Comment s'auto-évaluer ?

Alors il y a quelque chose qui me gêne beaucoup dans ce métier, j'ai toujours beaucoup de mal à évaluer la manière dont se passent mes cours. On est seul avec soi-même dans ce métier et avec ses états d'âme. Certains jours les cours se passent bien et je me dis "tout va bien, on bosse bien avec cette classe" et le lendemain ils sont très énervés, on n'avance pas et je me dis " rien ne va plus, je suis nulle".
Avez-vous une solution miracle pour avoir un regard objectif sur ce qui se passe dans vos classes? Pour juger ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas? Faire la part entre ce qui relève de vous, ce qui relève des élèves, ce qui relève des circonstances ( fin de journée, fin de semaine)
Avoir ce regard objectif me permettrait de mieux gérer mes classes je pense et de me rendre compte quand ça commence à déraper. Je n'en suis pas bien capable encore je crois.
C'est une vaste question, merci de vos éclairages

Ben moi, pour tuer mes doutes, j'ai invité une collègue en classe.
Cela m'a fait un bien fou. Et je suis passée dans la classe de deux collègues. Après on discute, on se donne des idées, et on échange. C'est agréable et ça libère. Dans le collège où je suis cette année, ça se fait aussi.

Merci pour l'idée, Bikkhou.
J'y ai déjà pensé mais ça me fait un peu peur aussi. A partir du moment où on n'est plus stagiaire on a l'impression que ce n'est pas naturel.
Cela dit, c'est mieux si ce genre de choses fonctionne au sein de l'équipe, car être la première qui lance l'idée sans susciter l'envie des autres, c'est un peu inconfortable... Je ne suis pas sûre d'être réellement prête à m'exposer, mais l'est-on jamais ?

Tu peux demander à un ami de te filmer, et différer le moment de regarder cette vidéo.

Cela dit, dans l'EN les mots "solution miracle" me laissent perplexe : si la panacée existait, nous l'appliquerions, non ? (ou alors la rumeur dit vrai : nous sommes un tas de fainéants incapables et surpayés)

Il y a une chose que j'ai du mal à saisir : pourquoi souhaites-tu avoir un regard "objectif" ? Pour moi, c'est justement ta part de subjectivité qui fait leur éducation...

Quand je disais "solution miracle" c'était ironique, je suis bien d'accord qu'il n'existe pas de solution toute faite, c'est bien ça qui est difficile, on est toujours obligé de s'adapter, de réagir selon la situation, d'évaluer la situation et c'est ça qui me pose problème. J'ai l'impression de ne pas pouvoir faire confiance à ma subjectivité, qui me pousse tout le temps à être trop gentille et je cherche quelques conseils. Comment être le plus juste et neutre possible face aux élèves sans se laisser influencer par l'humeur du jour, par ce qu'a fait untel au cours d'avant, par l'avis d'untel qui ramène sa fraise?

Ok, je n'avais pas saisi l'ironie.
Je comprends ce que tu dis, mais je ne parviens pas à être d'accord : être gentil signifie "vouloir le bien d'autrui", alors on ne peut pas être trop gentil !
Être le plus juste et le plus neutre signifierait qu tu vas lister les incidents qui peuvent se produire, décider d'une réponse adaptée et appliquer mécaniquement. Ca me semble aussi impossible que contre-productif, parce que c'est nier - voire renier - ce qui fait notre humanité ; rien n'est jamais identique, ni les élèves, ni les classes, ni les situations, ni les heures, ni les cours...

Le seul conseil que je peux donner (si tant est que je sois habilitée à fournir un quelconque conseil), c'est de faire avec qui tu es. Et d'oser leur dire : je réagis comme cela à cela parce que je crois que c'est ce qui est bon. Si tu acceptes d'être imparfaite, alors ils sentiront le droit de ne pas l'être, et cela en soulage beaucoup.

Si toutes tes heures se passaient bien, tu ne remettrais en question ni ton attitude, ni ton enseignement. Subir une heure pourrie avec une classe peut avoir plusieurs causes : l'horaire est difficile, il y a eu une bagarre dans la cour, il ont fait une activité très agitée avant, tu es fatiguée, tu n'as pas vu venir ce qui leur pose problème, tu ne sais pas comment réagir au commentaire d'un élève, etc. Mais, chez les "bons" profs, il n'y a qu'une seule conséquence : tu prends des mesures pour que cela ne se reproduise pas. Jusqu'au moment où tu subis une autre heure pourrie !

C'est vrai qu'avec le temps tu développes des réflexes. C'est juste ta rapidité de réaction qui change. Pour le reste, ben... vu les questions que tu te poses, t'es sur la bonne voie.