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- JacqGuide spirituel
Ah, je me suis mal exprimé. C'était une colonie de vacances tellement c'était tranquille et peinard, avec des petites classes toutes sympa... C'était vraiment l'exception, des élèves super, marrants, intéressés, petit établissement, petite équipe hyper soudée, en milieu rural... Si je pouvais y retourner, quel bonheur !Hari Seldon a écrit:Merci Jacq pour ton message. Je sais que le pré n'est pas forcément plus vert en lycée général, et j'apprécie aussi certains moments avec mes élèves qui savent faire preuve d'esprit, voire d'humour.
Je sais aussi que mon témoignage n'est que le produit de deux mois de travail dans un seul établissement. Mais, comme je le disais, mon établissement n'est pas le pire que j 'aurais pu espérer, et l'administration s'y révèle compétente bien que parfois débordée (je ne leur jette pas la pierre). Si l'année prochaine, je me retrouve en ZEP ou dans un établissement qui, comme tu l'as connu, est une "colonie de vacances", je ne peux pas me projeter avec entrain.
Mais cela tient tout de même de l'exception.
C'est dans une académie voisine (celle de Cripure je crois d'ailleurs).
- JacqGuide spirituel
C'est tout à fait cela.Dalathée2 a écrit:Je me retrouve dans tout ce que tu écris et je te suis même reconnaissante car tu as réussis à poser des mots sur ce que je ressentais confusément sans parvenir à le formuler aussi clairement.
[...]
Quant aux connaissances que je pensais leur apporter, je me suis rapidement rendue compte que mes cours provoquaient un vrai malaise parmi les élèves. La raison de ce malaise est venue au fur et à mesure des heures et des semaines : mes séances n'étaient absolument pas adaptées à mon public. Je ne saurais dire si le niveau d'exigences a baissé depuis que j'ai quitté le collège ou si mes souvenirs sont déformés. Toujours est-il que je trouve le type de connaissances qu'il convient de faire acquérir aux élèves, non seulement parce que les inspecteurs le recommandent mais également parce que ce sont celles-ci qui sont à la portée des élèves, je trouve ce type de connaissances, donc, incroyablement pauvre.
[...]
Je ne comprends pas cette idée de "construction des savoirs par les élèves" car je n'arrive pas à comprendre que l'on puisse penser que les élèves ont déjà en eux toutes les connaissances nécessaires, et qu'il s'agirait simplement pour les enseignants de faire remonter à la surface ce qu'ils percevaient inconsciemment. Je n'arrive pas non plus à me mettre en tête que la "transmission verticale du savoir" est à bannir. Il faut dire aussi que, si je ne m'imagine pas "au service des élèves", c'est peut-être en partie parce que je trouve la plupart d'entre eux insupportables. Finalement, je me retrouve prise en tenaille, entre des programmes qui fixent précisément les connaissances et les objets d'études et des instructions des inspecteurs qui fixent précisément les méthodes. Et comme toi, je peine à percevoir où réside ma liberté pédagogique.
Quant aux élèves, je ne les déteste pas. Je les crains. Je vais les chercher dans la cour de récréation en me demandant s'ils seront calmes cette fois-ci, je monte les marches qui conduisent à ma salle en me demandant si je saurai gérer leur comportement, je les fais rentrer en me demandant combien de secondes de répit je peux espérer avant la première provocation.
[...]
Le vrai problème est "je les crains". Outre tes craintes, qui sont automatiquement perçues par les élèves, et dont il faut se débarrasser, on arrive aussi au problème principal qui est la discipline et son suivi ensuite, par les prof, la Vie sco et l'administration.
Et pour répondre à ta question, le décalage entre ton vécu au collège et ce que tu vois maintenant, oui, le niveau a baissé, très fortement, et inversement le dégré d'incivilité a augmenté fortement, l'un et l'autre agissant de concert.
Enfin les consignes des inspecteurs, elles sont bonnes pour les inspections, le reste du temps on peut les mettre dans sa poche pour ne les ressortir que lorsqu'ils sont là. Toutes ne sont pas mauvaises, mais beaucoup sont à bannir. Je fais souvent exactement l'inverse de ce qui m'est indiqué par nos inspecteurs.
L'essentiel est d'arriver à se sentir "bien" en classe avec les élèves. Dans vos messages, le plus ennuyeux n'est pas le problème du niveau disciplinaire mais de ce que vous ressentez face aux élèves.
Si vous doutez, ce n'est pas bon.
Si vous avez peur ou de l'appréhension, ce n'est pas bon. C'est de cela dont il faut se débarrasser pour réussir.
Lorsque j'étais stagiaire j'ai eu de gros sentiments d'échecs, pour mes cours, mes contenus, ce que j'attendais des élèves, mais je me suis toujours senti bien là où j'étais et avec eux (malgré des grosses tensions parfois, des engueulades et des prises de bec). Mais dès la première heure j'ai senti que cela passait avec eux (ce qui ne veut pas dire ne jamais être confronté à des problèmes de discipline, en tant que stagiaire, et maintenant aussi, car ils sont de plus en plus inconséquents).
Sur ce, je vous laisser, quatre heures de classe, cela creuse l'estomac....
- JacqGuide spirituel
+1000florestan a écrit: Dalathée2, ce n'est pas toi le problème! Hari Seldon, les débuts sont très difficiles pour presque tous. Vous êtes des personnes remarquables par votre implication, vos interrogations, vos ambitions. [...]
Vous vous posez les questions que tout le monde se pose; elles sont légimitimes, et vous relevez toutes les interrogations que nous avions ou avons encore. L'avantage, lorsque j'étais stagiaire, c'est que nous avions entre 6 et 9h de cours et qu'ensuite nous avions deux jours de formation PAR SEMAINE, pour confronter ces expériences et ces questions entre stagiaires. Même si on critique l'IUFM tel que je l'ai connu, au moins il y avait ce temps dans la semaine pour constater que tous nous rencontrions ces problèmes là avec nos élèves, pour nos cours, nos contenus. Cela rassurait de voir que tout le monde avait le même ressenti (les différences venaient ensuite de nos établissements, de la difficulté de nos classes).
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
+ 1, autant les défaillances des formations que j'ai connues me restent en travers de la gorge, autant la confrontation de mon vécu avec celui d'autres personnes était très "rassurante".Jacq a écrit:+1000florestan a écrit: Dalathée2, ce n'est pas toi le problème! Hari Seldon, les débuts sont très difficiles pour presque tous. Vous êtes des personnes remarquables par votre implication, vos interrogations, vos ambitions. [...]
Vous vous posez les questions que tout le monde se pose; elles sont légimitimes, et vous relevez toutes les interrogations que nous avions ou avons encore. L'avantage, lorsque j'étais stagiaire, c'est que nous avions entre 6 et 9h de cours et qu'ensuite nous avions deux jours de formation PAR SEMAINE, pour confronter ces expériences et ces questions entre stagiaires. Même si on critique l'IUFM tel que je l'ai connu, au moins il y avait ce temps dans la semaine pour constater que tous nous rencontrions ces problèmes là avec nos élèves, pour nos cours, nos contenus. Cela rassurait de voir que tout le monde avait le même ressenti (les différences venaient ensuite de nos établissements, de la difficulté de nos classes).
- zeprofGrand sage
entièrement d'accordJacq a écrit:+1000florestan a écrit: Dalathée2, ce n'est pas toi le problème! Hari Seldon, les débuts sont très difficiles pour presque tous. Vous êtes des personnes remarquables par votre implication, vos interrogations, vos ambitions. [...]
Vous vous posez les questions que tout le monde se pose; elles sont légimitimes, et vous relevez toutes les interrogations que nous avions ou avons encore. L'avantage, lorsque j'étais stagiaire, c'est que nous avions entre 6 et 9h de cours et qu'ensuite nous avions deux jours de formation PAR SEMAINE, pour confronter ces expériences et ces questions entre stagiaires. Même si on critique l'IUFM tel que je l'ai connu, au moins il y avait ce temps dans la semaine pour constater que tous nous rencontrions ces problèmes là avec nos élèves, pour nos cours, nos contenus. Cela rassurait de voir que tout le monde avait le même ressenti (les différences venaient ensuite de nos établissements, de la difficulté de nos classes).
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"La peur est le chemin vers le côté obscur: la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
- florestanGrand sage
J'ai détesté mon année de stage, et j'avais six heures de cours. Je n'ose même pas imaginer ce que vivent les stagiaires actuels. Vous êtes des warriors les jeunes! Si vous survivez à ça, ça ne pourra qu'aller mieux.
- CathEnchanteur
Oui, voilà. Je n'ai jamais eu peur de mes élèves (20 ans de LP, bon, pas les pires qui font les gros titres non plus), j'ai toujours adoré la relation avec eux... Les premières nuits, je n'en dormais pas tant j'étais excitée et impatiente d' y retourner (ben oui )Jacq a écrit:Dalathée2 a écrit:Je les crains.
[...]
Le vrai problème est "je les crains".
Mais la baisse du niveau m'avait déjà abasourdie quand j'ai commencé à enseigner en collège il y a un peu plus de 20 ans...
Tu la constateras régulièrement.
- ScratNiveau 4
Je comprends vos craintes et interrogations.
Je suis aussi stagiaire, à 15h, dans un établissement ni facile, ni difficile (rural très défavorisé). Je voulais faire ce métier depuis ma 6è, je me sentais faite pour cela et mes 4 ans comme assistante pédago n'ont fait que me conforter dans cette idée. Mes stages durant le master s'étaient tous magnifiquement bien passés, j'ai trimé pour obtenir mon CAPES et quand enfin je l'ai eu, je me voyais projetée au paradis.
Déjà atterrir dans un tout nouveau bahut après avoir pris ses repères pendant quatre ans, ça m'a mis une claque. Ne connaître personne, se paumer dans les couloirs, apprendre que je me baladerais entre six salles, que les familles sont dans la misère sociale donc que je pouvais oublier les bouquins que je voulais étudier pour me contenter des rares séries du CDI, sans parler de la nécessité de "rendre des comptes", être visitée, évaluée, etc etc...Un démarrage bien compliqué. De plus, j'ai des soucis de prise en main d'une de mes trois classes qui fait que, pour la première fois, je remets réellement en question mes capacités d'enseignante, et c'est douloureux. Je pense qu'en tant que nouveaux dans le métier, on vit tout à 200%, en tout cas moi c'est ça. La moindre petite contrariété me fera culpabiliser, déprimer, ne pas dormir, et me poser ces questions que vous avez déjà évoquées. Mais en contrepartie, je connais des moments de grâce, des petits riens qui, au contraire, me font me dire que je suis là où je devais être et que, comme dans tout métier que l'on commence, on en chie et c'est normal. Des élèves qui s'insurgent parce que je ne serai plus dans l'établissement l'an prochain, d'autres qui comprennent enfin avec moi ce qu'ils n'avaient pas compris avec d'autres, d'autres encore qui dessinent de petits smileys souriants sur leur emploi du temps aux heures de français, ce sont de petites choses toutes bêtes mais, comme les claques, je les prends à 100% à coeur et cela me remonte le moral et me fait me dire, comme il l'a été mentionné avant, que quelques uns valent vraiment la peine qu'on se batte pour eux.
Pour peu qu'on ait un tuteur de qualité (enfin, moi j'en ai deux, mais très bien toutes les deux), je pense qu'il est aussi primordial de se fier à ce qu'il nous dit. Ils voient ce que nous ne voyons pas toujours, en positif comme en négatif et si tu n'es réellement pas fait pour le métier, ça s'en ressentira. Je pense qu'il est aussi primordial d'extérioriser ce qu'on a sur le coeur. C'est sûr qu'en salle des profs, je n'en dis pas grand chose, n'étant pas encore assez à l'aise comme je l'étais dans mon ancien bahut, mais les moments de formation sont aussi là pour ça: échanger avec les autres stagiaires et voir, le plus souvent, que un: on partage tous les mêmes impressions et deux: finalement, on est un stagiaire absolument normal, avec notre lot de désillusions mais aussi de raisons pour s'accrocher jour après jour.
Je suis aussi stagiaire, à 15h, dans un établissement ni facile, ni difficile (rural très défavorisé). Je voulais faire ce métier depuis ma 6è, je me sentais faite pour cela et mes 4 ans comme assistante pédago n'ont fait que me conforter dans cette idée. Mes stages durant le master s'étaient tous magnifiquement bien passés, j'ai trimé pour obtenir mon CAPES et quand enfin je l'ai eu, je me voyais projetée au paradis.
Déjà atterrir dans un tout nouveau bahut après avoir pris ses repères pendant quatre ans, ça m'a mis une claque. Ne connaître personne, se paumer dans les couloirs, apprendre que je me baladerais entre six salles, que les familles sont dans la misère sociale donc que je pouvais oublier les bouquins que je voulais étudier pour me contenter des rares séries du CDI, sans parler de la nécessité de "rendre des comptes", être visitée, évaluée, etc etc...Un démarrage bien compliqué. De plus, j'ai des soucis de prise en main d'une de mes trois classes qui fait que, pour la première fois, je remets réellement en question mes capacités d'enseignante, et c'est douloureux. Je pense qu'en tant que nouveaux dans le métier, on vit tout à 200%, en tout cas moi c'est ça. La moindre petite contrariété me fera culpabiliser, déprimer, ne pas dormir, et me poser ces questions que vous avez déjà évoquées. Mais en contrepartie, je connais des moments de grâce, des petits riens qui, au contraire, me font me dire que je suis là où je devais être et que, comme dans tout métier que l'on commence, on en chie et c'est normal. Des élèves qui s'insurgent parce que je ne serai plus dans l'établissement l'an prochain, d'autres qui comprennent enfin avec moi ce qu'ils n'avaient pas compris avec d'autres, d'autres encore qui dessinent de petits smileys souriants sur leur emploi du temps aux heures de français, ce sont de petites choses toutes bêtes mais, comme les claques, je les prends à 100% à coeur et cela me remonte le moral et me fait me dire, comme il l'a été mentionné avant, que quelques uns valent vraiment la peine qu'on se batte pour eux.
Pour peu qu'on ait un tuteur de qualité (enfin, moi j'en ai deux, mais très bien toutes les deux), je pense qu'il est aussi primordial de se fier à ce qu'il nous dit. Ils voient ce que nous ne voyons pas toujours, en positif comme en négatif et si tu n'es réellement pas fait pour le métier, ça s'en ressentira. Je pense qu'il est aussi primordial d'extérioriser ce qu'on a sur le coeur. C'est sûr qu'en salle des profs, je n'en dis pas grand chose, n'étant pas encore assez à l'aise comme je l'étais dans mon ancien bahut, mais les moments de formation sont aussi là pour ça: échanger avec les autres stagiaires et voir, le plus souvent, que un: on partage tous les mêmes impressions et deux: finalement, on est un stagiaire absolument normal, avec notre lot de désillusions mais aussi de raisons pour s'accrocher jour après jour.
- PoshspiceNiveau 5
Bienvenue sur le forum Hari Seldon
Comme Florestan, je trouve que l'année de stage est horrible.
Je pense que ton avis est "déformé" à cause de cette année de stage justement.
J'ai fait parti de ces stagiaires à temps plein + Formations débiles à l'IUFM. C'est une année trop riche, trop difficile et il faut que tout se décante. Tout se décantera mais plus tard...
C'est normal de ressentir les choses que tu ressens quand on la tête dans le guidon. Il y a des choses que tu ne feras plus du tout une fois titularisé, des choses que tu feras mieux, tu vas gagner en confort, voir apparaître les choses positives qui pour l'instant sont impossibles à palper, tu seras plus "reposé", plus serein
Le plus dur, c'est cette année, pense à ta titularisation. Et si tu ressens toujours ce que tu nous décris dans 1 an, une fois titulaire alors tu pourras penser à une porte de sortie mais pas maintenant.
Courage, c'est une année qui passe vite, c'est son seul avantage ^^
Comme Florestan, je trouve que l'année de stage est horrible.
Je pense que ton avis est "déformé" à cause de cette année de stage justement.
J'ai fait parti de ces stagiaires à temps plein + Formations débiles à l'IUFM. C'est une année trop riche, trop difficile et il faut que tout se décante. Tout se décantera mais plus tard...
C'est normal de ressentir les choses que tu ressens quand on la tête dans le guidon. Il y a des choses que tu ne feras plus du tout une fois titularisé, des choses que tu feras mieux, tu vas gagner en confort, voir apparaître les choses positives qui pour l'instant sont impossibles à palper, tu seras plus "reposé", plus serein
Le plus dur, c'est cette année, pense à ta titularisation. Et si tu ressens toujours ce que tu nous décris dans 1 an, une fois titulaire alors tu pourras penser à une porte de sortie mais pas maintenant.
Courage, c'est une année qui passe vite, c'est son seul avantage ^^
- AlExpert spécialisé
Je suis néo-titulaire et confrontée à la même chose que vous (Hari Seldon et Galathée) mais je ne le vis absolument pas pareil.
Je crois que la pire erreur quand on entre dans ce métier est de se prendre pour un "Messie". Il vaudrait en effet mieux rapidement faire le deuil du fantasme du "sauveur", c'est le meilleur moyen de ne pas faire de vieux os dans l'EN.
Mais ne pas se prendre pour le Messie, juste espérer être un prof correct, ça peut aussi avoir des bons côtés. Ca enlève de la pression, et de la déception, ça remet les choses à leur place.
Je suis agrégée de lettres et j'enseigne à un niveau faible, mes élèves ont le vocabulaire de la cité, + 2-3 mots de langage courant. Ils écrivent très mal (voire pas du tout) le français. Ils sont majoritairement issus de l'immigration. J'ai été dans des lycées implantés en ZEP mais non classés ZEP, avec une forte dégradation de mon établissement de stage à mon établissement de néo-tit.
Et j'ose le dire : je ne sens pas de différence entre mes cours d'agreg et ce que je fais avec eux. Même cette année, dans les cours où ils sont au rendez-vous, ben je prends mon pied. Déjà parce que j'ai appris le "jargon" spécial agreg pour avoir ce concours, mais au fond ça ne m'a jamais intéressée (je fais aussi un peu de recherche mais je m'exprime bien plus simplement que mes confrères...). Et donc j'étais plutôt contente de pouvoir revenir à un niveau de français courant et correct, sans chercher à chaque mot à être "sublimissime". Ensuite, sur les idées en elles-mêmes, et ce fameux cours dialogué où les élèves construisent eux-mêmes leur savoir. Je crois que c'est ça qui me sauve : dans mon cours, ce sont les élèves qui bossent. Je crois que c'est une déviance de ce principe qui cause des catastrophes (on ne transmet plus aucun savoir), mais au fond j'aime bien me casser la tête à leur faire dire ce que je veux sur les textes. Ca m'apporte de grandes satisfactions, et plus leur niveau est faible, plus je suis fière (de moi, d'eux, ce n'est pas clair, c'est mélangé). Je vais vous donner un exemple très clair dans ma matière, pour qu'on sache exactement de quoi on parle (et c'est arrivé en 2d dans le lycée de cette année, où les 2d n'ont pas eu de place pour un bac pro...) :
Le Misanthrope, Molière, mise en scène de Braunschweig au TNS : https://www.youtube.com/watch?v=eKHG7icMB5k.
Je demande aux élèves ce qui se passe au niveau du décor. Ils arrivent à repérer le miroir. Je leur demande la conséquence de ce dispositif. "On se voit dedans".
- Qui ?
- Les spectateurs. Les gens qui viennent voir le spectacle.
- D'accord. Et si vous pensez au 17e s, qui allait au théâtre ?
- Ben les riches (ça ils savent !!!).
On arrive aux aristocrates, et aux courtisans. Alceste et Philinte sont de ce milieu. L'idée du miroir fait donc aussi référence à ce que l'on se reflète dans... le théâtre ? la pièce ? Ah. Molière parle des courtisans dans sa pièce. Les courtisans du 17e voyaient la pièce...et donc se voyaient eux-mêmes. Pas facile de se voir soi-même ridiculisés, en proie à la satire...
Ces idées sont formulées par les élèves, pas forcément en "bon français", dans ce cas là je demande reformulation. Mais ils y arrivent.
L'idée du miroir est donc peut-être intéressante pour la mise en scène. Un rappel que la comédie nous invite à nous "mirer" dans ce qui est joué... ? je peux ensuite poursuivre la réflexion, et ils m'écoutent car ils l'ont déjà amorcée (comme le début de réflexion vient d'eux, ils vont + avoir envie d'écouter le prof qui poursuit).
Voilà. Toute seule, à l'agreg, j'aurais sans doute aussi parlé de ça. Bien sûr je le trouverais en 5 minutes, et eux vont mettre 1h, mais ils sont 34, ont 15 ans !!!
Constater que je dois me battre pour les faire travailler et leur enseigner est effectivement difficile, au sens où ça me coute beaucoup d'énergie. Pour garder la pêche, surtout. Mais. Justement, si les parents s'en foutent, si eux ont lâché l'affaire, si la Direction est paumée...que pourrais-je bien faire de plus utile que ce que je fais ??? qui reste-t-il à part moi ?!
Réponse : personne. Je suis donc absolument vitale. :succes:
J'ai pas le fantasme du Sauveur moi, mais du Super-Héros ! :lol: blague à part, je pense que cette manière de voir les choses est responsable à 80% de mon sentiment de satisfaction et même d'épanouissement. J'ignore si ça peut vous aider, mais ça me semblait aussi important à dire. Je n'ai jamais pensé avoir le feu sacré, je suis nourrie au quotidien, c'est différent. Et j'ai connu plusieurs collègues en fin de carrière qui ont toujours le même enthousiasme, donc oui c'est (rare) mais possible !
Je crois que la pire erreur quand on entre dans ce métier est de se prendre pour un "Messie". Il vaudrait en effet mieux rapidement faire le deuil du fantasme du "sauveur", c'est le meilleur moyen de ne pas faire de vieux os dans l'EN.
Mais ne pas se prendre pour le Messie, juste espérer être un prof correct, ça peut aussi avoir des bons côtés. Ca enlève de la pression, et de la déception, ça remet les choses à leur place.
Je suis agrégée de lettres et j'enseigne à un niveau faible, mes élèves ont le vocabulaire de la cité, + 2-3 mots de langage courant. Ils écrivent très mal (voire pas du tout) le français. Ils sont majoritairement issus de l'immigration. J'ai été dans des lycées implantés en ZEP mais non classés ZEP, avec une forte dégradation de mon établissement de stage à mon établissement de néo-tit.
Et j'ose le dire : je ne sens pas de différence entre mes cours d'agreg et ce que je fais avec eux. Même cette année, dans les cours où ils sont au rendez-vous, ben je prends mon pied. Déjà parce que j'ai appris le "jargon" spécial agreg pour avoir ce concours, mais au fond ça ne m'a jamais intéressée (je fais aussi un peu de recherche mais je m'exprime bien plus simplement que mes confrères...). Et donc j'étais plutôt contente de pouvoir revenir à un niveau de français courant et correct, sans chercher à chaque mot à être "sublimissime". Ensuite, sur les idées en elles-mêmes, et ce fameux cours dialogué où les élèves construisent eux-mêmes leur savoir. Je crois que c'est ça qui me sauve : dans mon cours, ce sont les élèves qui bossent. Je crois que c'est une déviance de ce principe qui cause des catastrophes (on ne transmet plus aucun savoir), mais au fond j'aime bien me casser la tête à leur faire dire ce que je veux sur les textes. Ca m'apporte de grandes satisfactions, et plus leur niveau est faible, plus je suis fière (de moi, d'eux, ce n'est pas clair, c'est mélangé). Je vais vous donner un exemple très clair dans ma matière, pour qu'on sache exactement de quoi on parle (et c'est arrivé en 2d dans le lycée de cette année, où les 2d n'ont pas eu de place pour un bac pro...) :
Le Misanthrope, Molière, mise en scène de Braunschweig au TNS : https://www.youtube.com/watch?v=eKHG7icMB5k.
Je demande aux élèves ce qui se passe au niveau du décor. Ils arrivent à repérer le miroir. Je leur demande la conséquence de ce dispositif. "On se voit dedans".
- Qui ?
- Les spectateurs. Les gens qui viennent voir le spectacle.
- D'accord. Et si vous pensez au 17e s, qui allait au théâtre ?
- Ben les riches (ça ils savent !!!).
On arrive aux aristocrates, et aux courtisans. Alceste et Philinte sont de ce milieu. L'idée du miroir fait donc aussi référence à ce que l'on se reflète dans... le théâtre ? la pièce ? Ah. Molière parle des courtisans dans sa pièce. Les courtisans du 17e voyaient la pièce...et donc se voyaient eux-mêmes. Pas facile de se voir soi-même ridiculisés, en proie à la satire...
Ces idées sont formulées par les élèves, pas forcément en "bon français", dans ce cas là je demande reformulation. Mais ils y arrivent.
L'idée du miroir est donc peut-être intéressante pour la mise en scène. Un rappel que la comédie nous invite à nous "mirer" dans ce qui est joué... ? je peux ensuite poursuivre la réflexion, et ils m'écoutent car ils l'ont déjà amorcée (comme le début de réflexion vient d'eux, ils vont + avoir envie d'écouter le prof qui poursuit).
Voilà. Toute seule, à l'agreg, j'aurais sans doute aussi parlé de ça. Bien sûr je le trouverais en 5 minutes, et eux vont mettre 1h, mais ils sont 34, ont 15 ans !!!
Constater que je dois me battre pour les faire travailler et leur enseigner est effectivement difficile, au sens où ça me coute beaucoup d'énergie. Pour garder la pêche, surtout. Mais. Justement, si les parents s'en foutent, si eux ont lâché l'affaire, si la Direction est paumée...que pourrais-je bien faire de plus utile que ce que je fais ??? qui reste-t-il à part moi ?!
Réponse : personne. Je suis donc absolument vitale. :succes:
J'ai pas le fantasme du Sauveur moi, mais du Super-Héros ! :lol: blague à part, je pense que cette manière de voir les choses est responsable à 80% de mon sentiment de satisfaction et même d'épanouissement. J'ignore si ça peut vous aider, mais ça me semblait aussi important à dire. Je n'ai jamais pensé avoir le feu sacré, je suis nourrie au quotidien, c'est différent. Et j'ai connu plusieurs collègues en fin de carrière qui ont toujours le même enthousiasme, donc oui c'est (rare) mais possible !
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- AlExpert spécialisé
ps : je rajoute que j'aime mes élèves. Je n'irai pas jusqu'à me sacrifier pour eux s'ils sont trop infects, mais je n'ai pas peur d'eux, je refuse qu'ils instaurent le régime de la terreur. Je pense que ça fait aussi une différence. Je les aime "humainement", ils me touchent, parfois c'est triste (quand ils sont rétifs à tout savoir, quand j'apprends des choses terribles sur leur vie, milieu familial, etc.), parfois c'est beau (quand ils oublient de s'opposer et adhèrent...).
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Aurélien RIEUNiveau 1
Hari,
Bienvenue sur le forum et dans la grande famille EducNat.
Je suis PLP Maths/sciences (matière générale en lycée pro comme toi...)
J'enseigne en région parisienne, (peut-être comme toi l'année prochaine...) depuis 8 ans.
Mon lycée est classé "ZEP et zone de violence"....
Par rapport aux éventuelles évolutions de carrière, je connais un enseignant PLP LH qui a eu le parcours PLP=>CAPES=>AGREG. Donc tu peux très bien avoir ce challenge personnel et intellectuel.
Par rapport aux mutations, la vision est personnelle et surtout propre à ton couple. C'est une décision commune de vie qui vous appartient en fonction de vos objectifs court, moyen et long terme...
Alors oui tu as raison quand tu dis qu'il faut rendre facile le difficile avec le profil de nos élèves. Mais n'est-ce pas le propre d'un bon prof....(J'ai toujours pensé que c'était plus dur d'enseigner à lire et à écrire que d'être prof à la FAC).
Le secret réside dans ce que tu fais déjà apparemment: l'équilibre! Tu peux très bien évoluer dans "des sphères plus intellectuelles" en dehors de tes classes....
Par rapport aux directives nationale via nos chers inspecteurs:
Oui l'élève doit être au centre de ton enseignement. Oui effectivement on privilégie le savoir faire aux connaissances. Pour toi concrètement il s'agît d'animer une séance autour d'un thème. De le faire vivre (si possible) à partir de tes élèves ou du moins avec eux.
Mais....effectivement le niveau baisse, ce qu'ils apprennent réellement et retiennent finalement n'est qu'éphémère....
Le plus important maintenant:
Ce métier est avant tout enrichissant humainement! Il ne faut pas oublier que "notre matière première" est humaine! Donc oui les élèves dans leur grande majorité dénigrent ton travail par leur attitude inadaptée, mais pour les autres tu as toujours ton utilité (de guide, de modèle...)
Concrètement en lycée pro:
=> soit cool dans un cadre strict
=> simplifie le complexe et rend concret l'abstrait
=> focalise toi sur le positif et trouve un équilibre de vie pour le négatif
Au plaisir de te lire...
PS: Bonne chance pour la titularisation!
Bienvenue sur le forum et dans la grande famille EducNat.
Je suis PLP Maths/sciences (matière générale en lycée pro comme toi...)
J'enseigne en région parisienne, (peut-être comme toi l'année prochaine...) depuis 8 ans.
Mon lycée est classé "ZEP et zone de violence"....
Par rapport aux éventuelles évolutions de carrière, je connais un enseignant PLP LH qui a eu le parcours PLP=>CAPES=>AGREG. Donc tu peux très bien avoir ce challenge personnel et intellectuel.
Par rapport aux mutations, la vision est personnelle et surtout propre à ton couple. C'est une décision commune de vie qui vous appartient en fonction de vos objectifs court, moyen et long terme...
Alors oui tu as raison quand tu dis qu'il faut rendre facile le difficile avec le profil de nos élèves. Mais n'est-ce pas le propre d'un bon prof....(J'ai toujours pensé que c'était plus dur d'enseigner à lire et à écrire que d'être prof à la FAC).
Le secret réside dans ce que tu fais déjà apparemment: l'équilibre! Tu peux très bien évoluer dans "des sphères plus intellectuelles" en dehors de tes classes....
Par rapport aux directives nationale via nos chers inspecteurs:
Oui l'élève doit être au centre de ton enseignement. Oui effectivement on privilégie le savoir faire aux connaissances. Pour toi concrètement il s'agît d'animer une séance autour d'un thème. De le faire vivre (si possible) à partir de tes élèves ou du moins avec eux.
Mais....effectivement le niveau baisse, ce qu'ils apprennent réellement et retiennent finalement n'est qu'éphémère....
Le plus important maintenant:
Ce métier est avant tout enrichissant humainement! Il ne faut pas oublier que "notre matière première" est humaine! Donc oui les élèves dans leur grande majorité dénigrent ton travail par leur attitude inadaptée, mais pour les autres tu as toujours ton utilité (de guide, de modèle...)
Concrètement en lycée pro:
=> soit cool dans un cadre strict
=> simplifie le complexe et rend concret l'abstrait
=> focalise toi sur le positif et trouve un équilibre de vie pour le négatif
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PS: Bonne chance pour la titularisation!
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Etre prof, oui! Mais pas au SMIC ! ====>>>> Signez la pétition
- Hari SeldonNiveau 1
Bonjour,
La première semaine de la rentrée a été difficile. J'entends et je lis tous les messages et ils nourrissent ma réflexion. Je doute toujours, je me demande si je vais tenir l'année. Je pense à des portes de sortie, des postes en CDD pour finir l'année et préparer le CAPES correctement.
Merci pour vos réactions, vos soutiens, vos messages.
La première semaine de la rentrée a été difficile. J'entends et je lis tous les messages et ils nourrissent ma réflexion. Je doute toujours, je me demande si je vais tenir l'année. Je pense à des portes de sortie, des postes en CDD pour finir l'année et préparer le CAPES correctement.
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- JacqGuide spirituel
Concernant le rapport avec les élèves, tu sais, enseigner au collège ce n'est pas obligatoirement plus facile qu'au LP. En plus les élèves sont encore plus hétérogènes et donc l'écart entre les programmes officiels et les capacités des élèves peut être encore plus grand qu'en LP. Par contre, c'est certain que tu là enseignerais seulement l'HG et pas le français en même temps, avec des contenus disciplinaires qui pourraient mieux te satisfaire.
Bon courage Hari !
Bon courage Hari !
- User19866Expert
J'allais écrire la même chose que Jacq. Effectivement, le collège a loin d'un havre de paix. N'ayant jamais enseigné en LP, je peux pas effectuer de comparaison précise.
Mais les élèves ont effectivement des niveaux hétérogènes. Ils sont encore trop jeunes pour être conscients du fait que c'est leur avenir qui se joue à 12-13 ans. Les familles ne sont pas forcément investies (comme partout, finalement). Sans compter que le contenu disciplinaire s'adresse à un public encore plus jeune, pour lequel il faut encore plus simplifier (probablement). Pour reprendre l'exemple l'Aletheia, lorsque j'étudie une pièce de théâtre avec eux, il me faut d'abord passer plusieurs heures à m'assurer qu'ils ont bien compris le sens littéral de l'oeuvre. Dans de nombreux cas, je me contente de leur faire découvrir tel ou tel texte, tel ou tel genre. L'analyse littéraire est minimale.
Je ne sais pas ce que cela peut donner en HG, mais je ne pense pas que le collège soit si différent du LP, si ce n'est que le public est plus hétérogène, avec les bons et les mauvais côtés que cela induit.
Mais les élèves ont effectivement des niveaux hétérogènes. Ils sont encore trop jeunes pour être conscients du fait que c'est leur avenir qui se joue à 12-13 ans. Les familles ne sont pas forcément investies (comme partout, finalement). Sans compter que le contenu disciplinaire s'adresse à un public encore plus jeune, pour lequel il faut encore plus simplifier (probablement). Pour reprendre l'exemple l'Aletheia, lorsque j'étudie une pièce de théâtre avec eux, il me faut d'abord passer plusieurs heures à m'assurer qu'ils ont bien compris le sens littéral de l'oeuvre. Dans de nombreux cas, je me contente de leur faire découvrir tel ou tel texte, tel ou tel genre. L'analyse littéraire est minimale.
Je ne sais pas ce que cela peut donner en HG, mais je ne pense pas que le collège soit si différent du LP, si ce n'est que le public est plus hétérogène, avec les bons et les mauvais côtés que cela induit.
- AlExpert spécialisé
Oui, c'est aussi une question d'âge, enseigner à des rétifs de 12 ans c'est sans doute différent qu'à des rétifs de 16... je sais que par rapport à mon âge et à mon apparence le collège aurait sans doute des côtés plus faciles, mais m'intéresse moins. L'essentiel c'est d'avoir d'autres possibilités, dans l'enseignement pour commencer : n'oublie pas la possibilité de passer dans le privé, ça serait peut-être plus humain pour tes mutations et le niveau des élèves... ça veut dire repasser un capes (privé) ou agreg. Et il y a les histoires de contrat doctoral à la fac sinon... tout dépend de ce que l'on cherche. Peut-être repasser contractuel pour engranger de l'expérience, dans différents établissements, le temps de savoir ce que tu veux ? ce qui est sûr c'est qu'il ne faut pas que cela devienne un enfer.
ps Dalathée2: bien sûr que le sens littéral pose toujours problème au lycée, mais paraphraser, expliquer un texte, ce n'est pas un gros mot . Il y en a souvent 1 ou 2 dans la classe qui comprennent et peuvent expliquer aux autres. Pour une fable que personne n'avait comprise j'avais commencé par expliquer moi-même la "situation initiale" et avec des questions simples, ils sont arrivés à raconter la suite. Et un m'a demandé si ça ne posait pas problème de critiquer la royauté pour des fables destinées au Dauphin... et c'était parti . Je crois que le propre de nos élèves c'est d'être capables du pire comme du meilleur... sans arrêt... sans gradation...sans prévenir !
ps Dalathée2: bien sûr que le sens littéral pose toujours problème au lycée, mais paraphraser, expliquer un texte, ce n'est pas un gros mot . Il y en a souvent 1 ou 2 dans la classe qui comprennent et peuvent expliquer aux autres. Pour une fable que personne n'avait comprise j'avais commencé par expliquer moi-même la "situation initiale" et avec des questions simples, ils sont arrivés à raconter la suite. Et un m'a demandé si ça ne posait pas problème de critiquer la royauté pour des fables destinées au Dauphin... et c'était parti . Je crois que le propre de nos élèves c'est d'être capables du pire comme du meilleur... sans arrêt... sans gradation...sans prévenir !
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- AlExpert spécialisé
La plupart de mes ami(e)s qui ont souhaité un établissement "calme" l'ont obtenu en 1ère affectation (avec les points du PACS ou en acceptant de s'éloigner un peu). On pouvait refuser les APV l'année de néo tit (je l'ai fait). Les personnes mutées à Créteil que je connais s'en sortent bien. Mes amis TZR et moi-même sommes épargnés. Par contre je connais des stagiaires qui en bavent... alors je ne sais pas si ça sera pire après ! J'ai plutôt l'impression qu'Hari et toi réfléchissez trop par avance, selon ta matière / l'académie / toutes les données imprévisibles, personne ne peut dire que tu auras forcément un établissement horrible en début de carrière ! Les conditions d'exercice ne sont pas roses c'est CLAIR, mais le pire n'est pas gravé dans la roche comme vous semblez le croire. N'avez-vous jamais quelques petits bonheurs à enseigner ?Dalathée2 a écrit:Et, si je suis titularisée d'ici deux ans, comment pourrais-je "tenir" dans l'établissement difficile qui ne manquera pas de m'échoir en début de carrière, alors même que je suis actuellement en difficulté ?
(Mais ai-je seulement envie de poursuivre dans cette voie ?)
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Carrie7Niveau 9
+1 avec Aletheia, ne SURTOUT pas se prendre pour le Messie... un prof n'a RIEN d'un sauveur, sur l'ensemble d'une carrière certains vont "sauver" un ou deux gamins j'imagine, mais ça n'a rien d'une généralité.
Et ne pas oublier que ce sont des ados... je pense que pour tenir, aimer le contact avec les ados est primordial. Avec leur côté influençable, leur indolence, leur esprit rebelle, mais aussi avec leur fraîcheur, et tout le potentiel qu'ils peuvent révéler.
Enfin je dis ça, mon expérience n'est pas bien longue (3ème année d'enseignement), mais il me semble tout de même que ce sont deux idées importantes à avoir.
Pour le reste, l'année de stage est une épreuve en soi, la gestion de classe est super dure au début, ce qui empêche (en tous cas m'a bien empêché) de savourer les bons côtés de l'enseignement. Alors accrochez-vous ! Bon courage, dites-vous que 90% des jeunes profs sont passés par vos difficultés et doutes, et les autres sont probablement des menteurs.
Et ne pas oublier que ce sont des ados... je pense que pour tenir, aimer le contact avec les ados est primordial. Avec leur côté influençable, leur indolence, leur esprit rebelle, mais aussi avec leur fraîcheur, et tout le potentiel qu'ils peuvent révéler.
Enfin je dis ça, mon expérience n'est pas bien longue (3ème année d'enseignement), mais il me semble tout de même que ce sont deux idées importantes à avoir.
Pour le reste, l'année de stage est une épreuve en soi, la gestion de classe est super dure au début, ce qui empêche (en tous cas m'a bien empêché) de savourer les bons côtés de l'enseignement. Alors accrochez-vous ! Bon courage, dites-vous que 90% des jeunes profs sont passés par vos difficultés et doutes, et les autres sont probablement des menteurs.
- Hari SeldonNiveau 1
Je crois avoir été mal compris par certains membres : je ne me pense pas comme un Messie, mais j'estime que le rôle du professeur est celui d'un guide (intellectuel).
Comme je l'ai dit, j'apprécie certains cours que je donne, justement parce que ce sont des ados et qu'ils ont des manières de voir les choses que je n'ai plus forcément. Ils savent aussi faire preuve d'une vivacité d'esprit qui m'enjoue réellement parfois.
En revanche, j'avoue ne pas comprendre comment je pourrais faire ce métier sans passion, avec comme unique motivation le salaire qui tombera à la fin du mois. Encore une fois, peut-être que j'idéalise ce métier, et je pense sincèrement que c'est un métier à part car l'on joue un rôle déterminant dans la formation de nos jeunes élèves. La désillusion est donc d'autant plus cruelle.
Mon objectif pour le moment : tenir jusqu'à fin décembre. On verra bien, à ce moment là, la suite à donner aux évènements.
Encore une fois (je me répète mais ce n'est pas grave, et c'est même important : merci à tous pour vos messages, que ce soit les stagiaires qui vivent la même situation que moi ou les professeurs qui interviennent pour essayer de clarifier, d'expliquer, de dédramatiser la situation.
Comme je l'ai dit, j'apprécie certains cours que je donne, justement parce que ce sont des ados et qu'ils ont des manières de voir les choses que je n'ai plus forcément. Ils savent aussi faire preuve d'une vivacité d'esprit qui m'enjoue réellement parfois.
En revanche, j'avoue ne pas comprendre comment je pourrais faire ce métier sans passion, avec comme unique motivation le salaire qui tombera à la fin du mois. Encore une fois, peut-être que j'idéalise ce métier, et je pense sincèrement que c'est un métier à part car l'on joue un rôle déterminant dans la formation de nos jeunes élèves. La désillusion est donc d'autant plus cruelle.
Mon objectif pour le moment : tenir jusqu'à fin décembre. On verra bien, à ce moment là, la suite à donner aux évènements.
Encore une fois (je me répète mais ce n'est pas grave, et c'est même important : merci à tous pour vos messages, que ce soit les stagiaires qui vivent la même situation que moi ou les professeurs qui interviennent pour essayer de clarifier, d'expliquer, de dédramatiser la situation.
- JacqGuide spirituel
Je comprends. Sans "passion", ce métier risque d'être très pénible. Si la seule motivation est le salaire il vaut sans doute mieux faire autre chose...
Comme tu le dis, commencer par tenir jusqu'aux vacances, puis si tu veux poursuivre voir l'année et ta titularisation, et voir ensuite ce que tu vas faire.
Tu peux être titularisé et partir ensuite, l'EN ne "poursuit" pas financièrement ceux qui ont eu la formation et qui quittent ensuite le métier (contrairement à d'autres dans la fonction publique).
Comme tu le dis, commencer par tenir jusqu'aux vacances, puis si tu veux poursuivre voir l'année et ta titularisation, et voir ensuite ce que tu vas faire.
Tu peux être titularisé et partir ensuite, l'EN ne "poursuit" pas financièrement ceux qui ont eu la formation et qui quittent ensuite le métier (contrairement à d'autres dans la fonction publique).
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