- CondorcetOracle
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/les-presidents-d-universite-envoyes-a-l-ena-pour-des-cours-de-gestion-3546/
Le Figaro a écrit:La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, y voit un moyen de résoudre le problème des difficultés financières des facs. Les intéressés sont plus sceptiques…
Les présidents d’université bientôt sur les bancs de l’Ena pour apprendre à gérer et contrôler leur budget? C’est en ces termes que la communauté a accueilli l’information livrée le 25 novembre au détour d’une phrase par la ministre de l’enseignement supérieur, qui tenait un point presse consacré au budget des universités.
Maladresse ou réelle volonté de «professionnaliser» le job de président? L’annonce a largement agacé les intéressés, dans un contexte où l’on ne cesse de parler de déficit des universités .Car elle pose en toile de fond la question de savoir si les difficultés financières avérées des universités sont imputables au manque de ressources ou à l’incompétence des équipes en place [...]
- JohnMédiateur
Dans l'absolu, ce ne serait pas mal qu'il y ait une formation des présidents d'université...
Disons que l'annonce de cette proposition n'est pas extraordinaire du point de vue du timing.
Disons que l'annonce de cette proposition n'est pas extraordinaire du point de vue du timing.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
C'est vrai que les énarques ont montré qu'ils étaient d'excellents gestionnaires.
- CondorcetOracle
Le contribuable éponge encore les brillants résultats de la gestion du Crédit Lyonnais... La dette publique se rapproche dangereusement des 100 % du Produit intérieur brut...
- e-WandererGrand sage
Il faut rappeler les choses clairement : à l'époque de l'autonomie décrétée unilatéralement par Pécresse, on a fait une photographie des besoins des facs à l'instant T, et on a décidé qu'elles devaient s'en tirer avec cette somme, une bonne fois pour toutes. Comme la masse salariale augmente avec l'ancienneté (surtout dans les facs où il y a peu de départs en retraite et beaucoup de jeunes : le fameux GVT, glissement vieillesse technicité), que les coûts énergétiques explosent, que l'inflation n'est pas compensée, forcément, ça coince.
L'équipe dirigeante de mon université, avec tous ses défauts, a déjà été aux commandes à l'époque d'Allègre. Elle a prouvé qu'elle savait gérer un budget, car à l'époque tout se passait bien. Pourquoi les mêmes personnes seraient-elles devenues subitement incompétentes ?
On rogne sur tout : les primes, les décharges, la dotation des centres de recherche, le chauffage, on a supprimé les imprimantes des bureaux des profs car l'encre coûte trop cher, on rationne les photocopies, on gèle ou on supprime les postes en pagaille, on supprime des formations, on rembourse à hauteur de 15 euros les repas des collègues qui traversent la France pour un jury de thèse ou pour un comité de sélection (autant dire que c'est le directeur de thèse ou le président du comité de sélection qui paie la différence de sa poche, décence oblige). Et c'est comme ça dans toutes les facs de France (un hasard, sans doute).
Je veux bien faire le trottoir, mais je ne suis pas expert : Mme Fioraso et ses énarques nous donneront sans doute l'exemple...
Mme Fioraso est exactement de la même engeance que Pécresse : une gestionnaire à courte vue. La même vulgarité, le même cynisme. A côté de ça, on maintient le crédit impôt recherche dont la Cour des Comptes dit qu'il est inefficace. On trouve des sous du jour au lendemain (et pas simplement quelques piécettes) pour aller guerroyer, pour rénover les transports marseillais, pour calmer les agriculteurs bretons, pour acheter l'indulgence des banquiers, pour créer un aéroport qui ne servira à rien mais qui fait plaisir à l'ectoplasmique sous-chef, pour payer 10000 euros deretraite supplémentaire salaire à Jack Lang. Mais les universités peuvent crever. Et en plus on leur fait la morale...
Si MmeFiasco rose Fioraso disait simplement la vérité et avouait que le budget du MESR est en baisse de 3% cette année et qu'elle n'a aucune solution ?
L'équipe dirigeante de mon université, avec tous ses défauts, a déjà été aux commandes à l'époque d'Allègre. Elle a prouvé qu'elle savait gérer un budget, car à l'époque tout se passait bien. Pourquoi les mêmes personnes seraient-elles devenues subitement incompétentes ?
On rogne sur tout : les primes, les décharges, la dotation des centres de recherche, le chauffage, on a supprimé les imprimantes des bureaux des profs car l'encre coûte trop cher, on rationne les photocopies, on gèle ou on supprime les postes en pagaille, on supprime des formations, on rembourse à hauteur de 15 euros les repas des collègues qui traversent la France pour un jury de thèse ou pour un comité de sélection (autant dire que c'est le directeur de thèse ou le président du comité de sélection qui paie la différence de sa poche, décence oblige). Et c'est comme ça dans toutes les facs de France (un hasard, sans doute).
Je veux bien faire le trottoir, mais je ne suis pas expert : Mme Fioraso et ses énarques nous donneront sans doute l'exemple...
Mme Fioraso est exactement de la même engeance que Pécresse : une gestionnaire à courte vue. La même vulgarité, le même cynisme. A côté de ça, on maintient le crédit impôt recherche dont la Cour des Comptes dit qu'il est inefficace. On trouve des sous du jour au lendemain (et pas simplement quelques piécettes) pour aller guerroyer, pour rénover les transports marseillais, pour calmer les agriculteurs bretons, pour acheter l'indulgence des banquiers, pour créer un aéroport qui ne servira à rien mais qui fait plaisir à l'ectoplasmique sous-chef, pour payer 10000 euros de
Si Mme
- Apices JurisNiveau 6
D'accord avec le message d'e-Wanderer, à une petite nuance près : il me semble difficile de comparer la gestion d'une université à l'époque Allègre et la gestion d'une université aujourd'hui. Car depuis Allègre, les universités sont passées aux RCE. Or, l'un des écueils sur lesquels les universités aujourd'hui en difficulté se sont cassé les dents, c'est la gestion d'un budget intégrant la masse salariale.
Quand l'Etat payait rubis sur l'ongle les salaires et les dépassements d'heures comp' et créait des postes, on s'en foutait un peu d'ouvrir tout et n'importe quoi pour 5 ou 6 étudiants. Ce n'est plus le cas quand on doit gérer soi-même une enveloppe finie en période de crise : il faut d'une part savoir calculer précisément la soutenabilité budgétaire de son offre de formation, et d'autre part faire des choix politiques. Les universités qui rament aujourd'hui sont celles qui n'ont pas pris assez vite la mesure de ce changement-là. Et notamment, celles qui n'ont pas su calculer avec suffisamment de précision le niveau de leur première dotation RCE lors des négociations avec le ministère à l'occasion de leur passage aux RCE : c'est la fameuse "photographie à l'instant T" citée par e-Wanderer, photo qui a souvent été très approximative faute pour les équipes en place d'avoir une vision suffisamment précise de la situation réelle de leur établissement... Les universités qui ont su gérer ce changement s'en sortent (càd qu'elles évitent le déficit, ce qui n'est déjà pas mal).
De ce point de vue, Fioraso a raison de dire que les équipes actuellement en place ont globalement besoin d'être davantage professionnalisées. (Mais pas à l'ENA, par pitié !). Certes, si on ne leur avait pas demandé de gérer la crise, les présidents s'en seraient très bien sortis avec leur niveau de gestion actuel, comme à l'époque d'Allègre. Mais comme le décrit fort bien e-Wanderer, le contexte a radicalement changé. Et pour faire face à cela, la gestion d’antan en bon père de famille ne suffit plus.
Quand l'Etat payait rubis sur l'ongle les salaires et les dépassements d'heures comp' et créait des postes, on s'en foutait un peu d'ouvrir tout et n'importe quoi pour 5 ou 6 étudiants. Ce n'est plus le cas quand on doit gérer soi-même une enveloppe finie en période de crise : il faut d'une part savoir calculer précisément la soutenabilité budgétaire de son offre de formation, et d'autre part faire des choix politiques. Les universités qui rament aujourd'hui sont celles qui n'ont pas pris assez vite la mesure de ce changement-là. Et notamment, celles qui n'ont pas su calculer avec suffisamment de précision le niveau de leur première dotation RCE lors des négociations avec le ministère à l'occasion de leur passage aux RCE : c'est la fameuse "photographie à l'instant T" citée par e-Wanderer, photo qui a souvent été très approximative faute pour les équipes en place d'avoir une vision suffisamment précise de la situation réelle de leur établissement... Les universités qui ont su gérer ce changement s'en sortent (càd qu'elles évitent le déficit, ce qui n'est déjà pas mal).
De ce point de vue, Fioraso a raison de dire que les équipes actuellement en place ont globalement besoin d'être davantage professionnalisées. (Mais pas à l'ENA, par pitié !). Certes, si on ne leur avait pas demandé de gérer la crise, les présidents s'en seraient très bien sortis avec leur niveau de gestion actuel, comme à l'époque d'Allègre. Mais comme le décrit fort bien e-Wanderer, le contexte a radicalement changé. Et pour faire face à cela, la gestion d’antan en bon père de famille ne suffit plus.
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Apices juris non sunt jura.
- e-WandererGrand sage
Mais dans les équipes présidentielles, il y a des personnes compétentes, dont c'est le métier ! Ce n'est pas le président lui-même qui gère les comptes, il fixe les orientations, c'est tout, et naturellement en tenant compte de ce que lui disent les services financiers !
On a rabioté sur tout, on en est à inscrire des étudiants chinois pour engranger des droits d'inscription de 3000 euros, et on ferme dans le même temps, non plus simplement des options, mais des cours et des formations qui constituent le coeur de notre identité ! Depuis déjà deux ans, on ne dédouble plus les TD à moins de 40 étudiants, on ferme tous les groupes à moins de 7 (notamment des séminaires de Master, ailleurs la question ne se pose pas). On sanctuarise juste les classes d'agrégation, et encore en mutualisant certains cours avec les séminaires de recherche. On gèle la moitié des postes au mouvement, on baisse le chauffage jusqu'aux limites du tolérable en plein hiver, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
Je suis d'accord avec toi : l'enveloppe a été, pratiquement partout, mal calculée et largement sous-évaluée. Mais il faudrait peut-être agir, au lieu de rendre les universités responsables de ce qui leur arrive. Ce serait un ou deux cas isolés, je veux bien, mais là, il s'agit de l'ensemble des établissements français, et tout le monde se serre la ceinture au-delà du raisonnable.
On a rabioté sur tout, on en est à inscrire des étudiants chinois pour engranger des droits d'inscription de 3000 euros, et on ferme dans le même temps, non plus simplement des options, mais des cours et des formations qui constituent le coeur de notre identité ! Depuis déjà deux ans, on ne dédouble plus les TD à moins de 40 étudiants, on ferme tous les groupes à moins de 7 (notamment des séminaires de Master, ailleurs la question ne se pose pas). On sanctuarise juste les classes d'agrégation, et encore en mutualisant certains cours avec les séminaires de recherche. On gèle la moitié des postes au mouvement, on baisse le chauffage jusqu'aux limites du tolérable en plein hiver, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
Je suis d'accord avec toi : l'enveloppe a été, pratiquement partout, mal calculée et largement sous-évaluée. Mais il faudrait peut-être agir, au lieu de rendre les universités responsables de ce qui leur arrive. Ce serait un ou deux cas isolés, je veux bien, mais là, il s'agit de l'ensemble des établissements français, et tout le monde se serre la ceinture au-delà du raisonnable.
- User17706Bon génie
Et encore, vous avez bien de la chance, vous autres, si vous parvenez à sanctuariser les cours d'agreg. Il y a des endroits et des disciplines où il faudra bientôt que les EC paient de leur poche l'inscription d'étudiants-fantômes pour pouvoir continuer à préparer les quelques étudiants qui sont bien là et dont Sainte Gestion a dit que le nombre était insuffisant: en effet, on peut mutualiser et on mutualise une partie de la préparation (avec les cours de master ou de L3), mais il est impossible de tout mutualiser. Je connais une fac où ça a failli se produire l'an dernier (deux anciens étudiants se sont inscrits en catastrophe pour «sauver» la préparation en l'amenant au Saint Étiage), et qui a eu, à l'agrégation, dans la discipline concernée, le meilleur ratio inscrits/admissibles de France (hélas, un seul des deux sauveurs a été admissible). À part ça, Sainte Gestion a très envie de couler la prépa agreg en question, et chaque année la question de son existence même se repose.e-Wanderer a écrit:Depuis déjà deux ans, on ne dédouble plus les TD à moins de 40 étudiants, on ferme tous les groupes à moins de 7 (notamment des séminaires de Master, ailleurs la question ne se pose pas). On sanctuarise juste les classes d'agrégation, et encore en mutualisant certains cours avec les séminaires de recherche. On gèle la moitié des postes au mouvement, on baisse le chauffage jusqu'aux limites du tolérable en plein hiver, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
- e-WandererGrand sage
Tant qu'on a des effectifs d'agrégation décents (autour de 10 étudiants) et qu'on a des résultats chaque année, ça passe encore... Mais une année "blanche" sans admis, ou pire sans admissibles, et on sera immédiatement en première ligne.
Ma fac s'en tire car le taux d'encadrement était très corrects au départ. Donc on fait des TD plus gros, on supprime les options et même certains cours, on en mutualise d'autres, et on gèle les postes dès qu'ils sont au mouvement (on va encore en perdre au moins trois cette année : j'ai ce soir une réunion de mon centre recherche, qui perd 2 postes de PU, pour voir ce qu'on peut envisager). Comme ça on baisse la masse salariale. Mais les facs qui avaient un taux d'encadrement plus faible au moment de la réforme n'ont aucune marge de manœuvre et se retrouvent mécaniquement en déficit. C'est aussi simple que cela.
Ma fac s'en tire car le taux d'encadrement était très corrects au départ. Donc on fait des TD plus gros, on supprime les options et même certains cours, on en mutualise d'autres, et on gèle les postes dès qu'ils sont au mouvement (on va encore en perdre au moins trois cette année : j'ai ce soir une réunion de mon centre recherche, qui perd 2 postes de PU, pour voir ce qu'on peut envisager). Comme ça on baisse la masse salariale. Mais les facs qui avaient un taux d'encadrement plus faible au moment de la réforme n'ont aucune marge de manœuvre et se retrouvent mécaniquement en déficit. C'est aussi simple que cela.
- User17706Bon génie
Un «taux d'encadrement très correct», ce n'est pas ce que Sainte Gestion appelle du «surencadrement»?
- e-WandererGrand sage
Bah, on était dans le cadre des normes San Remo, mais comme personne ne les a atteintes, effectivement, on était plutôt bien dotés. Surencadrés, quoi. Tout comme les profs de prépa sont surpayés par rapport aux autres, c'est la même logique.
- CondorcetOracle
Quelques tours de prestidigitation budgétaire :
http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203214781828-un-nouveau-tour-de-passe-passe-budgetaire-dans-les-universites-640444.php
http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203214781828-un-nouveau-tour-de-passe-passe-budgetaire-dans-les-universites-640444.php
- Presse-puréeGrand sage
Et quelles filières trinquent?
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- e-WandererGrand sage
Merci pour ce lien très intéressant. Je souscris à 80% à ce qui est dit (sauf à la possibilité d'augmenter les droits d'inscription, qui visiblement ne déplairait pas à l'auteur de ces lignes). Mais j'ai tiqué quand j'ai vu qui avait signé le papier : que Belloc n'a-t-il agi lorsqu'il était aux affaires pour garantir une meilleure orientation des étudiants ?Condorcet a écrit:Quelques tours de prestidigitation budgétaire :
http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203214781828-un-nouveau-tour-de-passe-passe-budgetaire-dans-les-universites-640444.php
- CondorcetOracle
Presse-purée a écrit:Et quelles filières trinquent?
C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse (ce qui explique mon silence gêné). Le dernier communiqué du CNESER est trop vague à ce sujet
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2014/01/fioraso-des-voeux-et-des-chiffres.html
- A.vanWordenNiveau 6
Une petite anecdote -- exemple de gestion foutraque -- sur la question plusieurs fois abordée ci-dessus des préparations à l'agrégation. J'ai présenté trois fois l'agrégation de lettres modernes et j'ai vu les effectifs fondre comme neige au soleil, au point qu'à ma dernière tentative, nous n'étions plus que sept.
Or (et ce de façon immuable) l'université avait décidé d'allouer des heures de cours à ceux qui présentaient l'anglais en langue vivante, mais pas aux autres car cela ne faisait pas assez de monde pour justifier cela.
L'année en question, trois de mes camarades présentaient l'espagnol et trois l'allemand. Vous avez fait le compte ?..... Oui, j'ai eu droit à un cours particulier d'anglais tous les quinze jours, alors qu'à trois étudiants les autres n'étaient "pas assez nombreux"... Inutile de vous dire que j'ai eu une note véritablement excellente en anglais au concours cette année-là.
Or (et ce de façon immuable) l'université avait décidé d'allouer des heures de cours à ceux qui présentaient l'anglais en langue vivante, mais pas aux autres car cela ne faisait pas assez de monde pour justifier cela.
L'année en question, trois de mes camarades présentaient l'espagnol et trois l'allemand. Vous avez fait le compte ?..... Oui, j'ai eu droit à un cours particulier d'anglais tous les quinze jours, alors qu'à trois étudiants les autres n'étaient "pas assez nombreux"... Inutile de vous dire que j'ai eu une note véritablement excellente en anglais au concours cette année-là.
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- e-WandererGrand sage
J'ai été responsable d'année pour les concours, et l'organisation des cours de langue était un vrai casse-tête : au départ, nos agrégatifs relevaient d'un cours commun avec la prépa à l'ENSSIB, qui évidemment ne convenait pas du tout. Je me suis donc arrangé avec les collègues d'anglais pour intégrer les agrégatifs LM à leur prépa d'agreg d'anglais. Par miracle, l'emploi du temps correspondait, et la fac a accepté car ce n'est pas notre établissement qui finançait le cours inter-fac de prépa à l'ENSSIB (bel argument, n'est-ce pas ?). Mais quand j'ai voulu faire la même chose en espagnol, gros problème : l'emploi du temps ne correspondait pas du tout, et surtout je me suis fait voler dans les plumes par la VPCEVU, car c'est notre université qui finançait le cours d'espagnol pour l'ENSSIB et il était hors de question que nos étudiants aillent ailleurs ! Les gros sous primaient sur la logique pédagogique, donc. Résultat : mes étudiants ont séché toute l'année le cours d'espagnol.
L'année suivante, j'apprends en pleine rentrée que les cours de prépa ENSSIB étaient supprimés (je l'ai su absolument par hasard, parce que j'ai rencontré la responsable dans le tram !). Super... Pour l'anglais, reconduction du système précédent, aucun problème. Pour l'espagnol et l'italien, gros souci : l'emploi du temps ne correspondait toujours pas, et on m'interdisait de créer un cours (ça coûtait trop cher). Tant pis, je l'ai fait quand même en magouillant un jeu d'écriture avec le responsable administratif de l'UFR de langue, en échange d'un cours de latin que des collègues de mon UFR dispensent aux agrégatifs d'espagnol. C'est vous dire le bricolage...
On passe un temps FOU à ce genre de choses (pour 2-3 étudiants pour chaque langue), mais ça vaut la peine. Et il faut adapter le système chaque année, en fonction des langues que pratiquent nos agrégatifs (mon successeur cette année a dû à son tour monter un cours d'allemand et trouver le financement). C'est scandaleux, car nos étudiants paient des droits d'inscription et ont donc droit à une formation complète. Mais on ne peut pas trop hurler, car les prépas à l'agrégation sont déjà dans le collimateur dans les facs moyennes et il vaut mieux éviter de se faire remarquer.
Voilà ce qui se passe de l'autre côté de la barrière... Pour info, j'avais une décharge royale de 12h pour cette responsabilité concours (réunions d'information en septembre et en juin, dans les locaux principaux comme dans ceux de notre antenne à une heure de route, participation aux forums d'orientation pour présenter les concours, organisation des concours blancs de CAPES et d'agreg, suivi des stages de CAPES en lien avec l'IUFM – aujourd'hui les ESPE–, rédaction de la plaquette d'information (papier et site Web), élaboration des maquettes, présidence des jurys semestriels de Master enseignement, organisation des plannings de colles, etc.). Plus ce serpent de mer des langues vivantes...
Pour les universitaires, l'agrégation est un enjeu essentiel : ça tire tout le système vers le haut et ça permet de maintenir un niveau d'exigence important au niveau L3. Il ne faut pas oublier que la plupart de nos thésards sont d'anciens agrégatifs ou agrégés qui ont préparé le concours chez nous : donc les séminaires de recherche dépendent aussi largement des concours. Mais tout le monde, malheureusement, ne suit pas la même logique : certains collègues trouvent qu'on consacre trop de temps et de moyens à ces classes, et qu'il vaut mieux ouvrir des ateliers d'écriture car ça attire des étudiants étrangers en nombre et que c'est un argument pour sauver nos postes, qu'il vaut mieux ouvrir des cours d'arts du spectacle (même si ce sont des usines à chômeurs) ou de cinéma, parce que c'est sexy et que ça attire plus de monde que des cours de grammaire ou d'ancien français. Je n'ai rien contre le cinéma, mais je n'oublie pas que nous sommes, au départ, dans une fac de lettres... Chacun jugera. Mais il est clair qu'en période de pénurie financière, dans une université de taille moyenne, le maintien des classes d'agrégation est un combat permanent.
L'année suivante, j'apprends en pleine rentrée que les cours de prépa ENSSIB étaient supprimés (je l'ai su absolument par hasard, parce que j'ai rencontré la responsable dans le tram !). Super... Pour l'anglais, reconduction du système précédent, aucun problème. Pour l'espagnol et l'italien, gros souci : l'emploi du temps ne correspondait toujours pas, et on m'interdisait de créer un cours (ça coûtait trop cher). Tant pis, je l'ai fait quand même en magouillant un jeu d'écriture avec le responsable administratif de l'UFR de langue, en échange d'un cours de latin que des collègues de mon UFR dispensent aux agrégatifs d'espagnol. C'est vous dire le bricolage...
On passe un temps FOU à ce genre de choses (pour 2-3 étudiants pour chaque langue), mais ça vaut la peine. Et il faut adapter le système chaque année, en fonction des langues que pratiquent nos agrégatifs (mon successeur cette année a dû à son tour monter un cours d'allemand et trouver le financement). C'est scandaleux, car nos étudiants paient des droits d'inscription et ont donc droit à une formation complète. Mais on ne peut pas trop hurler, car les prépas à l'agrégation sont déjà dans le collimateur dans les facs moyennes et il vaut mieux éviter de se faire remarquer.
Voilà ce qui se passe de l'autre côté de la barrière... Pour info, j'avais une décharge royale de 12h pour cette responsabilité concours (réunions d'information en septembre et en juin, dans les locaux principaux comme dans ceux de notre antenne à une heure de route, participation aux forums d'orientation pour présenter les concours, organisation des concours blancs de CAPES et d'agreg, suivi des stages de CAPES en lien avec l'IUFM – aujourd'hui les ESPE–, rédaction de la plaquette d'information (papier et site Web), élaboration des maquettes, présidence des jurys semestriels de Master enseignement, organisation des plannings de colles, etc.). Plus ce serpent de mer des langues vivantes...
Pour les universitaires, l'agrégation est un enjeu essentiel : ça tire tout le système vers le haut et ça permet de maintenir un niveau d'exigence important au niveau L3. Il ne faut pas oublier que la plupart de nos thésards sont d'anciens agrégatifs ou agrégés qui ont préparé le concours chez nous : donc les séminaires de recherche dépendent aussi largement des concours. Mais tout le monde, malheureusement, ne suit pas la même logique : certains collègues trouvent qu'on consacre trop de temps et de moyens à ces classes, et qu'il vaut mieux ouvrir des ateliers d'écriture car ça attire des étudiants étrangers en nombre et que c'est un argument pour sauver nos postes, qu'il vaut mieux ouvrir des cours d'arts du spectacle (même si ce sont des usines à chômeurs) ou de cinéma, parce que c'est sexy et que ça attire plus de monde que des cours de grammaire ou d'ancien français. Je n'ai rien contre le cinéma, mais je n'oublie pas que nous sommes, au départ, dans une fac de lettres... Chacun jugera. Mais il est clair qu'en période de pénurie financière, dans une université de taille moyenne, le maintien des classes d'agrégation est un combat permanent.
- ZepoNiveau 6
Bonjour,
Etant à l'Université et spécialisé en Gestion, je voudrais préciser que "Sainte Gestion" n'est pas le terme adéquat pour illustrer ce qui se passe dans certaines universités (dont la mienne). Le problème, c'est "Saint Ego". Les spécialistes formés pour gérer les établissements du type Université ne sont pas écoutés par les Présidents, surtout depuis la RCE qui leur a permis de se prendre pour le centre du monde. En conséquence, il n'est pas rare de voir les personnes chargées de conseiller le président en matière de gestion écartées, voire placardisées. Ensuite, après avoir fait n'importe quoi, le président hurle que c'est la faute au gouvernement, prend des décisions d'économie qui rendent difficiles les futurs recrutements (fermeture de filières, diminution drastique des heures dans toutes les maquettes, etc.).
Et encore, si vous n'êtes pas familier avec le terme "dévolution" (sans apostrophe), vous allez faire connaissance avec la prochaine calamité qui s'abattra sur nous (dans le genre le cadeau de Noël qui vous explose à la figure).
Mais je m'égare.
Les présidents d'Université peuvent être de véritables menaces pour la bonne santé de leur établissement aussi parce qu'ils pensent que la Gestion s'apprend en deux jours, après la lecture d'un ou deux rapports. Ce n'est pas le cas. La Gestion n'est pas un gros mot, ce n'est pas un synonyme d'économie stupide et ce n'est sûrement pas une bonne excuse pour fermer des filières. La Gestion, c'est la capacité de se donner les moyens de ses ambitions : si l'on a pas les moyens de ses ambitions, on les trouve ou on revoit ses objectifs ; et dans tous les cas, on raisonne à long terme.
Etant à l'Université et spécialisé en Gestion, je voudrais préciser que "Sainte Gestion" n'est pas le terme adéquat pour illustrer ce qui se passe dans certaines universités (dont la mienne). Le problème, c'est "Saint Ego". Les spécialistes formés pour gérer les établissements du type Université ne sont pas écoutés par les Présidents, surtout depuis la RCE qui leur a permis de se prendre pour le centre du monde. En conséquence, il n'est pas rare de voir les personnes chargées de conseiller le président en matière de gestion écartées, voire placardisées. Ensuite, après avoir fait n'importe quoi, le président hurle que c'est la faute au gouvernement, prend des décisions d'économie qui rendent difficiles les futurs recrutements (fermeture de filières, diminution drastique des heures dans toutes les maquettes, etc.).
Et encore, si vous n'êtes pas familier avec le terme "dévolution" (sans apostrophe), vous allez faire connaissance avec la prochaine calamité qui s'abattra sur nous (dans le genre le cadeau de Noël qui vous explose à la figure).
Mais je m'égare.
Les présidents d'Université peuvent être de véritables menaces pour la bonne santé de leur établissement aussi parce qu'ils pensent que la Gestion s'apprend en deux jours, après la lecture d'un ou deux rapports. Ce n'est pas le cas. La Gestion n'est pas un gros mot, ce n'est pas un synonyme d'économie stupide et ce n'est sûrement pas une bonne excuse pour fermer des filières. La Gestion, c'est la capacité de se donner les moyens de ses ambitions : si l'on a pas les moyens de ses ambitions, on les trouve ou on revoit ses objectifs ; et dans tous les cas, on raisonne à long terme.
- User17706Bon génie
Oui, mon sobriquet était sûrement très injuste eu égard à ce qu'une véritable gestion pourrait être.
- ZepoNiveau 6
Ne t'inquiète pas, je ne t'en voulais pas. :-)
Je l'ai simplement repris car je constate malheureusement que cet usage particulier du mot, la version péjorative, est assez répandu dans l'EN. De même, les termes "performance", "valeur", "qualité", qui veulent avant tout mettre en avant la capacité d'obtenir des résultats souhaités en fonction (et non forcément en économisant) des moyens, sont souvent compris de travers : le méchant gestionnaire veut me contrôler ! Il va mettre en place un bureau des méthodes !
En fait, pour reprendre ta signature, si l'étude de la grammaire est un moyen de la culture, l'étude de la gestion est un moyen de l'action. Pas plus, mais pas moins !
Je l'ai simplement repris car je constate malheureusement que cet usage particulier du mot, la version péjorative, est assez répandu dans l'EN. De même, les termes "performance", "valeur", "qualité", qui veulent avant tout mettre en avant la capacité d'obtenir des résultats souhaités en fonction (et non forcément en économisant) des moyens, sont souvent compris de travers : le méchant gestionnaire veut me contrôler ! Il va mettre en place un bureau des méthodes !
En fait, pour reprendre ta signature, si l'étude de la grammaire est un moyen de la culture, l'étude de la gestion est un moyen de l'action. Pas plus, mais pas moins !
- Geneviève Fioraso (ministre de l'Enseignement supérieur) : "Il faut enseigner la culture de l'entrepreneuriat dès la maternelle".
- IFRI - Conférence du ministre de l'économie russe le 18 novembre 2013.
- Quelqu'un a-t-il des cours sur la psychologie de l'ado et la gestion de classe ou de conflits à m'envoyer?
- Geneviève Fioraso et Marcel Proust : Faut-il autoriser l'université française à dispenser des cours en anglais ?
- Rattrapage des cours le mercredi 13 novembre 2013 : le grand, très grand cafouillage.
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