Expérimentation : le passage en seconde laissé au choix... des familles

stanleymilgram a écrit:

Mcready1 a écrit:Faut pas s'étonner qu'on ait un sale classement PISA si on laisse les élèves passer alors qu'ils n'ont pas les bases. Sauf qu'au final, c'est pas sur les décideurs que ça tombe(ra) mais sur nous.   

Nos élèves auront de moins en moins les bases car la logique a radicalement changé...
Chez nous, c'est "sorties" quasiment toutes les semaines, énigmes, interventions, projets, voyages, séjours à la neige, à la campagne, à la mer, journal du collège, flash mobs,
jumelage entre le primaire et le collège (surtout, ne grandissons pas...).
Alors : OUI, tout est intéressant. OUI, c'est bien que les grands prennent les petits en charge, mais ce "OUI" a un prix : les bases.

Nous vivons une période où tout se vaut et où l'on sera mieux vu si l'on n'est jamais dans sa classe (l'exil pédagogique devient une preuve d'investissement...)
mais sans de bonnes bases, les élèves deviennent des consommateurs dans nos centres aérés.

Je plains les collègues de lycée (j'en fus, jadis) qui vont récupérer des élèves  consommateurs qui auront choisi leur lycée en fonction de son agrément touristique
et de ses enseignants /animateurs ; des parents et élèves délégués professionnels aguerris sachant fort bien manier l'outil internet pour mobiliser les troupes.

Dans mon collège, c'est exactement ça.
JP Brighelli, dans sa Fabrique du Crétin, montrait déjà comment la logique de consécration du "bon prof" par des directions démagos et des petits chefs carriéristes avait été pervertie par les sorties, projets etc, par la transformation du prof en animateur culturel (dans le meilleur des cas) et par la sanctification de la logique hors-les-murs. Par là-même, on cautionne l'idée déjà bien (trop) enracinée chez nos apprenants que l'école - le lieu et les savoirs - c'est ennuyeux.

Je l'ai déjà raconté sur le forum, mais lors d'un conseil de classe récent, une déléguée de 5e s'est plainte du fait que la classe ne faisait pas assez de sorties...

Je crois que certains (élèves/parents/ et même collègues...)n'ont pas compris que pendant les sorties il y a aussi du boulot à faire. Mes élèves ne sortent jamais pour glander. Et ça complète bien ce qu'on fait en cours.

Olympias, je suis d'accord (et j'ai déjà dû m'en justifier d'ailleurs) mais honnêtement il y a une véritable inflation de sorties dans des collèges comme le mien et je ne trouve pas cela normal. Il m'arrive aussi d'organiser des sorties, mais toujours en rapport avec le programme et à doses très homéopathiques. Donc je ne suis pas viscéralement anti-sorties mais je suis écœurée par le système qui récompense ceux qui sont tout le temps en sorties (y compris comme accompagnateurs professionnels) en faisant passer les autres pour des profs non investis.
Je précise que dans le même genre, certains de mes collègues ont organisé des goûters la dernière journée de cours. Comment dans ces conditions ne pas laisser se développer dans l'esprit des élèves qu'à l'école on fait obligatoirement des sorties, même quand cela ne se justifie pas, ni pédagogiquement ni par le comportement des élèves (pas bosseurs pour deux sous etc) ?

Mais peut-être qu'on s'éloigne un peu du sujet là...

Olympias, certaines sorties sont tout à fait intéressantes pédagogiquement et servent les contenus et les bases , d'autres moins et d'autres "pas du tout".
Chez moi, c'est une profusion de sorties qui désorganise tout. C'est une gêne énorme à force. L'excès gâche tout...
Nos EDT sont modifiés quasiment chaque semaine (remplacements....) .
Et en plus, quand je me défends au nom des bases et du B.O, l'administration me fait comprendre que j'ai tort et que
"nos missions ont changé"......

Pour moi, nous sommes dans le sujet.
Compte tenu de l'évolution du collège, que peut-on évaluer?

stanleymilgram a écrit:Olympias, certaines sorties sont tout à fait intéressantes pédagogiquement et servent les contenus et les bases , d'autres moins et d'autres "pas du tout".
Chez moi, c'est une profusion de sorties qui désorganise tout. C'est une gêne énorme à force. L'excès gâche tout...
Nos EDT sont modifiés quasiment chaque semaine (remplacements....) .
Et en plus, quand je me défends au nom des bases et du B.O, l'administration me fait comprendre que j'ai tort et que
"nos missions ont changé"......

J'ai déjà perdu 9h de mathématique avec mes Terminales S. Je dois faire quoi?

Te remettre en cause.
(C'est ce qu'on m'a dit)
 :lol: 

stanleymilgram a écrit:Pour moi, nous sommes dans le sujet.
Compte tenu de l'évolution du collège, que peut-on évaluer?

Tant mieux alors ! Tu veux sans doute parler de l'orientation consumériste que prend l'école (et ses "usagers") et je ne te dirai pas le contraire   

Je crois qu'au collège, tout se dégrade dangereusement (nous sommes encore épargnés au lycée - pour combien de temps ???) avec aussi et je suis bien d'accord avec vous, la multiplication soit de sorties inutiles (qui n'apportent rien en terme de savoir) mais aussi d'interventions inutiles qui sapent les EDT (chez nous maintenant, il a fallu accepter l'intervention d'un employé d'une certaine société de transports...pour toutes les classes de seconde    (2h à chaque fois !!!! pour quel contenu ??? J'ai dit non...et j'ai eu gain de cause car je ne voulais pas sacrifier 2h de mon cours pour du blabla....mais il prendra quand même les élèves un jour de janvier (sauf que  je ne serai pas là puisque j'emmène une autre classe dans deux musées à Paris).
Ce qui m'énerve, c'est ce qui est imposé sans qu'on puisse décider !
Et la sortie, celle qui est réellement instructive, intéressante et productive, qui va compléter le cours, c'est à chaque fois du boulot pour les élèves et ils le savent ! Et le travail est noté.

stanleymilgram a écrit:Te remettre en cause.
(C'est ce qu'on m'a dit)
 :lol: 

J'avance au même rythme et eux doivent me suivre.   

Je crois que nous sommes collectivement responsables de ne pas protester contre cette orientation .Mais moi, je fatigue et je finis par être mal vu....

Peut-être suis-je ......un dinosaure?

stanleymilgram a écrit:Je crois que nous sommes collectivement responsables de ne pas protester contre cette orientation .Mais moi, je fatigue et je finis par être mal vu....

Peut-être suis-je ......un dinosaure?  

Dans ce cas-là, je suis un bébé dinosaure.

Olympias a écrit:Je crois qu'au collège, tout se dégrade dangereusement (nous sommes encore épargnés au lycée - pour combien de temps ???) avec aussi et je suis bien d'accord avec vous, la multiplication soit de sorties inutiles (qui n'apportent rien en terme de savoir) mais aussi d'interventions inutiles qui sapent les EDT (chez nous maintenant, il a fallu accepter l'intervention d'un employé d'une certaine société de transports...pour toutes les classes de seconde    (2h à chaque fois !!!! pour quel contenu ??? J'ai dit non...et j'ai eu gain de cause car je ne voulais pas sacrifier 2h de mon cours pour du blabla....mais il prendra quand même les élèves un jour de janvier (sauf que  je ne serai pas là puisque j'emmène une autre classe dans deux musées à Paris).
Ce qui m'énerve, c'est ce qui est imposé sans qu'on puisse décider !
Et la sortie, celle qui est réellement instructive, intéressante et productive, qui va compléter le cours, c'est à chaque fois du boulot pour les élèves et ils le savent ! Et le travail est noté.

Nous sommes donc parfaitement d'accord   
Je ne compte plus non plus les heures perdues dans mon collège (notamment avec les 3e) pour des interventions diverses et variées, inscrites dans le projet d'établissement (au nom du CESC). Par exemple, les 4 délégués (comprendre : les deux titulaires et les deux suppléants) ont déjà raté 3 heures de cours d'histoire pour des formations de délégués   Tout va bien...

stanleymilgram a écrit:Je crois que nous sommes collectivement responsables de ne pas protester contre cette orientation .Mais moi, je fatigue et je finis par être mal vu....

Peut-être suis-je ......un dinosaure?  

  

Oui, celui qui empêche le monde de tourner en rond (ou, en l'espèce, précisément qui ne l'empêche pas...) se met à dos ses chefs (qui le notent) et ne sauve que sa conscience finalement (professionnelle, politique), pendant que ceux qui brassent du vent et y sont encouragés par le système sont récompensés...

Non, tu n'es pas un dinosaure... j'en ai marre du temps perdu avec interventions machin et bidule et projets éolienne suggérés pour tel ou tel truc...(dans quelle tranche horaire ? avec qui ? pour faire quoi - apprendre quoi, surtout !!!! et payé comment ???????????????????)
Par contre, je ne pense pas qu'une ou deux sorties en histoire-géo soient une mauvaise chose, surtout pour voir des expos particulièrement intéressantes et reliées au programme.
Le rectorat nous bassine régulièrement avec les trucs E-Twinning, la nouvelle tarte à la crème... (je ne veux pas goûter...)

 
Dinosaura : tout à fait bien dit !

Tiens, cela me fait penser aux deux journées perdues avec mes lycées. Vous savez, le festival qui a lieu là où il y a pleins de neige?
Tout ça, pour voir des films tout naze. Et tout le monde est content.

Olympias a écrit:Non, tu n'es pas un dinosaure... j'en ai marre du temps perdu avec interventions machin et bidule et projets éolienne suggérés pour tel ou tel truc...(dans quelle tranche horaire ? avec qui ? pour faire quoi - apprendre quoi, surtout !!!! et payé comment ???????????????????)
Par contre, je ne pense pas qu'une ou deux sorties en histoire-géo soient une mauvaise chose, surtout pour voir des expos particulièrement intéressantes et reliées au programme.
Le rectorat nous bassine régulièrement avec les trucs E-Twinning, la nouvelle tarte à la crème... (je ne veux pas goûter...)

Encore une fois, parfaitement d'accord avec toi (et j'essaie de le faire aussi, mais quand les élèves le méritent aussi). Je pense que la méprise vient du fait que Stanley et moi-même enseignons en collège et que l'on voit plus vite la dégradation qu'en lycée et la perversion du système (même si ça arrive aussi apparemment).
Dans les établissements comme le mien (collège zep où le "vivre-ensemble" est proclamé haut et fort...), bien des sorties ou projets n'ont plus grand chose à voir avec le pédagogique ou sont trop nombreuses pour ne pas perturber le fonctionnement régulier des cours ou pour ne pas légitimer certaines dérives.

Mais je crois qu'il faut laisser aller tout ça jusqu'au bout du bout .Tout le monde en seconde, ok .Une fois que tout le monde en seconde, forcément on va encore baisser le niveau, les exigences , et bien allons-y . 85 % de reçus au bac, c'est encore trop peu, allons à 90 , 100..et laissons tout ce joli monde aller en fac..laissons le système imploser de lui-même ..

Ma fille suit une option artistique, les spectacles ont lieu le soir...et elle ne rate pas les cours ! Je ne vais pas râler quand on l'emmène voir une pièce de Strindberg.
Par contre, il y a une dizaine d'années, les option CAV allaient tout le temps au ciné sur mes heures de cours...  Il aurait mieux valu leur faire voir les grandes heures du ciné-club...

Dinosaura a écrit:

stanleymilgram a écrit:

Mcready1 a écrit:Faut pas s'étonner qu'on ait un sale classement PISA si on laisse les élèves passer alors qu'ils n'ont pas les bases. Sauf qu'au final, c'est pas sur les décideurs que ça tombe(ra) mais sur nous.   

Nos élèves auront de moins en moins les bases car la logique a radicalement changé...
Chez nous, c'est "sorties" quasiment toutes les semaines, énigmes, interventions, projets, voyages, séjours à la neige, à la campagne, à la mer, journal du collège, flash mobs,
jumelage entre le primaire et le collège (surtout, ne grandissons pas...).
Alors : OUI, tout est intéressant. OUI, c'est bien que les grands prennent les petits en charge, mais ce "OUI" a un prix : les bases.

Nous vivons une période où tout se vaut et où l'on sera mieux vu si l'on n'est jamais dans sa classe (l'exil pédagogique devient une preuve d'investissement...)
mais sans de bonnes bases, les élèves deviennent des consommateurs dans nos centres aérés.

Je plains les collègues de lycée (j'en fus, jadis) qui vont récupérer des élèves  consommateurs qui auront choisi leur lycée en fonction de son agrément touristique
et de ses enseignants /animateurs ; des parents et élèves délégués professionnels aguerris sachant fort bien manier l'outil internet pour mobiliser les troupes.

Dans mon collège, c'est exactement ça.
JP Brighelli, dans sa Fabrique du Crétin, montrait déjà comment la logique de consécration du "bon prof" par des directions démagos et des petits chefs carriéristes avait été pervertie par les sorties, projets etc, par la transformation du prof en animateur culturel (dans le meilleur des cas) et par la sanctification de la logique hors-les-murs. Par là-même, on cautionne l'idée déjà bien (trop) enracinée chez nos apprenants que l'école - le lieu et les savoirs - c'est ennuyeux.

Je l'ai déjà raconté sur le forum, mais lors d'un conseil de classe récent, une déléguée de 5e s'est plainte du fait que la classe ne faisait pas assez de sorties...

nous, on a mis sur un bulletin d'un glandeur notoire qu'il s'investissait beaucoup au Foyer du collège (où la principale activité est quand même  de glander devant les ordis pendant que les autres sont en perm en train de faire leurs devoirs ..)sur le bulletin, parce que bon, hein, c'était aussi important ..

roxanne a écrit:Mais je crois qu'il faut laisser aller tout ça jusqu'au bout du bout .Tout le monde en seconde, ok .Une fois que tout le monde en seconde, forcément on va encore baisser le niveau, les exigences , et bien allons-y . 85 % de reçus au bac, c'est encore trop peu, allons à 90 , 100..et laissons tout ce joli monde aller en fac..laissons le système imploser de lui-même ..

Je crois de plus en plus que c'est ni plus ni moins ce qu'il va se passer.

Mais ce qu'il va aussi se passer, c'est que - dans un marasme généralisé - va se renforcer un microcosme d'établissements et de filières préservés, concentrant les meilleurs, avec une concurrence encore plus forte, dans laquelle tireront le mieux l'épingle du jeu ceux qui en maîtrisent les mécanismes. Au final, sous prétexte d'égalité (en fait, sous le coup d'un égalitarisme forcené), on renforce encore davantage les déterminations sociales des inégalités.

Tiens, tout juste comme c'est le cas déjà depuis des années.

Reine Margot a écrit:le truc c'est que quand ils se planteront en lycée on dira que c'est la faute des profs qui ne savent pas faire progresser tous les élèves...et les profs remonteront leurs moyennes pour éviter qu'on les accuse de l'échec scolaire..

+ 1 Et je remarque les profs (via la comparaison de leurs moyennes) sont mis en concurrence insidieusement lors des conseils de classe... Un hasard, sans doute.

kero a écrit:

roxanne a écrit:Mais je crois qu'il faut laisser aller tout ça jusqu'au bout du bout .Tout le monde en seconde, ok .Une fois que tout le monde en seconde, forcément on va encore baisser le niveau, les exigences , et bien allons-y . 85 % de reçus au bac, c'est encore trop peu, allons à 90 , 100..et laissons tout ce joli monde aller en fac..laissons le système imploser de lui-même ..

Je crois de plus en plus que c'est ni plus ni moins ce qu'il va se passer.

Mais ce qu'il va aussi se passer, c'est que - dans un marasme généralisé - va se renforcer un microcosme d'établissements et de filières préservés, concentrant les meilleurs, avec une concurrence encore plus forte, dans laquelle tireront le mieux l'épingle du jeu ceux qui en maîtrisent les mécanismes. Au final, sous prétexte d'égalité (en fait, sous le coup d'un égalitarisme forcené), on renforce encore davantage les déterminations sociales des inégalités.

Tiens, tout juste comme c'est le cas déjà depuis des années.

et des établissements privés d'élite où ceux qui en auront les moyens enverront leurs enfants suivre un véritable enseignement exigeant...

Zenxya a écrit:Il y a comme un paradoxe dans le texte du ministère :
- dans le partie expliquant "l'origine et contexte du projet" est écrit

ministére a écrit:L’expérimentation du choix de la voie d’orientation par la famille fait partie des mesures annoncées lors du comité interministériel de la jeunesse qui s’est tenu le 21 février 2013, dont la prévention du décrochage scolaire constitue un objectif important.
L’orientation subie est en effet perçue comme l’une des causes du décrochage, notamment dans le second cycle professionnel, même si le caractère multifactoriel de ce processus (difficultés scolaires, personnelles, familiales ou sociales) est largement admis.
Le sentiment d’orientation subie est cependant plus répandu que ne l’explique l’écart entre les demandes des familles et les décisions d’orientation, marginal en moyenne nationale, mais plus important dans certains territoires, notamment ceux de l’éducation prioritaire. Postérieurement au choix de la voie d’orientation, il est souvent lié aux conditions d’affectation dans une formation professionnelle, en fonction des places disponibles.

- et bien plus bas dans l'annexe  :

ministère a écrit:Le projet de décret prévoit de conduire cette expérimentation sur trois années scolaires (2013/2014, 2014/2015 et 2015/2016), pour les décisions d’orientation prises pour les élèves des classes de troisième. L’expérimentation porte uniquement sur la décision concernant la voie d’orientation.

On admet, d'un côté, que le décrochage pourrait venir de l'affectation non souhaitée dans une filière particulière de la voie pro par manque de places et, de l'autre, on laisse le "dernier mot aux parents" mais uniquement sur la voie d'orientation mais pas sur la filière dans la voie. Les élèves pris en élec alors qu'ils voulaient faire chaudronnerie seront encore nombreux dans ces conditions.
Tout ça me parait bien hypocrite (ou alors, j'ai mal compris)

Effectivement.
D'un côté, on ne va pas ouvrir 70 places de plus en ASSP et 100 en Alim juste pour un LP afin de satisfaire les demandes des familles...

Cath a écrit:
D'un côté, on ne va pas ouvrir 70 places de plus en ASSP et 100 en Alim juste pour un LP afin de satisfaire les demandes des familles...

J'ai un peu de mal avec un certain nombre d'acronymes...
Que signifient ceux-là que je les ajoute à mon répertoire ?