Le système scolaire français serait conçu pour les extravertis

MrBrightside a écrit:Cette logique, comme les autres, a ses limites. Quand j'ai passé l'agreg, ça ne m'a plus aidé qu'un autre d'être extraverti... notamment quand il fallait se plier aux règles de construction et d'expression à l'oral très "académiques" qui sont loin d'être propices à l'expression d'un caractère réellement extraverti/expansif/théâtral ou whatever.

Y a qu'à voir comment les collègues au-dessus semblent considérer les élèves extravertis: on parle à tout crin d'encourager les introvertis à participer et à les mettre en valeur, leur ménager un espace d'expression; mais je n'ai encore entendu personne parler de l'importance de canaliser les extravertis, leur apprendre à structurer leur pensée souvent spontanés, leur fournir un "retour" dont ils sont souvent en attente (on hurle pas les réponse à travers la classe par plaisir, enfin je ne pense pas), etc...

Là-dessus, on est d'accord, mais je parlais plus spécifiquement du monde du travail et particulièrement des branches comme le développement culturel, la communication, le commerce où pas mal d'étudiants brillants se retrouvent après avoir fini leurs études, et qui sont quand même des milieux où se vendre est plus important que de bien faire son travail.

Là je n'en sais rien, je n'ai pas la moindre connaissance réelle de ces mondes là (hors des représentations un peu clichés véhiculées par les médias)... donc je n'en parle pas

MrBrightside a écrit:
Y a qu'à voir comment les collègues au-dessus semblent considérer les élèves extravertis: on parle à tout crin d'encourager les introvertis à participer et à les mettre en valeur, leur ménager un espace d'expression; mais je n'ai encore entendu personne parler de l'importance de canaliser les extravertis, leur apprendre à structurer leur pensée souvent spontanés, leur fournir un "retour" dont ils sont souvent en attente (on hurle pas les réponse à travers la classe par plaisir, enfin je ne pense pas), etc...

 :shock: 
C'est quotidien en collège, comme démarche...

Et pourtant les collègues qui s'expriment au dessus avouent une large préférence pour les "taiseux". Si on en croit ce topic, les extravertis, on se contente de les faire taire.

 :shock: :shock:

Et en quoi avoir une préférence ou une sensibilité particulière pour des élèves mal dans leurs baskets est-il synonyme de ne pas se préoccuper des autres et ne rien mettre en place pour eux ?

J'ai raté un message ?

Fafnir a écrit:J'ai raté un message ?

Non, puisque les extravertis ne sont mentionnés dans ce topic que sous l'image de bavards invétérés et de pollueurs sonores. Quant à considérer qu'un élève introverti est un élève "mal dans ces baskets", il y a un pas que je me refuse à franchir. (Je ne me prononce pas non plus sur le fait qu'on puisse ouvertement préférer un certains "type" d'élève...)

N'ai-je pas moi-même, tout comme toi, écrit mot pour mot qu'il y a DIFFERENTS DEGRES chez les personnes extraverties ? Je ne vais pas m'auto-citer mais... hum !

ça fait au moins 2 personnes (toi, et moi) qui n'ont pas mentionné les personnes extraverties sous le jour que tu évoques (uniquement négatif)

Force est cependant de constater que les élèves introvertis sont très très rarement les pénibles qui nous empêchent de travailler dans de bonnes conditions. Quasiment jamais.
Tous les pénibles ont une attitude extravertie (euphémisme) et ne sont pas du genre rongés par la timidité et avides de travailler en silence dans leur coin... mais tous les extravertis n'ont pas une attitude pénible.

(Captatio benevolentiae par laquelle nous aurions dû commencer, visiblement...)

Fafnir a écrit:Tous les pénibles ont une attitude extravertie (euphémisme) et ne sont pas du genre rongés par la timidité et avides de travailler en silence dans leur coin...

Alors là, je peux t'assurer personnellement qu'une attitude extravertie peut justement être le symptôme d'une timidité et d'une peur de l'échec (faire le clown est une très bonne stratégie d'évitement et permet de jouer un rôle, ce qui est très pratique quand on ne veut pas se dévoiler.) On peut aussi noter que tous les introvertis ne sont pas avides de travail.

Enfin, si l'on part du principe que parler d'enseignement aux extravertis est inutile car on y est confronté au quotidien; on pourrait dire la même chose de l'enseignement aux introvertis, et du coup je ne vois pas bien l'intérêt de ce fil.   Bref, j'en reviens à mon point de départ en fait: ce cloisonnement entre introvertis/extravertis me dérange, d'autant plus qu'il donne visiblement lieu à des préférences pas forcément très "louables".

MrBrightside a écrit:

Sphinx a écrit:téléphoner à des inconnus et me rendre à une soirée où je ne connais quasiment personne

     

Ça pourrait être pire : en ce qui me concerne, téléphoner tout court et me rendre à n'importe quelle soirée  :lol:

MrBrightside a écrit:C'est la nouvelle mode de découper la société en introvertis et extravertis ? Ca fait des mois qui je n'entends parler que de ça, comme s'il n'y avait rien d'autre au milieu...

Exactement. A croire que tout décidément ne se pense plus qu'en termes d'extrêmes...   

Nadejda a écrit:

MrBrightside a écrit:

Sphinx a écrit:téléphoner à des inconnus et me rendre à une soirée où je ne connais quasiment personne

     

Ça pourrait être pire : en ce qui me concerne, téléphoner tout court et me rendre à n'importe quelle soirée  :lol:

Je suis un peu comme ça pour le téléphone... il n'y a guère qu'à mes parents que je téléphone sans boule au ventre. Par contre les soirées, j'ai du mal a y aller (sauf quand c'est entre potes), mais quand j'y suis  :lol: 

MrBrightside a écrit:

Fafnir a écrit:Tous les pénibles ont une attitude extravertie (euphémisme) et ne sont pas du genre rongés par la timidité et avides de travailler en silence dans leur coin...

Alors là, je peux t'assurer personnellement qu'une attitude extravertie peut justement être le symptôme d'une timidité et d'une peur de l'échec (faire le clown est une très bonne stratégie d'évitement et permet de jouer un rôle, ce qui est très pratique quand on ne veut pas se dévoiler.) On peut aussi noter que tous les introvertis ne sont pas avides de travail.

Enfin, si l'on part du principe que parler d'enseignement aux extravertis est inutile car on y est confronté au quotidien; on pourrait dire la même chose de l'enseignement aux introvertis, et du coup je ne vois pas bien l'intérêt de ce fil.   Bref, j'en reviens à mon point de départ en fait: ce cloisonnement entre introvertis/extravertis me dérange, d'autant plus qu'il donne visiblement lieu à des préférences pas forcément très "louables".

"On peut aussi noter que tous les introvertis ne sont pas avides de travail." => Oui, et quelle énergie il faut déployer pour essayer de mettre au travail les élèves qui viennent en espérant dormir sur leur table au fond de la classe....

"une attitude extravertie peut justement être le symptôme d'une timidité et d'une peur de l'échec (faire le clown est une très bonne stratégie d'évitement et permet de jouer un rôle, ce qui est très pratique quand on ne veut pas se dévoiler.)" => C'est pourquoi j'ai parlé d'ATTITUDE extravertie, et d'allier timidité ET envie de travailler en silence dans leur coin. Ce qu'il se passe en leur for intérieur et qui les pousse à parler très fort, faire les ânes, etc., je n'y ai bien évidemment pas accès et j'ai du mal à agir là-dessus, n'étant ni psychiatre ni psychologue. En revanche, j'essaie de leur donner un cadre.

"si l'on part du principe que parler d'enseignement aux extravertis est inutile car on y est confronté au quotidien" => Je n'ai certainement pas dit ça :lol: j'ai dit que j'étais plus que surprise de lire ta remarque "je n'ai entendu PERSONNE....", comme si la démarche d'aider les plus extravertis à sa canaliser n'intéressait personne alors que c'est l'un des nerfs de la guerre en collège... ce qui fait que je suis d'accord avec une partie du postulat de départ de ce post : on se préoccupe avant tout, en collège, de faire garderie, de calmer les foules, de créer des conditions favorables à l'enseignement (respect du silence et partage de la parole, notamment), de tempérer les élèves qui n'hésitent pas à intervenir spontanément de façon très marquée (et de façon récurrente... etc.), de leur apprendre à faire un tri dans les remarques pour ne retenir que les plus pertinentes (liste non exhaustive), à tel point que, souvent, les plus discrets et leurs problématiques propres passent au second plan.
Combien y-a-t-il de fils ouverts à ce sujet rien que sur le forum ? Plus ou moins que "comment faire parler les élèves silencieux" ? En toute sincérité, à ton avis ?

Fafnir a écrit:
Combien y-a-t-il de fils ouverts à ce sujet rien que sur le forum ? Plus ou moins que "comment faire parler les élèves silencieux" ? En toute sincérité, à ton avis ?

Ah ça, y en a peu. Du coup, pour compenser on ouvre un sujet qui accuse pratiquement le monde entier d'ignorer totalement les introvertis ?

Oui enfin l'introverti ne risque pas de prendre la place d'un autre alors que j'ai toujours eu l'impression que ceux qui sont plus franchement extravertis et exubérants, comme ceux qui la ramènent quand bon leur semble, passent leur temps à saper les cours, à prendre trop de place et à empêcher les autres d'en profiter.

Le rôle d'un prof, pour moi, c'est quand même de remettre à sa place celui qui en prend trop et de mettre en valeur celui qui ne la prend pas assez. L'introverti ne dérange pas le cours des autres que je sache, être introverti n'engage que lui.

MrBrightside a écrit:

Fafnir a écrit:
Combien y-a-t-il de fils ouverts à ce sujet rien que sur le forum ? Plus ou moins que "comment faire parler les élèves silencieux" ? En toute sincérité, à ton avis ?

Ah ça, y en a peu. Du coup, pour compenser on ouvre un sujet qui accuse pratiquement le monde entier d'ignorer totalement les introvertis ?

Bon, j'abandonne.
Tu as raison. C'est un complot odieux et stigmatisant, etc.

Cincinnata a écrit:Oui enfin l'introverti ne risque pas de prendre la place d'un autre alors que j'ai toujours eu l'impression que ceux qui sont plus franchement extravertis et exubérants, comme ceux qui la ramènent quand bon leur semble, passent leur temps à saper les cours, à prendre trop de place et à empêcher les autres d'en profiter.

Le rôle d'un prof, pour moi, c'est quand même de remettre à sa place celui qui en prend trop et de mettre en valeur celui qui ne la prend pas assez. L'introverti ne dérange pas le cours des autres que je sache, être introverti n'engage que lui.

C'est vrai et en même temps, c'est un peu le problème: ne voir les gosses spontanés et extravertis que comme des perturbateurs nous empêche parfois de les aider, justement, à trouver leur place sans empiéter sur les autres. Ce n'est pas simplement une question d'éducation ou d'égocentrisme de l'élève.
Après, notre métier est difficile, donc il est humain aussi de ne voir certains élèves turbulents que sous l'étiquette du pénible de service, parfois.

Cincinnata a écrit:Oui enfin l'introverti ne risque pas de prendre la place d'un autre alors que j'ai toujours eu l'impression que ceux qui sont plus franchement extravertis et exubérants, comme ceux qui la ramènent quand bon leur semble, passent leur temps à saper les cours, à prendre trop de place et à empêcher les autres d'en profiter.

Le rôle d'un prof, pour moi, c'est quand même de remettre à sa place celui qui en prend trop et de mettre en valeur celui qui ne la prend pas assez. L'introverti ne dérange pas le cours des autres que je sache, être introverti n'engage que lui.

Je suis bien d'accord, mais du coup les extravertis on en fait quoi ? Parce que le "tais-toi, je t'ai assez entendu", pour un vrai extraverti c'est tout aussi blessant que la remarque de la prof de Sphynx évoquée plus haut.

Fafnir: merci de me faire passer pour un idiot paranoïaque et borné parce que je n'ai pas l'heur de partager ton point de vue.
Maintenant, quand je lis "le système éducatif français serait conçus pour les extravertis", ben oui, malgré le conditionnel, je trouve ça idiot, parce que force est de constater, comme dit plus haut, que les extravertis ne réussissent pas forcément mieux que les autres. Donc accuser certains élèves de phagocyter les cours sous le regard bienveillant de leur professeur, au dépends des pauvres introvertis, oui, je trouve ça stigmatisant.

Oui, vous avez raison holderfar et MrBrightside. Je pense que j'aurais du mal à me mettre à la place de ce genre d'élève et à comprendre ce dont ils ont besoin. Je ne vois pas du tout comment concilier cela avec la discipline.

Je ne te cache pas que c'est difficile. Mais ils sont très attachants, tu verras .

Des gosses spontanés et extravertis, j'en ai plusieurs, qui s'intéressent à tout ce qu'on fait et lèvent le bras avec une régularité de coucou (résultat, c'est ceux que j'envoie le plus souvent au tableau, surtout quand les autres pioncent...) - une de mes quatrièmes entre autres : madame, madame, madame, madame, je peux aller au tableau, je peux aller au tableau, je peux... ? Chez moi, ce ne sont pas forcément les plus énergiques ou les plus ouverts qui sont les plus pénibles (même si j'ai eu aussi des pénibles à pleins décibels), mais plutôt des gamins moyens, pas timides mais plutôt passifs, qui bavardent à voix haute sans en avoir rien à fiche de ce qui se passe autour d'eux, qui n'ont même pas l'énergie de sortir leurs affaires de leur sac, qui ne s'intéressent à rien de plus fatigant que le programme télé. Pas exactement ce que j'appellerais des extravertis pour ma part.

Ça ne va pas te rassurer, mais je crois que personne n'a la réponse.
Faire cohabiter différents types d'élève me posent toujours problème, et je trouve ça bizarrement plus facile dans les grosses classes: à 43, l'inertie fait que les individualités s'expriment beaucoup moins et en gros je peux découper la classe en quatre. Par contre quand je me retrouve avec mon groupe de 16 étudiants, là j'ai 16 individus qui s'expriment et ça devient difficile... :/

MrBrightside a écrit:

Je suis bien d'accord, mais du coup les extravertis on en fait quoi ? Parce que le "tais-toi, je t'ai assez entendu", pour un vrai extraverti c'est tout aussi blessant que la remarque de la prof de Sphynx évoquée plus haut.

Fafnir: merci de me faire passer pour un idiot paranoïaque et borné parce que je n'ai pas l'heur de partager ton point de vue.
Maintenant, quand je lis "le système éducatif français serait conçus pour les extravertis", ben oui, malgré le conditionnel, je trouve ça idiot, parce que force est de constater, comme dit plus haut, que les extravertis ne réussissent pas forcément mieux que les autres. Donc accuser certains élèves de phagocyter les cours sous le regard bienveillant de leur professeur, au dépends des pauvres introvertis, oui, je trouve ça stigmatisant.

Je ne te fais passer pour rien du tout : j'ai exprimé mon point de vue avec nuances,  point de vue que tu caricaturais encore et encore en refusant d'admettre que se soucier d'élèves ayant du mal à s' exprimer en public notamment parce qu'on y reconnaît une partie de son propre parcours ne signifie pas envoyer tous les autres élèves au diable ni se moquer de ce qu'il advient d'eux. Ni mal faire son travail. Or, c'est bien ce dont tu as accusé plusieurs participants de ce fil.
J'ai longuement essayé de te montrer que trouver que le système est violent pour certains et vouloir les aider ne veut pas dire mépriser ni délaisser les autres, tu persistes à voir le mal dans ce discours : à ta guise.  Je ne te trouve pas paranoïaque, ni même borné, juste fermé sur ce point. C'est dommage mais y a pas mort d'homme. Introvertis comme extravertis survivront.

Quant au fait que certains élèves phagocytent les cours au détriment des autres. ... on n'enseigne sûrement pas au même endroit. Malheureusement, dans 7 des 8 établissements du secondaire que j'ai fréquentés ce n'était pas une légende. Et des élèves ayant du mal à s' imposer en pâtissaient clairement.
Tu as de la chance si tu n'as pas eu l'occasion de le constater.

Mais ça on le sait, je suis un de ces planqués qui enseignent en CPGE, on me l'a assez envoyé aux gencives il y a quelques mois   

Et oui, je persiste à voir un problème à favoriser les élèves dans lesquels ont reconnaît son propre parcours. Je n'ai pas dit que les profs qui le faisait étaient de mauvais prof pour autant, mais personnellement, ça me pose un problème (parce que soyons honnêtes, je n'ai pas lu "je me soucie des taiseux" comme tu le dis, mais bel et bien "je préfère les taiseux". Quand j'entends ça, j'ai du mal imaginer que tous les élèves sont traités à égalité.) Que l'on favorise les taiseux, les enfants de milieux modeste, les filles aux cheveux bouclés ou les porteurs de mocassin ne change rien au problème. Après, tant mieux si ça ne choque que moi.

Et qui a parlé de favoriser ?

Sinon j'ignorais que tu étais en CPGE, mais effectivement, sans parler de planqués, ça explique notre différence de vision.