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- SydneyNiveau 10
Hello everyone,
Je suis en train de monter un chapitre sur la poésie contemporaine autour du thème de l'objet, nouveaux programmes 3e.
Je cherche un poème contemporain qui évoquerait un objet symbolique et qui cacherait un poème engagé.
Ex : j'ai trouvé les poèmes en prose de Baudelaire "Le Joujou du pauvre" et "Le gâteau" mais j'aimerais coller plus aux programmes qui parlent de poésie contemporaine.
Auriez-vous en tête des poèmes contemporains autour d'un objet symbolique qui serait l'occasion d'une dénonciation ?
Merci.
Sydney
Je suis en train de monter un chapitre sur la poésie contemporaine autour du thème de l'objet, nouveaux programmes 3e.
Je cherche un poème contemporain qui évoquerait un objet symbolique et qui cacherait un poème engagé.
Ex : j'ai trouvé les poèmes en prose de Baudelaire "Le Joujou du pauvre" et "Le gâteau" mais j'aimerais coller plus aux programmes qui parlent de poésie contemporaine.
Auriez-vous en tête des poèmes contemporains autour d'un objet symbolique qui serait l'occasion d'une dénonciation ?
Merci.
Sydney
- thrasybuleDevin
De toute façon Le Joujou du pauvre n'est absolument pas un poème engagé.
- InfinimentHabitué du forum
L'affiche rouge ?
_________________
Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
- SydneyNiveau 10
thrasybule a écrit:De toute façon Le Joujou du pauvre n'est absolument pas un poème engagé.
Cela ne dénonce pas les inégalités sociales ? Avec ces deux enfants que tout oppose.
- SydneyNiveau 10
Infiniment a écrit:L'affiche rouge ?
Je l'ai déjà faite dans le chapitre sur la poésie engagée.
Comme l'indiquent les programmes de 3e, la poésie doit être vue sous deux aspects : engagée et contemporaine ("nouveaux regards sur le monde").
Je fais donc 2 chapitres distincts et vus à deux moments différents de l'année.
- thrasybuleDevin
Non c'est une métaphore de la création artistique, Baudelaire et son idéal de dandysme, proche de l'éthique aristocratique, n'avait que mépris pour les idéaux révolutionnaires. Le fait que certains manuels fassent ce contresens e laisse pantois.Sydney a écrit:thrasybule a écrit:De toute façon Le Joujou du pauvre n'est absolument pas un poème engagé.
Cela ne dénonce pas les inégalités sociales ? Avec ces deux enfants que tout oppose.
- SydneyNiveau 10
thrasybule a écrit: Le fait que certains manuels fassent ce contresens e laisse pantois.
- IlianaGrand sage
Le Savon de Ponge et son idée de "toilette intellectuelle"?
Cela étant c'est un texte long, et je ne sais pas si l'on peut dire que c'est un texte engagé, au sens où tu l'entends.
Cela étant c'est un texte long, et je ne sais pas si l'on peut dire que c'est un texte engagé, au sens où tu l'entends.
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Minuit passé déjà. Le feu s'est éteint et je sens le sommeil qui gagne du terrain.
Je vais m'endormir contre vous, respirer doucement, parce que je sais où nous allons désormais.
Fauve - Révérence
- SydneyNiveau 10
Engagé (pou moi) : qui prend parti et dénonce des faits de société.
- Invité21Fidèle du forum
Sydney a écrit:thrasybule a écrit: Le fait que certains manuels fassent ce contresens e laisse pantois.
Comment ça, Baudelaire "engagé". C'est une plaisanterie?
C'est dans certains manuels? Et dans L'Albatros, il dénonce les violences faites aux animaux, sorte de BB avant l'heure, je suppose?
- miss sophieExpert spécialisé
Mais pourquoi veux-tu que ce poème soit engagé ?
- miss sophieExpert spécialisé
Si tu cherches des poèmes contemporains sur des objets, tu ne peux pas faire l'impasse sur Francis Ponge et son "Parti-pris des choses". Personnellement j'ai fait "La bougie", c'est celui qui me paraissait le plus accessible à des3es.
- Mme BECISSANiveau 1
Cela dépend du niveau de vos élèves et des objectifs; à défaut de poésie engagée, pourquoi ne pas leur faire écouter des chansons ? Il y a bien sûr les incontournables Ferrat, Ferré mais vous pourriez leur faire écouter la chanson de Hugues Auphrey intitulée "Les crayons de couleur"
qui dénonce le racisme.
qui dénonce le racisme.
- artaxerxesNiveau 6
Il y a La complainte du progrès de Boris Vian.
_________________
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges.
- CircéExpert
artaxerxes a écrit:Il y a La complainte du progrès de Boris Vian.
J'allais le dire.
- SydneyNiveau 10
miss sophie a écrit:Mais pourquoi veux-tu que ce poème soit engagé ?
Parce que je veux organiser mon chapitre de cette façon :
- La poésie ludique avec les "objets" alimentaires : l'orange et le pain de Francis Ponge.
- La poésie lyrique / élégiaque avec les objets de la fuite du temps : "L'Horloge" de Baudelaire et "la Montre et la Cravate" d'Apollinaire.
- La poésie engagée avec des objets symboliques : donc pas Baudelaire ! (pas de Joujou du pauvre ni de Gâteau) Je cherche toujours.... La complainte du progrès de Boris Vian, pourquoi pas ;-) (dénonciation de la société de consommation, c'est bien ça ?)
Sydney
- miss sophieExpert spécialisé
Ok ! Je comprends mieux.
- bikkhouHabitué du forum
Voici un extrait de La Boîte à guenilles, de J. Sternberg. On le trouve dans le dossier thématique de Sobibor.
Prose poétique. Témoignage. Qu'en pensez-vous ?
Je pense à cet baraque de ciment. Je croyais qu'elles seraient en bois, puis voilà qu'on nous remise dans des niches de pierre.
Devant moi, il y a deux femmes. Je les ai vues avec leurs rideaux de cheveux pendant sur le front, leurs ongles cassés, leurs poitrines creuses, concaves.
Une fille, c'est pourtant fait pour avoir une poitrine narquoise sous la robe fine, une poitrine qui a l'air de dire :
"Allons, prends-moi si tu oses..."
Et qui, chaque fois que la main approche de trop près disparaît.
Puis aussi, chez les filles, des jambes lisses, si lisses que quand on les touche, on croit caresser du bois poli.
Ces femmes ne sont pas du tout comme cela.
Leurs jambes sont des bois qui se plantent dans des os. Elles ressemblent, ces femmes, à des personnages bâtis avec des allumettes.
C'est pour cela peut-être qu'on les met en vrac avec des hommes.
Des paquets, voilà sans doute ce que nous sommes ici.
C'est vrai, un paquet, ça n'a pas de sexe. On l'emballe dans de vieux chiffons, on encorde le tout et le dispose dans des baraques numérotées.
Le jour des expéditions de colis vers l'Allemagne, on a un travail pas compliqué à faire. Travail mécanisé, à saccades.
Baraque 4, autant de paquets.
Baraque 7, deux paquets de plus que le chiffres prévu.
Emmener en tas, ranger à la gare, compter, trier et cacheter.
Pas de frais de douane, expédier en petite vitesse, par wagon plombé.
Et défense d'ouvrir avant la frontière.
Je nage parmi eux, je voudrais leur dire :
"Eh, mais ! Criez, remuez, dites-leur que vous n'êtes pas des colis !"
Mais rien à faire, ils ne bougent pas ; la ficelle noue leurs gestes, les timbres collent leurs paroles, le papier les fige.
J. Sternberg, La Boîte à guenilles, 1945, Ed. de la Table Ronde, "La petite vermillon", 2008
Prose poétique. Témoignage. Qu'en pensez-vous ?
Je pense à cet baraque de ciment. Je croyais qu'elles seraient en bois, puis voilà qu'on nous remise dans des niches de pierre.
Devant moi, il y a deux femmes. Je les ai vues avec leurs rideaux de cheveux pendant sur le front, leurs ongles cassés, leurs poitrines creuses, concaves.
Une fille, c'est pourtant fait pour avoir une poitrine narquoise sous la robe fine, une poitrine qui a l'air de dire :
"Allons, prends-moi si tu oses..."
Et qui, chaque fois que la main approche de trop près disparaît.
Puis aussi, chez les filles, des jambes lisses, si lisses que quand on les touche, on croit caresser du bois poli.
Ces femmes ne sont pas du tout comme cela.
Leurs jambes sont des bois qui se plantent dans des os. Elles ressemblent, ces femmes, à des personnages bâtis avec des allumettes.
C'est pour cela peut-être qu'on les met en vrac avec des hommes.
Des paquets, voilà sans doute ce que nous sommes ici.
C'est vrai, un paquet, ça n'a pas de sexe. On l'emballe dans de vieux chiffons, on encorde le tout et le dispose dans des baraques numérotées.
Le jour des expéditions de colis vers l'Allemagne, on a un travail pas compliqué à faire. Travail mécanisé, à saccades.
Baraque 4, autant de paquets.
Baraque 7, deux paquets de plus que le chiffres prévu.
Emmener en tas, ranger à la gare, compter, trier et cacheter.
Pas de frais de douane, expédier en petite vitesse, par wagon plombé.
Et défense d'ouvrir avant la frontière.
Je nage parmi eux, je voudrais leur dire :
"Eh, mais ! Criez, remuez, dites-leur que vous n'êtes pas des colis !"
Mais rien à faire, ils ne bougent pas ; la ficelle noue leurs gestes, les timbres collent leurs paroles, le papier les fige.
J. Sternberg, La Boîte à guenilles, 1945, Ed. de la Table Ronde, "La petite vermillon", 2008
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Le rhinocéros courait / Le lion s'accrochait / mordait / le sang giclait le cou se tordait / Le rhinocéros regardait le ciel / Ciel bleu, calme et tranquille : / on y voyait la lune /
Tableau / Incident dans la jungle lointaine / Le paysage se taisait / Les deux bêtes se figeaient / Et dans le silence / Le lion tuait à chaque instant / Le rhinocéros mourait éternellement
KAORU MARUYAMA
- Invité20Habitué du forum
Et "Petites boîtes " de Graeme Allwright. Bon, c'est un peu vieilli, mais les petites boîtes sont des objets.
L'enregistrement de départ:
L'enregistrement de départ:
- retraitéeDoyen
le rat, c'est l'art.thrasybule a écrit:Non c'est une métaphore de la création artistique, Baudelaire et son idéal de dandysme, proche de l'éthique aristocratique, n'avait que mépris pour les idéaux révolutionnaires. Le fait que certains manuels fassent ce contresens e laisse pantois.Sydney a écrit:thrasybule a écrit:De toute façon Le Joujou du pauvre n'est absolument pas un poème engagé.
Cela ne dénonce pas les inégalités sociales ? Avec ces deux enfants que tout oppose.
- MaieuHabitué du forum
Ah, les schématismes qui réduisent un auteur à " il est ceci et pas cela"... ! et le "rat" à l'art !
"Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur."
Il est certain que Baudelaire a choisi par hasard deux enfants, par hasard qu'il les a placés dans deux univers sociaux opposés et toujours par hasard qu'il écrit "fraternellement", sans doute parce qu'il manque de vocabulaire.
Baudelaire est apparu sur les barricades de 1848, il aimait beaucoup la poésie de Marceline Desbordes-Valmore et il était "profondément ému" par le Chant des ouvriers de Pierre Dupont dont il cite deux strophes dans l'analyse qu'il lui consacre dans Sur mes contemporains.
"
"Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur."
Il est certain que Baudelaire a choisi par hasard deux enfants, par hasard qu'il les a placés dans deux univers sociaux opposés et toujours par hasard qu'il écrit "fraternellement", sans doute parce qu'il manque de vocabulaire.
Baudelaire est apparu sur les barricades de 1848, il aimait beaucoup la poésie de Marceline Desbordes-Valmore et il était "profondément ému" par le Chant des ouvriers de Pierre Dupont dont il cite deux strophes dans l'analyse qu'il lui consacre dans Sur mes contemporains.
"
- thrasybuleDevin
Je connais ces références ( tout du moins la présence de Baudelaire sur les barricades en 48 ainsi que son affection pour les poèmes de Desbordes-Valmore), qui ne sauraient, à elles seules, réduire le texte à une lecture politique unidimensionnelle, qu'importe du reste, à chacun ses schématismes.
Vous relevez la présence des personnages des enfants, sans forcément, à votre tour, avoir en mémoire le passage, magnifique, dans Le Peintre de la Vie moderne, où il en fait une figure de l'artiste qui "voit tout en nouveauté, qui est toujours ivre" et qui relie, pour ainsi-dire, l'humaine condition dans sa faculté sublime de transfigurer l'inerte( l'imaginaire, reine des facultés, patati patat, votre érudition sans bornes identifiera aisément la référence). Nul besoin d'ergoter sur un texte qui est également l'emblème de la modernité au sens baudelairien, l'alliance du contingent, du transitoire et u fugitif et de l'éternel et de l'immuable, dans ce conte qui mélange anecdote et transfiguration par le merveilleux.
Vous relevez la présence des personnages des enfants, sans forcément, à votre tour, avoir en mémoire le passage, magnifique, dans Le Peintre de la Vie moderne, où il en fait une figure de l'artiste qui "voit tout en nouveauté, qui est toujours ivre" et qui relie, pour ainsi-dire, l'humaine condition dans sa faculté sublime de transfigurer l'inerte( l'imaginaire, reine des facultés, patati patat, votre érudition sans bornes identifiera aisément la référence). Nul besoin d'ergoter sur un texte qui est également l'emblème de la modernité au sens baudelairien, l'alliance du contingent, du transitoire et u fugitif et de l'éternel et de l'immuable, dans ce conte qui mélange anecdote et transfiguration par le merveilleux.
- CircéExpert
Attention Sydney, pas Baudelaire en 3° et bien axer ton chapitre sur le "nouveau regard sur le monde"... le topos de la fuite du temps et la poésie lyrique me semblent davantage relever du programme de 4°.
Il y a bien une façon contemporaine de les traiter avec Supervielle notamment, mais on perd ton fil conducteur de l'objet.
Pour Vian, oui, il s'agit d'une façon humoristique de dénoncer la société de consommation à travers la rupture amoureuse. Ce texte est très riche et les textes élargissent à la chanson.
Il ne te manque pas grand-chose pour terminer ton corpus. Courage!
Il y a bien une façon contemporaine de les traiter avec Supervielle notamment, mais on perd ton fil conducteur de l'objet.
Pour Vian, oui, il s'agit d'une façon humoristique de dénoncer la société de consommation à travers la rupture amoureuse. Ce texte est très riche et les textes élargissent à la chanson.
Il ne te manque pas grand-chose pour terminer ton corpus. Courage!
- NadejdaGrand sage
Sur l'objet, il y a bien le formidable Zbigniew Herbert si on fait lire un peu de poésie étrangère. Je pourrai développer si ça intéresse. Mais parler de poésie engagée reste abusif sauf à vouloir faire de l'inscription inévitable d'un poète dans son époque une forme d'engagement... L'engagement pour un écrivain c'est d'assumer jusqu'au bout une esthétique à contre-courant des formes consacrées (réalisme socialiste, par exemple, que servit aussi un Aragon) et une autonomie qui frise l'insolence pour ceux qui en suspectent la charge transgressive. Baudelaire s'échappe du politique en faisant précisément de l'ambiance XIXe siècle, en pleine percée des pensées du socialisme, des motifs littéraires, voire symboliques (l'enfant, le paria...) au sein d'une forme poétique qui doit aussi beaucoup à la tradition, laquelle irrigue la poésie dite moderne.
- thrasybuleDevin
Magnifique synthèse.Nadejda a écrit:Sur l'objet, il y a bien le formidable Zbigniew Herbert si on fait lire un peu de poésie étrangère. Je pourrai développer si ça intéresse. Mais parler de poésie engagée reste abusif sauf à vouloir faire de l'inscription inévitable d'un poète dans son époque une forme d'engagement... L'engagement pour un écrivain c'est d'assumer jusqu'au bout une esthétique à contre-courant des formes consacrées (réalisme socialiste, par exemple, que servit aussi un Aragon) et une autonomie qui frise l'insolence pour ceux qui en suspectent la charge transgressive. Baudelaire s'échappe du politique en faisant précisément de l'ambiance XIXe siècle, en pleine percée des pensées du socialisme, des motifs littéraires, voire symboliques (l'enfant, le paria...) au sein d'une forme poétique qui doit aussi beaucoup à la tradition, laquelle irrigue la poésie dite moderne.
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- Quel sujet pour écrire un poème engagé en 3e ?
- 6e - Poème en prose sur un objet de la vie quotidienne
- Français, 1ère : Proposer une chanson/une oeuvre d'art contemporain dans chaque objet d'étude : démago?
- recherche un texte autour d'un objet pour récit d'enfance et d'adolescence
- [Français 5e] Ecrire un poème sur un objet du quotidien : quelles contraintes pour la forme ?
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