- CarabasVénérable
Ah si, complètement. Dans les groupements de textes, ils retiennent que les auteurs qu'on étudie ont globalement dit la même chose, du coup, ils croient que c'est kiffe-kiffe et qu'ils appartiennent à la même époque. Le groupement de textes, pour les élèves qui n'ont aucune référence, revient à leur dire que A = B, que Rousseau = Montaigne, puisqu'ils parlent de la même chose, le mythe du bon sauvage. Ils ne perçoivent pas ce qui fait la spécificité de chacun. En fait, le GT n'est intéressant que quand les bases sont acquises.Provence a écrit:Robin a écrit:
Même constat de mon côté ; je leur mets entre les mains le Lagarde et Michard en cours particuliers et croyez-moi si vous voulez, il y en a qui se jettent dessus comme la misère sur le monde... une vrais "fringale" de culture littéraire !
Je me demande si l'étude de groupements de textes, réunissant auteurs et, parfois, périodes différentes, ne contribue pas à amplifier cette distance avec la culture littéraire: nos élèves n'ont peut-être plus le temps de se familiariser avec les grands auteurs, de passer assez de temps en leur compagnie pour vraiment les connaître et les apprécier. Il y a souvent un sacré bazar dans leur tête.
- DinaaaExpert spécialisé
C'est pas faux a écrit:Faut-il plutôt s'alarmer de ne pas connaître Goldman, ou de le connaître par coeur ?
Notez que je respecte ce goût, mais que les raisons m'en échappent complètement.
C'était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire
Il y mettait du temps, du talent et du coeur
Ainsi passait sa vie au mileu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Mais oui, je sais, on m'a déjà fait savoir à raison qu'il avait de beaux textes, mais je n'arrive pas à passer le barrage d'une musique que je trouve presque insupportable.
- lalilalaEmpereur
C'est pas faux a écrit:Mais oui, je sais, on m'a déjà fait savoir à raison qu'il avait de beaux textes, mais je n'arrive pas à passer le barrage d'une musique que je trouve presque insupportable.
+1000 je ne peux pas Goldman...
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Nuestra vida es un círculo dantesco.
Mon blog
- BritLétyHabitué du forum
Oui, enfin là encore connaitre Goldman, c'est savoir qu'il est compositeur interprète, pas aimer ses chansons.
Connaître Hugo, ce n'est pas avoir lu l'intégralité de ses oeuvres, c'est au moins savoir que c'est un auteur du XIXè qui a écrit Notre Dame de Paris et les Misérables.
Et éventuellement se dire: tiens vu que ça a l'air d'être important, ce serait bien que j'aille feuilleter quelques pages un de ces quatre.
Enfin, sortir leur nez de Sexion d'Assaut et de ... je sais pas, ça lit quoi un ado? Allez, disons One Piece ( attention, ce n'est pas une critique contre Sexion d'Assaut ou One Piece ) et de se rendre compte qu'il y existe autre chose.
Après, ils ont le droit de penser que c'est vieux, que ça les intéresse pas ou autre... ils changeront peut être d'avis quand ils seront adultes. Et dans le cas contraire, tant pis, franchement "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif."
Souvent, quand je fais des appartés ( dernier exemple en date: parler du 11 septembre parce qu'à un moment donné on parlait de Ground Zero... je pense que même pas la moitié des élèves voyaient de quoi je parlais à la base ) et que j'ai la question " Madame, à quoi ça sert ce que vous nous dites, c'est pas de l'anglais? ", honnêtement, je vais pas leur dire " ouais , c'est dans les programmes quand même, aspect civilisationnel toussa ", je leur réponds simplement " Culture Générale ", traduction: je passe l'info, on va pas le noter dans le cahier, vous en faites ce que vous voulez. Vous le retenez, tant mieux, vous l'oubliez, tant pis.
Mais cette question du " à quoi ça sert ? " m'horripile souvent. Comme si tout ce qui ne se passait pas dans leur village ( et encore ) en 2013 était inutile.
Connaître Hugo, ce n'est pas avoir lu l'intégralité de ses oeuvres, c'est au moins savoir que c'est un auteur du XIXè qui a écrit Notre Dame de Paris et les Misérables.
Et éventuellement se dire: tiens vu que ça a l'air d'être important, ce serait bien que j'aille feuilleter quelques pages un de ces quatre.
Enfin, sortir leur nez de Sexion d'Assaut et de ... je sais pas, ça lit quoi un ado? Allez, disons One Piece ( attention, ce n'est pas une critique contre Sexion d'Assaut ou One Piece ) et de se rendre compte qu'il y existe autre chose.
Après, ils ont le droit de penser que c'est vieux, que ça les intéresse pas ou autre... ils changeront peut être d'avis quand ils seront adultes. Et dans le cas contraire, tant pis, franchement "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif."
Souvent, quand je fais des appartés ( dernier exemple en date: parler du 11 septembre parce qu'à un moment donné on parlait de Ground Zero... je pense que même pas la moitié des élèves voyaient de quoi je parlais à la base ) et que j'ai la question " Madame, à quoi ça sert ce que vous nous dites, c'est pas de l'anglais? ", honnêtement, je vais pas leur dire " ouais , c'est dans les programmes quand même, aspect civilisationnel toussa ", je leur réponds simplement " Culture Générale ", traduction: je passe l'info, on va pas le noter dans le cahier, vous en faites ce que vous voulez. Vous le retenez, tant mieux, vous l'oubliez, tant pis.
Mais cette question du " à quoi ça sert ? " m'horripile souvent. Comme si tout ce qui ne se passait pas dans leur village ( et encore ) en 2013 était inutile.
- InvitéInvité
Je trouve au contraire que, même si elle est souvent posée avec une arrière-pensée provocatrice, cette question est très saine et est au coeur de la pédagogie. Il faut absolument leur répondre sérieusement, même si notre réponse doit les laisser perplexes.
- RobinFidèle du forum
Provence a écrit:Aemilia a écrit:
Oui ! à chaque fois que je parle des niveaux de langue, je tombe des nues...
cette semaine, mes 4e ne voulaient pas me croire quand je leur ai dit qu'il ne devait pas utiliser "ça" à l'écrit, que c'était familier...
mes 6e me soutenaient que le terme "fringale" ne pouvait pas être familier, pour eux c'était soutenu (bin oui, "familier" c'est ce qu'ils utilisent... comme ils ne connaissaient pas le mot, cela ne pouvait être que "soutenu").
Il m'arrive de rappeler à mes élèves que le monde ne s'arrête pas aux frontières de leur inculture et qu'ils sont à l'école pour s'instruire, s'élever intellectuellement et non mariner dans leur ignorance.Robin a écrit:
Même constat de mon côté ; je leur mets entre les mains le Lagarde et Michard en cours particuliers et croyez-moi si vous voulez, il y en a qui se jettent dessus comme la misère sur le monde... une vrais "fringale" de culture littéraire !
Je me demande si l'étude de groupements de textes, réunissant auteurs et, parfois, périodes différentes, ne contribue pas à amplifier cette distance avec la culture littéraire: nos élèves n'ont peut-être plus le temps de se familiariser avec les grands auteurs, de passer assez de temps en leur compagnie pour vraiment les connaître et les apprécier. Il y a souvent un sacré bazar dans leur tête.
Le groupement de textes (très souvent artificiel et prétendument sur le même thème) entretient effectivement le "bazar dans leur tête". Ils n'ont plus de repères chronologique et ont perdu le sens du contexte historique des oeuvres. L'enseignement de la littérature tend par ailleurs à devenir une pure affaire de technique (relever des modalisateurs, des champs lexicaux, etc.), un prétexte, aux dépens du goût, de la sensibilité et même du sens.
- InviteeFVénérable
Cette année, j'ai un public beaucoup plus défavorisé qu'avant et avec une absence de références culturelles encore plus criante. Mais j'ai constaté qu'au bout d'un trimestre ils ont pris l'habitude des "digressions culturelles" et posent d'eux-mêmes des questions, comme mes élèves précédents. Tous ne retiennent pas tout, bien évidemment, mais ils font preuve d'un minimum de curiosité et c'est avec plaisir que je fais des parenthèses.
Mes élèves passés avaient cette démarche dès le début, n'hésitaient pas à poser des questions quand ils ne connaissaient pas quelqu'un/quelque chose. Je n'avais pas besoin de générer leur curiosité : ils cherchaient spontanément à enrichir leurs connaissances.
Cette année, il a fallu instaurer le rituel des questions d'élargissement
ex :
- A quoi fait référence telle phrase ?
- Qui était telle personne ?
- On se situe dans quelle époque ?
- Qui sait à quoi renvoie telle expression ?
- Qui sait comment se traduit ce proverbe en français ?
mais ils jouent maintenant le jeu, essaient de répondre, et, quand ils ne connaissent pas (ce qui est souvent le cas), s'intéressent et demandent spontanément des précisions, qu'ils sont parfois capables de réutiliser hors-contexte par la suite.
Au final, c'est un constat à la fois triste et plein d'espoir : ils n'ont pas d'eux-mêmes le réflexe de vouloir découvrir mais si on les y entraîne, cela prend très bien.
On ne part décidément pas tous avec les mêmes chances dans la vie
Mes élèves passés avaient cette démarche dès le début, n'hésitaient pas à poser des questions quand ils ne connaissaient pas quelqu'un/quelque chose. Je n'avais pas besoin de générer leur curiosité : ils cherchaient spontanément à enrichir leurs connaissances.
Cette année, il a fallu instaurer le rituel des questions d'élargissement
ex :
- A quoi fait référence telle phrase ?
- Qui était telle personne ?
- On se situe dans quelle époque ?
- Qui sait à quoi renvoie telle expression ?
- Qui sait comment se traduit ce proverbe en français ?
mais ils jouent maintenant le jeu, essaient de répondre, et, quand ils ne connaissent pas (ce qui est souvent le cas), s'intéressent et demandent spontanément des précisions, qu'ils sont parfois capables de réutiliser hors-contexte par la suite.
Au final, c'est un constat à la fois triste et plein d'espoir : ils n'ont pas d'eux-mêmes le réflexe de vouloir découvrir mais si on les y entraîne, cela prend très bien.
On ne part décidément pas tous avec les mêmes chances dans la vie
- doubledeckerSage
BritLéty a écrit:(...)
Mais cette question du " à quoi ça sert ? " m'horripile souvent. Comme si tout ce qui ne se passait pas dans leur village ( et encore ) en 2013 était inutile.
franchement j'ai l'impression de venir de la 4è dimension parfois : j'étais au collège entre 1985 et 1989 (à une année près) c'était un gros collège du havre (ville haute, population plutôt défavorisée en général) et cette question "à quoi ça sert" je l'ai entendue servie aux profs pendant 4 ans. Les ados c'est une espèce à part qui est persuadée que tout commence avec elle.
holderfar a écrit:Je trouve au contraire que, même si elle est souvent posée avec une arrière-pensée provocatrice, cette question est très saine et est au cœur de la pédagogie. Il faut absolument leur répondre sérieusement, même si notre réponse doit les laisser perplexes.
je suis entièrement d'accord. Et justement y répondre sérieusement permet de prendre le cotre-pied de la provoc' facile et de désamorcer bien des choses!
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
La boutique de LolaDragibus : des petites choses futiles et inutiles pour embellir la vie (p'tites bricoles en tissu, papier, crochet....) : venez y jeter un oeil 😊
- User5899Demi-dieu
Robin, je suis bien d'accord avec vous. Et d'ailleurs, je ne pratique le groupement de textes qu'à l'intérieur d'un même auteur, voire d'un même livre, avec des textes "fouillés", d'autres simplement lus et expliqués "en gros", horaires obligent. Mais je ne supporte pas ces manuels de gribouille où, sous prétexte d'étudier un point technique (ce qui ne sert pas à grand-chose hors un solide contexte), on colle dans le désordre un bout de Racine, un autre de Hugo, deux lignes de Beckett et trois de Montaigne.
- InvitéInvité
Mes élèves sont d'abord trèèès déçus quand ils voient que je réponds sérieusement ( ) et puis finalement, comme tu le dis, ça désamorce souvent des blocages ou autres et ils peuvent même être réceptifs.
Même chose quand on leur propose du contenu qui ne leur est pas familier, d'abord ils disent "beurk" (bon, certains en restent là) et puis souvent, si on s'y prend pas trop mal, un aspect peut les intéresser, même si c'est fugace.
Franchement, je crois que c'est sur ces sujets qu'il faut vraiment prendre du recul parce que sinon, ce métier devient invivable.
Même chose quand on leur propose du contenu qui ne leur est pas familier, d'abord ils disent "beurk" (bon, certains en restent là) et puis souvent, si on s'y prend pas trop mal, un aspect peut les intéresser, même si c'est fugace.
Franchement, je crois que c'est sur ces sujets qu'il faut vraiment prendre du recul parce que sinon, ce métier devient invivable.
- InvitéInvité
Effectivement. Je travaille avec mes collégiens sur une comparaison entre un emploi du temps d'un élève allemand d'aujourd'hui et un emploi du temps tel qu'il pouvait être proposé il y a cent ans et leurs remarques sont édifiantes: tous, y compris les bons élèves, regrettent qu'il n'y ait pas plus de cloisonnement (1h ortho, 1h grammaire etc...) aujourd'hui. Et ce sont de bons élèves.Cripure a écrit:Robin, je suis bien d'accord avec vous. Et d'ailleurs, je ne pratique le groupement de textes qu'à l'intérieur d'un même auteur, voire d'un même livre, avec des textes "fouillés", d'autres simplement lus et expliqués "en gros", horaires obligent. Mais je ne supporte pas ces manuels de gribouille où, sous prétexte d'étudier un point technique (ce qui ne sert pas à grand-chose hors un solide contexte), on colle dans le désordre un bout de Racine, un autre de Hugo, deux lignes de Beckett et trois de Montaigne.
- doubledeckerSage
holderfar a écrit:Mes élèves sont d'abord trèèès déçus quand ils voient que je réponds sérieusement ( ) et puis finalement, comme tu le dis, ça désamorce souvent des blocages ou autres et ils peuvent même être réceptifs.
Même chose quand on leur propose du contenu qui ne leur est pas familier, d'abord ils disent "beurk" (bon, certains en restent là) et puis souvent, si on s'y prend pas trop mal, un aspect peut les intéresser, même si c'est fugace.
Franchement, je crois que c'est sur ces sujets qu'il faut vraiment prendre du recul parce que sinon, ce métier devient invivable.
oui, tout à fait, tu as entièrement raison, ils sont (de manière générale mais les exceptions existent toujours) rétifs à la nouveauté, ne veulent pas essayer d'entrer dans quelque chose qu'ils ne connaissent pas (un peu comme les adultes en fait!) mais peu à peu, la tendance s'inverse!
En ce qui concerne ta dernière remarque, je n'aurais pas écrit mieux! et je vais me répéter mais je pense aussi qu'il ne faut pas oublier que nous avons affaire à des adolescents et que c'est un public très, très particulier. Ça aussi ça permet de ne pas devenir chèvre
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- InvitéInvité
Après, bon, il y a parfois des classes entières qui ne jouent pas le jeu. Et là c'est l'horreur.
- BritLétyHabitué du forum
Mais je suis très sérieuse quand je leur dis simplement que c'est pour leur culture générale. D'ailleurs ça coupe court à tout commentaire désobligeant.
N'empêche que la question n'a pas lieu d'être. Non pas parce que c'est de la provoc', mais plus parce que ça appuie le côté société de consommation dans laquelle on est enfermés aujourd'hui bien plus qu'hier. Sans compter cette idée bizarre que l'école sert à apprendre un métier ( peut être pour le lycée pro, mais pour le collège unique, pffff )
Le savoir et la connaissance ne servent à rien. Sauf éventuellement à éviter de passer pour un c*n lors de certaines conversations.
N'empêche que la question n'a pas lieu d'être. Non pas parce que c'est de la provoc', mais plus parce que ça appuie le côté société de consommation dans laquelle on est enfermés aujourd'hui bien plus qu'hier. Sans compter cette idée bizarre que l'école sert à apprendre un métier ( peut être pour le lycée pro, mais pour le collège unique, pffff )
Le savoir et la connaissance ne servent à rien. Sauf éventuellement à éviter de passer pour un c*n lors de certaines conversations.
- CarabasVénérable
Ca sert à devenir humain. En tout cas, c'est ce que je réponds.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- InvitéInvité
Je ne suis pas d'accord, la seule chose qui a changé ces dernières années, c'est que les élèves osent de plus en plus poser la question. Mais sinon, beaucoup d'enfants se la posent, cette question, et pas seulement à cause d'une posture consommatrice mais parce qu'ils ont encore du mal à concevoir que quelque chose de théorique leur apporte quelque chose. Et c'est bien normal, finalement: c'est à nous de les aider à comprendre cela.
C'est donc une question saine, qui n'a pas lieu d'être pour nous autres, adultes, mais qui marque en partie une vraie incompréhension chez les enfants.
C'est donc une question saine, qui n'a pas lieu d'être pour nous autres, adultes, mais qui marque en partie une vraie incompréhension chez les enfants.
- JacqGuide spirituel
Axel a écrit:Multiplication des écrans, à mon avis c'est une des raisons.
Quand j'étais jeune nous regardions un film en famille (et souvent j'en aurais préféré un autre !), aujourd'hui chacun regarde ce qu'il aime de son côté et n'a plus l'occasion de découvrir autre chose.
Lux-Aeterna a écrit:Et puis, au lieu d'être devant un film ou d'écouter une musique, bien souvent nos élèves sont devant un écran d'ordinateur sur msn, FB ou sur leur blog. Ils restent entre amis du même âge et ressassent les mêmes références. Il n'y a plus le "brassage générationnel" évoqué par Axel lorsque toute la famille regardait le même film.
Je suis d'accord avec ce qu'ont indiqué Lux-Aeterna et Axel. Justement, avec des amis, nous nous posions la question et constations que nos enfants ne savaient pas ce que nous savions, ou n'avaient pas nos repères en histoire (en même temps, mauvais exemples de parents ayant tous fait ensuite une fac d'histoire).
Questions et constatations récentes avec mes élèves.
Nous "discutions" de démocratie et des Etats-Unis avec mes CAP, dont une bonne moitié de garçons ayant tous joué à Assassin Creed III. Aucun n'a compris que l'action se déroulait durant la guerre d'indépendance américaine. Ils ont juste vaguement constaté qu'il y avait des fusils !
Idem, avec les 2Bac Pro. Je ne sais plus pour quoi le cours dérivait (sans rapport avec le programme, enfin si, mais lointain) vers la prohibition. Personne n'a connaissance de la prohibition. Bon, ce n'est pas au programme, c'est certain, mais moi je connaissais depuis longtemps alors que ce n'était pas au programme. Je demande aux élèves s'ils connaissent Al Capone. La plupart des garçons dit "oui oui oui", trop heureux de connaître quelque chose. Lorsque je demande : c'est qui, quand, pourquoi ? Plus personne.
Idem pour la guerre de sécession, elle n'était pas au programme, alors que je connaissais. Eux ne connaissent pas du tout. Peut être que le film Lincoln va changer quelque chose, mais qui va les mener le voir ? Les profs ? Les parents ? Eux-mêmes ?
Sans parler d'élèves, qu'est-ce qui explique à un gamin ce qu'est un cow-boy de nos jours ? Les films ? Les séries ?
Alors je cherche. Outre mon intérêt pour l'histoire dès le début, qu'est-ce qui m'a amené à connaître ce que eux ne connaissent pas ?
POur l'instant ma réponse est celle citée plus haut : multiplicité des écrans, mais avec quel contenu et est-ce que l'abondance des contenus (s'il y a) ne perd pas le gamin qui n'a finalement plus les bases chronologiques pour comprendre ce qu'il voit ? Et ce qu'indiquait Lux-A : "brassage générationnel" qui nous était imposé par l'écran unique chez nous. J'ai vu au moins une fois par an "Autant en emporte le vent", parce que toute la famille regardait et pas parce que j'en avais envie... Ce qui m'a fait connaître la prohibition ce sont les "Incorruptibles", "Thierry la Fronde" pour la guerre de Cent Ans (apprise en primaire aussi)...
De nos jours qu'est-ce qui passe à la TV ? Outre la TV supposée réalité, des séries plutôt pour adultes (Tudor, ROme....), des stupidités du genre NCIS, Les Experts Machins, ou autre... Je pense qu'il suffit de regarder le programme TV des chaînes les plus regardées pour constater.
- JacqGuide spirituel
holderfar a écrit:Je ne suis pas d'accord, la seule chose qui a changé ces dernières années, c'est que les élèves osent de plus en plus poser la question. Mais sinon, beaucoup d'enfants se la posent, cette question, et pas seulement à cause d'une posture consommatrice mais parce qu'ils ont encore du mal à concevoir que quelque chose de théorique leur apporte quelque chose. Et c'est bien normal, finalement: c'est à nous de les aider à comprendre cela.
C'est donc une question saine, qui n'a pas lieu d'être pour nous autres, adultes, mais qui marque en partie une vraie incompréhension chez les enfants.
Sauf que des adultes posent la même question....
- InvitéInvité
Oui je sais, et chez les adultes, cette attitude me gonfle. Mais là ce sont des gosses qui posent des questions de leur âge finalement.
- doubledeckerSage
BritLéty a écrit:Mais je suis très sérieuse quand je leur dis simplement que c'est pour leur culture générale. D'ailleurs ça coupe court à tout commentaire désobligeant.
N'empêche que la question n'a pas lieu d'être. Non pas parce que c'est de la provoc', mais plus parce que ça appuie le côté société de consommation dans laquelle on est enfermés aujourd'hui bien plus qu'hier. Sans compter cette idée bizarre que l'école sert à apprendre un métier ( peut être pour le lycée pro, mais pour le collège unique, pffff )
Le savoir et la connaissance ne servent à rien. Sauf éventuellement à éviter de passer pour un c*n lors de certaines conversations.
mais pourquoi n'a-t-elle pas lieu d'être cette question? c'est ça que je ne comprends pas . Quand je fais quelques chose, j'aime bien savoir pourquoi je le fais. Et je ne trouve pas que cela ait à voir avec une quelconque vison consumériste de l'école, faut arrêter un peu avec ça. Donner du sens à ce que l'on fait permet de mieux entrer dedans justement. Je ne vois pas pourquoi on devrait exiger des mômes qu'ils appliquent sans se poser de questions juste pour être de bons petits soldats.
Et je ne suis pas d'accord sur un autre point : le savoir et la connaissance servent à quelque chose (et quand je dis cela, je ne les rabaisse pas). En ce qui me concerne ils servent à me donner une vision différente des choses, ils servent à piquer ma curiosité, ils servent à mettre en perspective ma manière de vivre, de penser, et plus prosaïquement quand maintenant j'apprends des listes de vocabulaire en italien eh ben ça me sert à entretenir ma mémoire, à me débrouiller quand je vais à Florence, à regarder les films de fellini sans les sous titres. Bref, ça sert à plein de choses.
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- ElaïnaDevin
Jacq a écrit:Axel a écrit:Multiplication des écrans, à mon avis c'est une des raisons.
Quand j'étais jeune nous regardions un film en famille (et souvent j'en aurais préféré un autre !), aujourd'hui chacun regarde ce qu'il aime de son côté et n'a plus l'occasion de découvrir autre chose.Lux-Aeterna a écrit:Et puis, au lieu d'être devant un film ou d'écouter une musique, bien souvent nos élèves sont devant un écran d'ordinateur sur msn, FB ou sur leur blog. Ils restent entre amis du même âge et ressassent les mêmes références. Il n'y a plus le "brassage générationnel" évoqué par Axel lorsque toute la famille regardait le même film.
Je suis d'accord avec ce qu'ont indiqué Lux-Aeterna et Axel. Justement, avec des amis, nous nous posions la question et constations que nos enfants ne savaient pas ce que nous savions, ou n'avaient pas nos repères en histoire (en même temps, mauvais exemples de parents ayant tous fait ensuite une fac d'histoire).
Questions et constatations récentes avec mes élèves.
Nous "discutions" de démocratie et des Etats-Unis avec mes CAP, dont une bonne moitié de garçons ayant tous joué à Assassin Creed III. Aucun n'a compris que l'action se déroulait durant la guerre d'indépendance américaine. Ils ont juste vaguement constaté qu'il y avait des fusils !
Idem, avec les 2Bac Pro. Je ne sais plus pour quoi le cours dérivait (sans rapport avec le programme, enfin si, mais lointain) vers la prohibition. Personne n'a connaissance de la prohibition. Bon, ce n'est pas au programme, c'est certain, mais moi je connaissais depuis longtemps alors que ce n'était pas au programme. Je demande aux élèves s'ils connaissent Al Capone. La plupart des garçons dit "oui oui oui", trop heureux de connaître quelque chose. Lorsque je demande : c'est qui, quand, pourquoi ? Plus personne.
Idem pour la guerre de sécession, elle n'était pas au programme, alors que je connaissais. Eux ne connaissent pas du tout. Peut être que le film Lincoln va changer quelque chose, mais qui va les mener le voir ? Les profs ? Les parents ? Eux-mêmes ?
Sans parler d'élèves, qu'est-ce qui explique à un gamin ce qu'est un cow-boy de nos jours ? Les films ? Les séries ?
Alors je cherche. Outre mon intérêt pour l'histoire dès le début, qu'est-ce qui m'a amené à connaître ce que eux ne connaissent pas ?
POur l'instant ma réponse est celle citée plus haut : multiplicité des écrans, mais avec quel contenu et est-ce que l'abondance des contenus (s'il y a) ne perd pas le gamin qui n'a finalement plus les bases chronologiques pour comprendre ce qu'il voit ? Et ce qu'indiquait Lux-A : "brassage générationnel" qui nous était imposé par l'écran unique chez nous. J'ai vu au moins une fois par an "Autant en emporte le vent", parce que toute la famille regardait et pas parce que j'en avais envie... Ce qui m'a fait connaître la prohibition ce sont les "Incorruptibles", "Thierry la Fronde" pour la guerre de Cent Ans (apprise en primaire aussi)...
De nos jours qu'est-ce qui passe à la TV ? Outre la TV supposée réalité, des séries plutôt pour adultes (Tudor, ROme....), des stupidités du genre NCIS, Les Experts Machins, ou autre... Je pense qu'il suffit de regarder le programme TV des chaînes les plus regardées pour constater.
Je suis toujours étonnée, quand je glande sur "viedemerde.fr", de lire les commentaires des internautes (oui, parfois, le dimanche soir, on en arrive à déployer des trésors de feignasserie) : on trouve à peu près toujours ce genre de commentaires "ça me rappelle un épisode de (telle ou telle série)"... c'est ressassé en boucle.
- NasopiBon génie
Je suis à peu près certaine qu'en 4e je n'avais jamais entendu parler de Catherine Deneuve ! Et je ne suis pas du tout sûre que mon fils, en 3e, la connaisse... Je ne me rappelle plus s'il a déjà vu un film où elle apparaît, et même si c'était le cas, ce n'est pas forcément suffisant pour se souvenir d'une actrice. Il ne faut pas oublier quand même qu'à cet âge on est encore très jeune, et qu'on ne peut pas connaître autant de choses qu'un adulte.
Et puis les élèves ont souvent des centres d'intérêt où ils peuvent se montrer très performants. Pour mon fils, il s'agit des échecs. Peut-être que pour lui, quelqu'un qui ne connaît pas Nimzovitsch est inculte :lol: . Il possède, concernant les échecs, tout un vocabulaire technique, des connaissances historiques, bref, tout une "culture", mais qui ne se voit pas à l'école.
Un de ses copains est passionné de nature. Quand on se promène à la campagne avec lui, il peut nous nommer tous les cailloux et toutes les herbes qu'on croise. Il connaît également de nombreuses espèces d'oiseaux.
Il a un autre copain fan d'aviation. Dès qu'on le lance sur le sujet, la somme de ses connaissances est très impressionnante.
Je leur demanderai s'ils connaissent Catherine Deneuve. Je n'en suis pas persuadée. Mais je n'aurais pas l'idée de les considérer comme "incultes", même si leur culture ne se voit pas forcément dans le cadre scolaire.
Et puis les élèves ont souvent des centres d'intérêt où ils peuvent se montrer très performants. Pour mon fils, il s'agit des échecs. Peut-être que pour lui, quelqu'un qui ne connaît pas Nimzovitsch est inculte :lol: . Il possède, concernant les échecs, tout un vocabulaire technique, des connaissances historiques, bref, tout une "culture", mais qui ne se voit pas à l'école.
Un de ses copains est passionné de nature. Quand on se promène à la campagne avec lui, il peut nous nommer tous les cailloux et toutes les herbes qu'on croise. Il connaît également de nombreuses espèces d'oiseaux.
Il a un autre copain fan d'aviation. Dès qu'on le lance sur le sujet, la somme de ses connaissances est très impressionnante.
Je leur demanderai s'ils connaissent Catherine Deneuve. Je n'en suis pas persuadée. Mais je n'aurais pas l'idée de les considérer comme "incultes", même si leur culture ne se voit pas forcément dans le cadre scolaire.
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- philannDoyen
Personnellement je suis toujours choquée par le manque de références de mes élèves, qu'elles soient classiques ou populaires, ils ne vivent QUE dans leur monde à eux. Or quand j'étais enfant, 9-10 ans, il y a eu la Chute du Mur, celle de Ceausescu et la première guerre du Golfe. Non seulement on suivait cela à la maison, aux infos, mais on en parlait avec l'instit en classe et je me rappelle même en avoir parlé entre camarades sans aucun adulte autour.
Et j'ai appris les chansons de Brassens et de Gainsbourg à l'école et au collège!
Pareil pour le collège, j'étais pourtant en ZEP, mais il me semble, que le pire du pire élève avait au moins un vernis, ou que s'il ignorait quelque chose...ce n'était pas forcément normal. Je lisais personnellement beaucoup, et avais une culture générale plutôt plus élevée que les autres mais il n'y avait pas de réel faussée. (Le seul a été Joan Baez absolument inconnue de mes camarades à ma grande stupéfaction )
Cette culture générale a une grande qualité, elle permet le contact, entre plusieurs générations (j'avais des choses en commun avec mes grand-parents) mais aussi avec les gens d'une autre culture (Je déteste Piaf, mais quelle joie d'entendre une amie espagnole être capable de chanter par coeur une chanson d'elle, une autre époque, un autre pays... pourtant)
Parfois cette culture fait cruellement défaut aux adultes de notre génération (enfin la mienne 25-35) y compris à nos collègues. En 4 jours, entre la prof de français qui ne lit pas les chiffres romains et celle d'EPS qui ne sait pas que le mur de Berlin se situait à ....Berlin et que NON il n'y avait pas un mur tout le long de la frontière entre RFA et RDA et que OUI c'était bien l'Allemagne de l'Est qui était avec les soviétiques... (j'ai eu un déjeuner florilège ce midi!! Mais je crois qu'elle n'est représentative que d'elle-même)
Non seulement les profs eux-mêmes, malgré le niveau d'études ont tendance je pense à être de moins en moins intellectuels, mais le pire est que nos programmes nous incitent de plus en plus à ne parler aux élèves que de ce qui les concernent eux. Si à la maison, on ne mange plus ensemble, on ne regarde plus la télé ensemble, et qu'en plus à l'école on ne parle plus non plus du reste du monde (réel ou culturel) ce qui serait étonnant, ce serait d'avoir des élèves cultivés!!!
Et j'ai appris les chansons de Brassens et de Gainsbourg à l'école et au collège!
Pareil pour le collège, j'étais pourtant en ZEP, mais il me semble, que le pire du pire élève avait au moins un vernis, ou que s'il ignorait quelque chose...ce n'était pas forcément normal. Je lisais personnellement beaucoup, et avais une culture générale plutôt plus élevée que les autres mais il n'y avait pas de réel faussée. (Le seul a été Joan Baez absolument inconnue de mes camarades à ma grande stupéfaction )
Cette culture générale a une grande qualité, elle permet le contact, entre plusieurs générations (j'avais des choses en commun avec mes grand-parents) mais aussi avec les gens d'une autre culture (Je déteste Piaf, mais quelle joie d'entendre une amie espagnole être capable de chanter par coeur une chanson d'elle, une autre époque, un autre pays... pourtant)
Parfois cette culture fait cruellement défaut aux adultes de notre génération (enfin la mienne 25-35) y compris à nos collègues. En 4 jours, entre la prof de français qui ne lit pas les chiffres romains et celle d'EPS qui ne sait pas que le mur de Berlin se situait à ....Berlin et que NON il n'y avait pas un mur tout le long de la frontière entre RFA et RDA et que OUI c'était bien l'Allemagne de l'Est qui était avec les soviétiques... (j'ai eu un déjeuner florilège ce midi!! Mais je crois qu'elle n'est représentative que d'elle-même)
Non seulement les profs eux-mêmes, malgré le niveau d'études ont tendance je pense à être de moins en moins intellectuels, mais le pire est que nos programmes nous incitent de plus en plus à ne parler aux élèves que de ce qui les concernent eux. Si à la maison, on ne mange plus ensemble, on ne regarde plus la télé ensemble, et qu'en plus à l'école on ne parle plus non plus du reste du monde (réel ou culturel) ce qui serait étonnant, ce serait d'avoir des élèves cultivés!!!
- Spoiler:
- mais certains continueront de l'être!! Les parents y veilleront
- Johnny GuitarNiveau 2
J'irai un peu plus loin. Dans certaines salles de profs, ouvrir un livre est désormais perçu comme une marque de pédanterie insupportable. Je dis "pédanterie", mais je ne suis pas sûr que le mot ne donne pas lieu à contresens, et j'entends plutôt des remarques à la limite du "ouah l'autre comment il s'la joue, l'intello...". Certains collègues de français, sortis des Voltaire, Hugo, Maupassant, ne connaissent pas les grands auteurs contemporains, et s'en portent très bien. Un prof de musique est incapable de situer à quel siècle a vécu Mozart. D'autres, en histoire, ne prennent pas la peine de se tenir un tout petit peu au courant de l'actualité de l'historiographie (ne serait-ce qu'un Doc photo de temps en temps). Un peu comme si, une fois le concours en poche, un poids leur avait été enlevé, celui d'approfondir une discipline. Par contre les projets fumeux, les animations et les cochages de grilles...
- InvitéInvité
Ah oui, chez les profs aussi, le niveau baisse forcément...
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