Elève avec qui "ça ne passe pas"...

J'ai de grandes interrogations cette année vis à vis d'une élève.
Pour présenter le profil, elle cumule les "soucis familiaux" (doux euphémisme) et les "désordres scolaires". Bref, une môme en pleine crise, pour qui, dixit le principal et l'AS du collège, il faudrait un bon éloignement de la famille et de la ville pour qu'elle ait une chance de s'en sortir. Maman et hystérique et vit des trottoirs, papa souvent en prison... bref, Zola dans toute son horreur.
Cette gamine va super mal au collège aussi (étonnant, non?). Suivie par une éduc, par l'AS du collège qui veille au grain, elle a déjà été exclue, a passé 7 semaines en atelier relai, et mis à part dans la courte période de grâce qui a suivi son retour... il y a un "conflit" indénouable entre nous.
J'ai déjà pas mal évoqué le sujet avec les collègues, sa PP, sa tutrice, la CPE, l'éducatrice de l'atelier relais (qui suivait aussi une gamine que je tutorais), et honnêtement, je ne sais plus quoi faire. Elle refuse de sortir ses affaires, passe ses heures de français affalée sur sa table à se remaquiller, se coiffer, "bricoler", hurle des assanités à voix hautes aux autres élèves (dans le meilleur des cas), les agressent verbalement... et m'ignore ou refuse de m'obéir, le sourire jusqu'aux deux oreilles quand je lui demande quelque chose.
Explication avancée par la gamine?
"Je ne l'aime pas".
J'avoue que quand on parle comme un chien et qu'on se fout de moi, je ne deviens pas franchement sympathique.
Les séances de jeudi et vendredi la semaine dernière ont été un festival, entre l'emm... de ses camarades et les provocations directes envers moi (quand j'ai osé vouloir lui confisquer son ciseau et lui ai tendu la main pourqu'elle me les donne, elle a fait mine de vouloir me couper les ongles, de me le planter de la main... en toute honnêteté, j'ai cru un court instant qu'elle allait le faire. Et je passe l'épisode où je l'ai exclue parce qu'elle avait pasé les bornes le lendemain, déposant sur mon bureau le sujet du devoir où elle avait écrit "je m'en fout de votre controle de merde"...)
Bref, j'exige des excuses avant de la reprendre en cours. (ou en garderie, devrais-je dire)
Mais pas celles qu'elle ne sert une fois sur deux, qui puent l'hypocrisie à 15 km, et j'ai OSE, oui, asseyez-vous bien, insulte SUPREME, demander à ce qu'elles soient écrites.
Je tente de me rassurer en me disant qu'elle en fait baver à d'autres aussi (les surveillants pour ne pas les citer) et ne fiche pas grand-chose non dans les autres cours. Mais en français, c'est pire que tout.
Je précise aussi qu'elle un dossier qui a déjà valu un conseil de disc à plus d'un, mais, "vous comprenez, cette pauvre petite..."... discours qui fini par évoluer, le principal, entendant mes doléances et sincères interrogations à son sujet, a prononcé le mot aujourd'hui. Mais de là à ce qu la machine se mette en branle...

Bref.
Avez-vous déjà dans cette situation, dans "le nez" d'un gami odieux?... et.... vous avez fait quoi?
Honnêtement, j'ai l'impression d'avoir tout essayé.
Mais je n'ai pas l'impression de lui rendre service en lui accordant tout et n'importe quoi, en plus d'un profond ras-le-bol de la voir pourir les autres sans jamais en ramer une.

Ah oui d'accord...C'est vraiment un cas. Elle n'est toujours pas passé en conseil de discipline? Faire mine de te planter un couteau dans la main et tout le reste... Il ne vire jamais d'élève dans ton établissement?

Viou a écrit:Ah oui d'accord...C'est vraiment un cas. Elle n'est toujours pas passé en conseil de discipline? Faire mine de te planter un couteau dans la main et tout le reste... Il ne vire jamais d'élève dans ton établissement?

On doit en être à une quinzaine de puis le début de l'année.
Hormis tous les bons sentiments que déclenche cette "pauvre petite" à l'administration, parait que ça fait tâche.
(honnêtement, j'étais PP d'un emmerdeur ponctuel, certes parfois violent avec ses camarades, mais capable de se taire plus d'une fois par mois, et j'aurais largement préféré le garder...)

Alors je ne sais pas si ce que je vais te dire va te rassurer.Il y a quelques années , je suis tombée sur un cas comme ça (situation familiale difficile mais pas plus que bien d'autres ) et gamine qui faisait ce qu'elle voulait dans le collège..On a multiplié les commissions , les suivis avec psy , éduc et certains collègues avec le discours " avec elle , il faut faire autrement " Seulement moi , je ne me vois pas faire une régle pour 24 et pas de régles pour une , pour ses camarades mais aussi pour elle d'ailleurs ..Un jour , elle a eu cette phrase , alors qu'elle se levait et que j'osais lui demander de s'assoir : "mais vous n'avez pas encore compris moi ici je fais ce que je veux " ..et elle n'avait pas tort ...bref , ça a continué un moment et puis un jour je l'ai exclue de cours ...Le soir même , ma voiture était rayée ...Des élèves l'ont dénoncée ( sous la pression des parents je pense et puis aussi parce qu'elle leur faisait peur ) ..Conseil de discipline , exclusion définitive et plainte (appuyée par le principal tout de même ) ..Ils attendaient qu'elle fasse LA grosse connerie ..seulement , j'étais devenue la seule qui continuait à lui imposer des régles ...La compassion c'est bien , seulement ce n'est pas toujours rendre service aux gamins ...
courage ( et j'espère qu'il n'arrivera rien à ta voiture bien sûr !)

J'ai déjà eu un cas "semblable", mais pas en tous points, j'avoue... Un gamin qui était particulièrement machiavélique et odieux AVEC MOI. Trèèèèèès intelligent, très manipulateur, il savait me mettre hors de moi en moins de 2 secondes, au point que j'ai failli plusieurs fois le frapper ( alors que je suis la patience même selon mes collègues, et que je ne "sors jms un mot plus que l'autre" aux dires de mon CDE). Ca ne s'est jms résolu. Certes plus ça allait, plus il était provocateur et insupportable ds les autres cours. N'empêche, le ponpon, c'était tjs avec moi, et de loin !
La seule chose que je peux dire, avec le recul c'est POURQUOI ça m'est tombé dessus à moi. Et ça me permettra -peut-être - de ne pas refaire la même erreur avec le prochain cas de détestation mutuelle.
En fait, il me rappelait qq'un de ma famille que j'exècre au + haut point, il rassemblait tous les défauts qui m'insupportent le +, et pour être sûre de ne pas me laisser manipuler, je lui ai mis d'emblée une PRESSION terrible, qu'il n'a eu de cesse de déjouer... Ou plus exactement, ce fut son jeu pendant un an : s'extraire de cette pression sans doute intenable pour lui, et au passage m'emmerder au plus haut point.

Je ne peux pas t'en dire bcp +, et à bien y réfléchir, je ne suis pas sûre que nos deux cas soient si similaires, ds la mesure où tu dis lui avoir déjà "passé" bcp de choses.

Tout ça me renvoie à ma découverte de Néoprofs : ce fut mon 1er post, dès que j'ai découvert le forum, j'ai cherché auprès de vous une solution et / ou un soutien, car j'étais vraiment désespérée !

Angua, j'ai eu ça une fois.

Un gamin qui me détestait. Pour des raisons particulièrement odieuses, au passage, et contre lesquelles je ne pouvais rien.

Il a fini par être interdit de cours de français, il allait en permanence et je lui donnais un travail à faire par heure. Si le travail n'était pas fait il était collé, et il faisait les contrôles en permanence également. D'ailleurs, il a eu 0 de moyenne en français malgré tout.

Sa mère était atteinte d'un cancer et son père était parti.

J'ai le même au masculin. On l'a récupéré suite à son exclusion d'un autre collège. Suite à tout ce qu'il a fait, j'ai réclamé un conseil de discipline. Le principal refuse car "ça ne ferait que déplacer le problème " s'il était exclu. Il a donc intégré la classe relais (à temps partiel car il est trop extrême même pour la classe relais): mais ça se passait mal.
Depuis 15 jours, il est interné en pédopsychiatrie. Je crois que pour ce genre d'élèves, un suivi psychologique (voire psychiatrique) est nécessaire. Il existe des instituts pour ce genre d'élèves mais malheureusement, le nombre de places est limité et la liste d'attente est longue.

Nestya a écrit:J'ai le même au masculin. On l'a récupéré suite à son exclusion d'un autre collège. Suite à tout ce qu'il a fait, j'ai réclamé un conseil de discipline. Le principal refuse car "ça ne ferait que déplacer le problème " s'il était exclu. Il a donc intégré la classe relais (à temps partiel car il est trop extrême même pour la classe relais): mais ça se passait mal.
Depuis 15 jours, il est interné en pédopsychiatrie. Je crois que pour ce genre d'élèves, un suivi psychologique (voire psychiatrique) est nécessaire. Il existe des instituts pour ce genre d'élèves mais malheureusement, le nombre de places est limité et la liste d'attente est longue.

A qui le dis-tu...
On en a quelques exemplaires dans le genre au collège...

J'ai déjà eu des élèves difficiles qui l'étaient plus encore avec moi : je me souviens notamment d'un 3e suicidaire qui était plus âgé, s'emmerdait en cours... Je n'ai pas su gérer, j'ai été trop dure avec lui, cela me renvoyait à mon propre passé et curieusement, ça ne m'a pas rendue compatissante, bien au contraire ! Aujourd'hui encore, j'en ai honte. Et ça m'est arrivé d'autres fois, avec des élèves en foyer ; parfois c'est vraiment tordu : c'est justement parce qu'ils nous "aiment bien" qu'ils nous font des coups pendables et parce qu'on les "aime bien" aussi qu'on réagit mal. Et même quand on s'en défend, on n'est pas toujours à l'abri. Mieux vaudrait arriver vraiment à les voir comme des élèves qui doivent apprendre, non comme des enfants (des personnes, quoi) qui ont tous les malheurs du monde.
Dans ces cas-là, on n'est justement pas la personne la mieux placée pour "arbitrer", étant à la fois juge et partie : c'est pourquoi il serait capital que l'administration soit solide derrière et nous soutienne, au moins au niveau des règles de comportement et de respect que l'élève doit suivre. Ils ont le droit de ne pas nous aimer, nous ne sommes pas maîtres de leurs projections et divers vécus sentimentaux (encore heureux !), mais ils doivent nous respecter en tant qu'adultes (à défaut d'être capables de le faire en tant que professeurs).

Ces élèves sont en situation de détresse tant familiale que sociale et scolaire, leur place n'est manifestement pas dans une structure classique.
Avez-vous envisagé le placement en classe relai, ça pourrait être un bon temps de répis pour vous.
On en a déjà eu plusieurs comme cela dans mon établissement, nous on ne peut pas faire grand chose mais des structures adaptées le peuvent peut-être mieux !
Il faut obliger l'administration à réagir sinon ils laissent pourrir la situation ! Un collègue disait que "tant qu'il n'y avait pas du sang aux murs, ils nous laisaient nous débrouiller".

Cette gamine est déjà passée par la classe relai... en fait, je crois que toutes les solutions connues ont été essayées!
Il est vraiment certain qu'elle ne relève plus d'une structure classique, les problématiques familiales diverses et variées dans lesquelles elle est sont bien au-delà de nos compétences.
Je crois que c'est ça le plus frustrant.

En tous cas, son cas "avance", elle s'est fait virée de tous ses cours hier après-midi et pas seulement du mien, son cas a été abordée pour la Nième fois en groupe de suivi des élèves. Une grose réunion avec "toutes" ses éducatrices (je me demande vraiment combien elles sont...)est prévue vendredi, et un conseil de disc va suivre.
La classe sera soulagée. Mais cette fois encore, ce n'est qu'un déplacement du problème...

John a écrit:
Il a fini par être interdit de cours de français, il allait en permanence et je lui donnais un travail à faire par heure. Si le travail n'était pas fait il était collé, et il faisait les contrôles en permanence également. D'ailleurs, il a eu 0 de moyenne en français malgré tout.

Pour l'élève qui m'a insultée, j'avais fait de nbreux rapports avant, demandant qu'il soit exclu de mon cours, mon principal m'a dit que "ça, on ne pouvait pas le faire"
Tu as un meilleur chef d'établissement, John !

De toute façon, il était exclu de cours à chaque cours de français.

Cette mesure m'évitait surtout de remplir à chaque fois une fiche d'exclusion.

la solution de john me semble la meilleure: lui donner du travail de français, qu'elle fasse au dehors, à la vie sco par ex...

enfin encore faut-il que la direction suive .....

J'allais le dire en lisant les posts Roxanne quand j'ai vu le tien !

J'en ai eu un comme ça vraiment mais odieux, avec tous les collègues ! D'ailleurs la principale connaissant le ramassis qu'elle avait mis dans la classe n'y avait mis que des collègues hommes !!! J'étais la seule femme car il n'y avait pas de collègue masculin en anglais : je ne vous raconte pas le plaisir ....................Il insultait tout le monde, aussi bien les profs que le personnel de service, les surveillants.........Plusieurs rapports et demandes de conseil de discipline, niet niet niet !
Un jour l'élève parfaitement intenable refuse de sortir quand je l'envoie en étude, je fais chercher la principale qui bien entendu ne vient pas s'y frotter mais envoie un surveillant, on a mis 20 minutes à le faire sortir et encore en l'attrappant par la capuche. Et la boss de me demander de justifier mon exclusion de cours !! et ènième refus de conseil de discipline.
J'ai été remplacée par une vacataire en fin d'année, pas de TZR et pas de remplacement pendant une dizaine de jours avant son arrivée : je l'ai informée du cas et lui ai conseillé de ne pas se laisser faire : impeccable : au bout de 5 minutes de cours l'élève la pousse à bout, elle laisse la classe et descend en trombe dans le bureau de la principale en lui disant : c'est lui ou moi !
Elève immédiatement sorti de cours définitivement avant tenue du conseil de discipline qui l'a exclus définitivement et placé en centre spécialisé.
C'est pas mal finalement le statut de vacataire :lol: Nous on a pleuré toute l'année et elle en 5 minutes............

Pour le moment, c'est ce que je fais: du boulot, et en perm! Mais je n'ai pas encore revu la couleur de quoi que ce soit. J'ignore si la direction est informée, mais la CPE est ok.