comment aider ma stagiaire?

Je vais essayer d'être brève : ma stagiaire exerce dans mon lycée, a 2 classes de secondes plutôt sympa, une tutrice qui fait ce qu'elle peut pour l'être (  ), une équipe de lettre assez cool, elle a un appart à 5 minutes à pied du lycée, en colocation avec une amie stagiaire. Tout irait donc bien si elle n'était pas si loin de son compagnon : il vit à 300 kms d'ici, leurs parents à 150 kms. Et comme elle travaille le samedi matin, les week-ends lui semblent bien trop courts.
Ce qui m'inquiète, c'est qu'à chaque fois qu'on en vient à parler de sa situation personnelle, elle a les larmes aux yeux, vit très mal d'être séparée de lui. Il faut dire qu'elle vivait en couple depuis 2 ans. Les mutations l'angoissent beaucoup, elle ne pourra pas rejoindre son académie, mais son compagnon est prêt à la suivre.
Aujourd'hui, notre discussion s'est terminée par des pleurs : j'ai essayé de la raisonner, car elle était très déçue que la direction lui ait refusé (pour des motifs valables) deux modifications d'emploi du temps qui lui auraient permis d'être en week-end plus tôt. Et elle pense déjà au mois de mai (  ) : comme il y a un jeudi férié, qu'elle ne travaille pas le vendredi, elle aurait voulu faire "sauter" son samedi. Je lui ai dit que la direction avait refusé l'année dernière toute modification d'emploi du temps pour permettre un week-end à rallonge. Et elle m'a répondu "si c'est comme ça, je me mettrai en arrêt maladie! Une fois que l'inspecteur sera passé, je ferai ce que je voudrai!"
Son attitude m'inquiète, je le lui ai dit, mais elle n'était plus en état de discuter.
Qu'en pensez-vous? Comment lui faire comprendre que sa situation est pénible, certes, mais transitoire? Et puis, l'année prochaine, elle peut se retrouver en ZEP, avec 20 h de cours, 3 niveaux, des trajets…. Tiendra-t-elle le choc, si elle est déjà ainsi cette année (bon, à la limite, l'année prochaine ne me regarde pas…)
Je ne veux pas être trop dure avec elle, mais je suis perplexe. Moi aussi j'ai vécu mon année de stage à 800 kms de mon copain, et je pleurais tellement je galérais avec mes élèves. Mais je n'aurais jamais remis en cause mon travail.
Je suis curieuse d'avoir votre avis, cela me permettra de prendre un peu de distance.

Il faut lui trouver un nouveau mec

Si tu lui as déjà expliqué tout cela et qu'elle s'entête, je ne vois pas ce que tu peux faire... À ta place je lui dirais une dernière fois que je ne cautionne pas son attitude et ensuite j'arrêterais de lui en parler, en espérant que ça ne passe pas trop mal entre elle et la direction. Je me contenterais de la soutenir avec gentillesse quand elle n'a pas le moral, de l'aider au niveau du boulot, et c'est tout. Mais je comprends que ça t'ennuie.

Je peux comprendre qu'elle trouve cela difficile, cependant, je crois qu'elle ne mesure pas sa chance d'avoir une tutrice aussi sympa que toi !  
Je m'explique : pendant mon année de stage j'avais un tuteur un peu "dur" j'étais à plus de 200 kms de chez moi, de mon compagnon, de mes quatre filles (la dernière avait deux ans) lors de notre première entrevue il m'a dit tout de go : " ici et dans l'EN en général, tu n’émouvras personne avec ta situation personnelle."
Nous n'avons jamais reparlé de ma situation personnelle, et, finalement c'était très bien comme ça.
Peut-être faudrait-il ne plus aborder sa situation perso ? S'en tenir au travail justement ?

En tant que tutrice, tu es là pour la conseiller, ce que tu as fait. Tu lui a donné ton point de vue, elle peut l'entendre ou pas. Elle est adulte, à elle de savoir ce qu'elle veut faire.

Je pense qu'elle doit souffrir terriblement de cette séparation qui me semble bien plus importante dans sa vie que "tout irait bien si seulement ce petit détail était différent" car le déracinement ET la séparation d'avec son compagnon,  cela fait beaucoup.

Je comprends que cela la fragilise et je pense que l'an prochain, si elle est en zep, à 20h, avec un we de 3 jours, elle sera bien plus heureuse de voir son compagnon et tiendra bien mieux que cette année.  Si l'an prochain elle a 3h de trajet par jour et 2 établissements mais qu'elle retrouve son conjoint du vendredi soir au dimanche soir, elle sera bien plus apaisée... et s' il vient vivre avec elle comme tu l'indiques,  pourquoi diable l'année prochaine serait - elle plus dure?! Le facteur qui la met en larmes aura disparu...
et au passage, elle a bien 21h,  cette année,  avec la formation... Le discours selon lequel l'année de stage est moins éprouvante que les suivantes me fait bien rire, j'ai été plus épuisée cette année - là que quand j'étais contractuelle avec 23h et 6 niveaux... (passons)

J'ajoute que de la part de ta direction,  lui donner son vendredi et la faire venir le samedi, c'est particulièrement vache!

Après,  pour cette histoire de pont ou pas pont, maladie ou pas maladie, je ne me formaliserais pas. Combien de collègues,  en année de validation ou pas, ont dit qu'ils en avaient ras le bol de leur emploi du temps pourri/ de la séparation / de l'absence de déplacement de cours et disent qu'ils vont se mettre en maladie? Énormément.  Certains le disent et sont loin de le faire. Qu'elle tienne des propos pareils, surtout les larmes aux yeux, n'est pas surprenant si elle souffre vraiment: elle parle sous le coup de l'émotion.
J'avais une sorcière comme pseudo - tutrice,  mais auprès d'une collègue sympa, j'aurais pu exprimer ma déception et ma détresse en disant que j'allais démissionner ou me mettre en maladie. .. sans pour autant le faire ni moins m'investir dans mon boulot.
(Par ex, après que l'inspecteur m'a dit que je demandais trop à mes élèves,  effondrée,  j'ai bien dit en salle des profs que je ne ferais plus que des jeux... bien entendu, il n'en a rien été)

En tout cas,  tu as l'air de sincèrement te préoccuper de son bien-être,  cela fait plaisir à lire

Ah et sinon
- quand on est loin de chez soi, s' entendre dire "c'est passager" ne console pas le moins du monde.
- s' entendre dire " moi aussi j'ai vécu ça et je me plaignais moins/ j'ai survécu" fait penser "nous ne sommes pas tous égaux face à la souffrance"
- s' entendre dire "cela pourrait être pire" met en colère
- s' entendre dire "cela pourrait être pire l'an prochain" déprime et angoisse

même si c'est dit sans intention de nuire.

Je crois que comme pour tout, dès qu'on a fini de vivre cette torture de l'exil forcé, on en garde toujours un souvenir moins vif...

En conclusion je pense que tu n'as pas à lui faire la leçon sur sa situation "pénible mais transitoire" car la morale et tenir un discours qui banalise le déracinement violent opéré par L'EN en guise de cadeau de bienvenue 
* ne font pas partie de tes attributions.
* sont très casse - gueule et jetteraient un gros froid entre vous
* n'apporteraient rien; ne la consoleraient pas, ne feraient pas d'elle une meilleure prof

bref cela me semble inutile

Tu veux lui remonter le moral ? Bah fais la venir ici pour se plaindre avec nous de l'année de stage déjà !

Blague à part, je rejoins un peu Voli (même si j'ai pas été dans le cas) sur son avant dernier message, elle a besoin de tout sauf de "j'ai tout vu, tout fait" et de condescendance (même involontaire).

Elle fait assez de trucs hors boulot pour pas avoir le temps de trop penser à son éloignement ou pas ?

Autant je n'aime pas entendre certains collègues dire que lorsqu'on rentre dans l'Education Nationale c'est qu'on a pris conscience des contraintes et qu'on les assume.. je trouve ça trop dur car la séparation de son conjoint, de sa famille ou de sa région peut être une vraie souffrance.

Mais là franchement il ne faut pas pousser... je trouve qu'elle a vraiment une attitude de gamine pourrie gâtée...  dire "quand l'inspecteur sera passé, je ferai ce que je veux", franchement elle mérite une claque

Désolé de ma franchise  

Voli vola a écrit:Je pense qu'elle doit souffrir terriblement de cette séparation qui me semble bien plus importante dans sa vie que "tout irait bien si seulement ce petit détail était différent" car le déracinement ET la séparation d'avec son compagnon,  cela fait beaucoup.

Je comprends que cela la fragilise et je pense que l'an prochain, si elle est en zep, à 20h, avec un we de 3 jours, elle sera bien plus heureuse de voir son compagnon et tiendra bien mieux que cette année.  Si l'an prochain elle a 3h de trajet par jour et 2 établissements mais qu'elle retrouve son conjoint du vendredi soir au dimanche soir, elle sera bien plus apaisée... et s' il vient vivre avec elle comme tu l'indiques,  pourquoi diable l'année prochaine serait - elle plus dure?! Le facteur qui la met en larmes aura disparu...
et au passage, elle a bien 21h,  cette année,  avec la formation... Le discours selon lequel l'année de stage est moins éprouvante que les suivantes me fait bien rire, j'ai été plus épuisée cette année - là que quand j'étais contractuelle avec 23h et 6 niveaux... (passons)

J'ajoute que de la part de ta direction,  lui donner son vendredi et la faire venir le samedi, c'est particulièrement vache!

Après,  pour cette histoire de pont ou pas pont, maladie ou pas maladie, je ne me formaliserais pas. Combien de collègues,  en année de validation ou pas, ont dit qu'ils en avaient ras le bol de leur emploi du temps pourri/ de la séparation / de l'absence de déplacement de cours et disent qu'ils vont se mettre en maladie? Énormément.  Certains le disent et sont loin de le faire. Qu'elle tienne des propos pareils, surtout les larmes aux yeux, n'est pas surprenant si elle souffre vraiment: elle parle sous le coup de l'émotion.
J'avais une sorcière comme pseudo - tutrice,  mais auprès d'une collègue sympa, j'aurais pu exprimer ma déception et ma détresse en disant que j'allais démissionner ou me mettre en maladie. .. sans pour autant le faire ni moins m'investir dans mon boulot.
(Par ex, après que l'inspecteur m'a dit que je demandais trop à mes élèves,  effondrée,  j'ai bien dit en salle des profs que je ne ferais plus que des jeux... bien entendu, il n'en a rien été)

En tout cas,  tu as l'air de sincèrement te préoccuper de son bien-être,  cela fait plaisir à lire

Je n'aurais pas dit mieux Voli!

Moi j'ai dit ça aussi et n'en ai rien fait ... C'est la déception qui parle, je pense.


Alors oui, le déménagement est l'une des plus grandes causes de stress, c'est pas parce qu'on est passé par là que ça le rend moins pénible ou plus acceptable ...

(Finalement non  )

Et je rappelle qu'avoir connaissance des contraintes c'est une chose, accepter les contraintes en est une autre, et accepter sans se plaindre / accepter en confiant sa peine / accepter en exprimant parfois sa colère / accepter et faire l'apologie du système en bon masochistes / accepter et dire que l'on déplore ce fonctionnement (liste non exhaustive) sont des nuances qui existent!

Merci de vos avis!
Je retiens le conseil de ne pas lui faire la morale (ce n'était pas mon intention, mais cela peut affectivement y ressembler) et de m'en tenir davantage au travail (mais c'est tout de même elle qui est venue me voir pour m'en parler, comme si j pouvais quelque chose au refus de la direction).
Par ailleurs, ma collègue coordonnatrice l'a autorisée à ne pas venir à la journée "portes ouvertes" du lycée qui a lieu un samedi matin : les élèves sont libérés, et elle devrait normalement faire acte de présence. J'espère juste que la direction ne le lui refusera pas… Donc je trouve qu'on la soutient bien!
Sinon, pour répondre à Thom, le problème vient aussi du fait qu'elle ne fait rien ici, à part son travail. Et comme elle est en colocation avec une stagiaire qui est dans le même cas qu'elle, je craint qu'elles ne se démoralisent mutuellement (c'est l'impression qu'elle me donne quand elle en parle.)

Gloups! Je suis vraiment crevée ce soir, j'ai laissé plein de fautes dans mon message…   

Oui et puis bon, entre dire et faire...Moi aussi je crache régulièrement ma colère et mon désespoir sur l'EN/ l'établissement / les élèves, et après? Je dis régulièrement que "de toutes façons je m'en tape, tout le monde me fait c**** là-dedans" et je fais quand même mon boulot finalement. Je me prends bien la tête dessus en plus. Chacun vit les choses différemment.

je suis partagé : d'un côté je comprends la souffrance et c'est très bien que vous la souteniez.

D'un autre, pour ces raisons, elle ne viendra pas à la réunion portes ouvertes...

Combien de fois j'ai croisé des collègues qui décalaient des réunions ou des conseils pour des raisons plus ou moins valables...

Je ne trouve pas cela très sain. C'est toujours ceux qui se plaignent qui arrivent à leur fin, je ne trouve pas cela normal...

Clo,  je suis convaincue que tu es une tutrice épatante. 
Dire que je pense que la morale ne rentre pas dans tes attributions ne veut pas dire que je pense que tu aimes ou désires faire la morale. Loin de moi l'idée de te juger. 
1. Je me permets simplement de te dire comment j'aurais vécu les choses si une tutrice, même sympa, m'avait tenu un discours de ce tonneau - là.  Même sans être pénible, j'aurais trouvé ça hors sujet.
2. Je voulais aussi dire que cela ne servait à rien de te tourmenter à ce propos!

Et oui, vous avez l'air de bien la soutenir
La meilleure façon de continuer, c'est de garder confiance en elle et en ses capacités...

EU1 a écrit:je suis partagé : d'un côté je comprends la souffrance et c'est très bien que vous la souteniez.

D'un autre, pour ces raisons, elle ne viendra pas à la réunion portes ouvertes...

Combien de fois j'ai croisé des collègues qui décalaient des réunions ou des conseils pour des raisons plus ou moins valables...

Je ne trouve pas cela très sain. C'est toujours ceux qui se plaignent qui arrivent à leur fin, je trouve ça vraiment limite...

Alors là !   

EU1,  je comprends ta position.  Je ne me plains jamais à mes chefs, et je ne demande jamais de fleur, et je vois bien que la norme n'est pas là.
On n'a pas tous le même (rayez la mention inutile) surmoi / dévouement / sens de ce qui est normal ou pas.

Néanmoins
- je pense que la généralisation abusive est dangereuse
- je doute fortement que les profs stagiaires soient des profiteurs / des geignards qui obtiennent des passe - droits.  Mais alors très très fortement.

Voli vola a écrit:EU1,  je comprends ta position.  Je ne me plains jamais à mes chefs, et je ne demande jamais de fleur, et je vois bien que la norme n'est pas là.
On n'a pas tous le même (rayez la mention inutile) surmoi / dévouement / sens de ce qui est normal ou pas.

Néanmoins
- je pense que la généralisation abusive est dangereuse
- je doute fortement que les profs stagiaires soient des profiteurs / des geignards qui obtiennent des passe - droits.  Mais alors très très fortement.

Je suis d'accord avec toi Voli vola mais je considère que lorsqu'on commence dans un métier, on ne commence pas par se plaindre, désolé. Les premières années sont difficiles, c'est clair, mais de savoir qu'en tant que T1 elle est déjà à se plaindre... l'année de T1 je n'avais même pas le temps de me plaindre tellement j'avais de travail.
J'ai aussi eu une situation pourrie (j'habitais en sud bretagne, j'ai fait mon stage dans le Nord bretagne et j'allais à l'IUFM de Rennes le mercredi et jeudi). Le jeudi soir, je devais retourner en Nord bretagne pour une heure de cours le vendredi après-midi, pour repartir en bzh sud le vendredi soir et remonter le dimanche...
Même si la situation était difficile, je n'étais pas dans la plainte et j'ai accepté la situation.

Après j'avais peut-être tort et j'aurais du essayé de décaler mon cours du vendredi etc etc mais ça ne fait pas partie de mon caractère.

Je déplore juste le fait que la jeune collègue soit déjà dans cette logique d'avoir la bonne situation tout de suite... ma mère qui travaille à l'hôpital fait aussi le même constat : les jeunes qui ont des exigences que les plus anciennes ont attendu des années avant d'avoir... après peut-être est-ce une erreur de se satisfaire de ce qu'on a mais c'est ainsi qu'on m'a élevé.

Après si elle ne va vraiment pas bien, là ce n'est plus une simple plainte bien sûr. Qu'elle aille voir son médecin et qu'il l'arrête un temps pour recharger les batteries peut être une solution. Sinon, qu'elle cesse de se plaindre

Désolé de la dureté de mon propos  

If the wheel squeaks, oil it.

EU1, toi, c'est toi, et elle, c'est elle. C'est pas parce que tu as mieux supporté qu'elle les difficultés qu'il faut la critiquer. Encore une fois, chacun vit les choses comme il peut. Elle fait son boulot non? Le reste ne regarde personne. Elle se plaint si elle a besoin de se plaindre, elle pleure et puis c'est tout.

lalilala a écrit:EU1, toi, c'est toi, et elle, c'est elle. C'est pas parce que tu as mieux supporté qu'elle les difficultés qu'il faut la critiquer. Encore une fois, chacun vit les choses comme il peut. Elle fait son boulot non? Le reste ne regarde personne. Elle se plaint si elle a besoin de se plaindre, elle pleure et puis c'est tout.

Oui c'est vrai que moi c'est moi et elle c'est elle. Et je comprends que tout le monde ne réagisse pas de la même façon, c'est sûr.

Je donnais juste mon avis, c'est tout

Enfin bref, bon courage à elle en tout cas