Le système scolaire français serait conçu pour les extravertis

Mon fils est d'un caractère très réservé lui aussi mais, à 18 de moyenne générale, on ne lui a jamais refusé les félicitations pour ça (bon, au lycée, les félicitations n'existent plus, apparemment) ; je n'ai jamais eu l'impression non plus qu'il était mal à l'aise à l'école. Les profs l'adorent et il a pas mal de copains malgré sa timidité.

Nasopi a écrit:Mon fils est d'un caractère très réservé lui aussi mais, à 18 de moyenne générale, on ne lui a jamais refusé les félicitations pour ça (bon, au lycée, les félicitations n'existent plus, apparemment) ; je n'ai jamais eu l'impression non plus qu'il était mal à l'aise à l'école. Les profs l'adorent et il a pas mal de copains malgré sa timidité.

Les félicitations existent toujours. En revanche, on a failli ne pas en mettre à une élève brillante tout ça parce qu'elle ne parlait pas.

linkus a écrit:Les félicitations existent toujours. En revanche, on a failli ne pas en mettre à une élève brillante tout ça parce qu'elle ne parlait pas.

Je confirme, elles existent toujours (bien que je n'ai pas souvenir que ça existait quand j'étais élève, peut-être parce que je n'en ai jamais eu ). On a eu une élève qui n'en a pas eu car elle parlait trop (comprendre : bavardage). :lol: 

C'est marrant, je n'avais pas vu ce fil avant de poster sur celui des parents d'enfants handicapés pour dire que des enfants introvertis sans TED eux aussi avaient du mal avec l'école.

Bref.

philann a écrit:Je partage un peu l'avis de Dimka! Cet article va encore dans le sens de "l'école lieu de vie", "l'école lieu de socialisation" etc... QUI N'EST PAS LE PRINCIPAL!! et qui nous fait faire un nombre impressionnant de khônneries en s'arrogeant des compétences qui ne sont pas les nôtres.

Ceci dit, il est vrai, que si certains enfants sont plus en retrait...D'autres peuvent souffrir de cette attente "d'être sociable, extraverti, ouvert". Pour mon malheur en tant que prof de LV...j'aime bien les taiseux...j'aime bien les gens qui réfléchissent avant de parler...

Je souscris à chaque lettre de ce message de Philann.
Et j'ajoute : j'étais une excellente élève discrète, catégorisée "invisible" au primaire, "hautaine" au collège car "ne voulant pas faire profiter la classe" (  :lol: ), "moteur" au lycée, déléguée de promo et major en L1... J'ai fait mon chemin à mon rythme. Mais les profs, et les adultes en général, qui ont voulu me forcer la main à tout prix pour me "sociabiliser" davantage quand je n'étais pas prête et me faire rentrer dans leur moule m'ont fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de tort.

Caspar Goodwood a écrit:Toute la société occidentale est faite pour les extravertis de toute façon alors l'école française n'est pas en reste.

Exactement.
Et puis je pense que, aussi douloureuses que puissent être les années de collège (et parfois de lycée aussi), ça reste tout de même moins grave en ce qui concerne les conséquences sur le long terme que la discrimination réelle qui existe dans le monde professionnel et qui pour le coup, valorise toujours celui qui la ramène le plus au détriment de celui qui reste dans son coin. A l'école, les notes permettent de faire pencher la balance : on peut être introverti mais travailler, et les notes nous récompensent et valorisent le travail accompli ; dans le milieu du travail, les résultats comptent parfois bien peu et c'est souvent celui qui fait le plus d'esbroufe qui s'en sort le mieux.

Je me doute que les félicitations existent toujours, mais apparemment, dans le lycée de mon fils, ils ont renoncé à donner des mentions aux conseils de classe : il n'y a eu ni félicitations, ni encouragements depuis le début de l'année dans sa classe, qui pourtant est apparemment appréciée des professeurs.

C'est la nouvelle mode de découper la société en introvertis et extravertis ? Ca fait des mois qui je n'entends parler que de ça, comme s'il n'y avait rien d'autre au milieu...

Sans doute à cause du livre Quiet, succès de librairie aux USA et largement commenté dans la presse. Il est clair qu'il y a des nuances et des gradations, que nous sommes différents selon les circonstances et notre humeur du moment, mais la division en deux catégories peut-être le point de départ d'une réflexion, cf ce fil.

Caspar Goodwood a écrit:Tu parles d'or! Les deux profils ont des qualités et des capacités complémentaires et imaginons un monde où il y aurait uniquement des extravertis, ce serait un peu fatigant non?

Ce monde existe.
Il est sur NRJ12.
Ils sont très fatigants.

Spoiler:

...  

MrBrightside a écrit:C'est la nouvelle mode de découper la société en introvertis et extravertis ? Ca fait des mois qui je n'entends parler que de ça, comme s'il n'y avait rien d'autre au milieu...

des invertis?

re....   

leyade a écrit:

Caspar Goodwood a écrit:Tu parles d'or! Les deux profils ont des qualités et des capacités complémentaires et imaginons un monde où il y aurait uniquement des extravertis, ce serait un peu fatigant non?

Ce monde existe.
Il est sur NRJ12.
Ils sont très fatigants.

Spoiler:

...  

et à l'inverse, un monde d'introvertis.

Spoiler:

 

Leyade: un monde d'invertis, au moins, c'est gai !

Moi ça me conviendrait très bien, mais je suis introverti moi-même.

Que vous êtes bêtes !     

Y a quand même un truc qui me chiffonne: depuis quand extraverti = grande gueule qui fait de l’esbroufe ou n'a aucun contrôle sur sa prise de parole ? Parce que c'est un peu se qui semble se répéter sur ce fil...   

Disons que le monde appartient plutôt aux extravertis, que le vie en entreprise les favorise, ça ne veut pas dire que les extravertis sont tous des narcisses ivres de leur propre verbiage.   

MrBrightside a écrit:Y a quand même un truc qui me chiffonne: depuis quand extraverti = grande gueule qui fait de l’esbroufe ou n'a aucun contrôle sur sa prise de parole ? Parce que c'est un peu se qui semble se répéter sur ce fil...   

Il y a différents degrés, tu as raison
Je regrette qu'on valorise à tout prix le fait d'être extraverti et jamais celui d'être mesuré, de savoir se mettre en retrait, ne pas s' imposer... bref du savoir - vivre qui manque parfois (souvent ? ) à nos élèves.

J'étais extrêmement introvertie au collège et au lycée, et c'est vrai que ça ne me réussissait pas. M'enfin notez que je m'y serais sentie parfaitement bien si seulement on avait bien voulu supprimer la récréation, ce lieu néfaste d'interaction avec les autres enfants.

Ma prof de français de première m'a un jour humiliée devant toute la classe (enfin, toute la classe s'en fichait sans doute, mais moi je me suis sentie humiliée) en me balançant que "la timidité, en réalité, c'est de l'orgueil". Je ne sais pas ce qui lui a pris, sans doute voulait-elle m'aider à démolir un peu plus les bribes de confiance en moi que je tentais péniblement de mobiliser chaque matin, et à avoir encore un peu moins d'amis...

Mais, bon, comme l'a dit Caspar plus haut, la question se pose bien moins à l'école que dans la société en général.

J'ai souvent défendu des élèves timides en conseil de classe parce qu'ils étaient considérés comme "hautains" et j'ajoute toujours "je connais bien ce problème", ce qui fait sourire l'assistance en général.

Décidément, ce topic devient trop complexe pour moi, je vais lire de loin  :lol:

(je pense quand même être plutôt extraverti et pourtant je suis d'un timidité qui peut même être maladive dans certains contextes   )

C'est quand même dingue de ne pas arriver à faire la différence entre timide et hautain. Nous avons une gamine en quatrième qui est d'une timidité incroyable, on ne l'entend jamais s'exprimer si ce n'est d'une toute petite voix, et encore, rarement ; elle a plus de dix-huit dans toutes les matières (sauf en EPS  :lol: ) et ça ne viendrait à l'idée de personne de lui ôter les félicitations. A l'inverse, il y en a une autre, dans la même classe, très bonne élève aussi mais qui ne se gêne pas pour pousser des "pfff" méprisants quand quelque chose ne trouve pas grâce à ses yeux... et elle n'a rien de timide...

Mr Brightside, j'ai réussi à travailler sur moi suffisamment pour être à l'aise en société ou au travail, et prendre la parole en public, que ce soit en classe ou devant un public de chercheurs, ne me pose pas de problèmes. J'ai encore deux bêtes noires qui me font défaillir : téléphoner à des inconnus et me rendre à une soirée où je ne connais quasiment personne. On est rarement monolithique, je pense...

Sphinx a écrit:téléphoner à des inconnus et me rendre à une soirée où je ne connais quasiment personne

     

Dwarf a écrit:Disons que les gamins discrets inquiètent ou passent inaperçus, c'est selon. Tout est question de savoir s'ils sont en souffrance ou pas. Les yeux en disent long, en général.

C'est beau   

Les profs qui me reprochaient de participer trop rarement étaient en général ceux qui n'arrivaient pas à faire sortir la classe d'une profonde léthargie et qui comptaient sur les bons élèves pour les aider...

Sphinx a écrit:

Ma prof de français de première m'a un jour humiliée devant toute la classe (enfin, toute la classe s'en fichait sans doute, mais moi je me suis sentie humiliée) en me balançant que "la timidité, en réalité, c'est de l'orgueil". Je ne sais pas ce qui lui a pris, sans doute voulait-elle m'aider à démolir un peu plus les bribes de confiance en moi que je tentais péniblement de mobiliser chaque matin, et à avoir encore un peu moins d'amis...

Mais quelle  :censure: !

Ça me rappelle quelque chose que j'aurais pu mettre dans les joies du jour, avant les vacances. Ma petite timide de 6e commence à répondre quand je lui pose une question. Bon, elle n'en est pas encore à lever la main, faut pas exagérer. Mais elle répond, de temps en temps. Elle revient de loin. Le premier jour de l'année, alors que je présentais les règles (en fronçant les sourcils), dont les interdictions de changer de place sans autorisation et de me casser les pieds à ce sujet, elle avait pris son courage à deux mains au moins pour venir me voir, les larmes au bord des yeux, parce qu'il fallait vraiment qu'elle change de place (elle avait été placée par le hasard à côté du gros lourd de la classe qui braillait déjà)... Ses camarades l'ont aussi aidée. Comme elle a quasi toujours les meilleures notes, régulièrement, ils l'applaudissent quand elle reçoit encore un 19 ou un 20...   

MrBrightside a écrit:Y a quand même un truc qui me chiffonne: depuis quand extraverti = grande gueule qui fait de l’esbroufe ou n'a aucun contrôle sur sa prise de parole ? Parce que c'est un peu se qui semble se répéter sur ce fil...   

Evidemment qu'être extraverti ne signifie pas automatiquement être vain et sans profondeur... mais je trouve vraiment que dans le milieu professionnel une bonne attitude suffit parfois pour s'en sortir, au détriment du travail. Après il y a évidemment des introvertis qui n'en glandent pas une et des extravertis qui bossent beaucoup... mais on s'en sort toujours mieux si on sait se mettre en avant et qu'on a des facilités pour communiquer avec les autres.

Cette logique, comme les autres, a ses limites. Quand j'ai passé l'agreg, ça ne m'a plus aidé qu'un autre d'être extraverti... notamment quand il fallait se plier aux règles de construction et d'expression à l'oral très "académiques" qui sont loin d'être propices à l'expression d'un caractère réellement extraverti/expansif/théâtral ou whatever.

Y a qu'à voir comment les collègues au-dessus semblent considérer les élèves extravertis: on parle à tout crin d'encourager les introvertis à participer et à les mettre en valeur, leur ménager un espace d'expression; mais je n'ai encore entendu personne parler de l'importance de canaliser les extravertis, leur apprendre à structurer leur pensée souvent spontanés, leur fournir un "retour" dont ils sont souvent en attente (on hurle pas les réponse à travers la classe par plaisir, enfin je ne pense pas), etc...

MrBrightside a écrit:Cette logique, comme les autres, a ses limites. Quand j'ai passé l'agreg, ça ne m'a plus aidé qu'un autre d'être extraverti... notamment quand il fallait se plier aux règles de construction et d'expression à l'oral très "académiques" qui sont loin d'être propices à l'expression d'un caractère réellement extraverti/expansif/théâtral ou whatever.

Y a qu'à voir comment les collègues au-dessus semblent considérer les élèves extravertis: on parle à tout crin d'encourager les introvertis à participer et à les mettre en valeur, leur ménager un espace d'expression; mais je n'ai encore entendu personne parler de l'importance de canaliser les extravertis, leur apprendre à structurer leur pensée souvent spontanés, leur fournir un "retour" dont ils sont souvent en attente (on hurle pas les réponse à travers la classe par plaisir, enfin je ne pense pas), etc...

Là-dessus, on est d'accord, mais je parlais plus spécifiquement du monde du travail et particulièrement des branches comme le développement culturel, la communication, le commerce où pas mal d'étudiants brillants se retrouvent après avoir fini leurs études, et qui sont quand même des milieux où se vendre est plus important que de bien faire son travail.