sociologues en ce moment) ça n'est pas pour moi.
Je trouve justement que le plus important c'est de casser ce lien affectif que les élèves veulent toujours tisser avec nous.
Quand j'ai dit aux 1ère L que je les suivais en Tle ils ont répondu "ah bon mais on croyait que vous ne nous aimiez pas !"
J'ai demandé pourquoi et ils ont répondu "Mais vous mettez tout le temps des mauvaises notes" ?!

Je ne peux pas croire une seconde que le groupe ait unanimement suivi sans souffrir. Ma foi, on n'est pas en prépa en Tle, si ? (et pourtant j'ai adoré la prépa)
Je dois vraiment en conclure qu'aucun élève n'a subi de pression du groupe préjudiciable à sa santé, n'a été malheureux cette année ? Je n'y crois pas non plus.

Ombredeloup : je te répondrais en te renvoyant à ce qu'a justement écrit WW dans un message précédent. J'enseigne dans le 93, où effectivement quand on appelle les parents des élèves qui posent problème, soit ils ne répondent pas, soit le numéro a changé, soit ils s'en contrefichent, et d'ailleurs c'est déjà le troisième gamin de la fratrie qu'on récupère et les problèmes étaient déjà les mêmes pour les précédents (qui sont parfois en prison, ou à traîner à la maison sans rien faire à 17, 18 ans).
Ou bien on estime que les parents ont aussi accès à toutes les notes sur Pronote, à un suivi des absences, et que ceux qui le découvrent à l'issue du conseil de classe (enfin, s'ils daignent se déplacer au collège pour récupérer le bulletin) ne seront pas plus concernés par un sms que par une lettre de rappel à l'ordre ou un rendez-vous au collège.
Enfin on peut aussi estimer qu'on n'a pas à infantiliser des parents au point de leur envoyer des textos plusieurs fois par semaine pour les informer des notes, DM, DS... encore une fois, il y a l'ENT pour ça, non ?

Bref, je plussoie les réserves d'Audrey, Ignatius, Al, Provence...

Audrey a écrit:Tout pareil qu'Al et Igniatius.
Et pareil que Provence.

Je n'arrive pas à trouver ces discours sains, même en les relisant après avoir pris en compte les interventions de Jérémy Fontanieu sur ce fil.

D'ailleurs, a-t-il répondu sur le droit à l'image de ses élèves? Ont-ils signé une autorisation? Il y a eu tant de messages, très longs, qu'il est possible que j'aie raté l'info...

Il n'a pas répondu à ce propos.

Merci Nita, c'est bien ce qu'il me semblait...

Bon, cela ne me coute pas, je ferai l'essai l'an prochain avec les SMS. (Et oui, j'ai horreur des appels !! )

@Iliana Je ne suis pas encore parent, mais lorsque je rencontre les parents de mes élèves, beaucoup me semblent très occupés ( Ils finissent tard) ou trop peu informés ( Les mots dans le carnets que les élèves ne montrent pas ). Je me dis que ça peut être un petit rappel pour qu'ils n'oublient pas en rentrant à la maison.

qu'ils n'oublient pas de se soucier de la scolarité de leur enfant ? c'est effectivement déresponsabilisant et infantilisant...

Je crois qu'il faut être extrêmement prudent avec les réseaux sociaux et FB en particulier. Tout peut être lu et mal interprété. Si vous aviez accès aux comptes FB de certains groupes d'élèves, vous seriez surpris de vous y trouver en photo avec des remarques injurieuses (je viens de voir la photo d'un collègue avec des remarques de la meilleure élève de la classe....).
Je viens de lire les tweets d'une élève du lycée et cette maligne ne réalise même pas que les sottises mal orthographiées qu'elle écrit prouvent sans conteste qu'elle sèche les cours.

( Quelqu'un peut-il orthographier correctement le prénom dans le titre? )

Mais c'est aux parents de jouer leur rôle de parents et de réclamer le carnet !
Ceux qui ne le font pas ne sont pas plus concernés par un sms, à mon goût.

Je suis d'accord avec Une passante.

Une passante a écrit:qu'ils n'oublient pas de se soucier de la scolarité de leur enfant ? c'est effectivement déresponsabilisant et infantilisant...

Les parents sont-ils tous responsables? Je n'en suis pas sure. Après tout, ils sont aussi d'anciens élèves et peuvent être étourdis, irresponsables... Imaginez vos futurs élèves parents. Qu'est-ce que cela donne?

Nita a écrit:

Audrey a écrit:Tout pareil qu'Al et Igniatius.
Et pareil que Provence.

Je n'arrive pas à trouver ces discours sains, même en les relisant après avoir pris en compte les interventions de Jérémy Fontanieu sur ce fil.

D'ailleurs, a-t-il répondu sur le droit à l'image de ses élèves? Ont-ils signé une autorisation? Il y a eu tant de messages, très longs, qu'il est possible que j'aie raté l'info...

Il n'a pas répondu à ce propos.

La réponse est négative, je ne respecte pas le droit à l'image des élèves je dois l'avouer. C'avait été pareil pour les articles sur le site du lycée, ou avec les magazines de la classe que les élèves avaient faits.

Pour le reste, je vous réponds demain car il est tard ça va être un autre pavé...

Eh beh...
Rien que ça, ça a dû provoquer des réactions de la part de la direction, non...?
Je n'imagine pas une seule personne chef d'établissement laisser passer un truc pareil....

Non, pas de réactions de la part de la direction. Ils étaient plutôt enthousiasmés par les magazines, au contraire. L'usage de photos d'élèves sans leurs autorisations écrites va plutôt de soi chez nous, il s'agit de l'un de ces exemples de cas sur lesquels le droit n'est pas respecté scrupuleusement mais sans conséquences. Chez vous si ?

Voyez la une du site de notre lycée par exemple : http://www.lycee-delacroix-drancy.fr

Tant que ça reste en interne, à la limite... mais sur ta page facebook, la direction est au courant que tu postes des photos d'élèves?

Tu as de la chance d'avoir des parents qui ne sont pas très regardants (ou ignorants des droits de leurs enfants, solution pour laquelle je penche...).

Chez moi, ça ne ferait pas un pli.

C'est une faute professionnelle grave. Je ne peux pas dire autre chose.

Es-tu sûr que les élèves ne signent pas en début d'année une autorisation d'utilisation de leur image pour les publications officielles de l'établissement? C'est le cas dans mon collège. Les familles ont le droit de refuser qu'on exploite l'image de leur enfant.

Oui je crois qu'il y a beaucoup de points sur lequel l'environnement qui est le mien explique des différences qui peuvent vous sembler extraordinaires. Quelqu'un a écrit (j'écrirai longuement à ce sujet demain) "chez moi, les parents impliqués vont sur Pronote" ; chez nous, Pronote est consulté par 1% des parents environ. Même chose pour les droits à l'image des enfants donc ; nous ne ferions pas ainsi (le site du lycée est une page publique, les magazines aussi sont en ligne) dans une autre situation en effet !

Quand je lis ça sur le site du lycée, ça me met franchement mal à l'aise: "Le rappeur Disiz, en activité artistique depuis 15 ans maintenant, est venu saluer la jeune génération de banlieusards prenant son destin en main : la #TeamTes2 est en effet particulièrement déterminée pour atteindre l’objectif annoncé de 100% de réussite en juillet prochain !!"

Pourquoi réduire ses élèves à des "banlieusards", bon sang? Pourquoi les mettre dans des boîtes, les y garder, au lieu de les en sortir?

Ils sont socialement, culturellement, banlieusards, se ressentent banlieusards, sont désignés comme banlieusards et aspirent à devenir des banlieusards... lettrés, diplômés. Disiz est un banlieusard devenu artiste, fier d'où il vient et du trajet qu'il a accompli.

Il y a beaucoup de point sur lesquels vous pouvez parfaitement émettre des critiques "choquées". Vous pouvez aussi être moins offensive chère collègue : ne vous semble-t-il pas ici que l'on procède à un interrogatoire ? Discutons avec bienveillance si vous le voulez bien, sans se méfier par principe. A demain

Ah..... la sacro-sainte bienveillance...

Eh bien non, désolée, je suis polie, courtoise, mais définitivement et simplement incisive, et je n'accorde pas ma bienveillance à quelqu'un à sa demande. Je l'accorde spontanément en revanche à ceux qui sont en position de fragilité, de doute, d'évaluation, situations dans lesquelles tu ne sembles pas te trouver, il me semble.