- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Bonsoir,
Simplement pour ne pas dire de bêtises : ce poème est-il bien écrit en vers libres ? A le lire selon les règles classiques, on repère de nombreux octosyllabes, j'ai donc un petit doute sur la façon de le lire en classe...
Simplement pour ne pas dire de bêtises : ce poème est-il bien écrit en vers libres ? A le lire selon les règles classiques, on repère de nombreux octosyllabes, j'ai donc un petit doute sur la façon de le lire en classe...
Verhaeren a écrit:Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
- OudemiaBon génie
Le poète prend la liberté de varier le mètre de ses vers (octosyllabes surtout, décasyllabes, tétrasyllabes, pas vu un seul alexandrin, comment diable t'y prends-tu?) pour mieux en rendre l'expressivité : ce n'est pas en cela qu'on peut parler de vers libres.
Mais si on le compare à La Fontaine, qui lui aussi varie sans cesse, on ne trouve pas le même respect de la rime : str.1 bourgs, str.2 grincent, str.3 lamentables, falotes etc, ne riment avec rien.
Sur ce point, oui, ce sont des vers libres.
Mais le rythme est là...
Mais si on le compare à La Fontaine, qui lui aussi varie sans cesse, on ne trouve pas le même respect de la rime : str.1 bourgs, str.2 grincent, str.3 lamentables, falotes etc, ne riment avec rien.
Sur ce point, oui, ce sont des vers libres.
Mais le rythme est là...
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Oudemia a écrit:pas vu un seul alexandrin, comment diable t'y prends-tu ?
Lapsus, je voulais parler d'octosyllabes.
Je n'ai pas compris ton point de vue : vers libres ou pas ? Le vers libre ne se définit par comme la variété de types de vers réguliers dans un poème ou par l'absence de la rime (sa mesure n'est pas déterminée par le nombre de syllabes), la lecture aussi s'en trouve changée : on ne va plus systématiquement prononcer le e final s'il précède une consonne. C'est pour ça que je me demande comment lire ce poème :/
Considérer qu'il s'agit de vers syllabiques rend de plus difficile à déterminer le type de certains vers : on peut encore accroître le nombre déjà grand d'octosyllabes en réalisant certaines diérèses.
(Il y a même un monosyllabe :p)
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