- CondorcetOracle
barèges a écrit:La situation que je décris ne devient caricaturale qu'avec la pénurie de postes, quand le "vivier" des candidatures "impeccables" dépasse déjà largement le nombre de places attribuables. Le modèle de carrière devient de ce fait unique.
Dommage tout de même, la recherche se nourrissant au moins en partie de la variété des chercheurs.
Oui, des profils moins "excellents" nourrissaient aussi des approches moins conventionnelles.
- e-WandererGrand sage
Cela dit, Barèges, il ne faut pas réduire ces thèses brillantes à la simple reproduction d'un modèle ou d'une pensée pré-digérée, au prétexte que le parcours du chercheur serait académique. Ce serait injuste et caricatural.
- barègesÉrudit
Ce n'est absolument pas ce que je dis, je ne pense pas qu'il y ait une "pensée unique". De toute façon la pré-digestion se verrait vite, et ne plairait pas !
Je pense à certains parcours tout aussi brillants, mais complètement atypiques, et je ne parle pas de ma génération.
Je pense à certains parcours tout aussi brillants, mais complètement atypiques, et je ne parle pas de ma génération.
- barègesÉrudit
Sinon, pendant qu'on parle de l'anglais dans les universités, les faillites s'accumulent et le dégraissage s'organise.
A ce sujet, comment comprendre cet extrait d'une "lettre de cadrage" à Paris 1 demandant aux directeurs de composante de réduire de 10% l'offre de formation ?
- faute d'argent, il y a gel d'embauche d'ATER et MCF
- pour pouvoir recruter à nouveau, il faut économiser sur les heures donc diminuer l'offre de formation ;
- mais s'il y a moins d'heures, les enseignants en place pourront largement les assurer, donc comment motiver le fait de recruter ? Sur quelle base ?
Je ne comprends pas là...
A ce sujet, comment comprendre cet extrait d'une "lettre de cadrage" à Paris 1 demandant aux directeurs de composante de réduire de 10% l'offre de formation ?
(http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6119)Le constat est évident : l’effort d’économies porte principalement sur le non-recrutement de jeunes collègues (ATER, MCF) ; il faut sortir de cette logique de régression et pouvoir enclencher une dynamique de recrutement de collègues sur des postes temporaires (ATER) ou permanents (MCF, professeurs). Pour retrouver la capacité d’embauche, il faut réorienter les mesures d’économies vers une plus grande maîtrise de l’offre de formation. La proposition faite lors de la réunion des directeurs d’UFR a été la suivante : se fixer un objectif de réduction de l’offre de formation de 10% pour l’ensemble de l’université pour l’année universitaire 2013-2014.
- faute d'argent, il y a gel d'embauche d'ATER et MCF
- pour pouvoir recruter à nouveau, il faut économiser sur les heures donc diminuer l'offre de formation ;
- mais s'il y a moins d'heures, les enseignants en place pourront largement les assurer, donc comment motiver le fait de recruter ? Sur quelle base ?
Je ne comprends pas là...
- e-WandererGrand sage
Si, justement, tu as tout compris. C'est le prétexte (on n'a pas d'argent pour payer des heures complémentaires, donc on réduit l'offre de formation : ça, c'est c'est le discours officiel). Ensuite il y a les réalités: des postes sucrés lors des mutations ou des départs en retraite, parce que les collègues se retrouvent en sous-service. Et du coup, il devient beaucoup plus facile pour les administratifs de gérer la masse budgétaire. En tout cas c'est ce que j'observe autour de moi : une politique de restrictions tous azimuts qui n'ose pas dire son nom, et une main-mise des administratifs sur la fac.
- barègesÉrudit
Pour le coup je pensais et espérais qu'un paramètre m'avait échappé.
Si tel n'est pas le cas, je ne vois pas comment on peut écrire sans rougir que l'argent économisé avec les 10% servira à recruter des enseignants, et je ne vois pas qui le croira. C'est cousu de fil blanc !
Je souscris sans réserve à votre dernière phrase.
Si tel n'est pas le cas, je ne vois pas comment on peut écrire sans rougir que l'argent économisé avec les 10% servira à recruter des enseignants, et je ne vois pas qui le croira. C'est cousu de fil blanc !
Je souscris sans réserve à votre dernière phrase.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
e-Wanderer a écrit:Si, justement, tu as tout compris. C'est le prétexte (on n'a pas d'argent pour payer des heures complémentaires, donc on réduit l'offre de formation : ça, c'est c'est le discours officiel). Ensuite il y a les réalités: des postes sucrés lors des mutations ou des départs en retraite, parce que les collègues se retrouvent en sous-service. Et du coup, il devient beaucoup plus facile pour les administratifs de gérer la masse budgétaire. En tout cas c'est ce que j'observe autour de moi : une politique de restrictions tous azimuts qui n'ose pas dire son nom, et une main-mise des administratifs sur la fac.
Et dans quelques années, les administratifs pourront travailler enfin seuls! Ils n'auront plus d'EC sur le dos, peut-être plus d'étudiants, et ils s'auto-alimenteront avec leur paperasse et leurs procédures. Il y a sans doute des économies à faire, mais pas sur les postes d'enseignants et d'EC
- Nom d'utilisateurNiveau 10
barèges a écrit:
(http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6119)Le constat est évident : l’effort d’économies porte principalement sur le non-recrutement de jeunes collègues (ATER, MCF) ; il faut sortir de cette logique de régression et pouvoir enclencher une dynamique de recrutement de collègues sur des postes temporaires (ATER) ou permanents (MCF, professeurs). Pour retrouver la capacité d’embauche, il faut réorienter les mesures d’économies vers une plus grande maîtrise de l’offre de formation. La proposition faite lors de la réunion des directeurs d’UFR a été la suivante : se fixer un objectif de réduction de l’offre de formation de 10% pour l’ensemble de l’université pour l’année universitaire 2013-2014.
- faute d'argent, il y a gel d'embauche d'ATER et MCF
- pour pouvoir recruter à nouveau, il faut économiser sur les heures donc diminuer l'offre de formation ;
- mais s'il y a moins d'heures, les enseignants en place pourront largement les assurer, donc comment motiver le fait de recruter ? Sur quelle base ?
Je ne comprends pas là...
Oui, tous les mécanismes qui viennent à l'esprit pour expliquer ce texte relèvent de la pensée shaddock !
Tant qu'à faire, s'il faut gérer la misère et que rien n'y fait, que soient donc supprimées les heures complémentaires des titulaires. J'en serais personnellement fort marri, mais au moins, on comprendrait immédiatement de quoi il s'agit.
- CondorcetOracle
Quelque part, l'enseignement supérieur récolte ce qu'il n'a pas semé : en 2003, il a été d'une cécité aveuglante, en 2007, d'une nullité confondante, en 2009, d'une effervescence plus qu'encourageante, en 2012/2013 d'un mutisme coupable.
- damanhourNiveau 9
quand je vois que des MCF nommés dans les années 90 n'ont pas publié une ligne, assurent des cours auxquels les étudiants ne veulent plus aller, se déchargent de leurs copies sur les "précaires" et ne se remettent même pas en question...Je n'ai pas envie d'être la génération sacrifiée de ces fumistes désolée (et de devoir supplier chaque année pour un poste payé au SMIC avec trois fois plus d'heures qu'un titulaire)
au moins au lycée, tu te sens plus considérée (si , si !!!!)
quitte à revenir passer les entretiens de recrutement mais en ayant de quoi te payer le billet de train et sans avoir l'impression de jouer ton dîner du soir même.
Il faudrait quand même que certains EC "non publiants" "non enseignants" (et j'en connais) réfléchissent au fait qu'ils sont un peu responsables aussi de cette crise
au moins au lycée, tu te sens plus considérée (si , si !!!!)
quitte à revenir passer les entretiens de recrutement mais en ayant de quoi te payer le billet de train et sans avoir l'impression de jouer ton dîner du soir même.
Il faudrait quand même que certains EC "non publiants" "non enseignants" (et j'en connais) réfléchissent au fait qu'ils sont un peu responsables aussi de cette crise
- e-WandererGrand sage
PaoloSarpi a écrit:Quelque part, l'enseignement supérieur récolte ce qu'il n'a pas semé : en 2003, il a été d'une cécité aveuglante, en 2007, d'une nullité confondante, en 2009, d'une effervescence plus qu'encourageante, en 2012/2013 d'un mutisme coupable.
Peut-être. Mais il y a aussi des raisons à ce mutisme.
Quand on fait 6 mois de blocage dur sans autre résultat que les caricatures de journalistes aux ordres dans les grands médias, ça décourage un peu : aux yeux de l'opinion, les universitaires sont des nantis qui ne font que 192h par an (et il est d'ailleurs normal qu'un commerçant ou un ouvrier à qui on n'explique pas les choses soit complètement sidéré). L'universitaire est un "prof" (catégorie particulièrement haïe, à peu près autant que les cheminots), mais en pire : toujours en grève et mettant les étudiants dans la rue, toujours en vacances, travaillant 8h par semaine (quelle planque !) et de durcroît responsable du chômage des jeunes (on a beau expliquer que 90% des titulaires d'un master trouvent un emploi dans les 6 mois, les gens ne voient que le taux d'échec monstrueux en début de cursus, et nous en veulent de ne pas transformer des citrouilles en carrosses).
Pire : les blocages successifs contre le CPE ou contre la LRU ont fini par avoir un impact énorme sur les effectifs étudiants. Dans mon université, la lutte contre la loi Pécresse a failli être fatale. C'était tout de même la 3e grosse grève en 4 ans ! (on imagine les conséquences pour un étudiant de licence peu autonome...). Chez nous, la moitié des étudiants de 1ère année ne s'est même pas présentée aux examens de fin d'année et on ne les a plus jamais revus. L'année suivante, les inscriptions ont vraiment plongé, et depuis nous sommes sur la corde raide.
Je crois vraiment que nous ne pouvons malheureusement plus nous permettre de mouvement dur. Ou alors il faudrait que tout le monde suive (les facs de sciences n'ont absolument pas bougé la dernière fois). Pécresse, qui aurait vu crever avec le plus grand plaisir les facs de SHS, buvait du petit lait, et Fioraso est exactement sur la même ligne (voir sa sortie consternante sur Proust). Pire : elle n'a d'yeux que pour la recherche appliquée, et partage à ce sujet la même vision myope que ce crétin d'Allègre. Elle laisse notamment le CNRS mourir à petit feu.
Comment agir dans de telles conditions sans se faire hara-kiri ? Il faudrait au moins avoir les médias avec nous, ce qui est loin d'être le cas.
- damanhourNiveau 9
e-Wanderer a écrit: durcroît responsable du chômage des jeunes (on a beau expliquer que 90% des titulaires d'un master trouvent un emploi dans les 6 mois, les gens ne voient que le taux d'échec monstrueux en début de cursus, et nous en veulent de ne pas transformer des citrouilles en carrosses).
.
La plupart de mes étudiants ont du faire une autre école (payante) pour trouver un job dans les ressources humaines et les autres avec un Master 1 se sont dirigés vers la mission locale, l'intérim (sandwichs ou services à la personne) ou les stages non rémunérés dans le culturel...Ce n'est pas faute de les avoir prévenus en L1, L2, L3 mais on aurait pu être plus actifs en master si des collègues ne nous avaient pas traités de vendus au grand capital
l'orientation active je la ferai au lycée
- RuthvenGuide spirituel
damanhour a écrit:
L'orientation active je la ferai au lycée
Elle est faite puisque justement les L1 récupèrent tous ceux qui n'ont pas pu avoir autre chose ... :diable: Il faudrait peut-être se mouiller la chemise et faire la tournée des lycées (les CPGE le font).
La publication des statistiques de réussite en licence aurait dû être l'occasion d'un électrochoc médiatique.
L'université tente pourtant de trouver des solutions pour redorer son image (les bi-licences, les licences humanités, les prépas universitaires (en sciences comme en lettres)), mais là encore silence radio dans les établissements du second degré.
- damanhourNiveau 9
Ruthven a écrit:damanhour a écrit:
L'orientation active je la ferai au lycée
Elle est faite puisque justement les L1 récupèrent tous ceux qui n'ont pas pu avoir autre chose ... :diable: Il faudrait peut-être se mouiller la chemise et faire la tournée des lycées (les CPGE le font).
La publication des statistiques de réussite en licence aurait dû être l'occasion d'un électrochoc médiatique.
L'université tente pourtant de trouver des solutions pour redorer son image (les bi-licences, les licences humanités, les prépas universitaires (en sciences comme en lettres)), mais là encore silence radio dans les établissements du second degré.
en effet, un de mes élèves de terminale m'annonce qu'il va s'inscrire en fac de psycho dans le Nord. Ben comment dire, j'ai honte mais je l'ai redirigé vers un IUT. (c'est mal ) Tout seul, en fac, sans piston pour travailler en psycho après, sans réseau...
Le problème n'est pas l'enseignement mais le fait que l'insertion dans le milieu professionnel se fait par réseau ou par concours. Un réseau est difficile à avoir dans certains domaines et dans certains milieux et la fac ne le propose pas.
- CondorcetOracle
e-Wanderer a écrit:PaoloSarpi a écrit:Quelque part, l'enseignement supérieur récolte ce qu'il n'a pas semé : en 2003, il a été d'une cécité aveuglante, en 2007, d'une nullité confondante, en 2009, d'une effervescence plus qu'encourageante, en 2012/2013 d'un mutisme coupable.
Peut-être. Mais il y a aussi des raisons à ce mutisme.
Quand on fait 6 mois de blocage dur sans autre résultat que les caricatures de journalistes aux ordres dans les grands médias, ça décourage un peu : aux yeux de l'opinion, les universitaires sont des nantis qui ne font que 192h par an (et il est d'ailleurs normal qu'un commerçant ou un ouvrier à qui on n'explique pas les choses soit complètement sidéré). L'universitaire est un "prof" (catégorie particulièrement haïe, à peu près autant que les cheminots), mais en pire : toujours en grève et mettant les étudiants dans la rue, toujours en vacances, travaillant 8h par semaine (quelle planque !) et de durcroît responsable du chômage des jeunes (on a beau expliquer que 90% des titulaires d'un master trouvent un emploi dans les 6 mois, les gens ne voient que le taux d'échec monstrueux en début de cursus, et nous en veulent de ne pas transformer des citrouilles en carrosses).
Pire : les blocages successifs contre le CPE ou contre la LRU ont fini par avoir un impact énorme sur les effectifs étudiants. Dans mon université, la lutte contre la loi Pécresse a failli être fatale. C'était tout de même la 3e grosse grève en 4 ans ! (on imagine les conséquences pour un étudiant de licence peu autonome...). Chez nous, la moitié des étudiants de 1ère année ne s'est même pas présentée aux examens de fin d'année et on ne les a plus jamais revus. L'année suivante, les inscriptions ont vraiment plongé, et depuis nous sommes sur la corde raide.
Je crois vraiment que nous ne pouvons malheureusement plus nous permettre de mouvement dur. Ou alors il faudrait que tout le monde suive (les facs de sciences n'ont absolument pas bougé la dernière fois). Pécresse, qui aurait vu crever avec le plus grand plaisir les facs de SHS, buvait du petit lait, et Fioraso est exactement sur la même ligne (voir sa sortie consternante sur Proust). Pire : elle n'a d'yeux que pour la recherche appliquée, et partage à ce sujet la même vision myope que ce crétin d'Allègre. Elle laisse notamment le CNRS mourir à petit feu.
Comment agir dans de telles conditions sans se faire hara-kiri ? Il faudrait au moins avoir les médias avec nous, ce qui est loin d'être le cas.
Il faudrait surtout que les spécialistes des médias aident leurs collègues à maîtriser les codes inhérents à ceux-ci. On ne les a pas beaucoup vus...
- CondorcetOracle
damanhour a écrit:Ruthven a écrit:damanhour a écrit:
L'orientation active je la ferai au lycée
Elle est faite puisque justement les L1 récupèrent tous ceux qui n'ont pas pu avoir autre chose ... :diable: Il faudrait peut-être se mouiller la chemise et faire la tournée des lycées (les CPGE le font).
La publication des statistiques de réussite en licence aurait dû être l'occasion d'un électrochoc médiatique.
L'université tente pourtant de trouver des solutions pour redorer son image (les bi-licences, les licences humanités, les prépas universitaires (en sciences comme en lettres)), mais là encore silence radio dans les établissements du second degré.
en effet, un de mes élèves de terminale m'annonce qu'il va s'inscrire en fac de psycho dans le Nord. Ben comment dire, j'ai honte mais je l'ai redirigé vers un IUT. (c'est mal ) Tout seul, en fac, sans piston pour travailler en psycho après, sans réseau...
Le problème n'est pas l'enseignement mais le fait que l'insertion dans le milieu professionnel se fait par réseau ou par concours. Un réseau est difficile à avoir dans certains domaines et dans certains milieux et la fac ne le propose pas.
Tu n'as pas à avoir honte car tu as fait oeuvre de salut public.
- e-WandererGrand sage
damanhour a écrit:
La plupart de mes étudiants ont du faire une autre école (payante) pour trouver un job dans les ressources humaines et les autres avec un Master 1 se sont dirigés vers la mission locale, l'intérim (sandwichs ou services à la personne) ou les stages non rémunérés dans le culturel...Ce n'est pas faute de les avoir prévenus en L1, L2, L3 mais on aurait pu être plus actifs en master si des collègues ne nous avaient pas traités de vendus au grand capital
l'orientation active je la ferai au lycée
Je crois vraiment que les choses sont très différentes entre ta discipline et la mienne. Déjà au niveau du comportement des collègues : très peu de glandeurs dans mon département, et au contraire beaucoup de collègues qui se donnent à fond dans le domaine de la recherche (d'ailleurs, les 3 principales équipes ont été très bien notées par l'ANR puis l'AERES).
Même chose pour nos étudiants de Master: ils trouvent de vrais postes, intéressants (80% se déclarent satisfaits de leur premier emploi, selon une enquête de l'université). C'est en Licence que ça pose problème, car notre système marche sur la tête : on sélectionne les étudiants sur dossier à l'entrée des filières courtes (BTS, IUT...) et pas à l'entrée des filières longues, les plus académiques ! Comme en plus les meilleurs bacheliers vont en prépa et que l'encadrement est moindre à l'université, il ne faut pas s'étonner des taux d'échec en licence...
- damanhourNiveau 9
e-Wanderer a écrit:damanhour a écrit:
La plupart de mes étudiants ont du faire une autre école (payante) pour trouver un job dans les ressources humaines et les autres avec un Master 1 se sont dirigés vers la mission locale, l'intérim (sandwichs ou services à la personne) ou les stages non rémunérés dans le culturel...Ce n'est pas faute de les avoir prévenus en L1, L2, L3 mais on aurait pu être plus actifs en master si des collègues ne nous avaient pas traités de vendus au grand capital
l'orientation active je la ferai au lycée
Je crois vraiment que les choses sont très différentes entre ta discipline et la mienne. Déjà au niveau du comportement des collègues : très peu de glandeurs dans mon département, et au contraire beaucoup de collègues qui se donnent à fond dans le domaine de la recherche (d'ailleurs, les 3 principales équipes ont été très bien notées par l'ANR puis l'AERES).
Même chose pour nos étudiants de Master: ils trouvent de vrais postes, intéressants (80% se déclarent satisfaits de leur premier emploi, selon une enquête de l'université). C'est en Licence que ça pose problème, car notre système marche sur la tête : on sélectionne les étudiants sur dossier à l'entrée des filières courtes (BTS, IUT...) et pas à l'entrée des filières longues, les plus académiques ! Comme en plus les meilleurs bacheliers vont en prépa et que l'encadrement est moindre à l'université, il ne faut pas s'étonner des taux d'échec en licence...
Je ne parle pas forcément de mon département j'ai reçu pas mal de témoignages mais toujours en sciences humaines c'est vrai. Pour l'AERES, on parle de la supprimer (dommage, je ne la trouvait pas forcément inutile ) Attention aux enquêtes de l'université, j'en connais qui établissent leurs stats sur 50 réponses....(ce n'est sans doute pas le cas de la tienne ) On a un nouveau public depuis 7 ou 8 ans qui justement se caractérise par un manque de connaissances des codes académiques (donc pas de capes ou d'agreg possible) et par une absence totale de réseau professionnel. Si les écoles de commerce, même minables dans leur contenu, fonctionnent c'est justement grâce à ce réseau. Et les IUT aussi: stages, TOEFL gratuit....Les IUT sont les prépas pro des classes moyennes et fonctionnent grâce à leur insertion dans des villes de taille moyenne. Si un jour, j'étais recrutée dans une petite université, je mettrai tout en oeuvre pour constituer des relations avec les boîtes ou les collectivités territoriales qui ont besoin de personnes capable de rédiger, avec une culture générale suffisante, qu'elles acceptent de former en interne pendant 6 mois...Là on pourrait peut être faire bouger un peu les choses
- AuroreEsprit éclairé
+1 concernant la gestionnaire pure et dure qu'est manifestement Fioraso. En voilà une qui aurait pu tout aussi bien émarger à l'UMP et nous pondre un équivalent de la loi Pécresse... Il faut dire que pour ces gens-là, l'étiquette politique se détermine avant tout en fonction des choix de carrière...e-Wanderer a écrit:PaoloSarpi a écrit:Quelque part, l'enseignement supérieur récolte ce qu'il n'a pas semé : en 2003, il a été d'une cécité aveuglante, en 2007, d'une nullité confondante, en 2009, d'une effervescence plus qu'encourageante, en 2012/2013 d'un mutisme coupable.
Peut-être. Mais il y a aussi des raisons à ce mutisme.
Quand on fait 6 mois de blocage dur sans autre résultat que les caricatures de journalistes aux ordres dans les grands médias, ça décourage un peu : aux yeux de l'opinion, les universitaires sont des nantis qui ne font que 192h par an (et il est d'ailleurs normal qu'un commerçant ou un ouvrier à qui on n'explique pas les choses soit complètement sidéré). L'universitaire est un "prof" (catégorie particulièrement haïe, à peu près autant que les cheminots), mais en pire : toujours en grève et mettant les étudiants dans la rue, toujours en vacances, travaillant 8h par semaine (quelle planque !) et de durcroît responsable du chômage des jeunes (on a beau expliquer que 90% des titulaires d'un master trouvent un emploi dans les 6 mois, les gens ne voient que le taux d'échec monstrueux en début de cursus, et nous en veulent de ne pas transformer des citrouilles en carrosses).
Pire : les blocages successifs contre le CPE ou contre la LRU ont fini par avoir un impact énorme sur les effectifs étudiants. Dans mon université, la lutte contre la loi Pécresse a failli être fatale. C'était tout de même la 3e grosse grève en 4 ans ! (on imagine les conséquences pour un étudiant de licence peu autonome...). Chez nous, la moitié des étudiants de 1ère année ne s'est même pas présentée aux examens de fin d'année et on ne les a plus jamais revus. L'année suivante, les inscriptions ont vraiment plongé, et depuis nous sommes sur la corde raide.
Je crois vraiment que nous ne pouvons malheureusement plus nous permettre de mouvement dur. Ou alors il faudrait que tout le monde suive (les facs de sciences n'ont absolument pas bougé la dernière fois). Pécresse, qui aurait vu crever avec le plus grand plaisir les facs de SHS, buvait du petit lait, et Fioraso est exactement sur la même ligne (voir sa sortie consternante sur Proust). Pire : elle n'a d'yeux que pour la recherche appliquée, et partage à ce sujet la même vision myope que ce crétin d'Allègre. Elle laisse notamment le CNRS mourir à petit feu.
Comment agir dans de telles conditions sans se faire hara-kiri ? Il faudrait au moins avoir les médias avec nous, ce qui est loin d'être le cas.
En ce qui concerne la question d'une éventuelle riposte, il me semble qu'elle ne saurait être simplement catégorielle et isolée, sous peine d'être irrémédiablement condamnée à l'échec compte tenu de l'état des troupes et du rapport de forces existant.
Il serait donc souhaitable que les différents corps de professeurs (du primaire jusqu'au au supérieur, en passant par l'enseignement relevant d'autres ministères que l'EN et l'ESR) parviennent à dépasser une fois pour toutes l'apparente diversité des menaces pesant sur les uns et les autres pour formuler des revendications communes. Fondées sur une vision politique cohérente, elles ne sauraient faire l'économie d'une reformulation des objectifs fondamentaux de l'école républicaine ainsi que d'une réaffirmation de la primauté des contenus - le tout aussi bien face à des contingences administratives qui ne sont qu'un symptôme de la montée de la logique manageriale, qu'à l'utilitarisme obtu, complaisamment véhiculé par une classe politique dépourvue de vision et se contentant de naviguer à vue.
- CondorcetOracle
Aurore, je souscris à ton analyse.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
damanhour a écrit:quand je vois que des MCF nommés dans les années 90 n'ont pas publié une ligne, assurent des cours auxquels les étudiants ne veulent plus aller, se déchargent de leurs copies sur les "précaires" et ne se remettent même pas en question...Je n'ai pas envie d'être la génération sacrifiée de ces fumistes désolée (et de devoir supplier chaque année pour un poste payé au SMIC avec trois fois plus d'heures qu'un titulaire)
au moins au lycée, tu te sens plus considérée (si , si !!!!)
quitte à revenir passer les entretiens de recrutement mais en ayant de quoi te payer le billet de train et sans avoir l'impression de jouer ton dîner du soir même.
Il faudrait quand même que certains EC "non publiants" "non enseignants" (et j'en connais) réfléchissent au fait qu'ils sont un peu responsables aussi de cette crise
Ces MCF sont heureusement en voie d'extinction, c'est sans doute par une coupable lâcheté que personne n'a rien fait contre eux. Mais ils laisseront derrière eux une mauvaise image qui rejaillira sur tous les EC (et en plus, leurs postes sont souvent bloqués puis supprimés à leur départ à la retraite, puisqu'on se passe d'eux de facto).
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Aurore a écrit:réaffirmation de la primauté des contenus - le tout aussi bien face à des contingences administratives qui ne sont qu'un symptôme de la montée de la logique manageriale, qu'à l'utilitarisme obtu, complaisamment véhiculé par une classe politique dépourvue de vision et se contentant de naviguer à vue.
Côté université, ces lignes ressemblent grosso modo à la plate(-)forme de SLU. Et comme chez SLU, il y manque une idée de ce que doit être désormais l'université : quelle université veut-on étant donné la massification, étant donné le processus de Bologne, étant donné la mobilité accrue des étudiants et tutti quanti.
D'où des questions plus ciblées, et sur lesquelles l'accord se fait moins facilement : appréciation et dosage relatif des formations explicitement professionnalisantes et de celles qui le sont moins, des diplômes nationaux et des diplômes d'établissement, des enseignements disciplinaires et du transversal, de l'enseignement et de la recherche...
PS. ... Autant de questions que l'introduction des fameux Pôles d'Excellence, de toute manière, force à résoudre tambour battant dans chaque établissement. Au prix de coupes claires, au détriment de l'intelligence du système. On en aura insuffisamment parlé avant, je trouve. Hors de l'université, s'entend.
- CondorcetOracle
Si l'on accepte la massification comme un donné, on passe d'une logique de combat à une logique réformiste qui correspond peu ou prou à celle qui mène la France droit dans le mur. La mobilité accrue des étudiants n'a pas pour corollaire l'augmentation en proportion des postes qui leur sont offerts : c'est un miroir aux alouettes agité pour ceux qui souhaitent dépouiller les Etats de leurs prérogatives au profit de structures supranationales. L'enseignement supérieur ne devrait pas se voir enjoindre de se transformer en un ectoplasme semblable à ce qu'est le baccalauréat aujourd'hui : l'objectif de % d'une classe d'âge diplômés de l'enseignement supérieur relève plus d'une curieuse nostalgie de la planification soviétique que d'une réelle volonté de démocratie culturelle.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
"Massification" : je parle de ce qu'on constate, ce sont des données brutes. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas le modifier : cet état de choses, de fait, est difficilement viable en l'état.
Encore faut-il se forger une idée de l'université rêvée. Pas seulement "régler son compte" à la question du nombre.
Quant à la mobilité des étudiants, elle change la donne à de nombreux égards. Qu'on pense au processus de Bologne, une fois de plus : on ne peut plus guère construire une université "dans un seul pays".
Encore faut-il se forger une idée de l'université rêvée. Pas seulement "régler son compte" à la question du nombre.
Quant à la mobilité des étudiants, elle change la donne à de nombreux égards. Qu'on pense au processus de Bologne, une fois de plus : on ne peut plus guère construire une université "dans un seul pays".
- CondorcetOracle
Un constat n'est jamais totalement brut ni objectif : il traduit une vision souvent technocratique (je ne dis pas que telle est la vôtre) et désincarnée des choses. Je crois foncièrement mauvaise et clientéliste la logique des crédits ECTS, qui, sous couvert d'un Grand Tour espéré (oh, Heidelberg puis Venise pour aller jeter sa gourme et puis non, Salamanque vend du rêve...), dissimule mal une mise en concurrence de tous contre tous. Université rêvée ? Au Moyen Age, quand le pouvoir royal et/ou ecclésiastique devenait trop menaçant, étudiants et maîtres changeaient d'universités. Je suis frappé par ce carcan institutionnel qui gêne la création de nouvelles structures académiques (non pas administratives et voués à l'encadrement des EC mais à la vie universitaire elle-même) tels l'Université de Vincennes, l'Institut d'Histoire du Temps Présent, l'Ecole des hautes études en sciences sociales.... L'Université étouffe de cette tutelle étatique qui ne se relâche pas : la véritable autonomie consisterait à lui accorder une confiance plus large quant à sa capacité à renouveler ses approches et du savoir et de l'enseignement. Pour cela, encore faudrait-il que les étudiants participassent aux instances de la vie universitaire de manière plus large et plus collégiale (non pas l'élection à 11,23 % de votants mais une série d'instances intermédiaires qui donneraient vie et sens à la démocratie universitaire). Qui sait, avec un peu de chance, le mandarinat finirait par en être ébranlé et chacun, depuis l'étudiant de 1ère année jusqu'à l'employé à la propreté, connaîtrait et s'impliquerait dans le fonctionnement de l'université qui, comme son nom l'indique, aspire à et enseigne l'universel. Il ou elle le ferait non par obligation ou par l'effet d'un recrutement malin mais parce qu'il ou elle est fier/fière de ce qui s'y déroule.
- AuroreEsprit éclairé
Nom d'utilisateur a écrit:Aurore a écrit:réaffirmation de la primauté des contenus - le tout aussi bien face à des contingences administratives qui ne sont qu'un symptôme de la montée de la logique manageriale, qu'à l'utilitarisme obtu, complaisamment véhiculé par une classe politique dépourvue de vision et se contentant de naviguer à vue.
Côté université, ces lignes ressemblent grosso modo à la plate(-)forme de SLU. Et comme chez SLU, il y manque une idée de ce que doit être désormais l'université : quelle université veut-on étant donné la massification, étant donné le processus de Bologne, étant donné la mobilité accrue des étudiants et tutti quanti.
D'où des questions plus ciblées, et sur lesquelles l'accord se fait moins facilement : appréciation et dosage relatif des formations explicitement professionnalisantes et de celles qui le sont moins, des diplômes nationaux et des diplômes d'établissement, des enseignements disciplinaires et du transversal, de l'enseignement et de la recherche...
PS. ... Autant de questions que l'introduction des fameux Pôles d'Excellence, de toute manière, force à résoudre tambour battant dans chaque établissement. Au prix de coupes claires, au détriment de l'intelligence du système. On en aura insuffisamment parlé avant, je trouve. Hors de l'université, s'entend.
La massification au rabais (le contraire d'une démocratisation effective du savoir) n'est pas une fatalité, mais le résultat d'un choix politique.
D'ailleurs, pour ce qui concerne les lettres et SH, il faudra bientôt en parler au passé, au vu de la chute des effectifs, des coupes dans les budgets et de la fermeture imminente de nombreux départements.
De même, l'acceptation de Bologne n'aurait jamais été possible sans la naïveté (quand ce n'était pas de la servilité...) de nombreux collègues qui n'y ont vu que du feu, ou qui, plus prosaïquement, ont préféré cultiver leurs relations politiques et/ou s'occuper de leur carrière. Même chose concernant les "pôles d'excellence" : le principe du "diviser pour mieux régner" n'a pas épargné le monde universitaire, qui n'était pourtant pas le moins bien informé des stratégies perverses adaptées par les gestionnaires.
Quant à la mobilité, associée un peu rapidement à une forme de modernité, faut-il l'imposer systématiquement dans l'ensemble des parcours, jusqu'à la considérer comme une fin en soi ?
- projet PS pour l'enseignement supérieur (et la recherche)
- George Debrégeas, "Qu'attendre des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche ? Rien, ou pire encore ?" (site de l'association Sauvons La Recherche)
- Les revendications de la FSU en matière d'ens. supérieur et de recherche
- Le rapport des Assises de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
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