Nos cours en lycée pro, c'est de la "garderie"

J'ajoute toutefois que j'adore ce que je fais, et que je ne changerais pour rien au monde.

doubledecker a écrit:

Mehitabel a écrit:

C'est inéressant ce que tu écris! A quoi imputes tu ce changement? Tu dis que cela correspond au Bac pro 3 ans, en quoi cela a-t-il changé quelque chose? Le fait de rallonger d'une année qui a découragé les élèves, pressés de sortir du système? C'est une vrai question, hein, je n'y connais strictement rien du tout

ce n'est peut être pas la bonne réponse mais depuis 2009 il est clair que les élèves qui avaient un petit niveau et qui auraient pu s'en sortir en bep (puis par la suite en bac pro) se sont vu arriver en bac pro : là où il fallait 4 ans pour obtenir le diplôme (bep => 2 ans puis bac pro =>2 ans) depuis 2009 c'est seulement 3 années. Et par conséquent des notions qu'il faut assimiler plus vite d'où peut être un certain découragement qui se solde par un manque voire un refus de travail (la rengaine bien connue : "ouais, de toute façon, je suis nul, j'y arriverai pas alors pourquoi j'le ferais ce boulot"!!)

En plus de ce qu'indiquent Doubledecker et Cath il y a peut être le changement de la procédure d'orientation. Dans notre académie est arrivé le système tout informatisé où les prof n'ont plus aucun contrôle sur l'orientation ou sur le contenu du dossier (parfois fortement arrangé en fin de 3e dans certains établissements).

Je trouve aussi que les voeux effectués en sortie de troisième sont très limités en nombre (trois ou quatre, je ne sais plus). Pour les élèves allant au général les choix sont plus simples, options exceptées ce sera une seconde générale. Là trois voeux pour le LP c'est trop réduit. Si l'élève veut véritablement faire commerce et le met trois fois (trois établissements différents) mais n'est pas pris il se retrouve nulle part, en collège, au lycée général parfois, ou dans n'importe quelle section professionnelle où il reste de la place (certes cela arrivait aussi avant, mais un BEP bien réussit permettait une réorientation en entrant en bac pro).

Enfin il y a l'âge d'arrivée. Les élèves ne redoublent presque plus, n'ont finalement jamais eu la pression du redoublement. Ils ont totalement immatures et surtout ne comprennent pas du tout pourquoi ils faudraient qu'ils se mettent à travailler maintenant alors qu'ils ne l'ont jamais fait avant.

Jacq a écrit:

En plus de ce qu'indiquent Doubledecker et Cath il y a peut être le changement de la procédure d'orientation. Dans notre académie est arrivé le système tout informatisé où les prof n'ont plus aucun contrôle sur l'orientation ou sur le contenu du dossier (parfois fortement arrangé en fin de 3e dans certains établissements).

Je trouve aussi que les voeux effectués en sortie de troisième sont très limités en nombre (trois ou quatre, je ne sais plus). Pour les élèves allant au général les choix sont plus simples, options exceptées ce sera une seconde générale. Là trois voeux pour le LP c'est trop réduit. Si l'élève veut véritablement faire commerce et le met trois fois (trois établissements différents) mais n'est pas pris il se retrouve nulle part, en collège, au lycée général parfois, ou dans n'importe quelle section professionnelle où il reste de la place (certes cela arrivait aussi avant, mais un BEP bien réussit permettait une réorientation en entrant en bac pro).

Enfin il y a l'âge d'arrivée. Les élèves ne redoublent presque plus, n'ont finalement jamais eu la pression du redoublement. Ils ont totalement immatures et surtout ne comprennent pas du tout pourquoi ils faudraient qu'ils se mettent à travailler maintenant alors qu'ils ne l'ont jamais fait avant.

je ne pense pas que l'informatisation des affectation joue beaucoup. Dans mon académie, nous travaillons avec affelnet depuis une dizaine d'année (comme beaucoup d'autres académies) sans lien notable entre affectation et réussite en LP. Pour ce qui est des 4 voeux certes c'est limité mais c'est aussi justement pour permettre de hiérarchiser des voeux (et aussi gérer la pénurie de places en LP...). Et pour les élèves qui ne trouvent rien il y a la 2è vague d'affectation où là bien sûr, on prend ce qui reste...En même temps, pendant les 10 ans où j'ai été prof principale de 3è je n'ai eu que très peu d'élèves affectés sur liste complémentaire (2 au max par an) parce que je martelais que n'auraient leur affectation en LP que ceux et celles qui avaient un projet réel et se donnaient effectivement les moyens de leurs ambitions.

J'enseigne aussi la matière professionnelle, j'encadre mes élèves pendant 10 à 12 heures/semaine.
Comme rappelés dans plusieurs post, tout a changé depuis le passage au bac pro 3 ans.

Depuis 2009, nous accueillons des élèves qui " signent" pour 3 ans, aucun souci pour la majorité des élèves sérieux et qui en veulent, mais c'est une plaie pour les jeunes en échec total, sachant à peine lire et se tenir que l'on doit absolument " scolariser.

Ce qui m'agace au plus haut point, c'est que le bac pro dans le tertiaire n'a aucune valeur, avec le CCF presque tous les élèves l'obtiennent sans rien faire vu que le niveau d'exigence est très bas.

De plus en plus d'élèves n'ont même pas le profil pour être dans la section choisi, auront du mal à s'insérer sur le marché de l'emploi et/ou la poursuite d'études...déjà que les placer en stage relève du miracle.

Il est vrai qu'en demi-groupe, c'est plus simple mais pour mes élèves : écouter, prendre des notes et apprendre sont des activités d'un autre temps.

Donc, j'avoue, je ne m'embête presque plus à construire mes cours.

A mon sens les deux nouveautés qui ont le plus contribué à encourager les élèves dans leur refus de travailler sont :
1) La suppression de fait des redoublements, qui se constate parfaitement à la vue des listes d'élèves.
2) L'introduction du CCF dont les dérives ont été maintes fois dénoncées sur ce forum et ailleurs.

neomath a écrit:A mon sens les deux nouveautés qui ont le plus contribué à encourager les élèves dans leur refus de travailler sont :
1) La suppression de fait des redoublements, qui se constate parfaitement à la vue des listes d'élèves.
2) L'introduction du CCF dont les dérives ont été maintes fois dénoncées sur ce forum et ailleurs.

on le retrouve aussi en lycée GT, nos secondes n'ont jamais été aussi jeunes... et ils sont passés de classe en classe sans rien faire... et ils passeront en 1ère, peu importe leurs résultats.

Ne parlons pas de nos 4 eme dont beaucoup ne savent meme pas dire '' je suis'' en anglais, ou ne savent pas distinguer un verbe d'un adjectif

doubledecker a écrit:

Jacq a écrit:

En plus de ce qu'indiquent Doubledecker et Cath il y a peut être le changement de la procédure d'orientation. Dans notre académie est arrivé le système tout informatisé où les prof n'ont plus aucun contrôle sur l'orientation ou sur le contenu du dossier (parfois fortement arrangé en fin de 3e dans certains établissements).

[...]

je ne pense pas que l'informatisation des affectation joue beaucoup. Dans mon académie, nous travaillons avec affelnet depuis une dizaine d'année (comme beaucoup d'autres académies) sans lien notable entre affectation et réussite en LP. Pour ce qui est des 4 voeux certes c'est limité mais c'est aussi justement pour permettre de hiérarchiser des voeux (et aussi gérer la pénurie de places en LP...). Et pour les élèves qui ne trouvent rien il y a la 2è vague d'affectation où là bien sûr, on prend ce qui reste...En même temps, pendant les 10 ans où j'ai été prof principale de 3è je n'ai eu que très peu d'élèves affectés sur liste complémentaire (2 au max par an) parce que je martelais que n'auraient leur affectation en LP que ceux et celles qui avaient un projet réel et se donnaient effectivement les moyens de leurs ambitions.

Oui, tu as donc plus de recul, alors que pour nous tout est arrivé en même temps, bac pro 3 et affelnet.

Pour Macassa : oui c'est affolant de voir arriver en ex secrétariat (GA) des élèves ne sachant ni lire ni écrire (ou presque). Justement avant Affelnet nous pouvions lors des commissions écarter certains dossiers, là on ne peut plus.

neomath a écrit:A mon sens les deux nouveautés qui ont le plus contribué à encourager les élèves dans leur refus de travailler sont :
1) La suppression de fait des redoublements, qui se constate parfaitement à la vue des listes d'élèves.
2) L'introduction du CCF dont les dérives ont été maintes fois dénoncées sur ce forum et ailleurs.

Oui. Et pour le LG il faut se méfier. Si on vous dit lors de réunion (quand ils voudront vous l'imposer puisque cela commence chez vous aussi) qu'il n'y a pas de raison quee cela ne marche pas au LG puisque "la preuve" cela marche en LP ! Ben non, cela ne marche pas en LP (enfin, on fait marcher) et globalement presque tout le monde est contre (après il y en a aussi qui aiment se faire mal et qui disent que c'est génial). Sauf que la sale habitude prise c'est de tester au LP puis d'imposer en général en disant : au LP ça marchce !
Ben non !
C'est la misère !

L expérience que je vis en bac pro tertiaire est la suivante: des élèves sachant parfaitement lire, pas tous en réelle difficulté, appréciant de façon variable mes cours de français, mais s accordant sur un point: la matière qu ils haïssent le plus est la compta, ce qui est quand même paradoxal...Et autant vous dire que ce n est pas une question de prof.

Ils ont en commun une nonchalance assez dingue, leur donner du boulot à la maison ne sert à rien, ou alors il faut le noter, du coup ça devient un DM, et encore ils ne le font pas toujours.
Et puis surtout nul stress à l approche du bac...

Et ils s'en foutent complétement d'avoir 0, au contraire, ça en encourage même certains, comme si ça les confortaient dans leur idée du "je suis nul, ça sert à rien que j'essaie"

Oui c est ça, ils ne cessent de me dire :
" Tous les profs savent qu on ne va pas avoir le bac "...
Mais zut quoi ...
Ils ont largement les capacités d avoir un bac pro...

WonderWoman a écrit:Et ils s'en foutent complétement d'avoir 0, au contraire, ça en encourage même certains, comme si ça les confortaient dans leur idée du "je suis nul, ça sert à rien que j'essaie"

Hummm, mouais. C'est vrai que pour certains avoir zéro est devenu une habitude.
Jamais, mais JAMAIS je n'ai collé un zéro à un de mes Tles et pourtant le niveau est plus que faible. Les devoirs ? Et bien je les aidais. Maintenant je ne fais plus de devoirs, c'est terminé.

Mais tu les notes comment ?

Moi j'ai du travail non fait, non rendu ... Faut bien mettre une note, je ne peux pas l'inventer ou la sortir de mon chapeau !

le 0 est amplement mérité !

louis09 a écrit:Mais tu les notes comment ?

Noter quoi ? Avec eux il n'y a malheureusement rien à noter en techno ! C'est une perte de temps, alors maintenant je note uniquement à l'atelier.
L'administration s'en fout, tout ce qu'ils veulent c'est éviter que les élèves de cette classe posent plus de problèmes qu'ils n'en posent déjà.
Quand j'ai reçu l'inspecteur il était limite mal à l'aise devant un niveau si bas !
Cette semaine en maths ils ont vu le théorème de Pythagore ! En Anglais ? Les jours, mois et saisons !

Je fais quoi moi ? Ce que je peux, comme mes collègues les plus expérimentés qui sont complètement dépassés par la situation. Personne n'a jamais vu ça ! Ces jeunes n'ont rien à faire en terminale. Mais voilà, ils sont là alors autant bosser un minimum et à leur niveau.

Pire, encore, pour les CCF ... certains ne m'ont rien rendu ... Ben j'ai mis 0, voilà. (après avoir fait moult rattrapages...)
Ils faut aussi qu'ils comprennent que leurs actes (ou absence) ont des conséquences. Or, à faire des rattrapages de CCF, ou, en extrapolant, en ne les faisant pas redoubler malgré des moyennes très basses, on leur donne l'idée que tout leur est dû. ça n'est pas leur rendre service.

Ben13 a écrit:

louis09 a écrit:Mais tu les notes comment ?

Noter quoi ? Avec eux il n'y a malheureusement rien à noter en techno ! C'est une perte de temps, alors maintenant je note uniquement à l'atelier.
L'administration s'en fou, tout ce qu'ils veulent c'est éviter que les élèves de cette classe posent plus de problèmes qu'ils n'en posent déjà.
Quand j'ai reçu l'inspecteur il était limite mal à l'aise devant un niveau si bas !
Cette semaine en maths ils ont vu le théorème de Pythagore ! En Anglais ? Les jours, mois et saisons !

Je fais quoi moi ? Ce que je peux, comme mes collègues les plus expérimentés qui sont complètement dépassés par la situation. Personne n'a jamais vu ça ! Ces jeunes n'ont rien à faire en terminale. Mais voilà, ils sont là alors autant bosser un minimum et à leur niveau.

:shock:

:abk: :abk: :abk: :abk:

WonderWoman a écrit:Pire, encore, pour les CCF ... certains ne m'ont rien rendu ... Ben j'ai mis 0, voilà. (après avoir fait moult rattrapages...)
Ils faut aussi qu'ils comprennent que leurs actes (ou absence) ont des conséquences. Or, à faire des rattrapages de CCF, ou, en extrapolant, en ne les faisant pas redoubler malgré des moyennes très basses, on leur donne l'idée que tout leur est dû. ça n'est pas leur rendre service.

5 n'ont rien rendu pour la compta (coef 8)

Certains ne viennent que 5 fois dans l'année et encore... D'autres ne font pas leur stage.

Je suis à 5,57 de moyenne de classe, j'en pleurerais !
j'ai de plus en plus de mal à avancer et même à gérer mes classes.

2 élèves sont motivées par la formation.

Pareil WW, c est d ailleurs ce que je leur dis: " Pour un travail non rendu, vous pensez que je peux vous mettre quelle note?"

capucine42 a écrit:Pareil WW, c est d ailleurs ce que je leur dis: " Pour un travail non rendu, vous pensez que je peux vous mettre quelle note?"

Un élève a osé me répondre: la moyenne !

lucie prof a écrit:

capucine42 a écrit:Pareil WW, c est d ailleurs ce que je leur dis: " Pour un travail non rendu, vous pensez que je peux vous mettre quelle note?"

Un élève a osé me répondre: la moyenne !

ça par contre, on ne peut pas leur ôter : ils ont de la répartie.

Je ne l'ai plus jamais revu, vexé ?

Certains, de ne pas les revoir, c'est une bonne chose : ça permet d'aider ceux qui ont envie.
J'ai fini l'année avec 6 sur 17 CAP. Ben on a fait des choses super intéressantes, infaisables avec tous.

Tant que des élèves nuls auront 12 de moyenne avec comme appréciation "C'est insuffisant", les choses demeureront ce qu'elles sont, c'est simple.