Le Point - Philippe Meirieu : "La note encourage le laxisme".

Et tu n'as pas l'impression que depuis que l'école n'a plus que ce mot à la bouche ça se dégrade?

Si, mais je n'isole pas ce paramètre, et je fais une différence entre avoir ce mot à la bouche, et rendre le système efficace.

the educator a écrit:

Il aurait mieux valu marteler qu'une note n'est pas un jugement porté sur une personne, mais évalue un travail

Ah, le retour du Travail... Un travail, le travail, du travail??

Ben à propos de champ de bataille majeur, c'est bien celui-là, non?
Tu fais quoi, toi?

the educator a écrit:

Et tu n'as pas l'impression que depuis que l'école n'a plus que ce mot à la bouche ça se dégrade?

Si, mais je n'isole pas ce paramètre, et je fais une différence entre avoir ce mot à la bouche, et rendre le système efficace.

Ben arrêter d'en parler et être efficace, justement.

Olympias a écrit:Meirieu milite pour l'exigence maintenant ??? J'ai du coton devant les yeux ou quoi ??

J'étais justement en train de me dire que jusque là c'tait Meirieu qui encourageait le laxisme

Je suis d'accord ! Les zéros en dictée sont une abomination qui décourage les élèves !

Spoiler:

Ben arrêter d'en parler et être efficace, justement.

tu y vois une relation de cause à effet? Moi je reste persuadé qu'on a beau en parler, on y est pas du tout. Et que trop souvent, dans les reformes des uns, ou les réactions des autres, on oublie le vivre ensemble (j'aime bien parler d'intelligence sociale).

Sphinx a écrit:Je suis d'accord ! Les zéros en dictée sont une abomination qui décourage les élèves !

Spoiler:

Mon prof de français de 4ème et 3ème faisait çà!  

Et pourquoi pas des notes sur 40 ?

doctor who a écrit:Et pourquoi pas des notes sur 40 ?

Meirieu a prévu dans ce cas une multiplication du laxisme par deux.   

Sphinx a écrit:Je suis d'accord ! Les zéros en dictée sont une abomination qui décourage les élèves !

Spoiler:

Ah, mais, c'est ce que je faisais! zéro pour la note, mais aussi le décompte réel : celui qui passait de -20 à -5 avait fait de gros progrès, encore autant, et il avait 10

C'est vrai que je me borne à mettre zéro puisque rien de plus bas ne peut entrer sur Pronotes. Maintenant, si je commence à mettre à côté la "vraie" note, je m'interroge :
- vont-ils y jeter seulement un coup d'oeil, puisque seule la note compte à leurs yeux ?
- ne vais-je pas avoir des ennuis avec les parents pour tentative délibérée de traumatisme ? (peut-être que si je l'écris en rose avec une image de chaton...)

C'est vrai que j'ai été drôlement contente, le jour où j'ai eu un zéro en thème grec qui valait zéro, et non plus moins quinze ou vingt

Pour revenir au titre, je dirais : l'absence de note encourage le laxisme et la dévalorisation des efforts. Mais il est vrai que c'est la pédagogie de l'enfant-roi (que défend ce principe), qui ne doit pas connaître de frustrations et doit vivre dans l'auto-satisfaction perpétuelle.
Pour les dictées j'expérimente un système cette année qui semble avoir un certain succès. Ils font 4 dictées dans le trimestre et je prends la meilleure note. Je varie le niveau de difficulté de façon à ce que les plus faibles n'aient pas forcément 00. Les plus faibles se prennent au jeu et certains ont fait des progrès assez spectaculaires. Il n'y a plus qu'une note de dictée dans la moyenne trimestrielle, ce qui limite un peu les effets. Je compense aussi par d'autres exercices d'orthographe à trous où ils peuvent s'en sortir plus facilement, des exercices de réécriture etc...

Sphinx a écrit:C'est vrai que je me borne à mettre zéro puisque rien de plus bas ne peut entrer sur Pronotes. Maintenant, si je commence à mettre à côté la "vraie" note, je m'interroge :
- vont-ils y jeter seulement un coup d'oeil, puisque seule la note compte à leurs yeux ?
- ne vais-je pas avoir des ennuis avec les parents pour tentative délibérée de traumatisme ? (peut-être que si je l'écris en rose avec une image de chaton...)

C'est vrai que j'ai été drôlement contente, le jour où j'ai eu un zéro en thème grec qui valait zéro, et non plus moins quinze ou vingt  

Il m'a fallu presque deux ans pour avoir 0 en thème latin en khâgne ! Mon père a bu du champ avec moi tant il m'a vu heureux !

Sphinx

MUTIS On peut aussi demander à Pronotes de coefficienter fort la meilleure note et de coefficienter 0 la plus mauvaise. Mais il faut une sous-matière spécifique.

Il m'a fallu presque deux ans pour avoir 0 en thème latin en khâgne !

Moi aussi, mais j’étais assez adulte, et étudiant, pour avoir compris comment marchait l'évaluation.

the educator a écrit:

Il m'a fallu presque deux ans pour avoir 0 en thème latin en khâgne !

Moi aussi, mais j’étais assez adulte, et étudiant, pour avoir compris comment marchait l'évaluation.

La remarque est tout à fait valable. Il importe toutefois qu'on n'habitue pas un élève à écrire n'importe comment en l'excusant par avance au prétexte qu'il y a des idées dans ce qu'il écrit. Des idées, tout le monde en a.

Je le prenais beaucoup plus mal en khâgne qu'avant. En khâgne je jouais mon avenir. Les souvenirs douloureux que j'ai conservés concernant l'évaluation sont des souvenirs d'hypokhâgne et khâgne et de la préparation à l'agrégation.
Je ne comprends toujours pas comment dans ce monde où tout le monde se permet d'émettre des jugements souvent ignobles (sur le net et à la télévision notamment) on peut considérer qu'une mauvaise note en dictée est l'expression d'une cruauté infinie.

Et la plupart ne méritent pas d'être communiquées. Mais je suis d'accord avec toi, par contre pour moi, ça n'a rien à voir avec la notation. C'est parce que la note a cette importance étrange que l'on se pose ce genre de question, alors que dans les faits, être exigeant, ça peut tout à fait se découpler de la notation (moi j'irai même jusqu'à dire du travail, mais ici c'est un peu par provocation)

Je ne comprends toujours pas comment dans ce monde où tout le monde se permet d'émettre des jugements souvent ignobles (sur le net et à la télévision notamment) on peut considérer qu'une mauvaise note en dictée est l'expression d'une cruauté infinie.

Mais il n'est pas question de cruauté je crois.

the educator a écrit:

Je ne comprends toujours pas comment dans ce monde où tout le monde se permet d'émettre des jugements souvent ignobles (sur le net et à la télévision notamment) on peut considérer qu'une mauvaise note en dictée est l'expression d'une cruauté infinie.

Mais il n'est pas question de cruauté je crois.

Très franchement, à voir la réaction de certains élèves (plutôt au lycée et dans le supérieur, au collège beaucoup étaient indifférents), c'est un peu le sentiment que j'en retire.
Pour le travail, je suis d'accord avec toi. On peut fournir un travail important sans parvenir à un résultat satisfaisant, et on peut aussi bien réussir sans se fouler (c'est moins vrai en lettres, parce qu'il faut bien lire les oeuvres, mais j'ai tout de même connu des gens qui lisaient le résumé et s'en sortaient parfois très correctement).
Par contre, on peut concilier exigence et encouragement en appliquant la stratégie de 'création d'élèves moyens', en d'autres termes en variant les évaluations, de manière à donner une chance aux besogneux et de mettre en défaut les élèves ayant des facilités. C'est un conseil que l'on m'avait donné en IUFM, (le seul dont je me souviens   ), et je le trouve très pertinent.
Question bête, ce n'est pas Meirieu qui était à l'origine des TPE?

Si.

Je le fais aussi, en marquant par exemple "points fautes: 25; note: 0"

Oh, mais il n'en est pas à un retournement de veste près...
C'est l'Arturo Barchetti de la pédagogogie.

Oh, mais il n'en est pas à un retournement de veste près...

En quoi c'est un retournement?

the educator a écrit:

Oh, mais il n'en est pas à un retournement de veste près...

En quoi c'est un retournement?

Le mot "exigence", dans sa bouche, est assez savoureux : il appartenait à l'école à "l'ancienne" pour Meirieu et ses disciples à leurs débuts.
L'application de ses idées par des hordes de fans a surtout conduit à l'abandon de toute exigence scolaire, supposée coupable des mauvais résultats des élèves.
Et maintenant, il vient nous reprocher de ne pas être exigeants.

Je trouve cet homme obscène.

Igniatius a écrit:

the educator a écrit:

Oh, mais il n'en est pas à un retournement de veste près...

En quoi c'est un retournement?

Le mot "exigence", dans sa bouche, est assez savoureux : il appartenait à l'école à "l'ancienne" pour Meirieu et ses disciples à leurs débuts.
L'application de ses idées par des hordes de fans a surtout conduit à l'abandon de toute exigence scolaire, supposée coupable des mauvais résultats des élèves.
Et maintenant, il vient nous reprocher de ne pas être exigeants.

Je trouve cet homme obscène.

Voilà.
Exemple le plus connu : «Il y a quinze ans, par exemple, je pensais que les élèves défavorisés devaient apprendre à lire dans les modes d’emploi d’appareil électroménagers plutôt que dans des textes littéraires. Parce que j’estimais que c’était plus proche d’eux. Je me suis trompé.»
Merci de reconnaître l'erreur. Mais que de dégâts en 15 ans.
Et avant d'énoncer tout ce qu'il lui passe par la tête, il ne pourrait pas juste réfléchir ? Ça lui éviterait de devoir se dédire ensuite, et ça nous éviterait quelques orientations délirantes.

Le mot "exigence", dans sa bouche, est assez savoureux

Ma question portait sur les TPE.