Marcel Gauchet invité du 7'-9 sur France Inter 17 février 2014

j'ai relu trois fois je ne suis pas sur de te comprendre

Disons que pour dire qu'on a besoin de (beaucoup de) recul, on a besoin d'estimer que le changement est suffisamment ample pour que ça se justifie. Or c'est précisément une bonne partie de ce qui est en question. Donc il y a un petit air de pétition de principe ici. On ne dirait pas, par exemple, que le piercing dans l'oreille gauche du petit Kevin est un phénomène dont on ne peut apprécier les conséquences sans quelques années de recul.

Comme je pense que Serres par exemple surévalue totalement le changement ou du moins s'en fait une représentation totalement déformée, je suis bien moins perméable que lui à l'idée que seul l'avenir nous dira ce qu'il en est.

Que l'avenir soit imprévisible, oui; mais au sens où on n'avait pas songé que le changement physiologique lié à l'utilisation du téléphone portable serait une modification significative de l'agilité du pouce. En un sens, imaginer que l'internet modifiera nos façons de penser, je crois que c'est faire preuve d'un manque total d'imagination.

Isis39 a écrit:

iphigénie a écrit:je ne suis pas sûre que le fait de faire "twitter" des élèves au lieu de les faire écrire ou créer un profil facebook de Voltaire soit réellement un bon moyen d'avancer.

Pas d'accord. Leur faire créer un profil Facebook demande à les faire lire des textes justement pour trouver les informations sur le philosophe. Et ils ne peuvent pas faire de copier coller comme quand on leur fait faire un exposé sur Voltaire. C'est un exercice qui peut être très formateur et qui les amène à se poser de nombreuses questions. Par contre il faut être très présent et bien cadrer le travail.

C'est rigolo, ça, un appel aux nouvelles technologies pour le travail le plus ringard qui soit et le plus dépourvu de fondement méthodologique
Toujours cette sempiternelle liaison posée comme un a priori entre les textes et la vie de leur auteur, toujours cette idée que la lecture du Dictionnaire philosophique portatif, par exemple, se conduit en classe dans le but de trouver des informations sur Voltaire... C'est vraiment pathétique.

Luigi_B a écrit:Il y a une semaine une collègue de lettres a fait tweeter Andromaque sous forme d'interjections et d'onomatopées à ses élèves de seconde (avec un succès très relatif d'ailleurs).

Il n'est pas totalement exclu que les élèves se révèlent très prochainement beaucoup moins stupides que les enseignants que le ministère trouvera à leur mettre sous les yeux.

Cripure a écrit:

Luigi_B a écrit:Il y a une semaine une collègue de lettres a fait tweeter Andromaque sous forme d'interjections et d'onomatopées à ses élèves de seconde (avec un succès très relatif d'ailleurs).

Il n'est pas totalement exclu que les élèves se révèlent très prochainement beaucoup moins stupides que les enseignants que le ministère trouvera à leur mettre sous les yeux.

Luigi :shock:
Et Cripure, d'un même élan, :lol!: et mazette, c'est trop vrai

Marcel Gauchet a parlé de son ouvrage à nouveau sur Europe 1 hier soir.
Il semble qu'il ait bien fait de se pencher sur la thématique de l'éducation, car il est tout à fait passionnant lorsqu'il traite la question.

Reine Margot a écrit:je viens de regarder la video et je serais plus nuancée sur la domination féminine aux concours, je me demande si les plus prestigieux sont aussi féminisés qu'il le dit. Ainsi chez les profs en primaire et dans le 2nd degré on trouve une écrasante majorité de femmes, mais en fac la parité voire la prépondérance des hommes demeure.

Il faut aussi regarder les concours d'avocats, de magistrats, d'internat en médecine. Et ce n'est à mon avis qu'un début. Il faudra bientôt la parité pour les hommes!

John a écrit:Marcel Gauchet a parlé de son ouvrage à nouveau sur Europe 1 hier soir.
Il semble qu'il ait bien fait de se pencher sur la thématique de l'éducation, car il est tout à fait passionnant lorsqu'il traite la question.

Le bouquin sort quand?

Si on prend les 50 dernières années, quelle accessibilité avait l'écrit dans la vie d'un citoyen moyen (les taux d'illetrisme, l'existence des bibliothèques (surtout dans les villages), leur dotation, toussa)?

Merci pour les gens de ma génération ! Certainement un meilleur accès à l'écrit que tu ne le penses; Infiniment moins d'illettrés, toutes classes sociales confondues, qu'aujourd'hui.
Je peux te dire que, dans les villages sans bibliothèque municipale, le bibliobus avait du succès. Le jour où les caisses de livres arrivaient à l'école, les gens venaient emprunter les ouvrages, et revenaient plusieurs fois pendant le mois que durait le prêt !

Si c'est Transmettre, apprendre, il est déjà paru il y a 2 semaines, chez Stock. C'est un ouvrage en collaboration, cela dit. Gauchet n'en est pas l'unique auteur.

Si on prend les 50 dernières années, quelle accessibilité avait l'écrit dans la vie d'un citoyen moyen (les taux d'illetrisme, l'existence des bibliothèques (surtout dans les villages), leur dotation, toussa)?

Merci pour les gens de ma génération ! Certainement un meilleur accès à l'écrit que tu ne le penses; Infiniment moins d'illettrés, toutes classes sociales confondues, qu'aujourd'hui.Oui, il n'aurait peut-être pas fallu comme référence les 50 dernières années pour écrire cela.

Par contre, "infiniment moins d'illettrés" aujourd'hui qu'il y a 50 ans, ça je ne le pense pas du tout.

En tout cas, les gens qui avaient fréquenté l'école primaire jusqu'à 14 ans savaient lire et écrire, à part ceux qui étaient déficients intellectuels, et ne dépassaient pas le CP ou le cours élémentaire.

PauvreYorick a écrit:Si c'est Transmettre, apprendre, il est déjà paru il y a 2 semaines, chez Stock. C'est un ouvrage en collaboration, cela dit. Gauchet n'en est pas l'unique auteur.

Je viens d'appeler mes.deux libraires habituels, et le bouquin est déjà en rupture. Snif.

Il semble qu'on puisse le commander en cliquant sur la signature de John

Bon, je n'avais pas écouté les deux extraits du 7-9, je viens d'écouter le premier. C'est vrai qu'outre que ce qu'il dit est exact, il ne donne pas le sentiment de faire la leçon à 800 000 incompétents, et c'est assez rafraîchissant.

Après, ce qu'il dit sur la distinction instruire / éduquer est exact, mais insuffisant pour rendre compte des raisons du débat.