- Roumégueur IerÉrudit
J'évoquais justement le sujet avec des collègues : on fait croire aux élèves que la grammaire, finalement, ce n'est pas essentiel, d'ailleurs il faut toujours la lier à l'analyse de texte, alors que dans la réalité des concours les plus exigeants elle est essentielle.
C'est un véritable facteur d'exclusion sociale (puisqu'elle fermera la porte de certains métiers à des élèves qui font trop d'erreurs), c'est une absurdité ne pas se montrer intransigeants avec la maîtrise de sa langue maternelle.
Extrait :
"Autour de moi, pas un ado n’écrit français correctement. Des jeunes en filière littéraire, lycéens parisiens et bourgeois, font des fautes partout. Ils mettent un « s » à la fin de « bonjour » et du pluriel nulle part ailleurs.
Un mardi, j’en parle en conférence de rédaction à Rue89, catastrophée et nostalgique. J’écope d’un article qui n’est pas de mon âge. Pour confirmer mon intuition, j’appelle d’abord Catherine Euvrard, chasseuse de (grosses) têtes et grande gueule. Elle côtoie tous les jours des profils école de commerce et des cadres supérieurs :
« Je ne reçois plus un e-mail de candidat sans faute, commence-t-elle. Quand c’est le cas, je m’étonne et comme par hasard, le candidat a fait Sciences-Po ou l’ENA. Seule la crème de la crème écrit encore bien français.
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
C'est un véritable facteur d'exclusion sociale (puisqu'elle fermera la porte de certains métiers à des élèves qui font trop d'erreurs), c'est une absurdité ne pas se montrer intransigeants avec la maîtrise de sa langue maternelle.
Extrait :
"Autour de moi, pas un ado n’écrit français correctement. Des jeunes en filière littéraire, lycéens parisiens et bourgeois, font des fautes partout. Ils mettent un « s » à la fin de « bonjour » et du pluriel nulle part ailleurs.
Un mardi, j’en parle en conférence de rédaction à Rue89, catastrophée et nostalgique. J’écope d’un article qui n’est pas de mon âge. Pour confirmer mon intuition, j’appelle d’abord Catherine Euvrard, chasseuse de (grosses) têtes et grande gueule. Elle côtoie tous les jours des profils école de commerce et des cadres supérieurs :
« Je ne reçois plus un e-mail de candidat sans faute, commence-t-elle. Quand c’est le cas, je m’étonne et comme par hasard, le candidat a fait Sciences-Po ou l’ENA. Seule la crème de la crème écrit encore bien français.
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
- wanaxFidèle du forum
Ce n'est pas grave, l'outil numérique, les fichiers professeur, les flashcodes et la réalité augmentée remédieront à cela.
Il faut se tourner vers l'avenir, sinon on l'aura dans le dos.
Il faut se tourner vers l'avenir, sinon on l'aura dans le dos.
- Roumégueur IerÉrudit
wanax a écrit:Ce n'est pas grave, l'outil numérique, les fichiers professeur, les flashcodes et la réalité augmentée remédieront à cela.
Il faut se tourner vers l'avenir, sinon on l'aura dans le dos.
Yes, le fameux tsunami numérique : chez nous, vu le réseau, les vieux ordinateurs et les plantages récurrents, je parlerais plus volontiers de clapotis numérique ou de vaguelettes.
D'ailleurs, un élève m'a reproché d'avoir corrigé un 'a' sur sa copie alors que le traitement de texte ne le soulignait pas, évidemment, le logiciel ne distingue pas l'usage du verbe avoir et de la préposition 'à' : tant qu'il y aura des professeurs...
- Presse-puréeGrand sage
Article intéressant car on y lit les réactions d'intervenants très différents, merci.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- BriséisNiveau 1
Roumégueur Ier a écrit:
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
Pas de quoi paniquer, l "ancienne generation" partira à la retraite et le problème sera résolu de lui même, puisqu il n y aura plus de problème.
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Eurêka, enfin presque
- Luigi_BGrand Maître
Le titre de l'article a changé.
De fait c'était très intéressant de demander aux élèves comment ils jugeaient d'une manière générale l'enseignement de l'orthographe qu'ils avaient reçu.
De fait c'était très intéressant de demander aux élèves comment ils jugeaient d'une manière générale l'enseignement de l'orthographe qu'ils avaient reçu.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Roumégueur IerÉrudit
Briséis a écrit:Roumégueur Ier a écrit:
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
Pas de quoi paniquer, l "ancienne generation" partira à la retraite et le problème sera résolu de lui même, puisqu il n y aura plus de problème.
Pisa n'a pas tort en soulignant que nous accroissons les inégalités : le système en place conforte qu'une élite 'orthographique', favorisée, sera seule capable d'accrocher des postes à responsabilité, bloquant de fait le fameux 'ascenseur social', et nous, on est des témoins privilégiés de ce scandale.
- DinosauraHabitué du forum
J'ai dû rencontrer un conseiller dyslexie diligenté par l'EN et le département (un des plus défavorisés de France, cherchez bien) pour un élève dys que j'ai dans ma classe. Il s'agit donc de ne plus prendre en compte l'orthographe et la grammaire (et pas que pour les élèves dys) mais de se concentrer sur les contenus, l'un des arguments évoqués étant qu'à la fac ils auront des logiciels de rédaction etc...
Inutile de dire que je bouillais intérieurement et que je suis scandalisée par ce genre de propos.
Inutile de dire que je bouillais intérieurement et que je suis scandalisée par ce genre de propos.
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- Luigi_BGrand Maître
Étape suivante, Dinosaura : bouillir extérieurement !
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- adelaideaugustaFidèle du forum
L'illettrisme des cadres, un phénomène méconnu et tabou
LE MONDE | 16.02.2013 à 10h37 • Mis à jour le 18.02.2013 à 14h53Par Shahzad Abdul
Comme 2,5 millions de Français, des cadres sont en situation d'illettrisme dans l'entreprise. Le phénomène, impossible à quantifier, échappe à tous les dispositifs prévus en matière de lutte et de détection. Les responsabilités qu'ils occupent en font des illettrés à la marge de la marge.
Lorsqu'il pénètre dans la salle des marchés de sa banque, située sur l'esplanade de la Défense (Hauts-de-Seine), il entre dans son monde, "celui des chiffres". Costume et cravate noirs ajustés, Mickaël, 32 ans, cultive un look à la Jérôme Kerviel, son confrère trader. Bien qu'il occupe ce poste prestigieux, aussi rentable qu'impopulaire, ce grand brun est illettré. Et ce malgré des études à l'Inseec, une école de commerce parisienne, durant lesquelles il n'a "quasiment jamais écrit".
Le cas de cet as des équations mathématiques est bien connu des chercheurs spécialisés : il s'agit d'un "illettrisme de retour". A force de ne pas utiliser l'écriture, Mickaël en a perdu l'usage. "Dans mon quotidien, ça me sert rarement, reconnaît-il. Mais quand j'ai dû écrire ma première synthèse, j'ai bloqué. Je n'y arrivais plus. J'avais tellement honte de le dire..."
MÉTHODES DE "CONTOURNEMENT"
Alors le trader a mis en place des méthodes de "contournement". Dans son milieu professionnel, son meilleur ami et collègue est le seul dans la confidence : "Il écrit mes rapports quotidiens, m'explique les nouvelles procédures." Et l'avenir le préoccupe : son ami quitte la banque en mars. "Soit j'en parle à un autre collègue, soit je le suis dans sa nouvelle boîte", souffle-t-il, un oeil sur la tour où il travaille.
Selon une enquête de l'Insee, publiée en décembre 2012, 7 % de la populationactive ne maîtrise pas suffisamment l'écriture et la lecture pour se faire comprendre ou pour assimiler un texte, malgré une scolarisation en France pendant au moins cinq ans. Près de sept illettrés sur dix travaillent.
Que les employés les moins qualifiés puissent être touchés n'est pas une surprise. Mais ces chiffres déjà préoccupants recèlent un tabou : certains de ces travailleurs occupent, au contraire, des postes à hautes responsabilités. Comment exercent-ils, alors que l'illettrisme constitue un obstacle évident à l'accès aux responsabilités ? Surtout, comment ces cadres, ces traders, ces managers, sont-ils passés entre les mailles du filet ?
LE MONDE | 16.02.2013 à 10h37 • Mis à jour le 18.02.2013 à 14h53Par Shahzad Abdul
Comme 2,5 millions de Français, des cadres sont en situation d'illettrisme dans l'entreprise. Le phénomène, impossible à quantifier, échappe à tous les dispositifs prévus en matière de lutte et de détection. Les responsabilités qu'ils occupent en font des illettrés à la marge de la marge.
Lorsqu'il pénètre dans la salle des marchés de sa banque, située sur l'esplanade de la Défense (Hauts-de-Seine), il entre dans son monde, "celui des chiffres". Costume et cravate noirs ajustés, Mickaël, 32 ans, cultive un look à la Jérôme Kerviel, son confrère trader. Bien qu'il occupe ce poste prestigieux, aussi rentable qu'impopulaire, ce grand brun est illettré. Et ce malgré des études à l'Inseec, une école de commerce parisienne, durant lesquelles il n'a "quasiment jamais écrit".
Le cas de cet as des équations mathématiques est bien connu des chercheurs spécialisés : il s'agit d'un "illettrisme de retour". A force de ne pas utiliser l'écriture, Mickaël en a perdu l'usage. "Dans mon quotidien, ça me sert rarement, reconnaît-il. Mais quand j'ai dû écrire ma première synthèse, j'ai bloqué. Je n'y arrivais plus. J'avais tellement honte de le dire..."
MÉTHODES DE "CONTOURNEMENT"
Alors le trader a mis en place des méthodes de "contournement". Dans son milieu professionnel, son meilleur ami et collègue est le seul dans la confidence : "Il écrit mes rapports quotidiens, m'explique les nouvelles procédures." Et l'avenir le préoccupe : son ami quitte la banque en mars. "Soit j'en parle à un autre collègue, soit je le suis dans sa nouvelle boîte", souffle-t-il, un oeil sur la tour où il travaille.
Selon une enquête de l'Insee, publiée en décembre 2012, 7 % de la populationactive ne maîtrise pas suffisamment l'écriture et la lecture pour se faire comprendre ou pour assimiler un texte, malgré une scolarisation en France pendant au moins cinq ans. Près de sept illettrés sur dix travaillent.
Que les employés les moins qualifiés puissent être touchés n'est pas une surprise. Mais ces chiffres déjà préoccupants recèlent un tabou : certains de ces travailleurs occupent, au contraire, des postes à hautes responsabilités. Comment exercent-ils, alors que l'illettrisme constitue un obstacle évident à l'accès aux responsabilités ? Surtout, comment ces cadres, ces traders, ces managers, sont-ils passés entre les mailles du filet ?
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"Instruire une nation, c'est la civiliser.Y éteindre les connaissances, c'est la ramener à l'état primitif de la barbarie." (Diderot)
"Un mensonge peut faire le tour du monde pendant que la vérité se met en route". (Mark Twain)
"Quand les mots perdent leur sens, les hommes perdent leur liberté".(Confucius)
- Roumégueur IerÉrudit
Dinosaura a écrit:J'ai dû rencontrer un conseiller dyslexie diligenté par l'EN et le département (un des plus défavorisés de France, cherchez bien) pour un élève dys que j'ai dans ma classe. Il s'agit donc de ne plus prendre en compte l'orthographe et la grammaire (et pas que pour les élèves dys) mais de se concentrer sur les contenus, l'un des arguments évoqués étant qu'à la fac ils auront des logiciels de rédaction etc...
Inutile de dire que je bouillais intérieurement et que je suis scandalisée par ce genre de propos.
Et la réalité crue des concours d'entrée : j'ai déjà corrigé des copies très bonnes sur le fond mais déplorables sur la maîtrise de la langue d'élèves manifestement dyslexiques. Pas de miracle, puisque les aménagements n'existent pas dans ces cas la note a été catastrophique vu le barème imposé...
- Luigi_BGrand Maître
A voir à ce sujet : http://www.laviemoderne.net/mirabilia/12-un-manque-de-correctionDinosaura a écrit:J'ai dû rencontrer un conseiller dyslexie diligenté par l'EN et le département (un des plus défavorisés de France, cherchez bien) pour un élève dys que j'ai dans ma classe. Il s'agit donc de ne plus prendre en compte l'orthographe et la grammaire (et pas que pour les élèves dys) mais de se concentrer sur les contenus, l'un des arguments évoqués étant qu'à la fac ils auront des logiciels de rédaction etc...
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- adelaideaugustaFidèle du forum
Roumégueur Ier a écrit:Dinosaura a écrit:J'ai dû rencontrer un conseiller dyslexie diligenté par l'EN et le département (un des plus défavorisés de France, cherchez bien) pour un élève dys que j'ai dans ma classe. Il s'agit donc de ne plus prendre en compte l'orthographe et la grammaire (et pas que pour les élèves dys) mais de se concentrer sur les contenus, l'un des arguments évoqués étant qu'à la fac ils auront des logiciels de rédaction etc...
Inutile de dire que je bouillais intérieurement et que je suis scandalisée par ce genre de propos.
Et la réalité crue des concours d'entrée : j'ai déjà corrigé des copies très bonnes sur le fond mais déplorables sur la maîtrise de la langue d'élèves manifestement dyslexiques. Pas de miracle, puisque les aménagements n'existent pas dans ces cas la note a été catastrophique vu le barème imposé...
Eh, oui, et il y en aura de plus en plus, étant donné que les mauvaises méthodes d'apprentissage sont de plus en plus utilisées, éditées.
Une toute nouvelle, Litournelle, éditée par Bordas, honte à ce grand éditeur, est une pure abomination.
(Bien entendu, il s'agit de faux dyslexiques.)
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- DinosauraHabitué du forum
Oui, même ma meilleure élève de 3e a une orthographe défaillante (il est vrai que je suis tatillonne en la matière), pourtant ses capacités d'analyse sont très bonnes. Mais cela me peine car je pense que cela lui jouera des tours par la suite, quand bien même elle serait capable de prétendre à des bons lycées de centre-ville. Le fossé est déjà creusé en fait... Terrible stigmate indélébile.
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- Le grincheuxSage
Et le conjuger à l'imparfait du subjonctif (comme le verbe traire d'ailleurs) :diable:Luigi_B a écrit:Étape suivante, Dinosaura : bouillir extérieurement !
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Le carnet du Grincheux, Chroniques de misanthropie ordinaire
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Ma vie, mon œuvre
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- yogiSage
Roumégueur Ier a écrit:Briséis a écrit:Roumégueur Ier a écrit:
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
Pas de quoi paniquer, l "ancienne generation" partira à la retraite et le problème sera résolu de lui même, puisqu il n y aura plus de problème.
Pisa n'a pas tort en soulignant que nous accroissons les inégalités : le système en place conforte qu'une élite 'orthographique', favorisée, sera seule capable d'accrocher des postes à responsabilité, bloquant de fait le fameux 'ascenseur social', et nous, on est des témoins privilégiés de ce scandale.
Témoins et acteurs
Sinon je plussoie.
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- Le grincheuxSage
Mouaips, non, pas d'accord. J'ai vu pas mal de cadres, de chercheurs... Ceux qui sont réellement bons ont une orthographe correcte (je ne dis pas irréprochable, mais correcte). Un type qui ne sait ni lire ni écrire ne peut être un as des équations, tout au plus un type qui appuie sur un bouton pour lancer un programme et qui se contrefiche de savoir comment le bazar fonctionne. Un responsable ne peut pas oublier la lecture ou l'écriture parce qu'il y est confronté tous les jours.adelaideaugusta a écrit:L'illettrisme des cadres, un phénomène méconnu et tabou
LE MONDE | 16.02.2013 à 10h37 • Mis à jour le 18.02.2013 à 14h53Par Shahzad Abdul
Comme 2,5 millions de Français, des cadres sont en situation d'illettrisme dans l'entreprise. Le phénomène, impossible à quantifier, échappe à tous les dispositifs prévus en matière de lutte et de détection. Les responsabilités qu'ils occupent en font des illettrés à la marge de la marge.
Lorsqu'il pénètre dans la salle des marchés de sa banque, située sur l'esplanade de la Défense (Hauts-de-Seine), il entre dans son monde, "celui des chiffres". Costume et cravate noirs ajustés, Mickaël, 32 ans, cultive un look à la Jérôme Kerviel, son confrère trader. Bien qu'il occupe ce poste prestigieux, aussi rentable qu'impopulaire, ce grand brun est illettré. Et ce malgré des études à l'Inseec, une école de commerce parisienne, durant lesquelles il n'a "quasiment jamais écrit".
Le cas de cet as des équations mathématiques est bien connu des chercheurs spécialisés : il s'agit d'un "illettrisme de retour". A force de ne pas utiliser l'écriture, Mickaël en a perdu l'usage. "Dans mon quotidien, ça me sert rarement, reconnaît-il. Mais quand j'ai dû écrire ma première synthèse, j'ai bloqué. Je n'y arrivais plus. J'avais tellement honte de le dire..."
Par ailleurs, cela signifie aussi que le responsable en question n'ouvre jamais de livre, de journal ou de magazine (même pas le WS journal, ce qui dans son cas est une faute professionnelle).
Le problème est surtout que les jeunes cadres, typiquement en dessous de 30 ans n'ont jamais appris à écrire. Je vois actuellement passer des rapports affolants, rédigés par des types qui ont la trentaine, c'est tout simplement incompréhensible. Et ces gens savent parfaitement lire.
MÉTHODES DE "CONTOURNEMENT"
Alors le trader a mis en place des méthodes de "contournement". Dans son milieu professionnel, son meilleur ami et collègue est le seul dans la confidence : "Il écrit mes rapports quotidiens, m'explique les nouvelles procédures." Et l'avenir le préoccupe : son ami quitte la banque en mars. "Soit j'en parle à un autre collègue, soit je le suis dans sa nouvelle boîte", souffle-t-il, un oeil sur la tour où il travaille.
Selon une enquête de l'Insee, publiée en décembre 2012, 7 % de la populationactive ne maîtrise pas suffisamment l'écriture et la lecture pour se faire comprendre ou pour assimiler un texte, malgré une scolarisation en France pendant au moins cinq ans. Près de sept illettrés sur dix travaillent.
Que les employés les moins qualifiés puissent être touchés n'est pas une surprise. Mais ces chiffres déjà préoccupants recèlent un tabou : certains de ces travailleurs occupent, au contraire, des postes à hautes responsabilités. Comment exercent-ils, alors que l'illettrisme constitue un obstacle évident à l'accès aux responsabilités ? Surtout, comment ces cadres, ces traders, ces managers, sont-ils passés entre les mailles du filet ?
Quant aux 7%, j'aimerais bien les voir ventilés par classe d'âge. Ce serait à mon avis très intéressant.
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- SeiferÉrudit
Roumégueur Ier a écrit:J'évoquais justement le sujet avec des collègues : on fait croire aux élèves que la grammaire, finalement, ce n'est pas essentiel, d'ailleurs il faut toujours la lier à l'analyse de texte, alors que dans la réalité des concours les plus exigeants elle est essentielle.
C'est un véritable facteur d'exclusion sociale (puisqu'elle fermera la porte de certains métiers à des élèves qui font trop d'erreurs), c'est une absurdité ne pas se montrer intransigeants avec la maîtrise de sa langue maternelle.
Extrait :
"Autour de moi, pas un ado n’écrit français correctement. Des jeunes en filière littéraire, lycéens parisiens et bourgeois, font des fautes partout. Ils mettent un « s » à la fin de « bonjour » et du pluriel nulle part ailleurs.
Un mardi, j’en parle en conférence de rédaction à Rue89, catastrophée et nostalgique. J’écope d’un article qui n’est pas de mon âge. Pour confirmer mon intuition, j’appelle d’abord Catherine Euvrard, chasseuse de (grosses) têtes et grande gueule. Elle côtoie tous les jours des profils école de commerce et des cadres supérieurs :
« Je ne reçois plus un e-mail de candidat sans faute, commence-t-elle. Quand c’est le cas, je m’étonne et comme par hasard, le candidat a fait Sciences-Po ou l’ENA. Seule la crème de la crème écrit encore bien français.
Le problème, c’est que du côté des recruteurs, de l’ancienne génération, les consignes de dirigeants sont claires : c’est rédhibitoire, ils ne supportent pas les fautes. »"
Lien : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/28/france-est-nulle-orthographe-resistance-sorganise-251057
Ce constat biaisé est assez drôle.
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