Faut-il être viril pour être respecté ?

L'habit ne fait pas le moine.

Quand j'arrive au collège, je me répète cette phrase qu'a dite un néo à un autre néo (toi, je crois bien !) quelque part sur ce forum : "Je suis humble de ma personne, mais orgueilleuse de ma fonction." Et donc je traverse la cour la tête haute, pleine d'assurance, même si au fond de moi, je n'en mène pas toujours aussi large.

Après, je crois que mes élèves voient bien quand j'hésite, quand je change d'avis, etc. Bref, toutes ces choses qui montrent qu'on n'a pas 10 ans de métier, comme leurs autres profs. C'est sans doute aussi cela qui joue...?

Dalathée2 a écrit:"Je suis humble de ma personne, mais orgueilleuse de ma fonction."

Tiens, ça me plaît, ça.  

Le statut de stagiaire n'aide pas à avoir confiance en soi. On se sent constamment jugé et remis en question, si ce n'est infantilisé... Quand tu seras titularisé tu n'auras plus le même état d'esprit (c'est ce que j'ai vécu).

florestan a écrit:

tiptop77 a écrit:

Elyas a écrit:Non. Il faut arrêter cette tendance au doute. Le secret est d'avoir confiance en soi, pas d'être viril. Etant grand, mince et enclin aux gestes plein de "grâce",  je ne me suis jamais senti remis en cause pour cela. J'ai déjà vu des collègues dits virils être démolis par des 6e qui me mangeaient dans la main alors que j'avais mon pantalon rouge et que j'avais des gestes et une démarche guillerets. Crois en toi et envoie paître les collègues qui te font ce genre de remarques, souvent ils font cela pour se rassurer eux.

+10000000

Totalement d'accord. L'autorité n'a à voir ni avec le sexe ni avec le physique. C'est une question d'assurance personnelle, la conscience qu'on est légitime dans son rôle et aussi la certitude qu'on est (dans le cadre d'une salle de classe) le seul maître à bord et que ça ce n'est pas contestable.

J'ai l'impression que les mioches le ressente. Mes cours ou je suis sur de ce qu'on va faire (des points du programme qui me plaisent) le cours se passe au top malgré certains problèmes techniques. Quand le cours (bien que préparé au mieux) parle d'un point du programme que je ne trouve pas top, c'est un peu plus le bronx.
La jusqu'au vacances de noel, le programme est au top du top... ils vont filer droit?? (ça a déjà bien commencé en tout cas)

Haldetrude a écrit:Le statut de stagiaire n'aide pas à avoir confiance en soi. On se sent constamment jugé et remis en question, si ce n'est infantilisé... Quand tu seras titularisé tu n'auras plus le même état d'esprit (c'est ce que j'ai vécu).

J'ai l'impression à chaque cours que quelqu'un voit les poly que j'ai donné, la façon dont j'ai fait la correction, la manière dont j'ai abordé un point du programme... et que je vais me faire taper sur les doigts (pour les points que je n'aime pas) Alors que, que néni! il n'en est rien de tout ça! :lol:

Gryphe a écrit:[
Sinon, j'ai la technique exactement inverse de celle d'Elyas, d'une manière générale : j'essaye de voir les auras des gens, de voir en chacun d'entre eux quelqu'un de bien, ce qu'il ou elle a de bien, de profondément humain et de profondément aimable. Ça, ça m'aide beaucoup.

Pour le coup de l'autorité, je dois avouer que l'autorité liée au statut, ça aide bien aussi...  

tu vois Gryphe, c'est exactement ce genre de phrase qui me fait regretter de ne pas te connaître ou de ne pas travailler sous tes ordres (même si mon cde actuel est quelqu'un de profondément humain et chaleureux, qui travaille en se fondant sur la bienveillance et la générosité )  :etoilecoeur: :etoilecoeur: 

pour en revenir à la question initiale, je suis d'accord avec beaucoup d'entre vous : l'autorité n'a pas grand chose à voir avec la virilité, la largeur des épaules ou les mensurations.
La mienne passe, je dois le dire, par le sourire …je me suis rendu compte que les gens en général, et les élèves en particulier, étaient sensibles au sourire; et je veille à être souriante, à faire cours dans la bonne humeur. Ce qui rend d'autant plus efficace n'importe quel regard noir, n'importe quelle remarque tranchante ou coup de gueule. Et du coup, peu importent mes 163 cm…

Et d'ailleurs, beaucoup de gamins me disent qu'ils m'imaginaient plus grande, ce qui est surprenant vu que je n'ai pas d'estrade….. :shock:

Haldetrude a écrit:Le statut de stagiaire n'aide pas à avoir confiance en soi. On se sent constamment jugé et remis en question, si ce n'est infantilisé... Quand tu seras titularisé tu n'auras plus le même état d'esprit (c'est ce que j'ai vécu).

C'est très juste. L'autorité ne passe pas par le physique mais par la confiance que l'on peut avoir en soi et par le sentiment qu'on est bien à sa place, qu'on est "légitime". Et le statut de stagiaire n'aide pas à avoir confiance en soi.

albertine02 a écrit:

Gryphe a écrit:[
Sinon, j'ai la technique exactement inverse de celle d'Elyas, d'une manière générale : j'essaye de voir les auras des gens, de voir en chacun d'entre eux quelqu'un de bien, ce qu'il ou elle a de bien, de profondément humain et de profondément aimable. Ça, ça m'aide beaucoup.

Pour le coup de l'autorité, je dois avouer que l'autorité liée au statut, ça aide bien aussi...  

tu vois Gryphe, c'est exactement ce genre de phrase qui me fait regretter de ne pas te connaître ou de ne pas travailler sous tes ordres (même si mon cde actuel est quelqu'un de profondément humain et chaleureux, qui travaille en se fondant sur la bienveillance et la générosité )  :etoilecoeur: :etoilecoeur: 

pour en revenir à la question initiale, je suis d'accord avec beaucoup d'entre vous : l'autorité n'a pas grand chose à voir avec la virilité, la largeur des épaules ou les mensurations.
La mienne passe, je dois le dire, par le sourire …je me suis rendu compte que les gens en général, et les élèves en particulier, étaient sensibles au sourire; et je veille à être souriante, à faire cours dans la bonne humeur. Ce qui rend d'autant plus efficace n'importe quel regard noir, n'importe quelle remarque tranchante ou coup de gueule. Et du coup, peu importent mes 163 cm…

Et d'ailleurs, beaucoup de gamins me disent qu'ils m'imaginaient plus grande, ce qui est surprenant vu que je n'ai pas d'estrade….. :shock:

 :aav: 

Ce n'est pas parce que tu fais peur que les élèves te respectent. Les élèves d'une de mes classes "craignent" l'un de leur prof et donc un de mes collègues (grand, baraqué, qui colle plus vite que son ombre) mais ils ne le respectent absolument pas. Peut-être a-t-il la paix dans sa classe? Et encore, je ne suis pas convaincue car j'ai l'impression que les clash sont réguliers vu les motifs de retenue.

J'ai la même technique qu'Albertine, j'essaie d'être moi-même et surtout d'être juste. Ca a marché en collège et ça a l'air de bien fonctionner au lycée. Faire cours avec le sourire rend effectivement plus "crédibles" les coups de gueule.

Modulo a écrit:Juste avant les vacances de Noël, un élève m'a dit en plein cours : "En fait, monsieur, vous avez un côté vraiment très féminin"

Vous, vous êtes un prof qui parle tout le temps, j'en suis sûr :lol:
Sur la question de départ ? Je pense que la virilité n'a rien à voir avec ce qui se passe en classe. Je crois beaucoup plus au fait d'être à l'aise, d'assumer et ce que l'on est et ce que l'on choisit de paraître, d'être solide sur ce qu'on dit.

Je pense qu'il faut être bien dans ses baskets pour pouvoir avoir de la discipline. Etre sûr de soi, de son travail, avoir une idée fixe de la direction dans laquelle tu veux que toi et tes élèves avancent. Etre également clair dès le début avec tes classes sur tes exigences et ne pas négocier

Tout le monde a raison, c'est d'être droit dans ses bottes qui permet de bien se positionner par rapport aux élèves, être un grand baraqué n'apporterait rien, de toute façon tu ne les taperais pas, alors...
Pense plutôt à tout ce que ça peut leur apporter de voir un homme qui n'est pas une grosse brute, et s'autorise à être "gracieux" (c'est adorable!), enfin un autre modèle que ceux que leur propose la télé, ils ont de la chance de te connaître.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

Elyas a écrit:J'ai un exercice mental stupide qui m'a toujours aidé. J'imagine que mon autorité est une sphère luminescente autour de moi et qu'elle se propage, écrasant de sa superbe les auras ridicules de mes élèves. C'est bizarre mais cela m'a toujours permis de sentir que je dominais et que les petites brutes de mon cours n'avaient qu'à bien se tenir s'il ne voulait pas être écrasé par ma superbe.

Ah ah ! J'essaye dès demain. Je serai Louis XIV ou rien.

Alors, ça fait quoi, d'être Louis XIV ?   

Comme les autres, je dirais qu'il faut imposer son autorité. En cours, je suis plutôt souriante, mais je peux devenir cinglante et très désagréable, sans forcément élever la voix - ce qui me permet de terminer un cours dans le silence le plus absolu et le plus glacé si on me cherche un peu trop   

Spoiler:

L'exercice mental d'Elyas ne me semble pas stupide du tout. C'est sûr qu'il faut dégager de l'assurance et ça passe par une sorte d'aura d'énergie que l'on dégage. ( bonjour le vocabulaire new-age , mais je ne trouve pas d'autre formulation   ) Quand je suis très fatiguée j'ai l'impression d'être transparente et la qualité d'attention des élèves baisse sensiblement.

Cripure a écrit:

Modulo a écrit:Juste avant les vacances de Noël, un élève m'a dit en plein cours : "En fait, monsieur, vous avez un côté vraiment très féminin"

Vous, vous êtes un prof qui parle tout le temps, j'en suis sûr :lol:

C'est quoi ce sexisme dites donc ?

Bon sinon j'avoue que la question au départ me choquait un peu justement par rapport à cette définition de la virilité ou de la féminité (disons que sous-entendre qu'un homme moins "baraqué" serait moins respecté vient à se demander comment les femmes alors sont respectées !) mais bon, je reconnais que les gender studies ont pas mal d'effet sur moi.

Je pense que l'assurance, le fait d'être sur de soi et de ce que l'on raconte, d'avoir son truc (répartie ou autre) joue bien plus que le physique. Je suis je pense la prof la plus petite de mon établissement et j'ai la réputation d'être sévère (moi je ne trouve pas mais bon, c'est un autre débat !) surement parce que j'accepte peu de choses et que je peux être assez cinglante.

*Fifi* a écrit:(disons que sous-entendre qu'un homme moins "baraqué" serait moins respecté vient à se demander comment les femmes alors sont respectées !)

Non, c'est davantage une question de normes. Je me demandais si les élèves respectaient davantage les professeurs "normaux" (veuillez agréer mes sincères guillemets) : hommes masculins, virils, femmes féminines. Papa maman. Ils se moquent de tout ce qui diffère un peu de leurs évidences, alors pourquoi pas d'un prof. Les gender studies, d'accord, mais les élèves m'en semblent plutôt éloignés, pour l'heure. Enfin bref, à vous lire je m'en préoccupe beaucoup moins maintenant.

Alors, ça fait quoi, d'être Louis XIV ? Wink

Tutrice très contente de ma gestion des 6e M'enfin, avec les 6e, je n'ai jamais eu de gros problèmes de gestion. Ensuite, avec les 5e, j'étais trop fatigué pour y penser... C'est un problème aussi, la fatigue. Je suis vite fatigué par les heures de cours et il m'arrive souvent de ne pas avoir les moyens énergétiques de mettre en place mon absolutisme, et puis il me manque un sceptre.

Elyas a écrit:

Une classe, c'est comme une meute de loup. Si elle sent que tu doutes, ils vont te sauter au cou pour prendre la position de chef. Sois le chef, sens que tu es le chef, deviens le chef et basta ! Ce fut le meilleur conseil qui me fut donné lors de mon année de stage.  

Oh, ça alors, j'ai reçu exactement le même conseil lors de mon année de stage !
Et c'est probablement le meilleur conseil que j'aie reçu en matière de gestion de classe.

Je prends position, je pose ma voix, j'installe ma présence et j’assène calmement mais fermement des phrases qui emplissent lentement l'espace.

Alpha, c'est moi.

JPhMM, Leo.

 :lol!: 

(Vous me verriez tout gringalet et fragile, vous exploseriez de rire)

Dinaaa a écrit:

Elyas a écrit:

Une classe, c'est comme une meute de loup. Si elle sent que tu doutes, ils vont te sauter au cou pour prendre la position de chef. Sois le chef, sens que tu es le chef, deviens le chef et basta ! Ce fut le meilleur conseil qui me fut donné lors de mon année de stage.  

Oh, ça alors, j'ai reçu exactement le même conseil lors de mon année de stage !
Et c'est probablement le meilleur conseil que j'aie reçu en matière de gestion de classe.

Carrément !!!!+1000

non.

mais je crois avoir lu que c'était déjà dit... :lol:

Cripure a écrit:

Modulo a écrit:Juste avant les vacances de Noël, un élève m'a dit en plein cours : "En fait, monsieur, vous avez un côté vraiment très féminin"

Vous, vous êtes un prof qui parle tout le temps, j'en suis sûr :lol:

En bon pédéraste, effectivement ! Vous m'avez percé à jour avec une facilité déconcertante tout de même...   

Blague à part, l'image de la meute de loup est forte, mais bien à propos. Ceci dit, je pense qu'elle est valable avec n'importe quel auditoire.

Dinaaa a écrit:

Elyas a écrit:

Une classe, c'est comme une meute de loup. Si elle sent que tu doutes, ils vont te sauter au cou pour prendre la position de chef. Sois le chef, sens que tu es le chef, deviens le chef et basta ! Ce fut le meilleur conseil qui me fut donné lors de mon année de stage.  

Oh, ça alors, j'ai reçu exactement le même conseil lors de mon année de stage !
Et c'est probablement le meilleur conseil que j'aie reçu en matière de gestion de classe.

Effectivement : ne pas douter. Tu es l'adulte, pas eux. Tu es le prof, pas eux. Après, il faut peut-être aussi prendre en compte les tempéraments, l'histoire de chacun : autant de facteurs qui contribuent à notre émanation.

Ah, et j'allais oublier. Mine de rien, bien que l'on ait entrepris de prétendre officiellement le contraire depuis maintenant vingt-cinq ans (eh oui, déjà...), ce qui fonde déjà aussi pour beaucoup notre autorité, c'est notre savoir.