Questions sur l'histoire-géo en primaire

Je me base sur "Histoire de France" Cours moyen, édition Bourrelier, 1960
Par contre attention, les idéologies et mentalités sont d'époques!!!! Il faut donc soigneusement relire, retaper et corriger les contenus.

LouisBarthas a écrit:

arcenciel a écrit:Un IEN m'avait dit que les PE en faisaient beaucoup trop en Hist/ géo/sciences. Trop d'études de docs... fallait faire plus simple avec plus d'anecdotes.

Ah, mais ce sont d'excellentes remarques, il est bien cet IEN !
Bon, ce n'est pas que trop est fait mais c'est mal fait : trop de documents en histoire effectivement - il y a un culte du document - que les élèves sont incapables d'analyser, une prépondérance du thème qui offre une vision figée de l'histoire, des textes exsangues, trop généraux, inintéressants ; une obsession de la frise qui est un support trop abstrait pour les enfants.
Au final, une histoire fragmentée laissant d'énormes lacunes. L'histoire n'apparaît plus dans sa dynamique avec toute la passion des hommes mais plutôt comme une série d'éclairages sur le passé, un peu comme lorsqu'on visite un musée.

Sans être un obsédé de la frise, j'avoue que j'y accorde de l'importance. Qu'est-ce qui te fait penser qu'on en fait trop? C'est une question sérieuse venant d'une bille en histoire  

Sinon arcenciel on ne pourrait pas cloner ton IEN:D ?

Volubilys a écrit:
Je prends note et modifie les titres. Merci!

Attends, cela mérite d'être débattu ! Et ça, c'est une vraie discussion pédagogique parce qu'elle porte sur des savoirs, pas de la didactique d'aujourd'hui, ennuyeuse et stérile.
Par exemple sur le forum EDP, une collègue qui devait choisir un manuel de géographie appréciait dans l'un d'eux que des leçons commencent par l'analyse de timbres. J'ai fait remarquer que la philatélie n'était pas une discipline géographique et que c'était du temps perdu, que je n'avais rien contre la philatélie, excellente activité que je pratiquais moi-même enfant, mais en dehors de l'école qui n'était pas faite pour cela. J'ai aussitôt reçu des volées de bois vert, dont celle de l'auteur du manuel en question qui se justifiait en avançant que l'analyse de timbres permettait aux enfants "d'entrer en douceur" dans la géographie. Comme si c'était traumatisant de faire de la géographie ! Et la collègue d'insister en disant que l'analyse de timbres était utile également en histoire...
Voilà, c'est ça la didactique nouvelle : s'empoigner pour décider si on fait autre chose que de l'histoire et de la géographie pour enseigner l'histoire et la géographie.

Mais je ne débats pas sur des idées qui me semblent bonnes, moi.  
Un chapitre sur le retour des rois et placer la révolution industrielle et les changements de la société qui y sont liés plus avec le second empire, c'est très bien.
Ne pas oublier le communisme dans les montées totalitaires de l'entre-deux guerres, important si je veux parler de la guerre froide pendant les 30 glorieuses.

La colonisation, ça prête plus à débat car, déjà, elle commence avant la IIIe république et il faudrait pour bien faire les choses parler du commerce triangulaire au XVIIIe et de l'esclavagisme, mais je n'aurai pas le temps de tout faire cette année en histoire. Par contre je peux traiter ce thème en Instruction civique et morale, en parallèle aux leçons d'histoire sur chaque époque.



La philatélie, j'adore, je faisais les concours quand j'étais enfant et ado (médaille d'argent en régionale en collection thématique), j'ai été animatrice de club de philatélie pour enfant, et je suis même intervenue en collège pour monter un club avec les collégiens sur la pause méridienne.
Mais bon, de là à trouver ça bien pour faire la géographie, quand même pas.

atrium a écrit:
Sans être un obsédé de la frise, j'avoue que j'y accorde de l'importance. Qu'est-ce qui te fait penser qu'on en fait trop?

Si l'enseignement se structure autour de l'événementiel comme dans la progression de Volubilys, il n'y a pas besoin d'insister sur la frise, les points d'ancrage se mettront en place tout seul.
Même pour nous, adultes, une frise est abstraite. Je n'en ai besoin que lorsque une réflexion a été menée au préalable.
Bien sûr, c'est bien de faire une frise mais ce n'est pas fondamental. Je ne me souviens pas en avoir fait une seule dans toute ma scolarité et pourtant j'ai reçu un enseignement d'histoire passionnant. Ce qui compte, c'est que les leçons soient vivantes, pas focalisées sur des documents ennuyeux et incompréhensibles pour des enfants, sous prétexte d'adopter une démarche scientifique ; le récit doit primer sur le document qui est là pour l'illustrer.
Il ne faut pas que la construction de la frise prenne trop de temps - nous en manquons dans l'école actuelle - au détriment des récits.

LouisBarthas a écrit:

atrium a écrit:
Sans être un obsédé de la frise, j'avoue que j'y accorde de l'importance. Qu'est-ce qui te fait penser qu'on en fait trop?

Si l'enseignement se structure autour de l'événementiel comme dans la progression de Volubilys, il n'y a pas besoin d'insister sur la frise, les points d'ancrage se mettront en place tout seul.
Même pour nous, adultes, une frise est abstraite. Je n'en ai besoin que lorsque une réflexion a été menée au préalable.
Bien sûr, c'est bien de faire une frise mais ce n'est pas fondamental. Je ne me souviens pas en avoir fait une seule dans toute ma scolarité et pourtant j'ai reçu un enseignement d'histoire passionnant. Ce qui compte, c'est que les leçons soient vivantes, pas focalisées sur des documents ennuyeux et incompréhensibles pour des enfants, sous prétexte d'adopter une démarche scientifique ; le récit doit primer sur le document qui est là pour l'illustrer.
Il ne faut pas que la construction de la frise prenne trop de temps - nous en manquons dans l'école actuelle - au détriment des récits.

Plutôt d'accord avec toi. Je proposais la frise comme exercice très court qui permettrait aux "visuels" d'organiser leurs connaissances dans un ordre qui, lorsqu'on procède comme tu le proposes avec justesse, va plus de soi pour les accros des belles histoires que pour ceux qui ont besoin de "voir pour croire".

Pour moi, la frise est utile surtout en dehors des cours d'histoire. Quand on lit une fable de La Fontaine, on montre où il est sur la frise, "avec le Roi Soleil", quand c'est l'histoire de la chèvre de M. Seguin, on voit que c'est plutôt "quand on a construit la tour Eiffel". Ce n'est pas précis, bien sûr, mais je pense que ça donne un peu de repères.

Rikki a écrit:Pour moi, la frise est utile surtout en dehors des cours d'histoire. Quand on lit une fable de La Fontaine, on montre où il est sur la frise, "avec le Roi Soleil", quand c'est l'histoire de la chèvre de M. Seguin, on voit que c'est plutôt "quand on a construit la tour Eiffel". Ce n'est pas précis, bien sûr, mais je pense que ça donne un peu de repères.

+1
Il y aura une frise dans le fond de ma classe, j'y accrocherai des illustrations au fur et à mesure qu'on avancera en histoire, sans trop insister. Ça me permettra de replacer rapidement dans son époque tel ou tel événement, texte, oeuvre... croisé au fil de la classe. Par exemple une fable de La Fontaine, hop, avec Louis XIV, vous voyez, là, son portrait au fond de la classe? Ben c'est à cette époque là.

Atrium, cet IEN, je l'avais croisé instit il y a un bail,je l'ai retrouvé l'an dernier lors d'une fiesta avec changement de statut... et ma foi pas trop le melon... Il m'avait dit aussi que le CE1 et le CM1 étaient les classes les plus dures avec mention spéciale pour le CE1. Il sévit en banlieue parisienne je crois.

C'est aussi pratique pour mettre un peu en perspective. Il m'arrive de montrer que le monsieur qui a écrit Astérix vivait lààààààà (et j'étais née, les enfants, si, si, et la plupart de vos parents aussi) et les Gaulois, eux, vivaient lààààààààà (oui, en même temps que Jules César et même un chouia avant Jésus, c'est dire), et que donc il n'a pas tout vu de ses propres yeux.

et ça répond très vite à "Maîtresse, toi tu l'as connu Louis XIV?"
Ben tu vois, moi je suis née là, et Louis XIV là, donc non, je ne l'ai jamais croisé en vrai.

Louis B tu as semé le doute côté cahier/classeur pour l'histoire... J'étais ds ma classe ce matin et je me suis surprise à compter le nombre de petits cahiers TP ... Vais-je le faire ou pas?

Moi ça va être cahier de cycle (déjà presque plein et en mauvais état pour certains), pas le choix.

Comment avez-vous fait les frises dans vos salles ?

Celle-là

http://jlgrenar.free.fr/spip/spip.php?article59

Pour moi se sera juste une bande de papier qui longera le plafond avec des dates repères écrites dessus. Je collerai sur le mur en dessous les images de personnages, d'événements, et d'histoire de l'art.

*Fifi* a écrit:Comment avez-vous fait les frises dans vos salles ?

pas de place pour en mettre une à la portée des élèves... (j'en ai mis une il y a 5 ans au niveau du plafond et au fond de la classe! En fait elle me sert à pointer de temps en temps une période.

Je comprends tes arguments Louisbarthas mais

Rikki a écrit:Pour moi, la frise est utile surtout en dehors des cours d'histoire. Quand on lit une fable de La Fontaine, on montre où il est sur la frise, "avec le Roi Soleil", quand c'est l'histoire de la chèvre de M. Seguin, on voit que c'est plutôt "quand on a construit la tour Eiffel". Ce n'est pas précis, bien sûr, mais je pense que ça donne un peu de repères.

je suis plutôt d'accord. Et puis c'est un outil qui est mis en place dès la mater (déroulement de la journée).

En fait je trouve que les programmes du cycle 3 sont totalement démentiels en histoire-géo mais ce ne sont pas mes matières préférées...

atrium a écrit:Je comprends tes arguments Louisbarthas mais

Rikki a écrit:Pour moi, la frise est utile surtout en dehors des cours d'histoire. Quand on lit une fable de La Fontaine, on montre où il est sur la frise, "avec le Roi Soleil", quand c'est l'histoire de la chèvre de M. Seguin, on voit que c'est plutôt "quand on a construit la tour Eiffel". Ce n'est pas précis, bien sûr, mais je pense que ça donne un peu de repères.

je suis plutôt d'accord. Et puis c'est un outil qui est mis en place dès la mater (déroulement de la journée).

En fait je trouve que les programmes du cycle 3 sont totalement démentiels en histoire-géo mais ce ne sont pas mes matières préférées...

Comme toi et entre les 2 je préfère la géo.

Volubilys a écrit:Je me base sur "Histoire de France" Cours moyen, édition Bourrelier, 1960
Par contre attention, les idéologies et mentalités sont d'époques!!!! Il faut donc soigneusement relire, retaper et corriger les contenus.

Il n'est pas sur le blog des manuels anciens (et je refuse désormais de m'équiper sur mes deniers personnels pour mon travail), mais par contre il y en a d'autres dont je pourrai m'inspirer :
http://manuelsanciens.blogspot.fr/p/histoire-geographie.html

Comme la première leçon de Volubilys porte sur les Guerres de religion, et afin d'illustrer ce que j'entends par un enseignement d'histoire vivant, basé sur le récit, voici une leçon extraite du vieux manuel de Bernard et Redon, que j'apprécie particulièrement (Petite Histoire de la France et de la Civilisation française, Nathan, 1939) :





Voilà, c'est cela la prépondérance du récit, d'après moi la meilleure façon d'intéresser la plupart de nos élèves à l'histoire. Un livre d'histoire pour les enfants des écoles ne doit pas ressembler à un catalogue de musée où de grandes et belles reproductions occupent la plus grande part de la page et sont assorties de commentaires à la fois trop spécialisés pour les documents et trop généraux pour les textes qui les accompagnent.
Quant à la frise, je suis d'accord avec vous, elle est bien sûr utile - pas seulement en histoire - et aussi pour aider des enfants en difficulté, mais ce n'est pas le plus important. L'essentiel, à mon avis, est que chaque semaine, un écolier puisse bénéficier d'une leçon du type de celle que proposaient les manuels d'antan - en actualisant bien entendu le texte.

Merci Louis.
Donc on fait l'inverse de ce qui est préconisé partout : on lit ensemble le récit, on explique, on commente, et ensuite on étudie un ou deux documents dans lesquels on cherche les traces de ce que l'on vient d'étudier, c'est ça ?
Puis vient le temps du résumé à copier, et de l'illustration à coller, colorier ou dessiner.

Et pour la géo alors? Comment procédez-vous? Cartes? Paysages? Documents? ...

carolette a écrit:

Volubilys a écrit:Je me base sur "Histoire de France" Cours moyen, édition Bourrelier, 1960
Par contre attention, les idéologies et mentalités sont d'époques!!!! Il faut donc soigneusement relire, retaper et corriger les contenus.

Il n'est pas sur le blog des manuels anciens (et je refuse désormais de m'équiper sur mes deniers personnels pour mon travail), mais par contre il y en a d'autres dont je pourrai m'inspirer :
http://manuelsanciens.blogspot.fr/p/histoire-geographie.html

Ce livre ne m'a rien coûté, je l'ai sauvé de la poubelle dans une école qui faisait un grand ménage de placard...
extrait :

carolette a écrit:Merci Louis.
Donc on fait l'inverse de ce qui est préconisé partout : on lit ensemble le récit, on explique, on commente, et ensuite on étudie un ou deux documents dans lesquels on cherche les traces de ce que l'on vient d'étudier, c'est ça ?
Puis vient le temps du résumé à copier, et de l'illustration à coller, colorier ou dessiner.

Oui, c'est ça, disons qu'il faut réhabiliter le récit. Après, on peut faire un va-et-vient entre le document et le récit.
Un enfant ne peut pas, de lui même - y compris en groupe - décrypter un document brut. Une trace du passé ne devient document que lorsqu'on la fait parler, qu'on lui donne un sens. Un enfant ne possède ni les connaissances ni la maturité nécessaires pour se poser les questions qui permettront de donner une signification à la trace en la replaçant dans son contexte historique. Il ne peut pas trouver - sinon nous aurions des enfants chercheurs dans nos universités - mais il peut comprendre, c'est à dire qu'il peut retrouver et voir confirmé dans le document ce que le récit lui a appris préalablement.
Cette manière de faire me semble plus stimulante, propre à donner le goût de l'histoire.
Je pense qu'il faut inverser les parts respectives du document et du récit dans les manuels. Je pense aussi qu'il ne faut pas hésiter à faire appel à des dessinateurs ou à des concepteurs d'images animées pour rendre vivant le passé, pour aider l'enfant à s'y projeter. Un élève d'école primaire qui ouvre un livre d'histoire actuel voit de curieuses façons de peindre et dessiner, lit des textes écrits dans un étrange français, observe des restes de vieux objets. Bref, il fait une visite au musée, mais est-ce suffisant et même est-il possible d'assurer un enseignement d'histoire structuré en procédant ainsi ? L'élève ne reste-t-il pas trop extérieur à ce qu'il voit ?
Comme le texte accompagnant les documents se contente d'être très descriptif, neutre, l'imagination de l'enfant est-elle suffisamment stimulée ? Cela lui donne-t-il envie d'en savoir plus ?

Quand j'étais petite j'adorais les séries «Il était une fois...»
J'ai appris beaucoup avec ces séries. Il y en a une sur l'histoire (Il était une fois... l'Homme), qui n'est pas très détaillée mais donne une idée sur les divers époques.