- Libé-RationGuide spirituel
J'ai la pensée contraire, étant certifiée LM, enseignant la philo, de me reconvertir peut-être officiellement à la philo si je reste à l'EN. En ce moment, je m'éclate beaucoup plus en cours de philo qu'en cours de français, et de même pour les corrections, même si étant néophyte, cela me demande une masse de travail ahurissante.
La qualité des élèves y est sans doute pour quelque chose. A chaque cours, c'est l'engouement, les élèves qui participent, qui s'interrogent, et à chaque rendu de devoir la quasi totalité de la classe qui refait son travail selon les conseils que j'ai indiqués sur les copies.
Mais bon, à part ça, le CDE veut venir me rendre visite en classe... je lui prévois une question spéciale pour quand il viendra "S'assurer le pouvoir nécessite-t-il de priver autrui de sa liberté ?"...je sens qu'on va rigoler, mais il faut que je fignole l'ensemble et aussi que je me procure la tenue adéquate : robe "mission" pour faire tenue locale puisque ce monsieur trouve que mes jupes ne sont pas adaptées au lieu où nous nous trouvons.
La qualité des élèves y est sans doute pour quelque chose. A chaque cours, c'est l'engouement, les élèves qui participent, qui s'interrogent, et à chaque rendu de devoir la quasi totalité de la classe qui refait son travail selon les conseils que j'ai indiqués sur les copies.
Mais bon, à part ça, le CDE veut venir me rendre visite en classe... je lui prévois une question spéciale pour quand il viendra "S'assurer le pouvoir nécessite-t-il de priver autrui de sa liberté ?"...je sens qu'on va rigoler, mais il faut que je fignole l'ensemble et aussi que je me procure la tenue adéquate : robe "mission" pour faire tenue locale puisque ce monsieur trouve que mes jupes ne sont pas adaptées au lieu où nous nous trouvons.
- Libé-RationGuide spirituel
(Mais bon, en vrai, je ne pense pas faire de vieux os à l'EN étant donné la dénaturation tout court de la fonction de professeur).
- lene75Prophète
Avec de bons élèves ce n'est pas le même métier (mon année au Lycée inter ) mais il y a aussi une certaine satisfaction à tirer des mous du genou de leur torpeur, voire simplement à allumer une mini-étincelle dans les yeux d'un endormi.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Libé-RationGuide spirituel
Je n'ai pas de bons élèves, j'ai des élèves qui n'ont aucune culture générale, qui souvent ont un très très petit niveau en français, mais qui s'intéressent et ça, ça fait beaucoup.
Mes STG par exemple, je dois leur mimer des concepts (je suis nulle en dessin, mais forte en mime, heureusement que le ridicule ne tue pas), ou passer par des exemples au ras des pâquerettes (mais en ES et S aussi), et bam, ça fait tilt.
Mes STG par exemple, je dois leur mimer des concepts (je suis nulle en dessin, mais forte en mime, heureusement que le ridicule ne tue pas), ou passer par des exemples au ras des pâquerettes (mais en ES et S aussi), et bam, ça fait tilt.
- User5899Demi-dieu
Libellune a écrit:à part ça, le CDE veut venir me rendre visite en classe... je lui prévois une question spéciale pour quand il viendra "S'assurer le pouvoir nécessite-t-il de priver autrui de sa liberté ?"...je sens qu'on va rigoler, mais il faut que je fignole l'ensemble et aussi que je me procure la tenue adéquate : robe "mission" pour faire tenue locale puisque ce monsieur trouve que mes jupes ne sont pas adaptées au lieu où nous nous trouvons.
- dandelionVénérable
Libellune, mon père, qui était instit, avait donné comme exemple au tableau, un jour de visite: La taupe est là. L'inspecteur n'avait pas aimé
Sinon, petit message spécial profs de philo: je trouve que c'est une des matières que j'ai le moins 'oubliées', sans en avoir une pratique réellement importante. Je trouve aussi que c'est une des rares matières que j'ai utilisées dans la vie courante (quand j'ai été malade par exemple, ou quand on ne savait pas si ma fille allait naître trop prématurée pour être sauvée). Il ne faut peut-être pas désespérer: il y a beaucoup de gens que ça aide sans doute à vivre bien longtemps après vous avoir connus .
Dites Cripure, je fais aussi plein de fautes moi? Vous m'inquiétez
Sinon, petit message spécial profs de philo: je trouve que c'est une des matières que j'ai le moins 'oubliées', sans en avoir une pratique réellement importante. Je trouve aussi que c'est une des rares matières que j'ai utilisées dans la vie courante (quand j'ai été malade par exemple, ou quand on ne savait pas si ma fille allait naître trop prématurée pour être sauvée). Il ne faut peut-être pas désespérer: il y a beaucoup de gens que ça aide sans doute à vivre bien longtemps après vous avoir connus .
Dites Cripure, je fais aussi plein de fautes moi? Vous m'inquiétez
- noesisNiveau 2
Fût un temps où effectivement je ne me voyais pas enseigner autre chose que la philo. Il est vrai que quelque fois je suis heureuse quand j'entend des élèves discuter du cours de philo à la récrée ou quand je suscite en eux des envies d'écriture (certains viennent me montrer des poèmes, d'autres des pensées...) mais une hirondelle ne fait pas le printemps et bien souvent je m'interroge sur mon avenir dans cette matière. Je crois en fait que j'aime trop la philosophie et que cela me rend triste de simplement la survoler en cours, d'où cette sensation de ne pas aller au bout des choses.lene75 a écrit:Ruthven et Noesis, je ne partage pas votre triste constat, peut-être en raison de mon inconscience de débutante. Même si beaucoup de choses m'inquiètent pour l'avenir de notre discipline et même si je me sens totalement impuissante avec certains élèves carrément hostiles, j'ai l'impression de vraiment apporter quelque chose à mes élèves (et à moi-même d'ailleurs), y compris quand ils sont faibles et à côté de la plaque pour les exercices scolaires. Enfin, cela s'entend dans les classes où les problèmes de gestion de la discipline n'empêchent pas de faire un véritable cours. Je ne me vois pas enseigner une autre discipline que la philo, d'où mon inquiétude et ma tristesse quand il est question de la dénaturer.
PS : Iphigénie, j'ai eu la même idée que toi pour les épreuves, que j'ai d'ailleurs soumise à l'inspection lors de la consultation pour la modifications des épruves en séries technos, mais je ne crois pas que cette idée ait rencontré un franc succès (un des problèmes étant qu'en philo nous sommes très libres sur le contenu de nos cours, mais j'imaginais poser des questions suffisamment larges pour que les élèves puissent recracher n'importe quel cours tu telle ou telle notion).
- lene75Prophète
À propos d'hirondelles, j'ai vu quand j'étais petite un dessin animé dans lequel des milliers de poissons étaient échoués sur une plage et en train de mourir. Un enfant les remettait à l'eau un par un. Un adulte venait lui dire que ses efforts étaient vains, qu'ils étaient bien trop nombreux et qu'il ne parviendrait pas à les sauver. L'enfant prenait alors un nouveau poisson, le jetait à l'eau et disait : "Celui-là au moins, il est sauvé". Je suis très énervé de ne pas parvenir à retrouver la source, mais toujours est-il que c'est le rapport que j'ai pour le moment à mon métier. Toutes les fois où j'ai été à deux doigts de démissionner, au fond du trou, il y a un petit crétin qui a involontairement trouvé le moyen de me faire rester.
Plus ça va moins mon enseignement est déconnecté de ma vie (avec un peu les mêmes expériences que toi, dandelion) et plus il l'enrichit, et du coup plus mon attachement à la philo est concret et passe par la transmission et plus je m'éloigne de la philo universitaire. Du coup je me trouve à ma place en terminale mais le revers de la médaille est que je suis ultra-sensible aux réactions des élèves : les classes pénibles me sapent le moral parce que je mets tout mon coeur dans mes cours.
Plus ça va moins mon enseignement est déconnecté de ma vie (avec un peu les mêmes expériences que toi, dandelion) et plus il l'enrichit, et du coup plus mon attachement à la philo est concret et passe par la transmission et plus je m'éloigne de la philo universitaire. Du coup je me trouve à ma place en terminale mais le revers de la médaille est que je suis ultra-sensible aux réactions des élèves : les classes pénibles me sapent le moral parce que je mets tout mon coeur dans mes cours.
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- lene75Prophète
En fait quand je parle de choses simples, en surface, il y a derrière beaucoup plus approfondi qui donne sens et pour ainsi dire qui donne vie à ces explications simples. Et ce que je trouve passionnant, c'est de ne jamais cesser d'apprendre. J'ai encore tant à apprendre même pour soutenir simplement un niveau terminale : mes pistes pour l'instant sont l'art, les neurosciences, l'éthique prioritairement, mais aussi la médecine, l'économie, l'ethnologie, entre autres. Il y a tant à faire que je pense que je n'aurai jamais fini.
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- RobinFidèle du forum
lene75 a écrit:À propos d'hirondelles, j'ai vu quand j'étais petite un dessin animé dans lequel des milliers de poissons étaient échoués sur une plage et en train de mourir. Un enfant les remettait à l'eau un par un. Un adulte venait lui dire que ses efforts étaient vains, qu'ils étaient bien trop nombreux et qu'il ne parviendrait pas à les sauver. L'enfant prenait alors un nouveau poisson, le jetait à l'eau et disait : "Celui-là au moins, il est sauvé". Je suis très énervé de ne pas parvenir à retrouver la source, mais toujours est-il que c'est le rapport que j'ai pour le moment à mon métier. Toutes les fois où j'ai été à deux doigts de démissionner, au fond du trou, il y a un petit crétin qui a involontairement trouvé le moyen de me faire rester.
Plus ça va moins mon enseignement est déconnecté de ma vie (avec un peu les mêmes expériences que toi, dandelion) et plus il l'enrichit, et du coup plus mon attachement à la philo est concret et passe par la transmission et plus je m'éloigne de la philo universitaire. Du coup je me trouve à ma place en terminale mais le revers de la médaille est que je suis ultra-sensible aux réactions des élèves : les classes pénibles me sapent le moral parce que je mets tout mon cœur dans mes cours.
Je suis d'accord. Il faut montrer le lien avec la vie, insister sans cesse sur les enjeux et éviter l'intellectualisme, même si on ne peut évacuer une certaine technicité et les références aux "penseurs" (penseurs qui ne sont pas, pour la plupart, des "intellectuels"). En regardant l'autre jour un documentaire effarant sur Fukushima, je songeais à ce que dit Hans Jonas sur "l'heuristique de la peur" dans son Principe Responsabilité. Et si la philosophie nous aidait à devenir plus responsables (de nous-mêmes, des autres, du monde...) ?
- CondorcetOracle
Cripure a écrit:Libellune a écrit:à part ça, le CDE veut venir me rendre visite en classe... je lui prévois une question spéciale pour quand il viendra "S'assurer le pouvoir nécessite-t-il de priver autrui de sa liberté ?"...je sens qu'on va rigoler, mais il faut que je fignole l'ensemble et aussi que je me procure la tenue adéquate : robe "mission" pour faire tenue locale puisque ce monsieur trouve que mes jupes ne sont pas adaptées au lieu où nous nous trouvons.
Un thème judicieusement choisi.
- CondorcetOracle
Robin a écrit:lene75 a écrit:À propos d'hirondelles, j'ai vu quand j'étais petite un dessin animé dans lequel des milliers de poissons étaient échoués sur une plage et en train de mourir. Un enfant les remettait à l'eau un par un. Un adulte venait lui dire que ses efforts étaient vains, qu'ils étaient bien trop nombreux et qu'il ne parviendrait pas à les sauver. L'enfant prenait alors un nouveau poisson, le jetait à l'eau et disait : "Celui-là au moins, il est sauvé". Je suis très énervé de ne pas parvenir à retrouver la source, mais toujours est-il que c'est le rapport que j'ai pour le moment à mon métier. Toutes les fois où j'ai été à deux doigts de démissionner, au fond du trou, il y a un petit crétin qui a involontairement trouvé le moyen de me faire rester.
Plus ça va moins mon enseignement est déconnecté de ma vie (avec un peu les mêmes expériences que toi, dandelion) et plus il l'enrichit, et du coup plus mon attachement à la philo est concret et passe par la transmission et plus je m'éloigne de la philo universitaire. Du coup je me trouve à ma place en terminale mais le revers de la médaille est que je suis ultra-sensible aux réactions des élèves : les classes pénibles me sapent le moral parce que je mets tout mon cœur dans mes cours.
Je suis d'accord. Il faut montrer le lien avec la vie, insister sans cesse sur les enjeux et éviter l'intellectualisme, même si on ne peut évacuer une certaine technicité et les références aux "penseurs" (penseurs qui ne sont pas, pour la plupart, des "intellectuels"). En regardant l'autre jour un documentaire effarant sur Fukushima, je songeais à ce que dit Hans Jonas sur "l'heuristique de la peur" dans son Principe Responsabilité. Et si la philosophie nous aidait à devenir plus responsables (de nous-mêmes, des autres, du monde...) ?
Tel est l'aspect le passionnant de la discipline.
- RobinFidèle du forum
Ruthven a écrit:Si tu veux taper sa copies sur le forum (et l'enlever ensuite), on peut faire une correction croisée si les collègues veulent se prêter au jeu.
L'évaluation de l'explication de texte est terriblement difficile, mais sur une dissert. on trouve vite des critères communs.
J'ai souvent autour de 8-9 de moyenne avec très peu de copies au-dessus de 10.
"J'appelle technique ce genre de pensée qui s'exerce sur l'action même et s'instruit par de continuels essais et tâtonnements. Comme on voit qu'un homme même ignorant, à force d'user d'un mécanisme, de toucher et pratiquer de toutes les manières et dans toutes les conditions, finit par le connaître d'une certaine manière, et tout à fait autrement que celui qui s'est d'abord instruit par la science ; et la grande différence entre ces deux hommes, c'est que le technicien ne distingue point l'essentiel de l'accidentel ; tout est égal pour lui et il n'y a que le succès qui compte.
Ainsi un paysan peut se moquer d'un agronome ; non que le paysan sache, ou seulement soupçonne pourquoi l'engrais chimique, ou le nouvel assolement, ou un labourage plus profond n'ont point donné ce qu'on attendait ; seulement par une longue pratique, il a réglé toutes les actions de culture sur de petites différences qu'il ne connaît point, mais dont pourtant il tient compte, et que l'agronome ne peut même pas soupçonner. Quel est donc le propre de cette pensée technicienne ? C'est qu'elle essaie avec les mains au lieu de chercher par la réflexion."
(Alain, Philosophie I VI, 4 « technique et science »)
Au sens large, la technique (du grec « techné », art) est le moyen de parvenir à un but, à un savoir-faire dans la réalisation d’une activité.
Ici Alain, philosophe et professeur de Philosophie en Khâgne au XXème siècle, appelle technique un savoir-faire ; c’est la « pensée technicienne ». Elle se traduit en termes d’action et conduit à tout envisager en termes de « réussite ». Dans ce texte, il établit une différence entre la science et la technique, entre un savoir complet, essentiellement théorique et la technique, essentiellement d’ordre pratique. Pour illustrer sa thèse, il va développer un exemple dans la seconde partie de son texte. Nous étudierons le texte linéairement.
Alain, en différenciant science et technique, différencie théorie et pratique et va prendre l’exemple de l’homme ignorant et de l’homme instruit. L’ignorant, pour atteindre son but essayera et réessayera sans avoir besoin de trop réfléchir. Il va intégrer un savoir uniquement pratique en parvenant à la connaissance d’un mécanisme c’est-à-dire du fonctionnement d’un objet. Par exemple, on peut savoir conduire une voiture sans pour autant connaître le fonctionnement du moteur. Cet homme ignorant, ce technicien, ne s’occupe pas de savoir pourquoi un objet fonctionne de telle ou telle manière. Il connaît le comment (comment faire fonctionner la chose) mais pas le pourquoi. Il est doté d’une certaine intelligence primitive. Lorsqu’il a atteint son but, il est pleinement satisfait : il ne se pose pas plus de questions, ne fait pas la différence entre ce qui appartient à l’essence de la chose, ce qui lui appartient sans modifications superficielles, ce qui fait cette chose et ce qu’elle est et l’accident : ce qui arrive par hasard, ce qui a modifié cette chose sans changer sa nature (sa composition et sa matière, son essence).
Le technicien ne mise que sur la réussite. L’homme instruit par la science, c’est-à-dire celui qui a le savoir, le savant, le théoricien a une manière de « fonctionner » qui selon Alain est radicalement différente. Il connaît les mécanismes parce qu’il les a appris, il sait exactement comment les objets fonctionnent et pourquoi. Par exemple un informaticien sait se servir d’un ordinateur et connaît son fonctionnement alors qu’un utilisateur moyen ne fait que s’en servir.
Il a pris connaissance des mécanismes, c’est-à-dire qu’il sait pourquoi telle chose produit tel effet. Pour illustrer sa théorie, Alain utilise un exemple : celui du paysan et de l’agronome, c’est-à-dire de la différence entre la pratique et le savoir. En effet, le paysan (l’ignorant) sait comment cultiver la terre grâce à plusieurs tentatives, de plusieurs façons. Au fil du temps il a trouvé la bonne technique, il connaît la profondeur à laquelle il doit labourer mais ne sait pas pourquoi c’est celle-ci et non une autre. Au contraire, l’agronome, l’homme instruit, sait pourquoi il faut labourer à cette profondeur, il connaît la composition de l’engrais chimique parce qu’il l’a étudié à travers la science, par des analyses diverses et de multiples observations.
Le paysan, le technicien, ne sait pas pourquoi il laboure à cette profondeur, il se règle sur des petites différences (labourer plus ou moins profond, tenir compte des différentes phases de lune…) qui pourtant s’avèrent efficaces et produisent des résultats positifs. Tout cela, grâce à sa longue pratique.
Paradoxalement, même avec tout son savoir, l’agronome parviendra à des résultats moins pertinents, car se basant sur la théorie pure il ne tiendra pas compte de certains paramètres (les petites différences) techniques que le paysan prend en compte bien qu’il ne puisse pas les expliquer.
La théorie d’Alain est cependant discutable et nous amène à nous poser certaines questions. En effet, la pensée technicienne se contente-t-elle « d’essayer avec les mains » ? Est-elle dénuée de réflexion, science et technique sont-elles séparables ?
On ne peut plus dire aujourd’hui qu’un technicien est ignorant. Les agriculteurs par exemple ont dans la majorité des cas fait des études supérieures, ils connaissent les engrais et les techniques de labourage, ils ont une intelligence technique guidée par une intelligence théorique ; le paysan, l’agriculteur n’est plus aujourd’hui un homme ignorant. Il peut cependant être peu instruit, mais il fera preuve d’un minimum de réflexion car pour gérer des terres il ne faut pas être ignorant et dénué de réflexion.
Ce texte ne peut pas être valable aujourd’hui car l’opposition théorie et technique faite par Alain est trop stricte, trop radicale. C’est vrai, certains hommes sont faits pour réfléchir et penser et d’autres pour utiliser leurs mains, mais en général ces deux caractéristiques sont nécessaires, voire indispensables l’une à l’autre. Le médecin en est l’exemple parfait, c’est un homme instruit, un théoricien et un technicien car il pratique et met en œuvre des connaissances.
Alain donne sa définition de technique et de pensée technicienne, celle-ci n’est pourtant pas une pensée au sens propre. C’est en fait se servir de ses mains et non de sa tête. La différentiation radicale entre le technicien et le théoricien nous invite à nous pose certaines questions notamment si ce texte est encore valable aujourd’hui. En effet la théorie d’Alain paraît vieille, un agriculteur n’est plus un simple paysan et très souvent, à l’inverse de la thèse de l’auteur, la réflexion va de pair avec la technique.
- RuthvenGuide spirituel
Je mets mon commentaire en spoiler pour ne pas influencer les autres lectures.
Je suis curieux de connaître les autres avis.
- Spoiler:
- J'aurais tendance à mettre 7 à ce type de copie (pour un devoir en classe, moins pour un devoir maison). L'introduction ne construit pas un problème, dès lors la thèse d'Alain ne s'inscrit pas dans un questionnement.
Le travail d'explication se réduit à chercher les définitions des termes complexes ou à illustrer le texte par des exemples, il n'y a pas véritablement de questionnement du texte (Pourquoi dit-il cela ? A-t-il raison de le dire ? Qu'est-ce qu'une connaissance qui n'est pas une science ?); expliquer ce texte supposait quand même avoir fait des recherches sur la notion de technique. Il y a par ailleurs un faux-sens au début (il ne s'agit pas d'opposer l'ignorant au savant ("un homme même ignorant" n'implique pas qu'il le soit)). La partie critique a la fin reste très superficielle (il vaut mieux d'ailleurs intégrer, à mon sens, les critiques au fur et à mesure de l'analyse, mais je sais qu'il y a plusieurs écoles sur ce point de méthodo).
Je suis curieux de connaître les autres avis.
- User5899Demi-dieu
Tout le monde n'en fait pas, heureusement, mais certains cumulentdandelion a écrit:Dites Cripure, je fais aussi plein de fautes moi? Vous m'inquiétez
J'avais oublié dans ma liste funèbre les accents circonflexes au passé simple 3e du sg...
- Presse-puréeGrand sage
Cripure a écrit:Michel GOURINAT
-De la philosophie (2 vol.)
-Guide de la dissertation et du commentaire de texte philosophiques (1 vol.)
Hachette université.
Pour moi, indépassé (même si probablement pas indépassable).
Le même genre de bonnes référence existe-t'il aussi pour les lettres?
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- InvitéC8Habitué du forum
Robin a écrit: (Alain, Philosophie I VI, 4 « technique et science »)
- Spoiler:
- Rapidement: copie très descriptive qui n'engage pas de problème car elle fait comme si tout allait de soi; le seul moment plus problématique est la partie critique à la fin du devoir (personnellement je n'approuve pas vraiment cette manière de procéder, je ne demande pas de partie critique à mes élèves car ils en sont tout bonnement incapables; et ceux qui le peuvent, je leur demande d'intégrer leur critique à l'explication linéaire elle-même) mais elle est très superficielle et à mon avis il aurait mieux valu s'en passer (je pense que la copie perd des points à l'avoir fait...).
Pour la note, difficile à dire en n'ayant qu'une seule copie (je note plutôt de manière comparative), mais ce serait entre 7 et 9.
- InvitéC8Habitué du forum
Ruthven a écrit:Je mets mon commentaire en spoiler pour ne pas influencer les autres lectures.
- Spoiler:
J'aurais tendance à mettre 7 à ce type de copie (pour un devoir en classe, moins pour un devoir maison). L'introduction ne construit pas un problème, dès lors la thèse d'Alain ne s'inscrit pas dans un questionnement.
Le travail d'explication se réduit à chercher les définitions des termes complexes ou à illustrer le texte par des exemples, il n'y a pas véritablement de questionnement du texte (Pourquoi dit-il cela ? A-t-il raison de le dire ? Qu'est-ce qu'une connaissance qui n'est pas une science ?); expliquer ce texte supposait quand même avoir fait des recherches sur la notion de technique. Il y a par ailleurs un faux-sens au début (il ne s'agit pas d'opposer l'ignorant au savant ("un homme même ignorant" n'implique pas qu'il le soit)). La partie critique a la fin reste très superficielle (il vaut mieux d'ailleurs intégrer, à mon sens, les critiques au fur et à mesure de l'analyse, mais je sais qu'il y a plusieurs écoles sur ce point de méthodo).
Je lis ton commentaire a posteriori du mien: même avis, même si j'ai semble-t-il été plus généreuse au niveau de la note.
- lene75Prophète
Mon avis sur cette copie :
- Spoiler:
- La méthode n'est pas maîtrisée : l'élève saisit l'objet du texte (on parle de l'opposition entre science et technique) mais ne travaille pas vraiment la thèse (je n'en vois pas d'énoncé clair) ni la structure argumentative du texte. Aucun questionnement du texte, que l'élève se contente de paraphraser. Pas d'utilisation de ses connaissances pour éclairer le texte (s'agit-il du devoir qui avait été donné avant que le cours ne soit fait ?).
Point positifs : définitions + début d'opposition entre pourquoi et comment (mais là c'est de la surinterprétation de ma part, étant donné que l'élève par du pourquoi mais pas du comment). Pas de contresens littéral sur le texte (mais enfin ce texte est limpide...).
Avant lecture de la partie critique, je dirais 8-9 maxi.
Après lecture de la partie critique, 7-8.
C'est son prof qui lui demande de faire cette partie ? À mon sens elle ne peut que lui faire perdre des points. Je la trouve caricaturale à la fois par ce qui y est défendu (avant gnagnagna mais aujourd'hui gnagnagna) et par le fait qu'il prend vraiment Alain pour un c*. Elle confirme que la raison pour laquelle l'élève ne parvient pas à se détacher de la paraphrase dans sa partie explicative est qu'il n'a pas du tout saisi les enjeux, et donc le sens, du texte. Le but d'Alain est de distinguer science et technique, pas de dire qu'un scientifique ne fait jamais de technique et un technicien jamais de science, il n'est pas débile, il sait bien que les deux sont le plus souvent entremêlées, m'enfin quand on veut distinguer deux choses, mieux vaut les séparer que de les confondre...
PS : je dirais évidemment les choses de manière un peu plus diplomatique à l'élève, mais la conclusion est que la copie en l'état s'en tirerait avec un petit 8 et qu'il faut absolument que l'élève en question travaille la méthode de l'explication de texte.
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- lene75Prophète
Bon ben je vois qu'on est à peu près tous d'accord Même si je suis la plus méchante dans mes critiques :diable: mais pas dans ma note :abe:
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- InvitéC8Habitué du forum
On est tous d'accord semble-t-il pour dire que cette "partie critique" est redoutable pour les élèves, car elle fait tomber les masques: dans cette copie, sans cette partie, la copie peut à peu près faire illusion
- Spoiler:
- (et donc avoir 9)
- InvitéC8Habitué du forum
J'ajoute que l'introduction de cette copie est vraiment intéressante pour le correcteur: à la lire à elle seule, on en déduit aisément que le développement (sauf surprise très improbable) va se limiter à une paraphrase, certes sérieuse (on voit que l'élève cherche à bien faire, ce n'est quelqu'un qui se fiche du monde) mais inopérante au niveau philosophique, faute 1) de problème posé, 2) de thèse établie, 3) de stucturation du texte. La phrase "nous étudierons le texte linéairement" est à bannir: par là l'élève s'est excusée elle-même de la tâche d'élucidation des étapes argumentatives du texte.
- lene75Prophète
Je confirme que l'intro est géniale pour le correcteur (même si pas autant que la partie critique :lol: ) Elle ne suit pas la sacro-sainte structure : thème, pb, thèse, structure argumentative et elle comporte deux indices immanquables du faible niveau de ce qui va suivre : le "nous étudierons le texte linéairement" et le "Alain, philosophe et professeur de philosophie en khâgne au XXe siècle". Il manque juste un élément de ces intros caricaturales : "Il s'agit d'un texte philosophique" ou "Ce texte est un texte argumentatif".
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- InvitéC8Habitué du forum
lene75 a écrit: "Alain, philosophe et professeur de philosophie en khâgne au XXe siècle".
Je n'ai pas noté, parce que même si je déteste ce genre de remarque que j'interdis formellement à mes élèves, je me dis qu'il doit y avoir des collègues qui sont contents de savoir que l'élève sait situer l'auteur et connaît quelques éléments de biographie...Mais qu'est-ce que ça me hérisse, moi, de lire ce genre de choses ! qui plus est en introduction, où j'attends que l'élève rentre dans le vif du sujet.
- lene75Prophète
Je ne pénalise pas pour ça, mais bon, c'est souvent un bon indice de copie faible : 1) qu'est-ce qu'on en a à foutre faire ? 2) Quelle surprise qu'il s'agisse d'un philosophe D'ailleurs en l’occurrence ça n'est pas innocent, puisque l'élève tente dans sa partie critique de faire un commentaire "historique" de la thèse de l'auteur : il n'a visiblement pas compris qu'on cherche à évaluer la portée argumentative d'un texte et pas à le situer historiquement. Cela dit c'est moins drôle que ceux qui sortent que vu que l'auteur n'est pas un scientifique, c'est normal que son raisonnement ne soit pas très rigoureux
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- CondorcetOracle
Savoir restituer quelques éléments biographiques du philosophe n'est pas requis ?
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