Que deviennent les rapports que vous rédigez ?

oui je comprends mais en tamponnant la copie je pensais plus comme des copies conformes... pour que légalement on ne peut puisse pas contester du contenu...

Comme c'est nous qui produisons le contenu, ça n'a aucun intérêt et ce serait une perte de temps.

J'aime bien l'idée du classeur accessible à tous.
Comme beaucoup, j'ai une copie des rapports que l'on a fait sur les élèves dont je suis PP, ça me permet aussi d'en montrer aux parents ou d'appeler.
Je fais une copie au PP et au CPE et j'en garde une pour moi quand j'écris sur d'autres élèves.

Ensuite, selon la gravité des faits, ils sont transmis par les CPE ou par moi à l'adjointe ou à la principale. Ils sont archivés dans le dossier de l'élève par année et ces archives sont très bien tenues et consultées, le cas échéant.   

Dans mon ancien établissement il y avait des cahiers dans un placard (un par classe) où l'on pouvait raconter les incidents survenus mais certains collègues ne les remplissaient jamais (pour passer pour des professeurs sans problème sans doute), c'est un peu la même chose pour les carnets de liaison d'ailleurs, certains n'y consignent rien: zéro trace = zéro problème.

Comme certains ici j'ai vu de la rétention d'information opérée au sein de la vie scolaire. J'aurais pu en bouillir de rage.
Du coup je fais systématiquement copie au PP dans son casier et par mail aux chefs (je scanne mon exemplaire).

Le jour où on m'a dit que pour élève X il n'y avait que 3 rapports j'ai transféré ma kyrielle de mails à nouveau :malmaisbien:
Plus eu le souci par la suite.
Mais comme tous les collègues ne le font pas (et je ne les blâme pas)...

holderfar a écrit:Comme c'est nous qui produisons le contenu, ça n'a aucun intérêt et ce serait une perte de temps.

je me suis mal exprimé, je voyais cela comme un moyen de prouver que l'administration a bien eu le rapport, une sorte d'avis de réception quoi.
Je sais je suis en train de devenir complètement parano mais en cas de problème l'administration ne pourra pas nier en bloque d'avoir eu tel ou tel rapport... ce qui dans notre monde actuel pourrait éventuellement arriver.

Kalisto a écrit:

holderfar a écrit:Comme c'est nous qui produisons le contenu, ça n'a aucun intérêt et ce serait une perte de temps.

je me suis mal exprimé, je voyais cela comme un moyen de prouver que l'administration a bien eu le rapport, une sorte d'avis de réception quoi.
Je sais je suis en train de devenir complètement parano mais en cas de problème l'administration ne pourra pas nier en bloque d'avoir eu tel ou tel rapport... ce qui dans notre monde actuel pourrait éventuellement arriver.

Tu es complètement parano !

L'envoi par mail sur boîte académique officielle consultée par les chefs tous les jours suffit pour attester que l'information leur a été transmise, Kalisto...

oui par mail mais si dépôt papier...

Tu fais une copie pour toi que tu scannes et envoies par mail (ma pratique)

Et si tu ne veux pas scanner et bien... tu déposes en version papier et tu fais confiance !

Ou alors tu prends une photo avec ton téléphone et tu envoies la photo du rapport...

Kalisto a écrit:oui par mail mais si dépôt papier...

Pourquoi veux-tu que la direction nie d'avoir eu certains rapports ? Un rapport, c'est juste un papier sur lequel tu évoques un incident. Rien de plus.

Eh bien chez nous, depuis 2 ans il y a une commission éducative qui se réunit une fois par semaine, constituée du CDE, de l'adjointe, du CPE et d'un ou deux profs volontaires, pour lire chaque rapport de la semaine et y apporter la sanction appropriée (excuses publiques, TIG, jours d'exclusion, convocation des parents...).

Avant cela, les rapports disparaissaient dans les dossiers des élèves, le CPE les classait sans même les lire, quand on demandait des sanctions on s'entendait répondre que c'était à nous de gérer, et le chef n'était jamais au courant de rien. Bref, les rapports étaient totalement inefficaces.

Maintenant, quand on dit à un gamin qu'on va lui faire un rapport, il sait qu'il va y avoir des conséquences et il se calme vraiment, et du coup, on a moins besoin d'en faire. CQFD.

Nonancourt a écrit:

Kalisto a écrit:oui par mail mais si dépôt papier...

Pourquoi veux-tu que la direction nie d'avoir eu certains rapports ? Un rapport, c'est juste un papier sur lequel tu évoques un incident. Rien de plus.

Et pourtant... Je peux t'assurer que ça se produit. Et les raisons sont puantes.

Autre chose à faire que de raconter les exploits de Kévin et Sabrina. Pas de rapports. Si je me fatigue à pondre deux mots sur un élève qui a commis une faute, je le sanctionne : le rapport, qui ne fait pas plus d'une ligne et demie est contenu dans la colle qui lui est adressée.
Il faut arrêter de se ridiculiser en écrivant des rapports sur les mœurs des imbéciles !

Nous devons faire des rapports, qui sont suivis d'exclusion temporaires, ce qui nous permet de souffler un peu. De plus, l'accumulation permet d'en faire passer en conseil de discipline (9 ou 10 chez nous cette année déjà). C'est assez pénible , c'est du boulot mais au moins ce n'est pas pour rien.
Sur ce point, nous sommes assez soudés et demandons un suivi afin de travailler dans les moins mauvaises conditions possibles, vu la dureté de certains élèves.

Leow a écrit:Et pourtant... Je peux t'assurer que ça se produit. Et les raisons sont puantes.

Il faut les donner en plusieurs exemplaires signés, en garder copie. Sinon, par mail , et il faut relancer au besoin, ce que nous avons fait en début d'année après un changement de direction.Il vaut la peine de demander une heure syndicale pour traiter cette question de la discipline, le moindre relâchement se traduisant très rapidement par des insolences répétées envers les enseignants, des refus de travail , des perturbations importantes. Je ne sais pas comment, mais ils le sentent, nous avons vu ça quelques semaines.

Les rapports écrits sont aussi une preuve qu'un incident a été signalé. Dans certains cas, cela peut protéger l'enseignant en refilant la responsabilité à la hiérarchie, problème signalé, chacun doit prendre ses responsabilités.
De plus, lors des conseils de discipline, les rapports sont très importants pour prendre une décision, surtout pou convaincre les parents élus qui ne connaissent pas l'enfant et les incidents.

Dinaaa a écrit:Eh bien chez nous, depuis 2 ans il y a une commission éducative qui se réunit une fois par semaine, constituée du CDE, de l'adjointe, du CPE et d'un ou deux profs volontaires, pour lire chaque rapport de la semaine et y apporter la sanction appropriée (excuses publiques, TIG, jours d'exclusion, convocation des parents...).

Nous aussi, on fonctionne presque du même système. On a une cellule de suivie, une fois par semaine, entre les CPE et les chefs (pas de prof) qui lisent les rapports et prennent des mesures suivant les cas.

Mais la limite du rapport d'incident chez nous, c'est que c'est une sorte d'appel à l'aide d'un enseignant en difficulté avec un élève ou une classe, et que la suite, malgré la cellule de suivie, ne fait plus peur, c'est devenu la norme chez certains élèves.
Nouvelle heure de colle? une de plus ou de moins... Exclusion? vive la tv... Exclusion en interne? ne rien faire au collège et rire avec les amis lors de la récré... convocation des parents? de toute façon ils ne se déplaceront pas...

Ici : l'original est envoyé à la famille et 3 exemplaires sont faits :
-un pour le CdE ou la PA (selon le niveau) qui est mis dans le dossier de l'élève (et conservé un an civilement)
-un pour la CPE (la vraie mémoire)
-un pour le PP de la classe (pour information)

Il est parfois arrivé, en fonction des changements de CdE et PA, que des rapports soient égarés (mais la CPE en a toujours un - heureusement- puisque l'accumulation des rapports a pour conséquence un avertissement, une exclusion, voir plusieurs, puis un conseil de discipline).

Sûrement pour le feu de cheminé, je ne vois pas d'autre issue aux "rapports".

rien. Strictement rien. Je ne les fais que pour me couvrir au cas où...

On doit faire un rapport quand on exclut un élève de classe + un rapport pour un véritable incident n'ayant pas mené à une exclusion + des fois le CPE nous demande de faire un rapport sur tel ou tel élève.

Il y a toujours une sanction derrière.
Pour éviter de faire des rapports, nous avons aussi une médiatrice et quand on sent qu'un élève se braque ou a des soucis de comportement du à des éléments extérieurs, on peut demander qu'il aille en rendez vous avec elle, c'est assez efficace et évite souvent de rentrer dans l'affrontement.

Qui est cette médiatrice ? Une personne extérieure à l'établissement ?

c'est une personne qui travaille au sein de l’établissement mais qui est employé par le conseil général.

http://www.hauts-de-seine.net/education-jeunesse/aider-a-la-reussite-des-collegiens/les-mediateurs-educatifs/

Simgajul a écrit:c'est une personne qui travaille au sein de l’établissement mais qui est employé par le conseil général.

http://www.hauts-de-seine.net/education-jeunesse/aider-a-la-reussite-des-collegiens/les-mediateurs-educatifs/

du même style que votr médiatrice, on a un APS dans notre établissement (les nouveaux postes crées par Peillon), qui s'occupe des élèves difficiles et des exclusions en interne.
Mais les élèves difficiles restent difficiles, à 6 mois d'expérience de notre APS, rien n'a vraiment changé, sauf lui qui est beaucoup moins motivé et convaincu qu'au début.

Les rares rapports que j'écris (après une exclusion) sont attendus avec impatience par les CPE qui s'en délectent, le copient, lui font faire le tout de l'établissement. Le proviseur les archive soigneusement, mais il doit souvent les expliquer aux parents (tant qu'à accomplir un travail administratif idiot, autant le faire avec style).

Dr Raynal a écrit:Les rares rapports que j'écris (après une exclusion) sont attendus avec impatience par les CPE qui s'en délectent, le copient, lui font faire le tout de l'établissement. Le proviseur les archive soigneusement, mais il doit souvent les expliquer aux parents (tant qu'à accomplir un travail administratif idiot, autant le faire avec style).

un esthète!
un extrait choisi? quelques bonnes feuilles?  

Puisque c'est demandé si gentiment...

Voici un ancien rapport que j'ai sous la main (ce n'est pas le meilleur, mais il donne une idée - j'ai changé les prénoms):

50x: Deux heures en enfer

Rapport sur les événements s’étant déroulés en SVT, le 22 /03/201.., entre 1.. et 17h

Protagonistes: Ricardo, Caroline, Jen
Guest star: Thomas.

Dès l’entrée en classe, au vu des multiples problèmes de discipline de la classe, j’ai changé les places des élèves (ce qui a motivé la mauvaise humeur immédiate des sociétaires du dernier rang). Bien entendu, les retardataires perpétuels (quel hasard! nos 4 «héros») ont pu occuper, par le biais de leur maitrise innée de la topologie et leur sens musclé de la diplomatie, quelques places pas trop éloignées les unes des autres.

La mauvaise humeur et le chahut au départ «habituel» des 4 compères a pris une tout autre tournure lorsque, voyant qu’il était impossible de leur faire réaliser un exercice simplement, j’ai exigé que cet exercice soit fait immédiatement sur feuille, rendu et noté.

Afin d’éviter toute conséquence de leur manque de travail, de volonté et d’attention, Caroline, Jen et Thomas m’ont rendu des devoirs où leur nom était «anonime» (sic), pensant que je ne m’apercevrais pas de leur colossale finesse (Ricardo, affrontant les affres de la feuille blanche, me la rendit comme il l’avait sortie de son sac, à savoir dans un état sanitaire perfectible, et maculée de toutes sortes de sécrétions dont il serait périlleux de vouloir établir la provenance). J’ai donc relevé leurs carnets, mais la vue du nombre de notes reportées dessus ne m’a pas convaincu de l’utilité d’y rajouter quoi que ce soit (ceux qui les connaissent les devinent, et pour les autres j’amoncellerai sans fruit les explications). J’ai d’ailleurs eu le plus grand mal a obtenir ces mêmes carnets, Jen, en particulier, faisant preuve d’une agressivité croissante; Ricardo, comme a son habitude, n’ayant ni carnet, ni rien, avec toujours une «bonne» raison pour expliquer ses manques et oublis, aussi permanents que malvenus.

Par la suite, et comme a son habitude, Ricardo, incapable de faire autre chose que du bruit, des hululements, des productions gazeuses illustrant le bon fonctionnement de son fondement et autres activités clownesques du meilleur (?) goût, n’a pas daigné sortir le moindre matériel pour travailler, mais a copieusement gêné les autres élèves. Comme il cherchait visiblement à se faire exclure au plus vite, je n’ai pas, cette fois (n’anticipons pas), répondu à son attente.

J’ai déplacé Thomas sur une petite table disponible près du tableau, et dès lors il s’est calmé, bien qu’essayant de distraire (vainement) quelques élèves du premier rang.

Par contre, Ricardo, s’amusant depuis près d’une heure et demie avec un couvercle de bombe de déodorant, l’a jeté à travers la classe vers Mohammed, alors que j’avais le dos tourné. Mohammed a essayé de le «couvrir», mais j’ai retrouvé a ses pieds «l’objet du délit».

Les 4 acolytes, discutant, se couvrant l’un l’autre et voulant soutenir Ricardo, ont alors hérité d’une punition ô combien éducative, puisqu’ils devront recopier une dizaine de pages du dictionnaire encyclopédique fourni en dotation aux élèves... Ce pensum a eu le don de les mettre en rage. Ricardo a derechef proposé à M. d’entretenir avec sa génitrice des rapports sexuels dont la visée reproductive ne saurait que difficilement se réaliser. Mohammed a répliqué en assurant qu’il allait faire subir les plus extrêmes préjudices à son camarade, menaçant de trainer son cadavre accroché à son char autour des murs de l’établissement (j’édulcore le propos).

J’ai alors clairement signifié à Ricardo (protestant vertement, avec force bredouillements, de sa vertu outragée et de son innocence évidente) ainsi qu’a Jen, qui prenait systématiquement sa défense en élevant fortement la voix à mon encontre, que leur attitude motivait largement un renvoi pur et simple. Ricardo, ayant un sens de l’humour proche du néant, ne comprenant pas mes avertissements répétés, n’a pas hésité à me menacer «vous allez voir mon père si vous me touchez!» (mettons que sa connaissance, disons perfectible, du Français puisse constituer une circonstance atténuante...). Jen en a rajouté dans le style «rien ne me fait peur, je m’en fout de tout, et de vous...» avec un ton plus que désagréable et, bien entendu, a cru indispensable de me piétiner l’aorte avec un «exposé» indispensable sur les «droits» des élèves et ceux que «vous n’avez pas», pensant ainsi m’informer (?), se couvrir et éviter toutes les conséquences désagréables de son comportement exécrable. Je lui ai alors rappelé l’existence des conseils de discipline, ce qui l’a rendue encore plus agressive. Nous en sommes arrivés à un point où il n’était plus possible de continuer le cours avec ces deux énergumènes. J’ai envoyé chercher Mr P (CPE) mais il était en rendez-vous. Heureusement, la sonnerie a mis fin à ces deux heures éprouvantes nerveusement, où le travail effectif n’a occupé que la moitié, voire moins, du temps.

De trop nombreux élèves, complètement découragés, souffrent de cette situation inadmissible. Le temps de l’excuse me semble passé, largement, pour ce quarteron de perturbateurs qui sont encore loin, hélas, de la retraite..

Ca se passe comme ça.... (rarement, quand même!)