- Ajonc35Sage
Il y a 10 ans, réforme du bac pro, passage à 3 ans. Dans une classe de 30: 4, 5 elèves n'ont pas la moyenne et pas de catastrophe, les autres majoritairement au-dessus de 13. Deux documents à étudier : 3, 4 questions par document et pas de question à 1 point ( pour ne pas mettre 0), une notation de niveau correct ( reformulation obligatoire, pas de recopie, pas de paraphrase, etc). Je précise pour une évaluation d'une heure.
Aujourd'hui 30 élèves : 5, 6 ont la moyenne ( plus entre 11 et 14), les autres en majorite sous 8. Un seul document, 5 ou 6 questions dont la question inratable, une notation plus souple , bien plus souple. Et ensuite on vient me dire qu'il faut être bienveillant. Je réponds que des années de bienveillance mènent à la médiocrite.
Je lis des dossiers de stage . Première partie du cru de l'élève, c'est incompréhensible ( aucun sens, manque de fond), ne répond pas aux attentes. Parties suivantes, c'est bien rédigé, très riche.... ben oui, copier- coller indigeste car ne correspond pas non plus à ce qui est demandé. Pas sure que l'élève ait compris et comme le dossier se défend à l'oral ( si pas confinement), il est certain de se casser le nez.
Ben ma correction a manqué de bienveillance, je ne peux pas faire le travail à sa place ( surtout si comme l'année passée, ce sont mes collègues qui valideront).
Aujourd'hui 30 élèves : 5, 6 ont la moyenne ( plus entre 11 et 14), les autres en majorite sous 8. Un seul document, 5 ou 6 questions dont la question inratable, une notation plus souple , bien plus souple. Et ensuite on vient me dire qu'il faut être bienveillant. Je réponds que des années de bienveillance mènent à la médiocrite.
Je lis des dossiers de stage . Première partie du cru de l'élève, c'est incompréhensible ( aucun sens, manque de fond), ne répond pas aux attentes. Parties suivantes, c'est bien rédigé, très riche.... ben oui, copier- coller indigeste car ne correspond pas non plus à ce qui est demandé. Pas sure que l'élève ait compris et comme le dossier se défend à l'oral ( si pas confinement), il est certain de se casser le nez.
Ben ma correction a manqué de bienveillance, je ne peux pas faire le travail à sa place ( surtout si comme l'année passée, ce sont mes collègues qui valideront).
- doubledeckerSage
Ananké a écrit:J'ai pris cet exemple car il vient de collègues d'anglais : ils ont du mal à faire comprendre aux élèves le sens des phrases car les éléments grammaticaux eux-mêmes ne sont pas saisis. Même en philo je vois bien que ce qui pose problème ce n'est pas tant la thèse de l'auteur que les structures de phrase (mise en apposition, métaphore, à quoi fait référence le "le" dans le texte ...). Après peut-être peut-on faire des langues sans comprendre ce qu'est un COD, un COI ... intuitivement peut-être qu'on s'en sort, mais c'est assez compliqué d'accorder le sujet au verbe si on ne sait pas comment fonctionnent les accords ; ni sans savoir conjuguer (si on n'apprend pas les verbes irréguliers on confond le présent et le passé ... pour comprendre une discussion c'est compliqué, non?) Bref. C'est comme vouloir faire des maths sans les bases. C'est le pb de notre institution de toute façon : on veut que les élèves aient de l'esprit critique alors qu'ils ne savent même pas construire correctement une phrase ; qu'ils analysent des cas pratiques alors que des élèves sont capables d'écrire que "la formule de la déforestation est CH4" ... (Ou celui qui souligne avec sa règle dans le texte d'économie, car il a lu "soulignez les inconvénients qu'une telle mesure implique" ...). Bienvenue en absurdie, ils ne comprennent pas ce qu'ils doivent faire, ce qu'on attend d'eux tout ça parce que la maîtrise la plus élémentaire de la langue française est très faible.
Désolée pour le HS : des langues je ne sais pas mais on peut tout à fait faire de l’anglais sans faire la distinction COD/COI ça n’a aucune importance. Quand aux verbes irréguliers même si ce n’est pas recommandé de ne pas les connaître (parce que ça permet au moins d’enrichir son vocabulaire) on peut tout à fait les considérer comme des verbes réguliers, y mettre la marque du passé et le message sera intelligible et c’est ce qui est attendu d’un élève, on ne forme pas des personnes parfaitement bilingues. Je pense que la méconnaissance des attendus dans les différentes disciplines est la source de ce malentendu « en LV ils surnotent» et au passage, les grilles sont en adéquation avec les attendus.
Elyas a écrit:TFS a écrit:Notre Proviseur nous a annoncé hier en Conseil Pédagogique vouloir mener un travail de comparaison entre les moyennes de classes et les moyennes obtenues aux examens... Il doit lui aussi vouloir nous demander de faire tendre nos moyennes vers de meilleurs niveaux... cela doit être très tendance en ce moment chez les CDE !
On a beau avoir tenter de lui expliquer la différence entre évaluation formative et évaluation sommative, que les moyennes de classes de 3ème ne reflétaient pas que le niveau DNB, que l'on peut avoir mis en place des évaluations différenciées, etc. Il ne va pas en démordre !
Surtout bien rappeler à tous nos CDE que la notation, c'est NOTRE liberté pédagogique et que la Conseil Pédagogique n'a pas à mettre son nez là dedans sous prétexte "d'harmonisation" !
Normalement, les évaluations formatives n'ont pas à être notées et participer à la moyenne qui sert de résultat sommatif et prédictif. OLe jour où on a décidé collectivement que mettre des notes pour les travaux usuels de classe d'entrainement était une bonne idée, on a creusé la tombe de l'évaluation.
Entièrement d’accord avec toi Elyas
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
La boutique de LolaDragibus : des petites choses futiles et inutiles pour embellir la vie (p'tites bricoles en tissu, papier, crochet....) : venez y jeter un oeil 😊
- voyageurNiveau 5
Avec toutes ces bonnes moyennes (toutes matières confondues), on se demande bien pourquoi les élèves français sont en queue dans les classements internationaux (Pisa, Timss,.....)
- TFSFidèle du forum
Voilà qui va vous donner du grain à moudre:
https://eduscol.education.fr/2688/bac-2021-guide-de-l-evaluation
Les moyennes devront être composées de 60 % d'évaluations sommatives et de 40 % d'évaluations formatives... ce document cadre trés fort toutes les disciplines de Terminale...
https://eduscol.education.fr/2688/bac-2021-guide-de-l-evaluation
Les moyennes devront être composées de 60 % d'évaluations sommatives et de 40 % d'évaluations formatives... ce document cadre trés fort toutes les disciplines de Terminale...
- ElyasEsprit sacré
TFS a écrit:Voilà qui va vous donner du grain à moudre:
https://eduscol.education.fr/2688/bac-2021-guide-de-l-evaluation
Les moyennes devront être composées de 60 % d'évaluations sommatives et de 40 % d'évaluations formatives... ce document cadre trés fort toutes les disciplines de Terminale...
J'ai bien dit collectivement. Cela confirme que cela devient complètement fou. Après, eduscol n'était pas à l'origine normatif mais indicatif. On sent le vent tourner (surtout avec le nettoyage d'eduscol des derniers mois).
- LagomorpheFidèle du forum
Elyas a écrit:TFS a écrit:Voilà qui va vous donner du grain à moudre:
https://eduscol.education.fr/2688/bac-2021-guide-de-l-evaluation
Les moyennes devront être composées de 60 % d'évaluations sommatives et de 40 % d'évaluations formatives... ce document cadre trés fort toutes les disciplines de Terminale...
J'ai bien dit collectivement. Cela confirme que cela devient complètement fou. Après, eduscol n'était pas à l'origine normatif mais indicatif. On sent le vent tourner (surtout avec le nettoyage d'eduscol des derniers mois).
Il le reste toujours: les 62 pages du guide (de même que les tweets et autres vidéos du ministre) ont autant de valeur juridique que la dernière carte postale de ma grand-tante Hortense. On peut donc s'assoir dessus - et, de mon point de vue, on doit le faire, au nom de la liberté pédagogique. Sans compter que ce guide contient des "prescriptions" censées être appliquées dès le second trimestre, lequel est déjà bien entamé. Trop tard, j'ai déjà une bardée de notes qui ne collent pas avec les caprices des rédacteurs du guide.
Le jour où un ministre sortira un vrai décret sur l'évaluation (avec ce que ça implique comme contrôle préalable par le conseil d'Etat et compatibilité avec les lois en vigueur), je l'appliquerai. Eduscol, connais pas. Qu'ils expédient leur guide en Terre Adélie, ça émouvra peut-être les manchots.
- kensingtonEsprit éclairé
voyageur a écrit:Avec toutes ces bonnes moyennes (toutes matières confondues), on se demande bien pourquoi les élèves français sont en queue dans les classements internationaux (Pisa, Timss,.....)
Désolé de rebondir sur le HS mais c'est tout de même typique de ce qu'il se passe dans notre système et qui entraîne le genre de discussion que l'on a sur ce fil. J'étais d'ailleurs sûr que l'exemple des LV ressortirait à un moment ou un autre.
@doubledecker pourquoi dis-tu que pour les pronoms compléments, la disctinction COD / COI n'est pas importante en anglais?
Pour un anglophone peut-être pas. Mais pour un élève francophone lambda, globalement peu exposé à la langue et la pratiquant sans doute encore moins, comment comprendre que les pronoms des phrases "je l'aide, je le vois, je lui donne" se traduisent tous par "him" mais que deux d'entre eux peuvent aussi se traduire par "her" si on ne passe pas par quelques concepts grammaticaux (de base!) qui permettent tout simplement de clarifier toutes ces confusions possibles?
Pour ce qui concerne l'intelligibilité, on en a vite atteint les limites quand on ne connaît aucun verbe irrégulier (pour reprendre cet exemple) et puis je pense qu'en fin de lycée, le niveau B2 (minimum attendu je pense?) implique une certaine compétence grammaticale de toute façon, pour s'exprimer et aussi comprendre.
Quant aux grilles et critères officiels d'évaluation, beaucoup de collègues de lycée s'accordent ici pour dire qu'elles sont bien généreuses en effet. Il y a le CECRL et il y a sa version Ednat.
Pour le problème que soulève Elyas, on a creusé la tombe de l'évaluation mais ça arrange bien le ministère, le système éducatif, les élèves et leurs parents. Ne notons que le sommatif, au bac aussi, d'accord...
- ElyasEsprit sacré
Lagomorphe a écrit:Elyas a écrit:TFS a écrit:Voilà qui va vous donner du grain à moudre:
https://eduscol.education.fr/2688/bac-2021-guide-de-l-evaluation
Les moyennes devront être composées de 60 % d'évaluations sommatives et de 40 % d'évaluations formatives... ce document cadre trés fort toutes les disciplines de Terminale...
J'ai bien dit collectivement. Cela confirme que cela devient complètement fou. Après, eduscol n'était pas à l'origine normatif mais indicatif. On sent le vent tourner (surtout avec le nettoyage d'eduscol des derniers mois).
Il le reste toujours: les 62 pages du guide (de même que les tweets et autres vidéos du ministre) ont autant de valeur juridique que la dernière carte postale de ma grand-tante Hortense. On peut donc s'assoir dessus - et, de mon point de vue, on doit le faire, au nom de la liberté pédagogique. Sans compter que ce guide contient des "prescriptions" censées être appliquées dès le second trimestre, lequel est déjà bien entamé. Trop tard, j'ai déjà une bardée de notes qui ne collent pas avec les caprices des rédacteurs du guide.
Le jour où un ministre sortira un vrai décret sur l'évaluation (avec ce que ça implique comme contrôle préalable par le conseil d'Etat et compatibilité avec les lois en vigueur), je l'appliquerai. Eduscol, connais pas. Qu'ils expédient leur guide en Terre Adélie, ça émouvra peut-être les manchots.
Ils rêvent de faire d'Eduscol la réglementation usuelle. La façon dont le site fonctionne maintenant, avec la purge effectuée récemment (et la perte de tout un tas de ressources utiles et utilisées), semble indiquer que la DGESCO tente de transformer son rêve en réalité. Attendons de voir les futures réformes blanqueriennes.
- LagomorpheFidèle du forum
Ils peuvent rêver, je pense. Pour donner à un sissite aux mains du ministre une valeur réglementaire, il faudrait une sacrée refonte de la constitution bouleversant la hiérarchie des normes. Un ministre ne décide pas ce qu'il veut dans son coin: ses décrets, seuls textes réglementaires reconnus au TA, sont soumis à contrôle, notamment pour leur compatibilité avec la loi votée par le pouvoir législatif, ET peuvent être sujets à divers recours. La République Française n'est pas encore tout à fait bananière, tout de même.
- PrezboGrand Maître
Lagomorphe a écrit:Ils peuvent rêver, je pense. Pour donner à un sissite aux mains du ministre une valeur réglementaire, il faudrait une sacrée refonte de la constitution bouleversant la hiérarchie des normes. Un ministre ne décide pas ce qu'il veut dans son coin: ses décrets, seuls textes réglementaires reconnus au TA, sont soumis à contrôle, notamment pour leur compatibilité avec la loi votée par le pouvoir législatif, ET peuvent être sujets à divers recours. La République Française n'est pas encore tout à fait bananière, tout de même.
Mais quel proportion des enseignants sera assez solide, et assez informée, pour s'en tenir au réglementaire ? Ce n'est pas forcément simple de résister aux pressions des CDE, des IPR, au jugement des pairs ou aux prescriptions de la formation. Tu peux noter dans ce fil le nombre de témoignages (que je confirme) relatant des pressions récentes et pour des pratiques d'évaluation harmonisées, et pour présenter les moyennes de classe à la hausse (les deux injonctions étant discrètement contradictoires d'ailleurs, la confrontation à une échelle de notation normalisée voire pire à une notation qui n'est pas celle de leur prof lors d'un DS commun faisant souvent office de douche froide pour nos élèves).
- AnankéNiveau 9
doubledecker a écrit: Désolée pour le HS : des langues je ne sais pas mais on peut tout à fait faire de l’anglais sans faire la distinction COD/COI ça n’a aucune importance. Quand aux verbes irréguliers même si ce n’est pas recommandé de ne pas les connaître (parce que ça permet au moins d’enrichir son vocabulaire) on peut tout à fait les considérer comme des verbes réguliers, y mettre la marque du passé et le message sera intelligible et c’est ce qui est attendu d’un élève, on ne forme pas des personnes parfaitement bilingues. Je pense que la méconnaissance des attendus dans les différentes disciplines est la source de ce malentendu « en LV ils surnotent» et au passage, les grilles sont en adéquation avec les attendus.
Si le niveau B2 est requis lors de l'obtention du bac (et que ce n'est pas le fait d'être parfaitement bilingue qui est visé) on est quand même loin du compte pour un nombre conséquent d'élèves (pas la majorité dans notre lycée, mais pas loin). Mon propos consiste juste à dire que même une compréhension générale d'un texte suppose une maîtrise minimale des règles de grammaire. On peut bien parler français sans faire d'analyse syntaxique, oui (on peut parler sans savoir écrire) mais si au bac c'est ça qui est visé alors d'accord, je comprends mieux où est le (l'absence de?) problème. Je veux bien qu'on remette au goût du jour la philosophie péripatéticienne de l'Antiquité dans ce cas pour ne plus avoir de copies à corriger ! Puisqu'on n'a pas besoin non plus de faire des explications de texte pour comprendre un texte ... (Tu me diras, avec la spé humanité de toute façon c'est le gloubi boulga niveau méthodo : on fait désormais un "essai à portée philosophique" (kesako?). De toute façon c'est pas ce qui compte de savoir ordonner ses idées, de les appuyer sur des références et de faire des distinctions conceptuelles etc. pour gagner un peu plus du SMIC à bac+2/3 ...).
Allez, j'arrive à m'en sortir avec des moyennes à 11,5-12/20 pour mes meilleures classes. On va quand même avoir de plus en plus de bacheliers qui sont semi-illettrés, incapables de voir les enjeux de discours ... (électoraux entre autres).
PS : 12 signifie quand même "assez bien", je considère donc qu'une copie où précisément la syntaxe (oui, je fais une fixette mais en philo c'est un pb en soi) fait que l'élève ne sait pas exprimer sa pensée à l'écrit, ou formule des phrases contradictoires ou absurdes ne peut pas obtenir 12. 10 = a rempli les exigences, a minima. Il faut quand même regarder en face le fait que beaucoup de copies d'élèves ne remplissent pas les exigences minimum attendues (que ce soit à cause de lacunes qui remontent au CE1 ou d'un manque de travail devenu habitude depuis longtemps aussi).
- PrezboGrand Maître
Enaeco a écrit:Lord Steven a écrit:Je suis simplement effaré qu'on puisse avoir 15 de moyenne de classe. Lycée relativement favorisé pour moi, mais lorsque j'ai entre 12 et 13 de moyenne je considère que c'est une TRÈS bonne classe (genre terminale euro). Mes secondes ont moins de 10 de moyenne, et tant qu'ils s'obstineront à ne pas faire ce que je leur demande, je trouve ça normal. À côté de ça il est vrai nous avons une jeune TER, relativement fraîchement émoulue de l'INSPE, dont les moyennes sont effarantes, donc la valeur de la note.....
Et que donnent ces "très bonnes classes" au bac ? Pas mieux qu'un 12-13 de moyenne ?
Tel que je comprends votre question, elle sous-entend que les enseignants noteraient plus dur que le jour de l'épreuve du bac. Il est peut-être possible que cela se pratique encore dans quelques lycées, mais dans la majorité de ceux que j'ai fréquentés (et qui n'étaient pas dans leur majorité réputés très difficiles) la phénomène est largement inverse : les épreuves type bac font plonger les moyennes des élèves, qui sont remontées par toute une gamme de type d'évaluations moins exigeantes (interro de cours, devoir en temps libre, possibilité d'améliorer sa note par la réécriture de la correction, interrogation orale, travaux de groupe...la gamme des ressources est large). Franchement, je considérerais une classe qui dans ma matière obtiendrait 12/20 de moyenne à une épreuve du bac comme une excellente classe par rapport à mon vécu moyen. Et il me semble qu'avec l'ancienne monture du bac, la moitié environ des élèves qui obtenaient un bac S l'obtenaient sans avoir la moyenne ni en maths ni en physique à l'épreuve finale.
Effectivement, avoir mêlé l'évaluation formative et l'évaluation sommative (pour employer les concepts mous des INSPE) a fait perdre son caractère prédictif à l'évaluation. Mais on n'est pas complet si on n'ajoute pas que la cause essentiel de cette confusion était la volonté désespérée de ne pas envoyer un message trop violent aux élèves.
- LagomorpheFidèle du forum
Prezbo a écrit:Lagomorphe a écrit:Ils peuvent rêver, je pense. Pour donner à un sissite aux mains du ministre une valeur réglementaire, il faudrait une sacrée refonte de la constitution bouleversant la hiérarchie des normes. Un ministre ne décide pas ce qu'il veut dans son coin: ses décrets, seuls textes réglementaires reconnus au TA, sont soumis à contrôle, notamment pour leur compatibilité avec la loi votée par le pouvoir législatif, ET peuvent être sujets à divers recours. La République Française n'est pas encore tout à fait bananière, tout de même.
Mais quel proportion des enseignants sera assez solide, et assez informée, pour s'en tenir au réglementaire ? Ce n'est pas forcément simple de résister aux pressions des CDE, des IPR, au jugement des pairs ou aux prescriptions de la formation. Tu peux noter dans ce fil le nombre de témoignages (que je confirme) relatant des pressions récentes et pour des pratiques d'évaluation harmonisées, et pour présenter les moyennes de classe à la hausse (les deux injonctions étant discrètement contradictoires d'ailleurs, la confrontation à une échelle de notation normalisée voire pire à une notation qui n'est pas celle de leur prof lors d'un DS commun faisant souvent office de douche froide pour nos élèves).
Proportion élevée dans mon lycée, et pour un bon moment: réforme impliquant perte d'heures impliquant non-remplacement des départs en retraite + établissement tranquille d'où l'on mute peu, les équipes disciplinaires se transforment en blockhaus bétonnés de quadra-quinquagénaires peu enclin(e)s à courber l'échine. Mais ça n'aura qu'un temps. Et j'imagine bien, en effet, que dans des établissements où des postes sont menacés, où les collègues sont plus jeunes, où le CDE est moins entravé par des enseignants bien informés, où quelques béats croient encore qu'un rendez-vous de carrière peut leur apporter quelque chose, les desideratas du webmestre d'Eduscol prendront force de loi.
- almuixeNeoprof expérimenté
Personnellement, je commence à être complètement perdue. L'épreuve du baccalauréat me servait d'étalon, je calais mon échelle de notation là-dessus (en étant légèrement plus sévère pour qu'aucun élève n'ait de mauvaise surprise). Mais entre la réforme et l'absence des épreuves l'année dernière, j'ai perdu tous mes repères.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- AscagneGrand sage
Cela ne fait même pas deux ans que j'ai quitté l'enseignement au lycée, tout a déjà changé avec la réforme et d'après ce que je lis pour essayer de rester au courant sur le forum, de nouvelles pratiques émergent du côté des directions aussi...
@Lagomorphe : Ou alors quand on est novice et en difficulté avec les classes : dur de résister à certaines pressions de ce côté-là. J'ai connu ça.
@Lagomorphe : Ou alors quand on est novice et en difficulté avec les classes : dur de résister à certaines pressions de ce côté-là. J'ai connu ça.
- trompettemarineMonarque
J'ai.de bonnes classes cette année, mais d'année en année, les moyennes augmentent.choup78 a écrit:Bonsoir,
Je remonte le sujet car cette année nous avons un gros souci d'ingérence des parents qui nous mettent une grosse pression par rapport aux notes en lycée.
Nos moyennes de classes sont déjà hallucinantes, plus de 15 pour la plupart des 1eres et des terminales, et pourtant ce n'est pas assez... Certains parents en deviennent même agressifs! Je suis dans un lycée privé de région parisienne, csp+++.
Rencontrez vous le même souci dans vos établissements ?
Quels sont vos moyennes de classe de 1ere et terminale? (si vous pouviez juste décrire votre type d'établissement, niveau et matière).
L'évaluation positive est un désastre au lycée. Tant pis, tout le monde aura son bac. C'est le but. Je n'ai plus le courage de lutter. Le mur arrivera bien un jour.
De temps en temps, je note négativement, histoire de prévenir les élèves de ce qui les attend. Ils ne le prennent pas trop mal.
Mais avec cette concurrence des spécialités, il n'y a plus aucune moyenne au-dessous de 12.
Tant pis. Je m'en fiche maintenant. Je fais mon cours le mieux possible et c'est tout.
- User12958Niveau 5
Ascagne a écrit:Cela ne fait même pas deux ans que j'ai quitté l'enseignement au lycée, tout a déjà changé avec la réforme
Pareil pour moi, même pas deux ans sans enseigner, et je ne reconnais plus rien dans les pratiques, les attendus, les objectifs, les programmes... pas seulement en lisant ce forum, mais aussi en regardant les professeurs du lycée dans lequel je travaille sur un autre poste (bon, y'a le Covid aussi, ça aide pas).
Et en même temps : ParcourSup et la sélection qui en découle, ça ne m'étonne pas que les parents et certains chefs soient à cran sur les notes, c'est même tout à fait logique. Mais c'est une situation très grave.
Et pour en revenir à la question initiale, concernant mes moyennes de 1ère Techno et S en français, je notais "niveau de l'élève VS. les attendus du Bac". Zéro "bienveillance". Au premier devoir (après un devoir préalable noté positivement où on reprenait la méthodo une nouvelle fois avant un plus gros devoir noté normalement) la moitié des élèves se disaient "zut ! faut que je travaille", l'autre moitié décrochait complètement et ne faisait plus rien : ils se prenaient un vrai mur, ils devaient le franchir avec mon aide, mais s'ils ne faisaient pas d'effort hors de question d'installer un trampoline pour les faire passer.
Avais-je tort ou raison ? Je ne sais pas. Je partais du principe que je ne devais absolument pas, jamais, à aucun prix, mentir aux élèves sur leur niveau réel, sur ce que l'on attendait à l'examen (en théorie...car les consignes de correction le jour J... bref...) : quand on me rend pour tout commentaire à peine deux pages sans respect de la méthodologie et dont la moitié constitue une introduction, faut pas s'attendre à avoir des points. Ajoutez le "0/20" systématique en cas de devoir non rendu, et certains élèves flinguaient la moyenne de classe. Quand la moitié de la classe n'en avait rien à faire, c'était la moitié de la classe qui se prenait une tôle, voilà. Notez que c'était variable pour les classes de Techno, certains élèves en difficulté s'accrochaient, étaient moteurs en cours, s'amélioraient dans l'année, et l'ambiance de classe était bonne... pi parfois, bah non. Les S, eux, étaient généralement bosseurs et avec un bon niveau sortis de Seconde dans mon bahut, et certains élèves avaient d'excellents résultats bien mérités. Enfin : lors des bacs blancs il y avait très peu de décalage entre les notes données par les collègues qui faisaient passer mes élèves et mes notes. Et là, souvent, des élèves se réveillaient en se rendant compte du boulot à fournir.
Voilà, c'est mon témoignage, je ne suis plus enseignant, je ne sais pas si ma conduite était bonne, si je n'étais pas trop "old school" déjà en étant jeune prof, mais je sais que l'angoisse (réelle) des parents face à l'adéquation entre les résultats de leurs enfants et le résultat visé sur ParcourSup pose question. En fait le problème des notes, c'est surtout le problème du système ParcourSup.
- trompettemarineMonarque
Je compte aussi dès que l'occasion se présentera quitter l'enfer de mon lycée vers un collège dit tranquille. La réforme du lycée, la violence qui règne entre les équipes à cause de la concurrence, mes dépressions liées au travail (même si j'ai réussi à assurer mes cours), la perpétuelle bienveillance, les injonctions de certains formateurs jeunes, inexpérimentés avec un melon énorme, la réforme Blanquer avec l'instabilité qu'elle instaure durablement, la destruction de ma discipline, mon âge, l'impossibilité de muter dans un lycée à moins d'une heure et demie, et d'autres raisons encore, tout cela me pousse à partir.Ascagne a écrit:Cela ne fait même pas deux ans que j'ai quitté l'enseignement au lycée, tout a déjà changé avec la réforme et d'après ce que je lis pour essayer de rester au courant sur le forum, de nouvelles pratiques émergent du côté des directions aussi...
@Lagomorphe : Ou alors quand on est novice et en difficulté avec les classes : dur de résister à certaines pressions de ce côté-là. J'ai connu ça.
Je n'idéalise pas le collège où j'ai déjà travaillé plusieurs années. On y travaille beaucoup mais je rêve d'un environnement plus stable.
Mon lycée et l'atmosphère délétère qui y règne ont raison de moi tant physiquement que psychologiquement.
Alors, il est vrai que surnoter au lycée n'est plus un problème. Le bac est devenu une usine à gaz chronophage et inutile.
Si je subis une MCS parce que je suis la dernière arrivée, tant pis ! Ça ne sera pas pire que ce que je vis aujourd'hui.
C'est égoïste, mais je me sens mieux depuis que j'ai pris cette décision.
Je serai certainement plus utile au collège où j'aurai plus de chances d'enseigner ma discipline. Je verrai si la pratique de notes bienveillantes y existe aussi ou si je pourrai noter de façon plus juste.
- User12958Niveau 5
J'ai sous mes yeux les moyennes annuelles de ma classe de Terminale A, 1991/1992, quand j'étais élève, dans un lycée privé, mais ni laxiste ni trop sévère comparé aux deux lycées publics de la même ville :
- Philo 8,3
- Anglais 10,2
- Espagnol 11,2
- Latin 13,4
- Maths 11,3
- Hist/Géo 9,9
Avec ma note de 11,79 de moyenne annuelle, calculée à la mi-juin, j'étais le 3ème de la classe. Sur 34 élèves, 13 avaient l'avis "Doit faire ses preuves à l'examen" et 10 "Avis assez favorable". Nous n'étions que 3 "Avis très favorable". Et je le redis : j'étais pas dans le bahut le plus select ni le plus sévère sur les notes. Enfin, ce lycée sélectionnait : des élèves de Seconde incapables de suivre en 1ère étaient réorientés.
Et la moyenne annuelle de Français pour la classe, en Première A, pour les mêmes élèves ?... 9,8.
Comparaison n'est pas raison, tous ça, cependant est-ce que ce genre de bulletin serait bien vu pour une classe de Term Générale à dominante de Spés Langues / Littérature cette année ?
- Philo 8,3
- Anglais 10,2
- Espagnol 11,2
- Latin 13,4
- Maths 11,3
- Hist/Géo 9,9
Avec ma note de 11,79 de moyenne annuelle, calculée à la mi-juin, j'étais le 3ème de la classe. Sur 34 élèves, 13 avaient l'avis "Doit faire ses preuves à l'examen" et 10 "Avis assez favorable". Nous n'étions que 3 "Avis très favorable". Et je le redis : j'étais pas dans le bahut le plus select ni le plus sévère sur les notes. Enfin, ce lycée sélectionnait : des élèves de Seconde incapables de suivre en 1ère étaient réorientés.
Et la moyenne annuelle de Français pour la classe, en Première A, pour les mêmes élèves ?... 9,8.
Comparaison n'est pas raison, tous ça, cependant est-ce que ce genre de bulletin serait bien vu pour une classe de Term Générale à dominante de Spés Langues / Littérature cette année ?
- Dadoo33Grand sage
Jenny a écrit:Prezbo a écrit:Je crois qu'on ne travaille pas tous dans les mêmes univers.
Personnellement, chez nous, ça fait un certain moment qu'on ne se risque plus à mettre des exercices un cran au dessus du programme en DS commun (on en est plutôt à trier désespérément ce qui nous semble faisable par nos élèves dans les annales), et qu'on n'évoque plus que superficiellement les quantificateurs. De même que je n'imaginais pas qu'il existe encore des STMG avec des élèves majoritairement sérieux et qui réussissent les contrôles de connaissance.
C'est sûr. J'ai rarement des moyennes aussi élevées que cette année. J'ai des élèves qui ont le même profil que ceux de Proton, ils veulent souvent approfondir le cours, sont très volontaires, regardent les documentaires sur Arte. Une autre planète...
Idem ici. Et je ne suis pas du tout dans un établissement exceptionnel. Maintenant c’est un constat que nous faisons sur l’ensemble de nos tles technos ou générales. Nous ne surnotons pas. Ils jouent le jeu pour la tle stmg et la classe de terminale générale est vraiment brillante.
Voilà tout.
S’agissant, maintenant de mes secondes et premières stmg, comment dire ? C’est l’inverse. La couronne de laurier est réservée aux premières stmg. Je n’ai vu cela depuis que j’enseigne: une cata.
Quant à mes premières générales, c’est une classe lambda mais moins catastrophique que celle de l’année dernière.
Je suis celle qui se tape les classes les plus faibles donc cette année je revis un peu.
Edit: pour les exo et les contrôles de connaissances, ils ne sont pas plus gentils que les autres années. Ils sont du même type: pas uniquement des définitions par exemple. Néanmoins cela confirme juste ce que j’expliquais aux élèves, aux parents et à mes chefs, les plus sérieux peuvent en tirer profit.
- doubledeckerSage
3e de la classe ? Mais tu as eu ton bac j’imagine et avec quelles notes ? Plus que de savoir si ces notes seraient bien ou mal vues moi je m’interroge sur leur intérêt : étaient-elles le reflet fidèle de tes capacités ? Ou bien les exigences des enseignants allaient -elles au delà des attendus pour un élève de TA?
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
La boutique de LolaDragibus : des petites choses futiles et inutiles pour embellir la vie (p'tites bricoles en tissu, papier, crochet....) : venez y jeter un oeil 😊
- User12958Niveau 5
doubledecker a écrit:3e de la classe ? Mais tu as eu ton bac j’imagine et avec quelles notes ? Plus que de savoir si ces notes seraient bien ou mal vues moi je m’interroge sur leur intérêt : étaient-elles le reflet fidèle de tes capacités ? Ou bien les exigences des enseignants allaient -elles au delà des attendus pour un élève de TA?
Mention AB, 12 et demi, je me suis planté en Philo (9) et en Latin (7), contre-performances. Heureusement que j'avais cartonné en Français et eu une bonne note en Anglais et en Histoire.je ne suis pas dans la tête de mes profs de l'époque, notaient-ils en vue du post-bac pour nous faire bosser ? On a tous eu le Bac en tout cas.
- doubledeckerSage
Noter sec en vue de l’examen c’est donc que la note ne sanctionne pas un résultat à un instant T et donc n’a pas beaucoup de sens.
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- RuthvenGuide spirituel
Ascagne a écrit:Cela ne fait même pas deux ans que j'ai quitté l'enseignement au lycée, tout a déjà changé avec la réforme et d'après ce que je lis pour essayer de rester au courant sur le forum, de nouvelles pratiques émergent du côté des directions aussi...
@Lagomorphe : Ou alors quand on est novice et en difficulté avec les classes : dur de résister à certaines pressions de ce côté-là. J'ai connu ça.
Ascagne, ce ne sont pas "des nouvelles pratiques qui émergent du côté des directions", c'est l'effet d'une politique, nationale, délibérée, celle qui a introduit le contrôle continu, celle qui a mis en concurrence les disciplines, celle qui a alourdi les services au point que l'interro de connaissances ou le QCM deviennent la seule solution pour produire des notes.
Je vois mes anciens collègues exploser en plein vol - expérimentés, attachés à leur travail, sans problème jusqu'à présent - avec les arrêts maladies et les anxiolytiques qui s'enchaînent. Je crains l'effet France Telecom dans les mois qui viennent. On aura beau jeu de mettre cela sur le dos de la crise sanitaire.
- PrezboGrand Maître
Ruthven a écrit:
Ascagne, ce ne sont pas "des nouvelles pratiques qui émergent du côté des directions", c'est l'effet d'une politique, nationale, délibérée, celle qui a introduit le contrôle continu, celle qui a mis en concurrence les disciplines, celle qui a alourdi les services au point que l'interro de connaissances ou le QCM deviennent la seule solution pour produire des notes.
Oui. Je crois qu'il commence à y avoir suffisamment de témoignages concordants sur les pressions des directions et des IPR sur la notation et le travail en équipe pour pouvoir y lire une politique ministérielle. D'où l'importance d'en parler publiquement.
Ruthven a écrit:
Je vois mes anciens collègues exploser en plein vol - expérimentés, attachés à leur travail, sans problème jusqu'à présent - avec les arrêts maladies et les anxiolytiques qui s'enchaînent. Je crains l'effet France Telecom dans les mois qui viennent. On aura bon dos de mettre cela sur le dos de la crise sanitaire.
Tant qu'il restera des supers-collègues pour jouer le jeu et s'adapter à tout en vantant leur réussite...
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