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- CincinnataHabitué du forum
c'est terrifiant, je n'ose même pas imaginer sa peur si elle remet un jour le pied dans une classe, il y a de quoi être traumatisée à vie.
- User4312Niveau 10
Honnêtement, je trouve ça dégoûtant. Ce n'est pas un jeune qui s'est emporté, ça a été longuement réfléchi et planifié avant, par deux jeunes. Et du sursis pour ça ?
- MalagaModérateur
Ce qui est arrivé à notre collègue est terrible. Quand on pense que l'auteur de la vidéo du chat qui est jeté contre un mur a pris un an de prison ferme, la peine semble trop légère en comparaison (même si l'âge des coupables diffère et sans doute également leurs antécédents).
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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
- Milady de WinterNiveau 5
Collège sans histoires, qu'ils disent.
Voici ce que dit le Principal du collège devant une commission du Sénat (http://www.senat.fr/rap/r95-343/r95-3436.html) :
"Mme Marie-Danielle PIERRELEE, principal du collège Garcia Lorca à Saint-Denis.- Principal du collège Garcia-Lorca à Saint-Denis, je vais vous parler de cet établissement, et d'une autre expérience de l'auto-école, une petite structure scolaire qui se propose de réinsérer des jeunes qui ont affaire avec la justice, qui ont eu des pratiques délinquantes et qui essaient de rompre avec.
Dans mon collège, sur 650 élèves environ une cinquantaine se situe dans l'hostilité aux institutions d'une façon générale, et dans des pratiques déviantes.
On ne peut pas dire qu'ils aient un modèle uniforme. Je les diviserai en trois catégories.
D'abord une minorité, moins de 10, tous des garçons, les plus âgés, sont en position de pouvoir de façon très étonnante et forte, par rapport aux autres élèves et aux adultes dans certains cas. Ils font la loi, ou du moins ils essaient de la faire aussi souvent que possible.
Je les qualifierai de délinquants, mais ils ne se « mouillent » pas eux-mêmes, ils utilisent très souvent d'autres élèves pour commettre leurs mauvais coups, régler leurs comptes contre un professeur, racketter de plus jeunes, pour essayer d'extorquer les devoirs aux bonnes élèves, généralement les filles.
Ils sont tout à fait invulnérables, ils ont peu à voir avec la police et le juge des enfants. Ils ne sont pas l'objet de signalement de ma part, parce que je ne les prends jamais sur le fait.
Deuxième catégorie, des jeunes qui vivent dans la cité.
Ils sont une partie de leur temps dans le collège, sous la protection de l'institution scolaire, mais la plupart de leur temps ils le passent dans la cité, et, là, les règles du jeu sont fondamentalement différentes.
La vie est particulièrement difficile pour les élèves qui n'ont pas de grand frère, car c'est de lui qu'on tient sa protection dans la cité. Sinon on est plus facilement que les autres soumis à des menaces ou des pressions. Ceux qui n'ont pas de grand frère sont en quelque sorte obligés d'acheter leur protection, parfois avec des espèces sonnantes et trébuchantes. On a vu un élève donner 20 F par jour à un autre dans le collège pour ne pas avoir d'ennuis. C'est bien réel.
Ces jeunes peuvent être amenés à remplir de menus services, et à entrer dans des pratiques plus ou moins délinquantes, à s'opposer aux enseignants, aux institutions en général, à marquer leur hostilité à la police, à faire quelques coups d'éclat comme jeter des pierres sur les îlotiers. C'est ainsi qu'ils entrent dans une attitude délinquante. C'est une personnalité qui se construit dans la durée.
La dernière catégorie est de loin la plus visible, et pose le plus de problèmes aux gens des quartiers, et à nous dans l'école. C'est celle qui fait le plus de vandalisme, la plus insupportable, la plus agressive dans ses comportements.
Ces élèves sont paumés, ils vivent dans des milieux sociaux particulièrement défavorisés, marginalisés, ils n'ont pas de repères, ils sont mal défendus par leurs parents, ils ne le sont jamais par les enseignants parce qu'ils sont toujours très mauvais, et ni par les autres élèves parce qu'ils n'ont pas de prestige et qu'on n'a pas peur d'eux.
Ils sont poussés à bout. Ils sont prêts à tout pour essayer de se refaire une image un peu positive d'eux-mêmes parce qu'ils passent leur temps à être humiliés, qu'ils ne le supportent plus, et c'est compréhensible.
Ce sont toujours eux qui trinquent dans les affaires. Ce sont eux qu'on prend, qu'on balance, parce qu'on n'a pas peur d'eux, personne ne vient les défendre.
Quand je fais des signalements au Parquet, ce sont souvent leurs noms qui ressortent parce qu'on les prend sur le fait, ils n'ont pas la tchatche, ils ne savent pas se débrouiller, ils ont des conduites suicidaires ou autodestructrices.
Le département de Seine-Saint-Denis a mis en place un partenariat particulier entre la police, la Justice et l'Éducation Nationale. Les chefs d'établissement peuvent faire des signalements directs et rapides au Parquet, à la Direction Départementale de la Sécurité Publique et à l'Inspecteur d'Académie, quand il y a un incident grave dans le collège.
Depuis le début de l'année scolaire j'ai fait 69 signalements. Ce sont essentiellement des vols, des actes de vandalisme, mais aussi trois tirs d'armes à feu, cinq cocktails Molotov -ce n'est pas anodin- et une agression très spectaculaire contre un professeur par deux jeunes de l'extérieur recrutés par des élèves.
Quel bilan en tirer ?
Quand je signale l'incident en nommant l'auteur de l'agression ou du vandalisme, il est immédiatement convoqué à la brigade des mineurs avec sa famille. Il peut y avoir une suite, il peut être convoqué au Parquet ou déféré si les faits sont suffisamment graves.
Tout cela laisse un sentiment de malaise, bien qu'il soit très utile d'arrêter les jeunes dans leurs pratiques délinquantes, de leur signifier la loi et l'interdit.
Mais comme seuls pratiquement les jeunes de la dernière catégorie relèvent de ces procédures, cela accroît leur sentiment d'injustice. Ils ont l'impression que s'ils se sont fait prendre c'est parce qu'ils ont fait des erreurs, que s'ils étaient des vrais « pros » cela ne se produirait pas. Ils se font ridiculiser par les institutions, et par les copains qui ne se font pas prendre.
Leur situation psychologique s'aggrave, les conduit éventuellement à essayer de se rattraper en faisant un coup d'éclat encore plus fort à leur retour.
Si cette politique-là est certainement utile et indispensable, je pense qu'elle ne peut pas du tout suffire.
Une politique éducative très forte est absolument indispensable. Elle consiste à cadrer les élèves de façon très ferme, à leur montrer les limites, et en même temps à leur proposer des stratégies de valorisation forte, pour qu'ils puissent se construire une image d'eux-mêmes positive, afin de ne pas aller la chercher dans d'autres réseaux ou créneaux. Et là l'école est très défaillante.
Une école qui produit aussi massivement de l'échec scolaire que la mienne n'offre pas beaucoup de stratégies aux jeunes pour se valoriser. Je pense qu'on a collectivement une responsabilité.
Avec des jeunes qui ont un passé délinquant -l'un d'entre eux se faisait une gloire d'être passé 46 fois devant le juge- quand ils se disent qu'ils sont peut-être en train de gâcher leur vie, que les enseignants leur proposent des systèmes d'alliance pour qu'ils puissent s'en sortir, alors certains peuvent changer radicalement de position, et devenir des acteurs sociaux positifs, capables éventuellement d'aller chercher un copain dans la rue et de le ramener à l'école en disant « je connais une école où tu pourras peut-être t'en sortir ».
Il faut que l'école offre aujourd'hui des stratégies de réussite et de valorisation de façon massive.
Un chiffre pour finir, que je trouve terrifiant.
Dans mon collège, sur 140 élèves entrés en sixième il y a cinq ans, seulement deux ont eu la moyenne au brevet l'année dernière.
Une telle école ne peut pas se déclarer citoyenne et ne peut pas espérer que les enfants qui la fréquentent seront des citoyens."
Un collège ordinaire au fond.
No comment.
Voici ce que dit le Principal du collège devant une commission du Sénat (http://www.senat.fr/rap/r95-343/r95-3436.html) :
"Mme Marie-Danielle PIERRELEE, principal du collège Garcia Lorca à Saint-Denis.- Principal du collège Garcia-Lorca à Saint-Denis, je vais vous parler de cet établissement, et d'une autre expérience de l'auto-école, une petite structure scolaire qui se propose de réinsérer des jeunes qui ont affaire avec la justice, qui ont eu des pratiques délinquantes et qui essaient de rompre avec.
Dans mon collège, sur 650 élèves environ une cinquantaine se situe dans l'hostilité aux institutions d'une façon générale, et dans des pratiques déviantes.
On ne peut pas dire qu'ils aient un modèle uniforme. Je les diviserai en trois catégories.
D'abord une minorité, moins de 10, tous des garçons, les plus âgés, sont en position de pouvoir de façon très étonnante et forte, par rapport aux autres élèves et aux adultes dans certains cas. Ils font la loi, ou du moins ils essaient de la faire aussi souvent que possible.
Je les qualifierai de délinquants, mais ils ne se « mouillent » pas eux-mêmes, ils utilisent très souvent d'autres élèves pour commettre leurs mauvais coups, régler leurs comptes contre un professeur, racketter de plus jeunes, pour essayer d'extorquer les devoirs aux bonnes élèves, généralement les filles.
Ils sont tout à fait invulnérables, ils ont peu à voir avec la police et le juge des enfants. Ils ne sont pas l'objet de signalement de ma part, parce que je ne les prends jamais sur le fait.
Deuxième catégorie, des jeunes qui vivent dans la cité.
Ils sont une partie de leur temps dans le collège, sous la protection de l'institution scolaire, mais la plupart de leur temps ils le passent dans la cité, et, là, les règles du jeu sont fondamentalement différentes.
La vie est particulièrement difficile pour les élèves qui n'ont pas de grand frère, car c'est de lui qu'on tient sa protection dans la cité. Sinon on est plus facilement que les autres soumis à des menaces ou des pressions. Ceux qui n'ont pas de grand frère sont en quelque sorte obligés d'acheter leur protection, parfois avec des espèces sonnantes et trébuchantes. On a vu un élève donner 20 F par jour à un autre dans le collège pour ne pas avoir d'ennuis. C'est bien réel.
Ces jeunes peuvent être amenés à remplir de menus services, et à entrer dans des pratiques plus ou moins délinquantes, à s'opposer aux enseignants, aux institutions en général, à marquer leur hostilité à la police, à faire quelques coups d'éclat comme jeter des pierres sur les îlotiers. C'est ainsi qu'ils entrent dans une attitude délinquante. C'est une personnalité qui se construit dans la durée.
La dernière catégorie est de loin la plus visible, et pose le plus de problèmes aux gens des quartiers, et à nous dans l'école. C'est celle qui fait le plus de vandalisme, la plus insupportable, la plus agressive dans ses comportements.
Ces élèves sont paumés, ils vivent dans des milieux sociaux particulièrement défavorisés, marginalisés, ils n'ont pas de repères, ils sont mal défendus par leurs parents, ils ne le sont jamais par les enseignants parce qu'ils sont toujours très mauvais, et ni par les autres élèves parce qu'ils n'ont pas de prestige et qu'on n'a pas peur d'eux.
Ils sont poussés à bout. Ils sont prêts à tout pour essayer de se refaire une image un peu positive d'eux-mêmes parce qu'ils passent leur temps à être humiliés, qu'ils ne le supportent plus, et c'est compréhensible.
Ce sont toujours eux qui trinquent dans les affaires. Ce sont eux qu'on prend, qu'on balance, parce qu'on n'a pas peur d'eux, personne ne vient les défendre.
Quand je fais des signalements au Parquet, ce sont souvent leurs noms qui ressortent parce qu'on les prend sur le fait, ils n'ont pas la tchatche, ils ne savent pas se débrouiller, ils ont des conduites suicidaires ou autodestructrices.
Le département de Seine-Saint-Denis a mis en place un partenariat particulier entre la police, la Justice et l'Éducation Nationale. Les chefs d'établissement peuvent faire des signalements directs et rapides au Parquet, à la Direction Départementale de la Sécurité Publique et à l'Inspecteur d'Académie, quand il y a un incident grave dans le collège.
Depuis le début de l'année scolaire j'ai fait 69 signalements. Ce sont essentiellement des vols, des actes de vandalisme, mais aussi trois tirs d'armes à feu, cinq cocktails Molotov -ce n'est pas anodin- et une agression très spectaculaire contre un professeur par deux jeunes de l'extérieur recrutés par des élèves.
Quel bilan en tirer ?
Quand je signale l'incident en nommant l'auteur de l'agression ou du vandalisme, il est immédiatement convoqué à la brigade des mineurs avec sa famille. Il peut y avoir une suite, il peut être convoqué au Parquet ou déféré si les faits sont suffisamment graves.
Tout cela laisse un sentiment de malaise, bien qu'il soit très utile d'arrêter les jeunes dans leurs pratiques délinquantes, de leur signifier la loi et l'interdit.
Mais comme seuls pratiquement les jeunes de la dernière catégorie relèvent de ces procédures, cela accroît leur sentiment d'injustice. Ils ont l'impression que s'ils se sont fait prendre c'est parce qu'ils ont fait des erreurs, que s'ils étaient des vrais « pros » cela ne se produirait pas. Ils se font ridiculiser par les institutions, et par les copains qui ne se font pas prendre.
Leur situation psychologique s'aggrave, les conduit éventuellement à essayer de se rattraper en faisant un coup d'éclat encore plus fort à leur retour.
Si cette politique-là est certainement utile et indispensable, je pense qu'elle ne peut pas du tout suffire.
Une politique éducative très forte est absolument indispensable. Elle consiste à cadrer les élèves de façon très ferme, à leur montrer les limites, et en même temps à leur proposer des stratégies de valorisation forte, pour qu'ils puissent se construire une image d'eux-mêmes positive, afin de ne pas aller la chercher dans d'autres réseaux ou créneaux. Et là l'école est très défaillante.
Une école qui produit aussi massivement de l'échec scolaire que la mienne n'offre pas beaucoup de stratégies aux jeunes pour se valoriser. Je pense qu'on a collectivement une responsabilité.
Avec des jeunes qui ont un passé délinquant -l'un d'entre eux se faisait une gloire d'être passé 46 fois devant le juge- quand ils se disent qu'ils sont peut-être en train de gâcher leur vie, que les enseignants leur proposent des systèmes d'alliance pour qu'ils puissent s'en sortir, alors certains peuvent changer radicalement de position, et devenir des acteurs sociaux positifs, capables éventuellement d'aller chercher un copain dans la rue et de le ramener à l'école en disant « je connais une école où tu pourras peut-être t'en sortir ».
Il faut que l'école offre aujourd'hui des stratégies de réussite et de valorisation de façon massive.
Un chiffre pour finir, que je trouve terrifiant.
Dans mon collège, sur 140 élèves entrés en sixième il y a cinq ans, seulement deux ont eu la moyenne au brevet l'année dernière.
Une telle école ne peut pas se déclarer citoyenne et ne peut pas espérer que les enfants qui la fréquentent seront des citoyens."
Un collège ordinaire au fond.
No comment.
- Luigi_BGrand Maître
Un regard lucide mais en même temps symptomatique : on parle bien peu des 600 élèves (comment est-il possible d'ailleurs qu'un collège concentrant autant de difficultés ait autant d'élèves ?) qui ne se font pas remarquer et qui échouent parce que leurs conditions de travail - même à l'école - sont exécrables...
Rappelons que :
a) l'OCDE établit une nette corrélation entre l'échec scolaire et le climat de discipline
b) La France, pour le climat de discipline en cours, est classée parmi les pires pays de PISA : en moyenne 58ème sur 64
Mais ça, personne n'en parle.
Rappelons que :
a) l'OCDE établit une nette corrélation entre l'échec scolaire et le climat de discipline
b) La France, pour le climat de discipline en cours, est classée parmi les pires pays de PISA : en moyenne 58ème sur 64
Mais ça, personne n'en parle.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- piescoModérateur
Nous ne faisons pas tous le même métier.
Certains d'entre nous forcent le respect, parce qu'aller travailler chaque matin dans un établissement où se passent les choses décrites dans cette allocution a à mes yeux quelque chose d'héroïque.
Quelle tristesse, quel gâchis tous ces jeunes en souffrance, en colère, face à un système qui ne peut pas grande chose pour eux.
Toute ma sympathie pour Marie, j'espère qu'elle va mieux à présent.
Certains d'entre nous forcent le respect, parce qu'aller travailler chaque matin dans un établissement où se passent les choses décrites dans cette allocution a à mes yeux quelque chose d'héroïque.
Quelle tristesse, quel gâchis tous ces jeunes en souffrance, en colère, face à un système qui ne peut pas grande chose pour eux.
Toute ma sympathie pour Marie, j'espère qu'elle va mieux à présent.
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Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- MandolineNiveau 6
Luigi_B a écrit:Un regard lucide mais en même temps symptomatique : on parle bien peu des 600 élèves (comment est-il possible d'ailleurs qu'un collège concentrant autant de difficultés ait autant d'élèves ?) qui ne se font pas remarquer et qui échouent parce que leurs conditions de travail - même à l'école - sont exécrables...
Rappelons que l'OCDE établit une nette corrélation entre l'échec scolaire et le climat de discipline.
Je voudrais nuancer, même si sur le fond, dans la majeure partie des cas, on peut affirmer que des cours où règne le bazar ne permettent pas d'apprendre correctement. Mais cela est vrai pour les collèges "classiques".
Pour avoir enseigné 7 ans en ZEP (1 année de galère au niveau discipline, 6 ans où ma réputation était faite), je me suis vite rendu compte, à ma grande déception, que, même avec le calme en classe, les élèves ne réussissaient pas mieux qu'avec le bazar.
On perd de vue le problème essentiel des ZEP : sans calme, on ne peut pas enseigner ; mais une fois que le calme est instauré (Graal de tout prof de ZEP), les élèves progressent-ils ? Souvent, la réponse est non : pas de travail personnel, trop de lacunes, trop de problèmes à l'extérieur.
Seule une très petite part des élèves (les bons pour être clair) en profite, et c'est tant mieux pour eux, mais au vu de l'homogénéité de ces zones, cela ne suffit pas.
Bref, selon moi, l'échec scolaire explique le climat de discipline, mais pas forcément l'inverse, en tout cas en ZEP.
- JEMSGrand Maître
C'est horrible pour la collègue. 1 an avec sursis... pas de centre éducatif fermé ?
- roxanneOracle
On est dans un comportement mafieux : ce n'est pas un élève qui sous le coup de l'énervement "pète un câble " et dérape ( inexcusable aussi mais explicable dans un contexte ) , mais c'est un caïd qui commandite (paie ?) un autre qui sans état d'âme frappe une femme qu'il ne connaît pas . Prison ou pas, ils vont devenir quoi ces gamins s'ils en sont déjà là ? Et comment se reconstruire pour la collègue ? Et pas de réaction officielle du ministère ?
- Dame TartineNeoprof expérimenté
Cette histoire est atroce. Pensées pour la collègue.
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J'peux pas, j'ai piscine !
- egometDoyen
Milady de Winter a écrit:Collège sans histoires, qu'ils disent.
Voici ce que dit le Principal du collège devant une commission du Sénat (http://www.senat.fr/rap/r95-343/r95-3436.html) :
"Mme Marie-Danielle PIERRELEE, principal du collège Garcia Lorca à Saint-Denis.- Principal du collège Garcia-Lorca à Saint-Denis, je vais vous parler de cet établissement, et d'une autre expérience de l'auto-école, une petite structure scolaire qui se propose de réinsérer des jeunes qui ont affaire avec la justice, qui ont eu des pratiques délinquantes et qui essaient de rompre avec.
Dans mon collège, sur 650 élèves environ une cinquantaine se situe dans l'hostilité aux institutions d'une façon générale, et dans des pratiques déviantes.
On ne peut pas dire qu'ils aient un modèle uniforme. Je les diviserai en trois catégories.
D'abord une minorité, moins de 10, tous des garçons, les plus âgés, sont en position de pouvoir de façon très étonnante et forte, par rapport aux autres élèves et aux adultes dans certains cas. Ils font la loi, ou du moins ils essaient de la faire aussi souvent que possible.
Je les qualifierai de délinquants, mais ils ne se « mouillent » pas eux-mêmes, ils utilisent très souvent d'autres élèves pour commettre leurs mauvais coups, régler leurs comptes contre un professeur, racketter de plus jeunes, pour essayer d'extorquer les devoirs aux bonnes élèves, généralement les filles.
Ils sont tout à fait invulnérables, ils ont peu à voir avec la police et le juge des enfants. Ils ne sont pas l'objet de signalement de ma part, parce que je ne les prends jamais sur le fait.
Deuxième catégorie, des jeunes qui vivent dans la cité.
Ils sont une partie de leur temps dans le collège, sous la protection de l'institution scolaire, mais la plupart de leur temps ils le passent dans la cité, et, là, les règles du jeu sont fondamentalement différentes.
La vie est particulièrement difficile pour les élèves qui n'ont pas de grand frère, car c'est de lui qu'on tient sa protection dans la cité. Sinon on est plus facilement que les autres soumis à des menaces ou des pressions. Ceux qui n'ont pas de grand frère sont en quelque sorte obligés d'acheter leur protection, parfois avec des espèces sonnantes et trébuchantes. On a vu un élève donner 20 F par jour à un autre dans le collège pour ne pas avoir d'ennuis. C'est bien réel.
Ces jeunes peuvent être amenés à remplir de menus services, et à entrer dans des pratiques plus ou moins délinquantes, à s'opposer aux enseignants, aux institutions en général, à marquer leur hostilité à la police, à faire quelques coups d'éclat comme jeter des pierres sur les îlotiers. C'est ainsi qu'ils entrent dans une attitude délinquante. C'est une personnalité qui se construit dans la durée.
La dernière catégorie est de loin la plus visible, et pose le plus de problèmes aux gens des quartiers, et à nous dans l'école. C'est celle qui fait le plus de vandalisme, la plus insupportable, la plus agressive dans ses comportements.
Ces élèves sont paumés, ils vivent dans des milieux sociaux particulièrement défavorisés, marginalisés, ils n'ont pas de repères, ils sont mal défendus par leurs parents, ils ne le sont jamais par les enseignants parce qu'ils sont toujours très mauvais, et ni par les autres élèves parce qu'ils n'ont pas de prestige et qu'on n'a pas peur d'eux.
Ils sont poussés à bout. Ils sont prêts à tout pour essayer de se refaire une image un peu positive d'eux-mêmes parce qu'ils passent leur temps à être humiliés, qu'ils ne le supportent plus, et c'est compréhensible.
Ce sont toujours eux qui trinquent dans les affaires. Ce sont eux qu'on prend, qu'on balance, parce qu'on n'a pas peur d'eux, personne ne vient les défendre.
Quand je fais des signalements au Parquet, ce sont souvent leurs noms qui ressortent parce qu'on les prend sur le fait, ils n'ont pas la tchatche, ils ne savent pas se débrouiller, ils ont des conduites suicidaires ou autodestructrices.
Le département de Seine-Saint-Denis a mis en place un partenariat particulier entre la police, la Justice et l'Éducation Nationale. Les chefs d'établissement peuvent faire des signalements directs et rapides au Parquet, à la Direction Départementale de la Sécurité Publique et à l'Inspecteur d'Académie, quand il y a un incident grave dans le collège.
Depuis le début de l'année scolaire j'ai fait 69 signalements. Ce sont essentiellement des vols, des actes de vandalisme, mais aussi trois tirs d'armes à feu, cinq cocktails Molotov -ce n'est pas anodin- et une agression très spectaculaire contre un professeur par deux jeunes de l'extérieur recrutés par des élèves.
Quel bilan en tirer ?
Quand je signale l'incident en nommant l'auteur de l'agression ou du vandalisme, il est immédiatement convoqué à la brigade des mineurs avec sa famille. Il peut y avoir une suite, il peut être convoqué au Parquet ou déféré si les faits sont suffisamment graves.
Tout cela laisse un sentiment de malaise, bien qu'il soit très utile d'arrêter les jeunes dans leurs pratiques délinquantes, de leur signifier la loi et l'interdit.
Mais comme seuls pratiquement les jeunes de la dernière catégorie relèvent de ces procédures, cela accroît leur sentiment d'injustice. Ils ont l'impression que s'ils se sont fait prendre c'est parce qu'ils ont fait des erreurs, que s'ils étaient des vrais « pros » cela ne se produirait pas. Ils se font ridiculiser par les institutions, et par les copains qui ne se font pas prendre.
Leur situation psychologique s'aggrave, les conduit éventuellement à essayer de se rattraper en faisant un coup d'éclat encore plus fort à leur retour.
Si cette politique-là est certainement utile et indispensable, je pense qu'elle ne peut pas du tout suffire.
Une politique éducative très forte est absolument indispensable. Elle consiste à cadrer les élèves de façon très ferme, à leur montrer les limites, et en même temps à leur proposer des stratégies de valorisation forte, pour qu'ils puissent se construire une image d'eux-mêmes positive, afin de ne pas aller la chercher dans d'autres réseaux ou créneaux. Et là l'école est très défaillante.
Une école qui produit aussi massivement de l'échec scolaire que la mienne n'offre pas beaucoup de stratégies aux jeunes pour se valoriser. Je pense qu'on a collectivement une responsabilité.
Avec des jeunes qui ont un passé délinquant -l'un d'entre eux se faisait une gloire d'être passé 46 fois devant le juge- quand ils se disent qu'ils sont peut-être en train de gâcher leur vie, que les enseignants leur proposent des systèmes d'alliance pour qu'ils puissent s'en sortir, alors certains peuvent changer radicalement de position, et devenir des acteurs sociaux positifs, capables éventuellement d'aller chercher un copain dans la rue et de le ramener à l'école en disant « je connais une école où tu pourras peut-être t'en sortir ».
Il faut que l'école offre aujourd'hui des stratégies de réussite et de valorisation de façon massive.
Un chiffre pour finir, que je trouve terrifiant.
Dans mon collège, sur 140 élèves entrés en sixième il y a cinq ans, seulement deux ont eu la moyenne au brevet l'année dernière.
Une telle école ne peut pas se déclarer citoyenne et ne peut pas espérer que les enfants qui la fréquentent seront des citoyens."
Un collège ordinaire au fond.
No comment.
Euh, c'est vieux, ce témoignage.
René MONORY, président du Sénat! On est au milieu des années 90.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- c.l.Niveau 1
Marie sera demain sur RTL à 8h30 dans l'émission d'Yves Calvi et samedi à 9h30 sur Europe 1.
- OudemiaBon génie
Tabassée dans sa classe à Saint-Denis il y a deux ans, sur commande d'un élève qui voulait se venger.
C'est à la fin de l'émission d'Arlette Chabot de ce matin, je vous conseille de la réécouter.
C'est à la fin de l'émission d'Arlette Chabot de ce matin, je vous conseille de la réécouter.
- c.l.Niveau 1
Sur RTL, avec Yves Calvi, le 14/03/2014
Marie, prof de ZEP : "Après mon agression, je n'ai pas été soutenue par mon institution"
Marie, prof de ZEP : "Les violences en mileu scolaire sont taboues"
http://www.rtl.fr/emission/le-choix-de-yves-calvi/ecouter/marie-prof-de-zep-apres-mon-agression-je-n-ai-pas-ete-soutenue-par-mon-institution-7770434596
Sur Europe 1, avec Arlette Chabot, le 15/03/2014
à 19 min
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/C-est-arrive-cette-semaine/Sons/C-est-arrive-cette-semaine-15-03-14-1914473/
Marie, prof de ZEP : "Après mon agression, je n'ai pas été soutenue par mon institution"
Marie, prof de ZEP : "Les violences en mileu scolaire sont taboues"
http://www.rtl.fr/emission/le-choix-de-yves-calvi/ecouter/marie-prof-de-zep-apres-mon-agression-je-n-ai-pas-ete-soutenue-par-mon-institution-7770434596
Sur Europe 1, avec Arlette Chabot, le 15/03/2014
à 19 min
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/C-est-arrive-cette-semaine/Sons/C-est-arrive-cette-semaine-15-03-14-1914473/
- sandGuide spirituel
C'était très émouvant. Quel courage !
- prof93Niveau 5
Tu pourrais poster un lien?
- OudemiaBon génie
J'ai fait ça pour avoir de nouveau l'émission
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/C-est-arrive-cette-semaine/Sons/C-est-arrive-cette-semaine-15-03-14-1914473/
c'est une quinzaine de minutes avant la fin
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/C-est-arrive-cette-semaine/Sons/C-est-arrive-cette-semaine-15-03-14-1914473/
c'est une quinzaine de minutes avant la fin
- CHADESNiveau 5
En parallèle avec le traumatisme de ce qu'elle a vécu, la sobriété des propos de cette enseignante force l'admiration
- roxanneOracle
Ce qui est lamentable c'est l'absençe de réaction de l'éducation nationale , que personne ne l'ait soutenue, qu'elle ait dû se battre seule pour avoir une mutation .
- OudemiaBon génie
Aaaahhhh !
Quand j'ai vu le titre je me suis dit qu'il fallait que je signale que c'était le même sujet et qu'il fallait une fusion, merci au modérateur efficace qui a devancé ma demande.
Quand j'ai vu le titre je me suis dit qu'il fallait que je signale que c'était le même sujet et qu'il fallait une fusion, merci au modérateur efficace qui a devancé ma demande.
- philannDoyen
Ce qui est très douloureux lorsqu'on l'écoute, c'est cette solitude. Le fait qu'elle n'ait eu aucun interlocuteur, qu'elle se soit retrouvée seule...
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- roxanneOracle
Oui , dans un cas comme ça , le recteur doit la contacter et elle doit être prioritaire sur la mutation qu'elle demande .
- CHADESNiveau 5
A cause du gigantisme de l'entreprise qu'il gère, notre « employeur » Éducation Nationale est « globalement inhumain », même s'il est souvent peuplé d'individus formidables et généreux.
_________________
expert procrastinateur.
- OlympiasProphète
Pour que vous puissiez vous faire une idée, je vous donnerai des exemples de peines prononcées par un TPE (puisque j'y siège). Nous sommes contraints par le code, la progressivité, l'impossibilité de donner plusieurs fois la même sanction, l'aspect éducatif qui doit toujours être sous-jacent (même si les jeunes s'en cognent totalement !). En fait, tout dépend des profils...pour ceux qui ont un abonnement, et qui continuent leurs délits, le sursis, la peine ferme aménageable finissent automatiquement par être convertis en mois de prison REELS, ce qu'ils ne comprennent pas, car ils n'ont jamais intégré le sens de la sanction. Et à la majorité, direction la geôle.
A titre personnel, la peine prononcée me choque ; nombreux sont ceux qui ne comprennent absolument pas le sens du sursis, du SME, de la liberté surveillée préjudicielle qui implique qu'en étant "sous main de justice", il est impératif de respecter les consignes du juge et de ne pas commettre de nouveau délit.
En dessous de 13 ans, on ne peut ordonner que des mesures éducatives ; le juge doit toujours demander au prévenu (majeur ou mineur) s'il est d'accord pour effectuer un TIG (travail d'intérêt général)
A titre personnel, la peine prononcée me choque ; nombreux sont ceux qui ne comprennent absolument pas le sens du sursis, du SME, de la liberté surveillée préjudicielle qui implique qu'en étant "sous main de justice", il est impératif de respecter les consignes du juge et de ne pas commettre de nouveau délit.
En dessous de 13 ans, on ne peut ordonner que des mesures éducatives ; le juge doit toujours demander au prévenu (majeur ou mineur) s'il est d'accord pour effectuer un TIG (travail d'intérêt général)
- philannDoyen
Olympias: merci pour ces explications.
Roxanne: il y a le rectorat, mais aussi le reste de l'institution. Je me rappelle que lorsque j'ai commencé à enseigner l'une des premières phrases de ma mère (prof elle aussi) a été: "tu te syndiques et tu adhères à l'autonome de solidarité! On ne sait jamais!" Ca en dit long sur l'ambiance générale et la confiance en l'institution pour nous soutenir.
Par ailleurs, une de mes collègues s'est faite agresser avant les vacances, pas physiquement mais elle a été insultée et menacée. Résultat: aucune mesure conservatoire entre l'agression et le cons. de disc., pas d'éloignement de l'élève qui roulait des mécaniques. Pas non plus, hélas, de réactions de la majorité des collègues ...
Roxanne: il y a le rectorat, mais aussi le reste de l'institution. Je me rappelle que lorsque j'ai commencé à enseigner l'une des premières phrases de ma mère (prof elle aussi) a été: "tu te syndiques et tu adhères à l'autonome de solidarité! On ne sait jamais!" Ca en dit long sur l'ambiance générale et la confiance en l'institution pour nous soutenir.
Par ailleurs, une de mes collègues s'est faite agresser avant les vacances, pas physiquement mais elle a été insultée et menacée. Résultat: aucune mesure conservatoire entre l'agression et le cons. de disc., pas d'éloignement de l'élève qui roulait des mécaniques. Pas non plus, hélas, de réactions de la majorité des collègues ...
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- CHADESNiveau 5
J'ai une question bête, je vais peut-être me faire lyncher, mais je me suis toujours interrogé là-dessus : Dans un cas comme celui de notre collègue, l'employeur ne peut-il pas être tenu pour responsable, je ne sais pas, c'est sans doute très naïf, mais un truc du genre "mise en danger de la vie de ses personnels" avec possibilité de lui demander judiciairement des comptes ?
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