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- Hari SeldonNiveau 1
Bonjour à tous,
J'ai découvert ce forum en même temps que mon nouveau poste de stagiaire en lycée professionnel, après avoir réussi à décrocher le CAPLP. Aujourd'hui j'y viens poster un message car je me trouve devant plusieurs interrogations concernant ce métier. A vrai dire, je doute. Depuis les premiers jours, je doute et je me demande si le choix que j'ai fait est le bon, si je pourrais tenir des années en étant professeur. Je commencerais par des éléments positifs : je réside dans une ville que j'apprécie, les collègues sont charmants, souvent de bon conseil, l'administration de mon lycée est active et compréhensive, mon tuteur est remarquable car très réactif et concerné.
Mais voilà, plusieurs choses me gênent, et profondément car j'ai ce métier en haute estime. Idéaliste, naïf ou bien idiot, je pense que l'école doit être un temple du savoir. Que le savoir est la clé de l'émancipation, de la libération de l'individu. Que le professeur doit être un guide, un transmetteur, un modèle intellectuel pour ses élèves.
Je n'attends pas spécialement de conseils ; j'aurais souhaité, à travers ce message, que les membres de ce forum m'indiquent si les idées que j'ai en tête, construites en deux mois, relèvent d'une certaine vérité ou d'un fantasme. Aussi je prie d'excuser ma plume maladroite, hésitante parfois et que certains pourront trouver naïve. Et je remercie par avance ceux qui auront le courage de me lire et la bonté de me répondre.
Premièrement, je m'interroge sur les possibilités personnelles et professionnelles liées à ce métier.
Ma compagne est elle-même fonctionnaire et les villes de mon académie ne lui sont pas accessibles. Elle est en région parisienne, je compte la rejoindre l'année prochaine. Mais nous n'avons guère envie - ni visiblement les moyens financiers - de nous y installer.
Or, si je comprends bien ce que me disent mes collègues et ce que je vois sur ce forum, mon académie est relativement verrouillée. Certains collègues ont attendu 6 ans, d'autres 10 ans et un seulement 13 ans pour obtenir un poste fixe dans le département qu'ils souhaitaient. J'avoue ne pas bien comprendre comment fonctionnent les mutations, et s'il faut être gentil avec untel inspecteur ou untel syndicat pour espérer un poste dans un endroit souhaité.
Après des années d'étude, j'ai l'impression qu'il va falloir attendre encore une décennie pour pouvoir m'installer avec ma compagne et mener une vie à deux. Dans les moments de déprime, j'ai l'impression de donner une partie de ma vie à une administration et des élèves qui n'en ont pas grand-chose à faire, et sans doute ont-ils raison puisque je n'aurais pas le choix sitôt que je serais titularisé.
Intellectuellement, ce métier m'ennuie. Cela est normal, me dis-je, après deux ans à passer les concours (agrégation puis CAPLP en priorité, CAPES et CAPLP pour les sessions de juin 2013). Ces années ont été très stimulantes sur un plan intellectuel et j'ai l'impression de régresser. Les premiers cours que je préparais étaient bien trop longs, et ils le sont encore. Je suis passionné par ma discipline, mais la simplification à l'extrême me semble nuisible. Pire, elle rend ma discipline sans intérêt. Les moments où je me sens stimulé intellectuellement sont plus rares, et ils sont exclusivement en dehors du lycée.
Le doute qui m'habite est aussi d'ordre éthique. J'ai déjà évoqué ma conception de l'école. Par la formation, on nous abreuve de belles formules : l'élève doit construire son apprentissage, les compétences sont sur-valorisées alors que la connaissance devient taboue. Le savoir est un gros mot, le savoir-faire un idéal. On célèbre la liberté pédagogique de l'enseignant, laquelle n'existe pas selon moi.
En écoutant certains collègues, il ressort que de plus en plus l'enseignant devient un exécutant. Je ne saurais encore donner un avis personnel sur la question, car le stagiaire que je suis n'a pas de recul sur la situation.
Je ne me reconnais pas dans cette école. On célèbre des résultats toujours meilleurs, mais les professeurs que vous êtes, que je suis, que je côtoie dans mon lycée ou sur les forums savent bien que les notes ne veulent rien dire, que le niveau baisse sans arrêt, que la dégringolade n'est pas prête de s'arrêter.
Enfin il y a les élèves. C'est étonnant comme certains donnent envie de se battre pour eux. Comme un petit mot à la fin d'un cours peut donner le sourire. Mais d'autres élèves, la majorité dans mon cas, savent se montrer insolents, vulgaires, irrespectueux, dégainant le statut de victime dès qu'ils le peuvent, s'opposant fermement à toute tentative de les faire réfléchir.
Bref, l'impression qu'en plus des discours de l'ESPE, les élèves aussi se mettent contre la volonté de les faire progresser. Un sentiment d'inutilité m'envahit parfois. Oui, le professeur est inutile pour la majorité des élèves car ceux-ci s'en moquent, les parents s'en moquent et la formidable machine médiatique du divertissement les convainc que l'apparence est cool, que le moindre mot inusité est un prétexte à la moquerie.
Je ne suis pas sûr d'avoir tout dit, mais je pense que ma pensée est à peu près contenue dans ces lignes. Je prie encore une fois d'excuser ce fouillis de mots et remercie, encore une fois, les bonnes âmes qui voudront bien me dire si je perds complètement la tête ou bien s'il y a des éléments malheureusement proches de la vérité dans mon discours.
J'ai découvert ce forum en même temps que mon nouveau poste de stagiaire en lycée professionnel, après avoir réussi à décrocher le CAPLP. Aujourd'hui j'y viens poster un message car je me trouve devant plusieurs interrogations concernant ce métier. A vrai dire, je doute. Depuis les premiers jours, je doute et je me demande si le choix que j'ai fait est le bon, si je pourrais tenir des années en étant professeur. Je commencerais par des éléments positifs : je réside dans une ville que j'apprécie, les collègues sont charmants, souvent de bon conseil, l'administration de mon lycée est active et compréhensive, mon tuteur est remarquable car très réactif et concerné.
Mais voilà, plusieurs choses me gênent, et profondément car j'ai ce métier en haute estime. Idéaliste, naïf ou bien idiot, je pense que l'école doit être un temple du savoir. Que le savoir est la clé de l'émancipation, de la libération de l'individu. Que le professeur doit être un guide, un transmetteur, un modèle intellectuel pour ses élèves.
Je n'attends pas spécialement de conseils ; j'aurais souhaité, à travers ce message, que les membres de ce forum m'indiquent si les idées que j'ai en tête, construites en deux mois, relèvent d'une certaine vérité ou d'un fantasme. Aussi je prie d'excuser ma plume maladroite, hésitante parfois et que certains pourront trouver naïve. Et je remercie par avance ceux qui auront le courage de me lire et la bonté de me répondre.
Premièrement, je m'interroge sur les possibilités personnelles et professionnelles liées à ce métier.
Ma compagne est elle-même fonctionnaire et les villes de mon académie ne lui sont pas accessibles. Elle est en région parisienne, je compte la rejoindre l'année prochaine. Mais nous n'avons guère envie - ni visiblement les moyens financiers - de nous y installer.
Or, si je comprends bien ce que me disent mes collègues et ce que je vois sur ce forum, mon académie est relativement verrouillée. Certains collègues ont attendu 6 ans, d'autres 10 ans et un seulement 13 ans pour obtenir un poste fixe dans le département qu'ils souhaitaient. J'avoue ne pas bien comprendre comment fonctionnent les mutations, et s'il faut être gentil avec untel inspecteur ou untel syndicat pour espérer un poste dans un endroit souhaité.
Après des années d'étude, j'ai l'impression qu'il va falloir attendre encore une décennie pour pouvoir m'installer avec ma compagne et mener une vie à deux. Dans les moments de déprime, j'ai l'impression de donner une partie de ma vie à une administration et des élèves qui n'en ont pas grand-chose à faire, et sans doute ont-ils raison puisque je n'aurais pas le choix sitôt que je serais titularisé.
Intellectuellement, ce métier m'ennuie. Cela est normal, me dis-je, après deux ans à passer les concours (agrégation puis CAPLP en priorité, CAPES et CAPLP pour les sessions de juin 2013). Ces années ont été très stimulantes sur un plan intellectuel et j'ai l'impression de régresser. Les premiers cours que je préparais étaient bien trop longs, et ils le sont encore. Je suis passionné par ma discipline, mais la simplification à l'extrême me semble nuisible. Pire, elle rend ma discipline sans intérêt. Les moments où je me sens stimulé intellectuellement sont plus rares, et ils sont exclusivement en dehors du lycée.
Le doute qui m'habite est aussi d'ordre éthique. J'ai déjà évoqué ma conception de l'école. Par la formation, on nous abreuve de belles formules : l'élève doit construire son apprentissage, les compétences sont sur-valorisées alors que la connaissance devient taboue. Le savoir est un gros mot, le savoir-faire un idéal. On célèbre la liberté pédagogique de l'enseignant, laquelle n'existe pas selon moi.
En écoutant certains collègues, il ressort que de plus en plus l'enseignant devient un exécutant. Je ne saurais encore donner un avis personnel sur la question, car le stagiaire que je suis n'a pas de recul sur la situation.
Je ne me reconnais pas dans cette école. On célèbre des résultats toujours meilleurs, mais les professeurs que vous êtes, que je suis, que je côtoie dans mon lycée ou sur les forums savent bien que les notes ne veulent rien dire, que le niveau baisse sans arrêt, que la dégringolade n'est pas prête de s'arrêter.
Enfin il y a les élèves. C'est étonnant comme certains donnent envie de se battre pour eux. Comme un petit mot à la fin d'un cours peut donner le sourire. Mais d'autres élèves, la majorité dans mon cas, savent se montrer insolents, vulgaires, irrespectueux, dégainant le statut de victime dès qu'ils le peuvent, s'opposant fermement à toute tentative de les faire réfléchir.
Bref, l'impression qu'en plus des discours de l'ESPE, les élèves aussi se mettent contre la volonté de les faire progresser. Un sentiment d'inutilité m'envahit parfois. Oui, le professeur est inutile pour la majorité des élèves car ceux-ci s'en moquent, les parents s'en moquent et la formidable machine médiatique du divertissement les convainc que l'apparence est cool, que le moindre mot inusité est un prétexte à la moquerie.
Je ne suis pas sûr d'avoir tout dit, mais je pense que ma pensée est à peu près contenue dans ces lignes. Je prie encore une fois d'excuser ce fouillis de mots et remercie, encore une fois, les bonnes âmes qui voudront bien me dire si je perds complètement la tête ou bien s'il y a des éléments malheureusement proches de la vérité dans mon discours.
- hobbitNiveau 7
Je comprends ton ressenti, tu es loin d'être le seul et en ce qui me concerne ce sera sans doute ma seule année d'enseignement.
Parmi les raisons qui me font douter sur l'envie de faire ce métier se retrouvent celles que tu décris. La mobilité dans ce métier avec la difficulté (voire l'impossibilité) de retrouver sa région (obtenir son académie n'est pas facile, obtenir son département encore moins, ne parlons même pas de sa ville !). Devoir vivre loin de ses proches, dans l'incertitude de pouvoir se rapprocher, et pire, être en région parisienne et le cout de la vie chère pour un prof en début de carrière qui donnent l'impression de devoir sacrifier une partie de sa vie.
Et le temps libre qui fond, je ne lis plus car le soir, impossible, il y a du boulot, week-end aussi et quand bien même je ne suis pas en train de plancher sur un cours ou autre je suis en train de penser à mes élèves, ce que je vais faire ou dire dans la prochaine séance. Pendant les vacances à plusieurs moments de la journée je réfléchissais si j'allais avoir le temps pour traiter tout ce qu'il y a à faire à la rentrée (je suis en retard par rapport à mon tuteur et il vient me voir toutes les semaines, ça me met une pression supplémentaire).
Et bien sûr il y a le reste, l'ESPE-iufm, ce qu'on a vu en master enseignement et formation hebdomadaire en tant que stagiaire où je découvre que finalement le métier d'enseignant aujourd'hui ne ressemble plus à celui qu'il était lorsque j'étais élève il y a 10 ans. Et ça continue d'évoluer dans un sens qui ne me plait pas.
Je n'ai pas envie de continuer dans cette mascarade. Après mon année de stage je risque fortement d'être envoyé en collège et je ne le souhaite pas (mes stages de master m'ont suffi, je ne veux pas toucher au socle, je ne veux pas de ZEP collège). Et donc prépare ma porte de sortie en espérant réussir à la prendre, mais il va quand même me falloir faire cette année de stage en entier.
Je ne sais pas si ça te réconforte de voir que tu n'es pas le seul à ressentir tout ça ou, au contraire, que ce soit inquiétant que ce ne sont pas que des cas isolés (la crise du recrutement est loin d'être finie).
Parmi les raisons qui me font douter sur l'envie de faire ce métier se retrouvent celles que tu décris. La mobilité dans ce métier avec la difficulté (voire l'impossibilité) de retrouver sa région (obtenir son académie n'est pas facile, obtenir son département encore moins, ne parlons même pas de sa ville !). Devoir vivre loin de ses proches, dans l'incertitude de pouvoir se rapprocher, et pire, être en région parisienne et le cout de la vie chère pour un prof en début de carrière qui donnent l'impression de devoir sacrifier une partie de sa vie.
Et le temps libre qui fond, je ne lis plus car le soir, impossible, il y a du boulot, week-end aussi et quand bien même je ne suis pas en train de plancher sur un cours ou autre je suis en train de penser à mes élèves, ce que je vais faire ou dire dans la prochaine séance. Pendant les vacances à plusieurs moments de la journée je réfléchissais si j'allais avoir le temps pour traiter tout ce qu'il y a à faire à la rentrée (je suis en retard par rapport à mon tuteur et il vient me voir toutes les semaines, ça me met une pression supplémentaire).
Et bien sûr il y a le reste, l'ESPE-iufm, ce qu'on a vu en master enseignement et formation hebdomadaire en tant que stagiaire où je découvre que finalement le métier d'enseignant aujourd'hui ne ressemble plus à celui qu'il était lorsque j'étais élève il y a 10 ans. Et ça continue d'évoluer dans un sens qui ne me plait pas.
Je n'ai pas envie de continuer dans cette mascarade. Après mon année de stage je risque fortement d'être envoyé en collège et je ne le souhaite pas (mes stages de master m'ont suffi, je ne veux pas toucher au socle, je ne veux pas de ZEP collège). Et donc prépare ma porte de sortie en espérant réussir à la prendre, mais il va quand même me falloir faire cette année de stage en entier.
Je ne sais pas si ça te réconforte de voir que tu n'es pas le seul à ressentir tout ça ou, au contraire, que ce soit inquiétant que ce ne sont pas que des cas isolés (la crise du recrutement est loin d'être finie).
- OlympiasProphète
Bienvenue sur le forum.
Ne sois pas inquiet, même avec plusieurs années d'enseignement, on peut avoir les mêmes pensées que toi. Bien des choses sont passionnantes dans notre travail, mais tant d'autres sont très irritantes, et de plus en plus.
N'hésite pas à communiquer...
Ne sois pas inquiet, même avec plusieurs années d'enseignement, on peut avoir les mêmes pensées que toi. Bien des choses sont passionnantes dans notre travail, mais tant d'autres sont très irritantes, et de plus en plus.
N'hésite pas à communiquer...
- trompettemarineMonarque
Bienvenue et bon courage,
j'avoue que je ne sais pas trop quoi te dire.
Prends encore bien le temps de la réflexion. Ce que tu écris est une réalité. Mais il existe des établissements plus corrects que d'autres, des classes plus fascinantes que d'autres.
Plus jeune, j'aurais essayé de te retenir coûte que coûte. Aujourd'hui, je ne te déconseillerais pas d'être prof, mais il est vrai qu'il faut savoir que c'est un métier où il n'y a pratiquement pas d'évolution de carrière : il faut se projeter sur 40 ans.
Bon courage à nouveau
j'avoue que je ne sais pas trop quoi te dire.
Prends encore bien le temps de la réflexion. Ce que tu écris est une réalité. Mais il existe des établissements plus corrects que d'autres, des classes plus fascinantes que d'autres.
Plus jeune, j'aurais essayé de te retenir coûte que coûte. Aujourd'hui, je ne te déconseillerais pas d'être prof, mais il est vrai qu'il faut savoir que c'est un métier où il n'y a pratiquement pas d'évolution de carrière : il faut se projeter sur 40 ans.
Bon courage à nouveau
- ZenxyaGrand sage
Que de questions, je me suis posée pratiquement les mêmes et je n'ai toujours pas trouvé les réponses.
Pleins d'ondes positives pour vous deux et courage
Pleins d'ondes positives pour vous deux et courage
_________________
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres - La Boétie
La folie c’est faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent - Albert Einstein
L'École est le lieu où l'on va s'instruire de ce que l'on ignore ou de ce que l'on sait mal pour pouvoir, le moment venu, se passer de maître - Jacques Muglioni
- sansaraModérateur
Hari Seldon, je suis stagiaire également, et je me pose peu ou prou les mêmes questions. Je ne suis pas sûre de vouloir faire ce métier pendant 40 ans. Ou même pendant 5. Malheureusement, je suis liée par un engagement décennal et, à moins de me faire embaucher dans le cabinet d'un ministre (ce qui ne m'attire absolument pas), je devrai rester dans l'enseignement, au moins pour quelques années.
Je ne sais que te dire d'autre, je n'ai pas assez d'expérience pour te rassurer, te dire que ça passera sans doute, et que c'est normal de te poser ces questions.
Mais je te souhaite plein de courage.
Je ne sais que te dire d'autre, je n'ai pas assez d'expérience pour te rassurer, te dire que ça passera sans doute, et que c'est normal de te poser ces questions.
Mais je te souhaite plein de courage.
- MéréthideHabitué du forum
Je me reconnais dans ce message. Lors de ma première année, face à des CAP je suis tombée de haut, de très haut même.
J'ai passé un an à apprendre à me contenter de ce qu'ils pouvaient m'offrir de trouver des petits bonheur quotidien qui fait que je me suis décidée à passer le PLP sans même envisager réussir le CAPES (je ne m'y étais inscrite uniquement car ma mère ne comprenait pas les différents concours profs et ça la rassurait ^^).
Découvrir le monde du LP en plus l'année de stage je veux bien croire que ce soit douloureux et peu agréable.
Si tu as fais le choix du LP c'est que tu devais connaitre un peu le public quand même non ?
Bon courage en tout cas, tu verras les périodes de stages des élèves sont très agréables ^^
J'ai passé un an à apprendre à me contenter de ce qu'ils pouvaient m'offrir de trouver des petits bonheur quotidien qui fait que je me suis décidée à passer le PLP sans même envisager réussir le CAPES (je ne m'y étais inscrite uniquement car ma mère ne comprenait pas les différents concours profs et ça la rassurait ^^).
Découvrir le monde du LP en plus l'année de stage je veux bien croire que ce soit douloureux et peu agréable.
Si tu as fais le choix du LP c'est que tu devais connaitre un peu le public quand même non ?
Bon courage en tout cas, tu verras les périodes de stages des élèves sont très agréables ^^
- JacqGuide spirituel
Hari, tu te poses des questions comme nous tous, surtout durant les premiers mois. L'année de stage c'est souvent celle où nous passons par des hauts et des bas. Je vais essayer de te montrer des aspects positifs, puisque tu évoques très bien les doutes.
Plusieurs remarques donc :
- tu parles de ta compagne qui se trouve en région parisienne. La mutation en IdF est assez facile. Si tu es en Lettres-histoire deux de ses trois académies sont à 21 points depuis longtemps et vont sans doute le rester. Donc ça ce n'est pas négatif. De toute façon, prof ou pas, si tu veux vivre avec elle il te faudra aller en IdF. Là au moins tu as un boulot. Si tu es en début de carrière tu peux investir et acheter un appart qui prendra de la valeur si tu dois revendre lorsque tu pourras repartir ailleurs. Deux fonctionnaires, il y a de quoi "séduire" les banques, emprunter et acheter en IdF, ce n'est pas impossible.
- évolution de carrière et contenu disciplinaire.
-- Contenu disciplinaire : tu es PLP, il est clair qu'au LP on ne s'éclate pas à faire des grandes leçons historiques, mais arriver à faire entrer un minimum de savoir dans les petites têtes de nos élèves peut devenir un jour une source de satisfaction. Moi aussi, au début (et même encore maintenant) je veux toujours trop en faire par rapport à ce qu'ils sont capables de comprendre. Passer du savoir "universitaire" au contenu que nos élèves sont capables de piger c'est l'un de nos défis. Autre point : si tu es prof tu seras payé durant ta vie à poursuivre ta formation historique à titre personnel et professionnel. Parmi mes amis qui ont été en fac d'histoire et travaillent maintenant dans des domaines non historiques 90% a abandonné toute lecture historique. Moi je suis toujours et encore à lire de l'histoire, je suis payé pour cela. C'est un réel plaisir. Mes amis ont tous abandonné (question de temps, de boulot, famille, transports....). Moi j'ai du temps pour encore lire de l'histoire. C'est l'avantage de notre boulot. Et si tu as envie tu pourras trouver le temps de faire de la recherche.
-- évolution de carrière et disciplinaire : une fois dans le métier il faut penser que si le LP ne te donne pas entièrement satisfaction pour le contenu disciplinaire, tu pourras passer le CAPES ou l'AGREG, externe ou interne, ou liste d'aptitude, ce qui t'orientera de nouveau sur une seule discipline avec des cours plus fournis.
- Pour les mutations ne cherche pas auprès de nos inspecteurs, par contre il faut se rapprocher d'un syndicat pour en comprendre le système, qui n'est pas si compliqué que cela à maîtriser. Après il faut mettre en place des tactiques pour rentrer ou non dans l'académie espérée. Il y a en a, et on finit par rentrer ! Si tu bosses dans le privé (je ne parle pas de l'enseignement) tu n'iras peut être pas non plus vivre là où tu veux mais plutôt là où tu trouveras du boulot. La seule chose c'est que nous on doit commencer par aller là où on nous dit... la contrepartie étant un boulot à vie avec sécurité de l'emploi, ce qui n'est pas rien de nos jours.
Je te cite : "Enfin il y a les élèves. C'est étonnant comme certains donnent envie de se battre pour eux". Bats toi pour ces gamins là, ils en valent le coup !
En tout cas il faut pour l'instant garder du courage, passer les coups de blues et de doute, surtout ceux de la première année, et continuer pour l'instant pour voir si tu veux ou non poursuivre... tu verras cela en fin d'année.
Je te souhaite une bonne rentrée !
Plusieurs remarques donc :
- tu parles de ta compagne qui se trouve en région parisienne. La mutation en IdF est assez facile. Si tu es en Lettres-histoire deux de ses trois académies sont à 21 points depuis longtemps et vont sans doute le rester. Donc ça ce n'est pas négatif. De toute façon, prof ou pas, si tu veux vivre avec elle il te faudra aller en IdF. Là au moins tu as un boulot. Si tu es en début de carrière tu peux investir et acheter un appart qui prendra de la valeur si tu dois revendre lorsque tu pourras repartir ailleurs. Deux fonctionnaires, il y a de quoi "séduire" les banques, emprunter et acheter en IdF, ce n'est pas impossible.
- évolution de carrière et contenu disciplinaire.
-- Contenu disciplinaire : tu es PLP, il est clair qu'au LP on ne s'éclate pas à faire des grandes leçons historiques, mais arriver à faire entrer un minimum de savoir dans les petites têtes de nos élèves peut devenir un jour une source de satisfaction. Moi aussi, au début (et même encore maintenant) je veux toujours trop en faire par rapport à ce qu'ils sont capables de comprendre. Passer du savoir "universitaire" au contenu que nos élèves sont capables de piger c'est l'un de nos défis. Autre point : si tu es prof tu seras payé durant ta vie à poursuivre ta formation historique à titre personnel et professionnel. Parmi mes amis qui ont été en fac d'histoire et travaillent maintenant dans des domaines non historiques 90% a abandonné toute lecture historique. Moi je suis toujours et encore à lire de l'histoire, je suis payé pour cela. C'est un réel plaisir. Mes amis ont tous abandonné (question de temps, de boulot, famille, transports....). Moi j'ai du temps pour encore lire de l'histoire. C'est l'avantage de notre boulot. Et si tu as envie tu pourras trouver le temps de faire de la recherche.
-- évolution de carrière et disciplinaire : une fois dans le métier il faut penser que si le LP ne te donne pas entièrement satisfaction pour le contenu disciplinaire, tu pourras passer le CAPES ou l'AGREG, externe ou interne, ou liste d'aptitude, ce qui t'orientera de nouveau sur une seule discipline avec des cours plus fournis.
- Pour les mutations ne cherche pas auprès de nos inspecteurs, par contre il faut se rapprocher d'un syndicat pour en comprendre le système, qui n'est pas si compliqué que cela à maîtriser. Après il faut mettre en place des tactiques pour rentrer ou non dans l'académie espérée. Il y a en a, et on finit par rentrer ! Si tu bosses dans le privé (je ne parle pas de l'enseignement) tu n'iras peut être pas non plus vivre là où tu veux mais plutôt là où tu trouveras du boulot. La seule chose c'est que nous on doit commencer par aller là où on nous dit... la contrepartie étant un boulot à vie avec sécurité de l'emploi, ce qui n'est pas rien de nos jours.
Je te cite : "Enfin il y a les élèves. C'est étonnant comme certains donnent envie de se battre pour eux". Bats toi pour ces gamins là, ils en valent le coup !
En tout cas il faut pour l'instant garder du courage, passer les coups de blues et de doute, surtout ceux de la première année, et continuer pour l'instant pour voir si tu veux ou non poursuivre... tu verras cela en fin d'année.
Je te souhaite une bonne rentrée !
- Hari SeldonNiveau 1
Bonsoir,
Je voulais tout d'abord remercier les membres qui ont pris le temps de me répondre. Cela me confirme au moins (comme j'ai pu le constater dans ma pratique quotidienne) que, dans la profession, il existe une certaine solidarité qui peut se révéler salvatrice.
Je suis aussi soulagé de voir que d'autres stagiaires partagent mes doutes. C'est un paradoxe en fait : en lisant vos messages, j'étais à la fois réjoui de voir que je n'étais pas seul, et à la fois consterné par le fait que nous soyons plusieurs à dresser un constant semblable.
Jacq, merci pour ton message. Je sais que les mutations en Ile-de-France sont faciles à obtenir, et je sais que si je persiste dans cette profession, il faudra très probablement y enseigner.
Pour ma discipline, j'avoue ne plus lire de livres depuis la rentrée. Je me demande à quoi cela sert puisque les leçons doivent être très réduites en terme de contenus, et ma discipline revêt pour moi le caractère pénible de sa pratique en classe.
Pour Méréthide, sansara et hobbit, je suis touché par vos messages. Je me retrouve dans vos témoignages - particulièrement hobbit - et je me sens désolé pour vous. Sans être indiscret, hobbit, de quelle(s) porte(s) de sortie parles-tu ? Pour ma part, je veux encore me laisser du temps, acquérir encore de l'expérience et voir si les choses ne vont pas s'arranger avec le temps. Mais, déjà, Noël me parait très lointain ...
Merci à Olympias et trompettemarine pour vos messages de soutien, ils sont très appréciables dans ces moments. Ce que tu me dis, trompettemarine, pour ce qui est de se projeter sur 40 ans, est inquiétant, voire effrayant.
Encore une fois, merci à tous. Et si certains, parmi les stagiaires en doute comme moi veulent communiquer plus amplement en mp, n'hésitez pas. C'est toujours agréable de sentir du soutien ou, en tout cas, un écho à ses propres problèmes.
Je voulais tout d'abord remercier les membres qui ont pris le temps de me répondre. Cela me confirme au moins (comme j'ai pu le constater dans ma pratique quotidienne) que, dans la profession, il existe une certaine solidarité qui peut se révéler salvatrice.
Je suis aussi soulagé de voir que d'autres stagiaires partagent mes doutes. C'est un paradoxe en fait : en lisant vos messages, j'étais à la fois réjoui de voir que je n'étais pas seul, et à la fois consterné par le fait que nous soyons plusieurs à dresser un constant semblable.
Jacq, merci pour ton message. Je sais que les mutations en Ile-de-France sont faciles à obtenir, et je sais que si je persiste dans cette profession, il faudra très probablement y enseigner.
Pour ma discipline, j'avoue ne plus lire de livres depuis la rentrée. Je me demande à quoi cela sert puisque les leçons doivent être très réduites en terme de contenus, et ma discipline revêt pour moi le caractère pénible de sa pratique en classe.
Pour Méréthide, sansara et hobbit, je suis touché par vos messages. Je me retrouve dans vos témoignages - particulièrement hobbit - et je me sens désolé pour vous. Sans être indiscret, hobbit, de quelle(s) porte(s) de sortie parles-tu ? Pour ma part, je veux encore me laisser du temps, acquérir encore de l'expérience et voir si les choses ne vont pas s'arranger avec le temps. Mais, déjà, Noël me parait très lointain ...
Merci à Olympias et trompettemarine pour vos messages de soutien, ils sont très appréciables dans ces moments. Ce que tu me dis, trompettemarine, pour ce qui est de se projeter sur 40 ans, est inquiétant, voire effrayant.
Encore une fois, merci à tous. Et si certains, parmi les stagiaires en doute comme moi veulent communiquer plus amplement en mp, n'hésitez pas. C'est toujours agréable de sentir du soutien ou, en tout cas, un écho à ses propres problèmes.
- User5899Demi-dieu
Quand on travaille volontairement en lycée professionnel, il me semble que quelque part, on a le feu sacré et on croit que les élèves dont on dit souvent le plus de mal méritent qu'on s'y intéresse. C'est un choix. J'en serais incapable, car comme vous le dites, simplifier à outrance dans les disciplines générales me semble ôter tout intérêt à la discipline. Et puis, c'est très difficile d'enseigner des matières générales à des gens qui y rencontrent de grosses difficultés.
Perso, en lycée, je ne tiens plus compte des instructions, et depuis longtemps, privilège de l'âge. Je fonctionne toujours en concepteur, jamais en exécutant (je serais capable d'agir contre mes convictions simplement parce qu'on m'aurait ordonné de les suivre ), je me considère comme très libre et la partie disciplinaire m'intéresse encore (même si je dois reconnaître que les élèves ne m'intéressent plus du tout). Peut-être pourriez-vous réfléchir à votre volonté de continuer à exercer un métier politique, au sens où chercher à instruire en histoire des élèves que tout détourne des disciplines générales est l’expression d'un bel enthousiasme et d'une foi en l'humain qui dépasse le triste utilitarisme qu'on cherche à nous vendre partout.
Perso, en lycée, je ne tiens plus compte des instructions, et depuis longtemps, privilège de l'âge. Je fonctionne toujours en concepteur, jamais en exécutant (je serais capable d'agir contre mes convictions simplement parce qu'on m'aurait ordonné de les suivre ), je me considère comme très libre et la partie disciplinaire m'intéresse encore (même si je dois reconnaître que les élèves ne m'intéressent plus du tout). Peut-être pourriez-vous réfléchir à votre volonté de continuer à exercer un métier politique, au sens où chercher à instruire en histoire des élèves que tout détourne des disciplines générales est l’expression d'un bel enthousiasme et d'une foi en l'humain qui dépasse le triste utilitarisme qu'on cherche à nous vendre partout.
- B-BeckerNiveau 7
Bien entendu, à court terme, tu dois assurer ta titularisation. Néanmoins je te conseille d'explorer les différentes reconversions possibles, ne serait-ce que par acquis de conscience. J'en ai bavé pendant quatre ans avant de réussir un nouveau concours de la fonction publique... Tu n'as rien à perdre à te renseigner.
- hobbitNiveau 7
Je me suis inscrit à un autre concours de la fonction publique, l'épreuve d'admission sera en juin donc entre temps il faut que je fasse mon année de stage en entier. Si je rate ce concours, il me reste la corde (je pense m'inscrire à un second concours quand même, mais c'est l'autre qui m'intéresse le plus).Hari Seldon a écrit:Sans être indiscret, hobbit, de quelle(s) porte(s) de sortie parles-tu ?
Deuxième jour depuis la rentrée et Noël est encore loin. J'ai une classe dont je ne vois pas comment il vont finir l'année (à part quelques-uns ils n'auront que des avis défavorables de ma part pour le passage en première, on dirait qu'ils ont réuni dans la même classe plusieurs phénomènes, le contraste est saisissant avec mon autre seconde).
- JacqGuide spirituel
C'est difficile, mais c'est aussi intéressant lorsque l'on arrive à qq chose, même si ce qq chose est parfois bien petit.Cripure a écrit:Quand on travaille volontairement en lycée professionnel, il me semble que quelque part, on a le feu sacré et on croit que les élèves dont on dit souvent le plus de mal méritent qu'on s'y intéresse. C'est un choix. J'en serais incapable, car comme vous le dites, simplifier à outrance dans les disciplines générales me semble ôter tout intérêt à la discipline. Et puis, c'est très difficile d'enseigner des matières générales à des gens qui y rencontrent de grosses difficultés.
Perso, en lycée, je ne tiens plus compte des instructions, et depuis longtemps, privilège de l'âge. Je fonctionne toujours en concepteur, jamais en exécutant (je serais capable d'agir contre mes convictions simplement parce qu'on m'aurait ordonné de les suivre ), je me considère comme très libre et la partie disciplinaire m'intéresse encore (même si je dois reconnaître que les élèves ne m'intéressent plus du tout). Peut-être pourriez-vous réfléchir à votre volonté de continuer à exercer un métier politique, au sens où chercher à instruire en histoire des élèves que tout détourne des disciplines générales est l’expression d'un bel enthousiasme et d'une foi en l'humain qui dépasse le triste utilitarisme qu'on cherche à nous vendre partout.
Et "c'est pas faux" pour le reste.
- Hari SeldonNiveau 1
Bonjour,
Effectivement j'ai passé le CAPLP par conviction, par engagement personnel. Je savais que le niveau des élèves ne serait pas très élevé et je savais que certains élèves seraient difficiles. Mais le fossé entre mes a priori - puisque n'ayant jamais travaillé en lycée professionnel - et la réalité est beaucoup plus grand que ce que je pensais. Ce n'est pas tant le niveau qui m'interpelle - il y a, après tout, une certaine joie à faire découvrir à certains ce qu'ils ignoraient - mais le comportement et, pire encore, le refus de toute aide. C'est comme si certains s'opposaient fermement à toute tentative de les faire réfléchir, de les faire s'ouvrir sur le monde. Je refuse encore tout désespoir et tout laisser-aller qui me ferait dire que, pour certains élèves, on ne peut rien faire du tout. Mais j'ai l'impression que si je m'obstine avec une grosse moitié de la classe, l'autre partie qui veut travailler est délaissée.
Comme vous le dites, Cripure, l'éducation est un métier politique. Et vous avez parfaitement raison en disant que je dois me demander si je veux faire un métier qui dépasse le simple cadre de la classe et du lycée mais pose bien les fondements de notre société. Alors, justement, j'aurais voulu demander aux professeurs qui ont passé l'âge de faire attention aux injonctions administratives : vous investissez-vous encore dans votre métier ? Croyez-vous encore en l'humain ? Ne désespérez-vous pas d'être un pion dans le grand jeu politique ? Ces questions ne sont pas sarcastiques, mais je voudrais savoir si, au bout du compte, il n'y a pas un désamour forcé qui caractérise ce métier.
Merci encore de prendre le temps de répondre. Vraiment.
Effectivement j'ai passé le CAPLP par conviction, par engagement personnel. Je savais que le niveau des élèves ne serait pas très élevé et je savais que certains élèves seraient difficiles. Mais le fossé entre mes a priori - puisque n'ayant jamais travaillé en lycée professionnel - et la réalité est beaucoup plus grand que ce que je pensais. Ce n'est pas tant le niveau qui m'interpelle - il y a, après tout, une certaine joie à faire découvrir à certains ce qu'ils ignoraient - mais le comportement et, pire encore, le refus de toute aide. C'est comme si certains s'opposaient fermement à toute tentative de les faire réfléchir, de les faire s'ouvrir sur le monde. Je refuse encore tout désespoir et tout laisser-aller qui me ferait dire que, pour certains élèves, on ne peut rien faire du tout. Mais j'ai l'impression que si je m'obstine avec une grosse moitié de la classe, l'autre partie qui veut travailler est délaissée.
Comme vous le dites, Cripure, l'éducation est un métier politique. Et vous avez parfaitement raison en disant que je dois me demander si je veux faire un métier qui dépasse le simple cadre de la classe et du lycée mais pose bien les fondements de notre société. Alors, justement, j'aurais voulu demander aux professeurs qui ont passé l'âge de faire attention aux injonctions administratives : vous investissez-vous encore dans votre métier ? Croyez-vous encore en l'humain ? Ne désespérez-vous pas d'être un pion dans le grand jeu politique ? Ces questions ne sont pas sarcastiques, mais je voudrais savoir si, au bout du compte, il n'y a pas un désamour forcé qui caractérise ce métier.
Merci encore de prendre le temps de répondre. Vraiment.
- JacqGuide spirituel
Le pire c'est que même s'ils me font ch.... ces élèves parfois insupportables, en même temps ils me font marrer. Je me sens mieux en LP car je ne m'imagine pas raconter ce que je raconte aux élèves parfois aux élèves de collèges ou aux élèves du lycée général de mon lycée que je trouve plus prétentieux que sympa, et plus prétentieux que talentueux...
Tu sais Hari, lorsque je vois les attentes de mes collègues de lycée général et la réalité des élèves qu'ils ont en face d'eux, je crois que c'est aussi le grand écart et leur déception est tout aussi immense. On moins, chez nous en LP, nous sommes prévenus et un peu vaccinés, nous connaissons le niveau de nos gamins.
Enfin Hari, tu es dans "UN" LP, même si notre boulot est dur, il peut aussi fortement varier d'un LP à un autre, et aussi (ne pas l'oublier) d'une direction d'établissement à une autre. Dans notre LP, sans qu'elle soit idéale, la situation est bien meilleure depuis que nous avons une direction qui tient la route. J'ai fréquenté un LP (assez peu malheureusement) où j'ai eu l'impression d'être en colonie de vacances !
Tu sais Hari, lorsque je vois les attentes de mes collègues de lycée général et la réalité des élèves qu'ils ont en face d'eux, je crois que c'est aussi le grand écart et leur déception est tout aussi immense. On moins, chez nous en LP, nous sommes prévenus et un peu vaccinés, nous connaissons le niveau de nos gamins.
Enfin Hari, tu es dans "UN" LP, même si notre boulot est dur, il peut aussi fortement varier d'un LP à un autre, et aussi (ne pas l'oublier) d'une direction d'établissement à une autre. Dans notre LP, sans qu'elle soit idéale, la situation est bien meilleure depuis que nous avons une direction qui tient la route. J'ai fréquenté un LP (assez peu malheureusement) où j'ai eu l'impression d'être en colonie de vacances !
- zeprofGrand sage
Hari j'ai lu tes doutes...
parfois je les partage, parfois je suis pleine d'envie.
honnêtement je pense que je suis un peu utile à certains... que même si bien sur, tous ne profiteront pas de mon enseignement, certains en retireront un bénéfice. pour ceux là je m'accroche... parce que même si c'est un métier difficile, c'est aussi un magnifique métier fait de rencontres, de coups de gueule, de difficultés mais ô combien gratifiant quand tu vois une petite étincelle qui 'allume, qu'une graine a germé, quand un échange surpasse le reste, quand un ancien élève revient te voir pour te dire à quel point tu as compté, toi, ton enseignement, tes conseils, tes remarques...
ce sont des détails, qui pourront paraitre insignifiants à certains, mais qui pour moi sont essentiels car ainsi je sais que je ne fais pas tout ça en vain...
parfois je les partage, parfois je suis pleine d'envie.
honnêtement je pense que je suis un peu utile à certains... que même si bien sur, tous ne profiteront pas de mon enseignement, certains en retireront un bénéfice. pour ceux là je m'accroche... parce que même si c'est un métier difficile, c'est aussi un magnifique métier fait de rencontres, de coups de gueule, de difficultés mais ô combien gratifiant quand tu vois une petite étincelle qui 'allume, qu'une graine a germé, quand un échange surpasse le reste, quand un ancien élève revient te voir pour te dire à quel point tu as compté, toi, ton enseignement, tes conseils, tes remarques...
ce sont des détails, qui pourront paraitre insignifiants à certains, mais qui pour moi sont essentiels car ainsi je sais que je ne fais pas tout ça en vain...
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"La peur est le chemin vers le côté obscur: la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
- User19866Expert
Je me retrouve dans tout ce que tu écris et je te suis même reconnaissante car tu as réussis à poser des mots sur ce que je ressentais confusément sans parvenir à le formuler aussi clairement.
Moi aussi, j'ai choisi l'Education Nationale par conviction, parce que j'étais intimement persuadée du rôle fondamental de l'école dans la construction d'une société que je voulais meilleure. En réussissant l'écrit du CAPES, j'ai eu la sensation que j'allais enfin me retrouver à ma place, "sous le soleil exactement". Je pensais travailler à faire réussir ces élèves que le système scolaire brise, et travailler à instiller en eux toutes ces choses que je juge cruciales pour les jeunes adultes qu'ils seront dans quelques années -- si peu d'années.
Or en arrivant face à mes classes, j'ai réalisé que j'avais sous-estimé un facteur central : la plupart de ces élèves ne veulent pas être sauvés. Alors oui, chaque élève peut progresser, et il n'y a aucun cas désespéré ou irrattrapable. Encore faut-il que l'élève en question ait envie de progresser, et soit prêt à travailler pour cela, et dans la direction que je lui indique. Or beaucoup de mes élèves sont dans la provocation, l'opposition, la contestation, et je n'aperçois aucune ouverture avec eux. Je voulais être le Messie, mais pour cela encore eût-il fallu me trouver face à des croyants.
Quant aux connaissances que je pensais leur apporter, je me suis rapidement rendue compte que mes cours provoquaient un vrai malaise parmi les élèves. La raison de ce malaise est venue au fur et à mesure des heures et des semaines : mes séances n'étaient absolument pas adaptées à mon public. Je ne saurais dire si le niveau d'exigences a baissé depuis que j'ai quitté le collège ou si mes souvenirs sont déformés. Toujours est-il que je trouve le type de connaissances qu'il convient de faire acquérir aux élèves, non seulement parce que les inspecteurs le recommandent mais également parce que ce sont celles-ci qui sont à la portée des élèves, je trouve ce type de connaissances, donc, incroyablement pauvre.
Ma vie professionnelle me paraît donc bien fade, à côté d'études absolument passionnantes. Je pensais avoir l'occasion de donner à mes élèves des clés de lecture, au sens propre c'est-à-dire applicables aux textes étudiées, mais aussi et surtout, de façon plus large, au monde qui les entoure. Or, il me faut me contenter du minimum, surtout faire attention à "l'interactivité" dans mon cours pour que les élèves ne s'ennuient pas, surtout varier les activités pour que les élèves ne zappent pas, surtout ne pas faire trop compliqué pour que les élèves ne décrochent pas... Il me faut adapter ma notation pour ne pas démotiver les élèves, adapter mes remarques pour ne pas décourager les élèves, adapter mes critères et mes demandes pour ne pas démoraliser les élèves.
Je ne comprends pas cette idée de "construction des savoirs par les élèves" car je n'arrive pas à comprendre que l'on puisse penser que les élèves ont déjà en eux toutes les connaissances nécessaires, et qu'il s'agirait simplement pour les enseignants de faire remonter à la surface ce qu'ils percevaient inconsciemment. Je n'arrive pas non plus à me mettre en tête que la "transmission verticale du savoir" est à bannir. Il faut dire aussi que, si je ne m'imagine pas "au service des élèves", c'est peut-être en partie parce que je trouve la plupart d'entre eux insupportables. Finalement, je me retrouve prise en tenaille, entre des programmes qui fixent précisément les connaissances et les objets d'études et des instructions des inspecteurs qui fixent précisément les méthodes. Et comme toi, je peine à percevoir où réside ma liberté pédagogique.
Quant aux élèves, je ne les déteste pas. Je les crains. Je vais les chercher dans la cour de récréation en me demandant s'ils seront calmes cette fois-ci, je monte les marches qui conduisent à ma salle en me demandant si je saurai gérer leur comportement, je les fais rentrer en me demandant combien de secondes de répit je peux espérer avant la première provocation.
Je rentre chez moi, noyée sous les paquets de copies, en ayant ce sentiment d'inutilité couplé à un échec éclatant. Je rumine éternellement mes cours passés, m'interroge sur mes cours futurs. Je n'arrive pas à déconnecter, je n'ai pas les idées claires et je n'arrive pas à me projeter à long terme.
Le métier de professeur continue à me faire rêver, mais pas celui-là.
Moi aussi, j'ai choisi l'Education Nationale par conviction, parce que j'étais intimement persuadée du rôle fondamental de l'école dans la construction d'une société que je voulais meilleure. En réussissant l'écrit du CAPES, j'ai eu la sensation que j'allais enfin me retrouver à ma place, "sous le soleil exactement". Je pensais travailler à faire réussir ces élèves que le système scolaire brise, et travailler à instiller en eux toutes ces choses que je juge cruciales pour les jeunes adultes qu'ils seront dans quelques années -- si peu d'années.
Or en arrivant face à mes classes, j'ai réalisé que j'avais sous-estimé un facteur central : la plupart de ces élèves ne veulent pas être sauvés. Alors oui, chaque élève peut progresser, et il n'y a aucun cas désespéré ou irrattrapable. Encore faut-il que l'élève en question ait envie de progresser, et soit prêt à travailler pour cela, et dans la direction que je lui indique. Or beaucoup de mes élèves sont dans la provocation, l'opposition, la contestation, et je n'aperçois aucune ouverture avec eux. Je voulais être le Messie, mais pour cela encore eût-il fallu me trouver face à des croyants.
Quant aux connaissances que je pensais leur apporter, je me suis rapidement rendue compte que mes cours provoquaient un vrai malaise parmi les élèves. La raison de ce malaise est venue au fur et à mesure des heures et des semaines : mes séances n'étaient absolument pas adaptées à mon public. Je ne saurais dire si le niveau d'exigences a baissé depuis que j'ai quitté le collège ou si mes souvenirs sont déformés. Toujours est-il que je trouve le type de connaissances qu'il convient de faire acquérir aux élèves, non seulement parce que les inspecteurs le recommandent mais également parce que ce sont celles-ci qui sont à la portée des élèves, je trouve ce type de connaissances, donc, incroyablement pauvre.
Ma vie professionnelle me paraît donc bien fade, à côté d'études absolument passionnantes. Je pensais avoir l'occasion de donner à mes élèves des clés de lecture, au sens propre c'est-à-dire applicables aux textes étudiées, mais aussi et surtout, de façon plus large, au monde qui les entoure. Or, il me faut me contenter du minimum, surtout faire attention à "l'interactivité" dans mon cours pour que les élèves ne s'ennuient pas, surtout varier les activités pour que les élèves ne zappent pas, surtout ne pas faire trop compliqué pour que les élèves ne décrochent pas... Il me faut adapter ma notation pour ne pas démotiver les élèves, adapter mes remarques pour ne pas décourager les élèves, adapter mes critères et mes demandes pour ne pas démoraliser les élèves.
Je ne comprends pas cette idée de "construction des savoirs par les élèves" car je n'arrive pas à comprendre que l'on puisse penser que les élèves ont déjà en eux toutes les connaissances nécessaires, et qu'il s'agirait simplement pour les enseignants de faire remonter à la surface ce qu'ils percevaient inconsciemment. Je n'arrive pas non plus à me mettre en tête que la "transmission verticale du savoir" est à bannir. Il faut dire aussi que, si je ne m'imagine pas "au service des élèves", c'est peut-être en partie parce que je trouve la plupart d'entre eux insupportables. Finalement, je me retrouve prise en tenaille, entre des programmes qui fixent précisément les connaissances et les objets d'études et des instructions des inspecteurs qui fixent précisément les méthodes. Et comme toi, je peine à percevoir où réside ma liberté pédagogique.
Quant aux élèves, je ne les déteste pas. Je les crains. Je vais les chercher dans la cour de récréation en me demandant s'ils seront calmes cette fois-ci, je monte les marches qui conduisent à ma salle en me demandant si je saurai gérer leur comportement, je les fais rentrer en me demandant combien de secondes de répit je peux espérer avant la première provocation.
Je rentre chez moi, noyée sous les paquets de copies, en ayant ce sentiment d'inutilité couplé à un échec éclatant. Je rumine éternellement mes cours passés, m'interroge sur mes cours futurs. Je n'arrive pas à déconnecter, je n'ai pas les idées claires et je n'arrive pas à me projeter à long terme.
Le métier de professeur continue à me faire rêver, mais pas celui-là.
- Hari SeldonNiveau 1
Merci Jacq pour ton message. Je sais que le pré n'est pas forcément plus vert en lycée général, et j'apprécie aussi certains moments avec mes élèves qui savent faire preuve d'esprit, voire d'humour.
Je sais aussi que mon témoignage n'est que le produit de deux mois de travail dans un seul établissement. Mais, comme je le disais, mon établissement n'est pas le pire que j 'aurais pu espérer, et l'administration s'y révèle compétente bien que parfois débordée (je ne leur jette pas la pierre). Si l'année prochaine, je me retrouve en ZEP ou dans un établissement qui, comme tu l'as connu, est une "colonie de vacances", je ne peux pas me projeter avec entrain.
Zeprof, c'est aussi ce que je me dis. Certains profitent de mon enseignement, et j'ai même de bons contacts avec certains élèves. Je manque de recul, c'est évident et inévitable. Cependant, je doute actuellement de mon courage à supporter cette année - voire les autres - avant d'atteindre un certain épanouissement. Merci pour ton message.
Dalathée, ton message est terrible car il est très proche de ce que je ressens. Comme tu l'écris, certains élèves ne veulent pas être sauvés. Je ne veux pas faire de paraphrase, alors je me contenterai de te dire que je me retrouve entièrement dans tes doutes.
Finalement, j'ai l'impression que le retour à l'école s'effectue de trois façons:
- Physiquement, et c'est la plus naturelle.
- Intellectuellement, car la liberté pédagogique est (au moins pour l'année de stage) une vague promesse et que les connaissances que nous sommes censés apporter sont très faibles.
- Moralement, car nous sommes pris entre les programmes et les volontés pédagogiques des rectorats.
Et comme toi, je ne comprends pas comment les élèves peuvent se construire intellectuellement eux-mêmes. Cela me semble être une imposture ou une absurdité. La connaissance sacrifiée sur l'autel de la compétence, ce ne sont plus des citoyens que l'on forme mais de futurs travailleurs. Le pire, c'est que les élèves - en grande partie dans mes classes - consentent à cela.
Merci pour ton message.
Je sais aussi que mon témoignage n'est que le produit de deux mois de travail dans un seul établissement. Mais, comme je le disais, mon établissement n'est pas le pire que j 'aurais pu espérer, et l'administration s'y révèle compétente bien que parfois débordée (je ne leur jette pas la pierre). Si l'année prochaine, je me retrouve en ZEP ou dans un établissement qui, comme tu l'as connu, est une "colonie de vacances", je ne peux pas me projeter avec entrain.
Zeprof, c'est aussi ce que je me dis. Certains profitent de mon enseignement, et j'ai même de bons contacts avec certains élèves. Je manque de recul, c'est évident et inévitable. Cependant, je doute actuellement de mon courage à supporter cette année - voire les autres - avant d'atteindre un certain épanouissement. Merci pour ton message.
Dalathée, ton message est terrible car il est très proche de ce que je ressens. Comme tu l'écris, certains élèves ne veulent pas être sauvés. Je ne veux pas faire de paraphrase, alors je me contenterai de te dire que je me retrouve entièrement dans tes doutes.
Finalement, j'ai l'impression que le retour à l'école s'effectue de trois façons:
- Physiquement, et c'est la plus naturelle.
- Intellectuellement, car la liberté pédagogique est (au moins pour l'année de stage) une vague promesse et que les connaissances que nous sommes censés apporter sont très faibles.
- Moralement, car nous sommes pris entre les programmes et les volontés pédagogiques des rectorats.
Et comme toi, je ne comprends pas comment les élèves peuvent se construire intellectuellement eux-mêmes. Cela me semble être une imposture ou une absurdité. La connaissance sacrifiée sur l'autel de la compétence, ce ne sont plus des citoyens que l'on forme mais de futurs travailleurs. Le pire, c'est que les élèves - en grande partie dans mes classes - consentent à cela.
Merci pour ton message.
- B-BeckerNiveau 7
Ah, je reconnais la fameuse théorie de la réminiscence de Platon ! C'est beau, sur le papier. Et même face à un seul élève, on peut s'en sortir (façon Socrate dans le Ménon). Le problème, c'est cet enseignement de masse totalement déphasé des réalités des élèves qui ne viennent pas pour apprendre, mais soit par obligation, soit pour développer leur réseau social...Dalathée2 a écrit:Je ne comprends pas cette idée de "construction des savoirs par les élèves" car je n'arrive pas à comprendre que l'on puisse penser que les élèves ont déjà en eux toutes les connaissances nécessaires, et qu'il s'agirait simplement pour les enseignants de faire remonter à la surface ce qu'ils percevaient inconsciemment.
Les constats sont les mêmes partout ailleurs pour les jeunes enseignants. A moins que vous n'ayez le courage d'attendre d’engranger un nombre de points suffisants pour obtenir un établissement pépère, je n'aurais qu'un seul conseil : fuyez !
- User19866Expert
Je suis dans un établissement pépère. La vie scolaire est compétente et réactive, les parents d'élèves sont globalement investis et à l'écoute, et les élèves n'ont pas un mauvais fond, lorsqu'on les prend individuellement. Mais collectivement, dans mon cours au moins, c'est très difficile.B-Becker a écrit:Les constats sont les mêmes partout ailleurs pour les jeunes enseignants. A moins que vous n'ayez le courage d'attendre d’engranger un nombre de points suffisants pour obtenir un établissement pépère, je n'aurais qu'un seul conseil : fuyez !
Cela augmente mon désarroi, mes doutes et mes interrogations pour ici et maintenant, comme pour la suite de ma carrière. Ici et maintenant, de toute évidence, le problème, c'est moi. Et, si je suis titularisée d'ici deux ans, comment pourrais-je "tenir" dans l'établissement difficile qui ne manquera pas de m'échoir en début de carrière, alors même que je suis actuellement en difficulté ?
(Mais ai-je seulement envie de poursuivre dans cette voie ?)
- InvitéZNiveau 4
Hari Seldon a écrit:J'ai déjà évoqué ma conception de l'école. Par la formation, on nous abreuve de belles formules : l'élève doit construire son apprentissage, les compétences sont sur-valorisées alors que la connaissance devient taboue. Le savoir est un gros mot, le savoir-faire un idéal. On célèbre la liberté pédagogique de l'enseignant, laquelle n'existe pas selon moi.
En écoutant certains collègues, il ressort que de plus en plus l'enseignant devient un exécutant. Je ne saurais encore donner un avis personnel sur la question, car le stagiaire que je suis n'a pas de recul sur la situation.
Je ne me reconnais pas dans cette école. On célèbre des résultats toujours meilleurs, mais les professeurs que vous êtes, que je suis, que je côtoie dans mon lycée ou sur les forums savent bien que les notes ne veulent rien dire, que le niveau baisse sans arrêt, que la dégringolade n'est pas prête de s'arrêter.
hobbit a écrit:Et bien sûr il y a le reste, l'ESPE-iufm, ce qu'on a vu en master enseignement et formation hebdomadaire en tant que stagiaire où je découvre que finalement le métier d'enseignant aujourd'hui ne ressemble plus à celui qu'il était lorsque j'étais élève il y a 10 ans. Et ça continue d'évoluer dans un sens qui ne me plait pas.
Je fais les mêmes constats que vous, les amis. Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas une réaction forte et générale des enseignants contre cette mode désastreuse prônée par les Hautes Sphères de l'Education Nationale, conseillées par les idéologues pédagogistes. C'est terrible, ce qui se passe...
Il semblerait qu'on soit une large majorité à mesurer les effets dévastateurs de ces réformes de la "manière d'enseigner".
Il semblerait qu'on soit une large majorité à mesurer les effets dévastateurs de ces réformes de la "manière d'enseigner".
- CowabungaHabitué du forum
Mais... tu crois vraiment que passer une heure enfermé dans une salle avec une vingtaine d'ados (ou plus), même mignons tout plein, peut être autre chose que "très difficile" ?Dalathée2 a écrit:Je suis dans un établissement pépère. La vie scolaire est compétente et réactive, les parents d'élèves sont globalement investis et à l'écoute, et les élèves n'ont pas un mauvais fond, lorsqu'on les prend individuellement. Mais collectivement, dans mon cours au moins, c'est très difficile.B-Becker a écrit:Les constats sont les mêmes partout ailleurs pour les jeunes enseignants. A moins que vous n'ayez le courage d'attendre d’engranger un nombre de points suffisants pour obtenir un établissement pépère, je n'aurais qu'un seul conseil : fuyez !
Cela augmente mon désarroi, mes doutes et mes interrogations pour ici et maintenant, comme pour la suite de ma carrière. Ici et maintenant, de toute évidence, le problème, c'est moi. Et, si je suis titularisée d'ici deux ans, comment pourrais-je "tenir" dans l'établissement difficile qui ne manquera pas de m'échoir en début de carrière, alors même que je suis actuellement en difficulté ?
(Mais ai-je seulement envie de poursuivre dans cette voie ?)
En soi, passer des heures à transmettre des informations considérées comme inutiles à un public dont les deux seuls centres d'intérêt sont son nombril et son sexe, c'est une gageure ! Dalathée2, tu n'es pas un problème, tu es un être humain. C'est bien aussi.
La vraie question n'est pas : "Si on t'affecte en établissement difficile, pourras-tu faire face ?", mais "Si on t'affecte en établissement difficile, voudras-tu faire face ?". Et, à vrai dire, la question se pose pour n'importe quel établissement, "difficile" ou pas.
J'entends bien toute la souffrance exprimée sur ce fil par mes futurs et nouveaux collègues. La perte de ses illusions est une étape nécessaire de notre métier, elle n'en est pas moins douloureuse.
A tous :
_________________
"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- B-BeckerNiveau 7
Tu poses les bonnes questions Dalathée2, mais personne ne peut y répondre à ta place. Ce qui est intéressant, c'est quoi faire, concrètement : écouter les nombreux conseils que tu dois connaitre (rdv avec les parents, avec le pp, fiches de suivis, routines et gestion de classe, ...), faire de belles évaluations à présenter à qui de droit, bref assurer ta titularisation. C'est important, un miracle peut toujours arriver, qui sait où les mutations peuvent conduire Tout cela permet de gagner du temps et rend le quotidien "supportable". Mais un travail de fond s'impose sur ton avenir professionnel : il faut élargir l'univers des possibles et surtout, surtout, ne pas se restreindre à l'éducation nationale. Je ne poserais pas la question comme tu l'as fais, "ai-je seulement envie de poursuivre dans cette voie ?", je dirais plutôt "que souhaites-tu faire dans la vie ?".
- florestanGrand sage
Dalathée2, ce n'est pas toi le problème! Hari Seldon, les débuts sont très difficiles pour presque tous. Vous êtes des personnes remarquables par votre implication, vos interrogations, vos ambitions. L'année de stage est un chemin de croix bien souvent. Attendez d'être titularisés avant de prendre une décision. Vous serez beaucoup plus libres, vous ne serez plus soumis à des injonctions contradictoires, ni obligés de faire des courbettes devant de médiocres et pompeux imbéciles. Les élèves sont ce qu'ils sont. Nous avons à faire avec. En tous cas Dalathée2, tu ne dois pas en avoir peur. Ce ne sont pas des êtres menaçants. Ce sont des pauvres morveux paumés, mal éduqués, en crise pleine crise identitaire. Tu trouveras ta manière de gérer les classes. Tu prendras conscience de ta pleine légitimité. C'est vous les chefs. C'est vous qui savez et qui avez des choses à transmettre mais vous ne pourrez pas sauver tout le monde. Le recul s'acquiert avec le temps. J'ai détesté ce métier au début, j'avais l'impression d'avoir été chassée du Paradis (la Sorbonne) pour tomber dans un bourbier où personne ne s'intéressait aux mêmes choses que moi, où tout était gris, triste, morne, médiocre, sans curiosité intellectuelle aucune. Je trouvais les élèves hostiles, bruyants, violents, vulgaires et je ne voyais que ça chez eux.. Je regrettais terriblement mon statut d'étudiante. La chute a été brutale. Un certain nombre d'année après, j'adore mon métier. Les choses changent et on change aussi. On voit les choses différemment avec plus de recul, plus d'indulgence (en ce qui me concerne).
Courage à tous
Courage à tous
- JacqGuide spirituel
Ah, je me suis mal exprimé. C'était une colonie de vacances tellement c'était tranquille et peinard, avec des petites classes toutes sympa... C'était vraiment l'exception, des élèves super, marrants, intéressés, petit établissement, petite équipe hyper soudée, en milieu rural... Si je pouvais y retourner, quel bonheur !Hari Seldon a écrit:Merci Jacq pour ton message. Je sais que le pré n'est pas forcément plus vert en lycée général, et j'apprécie aussi certains moments avec mes élèves qui savent faire preuve d'esprit, voire d'humour.
Je sais aussi que mon témoignage n'est que le produit de deux mois de travail dans un seul établissement. Mais, comme je le disais, mon établissement n'est pas le pire que j 'aurais pu espérer, et l'administration s'y révèle compétente bien que parfois débordée (je ne leur jette pas la pierre). Si l'année prochaine, je me retrouve en ZEP ou dans un établissement qui, comme tu l'as connu, est une "colonie de vacances", je ne peux pas me projeter avec entrain.
Mais cela tient tout de même de l'exception.
C'est dans une académie voisine (celle de Cripure je crois d'ailleurs).
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