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- Raoul VolfoniGrand sage
V.P. : Autrefois, en effet, le maître en était le dépositaire et sa mission était de transmettre des savoirs que l’élève ne pouvait acquérir autrement. Aujourd’hui, l’élève peut accéder à des savoirs ailleurs.
Naguère, lorsque j'étais étudiante, nous "pouvions accéder à des savoirs ailleurs". Nous avions un lieu poussiéreux nommé BU, encombré de milliers de livres. Pour autant, nous préférions écouter d'abord le cours de nos professeurs, problématisé et organisé, avant d'aller faire des recherches. Je ne vois pas ce qui change, si ce n'est qu'on remplace la BU et ses milliers de titres par un Wikipedia qui peut servir les pires sottises (ex : François Ier devenu pape 300 ans après sa mort).
V.P. Venez voir un cours de géographie bien fait avec le numérique. Je peux superposer plusieurs cartes à différentes périodes, avec les évolutions géologiques et industrielles. Si je prends Narbonne en 1930 et en 1978, je peux voir comment la ville s’est industrialisée...
Il y a belle lurette qu'on fait ça avec les bonnes vieilles cartes topographiques. Certes, projeter les extraits de cartes doit être plus pratique (et encore, ça dépend pour quoi ; pour que les élèves travaillent réellement les cartes, mieux vaut leur en donner des photocopies et leur faire rechercher les éléments), mais ce n'est qu'un outil. Je ne vois pas là de quoi s'enthousiasmer hors de toute mesure.
M.S. Quand je pilote ma voiture, mon corps est en position avant pour tenir le volant. Si je suis le passager à côté, je suis assis le corps en arrière, calé au dossier. Dans l’enseignement traditionnel, l’élève qui écoute le professeur est en position passager. Face à l’ordinateur, il est en position conducteur.
L'élève en classe, normalement, ne devrait pas être en position "passager" comme le dit M. Serres. Un môme n'écoute pas un cours dans la même position que pour gober les Anges de la Télé Réalité (je parle bien sûr du monde merveilleux où le cours du prof n'est pas un vague spectacle qui forme un fond sonore empêchant les jeunes de dormir). En classe, on écrit, on trace des figures, on lit, on prend des notes, bref on ne peut pas être en position "passager". Michel Serres profère là une sottise.
Et je ne citerai pas le dernier paragraphe où, entre celui qui sue et celui qui bande, on a une drôle de vision du métier :lol:
- leyadeEsprit sacré
Luigi_B a écrit:Pour info, l'entretien (consternant) se termine par ces mots humbles et délicats de Michel Serres :
Dans une classe de prépa de «taupe» (scientifique), un prof de philo était tombé malade. On m’a demandé de le remplacer au pied levé. Je me suis retrouvé devant des taupins pour qui l’important était de finir l’exercice de maths pendant mon cours. Tout mon problème était de leur faire lever la tête. J’y ai réussi, ça m’a fait bander toute la vie.
la classe! :shock:
et quelle vision de l'animateur-guignol-transversal-peu-importe-la-matière! :shock:
_________________
Maggi is my way, Melfor is my church and Picon is my soutien. Oui bon je sais pas dire soutien en anglais.
LSU AP ENT HDA PAI PAP PPMS PPRE ULIS TICE PAF
- cliohistHabitué du forum
L'article de Libération sera lisible en ligne demain.
Une copie est disponible à l'adresse :
http://www.profencampagne.com/article-avec-le-numerique-le-prof-se-recentre-sur-le-coeur-du-metier-entretien-croise-v-peillon-m-serres-118389946.html
Les messages précédents confirment que les positions sont tranchées, avec des technophiles et des technophobes, et qu'un débat serein sur les potentialités et les impasses du numérique en classe n'aura pas lieu. Les réactions à l'émission Répliques du 08.12.2012 (L'école dans le monde qui vient) l'avaient déjà montré.
Par contre, le numérique est un excellent révélateur des médias et de leur vision du monde.
A quoi servent les réseaux informatiques ?
A écouter le reportage sur Albi, à alléger le cartable !!
Et l'élève peut joindre son prof à tout moment du jour et de la nuit !!.
Aucune allusion à la place des logiciels libres dans la loi Peillon, aucune amorce de réflexion sur le contrôle économique des espaces numériques par les éditeurs traditionnels.
Où est la révolution réclamée par la journaliste du Monde ?
S'agit-il seulement d'afficher à l'écran la double page du manuel traditionnel, quand le réseau de l'établissement accepte de fonctionner ? (dans les bahuts sans argent, va-t-on demander aux élèves d'afficher le manuel sur leur smartphone ?
Tiens, encore une polémique : Le wifi serait dangereux pour les élèves ?
Le wifi, frein politique contre l’école numérique ?
http://www.ludovia.com/2013/06/le-wifi-frein-politique-contre-lecole-numerique/
Une copie est disponible à l'adresse :
http://www.profencampagne.com/article-avec-le-numerique-le-prof-se-recentre-sur-le-coeur-du-metier-entretien-croise-v-peillon-m-serres-118389946.html
Les messages précédents confirment que les positions sont tranchées, avec des technophiles et des technophobes, et qu'un débat serein sur les potentialités et les impasses du numérique en classe n'aura pas lieu. Les réactions à l'émission Répliques du 08.12.2012 (L'école dans le monde qui vient) l'avaient déjà montré.
Par contre, le numérique est un excellent révélateur des médias et de leur vision du monde.
A quoi servent les réseaux informatiques ?
A écouter le reportage sur Albi, à alléger le cartable !!
Et l'élève peut joindre son prof à tout moment du jour et de la nuit !!.
Aucune allusion à la place des logiciels libres dans la loi Peillon, aucune amorce de réflexion sur le contrôle économique des espaces numériques par les éditeurs traditionnels.
Où est la révolution réclamée par la journaliste du Monde ?
S'agit-il seulement d'afficher à l'écran la double page du manuel traditionnel, quand le réseau de l'établissement accepte de fonctionner ? (dans les bahuts sans argent, va-t-on demander aux élèves d'afficher le manuel sur leur smartphone ?
Tiens, encore une polémique : Le wifi serait dangereux pour les élèves ?
Le wifi, frein politique contre l’école numérique ?
http://www.ludovia.com/2013/06/le-wifi-frein-politique-contre-lecole-numerique/
- CondorcetOracle
Mike92 a écrit:Je n'ai rien contre personne, mais l'article de Libé (Peillon et Serres) est à la profondeur de la réflexion ce que le hachis parmentier est à la gastronomie... On navigue dans des lieux communs iréniques sur le radieux avenir qui attend l'EN. Je veux bien, mais alors du concret !!
:lol!: Un bon hachis parmentier est roboratif !
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Raoul Volfoni a écrit:un lieu poussiéreux nommé BU, encombré de milliers de livres.
Aucun rapport avec les ressources de la Toile, sans parler des banques numériques à accès restreint etc.
un Wikipedia qui peut servir les pires sottises (ex : François Ier devenu pape 300 ans après sa mort).
Un livre aussi, y compris les graffiti dans les marges. Là, rien ne change.
[/quote]V.P. Venez voir un cours de géographie bien fait avec le numérique. Je peux superposer plusieurs cartes à différentes périodes, avec les évolutions géologiques et industrielles. Si je prends Narbonne en 1930 et en 1978, je peux voir comment la ville s’est industrialisée...
Il y a belle lurette qu'on fait ça avec les bonnes vieilles cartes topographiques. Certes, projeter les extraits de cartes doit être plus pratique (et encore, ça dépend pour quoi ; pour que les élèves travaillent réellement les cartes, mieux vaut leur en donner des photocopies et leur faire rechercher les éléments), mais ce n'est qu'un outil. Je ne vois pas là de quoi s'enthousiasmer hors de toute mesure.
Superposer voire animer, vous ne le pouviez pas. Quant aux trésors désormais accessibles via ce medium, vous ne les aviez pas tous, assurément. Oui, un outil. Mais qui modifie tâches et perspectives. Concrètement ? Personnellement, je vais cesser d'interdire la consultation des cours en examen (pour ne pas privilégier les possesseurs de smartphones, encore chers chez nous). Charge à moi d'inventer des questions auxquelles on ne trouve pas de réponses toutes faites dans les cours ou sur la Toile, d'organiser mon cours de telle sorte que consulter notes et supports sera déjà une preuve d'intelligence du propos.. Que sais-je ? Je ne dis pas que cela est transposable en l'état dans les lycées et collèges : chacun son métier, et nos chères têtes blondes serontetc.
En classe, on écrit, on trace des figures, on lit, on prend des notes, bref on ne peut pas être en position "passager". Michel Serres profère là une sottise.
Vous décrivez ce qui se passe durant un cours magistral. Or Serres vous dit ce que vous constatez au quotidien, ou ce que vous craignez à terme (moi aussi) : fini le cours magistral. Je pense qu'il a raison, cela me paraît une parenthèse de quelques siècles. Le lien avec l'informatique n'est pas évident en France où vous n'avez pas un poste par élève.
- Raoul VolfoniGrand sage
Nom d'utilisateur a écrit:Raoul Volfoni a écrit:un lieu poussiéreux nommé BU, encombré de milliers de livres.
Aucun rapport avec les ressources de la Toile, sans parler des banques numériques à accès restreint etc.
Pourquoi aucun rapport ? Parce qu'il suffit de cliquer pour les obtenir ? Parce que la Toile est supposée tout contenir ? C'est une vraie question.
un Wikipedia qui peut servir les pires sottises (ex : François Ier devenu pape 300 ans après sa mort).
Un livre aussi, y compris les graffiti dans les marges. Là, rien ne change.
Certes. Sauf que Wikipedia devient la seule et unique source de connaissance, la référence. Il suffit de voir ce que font les élèves. C'est là qu'est l'os.
V.P. Venez voir un cours de géographie bien fait avec le numérique. Je peux superposer plusieurs cartes à différentes périodes, avec les évolutions géologiques et industrielles. Si je prends Narbonne en 1930 et en 1978, je peux voir comment la ville s’est industrialisée...
Il y a belle lurette qu'on fait ça avec les bonnes vieilles cartes topographiques. Certes, projeter les extraits de cartes doit être plus pratique (et encore, ça dépend pour quoi ; pour que les élèves travaillent réellement les cartes, mieux vaut leur en donner des photocopies et leur faire rechercher les éléments), mais ce n'est qu'un outil. Je ne vois pas là de quoi s'enthousiasmer hors de toute mesure.
Superposer voire animer, vous ne le pouviez pas. Quant aux trésors désormais accessibles via ce medium, vous ne les aviez pas tous, assurément. Oui, un outil. Mais qui modifie tâches et perspectives. Concrètement ? Personnellement, je vais cesser d'interdire la consultation des cours en examen (pour ne pas privilégier les possesseurs de smartphones, encore chers chez nous). Charge à moi d'inventer des questions auxquelles on ne trouve pas de réponses toutes faites dans les cours ou sur la Toile, d'organiser mon cours de telle sorte que consulter notes et supports sera déjà une preuve d'intelligence du propos.. Que sais-je ? Je ne dis pas que cela est transposable en l'état dans les lycées et collèges : chacun son métier, et nos chères têtes blondes serontetc.
Superposer et animer, on va le faire combien de fois dans une année ? Et utiliser les trésors accessibles via la Toile ? Le coeur du métier, pour reprendre le titre de l'article, ne se trouve pas là à mon avis.
En classe, on écrit, on trace des figures, on lit, on prend des notes, bref on ne peut pas être en position "passager". Michel Serres profère là une sottise.
Vous décrivez ce qui se passe durant un cours magistral. Or Serres vous dit ce que vous constatez au quotidien, ou ce que vous craignez à terme (moi aussi) : fini le cours magistral. Je pense qu'il a raison, cela me paraît une parenthèse de quelques siècles. Le lien avec l'informatique n'est pas évident en France où vous n'avez pas un poste par élève.
En cours magistral, vous tracez des figures ? Il faudrait redéfinir ce qu'est le cours magistral. Pour moi, c'est : le prof parle, les élèves notent. Si les élèves lisent, tracent des figures, élaborent un croquis, on n'est plus dans du magistral.
Ceci dit, il y a des phases magistrales en classe. Je vois mal comment s'en passer ; mais on ne peut pas faire du magistral sur une heure avec des sixièmes ni même avec des terminales. Il faut arrêter de croire qu'on sert un cours tombant du haut de la chaire aux élèves. Et en plus, les élèves ne détestent pas un peu de magistral :lol: [/quote]
- IgniatiusGuide spirituel
Luigi_B a écrit:Pour info, l'entretien (consternant) se termine par ces mots humbles et délicats de Michel Serres :
Dans une classe de prépa de «taupe» (scientifique), un prof de philo était tombé malade. On m’a demandé de le remplacer au pied levé. Je me suis retrouvé devant des taupins pour qui l’important était de finir l’exercice de maths pendant mon cours. Tout mon problème était de leur faire lever la tête. J’y ai réussi, ça m’a fait bander toute la vie.
Ouais, apparemment, notre Priape de 80 ans n'a pas cessé depuis dès qu'il voit un truc moderne.
C'est dingue des propos pareils.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- Nom d'utilisateurNiveau 10
@Raoul Volfoni:
-"Parce qu'il suffit de cliquer pour les obtenir ? Parce que la Toile est supposée tout contenir ?"
plus accessible, pas tout et autre chose, mais potentiellement tout (si l'on développe les bibliothèques numériques)... c'est très différent, je trouve. Et puis quand même, hein, déjà : d'énorme pans de la littérature libre de droits (et même copyrightée s'agissant de certains pays moins regardants), dictionnaires, encyclopédies. Plus que la Bibliothèque du Congrès évidemment.
- entièrement d'accord avec vous : il y a trop de Wikipedia (et, du reste, trop de Google au détriment d'autres moteurs de recherche etc.)
- sur l'organisation du cours en classe : il y a assurément une grosse différence suivant niveaux et même matières (langues vivantes versus philo au lycée, par exemple), mais la possession d'un accès internet pour chaque auditeur ne peut que modifier très concrètement le déroulement d'un cours. Je ne dis pas que c'est / sera un mieux en soi, mais qu'il faut d'ores et déjà y réfléchir. Et trouver autre chose que des motifs pour se lamenter.
-"Parce qu'il suffit de cliquer pour les obtenir ? Parce que la Toile est supposée tout contenir ?"
plus accessible, pas tout et autre chose, mais potentiellement tout (si l'on développe les bibliothèques numériques)... c'est très différent, je trouve. Et puis quand même, hein, déjà : d'énorme pans de la littérature libre de droits (et même copyrightée s'agissant de certains pays moins regardants), dictionnaires, encyclopédies. Plus que la Bibliothèque du Congrès évidemment.
- entièrement d'accord avec vous : il y a trop de Wikipedia (et, du reste, trop de Google au détriment d'autres moteurs de recherche etc.)
- sur l'organisation du cours en classe : il y a assurément une grosse différence suivant niveaux et même matières (langues vivantes versus philo au lycée, par exemple), mais la possession d'un accès internet pour chaque auditeur ne peut que modifier très concrètement le déroulement d'un cours. Je ne dis pas que c'est / sera un mieux en soi, mais qu'il faut d'ores et déjà y réfléchir. Et trouver autre chose que des motifs pour se lamenter.
- cliohistHabitué du forum
Sauf erreur, Michel Serres ne parle pas de récitation de Wikipedia en cours, mais du fait que ses étudiants aient eu la curiosité de voir ce qui était écrit sur le sujet dans Wikipedia (Encarta n'existe plus, et pour l'Universalis, il faut avoir payé un abonnement).2) il peut être certain que l'étudiant n'est pas avide de savoir au point de faire ça, car s'il se lève pour aller en cors, ce n'est pas pour être redondant avec Wikipédia
3) qu'un cours de fac, ce n'est pas la récitation de Wikipédia.
L'allusion à l'imprimerie mériterait débat.
A l'époque de Rabelais ou plus tard à celle de Montaigne, quel pourcentage de la population savait lire et avait accès aux livres ?
N'a-t-il pas fallu attendre le XIXe pour voir un accès élargi à la lecture et au livre (sous la forme des manuels scolaires).
Quant à la circulation des livres dans l'ensemble de la société, ne date-t-elle pas plutôt du livre de poche (vers 1954 en France) ?
- IgniatiusGuide spirituel
Michel Serres a écrit:Le support change le contenu. Dès que le support est nouveau, le contenu du savoir commence à se transformer.
C'est très discutable cela non ?
Que des supports facilitent la transmission de certains savoirs, cela me paraît évident, mais ils ne changent pas fondamentalement le savoir.
J'ai plutôt l'impression qu'actuellement on cherche à tout crin à changer la nature du savoir enseigné afin qu'elle s'adapte aux nouveaux outils.
La bonne question est de savoir lequel de ces modes de savoir est le plus utile à la formation des futurs citoyens, les savoirs structurés et intégrés permettant de réfléchir de manière autonome, ou la capacité à aller chercher l'information, qui ne sert finalement pas à grand-chose quand on n'est pas capable de l'analyser ?
Michel Serres a écrit:Car la technique n’est pas seulement de la technique. C’est le support de l’écriture qui a permis d’inventer la géométrie. Avec le support imprimé, la tête change tellement que cela a fait dire à Montaigne : «Je préfère une tête bien faite à une tête bien pleine.»
Ah bon ?
Les esprits des hommes étaient si différents auparavant ?
On ne peut comprendre le passé car ils ne pensaient pas comme nous ?
Je m'étais tjrs laissé dire que les hommes qui vivaient il y a 3000 ans étaient aussi intelligents que Nabila, mais bon, je peux me tromper...
Serres semble avoir une fascination pour la mutation : il veut que l'homme change profondément.
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- PseudoDemi-dieu
Luigi_B a écrit:Pour info, l'entretien (consternant) se termine par ces mots humbles et délicats de Michel Serres :
Dans une classe de prépa de «taupe» (scientifique), un prof de philo était tombé malade. On m’a demandé de le remplacer au pied levé. Je me suis retrouvé devant des taupins pour qui l’important était de finir l’exercice de maths pendant mon cours. Tout mon problème était de leur faire lever la tête. J’y ai réussi, ça m’a fait bander toute la vie.
:lol!:
Petit événement, grands effets
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Igniatius a écrit:
Que des supports facilitent la transmission de certains savoirs, cela me paraît évident, mais ils ne changent pas fondamentalement le savoir.
C'est le centre du désaccord. Ce que vous appelez "le savoir" change-t-il ? En particulier : change-t-il suivant la façon dont on va le chercher, dont on le stocke, le produit et le diffuse (puisque les quatre sont liés) ? Les livres de Serres et d'autres suggèrent que oui.
- Luigi_BGrand Maître
Aucun rapport avec le web en effet : une bibliothèque sélectionne son contenu, le rationalise et l'organise.Nom d'utilisateur a écrit:Aucun rapport avec les ressources de la Toile, sans parler des banques numériques à accès restreint etc.Raoul Volfoni a écrit:un lieu poussiéreux nommé BU, encombré de milliers de livres.
Un livre est écrit par ou plusieurs auteurs identifiés et compétents et il engage la responsabilité d'un éditeur. Cette démarche peut également se retrouver sur le web mais pas sur Wikipédia, le cinquième site le plus consulté au monde. Cf http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/30-wikipedia-l-important-c-est-de-participerUn livre aussi, y compris les graffiti dans les marges. Là, rien ne change.un Wikipedia qui peut servir les pires sottises (ex : François Ier devenu pape 300 ans après sa mort).
La "consultation", c'est effectivement le plus haut degré de la réflexion. On peut consulter un résolution d'équation ou de problème, on peut consulter une explication de texte ou une dissertation : plus besoin de réfléchir ou même de comprendre, il suffit de consulter ! C'est d'ailleurs ce qu'ont fait mes élèves : http://www.laviemoderne.net/malices/9-comment-j-ai-pourri-le-webPersonnellement, je vais cesser d'interdire la consultation des cours en examen (pour ne pas privilégier les possesseurs de smartphones, encore chers chez nous). Charge à moi d'inventer des questions auxquelles on ne trouve pas de réponses toutes faites dans les cours ou sur la Toile, d'organiser mon cours de telle sorte que consulter notes et supports sera déjà une preuve d'intelligence du propos...
Que sais-je ? Je ne dis pas que cela est transposable en l'état dans les lycées et collèges : chacun son métier, et nos chères têtes blondes serontetc.
Il s'agit moins de craindre pour notre intérêt propre que pour celui des élèves, malheureusement. Encore une fois les nouvelles technologies viennent au secours des (vieilles) nouvelles pédagogies.Vous décrivez ce qui se passe durant un cours magistral. Or Serres vous dit ce que vous constatez au quotidien, ou ce que vous craignez à terme (moi aussi) : fini le cours magistral.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
Vous confondez les connaissances et le savoir : http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/23-je-google-donc-je-saisNom d'utilisateur a écrit:Ce que vous appelez "le savoir" change-t-il ? En particulier : change-t-il suivant la façon dont on va le chercher, dont on le stocke, le produit et le diffuse (puisque les quatre sont liés) ? Les livres de Serres et d'autres suggèrent que oui.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
+1cliohist a écrit:L'allusion à l'imprimerie mériterait débat.
A l'époque de Rabelais ou plus tard à celle de Montaigne, quel pourcentage de la population savait lire et avait accès aux livres ?
N'a-t-il pas fallu attendre le XIXe pour voir un accès élargi à la lecture et au livre (sous la forme des manuels scolaires).
Quant à la circulation des livres dans l'ensemble de la société, ne date-t-elle pas plutôt du livre de poche (vers 1954 en France) ?
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
Il ne s'agit pas de se lamenter, il s'agit d'avoir un regard critique, et de ne pas céder à la béatitude de Michel Serres : http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/37-l-acculture-en-serresNom d'utilisateur a écrit:Je ne dis pas que c'est / sera un mieux en soi, mais qu'il faut d'ores et déjà y réfléchir. Et trouver autre chose que des motifs pour se lamenter.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- IgniatiusGuide spirituel
Nom d'utilisateur a écrit:Igniatius a écrit:
Que des supports facilitent la transmission de certains savoirs, cela me paraît évident, mais ils ne changent pas fondamentalement le savoir.
C'est le centre du désaccord. Ce que vous appelez "le savoir" change-t-il ? En particulier : change-t-il suivant la façon dont on va le chercher, dont on le stocke, le produit et le diffuse (puisque les quatre sont liés) ? Les livres de Serres et d'autres suggèrent que oui.
Mais je crois que tu confonds savoir et information dans cette phrase, non ?
Il est évident que l'info, et l'accès à l'info, sont radicalement transformés, par l'imprimerie d'abord, puis par le numérique aujourd'hui.
Ce qui ne change pas je crois (et depuis des millénaires finalement), c'est la façon dont on s'approprie le savoir : s'il s'agit d'être capable de cliquer pour répondre à une question, j'avoue ne pas comprendre l'utilité de l'école et, surtout, je pense que cette compétence n'a qu'un intérêt très très limité, tant pour la société que pour l'individu qui la possède.
J'ai une vision émancipatrice du savoir qui consiste à penser qu'en intégrant les connaissances, en comprenant leurs fondements et leurs justifications (et pas seulement en les récitant comme nous propose de le faire Serres) on est amenés à critiquer le monde qui nous entoure et à le faire évoluer.
Je sais bien que Serres pense la même chose, mais mon avis est qu'il est impossible de se passer d'une intégration personnelle du savoir, ce qui nécessite un effort. Or, Serres prétend que l'on peut se passer de cette étape et demeurer créatif.
Je pense que c'est une erreur fondamentale : il la fait parce qu'il n'a jamais rencontré des classes de collégiens ou de lycéens modernes.
La vision du savoir que tu rapportes ici (je ne sais pas si tu la fais tienne) me semble très étriquée : c'est celle de la fourmilière, pas des Lumières.
Mais peut-être interprété-je mal ton propos ?
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St Augustin
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Brian Wilson
- Luigi_BGrand Maître
cliohist, par définition il y a très peu de technophobes sur un forum en ligne. :lol:cliohist a écrit:Les messages précédents confirment que les positions sont tranchées, avec des technophiles et des technophobes, et qu'un débat serein sur les potentialités et les impasses du numérique en classe n'aura pas lieu.
Le débat se situe dans la nécessaire prise de conscience qu'un regard critique sur le numérique sous toutes ses formes (à l'école et à la maison, institutionnel et sauvage) est nécessaire et je suis sûr que nos positions sont beaucoup plus proches que vous ne le pensez.
Méfiez-vous de "Ludovia" : http://www.laviemoderne.net/forum/vers-l-ecole-numerifiee/1104-passer-a-l-ecole-numerique-petit-index-du-web#1716Le wifi, frein politique contre l’école numérique ?
http://www.ludovia.com/2013/06/le-wifi-frein-politique-contre-lecole-numerique/
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- CasparProphète
Je ne suis pas technophobe, loin de là mais doit-on nous supporter des formules complètement creuses et indigentes comme "se recentrer sur le coeur du métier"?
- retraitéeDoyen
Comme le disait notre ancien proviseur dans un discours qui fit date : Nous allons nous recentrer autour d'un axe.
- philannDoyen
Je ne pense pas être technophobe!
Mais il en va du numérique comme des autres nouveautés de l'EN...J'ai du mal avec le dogme de l'innovation.
Quant aux discours de Serres, ça fait quand même un bout de temps qu'il a vrillé intellectuellement!!
Mais il en va du numérique comme des autres nouveautés de l'EN...J'ai du mal avec le dogme de l'innovation.
Quant aux discours de Serres, ça fait quand même un bout de temps qu'il a vrillé intellectuellement!!
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- CasparProphète
C'est un "bon client" pour les télés et les radios.
- gnafron2004Grand sage
excusez-moi, je viens juste de lire le titre du sujet et ma réaction a étée :
MOUAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAHHAHAH !!!
MOUAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAHHAHAH !!!
- Isis39Enchanteur
Raoul Volfoni a écrit:.
V.P. Venez voir un cours de géographie bien fait avec le numérique. Je peux superposer plusieurs cartes à différentes périodes, avec les évolutions géologiques et industrielles. Si je prends Narbonne en 1930 et en 1978, je peux voir comment la ville s’est industrialisée...
Il y a belle lurette qu'on fait ça avec les bonnes vieilles cartes topographiques. Certes, projeter les extraits de cartes doit être plus pratique (et encore, ça dépend pour quoi ; pour que les élèves travaillent réellement les cartes, mieux vaut leur en donner des photocopies et leur faire rechercher les éléments), mais ce n'est qu'un outil. Je ne vois pas là de quoi s'enthousiasmer hors de toute mesure.
Superposer en transparence des cartes topo et photos papiers, il faudra m'expliquer comment tu fais.
Les SIG sont un vrai plus dans l'enseignement de la géo.
- CondorcetOracle
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2008-01-0101-010
http://www.enssib.fr/breves/2013/04/05/lumieres-numeriques-entretien-avec-roger-chartier
http://www.enssib.fr/breves/2013/04/05/lumieres-numeriques-entretien-avec-roger-chartier
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