- MUTISExpert
Je suis en train de lire l'ouvrage de Dorrit Cohn fort convaincant : La transparence intérieure (Modes de représentation de la vie psychique dans le roman)...
Elle remplace la terminologie "discours indirect libre" par "monologue narrativisé" c'est-à-dire monologue intérieur intégré à la narration (avec les personnes et les temps du récit) permettant de faire entendre la pensée (et la voix) intime du personnage (avec les marques de l'oralité comme le ? et le !). Cette terminologie me semble plus claire que celle adoptée par les grammaires traditionnelles. Je viens de faire un tour rapide des manuels que j'ai et aucune allusion à un "monologue narrativisé". Juste parfois des références au discours narrativisé qui embrouillent un peu les concepts puisque les grammaires entendent par là un discours intérieur résumé par le narrateur...
Il faudrait selon Dorrit Cohn distinguer deux modes d'accès privilégiés à l'intériorité du personnage :
- soit le narrateur omniscient nous décrit les sentiments (le récit psychologique) avec des verbes comme : il pensa que, voulut, décida, pria...
- soit ce narrateur laisse plus ou moins longuement la place à la voix intérieure du personnage tout en l'intégrant au récit (un point de vue interne remplace alors le point de vue omniscient) : c'est le monologue narrativisé.
- Entre les deux on pourrait placer ce qu'elle appelle le monologue rapporté qui est en fait l'intégration du monologue à la première personne comme chez Joyce.
Cela me semble plus clair que la référence au "discours indirect libre" qui m'a toujours rendu perplexe.
Y a-t-il un spécialiste dans la salle qui pourrait me dire si je me trompe ou ce qu'il en pense ?
Elle remplace la terminologie "discours indirect libre" par "monologue narrativisé" c'est-à-dire monologue intérieur intégré à la narration (avec les personnes et les temps du récit) permettant de faire entendre la pensée (et la voix) intime du personnage (avec les marques de l'oralité comme le ? et le !). Cette terminologie me semble plus claire que celle adoptée par les grammaires traditionnelles. Je viens de faire un tour rapide des manuels que j'ai et aucune allusion à un "monologue narrativisé". Juste parfois des références au discours narrativisé qui embrouillent un peu les concepts puisque les grammaires entendent par là un discours intérieur résumé par le narrateur...
Il faudrait selon Dorrit Cohn distinguer deux modes d'accès privilégiés à l'intériorité du personnage :
- soit le narrateur omniscient nous décrit les sentiments (le récit psychologique) avec des verbes comme : il pensa que, voulut, décida, pria...
- soit ce narrateur laisse plus ou moins longuement la place à la voix intérieure du personnage tout en l'intégrant au récit (un point de vue interne remplace alors le point de vue omniscient) : c'est le monologue narrativisé.
- Entre les deux on pourrait placer ce qu'elle appelle le monologue rapporté qui est en fait l'intégration du monologue à la première personne comme chez Joyce.
Cela me semble plus clair que la référence au "discours indirect libre" qui m'a toujours rendu perplexe.
Y a-t-il un spécialiste dans la salle qui pourrait me dire si je me trompe ou ce qu'il en pense ?
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- User17706Bon génie
Est-ce que la notion de «discours indirect libre» ne renvoie pas tout aussi bien à des propos effectivement tenus (donc nullement des monologues et encore moins intérieurs), mais rapportés sans guillemets ni perpétuelles clauses du genre «dit-il»? Le latin de César (par exemple) est bourré de ça, non?
- MUTISExpert
C'est pour cela que la notion de discours indirect libre me semble problématique. Elle ne renvoie pas forcément (tout du moins dans les exemples canoniques cités dans les grammaires) à un discours effectivement tenu mais à un discours que le personnage se tiendrait à lui même dans un monologue intérieur. Voici par exemple un texte cité dans le TDL 3ème où l'on demande de repérer le Discours Indirect Libre : "Elle eut peur et la ramassa à la hâte, et, au même instant, elle eut honte de cette peur : quoi ? toujours trembler comme une petite fille ? Elle n'était pas digne d'être une femme. " (Le Bal de Némirovsky).
Autre exemple cité dans Les Couleurs du français comme illustration du DIL : "Mathilde songea à son fiancé : ce qui était écrit dans le courrier reçu la veille était faux. Non, Manech n'était pas mort ! Elle le retrouverait coûte que coûte, traverserait la France."
Le DIL s'applique aux deux : discours indirect retranscrit sans verbe introducteur (cela renvoie alors à un supposé discours tenu dans un dialogue ) et monologue intérieur...
Autre exemple cité dans Les Couleurs du français comme illustration du DIL : "Mathilde songea à son fiancé : ce qui était écrit dans le courrier reçu la veille était faux. Non, Manech n'était pas mort ! Elle le retrouverait coûte que coûte, traverserait la France."
Le DIL s'applique aux deux : discours indirect retranscrit sans verbe introducteur (cela renvoie alors à un supposé discours tenu dans un dialogue ) et monologue intérieur...
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- anthinéaGuide spirituel
Le monologue narrativisé on me l'a enseigné comme du psycho récit.
Et je trouve que ce n'est pas du DIL car on lit aussi les émotions du personnage directement dans sa tête.
C'est plus clair.
Et je trouve que ce n'est pas du DIL car on lit aussi les émotions du personnage directement dans sa tête.
C'est plus clair.
- User17706Bon génie
D'accord MUTIS, je comprends mieux.
- MUTISExpert
Donc dans les deux exemples cités par les grammaires nous aurions du monologue narrativisé et non du DIL...anthinéa a écrit:Le monologue narrativisé on me l'a enseigné comme du psycho récit.
Et je trouve que ce n'est pas du DIL car on lit aussi les émotions du personnage directement dans sa tête.
C'est plus clair.
Il y a là un problème !
Pour Dorrit Cohn le psycho récit désignerait exclusivement la description de la vie intérieure menée par un narrateur omniscient. Le monologue narrativisé ne serait pas du psycho récit car il représenterait plus "directement" la vie intérieure (sans analyse psychologique externe ).
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- NLM76Grand Maître
Pas convaincu.
Je comprends qu'il y a deux catégories à l'intérieur du discours indirect libre :
1. celui qui rapporte des paroles effectivement prononcées.
2. celui qui rapporte des pensées.
Je comprends qu'il y a deux catégories à l'intérieur du discours indirect libre :
1. celui qui rapporte des paroles effectivement prononcées.
2. celui qui rapporte des pensées.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MUTISExpert
Pourquoi parler de discours indirect libre pour un monologue intérieur qui n'est pas un discours adressé ?nlm76 a écrit:Pas convaincu.
Je comprends qu'il y a deux catégories à l'intérieur du discours indirect libre :
1. celui qui rapporte des paroles effectivement prononcées.
2. celui qui rapporte des pensées.
C'est cela qui ne me convainc pas et les exemples des grammaires font facilement l'amalgame entre deux phénomènes qui semblent bien différents...
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- NLM76Grand Maître
Pourquoi un discours devrait-il être adressé ? Un monologue est pour moi une forme de discours.
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- User5899Demi-dieu
Ecoutez, ça me paraît vraiment compliqué pour pas grand-chose. Le point de vue interne ne passe pas nécessairement par le discours indirect libre (qui d'ailleurs, étant un discours rapporté, est bien rapporté par quelqu'un qui n'est bien souvent pas le personnage). Donc je vais conserver mes étiquettes, je pense, tout en lisant la discussion avec attention.MUTIS a écrit:Je suis en train de lire l'ouvrage de Dorrit Cohn fort convaincant : La transparence intérieure (Modes de représentation de la vie psychique dans le roman)...
Elle remplace la terminologie "discours indirect libre" par "monologue narrativisé" c'est-à-dire monologue intérieur intégré à la narration (avec les personnes et les temps du récit) permettant de faire entendre la pensée (et la voix) intime du personnage (avec les marques de l'oralité comme le ? et le !). Cette terminologie me semble plus claire que celle adoptée par les grammaires traditionnelles. Je viens de faire un tour rapide des manuels que j'ai et aucune allusion à un "monologue narrativisé". Juste parfois des références au discours narrativisé qui embrouillent un peu les concepts puisque les grammaires entendent par là un discours intérieur résumé par le narrateur...
Il faudrait selon Dorrit Cohn distinguer deux modes d'accès privilégiés à l'intériorité du personnage :
- soit le narrateur omniscient nous décrit les sentiments (le récit psychologique) avec des verbes comme : il pensa que, voulut, décida, pria...
- soit ce narrateur laisse plus ou moins longuement la place à la voix intérieure du personnage tout en l'intégrant au récit (un point de vue interne remplace alors le point de vue omniscient) : c'est le monologue narrativisé.
- Entre les deux on pourrait placer ce qu'elle appelle le monologue rapporté qui est en fait l'intégration du monologue à la première personne comme chez Joyce.
Cela me semble plus clair que la référence au "discours indirect libre" qui m'a toujours rendu perplexe.
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- User5899Demi-dieu
Mais que le discours soit tenu (c'est-à-dire exprimé à un destinataire différent de l'émetteur) ou demeure intérieur, est-ce si important ? C'est avant tout un discours rapporté ! Yorick fait bien de proposer le rapprochement avec les Commentaires de César, en effet. Bien sûr que ce peut être intérieur ! Emma devant le porte-cigares qu'elle a trouvé sur la route en revenant de chez le vicomte se raconte mille histoires à son propos. Mais ces histoires sont rapportées.MUTIS a écrit:C'est pour cela que la notion de discours indirect libre me semble problématique. Elle ne renvoie pas forcément (tout du moins dans les exemples canoniques cités dans les grammaires) à un discours effectivement tenu mais à un discours que le personnage se tiendrait à lui même dans un monologue intérieur. Voici par exemple un texte cité dans le TDL 3ème où l'on demande de repérer le Discours Indirect Libre : "Elle eut peur et la ramassa à la hâte, et, au même instant, elle eut honte de cette peur : quoi ? toujours trembler comme une petite fille ? Elle n'était pas digne d'être une femme. " (Le Bal de Némirovsky).
Autre exemple cité dans Les Couleurs du français comme illustration du DIL : "Mathilde songea à son fiancé : ce qui était écrit dans le courrier reçu la veille était faux. Non, Manech n'était pas mort ! Elle le retrouverait coûte que coûte, traverserait la France."
Le DIL s'applique aux deux : discours indirect retranscrit sans verbe introducteur (cela renvoie alors à un supposé discours tenu dans un dialogue ) et monologue intérieur...
- MUTISExpert
Il me semble en effet que les grammaires superposent ( ou confondent) deux choses différentes qui mériteraient plus de nuances. Le discours indirect effectif qui transforme du discours direct que ça soit par le biais d'une subordination ou "librement" et le monologue intérieur narrativisé qui renvoie souvent à une situation effective de solitude et d'absence de dialogue. Je suis en train d'étudier une nouvelle du congolais Emmmanuel Dongala et son utilisation du monologue intérieur fort intéressante est tout sauf du discours indirect retranscrit librement...La différence saute aux yeux à la lecture. Mais en recherchant dans les grammaires pas de distinction. C'est à mon avis gênant...
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" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- User17706Bon génie
Est-ce que ce n'est pas demander à la grammaire de faire des distinctions qui ne relèvent pas d'elle?
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