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- LefterisEsprit sacré
Reine Margot a écrit:je crois que c'est surtout que le métier d'enseignant a profondément changé, et que l'aspect éducatif prend de plus en plus de place, au détriment de la transmission des savoirs. En clair, la relation d'autorité ne va plus de soi et rend plus difficile de faire cours, c'est un problème de société qui touche aussi les parents mais qui est encore plus visible à l'école. Les profs se vivent encore comme des intellectuels transmetteurs de savoirs, alors que leur métier va devenir progressivement un métier entre animation et substitut parental.
de quoi effectivement être dégouté...et quand en plus on vous explique que c'est à vous de vous remettre en cause et de vous adapter à Kévin qui fait l'imbécile ou Untel qui ne supporte pas l'autorité, eh bien vous faites comme moi, vous quittez ce job.
On ne peut pas partir indéfiniment, alors on peut encore résister, activement et passivement. Si les élèves sont mal élevés, ce n'est pas la faute des enseignants, et le discours suiviste et capitulard, qui consiste à se coucher devant leurs caprices doit être contré en permanence, y compris devant les parents d'élèves.
J'emploie le terme "mal élevé" , je n'hésite pas , ça les remue. Et je fais bien comprendre que les fruits pourris gâtent tout le cageot.
Il est hors de question de plier. Nous sommes déjà obligés de mettre nos gosses dans le privé à cause d'eux -du moins dans le coin où j'habite - alors là où nous travaillons, pas question de flancher.
L'EN ne peut s'en sortir qu'avec des mesures fermes destinées à rétablir la liberté collective qu'implique l'esprit républicain, contribuer à faire la société au lieu de la suivre avec fatalisme dans ce qu'elle a de pire , la soumission aux caprices, au "moi je" .
Sinon , c'est la mort assurée : non seulement on fuit les concours, mais même ceux qui avaient prévu de les passer s'en vont, j'ai déjà vu trop de stagiaires se tirer, ou envisager d'ores et déjà d'autres concours.
Soit les étudiants seront compétents dans leur matière, et ils feront autre chose s'il y a des débouchés. Soit ils éviteront -comme ils commencent à le faire- les études cul-de-sac (lettres etc.) et on ne trouvera personne, même peu compétent.
Le débat sur les méthodes, les "pratiques" est digne de celui sur le sexe des anges quand la guerre est aux portes. Il sert surtout à évacuer la prise de décisions fermes, à faire des victimes les coupables, comme paratonnerre, et aussi à engraisser un clergé pédagogiste qui sévit depuis trop longtemps.
- wizzzNiveau 2
yogi a écrit:Je rejoins Lily sur le besoin de se sentir soutenu. Qui nous écoute?Qui nous conseille avec bienveillance? Qui nous épaule? Qui nous dit merci?
Questionnement noté aussi, merci.
- thrasybuleDevin
"Le discours suiviste et capitulard": j'adore!
- yogiSage
D'accord.C'est sûr que ça varie selon le nombre d'élèves. J'ai souvent vu aussi des profs (dans de bons bahuts) contre les CPE, sans raisons ,ce qui me gêne. Heureusement que dans les ZEP et ECLAIR ,on bosse plutôt main dans la main sinon on serait en train de crever la gueule ouverte.wizzz a écrit:yogi a écrit:Tu ne communiques pas avec tes collègues ? Je prends toujours la peine de passer du temps à la vie sco ,à discuter avec CPE et surveillants.Je m'intéresse à eux et on travaille vraiment en équipe...
Oh que si, mais je pense que mon établissement est plus un microcosme peu représentatif de la majorité de ce que vivent les enseignants et les CPE.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- wizzzNiveau 2
Lilypims a écrit:Si vous pensez, dès le début, que le problème vient des enseignants, des autres donc (ce que vous leur reprochez, en somme), différez votre reconversion.
Relisez donc mon propos. C'est bien parce que je me dis que la responsabilité des soucis peuvent être partagée, mais que cela peut être parfaitement ignoré, que je me demande si ça vaut le coup d'aller se pourrir l'existence avec ça et d'être systématiquement celui qui stigmatise, ou alors la source du problème.
Ensuite, il ne s'agit pas d'une reconversion. C'est simplement que les autres collègues, ou IPR ou chefs que je croise dans mes activités en dehors de mon bahut me poussent à y aller. Et qu'à force de me faire bourrer le crâne, je finis par y penser.
Enfin, relisez encore, je ne reproche rien à personne, je m'interroge sur les clichés véhiculés depuis quelques temps...
- wizzzNiveau 2
C'est bien pour casser ces a priori qui finissent par nous gagner, consciemment pu pas, que je préfère poser des questions avant d'avancer en terrain miné.philann a écrit:Axel résume très très bien mon sentiment!!
Wizz, c'est déjà une bonne chose que tu t'interroge et pose clairement la question, mais ton message semble à première lecture déjà tellement crouler sous les a priori....
- LefterisEsprit sacré
Dans mon bahut, les CPE sont très bien, et l'un d'eux est la personne avec qui je m'entends le mieux, outre le fait qu'il fait très bien son boulot, exclut les sauvageons, et ne plie pas devant les parents (je l'ai vu face à de ces énergumènes:affraid:)yogi a écrit:wizzz a écrit:
Oh que si, mais je pense que mon établissement est plus un microcosme peu représentatif de la majorité de ce que vivent les enseignants et les CPE.
D'accord.C'est sûr que ça varie selon le nombre d'élèves. J'ai souvent vu aussi des profs (dans de bons bahuts) contre les CPE, sans raisons ,ce qui me gêne. Heureusement que dans les ZEP et ECLAIR ,on bosse plutôt main dans la main sinon on serait en train de crever la gueule ouverte.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- InviteeFVénérable
Quand j'ai lu le titre du post, j'ai immédiatement pensé "post à pop-corn".
Et je crois que je ne me suis pas trompée...
Je vais commencer par répondre au contenu de ton post initial en donnant mon humble avis, sans forcément rebondir sur ce qu'ont dit les collègues qui t'ont déjà répondu.
Je vais couper en deux parties par souci de lisibilité.
On ne raconte pas tout sur un forum. Les joies au quotidien, par exemple, sont rarement mises en avant (on va plutôt demander conseil ou soutien par rapport à quelque chose de négatif qui vient d'être vécu...). Et certaines choses difficiles, intimes, sont également difficiles à livrer, comme la peur de ne pas être à la hauteur, etc.
Le forum n'est donc pas "représentatif" selon moi. Mais il permet, je pense, de se familiariser avec ce que vit la majorité des professeurs.
Non, je ne le pense pas.
Je me remets beaucoup en question personnellement, et les collègues que je connais également.
Je tiens à préciser que je suis une jeune prof et que je n'ai fréquenté, à 2 exceptions, que des établissements difficiles à très difficiles. Ceci explique peut-être cela. Toujours est-il que dans ces établissements, la norme est précisément de
- faire de son mieux
- toujours chercher de nouvelles stratégies
- mouiller désespérément sa chemise
etc.
Dans ce contexte il est particulièrement irritant de lire le genre de propos que tu tiens car il ne fait preuve d'aucune finesse. Comment peux-tu savoir si UN enseignant en particulier se remet en question ou non ? Il ne peut pas se remettre en question sur tout H24. Peut-être que sur un point précis sur lequel tu échanges avec lui, il est inflexible. Cela ne veut pas dire qu'il ne fait pas un travail de fond, régulièrement, sur bien d'autres points, pour s'améliorer.
Ta vision est nécessairement partielle, et malheureusement, j'ai l'impression qu'elle est un peu conditionnée négativement.
Bien entendu ! Comme dans chaque métier.
Mais je n'ai pas l'impression qu'ils soient la majorité.
En lisant ça, j'ai envie de te demander : que comptes-tu leur offrir en échange ? Je trouve ça bien joli, d'envisager de devenir PerDir et de faire de l'innovation pédagogique son cheval de bataille mais... qu'apporter aux professeurs en amont en gage de bonne volonté, pour prouver précisément que l'on n'est pas
Des chefs qui essaient de dynamiser les pratiques dans leur établissement, j'en ai vus. Certains qui l'exigent et rappellent aux profs que c'est là leur devoir et leur reproche d'être peu collaboratifs, voire fumistes, et de rejeter la faute sur les autres. Autant te dire que l'envie que pour un prof qui fait des efforts, se trouver face à un interlocuteur pareil, ça donne tout simplement envie d'en faire encore moins, parce que quitte à voir son travail méconnu et à s'en prendre gratuitement dans les dents quoi qu'il en soit, autant économiser ses forces et dépenser son énergie pour soi.
Mais j'ai vu d'autres chefs, vraiment soucieux du bien-être et de la réussite de leurs élèves et conscients que cela passe AUSSI et d'abord par le bien-être et la mise en situation de réussite des enseignants. Des chefs qui, avant d'exiger ou même de demander aux collègues de, montrent leur soutien, leur respect, se montrent attentifs aux problèmes rencontrés par les professeurs et font de leur mieux pour leur garantir des conditions de travail décentes.
Inutile de te dire que dans ces établissements-là, assister à des réunions le mercredi après-midi pour améliorer sa pratique se fait sans râler et avec un nombre de volontaire qui crève le plafond.
En tant que prof, j'ai souvent l'impression d'être méprisée au quotidien par beaucoup de monde. Avoir la sensation de l'être par sa hiérarchie, en sus de tout cela, n'aide VRAIMENT PAS, à motiver pour aller dans le sens de la hiérarchie en question. Et je pense que c'est là quelque chose d'universel qui ne s'applique pas qu'aux profs.
Et je crois que je ne me suis pas trompée...
Je vais commencer par répondre au contenu de ton post initial en donnant mon humble avis, sans forcément rebondir sur ce qu'ont dit les collègues qui t'ont déjà répondu.
Je vais couper en deux parties par souci de lisibilité.
J'avais pour habitude de parcourir ce forum, car, je pense, il reflète bien ce que vivent les professeurs dans leur quotidien. (...) Donc j'aime bien aller voir ce qui se passe ailleurs, et ce qui vivent les autres.
On ne raconte pas tout sur un forum. Les joies au quotidien, par exemple, sont rarement mises en avant (on va plutôt demander conseil ou soutien par rapport à quelque chose de négatif qui vient d'être vécu...). Et certaines choses difficiles, intimes, sont également difficiles à livrer, comme la peur de ne pas être à la hauteur, etc.
Le forum n'est donc pas "représentatif" selon moi. Mais il permet, je pense, de se familiariser avec ce que vit la majorité des professeurs.
Pensez vous qu'effectivement, les enseignants ont de plus en plus de mal de se remettre en cause en cas de problème ( discipline, pédagogie... ) et ont tendance à rejeter la faute sur l'enfant, la Vie Scolaire, les parents, la hiérarchie?
Non, je ne le pense pas.
Je me remets beaucoup en question personnellement, et les collègues que je connais également.
Je tiens à préciser que je suis une jeune prof et que je n'ai fréquenté, à 2 exceptions, que des établissements difficiles à très difficiles. Ceci explique peut-être cela. Toujours est-il que dans ces établissements, la norme est précisément de
- faire de son mieux
- toujours chercher de nouvelles stratégies
- mouiller désespérément sa chemise
etc.
Dans ce contexte il est particulièrement irritant de lire le genre de propos que tu tiens car il ne fait preuve d'aucune finesse. Comment peux-tu savoir si UN enseignant en particulier se remet en question ou non ? Il ne peut pas se remettre en question sur tout H24. Peut-être que sur un point précis sur lequel tu échanges avec lui, il est inflexible. Cela ne veut pas dire qu'il ne fait pas un travail de fond, régulièrement, sur bien d'autres points, pour s'améliorer.
Ta vision est nécessairement partielle, et malheureusement, j'ai l'impression qu'elle est un peu conditionnée négativement.
Pensez vous que quelques uns ont de plus en plus de mal à faire la part des choses, et se crispent au moment d'entendre qu'ils ont pu aborder le souci par le mauvais angle?
Bien entendu ! Comme dans chaque métier.
Mais je n'ai pas l'impression qu'ils soient la majorité.
Je pose ces questions parce que je me vois mal me confronter avec une salle des profs réticente à innover, évoluer, réfléchir sur les pratiques professionnelles.
En lisant ça, j'ai envie de te demander : que comptes-tu leur offrir en échange ? Je trouve ça bien joli, d'envisager de devenir PerDir et de faire de l'innovation pédagogique son cheval de bataille mais... qu'apporter aux professeurs en amont en gage de bonne volonté, pour prouver précisément que l'on n'est pas
ce petit tyran qui est souvent dépeint par les collègues pour qui la relation avec la hiérarchie (se) passe mal.
Des chefs qui essaient de dynamiser les pratiques dans leur établissement, j'en ai vus. Certains qui l'exigent et rappellent aux profs que c'est là leur devoir et leur reproche d'être peu collaboratifs, voire fumistes, et de rejeter la faute sur les autres. Autant te dire que l'envie que pour un prof qui fait des efforts, se trouver face à un interlocuteur pareil, ça donne tout simplement envie d'en faire encore moins, parce que quitte à voir son travail méconnu et à s'en prendre gratuitement dans les dents quoi qu'il en soit, autant économiser ses forces et dépenser son énergie pour soi.
Mais j'ai vu d'autres chefs, vraiment soucieux du bien-être et de la réussite de leurs élèves et conscients que cela passe AUSSI et d'abord par le bien-être et la mise en situation de réussite des enseignants. Des chefs qui, avant d'exiger ou même de demander aux collègues de, montrent leur soutien, leur respect, se montrent attentifs aux problèmes rencontrés par les professeurs et font de leur mieux pour leur garantir des conditions de travail décentes.
Inutile de te dire que dans ces établissements-là, assister à des réunions le mercredi après-midi pour améliorer sa pratique se fait sans râler et avec un nombre de volontaire qui crève le plafond.
En tant que prof, j'ai souvent l'impression d'être méprisée au quotidien par beaucoup de monde. Avoir la sensation de l'être par sa hiérarchie, en sus de tout cela, n'aide VRAIMENT PAS, à motiver pour aller dans le sens de la hiérarchie en question. Et je pense que c'est là quelque chose d'universel qui ne s'applique pas qu'aux profs.
- LilypimsGrand sage
wizzz a écrit:Lilypims a écrit:Si vous pensez, dès le début, que le problème vient des enseignants, des autres donc (ce que vous leur reprochez, en somme), différez votre reconversion.
Relisez donc mon propos. C'est bien parce que je me dis que la responsabilité des soucis peuvent être partagée, mais que cela peut être parfaitement ignoré, que je me demande si ça vaut le coup d'aller se pourrir l'existence avec ça et d'être systématiquement celui qui stigmatise, ou alors la source du problème.
Ensuite, il ne s'agit pas d'une reconversion. C'est simplement que les autres collègues, ou IPR ou chefs que je croise dans mes activités en dehors de mon bahut me poussent à y aller. Et qu'à force de me faire bourrer le crâne, je finis par y penser.
Enfin, relisez encore, je ne reproche rien à personne, je m'interroge sur les clichés véhiculés depuis quelques temps...
Je l'ai lu plusieurs fois. Et j'ai constaté que vous sembliez partir du principe que les enseignants posaient problème. Mais peut-être sont-ce des maladresses de votre part, des erreurs de lecture de la mienne ?
wizzz a écrit: j'ai le sentiment que les enseignants d'aujourd'hui ont de plus en plus de mal à être en phase avec la population scolaire qu'on accueille.
Pensez vous qu'effectivement, les enseignants ont de plus en plus de mal de se remettre en cause en cas de problème ( discipline, pédagogie... ) et ont tendance à rejeter la faute sur l'enfant, la Vie Scolaire, les parents, la hiérarchie? Donc, vous le pensez, vous, non ?
Pensez vous que quelques uns ont de plus en plus de mal à faire la part des choses, et se crispent au moment d'entendre qu'ils ont pu aborder le souci par le mauvais angle?
Je pose ces questions parce que je me vois mal me confronter avec une salle des profs réticente à innover, évoluer, réfléchir sur les pratiques professionnelles.
Dans mon expérience personnelle, j'ai eu le sentiment que les enseignants ne percevaient pas toujours les enjeux qui entouraient la vie de l'élève sorti de la simple logique de punir l'incident de classe.
- yogiSage
Tout est bien dit Voli Vola,je me retrouve beaucoup dans ce que tu fournis comme réponse.
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- InviteeFVénérable
Je vous pose donc la question de savoir si, à votre avis, ce sentiment que j'ai sur la crispation et la difficulté de faire bouger les lignes dans une salle des profs relève de la légende ou si cela se fonde sur une réalité.
Je pense avoir répondu à cette question dans le message précédent. Quand on arrive avec un bulldozer, on trouve porte close...
Je voudrais savoir aussi si cette incompréhension que je perçois entre les décisions disciplinaires prononcées par les chefs et les attentes des profs est un serpent de mer ou bien, là encore, une réalité
C'est une réalité.
Dans mon expérience personnelle, j'ai eu le sentiment que les enseignants ne percevaient pas toujours les enjeux qui entouraient la vie de l'élève sorti de la simple logique de punir l'incident de classe.
Je pense être une enseignante qui se préoccupe beaucoup de la vie de ses élèves dans et hors de la classe et dans et hors les murs de l'EPLE. Néanmoins, quand je suis agressée, quand mon autorité est remise en cause, quand un élève m'empêche d'assurer ma mission auprès des autres élèves par un comportement scandaleux, quand il dépasse les limites de la décence et de la courtoisie élémentaires, j'estime qu'il mérite une sanction. Et le CPE ou le chef qui me met des bâtons dans les roues peut avoir l'impression que je ne me focalise que sur la simple logique de punir car en effet il est indispensable pour moi que cet acte grave soit puni, à la fois pour montrer à cet adolescent, qui en a besoin, qu'il existe des limites, mais aussi pour maintenir un climat de travail correct et éviter une émulation parmi les camarades. Si j'ai l'assurance que quelque chose sera fait, je suis tout à fait disposée à moduler, à prendre du recul, du temps, de l'énergie, pour aménager une sanction sur mesure. Mais là encore, tout dépend comment les choses sont amenées par le CPE ou le chef : si l'heure de colle que j'ai mise est annulée, si le rapport disciplinaire que j'ai pris le temps de faire ne figure pas au dossier, si l'élève est là au cours suivant avec un sourire goguenard parce qu'au-dessus de moi on lui a dit qu'il ne serait pas puni, oui, je vois un fossé entre la vision des chefs et la mienne, et je considère qu'ils me mettent en difficulté.
Tout est donc, selon moi, question de diplomatie et de positionnement : faire confiance aux profs, réellement, et le leur montrer. Avoir du respect pour eux, pour leur point de vue et leur investissement, et le leur montrer. Prendre en compte leurs besoins et agir au mieux pour les satisfaire lorsque cela est possible.
Dans ce contexte-là, personnellement, je suis prête à donner énormément de ma personne (moi qui donne déjà sans compter).
Dans un contexte où l'on ne reconnait pas mes efforts, où l'on me fait des reproches infondés à l'emporte-pièce, par réflexe de survie je me recentre sur l'essentiel. Je suis humaine...
- NitaEmpereur
wizzz a écrit:Pensez vous qu'effectivement, les enseignants ont de plus en plus de mal de se remettre en cause en cas de problème ( discipline, pédagogie... ) et ont tendance à rejeter la faute sur l'enfant, la Vie Scolaire, les parents, la hiérarchie?
Pensez vous que quelques uns ont de plus en plus de mal à faire la part des choses, et se crispent au moment d'entendre qu'ils ont pu aborder le souci par le mauvais angle?
J'ai cessé de lire à ce moment-là.
J'y reviendrai peut-être, parce que je trouve ta démarche intéressante, mais je bous de rage quand je lis ce que tu as écrit.
Retournons les propos :
Penses-tu qu'effectivement, les CPE ont de plus en plus de mal à se remettre en cause en cas de problème, et à rejeter la faute sur les professeurs, au lieu de se sortir les fesses de leur fauteuil, pour prendre en charge les gamins autrement qu'en jouant les bureaux des plaintes - ouverts à toute heure ?
Penses-tu qu'il y a plus en plus de CPE et de membres des équipes de vie scolaire qui se crispent quand on leur dit qu'ils abordent tel ou tel problème de la mauvaise façon ?
Tu n'as aucune idée de ce que c'est que de faire un cours, - c'est un constat, pas un reproche - et si tu deviens PerDir, ça ne sera toujours pas ton problème. Donc, déjà, je te suggère de garder tes idées sur la pédagogie pour les commentaires du Figaro, à moins qu'un enseignant te demande ton avis. Un PerDir qui n'a jamais enseigné est pratiquement la dernière personne au monde que je consulterais si j'avais des questions de pédagogie. Mon actuel CdE, qui n'était pas enseignant avant de passer le concours, par exemple, a des idées complètement absurdes sur ce qu'est un cours, fondées sur son expérience (maintenant lointaine) d'élève, sur son expérience de parent, voire les commentaires du Figaro, et cela l'amène à prendre des décisions complètement ineptes, qui lui valent l'hostilité de la salle des profs. En revanche, il peut être redoutablement efficace et performant en matière de relation avec les parents problématiques (situation particulière de mon collège).
Il ne me viendrait pas à l'idée d'essayer d'apprendre son boulot au CPE de mon collège. Je n'aime pas du tout la façon dont il l'exerce, mais je subodore qu'il y a entre nous une dissension idéologique et même si je suis convaincue qu'il a tort et que j'ai raison je ne vais certainement pas tenter de lui apprendre à faire mieux.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- wizzzNiveau 2
Lilypims, je ne pense pas que les professeurs aient du mal à se remettre en cause dans leur immense majorité, j'en ai encore eu la preuve ce jour.
Mais quand je partage avec des collègues profs, CPE ou PerDir au gré des réunions et rencontres, les situations qu'ils présentent font parfois réfléchir.
J'ai pu constater au gré de mon parcours que le binôme prof-CPE trouvait souvent la clef du problème, quand le CPE voulait bien comprendre combien il est difficile d'enseigner et qu'il bannissait de son langage le "yakafokon", et quand le prof admettait que le souci de l'élève ne se limite pas à une incivilité en cours, et qu'une provocation ou une perturbation nécessite un traitement étudié, et non machinal.
J'ai pu aussi constater, mais là ça n'engage que moi au gré de mon parcours professionnel, que souvent les collègues les plus en difficultés étaient ceux qui refusaient l'idée de faire différemment, ou qui étaient les plus virulents quand on leur expliquait qu'on allait pas forcément donner suite au énième rapport, sorti d'un entretien de recadrage avec le Kévinou. Ils se sentaient trahis, jugés, lâchés, et ces situations entraînaient des drames professionnels et humains.
Ceux qui affirment que les profs sont la source unique du problème ne manquent pas d'air, mais manque souvent d'arguments, sorti de la fameuse "violence institutionnelle". Maintenant, devenir PerDir sous-entend prendre des responsabilités vis-à-vis de situations épineuses, et je préfère faire le tour de la question dans différentes chapelles afin de savoir réellement de quoi il en retourne plutôt que d'écouter ma petite expérience, quelques discours au traits grossis et la vox populi qui aime à casser du prof en ce moment.
Mais quand je partage avec des collègues profs, CPE ou PerDir au gré des réunions et rencontres, les situations qu'ils présentent font parfois réfléchir.
J'ai pu constater au gré de mon parcours que le binôme prof-CPE trouvait souvent la clef du problème, quand le CPE voulait bien comprendre combien il est difficile d'enseigner et qu'il bannissait de son langage le "yakafokon", et quand le prof admettait que le souci de l'élève ne se limite pas à une incivilité en cours, et qu'une provocation ou une perturbation nécessite un traitement étudié, et non machinal.
J'ai pu aussi constater, mais là ça n'engage que moi au gré de mon parcours professionnel, que souvent les collègues les plus en difficultés étaient ceux qui refusaient l'idée de faire différemment, ou qui étaient les plus virulents quand on leur expliquait qu'on allait pas forcément donner suite au énième rapport, sorti d'un entretien de recadrage avec le Kévinou. Ils se sentaient trahis, jugés, lâchés, et ces situations entraînaient des drames professionnels et humains.
Ceux qui affirment que les profs sont la source unique du problème ne manquent pas d'air, mais manque souvent d'arguments, sorti de la fameuse "violence institutionnelle". Maintenant, devenir PerDir sous-entend prendre des responsabilités vis-à-vis de situations épineuses, et je préfère faire le tour de la question dans différentes chapelles afin de savoir réellement de quoi il en retourne plutôt que d'écouter ma petite expérience, quelques discours au traits grossis et la vox populi qui aime à casser du prof en ce moment.
- wizzzNiveau 2
Nita, c'est bien parce que je retourne le problème et que je tente de me mettre à la place de l'enseignant que je m'interroge, et n'ayant bien sur pas les réponses, je vous demande votre avis.
Et des collègues CPE qui se braquent quand on leur dit qu'ils s'y prennent comme des manches, j'en vois à la pelle.
Et des collègues CPE qui se braquent quand on leur dit qu'ils s'y prennent comme des manches, j'en vois à la pelle.
- Singing in The RainHabitué du forum
Wizz a écrit:J'ai pu aussi constater, mais là ça n'engage que moi au gré de mon parcours professionnel, que souvent les collègues les plus en difficultés étaient ceux qui refusaient l'idée de faire différemment, ou qui étaient les plus virulents quand on leur expliquait qu'on allait pas forcément donner suite au énième rapport, sorti d'un entretien de recadrage avec le Kévinou. Ils se sentaient trahis, jugés, lâchés, et ces situations entraînaient des drames professionnels et humains.
Les profs en difficultés ont besoin que l'administration ait une poigne de fer pour recadrer les élèves voulant profiter des failles d'un prof (qui peut être affaibli pour diverses raisons, professionnelles et personnelles). Et c'est vrai que faire des rapports pour un prof prend du temps et qu'on attend un retour montrant qu'on a été entendu : une simple convocation du gamin pour un recadrage me semble bien par exemple. Mais si on "explique qu'on ne va pas donner suite", cette parole est en soi blessante pour l'enseignant qui attend au moins du soutien, une reconnaissance minimum.
- CondorcetOracle
Le but des enseignants d'aujourd'hui (je n'ose dire la vocation) est-il d'être "en phase avec la population scolaire" ou de l'amener à des savoirs organisés inaccessibles à une majorité d'entre elles ? Si l'enseignant doit tenir compte des difficultés de chacun, il ne saurait non plus être soumis aux injonctions continuelles de l'adaptation. Dans ses missions, l'école est à la fois conservatrice et révolutionnaire : conservatrice dans la mesure où les bases disciplinaires ne changent pas tous les dix ans, révolutionnaire car elle entend donner à chacun une chance de bouleverser l'échiquier social et de déjouer les déterminismes. Le CDE, hors geste délictueux ou inconsidéré de l'enseignant, devrait le soutenir par principe parce qu'un élève sait fort bien s'engouffrer dans la brèche d'un désaccord ou d'une incohérence.
- InviteeFVénérable
Mon message, pourtant sans agressivité, n'a pas semblé digne qu'on lui apporte une réponse ?
Je trouve ça dommage, tiens. ça m'apprendra à prendre du temps pour répondre alors que j'ai des bulletins à remplir...
Je trouve ça dommage, tiens. ça m'apprendra à prendre du temps pour répondre alors que j'ai des bulletins à remplir...
- wizzzNiveau 2
Laissez moi deux secondes, je ne peux pas répondre à tous en même temps!Voli vola a écrit:Mon message, pourtant sans agressivité, n'a pas semblé digne qu'on lui apporte une réponse ?
Je trouve ça dommage, tiens. ça m'apprendra à prendre du temps pour répondre alors que j'ai des bulletins à remplir...
- OlympiasProphète
yogi a écrit:Tout est bien dit Voli Vola,je me retrouve beaucoup dans ce que tu fournis comme réponse.
Je ne peux qu'acquiescer. Je passe chaque jour au bureau des CPE (ils sont trois, et bientôt deux et demi...), je me tiens au courant de ce qui se passe pour mes élèves, tous mes élèves...
Je voudrais savoir aussi si cette incompréhension que je perçois entre les décisions disciplinaires prononcées par les chefs et les attentes des profs est un serpent de mer ou bien, là encore, une réalité.
Cete incompréhension EST une réalité lorsque dans certains établissements, les incidents sont systématiquement minimisés, les élèves "soutenus" contre les profs (ne pas sanctionner suffisamment équivaut à cautionner...), les profs en permanence remis en question...
Nous sommes très nombreux à nous adapter...par contre je refuse de m'adapter à des élèves insolents, n'ayant aucune éducation, séchant en permanence les cours sans être sanctionnés, refusant de travailler...
Dans mon expérience personnelle, j'ai eu le sentiment que les enseignants ne percevaient pas toujours les enjeux qui entouraient la vie de l'élève sorti de la simple logique de punir l'incident de classe.
Qu'entends-tu par là, wizzz ??
- philannDoyen
PaoloSarpi a écrit:Le but des enseignants d'aujourd'hui (je n'ose dire la vocation) est-il d'être "en phase avec la population scolaire" ou de l'amener à des savoirs organisés inaccessibles à une majorité d'entre elles ? Si l'enseignant doit tenir compte des difficultés de chacun, il ne saurait non plus être soumis aux injonctions continuelles de l'adaptation. Dans ses missions, l'école est à la fois conservatrice et révolutionnaire : conservatrice dans la mesure où les bases disciplinaires ne changent pas tous les dix ans, révolutionnaire car elle entend donner à chacun une chance de bouleverser l'échiquier social et de déjouer les déterminismes. Le CDE, hors geste délictueux ou inconsidéré de l'enseignant, devrait le soutenir par principe parce qu'un élève sait fort bien s'engouffrer dans la brèche d'un désaccord ou d'une incohérence.
J'aurais pas mieux dit!!!
- dandelionVénérable
Voli vola a écrit:Mon message, pourtant sans agressivité, n'a pas semblé digne qu'on lui apporte une réponse ?
Je trouve ça dommage, tiens. ça m'apprendra à prendre du temps pour répondre alors que j'ai des bulletins à remplir...
J'ai bien aimé ton message moi (et il me semble ne pas avoir été la seule!). HS: comment vous faites tous pour avoir des chouettes dessins, c'est pô juste! HS off
Hum, sinon Wizz, l'enseignant qui a remis plusieurs rapports (de gravité croissante, incluant une dangerosité pour soi et pour autrui) c'est moi. Et sinon quand tu dis à quelqu'un qu'il peut continuer à subir que l'on crache sur son boulot (parce que quand tu as préparé ton cours et qu'un gamin qui relève plutôt de la psychiatrie que de l'EN te le fous en l'air...), que l'on empêche ses élèves de travailler, qu'on les agresse et qu'on l'agresse aussi, et qu'il n'a qu'à continuer d'avoir la politesse d'attendre de rentrer chez lui pour pleurer, pas devant ses élèves mais devant ses gosses, tu t'étonnes qu'il s'énerve? Et si je venais péter ton ordinateur dans ton bureau tous les jours parce que ma situation familiale est difficile, tu ferais preuve de la même compréhension? Juste pour savoir? (sinon rassure toi, je me suis plusieurs fois fait la réflexion que ce serait plus simple si ma voiture sortait de la route et percutait l'arbre, là, mais je n'ai jamais agressé mes supérieurs, tu peux donc dormir tranquille, les profs retournent la plupart du temps leur désespoir contre eux mêmes).
- gauvain31Empereur
Peut être que Wizz est entrain de comprendre, c'est pour cela qu'elle ne répond pas... Nous sommes dans une société qui manque d'empathie, peut être qu'elle a compris les douleurs que nous subissons et qu'elle préfère ne pas en rajouter
- CathEnchanteur
Wizz me parait tout à fait prêt(e) pour le concours de perdir.
- thrasybuleDevin
:Lool:cath5660 a écrit:Wizz me parait tout à fait prêt(e) pour le concours de perdir.
- dandelionVénérable
thrasybule a écrit:cath5660 a écrit:Wizz me parait tout à fait prêt(e) pour le concours de perdir.
:Lool:
Oh, mais pourquoi supposes-tu qu'elle était sarcastique, il ne faut pas voir le mal partout...
- RoninMonarque
Je trouve la démarche de Wizz intelligente. Il ( elle ? ) cherche à mieux comprendre la situation des enseignants. Peut-être la formulation initiale était elle maladroite mais je trouve que les questions sont pertinentes pour appréhender au mieux son éventuel futur poste. Pour une fois que l'on demande aux enseignants ce qu'ils ressentent et comment ils vivent les choses !
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