- meskiangasherNiveau 9
Je rigole déjà beaucoup.JPhMM a écrit:Je peux vous dire qu'il y a quand même un moment où en maths, on va sacrément "rigoler". Les parents moins, d'ailleurs.
En fait, ça a déjà commencé.
Nous avons un BMP dans notre lycée assuré par un TZR. Nous lui avons aimablement laissé les 1ère STMG, mais pour compenser on lui a donné la spécialité maths de TS.
Or il se trouve que ce collègue a de graves soucis de santé. Il est donc remplacé par une contractuelle qui a un M1 de biochimie (après un BTS, je crois). Elle n'a pour ainsi dire jamais fait de maths depuis le bac. Elle est de très bonne volonté, mais j'ai quand même dû lui expliquer comment trouver une décomposition de Bézout en remontant l'algorithme d'Euclide...
- JEMSGrand Maître
Un étudiant lambda détale devant le peu de considération et le salaire déplorable que nous avons !
J'en ai la preuve tout autour de moi.
Un catégorie A aux finances touche 2400 € au début de sa carrière, avec un catalogue de formation professionnelle tip top, une possibilité d'avancer vers le grade d'IP facilitée par des formations internes performantes. Des métiers dans le métier qui sont valorisants (chef de poste, huissier...)... Bref, l'inverse de nous quoi !
J'en ai la preuve tout autour de moi.
Un catégorie A aux finances touche 2400 € au début de sa carrière, avec un catalogue de formation professionnelle tip top, une possibilité d'avancer vers le grade d'IP facilitée par des formations internes performantes. Des métiers dans le métier qui sont valorisants (chef de poste, huissier...)... Bref, l'inverse de nous quoi !
- EdgarNeoprof expérimenté
Marcel Khrouchtchev a écrit:Lefteris a écrit:Là ou Peillon aura tort, c'est de continuer dans la même voie... déglinguer les matières au profit de l'animation pédagogiste, ne pas revaloriser la profession ( je ne vois pas trop l'intérêt d'être certifié aujourd'hui, il vaut mieux entrer cadre B, voire C aux douanes ou aux impôts, ce que font beaucoup )
Il est évident que la revalorisation est la pierre angulaire de toute réforme de l'EN.
J'ai été recruté à bac+8 et je gagne moins que mon meilleur ami qui est agent de constatation (catégorie C) des douanes (le baccalauréat n'est même pas nécessaire pour en présenter le concours).
Ce qui ne peut absolument pas fonctionner, et on se demande d'ailleurs comment cela fonctionne quand même. J'ai la même chose avec mon beau-frère qui présente un catégorie B et qui va toucher presque ce que je gagne aujourd'hui dès son entrée s'il est reçu. C'est absolument mortifère comme système.
- EdgarNeoprof expérimenté
Et quand j'entends parler de l'agreg comme voie royale, je ne suis pas convaincu : compte-tenu de la difficulté de ce concours et du faible nombre de postes, je ne suis pas sûr que l'on trouve l'équivalent dans d'autres administrations ou alors pour un salaire supérieur et un poste plus prestigieux. Le jeu n'en vaut peut-être pas vraiment la chandelle à moins bien sûr de vouloir être professeur à tout prix et donner des cours à de vrais élèves, ce qui, heureusement, existe encore.
- CeladonDemi-dieu
Mortifère, mais logique. Vu le niveau de ce qu'on produit, la dévalorisation des diplômes et les incompétences coloriées du vert des compétences, il est logique que tout vaille tout et que l'on en vienne à supprimer les concours. Surtout ceux qui exigent efforts et travail.
- LefterisEsprit sacré
Oui, c'est vrai, c'est un coup de couteau de plus dans la langues anciennes . Et la bêtise ambiante gagnant tous les milieux, on ne voit une langue que par le prisme de l'utilitarisme immédiat.La dimension culturelle, littéraire d'une langue et de la civilisation qui l'a véhiculée échappe totalement à ces gens. La seule chose qui sauve encore un peu le latin, c'est le bénéfice énorme en points que ça peut donner ( option = points X3) , et la quasi obligation d'en faire en classe prépa littéraire ou généraliste, toujours avec un coefficient important.meskiangasher a écrit:Ce n'est même plus nécessaire, il y a les sections européennes pour cela maintenant.Lefteris a écrit:Ca se maintiendra dans dans les bons établissements, dans le privé, et ailleurs il y aura des sections croupions pour attirer les 10 % de bobos qui condescendent à mettre leur progéniture au milieu de 50 à 60 % de CSP - dans les quartiers nords et périphériques (à condition de ne rien exiger d'eux, c'est pour faire de l'entre-soi, comme on me l'a dit, et il ne faut pas les faire fuir ). Ce que je dis se vérifie largement à Paris ...
Exactement , l'agreg n'est plus une voie royale, car tous les métiers équivalents (catégorie A+ de la FP) ont été revalorisés, pas l'agreg. D'où la démission massive de normaliens, qui ont encore l'avenir devant eux et peuvent éviter de s'enfermer là-dedans, surtout avec les menaces qui pèsent sur le métier. L'agreg est plutôt un terminus pour les gens déjà dans le métier : à défaut de partir , on va le plus haut possible. J'étais cadre A dans la FP, j'en ai déjà parlé, et si je n'avais pas été reclassé haut directement par équivalence indiciaire , puis lauréat de l'agreg, je ne me serais pas reconverti . Faut être maso (j'ai d'ailleurs démissionné une fois - non prise de poste, le reclassement ne m'allait pas- , puis repassé le concours).Edgar a écrit:Et quand j'entends parler de l'agreg comme voie royale, je ne suis pas convaincu : compte-tenu de la difficulté de ce concours et du faible nombre de postes, je ne suis pas sûr que l'on trouve l'équivalent dans d'autres administrations ou alors pour un salaire supérieur et un poste plus prestigieux. Le jeu n'en vaut peut-être pas vraiment la chandelle à moins bien sûr de vouloir être professeur à tout prix et donner des cours à de vrais élèves, ce qui, heureusement, existe encore.
Malgré ça, l'agrégation reste jalousée, et nombreux sont ceux qui veulent sa disparition, va comprendre .. moi , ça m'échappe, je l'avoue. D'autant que lorsqu'une grille indiciaire est "tassée", toutes celles des corps au-dessous sont bloquées, facile à comprendre.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- lene75Prophète
Collier de Barbe a écrit:D'un autre côté, il y a quelques mois, l'EN recrutait des vacataires par le biais du Pôle Emploi et il y avait foule.
Je crois que c'est le véritable but : casser les concours exigeants pour pouvoir ensuite recruter sur des statuts précaires des personnes peu formées et n'ayant pas trouvé d'autre emploi qui seront beaucoup plus serviles et qu'on n'aura pas besoin de bien payer. Diminuer la qualité mais pas la quantité, c'est ça que préconise l'OCDE, non ? La plupart des réformes vont dans ce sens : on veut faire des profs des techniciens, des répétiteurs et non des concepteurs.
Quand on sait comme ce métier est beau en théorie, exercé dans des conditions normales : transmettre et partager sa passion, former des enfants et des jeunes gens, on peut vraiment s'inquiéter 1) que les profs passent leur temps à se plaindre comme le dit CdB (et je ne crois pas que leur demander de se taire arrange quoi que ce soit, au contraire ) ; 2) que quasiment plus personne ne veuille faire ce métier en 1re intention (= par choix et non parce qu'on ne trouve rien d'autre). C'est bien qu'il doit y avoir quelque chose qui cloche dans les conditions de travail...
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- ParatgeNeoprof expérimenté
lene75 a écrit:
Quand on sait comme ce métier est beau en théorie, exercé dans des conditions normales : transmettre et partager sa passion, former des enfants et des jeunes gens, on peut vraiment s'inquiéter 1) que les profs passent leur temps à se plaindre comme le dit CdB (et je ne crois pas que leur demander de se taire arrange quoi que ce soit, au contraire ) ; 2) que quasiment plus personne ne veuille faire ce métier en 1re intention (= par choix et non parce qu'on ne trouve rien d'autre). C'est bien qu'il doit y avoir quelque chose qui cloche dans les conditions de travail...
Il serait facile de mettre tout sur le dos de la chatellisation forcenée ou de l’infâme Copé faisant croire aux 4 100 € comme salaire de milieu de carrière pour un prof.
Le PS a une grosse responsabilité dans la dégringolade.
Et dire qu’avec la loi Jospin, la revalorisation bidon du même nom, les IUFM et les pédagos au pouvoir, Monchéri-Moncœur au centre du système s(c)olaire, on allait voir ce qu’on allait voir !
On a vu !
On a vu Allègre : le mépris et le ressentiment comme politique, la réforme des mutations. On allait avoir enfin des enseignants « professionnels », dont le premier devoir est d’obéir aux décisions absurdes. Politique appliquée sans discontinuer depuis.
Les profs vus comme des occupants illégitimes en territoire « jeune », le déni systématique de la violence en résultant, pardon ! seulement quelques « incivilités » guérissables en quelques séances d’ECJS, la pédagogie unique (les zaprenans censés construire eux-mêmes leur savoir). L’autorité du prof dénigrée et en revanche celle, d’origine divine, de l’administration amplifiée.
Les programmes aux intitulés de plus en plus ronflants et en pratique coquilles vides, la « promotion sociale » consistant aujourd’hui en passage automatique dans la classe supérieure, les conseils de classe servant à… quoi d’ailleurs ? Et toujours le déni systématique du réel.
En effet ça fait rêver. Les gens ne sont pas fous, ils ont des parents ou des connaissances dans l’Éducnat’, ils savent ce qui se passe dans le monde réel.
Aller à Pétaouchnoque se faire cracher dessus au propre comme au figuré pour un salaire qui fait rigoler ses condisciples, ça fait reufleuchir.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Ne dites pas à ma mère que je suis prof dans un lycée, elle me croit animateur en lieu de vie !
- LefterisEsprit sacré
Oui, je vois aussi ça un peu de la même manière, et les pré-recrutement vont dans ce sens : offrir à des "pauvres" la possibilité de faire des études , puisque les autres , ceux qui peuvent s'offrir 5 ans d'études + concours vont choisir autre chose. Je peux même parler au présent, puisque le nombre de candidats en lettres s'est divisé par 10 en guère plus d'une décennie... Et pire, dans ces matières qui ne mènent qu'à l'enseignement, les facs se vident après la licence. Le gouvernement le sait parfaitement, d'où ces mesures, et la tentative effectivement de faire taire les professeurs, d'étouffer le malaise, de refuser de faire le lien entre le rapport conditions de travail/traitement et le problème de recrutement.lene75 a écrit:Collier de Barbe a écrit:D'un autre côté, il y a quelques mois, l'EN recrutait des vacataires par le biais du Pôle Emploi et il y avait foule.
Je crois que c'est le véritable but : casser les concours exigeants pour pouvoir ensuite recruter sur des statuts précaires des personnes peu formées et n'ayant pas trouvé d'autre emploi qui seront beaucoup plus serviles et qu'on n'aura pas besoin de bien payer. Diminuer la qualité mais pas la quantité, c'est ça que préconise l'OCDE, non ? La plupart des réformes vont dans ce sens : on veut faire des profs des techniciens, des répétiteurs et non des concepteurs.
Quand on sait comme ce métier est beau en théorie, exercé dans des conditions normales : transmettre et partager sa passion, former des enfants et des jeunes gens, on peut vraiment s'inquiéter 1) que les profs passent leur temps à se plaindre comme le dit CdB (et je ne crois pas que leur demander de se taire arrange quoi que ce soit, au contraire ) ; 2) que quasiment plus personne ne veuille faire ce métier en 1re intention (= par choix et non parce qu'on ne trouve rien d'autre). C'est bien qu'il doit y avoir quelque chose qui cloche dans les conditions de travail...
En fait, la droite a déversé ouvertement sa haine de cette profession , la gauche met des emplâtres sur une jambe de bois (avec une langue de bois) pour servir les intérêts de sa com'.Paratge a écrit:
Il serait facile de mettre tout sur le dos de la chatellisation forcenée ou de l’infâme Copé faisant croire aux 4 100 € comme salaire de milieu de carrière pour un prof.
Le PS a une grosse responsabilité dans la dégringolade.
On a vu Allègre : le mépris et le ressentiment comme politique, la réforme des mutations. On allait avoir enfin des enseignants « professionnels », dont le premier devoir est d’obéir aux décisions absurdes. Politique appliquée sans discontinuer depuis.
A l'époque d'Allègre, je n'étais pas enseignant et n'avais même idée que j'en serais un jour, mais je me souviens d'autant mieux les flots de bile et de ressentiment (terme bien choisi) personnel qu'il déversait . Il porte une lourde responsabilité dans la démoralisation durable de la profession, d'autant que les ministres les plus durs se sont appuyés sur sa manière de faire.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- lene75Prophète
Je conseille encore une fois ce reportage :
https://www.youtube.com/watch?v=pGKGyFmHqIs&feature=gv
où il est notamment expliqué que les cadres dirigeants, ceux qui prennent réellement les décisions pour l'EN, ne changent pas quand on change de majorité : c'est bien la même politique qui est poursuivie sans rupture depuis des années. Les ministres ont le pouvoir d'en rajouter une couche mais finalement pas vraiment de redresser la barre.
https://www.youtube.com/watch?v=pGKGyFmHqIs&feature=gv
où il est notamment expliqué que les cadres dirigeants, ceux qui prennent réellement les décisions pour l'EN, ne changent pas quand on change de majorité : c'est bien la même politique qui est poursuivie sans rupture depuis des années. Les ministres ont le pouvoir d'en rajouter une couche mais finalement pas vraiment de redresser la barre.
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- IphigénieProphète
Au delà de tous les aspects financiers, il me semble que le manque d'exigence à la mode dans les pratiques pédagogiques a pour principal effet non pas de valoriser les élèves mais bien de dévaloriser le savoir:
parmi nos élèves combien voient dans le savoir une source de bonheur?
combien auraient donc envie de passer leur vie à transmettre le savoir?
Je crois que c'est ça qui crée la désaffection plus que toutes les autres raisons, y compris financières
parmi nos élèves combien voient dans le savoir une source de bonheur?
combien auraient donc envie de passer leur vie à transmettre le savoir?
Je crois que c'est ça qui crée la désaffection plus que toutes les autres raisons, y compris financières
- RoninMonarque
J'abonde et pour reprendre un des gimmicks des IUFM-1er degré, on a perdu le sens de l’École, sûr que ça ne donne pas envie d'y faire carrière...
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- LefterisEsprit sacré
C'est multi-causes. Les élèves vivent effectivement dans une société ultra-utilitariste, or le savoir ne porte pas ses fruits tout de suite, et il n'est pas forcément rémunérateur. Simple indice, le mépris croissant des lettres, le fameux "à quoi ça sert ? ", dont on voit aujourd'hui le résultat chiffré avec les candidats aux concours.iphigénie a écrit:Au delà de tous les aspects financiers, il me semble que le manque d'exigence à la mode dans les pratiques pédagogiques a pour principal effet non pas de valoriser les élèves mais bien de dévaloriser le savoir:
parmi nos élèves combien voient dans le savoir une source de bonheur?
combien auraient donc envie de passer leur vie à transmettre le savoir?
Je crois que c'est ça qui crée la désaffection plus que toutes les autres raisons, y compris financières
L'aspect matériel joue quand même beaucoup, puisque le phénomène de désaffection a commencé dans les matières scientifiques, ouvrant des débouchés plus rémunérateurs. Il est légitime qu'un jeune qui va dépenser 5, 6 ans de sa vie à étudier choisisse une perspective meilleure, s'il le peut.
Quant au manque d'exigences , il est réclamé par la plupart des élèves eux-mêmes, qui veulent des "bonnes notes" et souvent par la hiérarchie qui relaie cette attente. La spirale du moindre effort étant enclenchée, si l'on tente d'être exigeant, c'est la guerre quand on les récupère, il et déjà trop tard.
Les élèves ne sont pas dupes de ce qu'ils font vivre aux enseignants, ils se savent pénibles ou remarquent des camarades pénibles quand ils ne le sont pas eux-mêmes, et n'ont pas envie de vivre ça. De plus, ils ont l'impression qu'on ne vaut pas grand chose parce qu'on est dans ces endroits pénibles : j'ai déjà entendu la réflexion.
Il me paraît difficile de faire le tour du problème, qui tient à un réseau complexe de dysfonctionnements, de carences , d'images véhiculées , qui isolés ne constitueraient pas un obstacle, mais qui dans les circonstances actuelles se trouvent additionnés et sapent le système, peut-être définitivement.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- IphigénieProphète
Les deux choses vont ensemble: la dégradation matérielle accompagne l'idée que l'enseignant n'est qu'un "technicien", que les CDE s'adressent aux professeurs en parlant aux "personnels", qu'un prof absent est remplacé par annonce sur le bon coin etc.
MAis fondamentalement c'est parce que nos élèves rêvent plus en regardant les ch'tis à Mykonos qu'en lisant Homère qu'un animateur de télé est plus estimé que l'écrivain qu'il reçoit et dont il se paie la tête par deux calembours et trois interruptions.
MAis fondamentalement c'est parce que nos élèves rêvent plus en regardant les ch'tis à Mykonos qu'en lisant Homère qu'un animateur de télé est plus estimé que l'écrivain qu'il reçoit et dont il se paie la tête par deux calembours et trois interruptions.
- philannDoyen
Iphigénie +1000 000!!
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- LefterisEsprit sacré
iphigénie a écrit:Les deux choses vont ensemble: la dégradation matérielle accompagne l'idée que l'enseignant n'est qu'un "technicien", que les CDE s'adressent aux professeurs en parlant aux "personnels", qu'un prof absent est remplacé par annonce sur le bon coin etc.
MAis fondamentalement c'est parce que nos élèves rêvent plus en regardant les ch'tis à Mykonos qu'en lisant Homère qu'un animateur de télé est plus estimé que l'écrivain qu'il reçoit et dont il se paie la tête par deux calembours et trois interruptions.
Le "modèle télé" est effectivement catastrophique, et par mimétisme ce sont les habitudes plateau télé qu'on retrouve en classe : prise de parole intempestive, coupure de parole à tout bout de champ, calembours idiots (qu'est-ce qu'on ramasse, en latin par exemple , dès qu'un mot ressemble vaguement à un mot connu, ou imaginé, ou à une pub...) croyance en l'idée que tout le monde peut valablement parler de tout, opinion immédiate et définitive et culte des apparences. J'en arrive à ne plus monter le portrait de l'écrivain sur les fiches que je présente, car c'est souvent immédiatement "il est pas beau ...baaaahhh" , "c'est un vieeeeuuuux"...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- ParatgeNeoprof expérimenté
lene75 a écrit:
Je crois que c'est le véritable but : casser les concours exigeants pour pouvoir ensuite recruter sur des statuts précaires des personnes peu formées et n'ayant pas trouvé d'autre emploi qui seront beaucoup plus serviles et qu'on n'aura pas besoin de bien payer. Diminuer la qualité mais pas la quantité, c'est ça que préconise l'OCDE, non ? La plupart des réformes vont dans ce sens : on veut faire des profs des techniciens, des répétiteurs et non des concepteurs.
Et pendant ce temps les enfants des caciques du PS seront comme aujourd'hui à l'École alsacienne...
- mymouneNiveau 10
Je crois qu'on ne sait plus que faire de nous dans les hautes sphères et que nous incarnons effectivement des valeurs qui vont à contre-courant de notre société. Il me semble que nous reviendrons à plus de raison mais lorsque le système aura peut-être complètement dégénéré et qu'il sera en quête de repères.
Il faut hélas passer par cette crise des vocations pour mesurer la nécessité d'un recrutement sérieux, intelligent et exigent.
Il faut hélas passer par cette crise des vocations pour mesurer la nécessité d'un recrutement sérieux, intelligent et exigent.
- lene75Prophète
Paratge a écrit:Et pendant ce temps les enfants des caciques du PS seront comme aujourd'hui à l'École alsacienne...
Bah oui, faut pas déc*, quand même ! Les belles théories, c'est bien pour les autres. D'ailleurs, une CDE avait déjà sorti ça à ma mère à qui elle reprochait d'être trop sévère et alors que ma mère lui disait qu'elle se contentait d'exiger de ses élèves ce qu'elle voudrait qu'on exige de ses enfants : "Mais enfin, madame, vos élèves ne sont pas vos enfants, vous ne croyez quand même pas qu'ils vont tous faire de grandes études ? Ce qu'on leur demande, c'est bien assez pour eux." Je ne pouvais pas dire que je n'étais pas prévenue...
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- philannDoyen
lene75 a écrit:Paratge a écrit:Et pendant ce temps les enfants des caciques du PS seront comme aujourd'hui à l'École alsacienne...
Bah oui, faut pas déc*, quand même ! Les belles théories, c'est bien pour les autres. D'ailleurs, une CDE avait déjà sorti ça à ma mère à qui elle reprochait d'être trop sévère et alors que ma mère lui disait qu'elle se contentait d'exiger de ses élèves ce qu'elle voudrait qu'on exige de ses enfants : "Mais enfin, madame, vos élèves ne sont pas vos enfants, vous ne croyez quand même pas qu'ils vont tous faire de grandes études ? Ce qu'on leur demande, c'est bien assez pour eux." Je ne pouvais pas dire que je n'étais pas prévenue...
Ca ça me fait HURLER!!! Je crois que je pourrais être violente...tellement je trouve cela socialement insupportable!
Et le pire du pire c'est quand cette ségrégation et cette politique du "ça suffit toujours pour les autres" est le fait de gens qui se disent de gauche!!
- LefterisEsprit sacré
C'est marrant, je ne connais pas ta mère, mais j'ai dit un jour en réunion où l'on discutait de je ne sais quelle :censure: qu'on "faisait faire des trucs qu'on refuserait pour nos enfants" :lol:lene75 a écrit:Paratge a écrit:Et pendant ce temps les enfants des caciques du PS seront comme aujourd'hui à l'École alsacienne...
Bah oui, faut pas déc*, quand même ! Les belles théories, c'est bien pour les autres. D'ailleurs, une CDE avait déjà sorti ça à ma mère à qui elle reprochait d'être trop sévère et alors que ma mère lui disait qu'elle se contentait d'exiger de ses élèves ce qu'elle voudrait qu'on exige de ses enfants : "Mais enfin, madame, vos élèves ne sont pas vos enfants, vous ne croyez quand même pas qu'ils vont tous faire de grandes études ? Ce qu'on leur demande, c'est bien assez pour eux." Je ne pouvais pas dire que je n'étais pas prévenue...
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Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- variaHabitué du forum
Lefteris a écrit:
Le "modèle télé" est effectivement catastrophique, et par mimétisme ce sont les habitudes plateau télé qu'on retrouve en classe : prise de parole intempestive, coupure de parole à tout bout de champ, calembours idiots (qu'est-ce qu'on ramasse, en latin par exemple , dès qu'un mot ressemble vaguement à un mot connu, ou imaginé, ou à une pub...) croyance en l'idée que tout le monde peut valablement parler de tout, opinion immédiate et définitive et culte des apparences. J'en arrive à ne plus monter le portrait de l'écrivain sur les fiches que je présente, car c'est souvent immédiatement "il est pas beau ...baaaahhh" , "c'est un vieeeeuuuux"...
Et encore, tu as oublié : incorrections grammaticales et lexicales pléthoriques, et reprises par tous sans discernement, culte de la méchanceté gratuite, humiliation et rabaissement de l'autre portés au pinacle, bêtise et ignorance érigées en valeurs suprêmes, et encore, je ne suis pas encore tout à fait assez énervée ce soir...
- ParatgeNeoprof expérimenté
philann a écrit:
Et le pire du pire c'est quand cette ségrégation et cette politique du "ça suffit toujours pour les autres" est le fait de gens qui se disent de gauche!!
Les enfants de Meirieu par exemple étaient bien sûr au collège André-Moulin puis au lycée Jean-Malraux...
- LefterisEsprit sacré
Les incorrections grammaticales , c'est en plus ... Il y a une autre langue qui a cours , avec laquelle on peut exprimer toutes les nuances des sentiments riches et fleuris , qui utilise certains expressions "arrête de mentir" ( variante "arrête de mytho") , "ça s'fait pas/ça s'fait trop pas" "ça s'dit pas ça , m'sieur' " si on aurait su"... "c'est comme si que" " ahhh ouaiis!!" "sale batard" "j'vais t'niquer ta race" "trop bien ".varia a écrit:Lefteris a écrit:
Le "modèle télé" est effectivement catastrophique, et par mimétisme ce sont les habitudes plateau télé qu'on retrouve en classe : prise de parole intempestive, coupure de parole à tout bout de champ, calembours idiots (qu'est-ce qu'on ramasse, en latin par exemple , dès qu'un mot ressemble vaguement à un mot connu, ou imaginé, ou à une pub...) croyance en l'idée que tout le monde peut valablement parler de tout, opinion immédiate et définitive et culte des apparences. J'en arrive à ne plus monter le portrait de l'écrivain sur les fiches que je présente, car c'est souvent immédiatement "il est pas beau ...baaaahhh" , "c'est un vieeeeuuuux"...
Et encore, tu as oublié : incorrections grammaticales et lexicales pléthoriques, et reprises par tous sans discernement, culte de la méchanceté gratuite, humiliation et rabaissement de l'autre portés au pinacle, bêtise et ignorance érigées en valeurs suprêmes, et encore, je ne suis pas encore tout à fait assez énervée ce soir...
Dire que certains se sont emm.dés à essayer d'inventer l'espéranto .
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- totoroMonarque
Collier de Barbe a écrit:D'un autre côté, il y a quelques mois, l'EN recrutait des vacataires par le biais du Pôle Emploi et il y avait foule.
Ben ce n'est plus le cas:
-ça fait un mois qu'on ne trouve pas de remplaçant en anglais
-deux profs de SEGPA absentes / O remplaçants (celle qui a commencé lundi matin est partie lundi soir...)
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- Capes de Lettres Classiques 2015 : 114 admissibles pour 230 postes !
- [2016]Capes de Lettres Modernes : 1450 admissibles pour 1316 postes
- [2015] Capes de Lettres Modernes : 1455 admissibles pour 1310 postes
- Agrégation de lettres classiques : 86 admissibles / 71 postes
- Admissibles au Capes externe 2014 : la pénurie s'aggrave en lettres, allemand et anglais, et menace toujours en maths.
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