- lnNiveau 5
Bonjour, et meilleurs voeux à tous !
Je suppose que vous reprenez comme moi peu à peu contact avec les préparations de cours, alors je me permets de vous demander votre avis : auriez-vous des idées d'exercices à faire en groupe pour préparer le nouvel objet d'étude qui sera vu en classe, à savoir la poésie ? J'aimerais leur faire faire des choses sympas et originales. Si vous avez des pistes, je suis preneuse !
Merci d'avance, et bonne fin de vacances !
Je suppose que vous reprenez comme moi peu à peu contact avec les préparations de cours, alors je me permets de vous demander votre avis : auriez-vous des idées d'exercices à faire en groupe pour préparer le nouvel objet d'étude qui sera vu en classe, à savoir la poésie ? J'aimerais leur faire faire des choses sympas et originales. Si vous avez des pistes, je suis preneuse !
Merci d'avance, et bonne fin de vacances !
- LilypimsGrand sage
Ça dépend de ce que tu vas faire, non ? Qu'as-tu choisi d'étudier ?
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- trompettemarineMonarque
Je commencerai par demander ce que signifie pour eux "Quête du sens".
Puis je leur ferai chercher en groupe les poèmes qui répondent à une quête du sens :
-en fonction de ce qu'ils ont lu l'année dernière
-en leur proposant un choix de textes (dans la perspective hautement probable qu'ils répondent : "mais on n'a rien fait l'année dernière.)
Puis il s'agira, en classant les réponses, de peaufiner la définition de la quête du sens (quel "sens"?) et de s'apercevoir que tout poème ou presque répond à cette quête.
Le travail d'interprétation des poèmes (et notamment du recueil) pourra être facilité par ce premier questionnement.
Puis je leur ferai chercher en groupe les poèmes qui répondent à une quête du sens :
-en fonction de ce qu'ils ont lu l'année dernière
-en leur proposant un choix de textes (dans la perspective hautement probable qu'ils répondent : "mais on n'a rien fait l'année dernière.)
Puis il s'agira, en classant les réponses, de peaufiner la définition de la quête du sens (quel "sens"?) et de s'apercevoir que tout poème ou presque répond à cette quête.
Le travail d'interprétation des poèmes (et notamment du recueil) pourra être facilité par ce premier questionnement.
- lnNiveau 5
A priori, des poèmes sur la solitude, le mal-être romantique, le lyrisme...
Merci Trompettemarine, je note !!
Merci Trompettemarine, je note !!
- PhilomèleNiveau 9
Ce que je vais écrire est peut-être déconnecté des contraintes du programme de seconde, je m'en excuse par avance.
En licence, mes étudiants tentent toujours de me faire croire qu'ils ne savent pas décompter les syllabes et lire les vers. De fait, chaque lecture ou récitation est une boucherie. J'ai pris l'habitude de faire des révisions à partir du poème "Les Djinns" de Hugo (texte intégral, bien entendu) : quelques mots rapides sur le titre et le sujet ; préparation de la lecture orale à partir d'une observation de la forme, de la typographie ; repérage des types de vers et décompte des syllabes ; essai de lecture des strophes en respectant le nombre de vers et présentation parallèle des règles de décompte des syllabes ; travail de l'interprétation. Le texte plaît beaucoup et je note que les étudiants se prennent au jeu de la recherche de l'intonation, des émotions, de la suggestion.
Exercice très utile pour préparer le travail sur des poèmes en vers mêlés, comme les Fables de La Fontaine.
À mon avis, tout ce qui permet de faire entendre des textes, de percevoir la musicalité des vers, de les "mettre en corps" ou "en souffle" est une bonne chose : la poésie, c'est vraiment une affaire masticatoire et musculaire... Je ne sais pas si on peut travailler avec un public de seconde à partir d'enregistrements faits par les poètes mêmes : les enregistrements d'Apollinaire en 1914 (ou 13 ?) sont très intéressants pour écouter le travail sur le souffle, entre autres. Pourquoi pas aussi des mises en musique, anciennes ou plus récentes (il y a eu un fil sur les poèmes transposés en chanson, sur le forum, il y a peu).
Dans le même ordre de réflexion, je ne jure que par la mémorisation : pour le dire de façon jargonnante, c'est un "apprentissage structurant", rassurant. Le tout est que les élèves comprennent que ce qu'ils mémorisent, c'est un bien que l'on ne pourra jamais leur retirer.
Sinon, évoquer des situations dans l'histoire où l'on a lu / écrit des poèmes pour le plaisir ou pour sauver sa peau (Cassou, les camps en période génocidaire, etc.), seul ou en société. Ou présenter des textes de fiction (romanesques) qui évoquent la lecture, l'écriture de poèmes... Et faire réfléchir aux implications autour de la question : qu'apportent la poésie et la culture littéraire (sans le dire de cette façon, bien entendu). Me passe par la tête à l'instant : dans un roman de Troyat - je viens de retrouver, il s'agit d'Aliocha - le personnage enfant récite "Les djinns" (roman que j'ai lu à l'adolescence, je ne sais pas du tout si c'est exploitable). Autre souvenir très flou : dans Les Derniers jours, de Queneau, le personnage écrit des poèmes, qui sont des pastiches assez reconnaissables de classiques : il y a peut-être quelque chose de possible en classe, mais je ne suis pas sûre.
Je me répète : j'essaie d'aider à partir de mon expérience d'enseignement de la poésie auprès d'élèves un peu plus âgés. Ce que j'écris est peut-être sans pertinence dans le cadre des programmes et compte tenu du public de seconde.
En licence, mes étudiants tentent toujours de me faire croire qu'ils ne savent pas décompter les syllabes et lire les vers. De fait, chaque lecture ou récitation est une boucherie. J'ai pris l'habitude de faire des révisions à partir du poème "Les Djinns" de Hugo (texte intégral, bien entendu) : quelques mots rapides sur le titre et le sujet ; préparation de la lecture orale à partir d'une observation de la forme, de la typographie ; repérage des types de vers et décompte des syllabes ; essai de lecture des strophes en respectant le nombre de vers et présentation parallèle des règles de décompte des syllabes ; travail de l'interprétation. Le texte plaît beaucoup et je note que les étudiants se prennent au jeu de la recherche de l'intonation, des émotions, de la suggestion.
Exercice très utile pour préparer le travail sur des poèmes en vers mêlés, comme les Fables de La Fontaine.
À mon avis, tout ce qui permet de faire entendre des textes, de percevoir la musicalité des vers, de les "mettre en corps" ou "en souffle" est une bonne chose : la poésie, c'est vraiment une affaire masticatoire et musculaire... Je ne sais pas si on peut travailler avec un public de seconde à partir d'enregistrements faits par les poètes mêmes : les enregistrements d'Apollinaire en 1914 (ou 13 ?) sont très intéressants pour écouter le travail sur le souffle, entre autres. Pourquoi pas aussi des mises en musique, anciennes ou plus récentes (il y a eu un fil sur les poèmes transposés en chanson, sur le forum, il y a peu).
Dans le même ordre de réflexion, je ne jure que par la mémorisation : pour le dire de façon jargonnante, c'est un "apprentissage structurant", rassurant. Le tout est que les élèves comprennent que ce qu'ils mémorisent, c'est un bien que l'on ne pourra jamais leur retirer.
Sinon, évoquer des situations dans l'histoire où l'on a lu / écrit des poèmes pour le plaisir ou pour sauver sa peau (Cassou, les camps en période génocidaire, etc.), seul ou en société. Ou présenter des textes de fiction (romanesques) qui évoquent la lecture, l'écriture de poèmes... Et faire réfléchir aux implications autour de la question : qu'apportent la poésie et la culture littéraire (sans le dire de cette façon, bien entendu). Me passe par la tête à l'instant : dans un roman de Troyat - je viens de retrouver, il s'agit d'Aliocha - le personnage enfant récite "Les djinns" (roman que j'ai lu à l'adolescence, je ne sais pas du tout si c'est exploitable). Autre souvenir très flou : dans Les Derniers jours, de Queneau, le personnage écrit des poèmes, qui sont des pastiches assez reconnaissables de classiques : il y a peut-être quelque chose de possible en classe, mais je ne suis pas sûre.
Je me répète : j'essaie d'aider à partir de mon expérience d'enseignement de la poésie auprès d'élèves un peu plus âgés. Ce que j'écris est peut-être sans pertinence dans le cadre des programmes et compte tenu du public de seconde.
- LilypimsGrand sage
trompettemarine a écrit:Je commencerai par demander ce que signifie pour eux "Quête du sens".
Puis je leur ferai chercher en groupe les poèmes qui répondent à une quête du sens :
-en fonction de ce qu'ils ont lu l'année dernière
-en leur proposant un choix de textes (dans la perspective hautement probable qu'ils répondent : "mais on n'a rien fait l'année dernière.)
Puis il s'agira, en classant les réponses, de peaufiner la définition de la quête du sens (quel "sens"?) et de s'apercevoir que tout poème ou presque répond à cette quête.
Le travail d'interprétation des poèmes (et notamment du recueil) pourra être facilité par ce premier questionnement.
Cette histoire de quête du sens, c'est pour les premières, non ? En seconde, on étudie la poésie du romantisme au surréalisme.
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- trompettemarineMonarque
exact !
désolée !
désolée !
- LilypimsGrand sage
trompettemarine a écrit:exact !
désolée !
Oh bah, faut pas, hein !
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- variaHabitué du forum
En seconde, je fais quelque chose de bcp plus simple (trop simple ? quand je lis certaines de vos suggestions, je m'interroge...mais j'ai des classes faibles) lorsque je veux introduire la séquence sous forme de petits exercices en groupe : partant un peu du même constat que Philomène, je fais travailler les règles de prononciation basiques (e muet se prononçant devant consonne et non devant voyelle, possibilité de la diérèse ou de la synérèse).
Je les explique et les note rapidement au tableau puis je leur demande une liste de mots au hasard. Pour chacun de ces mots, ensuite, je leur demande un mot qui "rime avec" (et si j'ai le temps, j'introduis aussi les notions de rime pauvre, suffisante ou riche, et/ou de rimes croisées, suivies ou embrassées). Et à partir de là, ils doivent écrire un ou deux quatrains, selon le nb de mots choisis ou départ, je passe dans parmi les groupes vérifier que les règles sont bien appliquées (en général ce n'est jamais le entièrement ), puis chaque groupe lit son poème....
C'est une sorte d'écriture sous contrainte et ça peut donner des résultats assez drôles, et d'autres déjà assez réussis... et ça me permet d'être en droit d'attendre un peu de rigueur dans la lecture des poèmes par la suite (ce que dit Philomène ne m'étonne pas du tout, en général j'ai le plus grand mal à obtenir une lecture correcte de textes versifiés, en seconde mais aussi en première ou même terminale...)
Je les explique et les note rapidement au tableau puis je leur demande une liste de mots au hasard. Pour chacun de ces mots, ensuite, je leur demande un mot qui "rime avec" (et si j'ai le temps, j'introduis aussi les notions de rime pauvre, suffisante ou riche, et/ou de rimes croisées, suivies ou embrassées). Et à partir de là, ils doivent écrire un ou deux quatrains, selon le nb de mots choisis ou départ, je passe dans parmi les groupes vérifier que les règles sont bien appliquées (en général ce n'est jamais le entièrement ), puis chaque groupe lit son poème....
C'est une sorte d'écriture sous contrainte et ça peut donner des résultats assez drôles, et d'autres déjà assez réussis... et ça me permet d'être en droit d'attendre un peu de rigueur dans la lecture des poèmes par la suite (ce que dit Philomène ne m'étonne pas du tout, en général j'ai le plus grand mal à obtenir une lecture correcte de textes versifiés, en seconde mais aussi en première ou même terminale...)
- yranohHabitué du forum
J'aime faire chanter des alexandrins (je prends le début de Bérénice, les diérèses apparaissent au bout de 20 vers), en chœur, sur l'air de la Mère Michel. Je ne m'occupe pas du tout du sens. Puis un par un, ils lisent (suite du texte) en respectant toutes les diérèses, TOUTES les liaisons, vers après vers. Dès qu'il y a une erreur, je coupe sans explication, et le suivant prend le même vers (il peut y en avoir 5 ou 6 de suite qui butent sur le même vers, et un élève qui en réussit 10 de suite). L'émulation et la traque de l'erreur leur plaisent, ils se prennent au jeu (jusque-là, collège et lycée). Ensuite, je distribue le premier texte à étudier (sans les prévenir qu'on va l'étudier), et demande sa lecture : elle est très technique! Alors, je lis, en mettant le ton, et toujours, très, très, lentement. Là ils comprennent où je voulais en venir normalement, et une bonne partie du texte avec.
Je suis d'accord avec Philomèle, la musicalité est essentielle ; or je trouve que les élèves n'en ont pas toujours conscience. Donc, à mon avis, il faut commencer par là. J'ai fait ainsi plusieurs fois, et je suis satisfait. Les élèves n'ont pas peur de lire correctement, car ils se sont rendus compte que c'est absurde de ne pas le faire (ridicule, donc), et après avoir chanté la Mère Michèle, on perd sa pudeur vocale (reste à insister sur les silences, la lenteur, à chaque fin de vers, rejet ou pas rejet! Donc plutôt commencer par un poème à lire lentement, comme "Tant que mes yeux...", Labé).
Je suis d'accord avec Philomèle, la musicalité est essentielle ; or je trouve que les élèves n'en ont pas toujours conscience. Donc, à mon avis, il faut commencer par là. J'ai fait ainsi plusieurs fois, et je suis satisfait. Les élèves n'ont pas peur de lire correctement, car ils se sont rendus compte que c'est absurde de ne pas le faire (ridicule, donc), et après avoir chanté la Mère Michèle, on perd sa pudeur vocale (reste à insister sur les silences, la lenteur, à chaque fin de vers, rejet ou pas rejet! Donc plutôt commencer par un poème à lire lentement, comme "Tant que mes yeux...", Labé).
- PhilomèleNiveau 9
Bonjour, sans vouloir squatter le fil lancé par In, je me permets d'écrire que je lis avec beaucoup d'intérêt ce que vous faites avec vos élèves, Varia et Yohanr. La poésie en classe est une chose qui me préoccupe : tout ce qui peut donner le goût du poème aux élèves me paraît déjà une réussite. J'ai l'impression que les exercices que vous faites faire sont très vivants et donnent de bons résultats. C'est chouette pour les élèves.
(De fait, il me semble que c'est tout l'enseignement de la poésie qui est sinistré, à l'intérieur même de l'enseignement de la littérature - c'est dire. Et "tout l'enseignement", c'est même post-bac, ce qui fait qu'un certain nombre d'enseignants du secondaire n'est pas à l'aise avec cette pratique de la langue et a donc du mal à y amener les élèves. Cela dit, je perçois parfaitement le défi de l'enseignement de la poésie, qui peine à faire le poids à côté du cinéma ou du jeu vidéo... déjà que le roman peine, alors un poème...)
(De fait, il me semble que c'est tout l'enseignement de la poésie qui est sinistré, à l'intérieur même de l'enseignement de la littérature - c'est dire. Et "tout l'enseignement", c'est même post-bac, ce qui fait qu'un certain nombre d'enseignants du secondaire n'est pas à l'aise avec cette pratique de la langue et a donc du mal à y amener les élèves. Cela dit, je perçois parfaitement le défi de l'enseignement de la poésie, qui peine à faire le poids à côté du cinéma ou du jeu vidéo... déjà que le roman peine, alors un poème...)
- lnNiveau 5
Merci à tous pour vos commentaires. Pour ma part, il est vrai que l'enseignement de la poésie reste une gageure : la beauté d'un texte est suggestive et personnelle, et lorsque je leur demande s'ils sont touchés, la réponse est non (et cela vaut aussi pour les nouvelles de Maupassant par ex). Je ne désespère pas et vais tenter plusieurs expériences grâce à vous, merci !! (l'idée de la Mère Michel me plaît bcp !)
- LilypimsGrand sage
Je fais quelque chose qui ressemble un peu (avec moins de fantaisie, je le reconnais) à ce que fait Yohan : nous récitons en choeur chaque poème avant de passer à l'étude. Je lis un vers, les élèves répètent ; et ainsi de suite jusqu'à la fin du poème. Puis, nous reprenons strophe par strophe ; moi d'abord, eux ensuite. Puis le poème entier, tous ensemble. Je bats des ailes à la césure et en fin de vers, à chaque pause importante. Je m'interromps avec des exclamations horrifiées à chaque erreur de prononciation. Ils ont moins peur du ridicule en groupe et finissent par bien prononcer quand ils doivent réciter seuls ensuite.
J'édite pour ajouter qu'ici (je ne sais pas ce qu'il en est ailleurs mais j'ose espérer que ce n'est pas le cas partout) parler correctement est une faute grave qu'on (les élèves) ne pardonne qu'aux professeurs de français et aux élèves amoureux du dit professeur (ou terrorisés par cette - pourtant charmante - personne). Alors les premières lectures de poèmes provoquent moult gloussements, ricanements, et autres sarcasmes. C'est ce qui m'a conduite à adopter la lecture chorale (si je puis dire).
J'édite pour ajouter qu'ici (je ne sais pas ce qu'il en est ailleurs mais j'ose espérer que ce n'est pas le cas partout) parler correctement est une faute grave qu'on (les élèves) ne pardonne qu'aux professeurs de français et aux élèves amoureux du dit professeur (ou terrorisés par cette - pourtant charmante - personne). Alors les premières lectures de poèmes provoquent moult gloussements, ricanements, et autres sarcasmes. C'est ce qui m'a conduite à adopter la lecture chorale (si je puis dire).
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