- If_Then_ElseNiveau 9
Pourriez-vous donner des conseils pour être certain de rater une dissertation de philosophie ?
Le ratage de dissertation en philosophie est un art des plus sérieux, qui requiert de la volonté et de la précision. Un petit manque d’attention et c’est immédiatement le risque d’obtenir une note correcte, voire une bonne note.
Voici quelques conseils pour pouvoir parvenir à rivaliser avec les pires copies.
Le travail de préparation au brouillon
1/ Rater l’analyse du sujet
Pour bien rater sa dissertation, il est absolument essentiel de ne pas chercher à analyser le sujet. Écrivez au milieu d’une feuille de brouillon le sujet et passez tout de suite à une autre feuille. Faites directement un plan, ou mieux écrivez directement votre devoir.
Si vraiment vous n’arrivez pas à suivre cette stratégie, écrivez simplement quelques synonymes des mots du devoir. Par exemple : “le bonheur c’est quand on est heureux”, ou bien “la liberté c’est être libre” (effet garanti sur le correcteur).
Ne cherchez surtout pas à distinguer plusieurs sens des termes du sujet. À quoi bon s’embêter à être précis alors qu’on peut se contenter d’une belle généralité vague ?
Ne tombez surtout pas dans le piège classique qui consisterait à vouloir définir les notions, les définitions c’est pour les mauviettes qui n’ont pas compris le sujet. Vous vous avez compris la question, d’ailleurs vous êtes déjà en train d’y répondre.
2/ Rater la problématisation du sujet
Problématiser supposerait de prendre le temps de se questionner sur la question elle-même. Mais il y a déjà une question ! Et pourquoi vouloir chercher un problème. La vie est quand même plus belle quand il n’y a pas de problème, et vous n’avez pas tellement envie de prendre le temps de vous questionner (vous savez que vous êtes malheureusement obligé-e de rester au moins 1 heure, quelle contrainte !).
Bon, il va bien falloir faire passer le temps (1h, c’est long…). Commencez à faire quelques dessins sur votre brouillon, regardez vos voisins…
3/ Rater le plan
Si vous avez suivi la stratégie la plus efficace, vous êtes rapidement arrivé-e à cette étape cruciale du plan. Êtes-vous encore plus audacieux-se ? Foncez tête baissée dans la rédaction. La philo, c’est de l’inspiration pure !
Si vous n’êtes pas encore assez expérimenté-e pour ne pas faire de plan, divisez votre feuille en deux. Écrivez OUI d’un côté, NON d’un autre côté, et mettez tout ce qui vous passe par la tête. Une fois que vous avez une bonne quantité de chaque côté, lancez-vous.
Attention, évitez absolument de répondre au sujet dans chaque partie. Parlez d’autre chose. Si le sujet est : “Peut-on atteindre le bonheur sans la liberté ?”, faites : I–Le bonheur, II–La liberté.
N’essayez pas de construire des transitions logiques d’une partie à une autre ou pire de construire une progression dans votre développement. Restez-en à OUI d’un côté, NON d’un autre côté.
La rédaction du devoir
Vous voilà parti-e dans la rédaction de votre dissertation. N’oubliez pas d’écrire au fil de la plume, sans vraiment réfléchir à ce que vous écrivez.
Écrivez tout d'un bloc, sans jamais sauter de ligne ou faire des paragraphes, vous ne voulez pas gâcher du papier tout de même !
L'orthographe, la syntaxe importent peu : ce n’est pas parce qu'il manque un "s" ou un accent qu'on ne va pas vous comprendre !
Ne posez jamais de question. Il faut être efficace : alignez simplement vos idées les unes à la suite des autres. Mettez des mots de liaison au hasard : un "donc" par ci, un "mais" par là, sans trop vous soucier des liens logiques entre les idées.
Ne cherchez pas à être clair ou à être simple dans votre formulation, la philo c'est compliqué, écrivez compliqué.
L’introduction
Commencez par “De tous temps les hommes se sont posé cette question très importante”.
Évitez toute analyse du sujet. Restez-en à quelques synonymes bien choisis.
Ne dégagez surtout pas le problème que pose le sujet, allez vite à l’annonce du plan.
Pour l’annonce du plan, restez très vague. Il ne faudrait pas gâcher ce qui va suivre…
Le développement
Pourquoi diable appeler cette étape un “développement” ? Deux-trois pages suffiront amplement. Ne cherchez surtout pas à être précis.
Passez rapidement d’une idée à une autre, sans faire de lien logique. N’essayez pas d’être clair. Si le prof ne peut pas suivre votre raisonnement, c’est qu’il ne doit pas être très futé.
N’essayez pas de construire une argumentation avec des arguments, des réponses aux objections. Donnez juste votre opinion personnelle et quelques exemples. On verra bien que vous avez raison !
N’utilisez pas de vocabulaire précis, de définitions, de “distinctions conceptuelles”. Ils cherchent vraiment à tout compliquer ces philosophes, alors que c’est si simple…
Ne vous appuyez pas sur des références philosophiques. C’est votre copie, c’est votre opinion, pourquoi aller chercher des références pour approfondir sa réflexion ?
Si vous avez construit un plan dans votre travail au brouillon, essayez de ne pas trop le suivre pour laisser place à votre inspiration. N’essayez pas de bien faire le lien avec le sujet, et de montrer comment vous répondez à la question posée, le professeur trouvera bien le lien ! N’oubliez pas de négliger les transitions, elles sont inutiles : à la fin de votre partie, on a compris qu’il allait y en avoir une autre.
La conclusion
Vous venez de passer déjà au moins 1h à faire un développement, à quoi bon chercher à faire une synthèse de ce que vous avez écrit. Si le prof n’a pas compris où vous voulez en venir, c’est son problème !
Ne répondez surtout pas à la question posée. Écrivez plutôt : “Finalement, ça dépend de chacun, tout est relatif”, ou bien “La question est très difficile et on ne peut pas y répondre”, ou encore “Il faut un juste milieu”.
Finissez par un lieu commun plein de bon sens ou par une ouverture fulgurante vers n'importe quelle question qui vous vient à l'esprit.
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« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
- User17706Bon génie
Définir peut être un piège. En tout cas, donner d'emblée des définitions des notions en jeu dans le sujet empêche presque toujours de faire un travail efficace.If_Then_Else a écrit: Ne tombez surtout pas dans le piège classique qui consisterait à vouloir définir les notions
Ce n'est pas si absurde que ça, en fait.If_Then_Else a écrit:Pour l’annonce du plan, restez très vague. Il ne faudrait pas gâcher ce qui va suivre…
Il manque aussi des conseils pour mal utiliser les références.If_Then_Else a écrit:Ne vous appuyez pas sur des références philosophiques. C’est votre copie, c’est votre opinion, pourquoi aller chercher des références pour approfondir sa réflexion ?
Sinon, ça me paraît effectivement redoutable d'efficacité
(C'est de toi?)
- If_Then_ElseNiveau 9
Ô, grand Yorick,
Victime d'un manque de rigueur intellectuelle, emmitouflé dans mon acédie hivernale, passant d'un sujet à l'autre, sautant à mouton sur les innombrables idées confuses et sensations jouisseuses qui encombrent mon esprit non agrégé, je reconnais être très souvent hors sujet, et donc, être cause d'irritation de certains illustres professeurs qui hantent ce forum à longueur de journée.
Victime d'un manque de rigueur intellectuelle, emmitouflé dans mon acédie hivernale, passant d'un sujet à l'autre, sautant à mouton sur les innombrables idées confuses et sensations jouisseuses qui encombrent mon esprit non agrégé, je reconnais être très souvent hors sujet, et donc, être cause d'irritation de certains illustres professeurs qui hantent ce forum à longueur de journée.
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« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
- If_Then_ElseNiveau 9
Conseils trouvés sur le Net: http://blog.eyssette.net/2012-2013/PauvreYorick a écrit:Définir peut être un piège. En tout cas, donner d'emblée des définitions des notions en jeu dans le sujet empêche presque toujours de faire un travail efficace.If_Then_Else a écrit: Ne tombez surtout pas dans le piège classique qui consisterait à vouloir définir les notionsCe n'est pas si absurde que ça, en fait.If_Then_Else a écrit:Pour l’annonce du plan, restez très vague. Il ne faudrait pas gâcher ce qui va suivre…Il manque aussi des conseils pour mal utiliser les références.If_Then_Else a écrit:Ne vous appuyez pas sur des références philosophiques. C’est votre copie, c’est votre opinion, pourquoi aller chercher des références pour approfondir sa réflexion ?
Sinon, ça me paraît effectivement redoutable d'efficacité
(C'est de toi?)
Ma petite dernière passe son bac en fin d'année, alors je m'y suis remis avec un plaisir certain tout en reconnaissant mes limites (voir mes Confessions supra à la façon de Jean-Jacques R.)!
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« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
- User17706Bon génie
Bon, ironie mise à part (il me semble qu'on peut discuter sans avoir à faire d'efforts spéciaux pour être désagréables les uns avec les autres, je m'excuse si j'ai quant à moi donné cette impression, bien involontairement), il faut se méfier de l'injonction de «définir les termes du sujet».
En fait, on ne définit que très rarement au sens technique (ne serait-ce que parce qu'on en est très rarement capable, surtout au début d'une dissertation, qui peut en revanche progresser vers une définition de plus en plus précise). Je préfère dire qu'on caractérise les notions en jeu, voire qu'on précise de quoi l'on parle. Mais même ainsi, ça reste un peu piégeux; idéalement, on ne caractérise pas les notions apparaissant dans le sujet en général, mais strictement au sens qu'elles peuvent avoir compte tenu de l'intitulé total du sujet. Parfois les élèves définissent trop, et avec des définitions de dictionnaire qui sont souvent simplement des indications sur l'usage d'un mot. Après, ils sont embêtés, parce qu'ils ont des bouts de définition épars qui fracturent la perception globale du sens du sujet.
L'annonce du plan, à la limite, j'ai tendance à dire aux élèves qu'il ne faut la faire que si elle est directement compréhensible à partir du problème posé en introduction. Dès qu'un plan est un peu complexe ou un peu subtil, le correcteur n'a pas les moyens de juger de sa pertinence avant de lire le développement; donc, son annonce est un peu vaine ou fait un «effet M. Loyal» (vous verrez la femme à barbe en troisième partie de spectacle!).
Et si on a un plan du genre de ceux conseillés pour rater, effectivement, en l'annonçant, on aggrave son cas
Pour l'usage des auteurs, il y a quand même des recettes diablement efficaces pour rater sa dissert' que le collègue oublie:
- citer sans référencer ni expliquer, voire, fin du fin, citer de façon tronquée ou carrément erronée,
- donner (inutilement) les dates et la nationalité de l'auteur cité (et, mieux encore, les donner de façon erronée: «Kant, philosophe grec du XIe siècle...»),
- considérer qu'une citation d'un auteur constitue un argument ou que la thèse d'un auteur, parce qu'elle émane d'un auteur, n'a pas besoin d'être justifiée (autrement dit, argument d'autorité: ça, il faut lutter contre même des années après le bac).
Je ne sais pas si ça peut servir à ta petite dernière, c'était my 2 cents.
Mais j'aime bien, pédagogiquement, la démarche qui consiste à donner les recettes idéales pour rater. Je trouve ça très parlant.
En fait, on ne définit que très rarement au sens technique (ne serait-ce que parce qu'on en est très rarement capable, surtout au début d'une dissertation, qui peut en revanche progresser vers une définition de plus en plus précise). Je préfère dire qu'on caractérise les notions en jeu, voire qu'on précise de quoi l'on parle. Mais même ainsi, ça reste un peu piégeux; idéalement, on ne caractérise pas les notions apparaissant dans le sujet en général, mais strictement au sens qu'elles peuvent avoir compte tenu de l'intitulé total du sujet. Parfois les élèves définissent trop, et avec des définitions de dictionnaire qui sont souvent simplement des indications sur l'usage d'un mot. Après, ils sont embêtés, parce qu'ils ont des bouts de définition épars qui fracturent la perception globale du sens du sujet.
L'annonce du plan, à la limite, j'ai tendance à dire aux élèves qu'il ne faut la faire que si elle est directement compréhensible à partir du problème posé en introduction. Dès qu'un plan est un peu complexe ou un peu subtil, le correcteur n'a pas les moyens de juger de sa pertinence avant de lire le développement; donc, son annonce est un peu vaine ou fait un «effet M. Loyal» (vous verrez la femme à barbe en troisième partie de spectacle!).
Et si on a un plan du genre de ceux conseillés pour rater, effectivement, en l'annonçant, on aggrave son cas
Pour l'usage des auteurs, il y a quand même des recettes diablement efficaces pour rater sa dissert' que le collègue oublie:
- citer sans référencer ni expliquer, voire, fin du fin, citer de façon tronquée ou carrément erronée,
- donner (inutilement) les dates et la nationalité de l'auteur cité (et, mieux encore, les donner de façon erronée: «Kant, philosophe grec du XIe siècle...»),
- considérer qu'une citation d'un auteur constitue un argument ou que la thèse d'un auteur, parce qu'elle émane d'un auteur, n'a pas besoin d'être justifiée (autrement dit, argument d'autorité: ça, il faut lutter contre même des années après le bac).
Je ne sais pas si ça peut servir à ta petite dernière, c'était my 2 cents.
Mais j'aime bien, pédagogiquement, la démarche qui consiste à donner les recettes idéales pour rater. Je trouve ça très parlant.
- If_Then_ElseNiveau 9
Je suis d'accord avec toi, Yorik, cher collègue.PauvreYorick a écrit:Bon, ironie mise à part (il me semble qu'on peut discuter sans avoir à faire d'efforts spéciaux pour être désagréables les uns avec les autres, je m'excuse si j'ai quant à moi donné cette impression, bien involontairement), il faut se méfier de l'injonction de «définir les termes du sujet».
En fait, on ne définit que très rarement au sens technique (ne serait-ce que parce qu'on en est très rarement capable, surtout au début d'une dissertation, qui peut en revanche progresser vers une définition de plus en plus précise). Je préfère dire qu'on caractérise les notions en jeu, voire qu'on précise de quoi l'on parle. Mais même ainsi, ça reste un peu piégeux; idéalement, on ne caractérise pas les notions apparaissant dans le sujet en général, mais strictement au sens qu'elles peuvent avoir compte tenu de l'intitulé total du sujet. Parfois les élèves définissent trop, et avec des définitions de dictionnaire qui sont souvent simplement des indications sur l'usage d'un mot. Après, ils sont embêtés, parce qu'ils ont des bouts de définition épars qui fracturent la perception globale du sens du sujet.
L'annonce du plan, à la limite, j'ai tendance à dire aux élèves qu'il ne faut la faire que si elle est directement compréhensible à partir du problème posé en introduction. Dès qu'un plan est un peu complexe ou un peu subtil, le correcteur n'a pas les moyens de juger de sa pertinence avant de lire le développement; donc, son annonce est un peu vaine ou fait un «effet M. Loyal» (vous verrez la femme à barbe en troisième partie de spectacle!).
Et si on a un plan du genre de ceux conseillés pour rater, effectivement, en l'annonçant, on aggrave son cas
Pour l'usage des auteurs, il y a quand même des recettes diablement efficaces pour rater sa dissert' que le collègue oublie:
- citer sans référencer ni expliquer, voire, fin du fin, citer de façon tronquée ou carrément erronée,
- donner (inutilement) les dates et la nationalité de l'auteur cité (et, mieux encore, les donner de façon erronée: «Kant, philosophe grec du XIe siècle...»),
- considérer qu'une citation d'un auteur constitue un argument ou que la thèse d'un auteur, parce qu'elle émane d'un auteur, n'a pas besoin d'être justifiée (autrement dit, argument d'autorité: ça, il faut lutter contre même des années après le bac).
Je ne sais pas si ça peut servir à ta petite dernière, c'était my 2 cents.
Mais j'aime bien, pédagogiquement, la démarche qui consiste à donner les recettes idéales pour rater. Je trouve ça très parlant.
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« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
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