- marjoDoyen
J'ai récemment proposé au principal-adjoint de mon collège de faire un peu de tutorat avec un élève de 4e qui a été exclu il y a quinze jours, pour avoir donné un coup de boule à un de ses petits copains... Il s'agit de l'un des élèves que j'ai en latin, et que je connais depuis l'année dernière. J'ai été très choquée d'apprendre qu'il avait été exclu (et je l'ai été encore plus quand j'ai su le motif), et je me suis dit qu'il fallait essayer de reprendre un peu en main cet élève, qui est en train de partir doucement en vrille, alors qu'il sait être tout à fait agréable par ailleurs et travaille relativement bien. Il est malheureusement capable de "sorties" assez violentes et spontanées (il a déjà été exclu une fois l'année dernière pour une bagarre) et a de mauvaises fréquentations cette année, qui l'influencent largement. Comme je l'ai en latin, il s'agit bien évidemment d'un contexte particulier : j'ai les élèves en petit effectif, je les connais depuis l'année dernière, et j'ai généralement de bons rapports avec eux. C'est ce qui m'a poussée à me proposer pour faire du tutorat avec cet élève : je pensais que je pouvais avoir une bonne influence sur lui.
Le PP a trouvé que c'était une bonne idée, la CPE aussi, l'adjoint également, la famille est d'accord et l'élève est volontaire.
J'ai déjà eu un premier entretien avec lui, qui s'est bien passé. Il a eu du mal à savoir quoi me dire exactement, mais j'ai essayé de l'aiguiller et la parole s'est déliée sans problème. Mais le lendemain, le hasard a voulu que je tombe trois fois sur lui dans les couloirs ou dans la cour, et à chaque fois, il était en train de faire une ânerie : la première fois, j'ai surpris son super copain qui a si bonne influence sur lui en train de bloquer la porte des toilettes des filles tandis que lui était mort de rire à côté ; la deuxième fois, c'est lorsqu'il s'est fait mettre à la porte du cours de français 10 minutes avant la fin de l'heure parce qu'il bavardait trop ; la troisième fois, c'est quand il est passé dans le couloir devant ma salle et a salué une de ses camarades en l'appelant "miss 90B". Malheureusement pour lui, il n'a pas vu que je me tenais sur le pas de la porte. Il a fait une drôle de tête quand il s'en est aperçu. Et hier, quand les 4e latinistes sont venus déposer leur affaires dans ma salle avant la récré, un de ses camarades m'a dit : "W. n'ose pas entrer madame, il a peur que vous le grondiez." Je ne lui ai pas parlé de la somme des incidents de la veille, parce que je ne veux pas tout mélanger : à mon sens, il faut que le temps du tutorat soit un temps clairement défini qui n'interfère pas avec sa présence dans mes cours (mais je me trompe peut-être). Si je me mets à lui parler de son comportement chaque fois que je l'ai en cours, ça risque de devenir pesant.
Il y a plusieurs choses qui me posent question dans cette histoire (dont j'espère qu'elle est à peu près claire) :
1. Comment aborder avec lui toutes les bêtises que je l'ai vu faire jeudi, notamment l'histoire du "miss 90B" ? Je trouve ça hyper délicat, mais en même temps, ayant tout vu et tout entendu, je ne peux pas passer l'affaire sous silence. Que faire si, quand je lui demande de faire le bilan de sa semaine, il ne me parle pas de ces incidents ? Est-ce que je dois le forcer à en parler ou pas ?
2. Comment faire pour ne pas être trop investie affectivement dans cette histoire ? C'est un élève que j'aime bien parce qu'il est gentil comme tout avec moi, et je suis peinée de voir la pente sur laquelle il est en train de glisser. Je me suis par ailleurs sentie très mal jeudi, parce que j'ai eu l'impression que l'entretien qu'on avait eu la veille n'a servi à rien du tout.
3. D'où ma dernière question : comment rendre le tutorat efficace et quels progrès attendre de l'élève ? Ma crainte, vu ce que j'ai vu jeudi, c'est que l'élève continue à bien se comporter dans les quelques cours qu'il apprécie, soit agréable avec moi et travaille "parce qu'il m'aime bien" (disent ses camarades latinistes) mais que ça n'aille pas plus loin.
Tout cela n'est pas très clair dans ma tête, j'espère ne pas avoir été trop confuse et j'espère que vous aurez des remarques/des conseils pour m'aider.
Le PP a trouvé que c'était une bonne idée, la CPE aussi, l'adjoint également, la famille est d'accord et l'élève est volontaire.
J'ai déjà eu un premier entretien avec lui, qui s'est bien passé. Il a eu du mal à savoir quoi me dire exactement, mais j'ai essayé de l'aiguiller et la parole s'est déliée sans problème. Mais le lendemain, le hasard a voulu que je tombe trois fois sur lui dans les couloirs ou dans la cour, et à chaque fois, il était en train de faire une ânerie : la première fois, j'ai surpris son super copain qui a si bonne influence sur lui en train de bloquer la porte des toilettes des filles tandis que lui était mort de rire à côté ; la deuxième fois, c'est lorsqu'il s'est fait mettre à la porte du cours de français 10 minutes avant la fin de l'heure parce qu'il bavardait trop ; la troisième fois, c'est quand il est passé dans le couloir devant ma salle et a salué une de ses camarades en l'appelant "miss 90B". Malheureusement pour lui, il n'a pas vu que je me tenais sur le pas de la porte. Il a fait une drôle de tête quand il s'en est aperçu. Et hier, quand les 4e latinistes sont venus déposer leur affaires dans ma salle avant la récré, un de ses camarades m'a dit : "W. n'ose pas entrer madame, il a peur que vous le grondiez." Je ne lui ai pas parlé de la somme des incidents de la veille, parce que je ne veux pas tout mélanger : à mon sens, il faut que le temps du tutorat soit un temps clairement défini qui n'interfère pas avec sa présence dans mes cours (mais je me trompe peut-être). Si je me mets à lui parler de son comportement chaque fois que je l'ai en cours, ça risque de devenir pesant.
Il y a plusieurs choses qui me posent question dans cette histoire (dont j'espère qu'elle est à peu près claire) :
1. Comment aborder avec lui toutes les bêtises que je l'ai vu faire jeudi, notamment l'histoire du "miss 90B" ? Je trouve ça hyper délicat, mais en même temps, ayant tout vu et tout entendu, je ne peux pas passer l'affaire sous silence. Que faire si, quand je lui demande de faire le bilan de sa semaine, il ne me parle pas de ces incidents ? Est-ce que je dois le forcer à en parler ou pas ?
2. Comment faire pour ne pas être trop investie affectivement dans cette histoire ? C'est un élève que j'aime bien parce qu'il est gentil comme tout avec moi, et je suis peinée de voir la pente sur laquelle il est en train de glisser. Je me suis par ailleurs sentie très mal jeudi, parce que j'ai eu l'impression que l'entretien qu'on avait eu la veille n'a servi à rien du tout.
3. D'où ma dernière question : comment rendre le tutorat efficace et quels progrès attendre de l'élève ? Ma crainte, vu ce que j'ai vu jeudi, c'est que l'élève continue à bien se comporter dans les quelques cours qu'il apprécie, soit agréable avec moi et travaille "parce qu'il m'aime bien" (disent ses camarades latinistes) mais que ça n'aille pas plus loin.
Tout cela n'est pas très clair dans ma tête, j'espère ne pas avoir été trop confuse et j'espère que vous aurez des remarques/des conseils pour m'aider.
- Syria ForelNiveau 7
Je te comprends, Marjolie ! J'ai le même type de profil cette année, l'un des 4èmes de la classe où je suis PP, et dont je connais la maman.
En cours avec moi, il se comporte bien, il garde un profil bas quand je le garde 5 minutes pour parler de ses problèmes de comportement dans certains cours (je rase les murs en entrant dans la salle des profs ! ), et il me fait des tas de promesses d'ivrogne.
Mais c'est âneries sur âneries, et ce qui m'inquiète, c'est que cela va crescendo.
Cela étant, je le sens perturbé : il se ronge le bout des doigts au sang, il est visiblement mal dans sa peau, et à mon avis, son comportement cache un problème autre que scolaire. Il sait qu'il va trop loin, mais persiste dans son comportement borderline.
Dans un premier temps, essaie de faire la part des choses entre simple problème de maturité (comme on le dit en anglais, boys will be boys - il faut du temps chez certains pour mûrir un peu, et problème sérieux. Là, n'hésite pas à passer la main ou l'aiguiller vers des personnes qui seront plus à même de lui apporter l'aide dont il a besoin.
En cours avec moi, il se comporte bien, il garde un profil bas quand je le garde 5 minutes pour parler de ses problèmes de comportement dans certains cours (je rase les murs en entrant dans la salle des profs ! ), et il me fait des tas de promesses d'ivrogne.
Mais c'est âneries sur âneries, et ce qui m'inquiète, c'est que cela va crescendo.
Cela étant, je le sens perturbé : il se ronge le bout des doigts au sang, il est visiblement mal dans sa peau, et à mon avis, son comportement cache un problème autre que scolaire. Il sait qu'il va trop loin, mais persiste dans son comportement borderline.
Dans un premier temps, essaie de faire la part des choses entre simple problème de maturité (comme on le dit en anglais, boys will be boys - il faut du temps chez certains pour mûrir un peu, et problème sérieux. Là, n'hésite pas à passer la main ou l'aiguiller vers des personnes qui seront plus à même de lui apporter l'aide dont il a besoin.
- Carrie7Niveau 9
Tu es sensée le "tutorer" dans quels domaines ? Chez nous il s'agit surtout de soutien scolaire ? Je fais du tutorat à un élève de 4ème, qui a beaucoup de difficultés. Je l'aide dans toutes les matières, ce qui n'est pas toujours évident. Mais je trouve justement difficile de se positionner correctement: nous ne sommes pas des pros dans toutes les matières, et nous ne sommes ni des psys ni les parents de ces enfants. La relation qui s'instaure n'a rien à voir avec celle qu'on a avec une classe.
Je pense qu'un point important est de beaucoup communiquer avec les autres profs de l'élève, et avec le CPE , en veillant à ne pas le surprotéger. Lui montrer qu'on cherche à l'aider mais qu'on ne devient pas son "allié" non plus. Et lui rappeler à l'occasion qu'il a beaucoup de chance de profiter de ce dispositif de tutorat.
Je pense qu'un point important est de beaucoup communiquer avec les autres profs de l'élève, et avec le CPE , en veillant à ne pas le surprotéger. Lui montrer qu'on cherche à l'aider mais qu'on ne devient pas son "allié" non plus. Et lui rappeler à l'occasion qu'il a beaucoup de chance de profiter de ce dispositif de tutorat.
- yogiSage
A cause de tout ce que tu décris,je préfère toujours tutorer des gamins que je ne connais pas,que je n'ai pas en classe.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- marjoDoyen
Dans mon collège, le tutorat consiste davantage à encadrer un élève qui pose des problèmes de comportement ou dans son rapport au travail (assiduité, investissement etc.) Dans le cadre de ce tutorat, je vois l'élève une fois par semaine, sur un créneau que j'ai déterminé avec lui, et il fait un bilan de sa semaine avec moi, le but étant que ce soit surtout lui qui parle pour que ça l'amène à réfléchir. L'élève sait ainsi qu'il doit rendre des comptes chaque semaine à un adulte de l'établissement ce qui, dans l'idéal, devrait le dissuader de faire des conneries. Nous n'en sommes pas encore là... Mais on n'a fait qu'un seul entretien. D'ailleurs, la prochaine fois je prendrai des notes, pour que ça ait un caractère un peu plus solennel.
- yogiSage
Elève et tuteur définissent ensemble des objectifs de 3 ordres différents:court,moyen et long terme.marjolie.june a écrit:Dans mon collège, le tutorat consiste davantage à encadrer un élève qui pose des problèmes de comportement ou dans son rapport au travail (assiduité, investissement etc.) Dans le cadre de ce tutorat, je vois l'élève une fois par semaine, sur un créneau que j'ai déterminé avec lui, et il fait un bilan de sa semaine avec moi, le but étant que ce soit surtout lui qui parle pour que ça l'amène à réfléchir. L'élève sait ainsi qu'il doit rendre des comptes chaque semaine à un adulte de l'établissement ce qui, dans l'idéal, devrait le dissuader de faire des conneries. Nous n'en sommes pas encore là... Mais on n'a fait qu'un seul entretien. D'ailleurs, la prochaine fois je prendrai des notes, pour que ça ait un caractère un peu plus solennel.
Les objectifs doivent etre accessibles.
Je prenais des notes lors des entretiens et je donnais un papier à l'élève à la fin de l'entretien avec les objectifs que nous nous étions fixés. En un an,sur 10 élèves,il se peut qu'il y ait seulemement des résultats favorables,des changemements notoires pour UN élève.C'est toujours ca! Se contenter de petites victoires...
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- marjoDoyen
Des nouvelles de mon tutorat avec l'élève dont j'ai parlé, car j'ai à nouveau vraiment besoin de conseils, mais plus pour gérer les choses de mon côté à moi...
L'élève m'a posé deux lapins et ne s'est pas présenté à deux de ses entretiens. Je l'ai retenu à la fin d'un cours pour l'interroger sur sa motivation à poursuivre le dispositif de tutorat. Il a fini par être honnête et par me répondre qu'il n'était plus trop motivé. J'ai informé l'adjoint, qui a décidé de lever le tutorat, voyant que ça ne servait à rien. Je me trompe peut-être, mais je crois que si l'élève a refusé, c'est parce qu'il ne voulait pas que j'aie une mauvaise image de lui, que je sois au courant de ses âneries et surtout qu'on en parle ensemble. J'ai cru percevoir que ça le mettait très mal à l'aise. Toutes les fois où je l'ai croisé récemment (dans les couloirs ou dans la cour) il a toujours été très fuyant avec moi.
Depuis une semaine, une semaine et demi, l'élève en question continue son ascension vers le grand n'importe quoi. Il a à nouveau pris trois jours d'exclusion pour avoir insulté un de ses profs (de mardi à jeudi). Il est revenu hier-matin et s'est à nouveau fait remarquer dans le cours du prof qu'il avait insulté la semaine précédente : l'adjoint l'a gardé en entretien une bonne partie de l'après-midi et l'élève a donc à nouveau raté son cours avec moi. Je ne sais pas à quelle sanction cela va aboutir, mais je sens que le conseil de discipline lui pend furieusement au nez.
De mon côté, je suis complètement abasourdie et anéantie par cette histoire. Comme je l'ai dit dans mon premier post, cet élève était un garçon adorable l'année dernière, et cette année encore, je n'ai absolument pas à m'en plaindre en cours. Vendredi dernier, après l'avoir gardé dans son bureau une bonne partie de l'après-midi pour l'histoire de l'insulte, l'adjoint l'a renvoyé en classe pour son cours avec moi, en disant à l'élève que j'étais au courant de toute l'histoire (ce qui était vrai : j'avais croisé l'adjoint le matin et il m'avait dit, un peu désemparé, qu'il ne savait plus quoi avec cet élève). J'ai fait s'asseoir l'élève tout au fond de la classe, car je voulais le séparer de son camarade avec qui il discute trop et il a été PARFAIT : il s'est parfaitement tenu, a participé comme un fou, a dit des choses pertinentes et c'est même lui qui a compris comment il fallait interpréter le mythe de Proserpine. Son attitude donnait vraiment l'impression qu'il voulait se faire pardonner de quelque chose.
Quand je mets en perspective ce que je vois de lui dans mes cours (un garçon choupi qui se décompose sur sa chaise lorsque je fronce les sourcils parce que je le surprends en train de bavarder) et ce que j'entends de lui et de ses frasques, j'ai l'impression qu'il y a comme un bug et qu'on ne parle pas du même élève. Cette histoire me dépasse, me touche énormément et me fend le coeur. Le problème est que je n'ai pas réussi à rester dans mon rôle de prof avec lui, et que je me suis laissée piéger par l'affectif. J'en ai conscience, mais je n'arrive pas à faire "machine arrière" et je n'arrête pas de penser à cette histoire, car je sens que les choses ne vont pas se tasser du tout, vu l'accélération des événements dernièrement. Même si je sais que je ne dois pas le prendre comme ça, je vis un peu mal de ne pas avoir réussi à recadrer un tout petit peu cet élève par le dispositif du tutorat : j'ai voulu l'aider et il a rejeté cette aide. Je me dis aussi qu'il s'agit sans doute d'un élève fragile qui pâtit de l'ambiance délétère de ce collège, dont je pâtis énormément moi-même...
Bref : je ne peux rien pour cet élève, ce qui me frustre et m'attriste. Je suis prise au piège de l'affectif et je ne sais pas comment faire pour laisser cette histoire de côté. L'écrire, ça fait déjà du bien. Peut-être aurez-vous encore des conseils ou des paroles réconfortantes...
L'élève m'a posé deux lapins et ne s'est pas présenté à deux de ses entretiens. Je l'ai retenu à la fin d'un cours pour l'interroger sur sa motivation à poursuivre le dispositif de tutorat. Il a fini par être honnête et par me répondre qu'il n'était plus trop motivé. J'ai informé l'adjoint, qui a décidé de lever le tutorat, voyant que ça ne servait à rien. Je me trompe peut-être, mais je crois que si l'élève a refusé, c'est parce qu'il ne voulait pas que j'aie une mauvaise image de lui, que je sois au courant de ses âneries et surtout qu'on en parle ensemble. J'ai cru percevoir que ça le mettait très mal à l'aise. Toutes les fois où je l'ai croisé récemment (dans les couloirs ou dans la cour) il a toujours été très fuyant avec moi.
Depuis une semaine, une semaine et demi, l'élève en question continue son ascension vers le grand n'importe quoi. Il a à nouveau pris trois jours d'exclusion pour avoir insulté un de ses profs (de mardi à jeudi). Il est revenu hier-matin et s'est à nouveau fait remarquer dans le cours du prof qu'il avait insulté la semaine précédente : l'adjoint l'a gardé en entretien une bonne partie de l'après-midi et l'élève a donc à nouveau raté son cours avec moi. Je ne sais pas à quelle sanction cela va aboutir, mais je sens que le conseil de discipline lui pend furieusement au nez.
De mon côté, je suis complètement abasourdie et anéantie par cette histoire. Comme je l'ai dit dans mon premier post, cet élève était un garçon adorable l'année dernière, et cette année encore, je n'ai absolument pas à m'en plaindre en cours. Vendredi dernier, après l'avoir gardé dans son bureau une bonne partie de l'après-midi pour l'histoire de l'insulte, l'adjoint l'a renvoyé en classe pour son cours avec moi, en disant à l'élève que j'étais au courant de toute l'histoire (ce qui était vrai : j'avais croisé l'adjoint le matin et il m'avait dit, un peu désemparé, qu'il ne savait plus quoi avec cet élève). J'ai fait s'asseoir l'élève tout au fond de la classe, car je voulais le séparer de son camarade avec qui il discute trop et il a été PARFAIT : il s'est parfaitement tenu, a participé comme un fou, a dit des choses pertinentes et c'est même lui qui a compris comment il fallait interpréter le mythe de Proserpine. Son attitude donnait vraiment l'impression qu'il voulait se faire pardonner de quelque chose.
Quand je mets en perspective ce que je vois de lui dans mes cours (un garçon choupi qui se décompose sur sa chaise lorsque je fronce les sourcils parce que je le surprends en train de bavarder) et ce que j'entends de lui et de ses frasques, j'ai l'impression qu'il y a comme un bug et qu'on ne parle pas du même élève. Cette histoire me dépasse, me touche énormément et me fend le coeur. Le problème est que je n'ai pas réussi à rester dans mon rôle de prof avec lui, et que je me suis laissée piéger par l'affectif. J'en ai conscience, mais je n'arrive pas à faire "machine arrière" et je n'arrête pas de penser à cette histoire, car je sens que les choses ne vont pas se tasser du tout, vu l'accélération des événements dernièrement. Même si je sais que je ne dois pas le prendre comme ça, je vis un peu mal de ne pas avoir réussi à recadrer un tout petit peu cet élève par le dispositif du tutorat : j'ai voulu l'aider et il a rejeté cette aide. Je me dis aussi qu'il s'agit sans doute d'un élève fragile qui pâtit de l'ambiance délétère de ce collège, dont je pâtis énormément moi-même...
Bref : je ne peux rien pour cet élève, ce qui me frustre et m'attriste. Je suis prise au piège de l'affectif et je ne sais pas comment faire pour laisser cette histoire de côté. L'écrire, ça fait déjà du bien. Peut-être aurez-vous encore des conseils ou des paroles réconfortantes...
- yogiSage
S'il a posé des lapins,c'est qu'il ne veut pas faire du tutorat.C'est son choix.On ne peut forcer quelqu'un dans une démarche. Alors,oui,il n'y a rien que tu puisses faire. Ce n'est plus de ton ressort. On n'est pas là pour sauver le monde,on fait ce qu'on peut. Si au passage ,on aide une personne tant mieux ,sinon inch allah.
J'ai suivi une formation tutorat l'an dernier.Le formateur disait que seulement 25% environ des rendez-vous étaient satisfaisants,que le reste était voué à l'échec. L'année dernière,sur 10 tutorés,seulement une a fait des progrès remarquables sur plusieurs plans.Les autres ne venaient pas ou avaient de tels problèmes qu'ils devaient voir assistante sociale,psy etc. Une est passée en conseil de discipline,on l'a virée. Bref, le tutorat,ce sont des petits pas et de petites victoires et quand il y a "échec",ce n'est pas de ta faute. On ne peut porter de l'aide à quelqu'un qui n'en veut pas et sa décision de réussite ou d'échec est à respecter.
J'ai suivi une formation tutorat l'an dernier.Le formateur disait que seulement 25% environ des rendez-vous étaient satisfaisants,que le reste était voué à l'échec. L'année dernière,sur 10 tutorés,seulement une a fait des progrès remarquables sur plusieurs plans.Les autres ne venaient pas ou avaient de tels problèmes qu'ils devaient voir assistante sociale,psy etc. Une est passée en conseil de discipline,on l'a virée. Bref, le tutorat,ce sont des petits pas et de petites victoires et quand il y a "échec",ce n'est pas de ta faute. On ne peut porter de l'aide à quelqu'un qui n'en veut pas et sa décision de réussite ou d'échec est à respecter.
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- marjoDoyen
Réponse un peu "violente" mais que je comprends parfaitement.
- yogiSage
Suis violente dans mes mots ou c'est violent pour toi de recevoir des éléments de réponses?marjolie.june a écrit:Réponse un peu "violente" mais que je comprends parfaitement.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- JohnMédiateur
Malheureusement, tu ne peux pas le forcer à accepter d'être aidé :/je vis un peu mal de ne pas avoir réussi à recadrer un tout petit peu cet élève par le dispositif du tutorat : j'ai voulu l'aider et il a rejeté cette aide
Je comprends que cela t'attriste.
Tu ne parles pas des parents de cet enfant : c'est eux qui devraient être en première ligne pour l'aider.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- tannatHabitué du forum
Dans notre établissement, lorsque l'attitude d'un élève pose problème nous lui proposons un contrat qu'il présente une fois par semaine à son tuteur.
Les termes du contrat sont définis par l'élève et son tuteur et l'ensemble est signé par l'élève, le tuteur et les parents.
Une fois par semaine, un point est fait et si les résultats ne sont pas au rendez-vous l'élève encourt une sanction (enfin, je le colle).
Je trouve que le système permet au moins à certains des progrès significatifs (mais le public est sans doute assez "privilégié").
Le contrat met l'élève face à ses responsabilités et lui permet d'avoir une image (=lecture) globale de son attitude (de ce qui est à modifier ou à améliorer) ce qui leur manque parfois. Bon, je ne prétends pas qu'il s'agit d'une panacée mais j'admire ceux qui ont eu l'intelligence de mettre en place ce dispositif.
Les termes du contrat sont définis par l'élève et son tuteur et l'ensemble est signé par l'élève, le tuteur et les parents.
Une fois par semaine, un point est fait et si les résultats ne sont pas au rendez-vous l'élève encourt une sanction (enfin, je le colle).
Je trouve que le système permet au moins à certains des progrès significatifs (mais le public est sans doute assez "privilégié").
Le contrat met l'élève face à ses responsabilités et lui permet d'avoir une image (=lecture) globale de son attitude (de ce qui est à modifier ou à améliorer) ce qui leur manque parfois. Bon, je ne prétends pas qu'il s'agit d'une panacée mais j'admire ceux qui ont eu l'intelligence de mettre en place ce dispositif.
- yogiSage
Oui mais il faut déjà que l'élève veuille se présenter aux premiers rendez-vous! Le tutorat fonctionne avec les gamins qui ont l'envie d'essayer.tannat a écrit:Dans notre établissement, lorsque l'attitude d'un élève pose problème nous lui proposons un contrat qu'il présente une fois par semaine à son tuteur.
Les termes du contrat sont définis par l'élève et son tuteur et l'ensemble est signé par l'élève, le tuteur et les parents.
Une fois par semaine, un point est fait et si les résultats ne sont pas au rendez-vous l'élève encourt une sanction (enfin, je le colle).
Je trouve que le système permet au moins à certains des progrès significatifs (mais le public est sans doute assez "privilégié").
Le contrat met l'élève face à ses responsabilités et lui permet d'avoir une image (=lecture) globale de son attitude (de ce qui est à modifier ou à améliorer) ce qui leur manque parfois. Bon, je ne prétends pas qu'il s'agit d'une panacée mais j'admire ceux qui ont eu l'intelligence de mettre en place ce dispositif.
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- marjoDoyen
C'est la réalité décrite qui est violente pour moi, parce que je ne me situe pas sur le bon plan avec cet élève (c'est-à-dire le plan strictement pro), et ce n'est donc pas évident à accepter. Pour autant, je suis rationnellement persuadée que tu as raison.yogi a écrit:Suis violente dans mes mots ou c'est violent pour toi de recevoir des éléments de réponses?marjolie.june a écrit:Réponse un peu "violente" mais que je comprends parfaitement.
- marjoDoyen
D'après l'adjoint, la maman est très bien et est derrière son fils. Je ne suis pas certaine qu'il y ait un père dans l'histoire... Mais je n'ai pas envie d'en savoir plus. J'en viens à souhaiter que cet élève passe en conseil de discipline et soit exclu définitivement du collège, parce que je pourrais arrêter de m'inquiéter pour lui et penser enfin à autre chose. Vu la courbe ascendante qu'il suit depuis quelques semaines, espérer qu'il se calme pour que la situation se tasse me parait relever de la plus pure utopie.John a écrit:Malheureusement, tu ne peux pas le forcer à accepter d'être aidé :/je vis un peu mal de ne pas avoir réussi à recadrer un tout petit peu cet élève par le dispositif du tutorat : j'ai voulu l'aider et il a rejeté cette aide
Je comprends que cela t'attriste.
Tu ne parles pas des parents de cet enfant : c'est eux qui devraient être en première ligne pour l'aider.
- yogiSage
L'affectif peut nous toucher de temps en temps.On n'est pas des machines insensibles!marjolie.june a écrit:C'est la réalité décrite qui est violente pour moi, parce que je ne me situe pas sur le bon plan avec cet élève (c'est-à-dire le plan strictement pro), et ce n'est donc pas évident à accepter. Pour autant, je suis rationnellement persuadée que tu as raison.yogi a écrit:Suis violente dans mes mots ou c'est violent pour toi de recevoir des éléments de réponses?marjolie.june a écrit:Réponse un peu "violente" mais que je comprends parfaitement.
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- tannatHabitué du forum
Oui, tu as raison Yogi ; d'autant que pour nous le tutorat n'est pas une option c'est une figure imposée...
- marjoDoyen
Je remonte ce vieux topic à cause de nouvelles interrogations.
L'élève dont je parlais en novembre ne s'est pas vraiment calmé. Après un premier trimestre très moyen du point de vue des résultats, il a bien remonté au 2e trimestre (c'est déjà ça), mais continue ses conneries : il frappe ses camarades, répond mal à certains collègues, il ment etc. Sans exagérer, il a eu au moins une exclusion temporaire (de 2 jours ou plus) toutes les deux ou trois semaines depuis décembre. Il a raté énormément de journées de cours. Je ne comprends pas pourquoi on ne déclenche pas un conseil de discipline. Vu l'accumulation de faits, ça se justifierait, et je m'interroge vraiment sur l'efficacité de la multiplication de ces exclusions temporaires.
Par ailleurs, je m'interroge sur mon rôle auprès de cet élève. Il est toujours très tranquille avec moi, même s'il essaye parfois de faire le coq. Il est mort de honte chaque fois que je le prends à hurler dans le couloir ou à faire des courses-poursuites avec ses copains. Par ailleurs, alors qu'il a refusé le tutorat avec moi et qu'il a été globalement fuyant à une époque, j'ai l'impression que depuis plusieurs semaines il cherche à se faire "remarquer" de moi, qu'il recherche mon attention. Ce matin, alors que j'allais chercher les 5e dans la cour, il est venu trainer près de leur rang pour que je le voie (je lui ai juste dit d'aller se ranger) ; à 10H, il m'a arrêtée dans le couloir pour savoir s'il pouvait avoir sa moyenne de latin ; à 11H, il s'est arrêté devant ma salle pour me dire bonjour pour la 3e fois de la journée. Et il a souvent ce genre de comportement. Quand j'ai cours avec eux et que je m'apprête à ouvrir la porte, il trouve toujours quelque chose à dire (d'intelligent ou pas) pour que je lui parle à lui en premier avant le cours.
Je sens que le contact passe bien avec moi (dieu merci, car il faut voir comme il est capable d'être odieux...) et du coup je me demande si je ne devrais pas essayer de lui (re)parler un peu de son comportement, au moins essayer. Mais j'hésite, car cela n'a pas été très concluant la dernière fois. Bref, comment agir dans une situation comme celle-là ?
L'élève dont je parlais en novembre ne s'est pas vraiment calmé. Après un premier trimestre très moyen du point de vue des résultats, il a bien remonté au 2e trimestre (c'est déjà ça), mais continue ses conneries : il frappe ses camarades, répond mal à certains collègues, il ment etc. Sans exagérer, il a eu au moins une exclusion temporaire (de 2 jours ou plus) toutes les deux ou trois semaines depuis décembre. Il a raté énormément de journées de cours. Je ne comprends pas pourquoi on ne déclenche pas un conseil de discipline. Vu l'accumulation de faits, ça se justifierait, et je m'interroge vraiment sur l'efficacité de la multiplication de ces exclusions temporaires.
Par ailleurs, je m'interroge sur mon rôle auprès de cet élève. Il est toujours très tranquille avec moi, même s'il essaye parfois de faire le coq. Il est mort de honte chaque fois que je le prends à hurler dans le couloir ou à faire des courses-poursuites avec ses copains. Par ailleurs, alors qu'il a refusé le tutorat avec moi et qu'il a été globalement fuyant à une époque, j'ai l'impression que depuis plusieurs semaines il cherche à se faire "remarquer" de moi, qu'il recherche mon attention. Ce matin, alors que j'allais chercher les 5e dans la cour, il est venu trainer près de leur rang pour que je le voie (je lui ai juste dit d'aller se ranger) ; à 10H, il m'a arrêtée dans le couloir pour savoir s'il pouvait avoir sa moyenne de latin ; à 11H, il s'est arrêté devant ma salle pour me dire bonjour pour la 3e fois de la journée. Et il a souvent ce genre de comportement. Quand j'ai cours avec eux et que je m'apprête à ouvrir la porte, il trouve toujours quelque chose à dire (d'intelligent ou pas) pour que je lui parle à lui en premier avant le cours.
Je sens que le contact passe bien avec moi (dieu merci, car il faut voir comme il est capable d'être odieux...) et du coup je me demande si je ne devrais pas essayer de lui (re)parler un peu de son comportement, au moins essayer. Mais j'hésite, car cela n'a pas été très concluant la dernière fois. Bref, comment agir dans une situation comme celle-là ?
- yogiSage
Je pense que tu as l'air de te prendre trop le chou pour ce seul élève.
Tu peux lui parler et lui dire que s'il souhaite avoir une autre chance, le tutorat est toujours possible.
Il cherche de l'attention mais tu es là pour t'occuper de tout le monde ,pas seulement de lui et il faut qu'il le comprenne.
Tu peux lui parler et lui dire que s'il souhaite avoir une autre chance, le tutorat est toujours possible.
Il cherche de l'attention mais tu es là pour t'occuper de tout le monde ,pas seulement de lui et il faut qu'il le comprenne.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- marjoDoyen
J'en reparle aujourd'hui parce que son comportement m'interroge, mais je ne suis pas souciée de lui outre mesure pendant plusieurs semaines, voyant qu'il ne faisait pas d'efforts.
J'essaie de comprendre ce que cherche ce gamin (juste de l'attention ? se racheter une conduite ? du soutien ?) en se comportant de la sorte, pour savoir si c'est la peine que je me préoccupe de ses problèmes. Même si je comprends parfaitement qu'il ne faut pas chercher à sauver le monde, en tant que profs on peut parfois être d'une grande aide pour certains élèves, sans que ça nous demande forcément beaucoup : je trouve(rai) dommage de ne pas proposer cette aide, si c'est dans nos moyens.
J'essaie de comprendre ce que cherche ce gamin (juste de l'attention ? se racheter une conduite ? du soutien ?) en se comportant de la sorte, pour savoir si c'est la peine que je me préoccupe de ses problèmes. Même si je comprends parfaitement qu'il ne faut pas chercher à sauver le monde, en tant que profs on peut parfois être d'une grande aide pour certains élèves, sans que ça nous demande forcément beaucoup : je trouve(rai) dommage de ne pas proposer cette aide, si c'est dans nos moyens.
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