- User5899Demi-dieu
Ah. Sur la lecture ? Publiquement? Avec des effets ? Dans les classes ?mathmax a écrit:D'autre part, Le monde de l'EN se remet en question, bien plus que celui de l'entreprise, il faut cesser de propager ces clichés qui ne rendent service à personne.
Ah.
:abk: :abk:
- gelsomina31Grand Maître
Cripure a écrit:Ah. Sur la lecture ? Publiquement? Avec des effets ? Dans les classes ?mathmax a écrit:D'autre part, Le monde de l'EN se remet en question, bien plus que celui de l'entreprise, il faut cesser de propager ces clichés qui ne rendent service à personne.
Ah.
Disons qu'à force de se remettre en cause quasi quotidiennement, on finit par faire n'importe quoi... avec pour seul résultat des effets négatifs...
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Fear buildswalls.Hope builds bridges !
« De chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins. »
- mathmaxExpert spécialisé
Tout à fait !
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« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
Albert Einstein
- phiExpert
Publiquement non mais sans gros sabots et de façon diplomate on peut y arriver un peu je l'espère... Pas certaine que ce soit mieux dans le privé !
- EloahExpert spécialisé
henriette a écrit:
Oh, Eloah, merci pour ton témoignage ! Tu me rassures vraiment en disant cela ! As-tu su ce qui a provoqué le déclic printanier ?
Et j'espère que tout va le mieux possible pour toi et les tiens
Tant mieux si ça te rassure, c'était le but car, vraiment, j'étais dans le même désarroi que toi il y a un an.
Je ne sais pas trop ce qui a provoqué le déclic chez ma fille, c'est un peu comme si, soudain, tout ce qu'elle avait emmagasiné depuis septembre prenait sens, comme si le puzzle se constituait. Il y a aussi le fait qu'on a continué à beaucoup lire pour le plaisir à la maison : le soir par ex, pendant que mon amie ou moi lui lisions une histoire, on lui faisait d'abord lire un mot, puis une réplique, puis une page ... On a commencé à emprunter de petits romans à la bibliothèque (avant on ne prenait que des albums) qu'on lisait juste avec elle (sans sa sœur). Petit à petit elle a commencé à les lire seule.
Je crois aussi qu'avoir fait confiance à l'instit m'a aidée à prendre un peu de distance et à relâcher la pression sur ma fille : j'avoue que durant le premier trimestre je râlais à chaque fois qu'on faisait les devoirs et ça devait être dur pour elle qui était fière de me montrer qu'elle "lisait" si vite (elle récitait en fait).
Bon courage !!
- Spinoza1670Esprit éclairé
Une page du site Bien lire que m'a signalée AdelaideAugusta. Interview de Jean Hébrard, un des maîtres à penser des iufm dans les années 2000 pour ce qui concerne la lecture.
http://www.cndp.fr/bienlire/01-actualite/a-interview21.asp
C'est avec ce genre de discours que j'ai été formé. IUFM en 2004-2005.
Il faut être fort pour distinguer le vrai du faux si on arrive vierge de toute connaissance sur l'apprentissage de la lecture et de plus enclin à croire au professionnalisme des formateurs qui assènent toute la journée ce genre de discours. Dans la mesure où il y a beaucoup de choses crédibles, on est porté à attacher de la crédibilité à tout.
http://www.cndp.fr/bienlire/01-actualite/a-interview21.asp
C'est avec ce genre de discours que j'ai été formé. IUFM en 2004-2005.
Il faut être fort pour distinguer le vrai du faux si on arrive vierge de toute connaissance sur l'apprentissage de la lecture et de plus enclin à croire au professionnalisme des formateurs qui assènent toute la journée ce genre de discours. Dans la mesure où il y a beaucoup de choses crédibles, on est porté à attacher de la crédibilité à tout.
Jean Hébrard, inspecteur général de l’éducation nationale a fait partie du groupe d’experts à l’origine de la rédaction des nouveaux programmes (ceux de 2002). Membre de l’ONL, il est également historien et a écrit de très nombreux ouvrages sur l’école et son histoire. Il a participé à la conception des nouveaux programmes du primaire. Il a contribué à l’introduction de la littérature jeunesse et de la culture générale des élèves à l’école.
« Une pratique relevée chez certaines familles est de reprendre la méthode de lecture utilisée en classe ou d’en proposer une autre correspondant mieux à leurs attentes (la méthode Boscher par exemple).
Qu’en pensez-vous ?
Que conseillez-vous à ces parents d’élèves ?
Que recommandez-vous aux enseignants de CP ayant repéré cette pratique ? »
Que des parents souhaitent enseigner à lire à leurs enfants me paraît tout à fait naturel. Je ne vois pas qui pourrait le leur interdire, ni d’ailleurs pourquoi il faudrait le faire. Ce sont des moments merveilleux – souvent autrefois l’apanage des grands-parents – que ceux où l’on voit s’éveiller la curiosité pour le monde de l’écriture, où l’on voit le mystère de l’alphabet se révéler à des yeux incrédules : ce n’était donc que cela ! Un enseignant averti saura intégrer ces bribes de savoirs au processus didactique qu’il instaure dans sa classe, sans la moindre difficulté.
Ce qui me semble plus grave est que des parents puissent décider d’enseigner la lecture à leurs enfants parce qu’ils ne font pas confiance à l’enseignant. Cela relève d’un déficit d’information réciproque sur les programmes en vigueur d’abord, sur leur mise en œuvre ensuite. Il faut y apporter bon ordre dans les meilleurs délais. Une réunion parents-enseignants est absolument nécessaire. On doit pouvoir y expliciter les deux axes de l’enseignement de la lecture : la reconnaissance des mots, d’abord indirecte puis directe, la compréhension des phrases et des textes. On doit pouvoir expliquer que l’enseignement de la lecture occupe trois années au moins : la grande section pendant laquelle on se prépare à lire en apprenant à parler « comme les livres », en apprenant à entendre dans le langage quotidien les unités sonores dont les mots sont constitués (les syllabes), en apprenant à jouer oralement avec ces syllabes ; le cours préparatoire pendant lequel on apprend le principe alphabétique, c'est-à-dire le codage des sonorités du langage par l’alphabet, pendant lequel on apprend aussi à trouver dans la succession des mots la structure d’une phrase et donc sa signification ; le cours élémentaire pendant lequel on automatise la reconnaissance des mots et l’on apprend à lire des phrases de plus en plus complexes. On n’oubliera pas de dire que tout au long de ces trois années, on ne cesse de renforcer la compréhension en lisant à haute voix aux élèves des albums pour qu’ils puissent ensuite à leur tour nous les raconter. Ce sera aussi l’occasion de rassurer les parents sur un point assez simple : la fameuse « méthode globale », comme le précisent les instructions en vigueur, ne sera pas utilisée en classe. En effet, on ne reconnaît pas les mots à leur silhouette, mais parce que l’on assemble les matériaux graphiques dont ils sont constitués et cela, de plus en plus vite, jusqu’à ce que ce soit un processus quasi instantané.
Seulement voilà, les méthodes syllabiques d’autrefois ne sont pas les meilleures pour amener tous les élèves à résoudre ce problème. D’ailleurs, nous le savons parfaitement puisque toutes les statistiques disponibles (les historiens les connaissent) montrent que jamais le certificat d’études n’a été réussi par plus d’un élève sur deux tout au long de sa longue histoire. Il se présentait à l’âge où l’on est aujourd’hui en 5e ou en 4e. Il comportait une épreuve de lecture à haute voix suivie de questions sur le sens non du texte mais de quelques mots de celui-ci. Eh bien, cela était trop difficile pour 50 % des élèves. Aujourd’hui, dès la 6e, nous demandons à tous les élèves d’être capables de lire un texte pour apprendre, puis ensuite de montrer qu’ils ont compris en rédigeant un nouveau texte. C’est bien plus difficile que lire un texte à haute voix. Les « bonnes vieilles méthodes d’autrefois » empêchaient près de 50 % des élèves d’apprendre à bien lire. N’oublions jamais que de la génération des adultes qui partent aujourd’hui à la retraite, 12 % seulement avaient obtenu leur baccalauréat et près de la moitié d’entre eux étaient entrés dans la vie active sans aucun diplôme.
Nous savons aujourd’hui pourquoi des méthodes comme la méthode Boscher peuvent être inefficaces pour certains élèves, ceux précisément qui ne parviennent pas à apprendre à lire quelle que soit la méthode utilisée. Elles font l’hypothèse qu’apprendre à lire, c’est assembler des lettres pour faire des syllabes et des syllabes pour faire des mots. Le problème, c’est qu’un enfant n’entend pas dans les mots ces lettres (il vaudrait mieux dire ces sons) et ces syllabes. En conséquence, lorsqu’il les assemble, il ne reconnaît pas le mot qu’il est censé lire. Il déchiffre mais ne comprend pas. On peut s’en rendre compte en jouant à un petit jeu très simple. On dit à l’enfant : « On va faire un jeu. Tu dois trouver le mot auquel je pense. Pour t’aider, je te dis comment il commence et comment il finit. » En fait, on va choisir des mots de deux syllabes orales (« ballon » par exemple), on va les couper en deux (« ba » et « llon ») et l’enfant n’aura donc qu’à assembler les deux syllabes qu’on lui aura dites. La méthode Boscher, comme toutes les méthodes syllabiques d’autrefois, suppose que si l’on sait lire « ba » et « lon », on peut lire « ballon ». Eh bien, essayez... À 6 ans, près d’un enfant sur deux n’y parvient pas encore ! ! ! ! L’essentiel de l’apprentissage de la lecture se fait dans ce patient travail qui consiste à montrer aux enfants que s’ils veulent apprendre à lire, il faut qu’ils entendent ce qu’il y a dans les mots qu’ils utilisent tous les jours au lieu de se contenter de les comprendre. Contrairement à ce que l’on imagine, c’est très difficile pour un bambin de 5 ans d’entendre dans « maman » les syllabes « ma » et « man ». Pour lui, « maman », c’est évidemment sa mère et non pas deux syllabes. Le rôle de la grande section est ici décisif et, comme on le voit, il ne consiste surtout pas à anticiper l’apprentissage du décodage mais à travailler patiemment sur le langage oral.
Il y a un autre problème dans la méthode Boscher comme dans celles qui lui ressemblent. La question de la compréhension y est laissée à l’abandon. Comprendre un texte écrit est difficile car les textes écrits ne parlent pas du tout comme le langage oral que l’enfant connaît bien. Pour s’en rendre compte, il suffit d’essayer de transcrire un moment de conversation enregistré au magnétophone. Lorsque l’on essaie de le lire, c’est du charabia. L’écrit utilise une autre syntaxe que l’oral, d’autres mots, une autre organisation du langage. L’objectif de l’enseignement de la lecture est de permettre à un élève de comprendre l’écrit en en lisant les mots qui le constituent. Mais lire les mots d’un texte ne suffit pas pour comprendre le texte. Combien d’élèves qui déchiffrent bien, longtemps ne comprennent rien à ce qu’ils lisent ?
Ce qui permet à un élève de comprendre ce qu’il lit, c’est sa familiarité avec les livres, une familiarité qu’il a dû conquérir avant de savoir lire, évidemment, puisque pour pouvoir bénéficier de ce qu’il lit, il faut qu’il le comprenne. On est là dans une terrible circularité. Le seul moyen d’en sortir est de familiariser très tôt les enfants avec la culture des livres. Les parents le savent : rien n’est aussi important que de lire chaque jour un livre à son enfant et cela dès 18 mois ou 2 ans. On imagine l’extraordinaire capital de compréhension dont dispose un enfant qui a été nourri à ce régime ! Bien évidemment, il appartient à l’école d’offrir la même chance à ceux qui ne peuvent en bénéficier dans leur milieu familial.
Si je peux donner un conseil aux parents désireux d’aider leurs enfants à mieux lire, c’est celui-ci : plutôt que de vous engager dans le complexe travail d’enseignement du déchiffrage,donnez chaque jour un peu de votre temps à une lecture partagée avec votre fils ou votre fille. Demandez-lui de choisir un album dans sa bibliothèque, parcourez les images avec lui en lui lisant les textes qui les accompagnent et progressivement demandez-lui à son tour de vous raconter l’album. Vous allez le voir d’une part choisir souvent les mêmes livres (pour mieux les comprendre, mieux les mémoriser), d’autre part se mettre à dire avec vous les textes qu’il aura mémorisés sans même attendre que vous lui demandiez à son tour de les raconter. Continuez, vous êtes sur la bonne voie. Vous êtes en train d’en faire un futur lecteur insatiable.
Interview réalisée pour le site BienLire. Novembre 2004.
Pour en savoir plus :
- le compte-rendu de la journée de l'ONL du 14 janvier 2004 sur L'évolution de l'enseignement de la lecture en France, depuis 10 ans.
- des publications de Jean Hébrard présentées sur le site BienLire :
. Nouveaux regards sur la lecture
. Lire-Écrire : entrer dans le monde de l'écrit
. Discours sur la lecture (1800 - 2000)
_________________
« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- doublecasquetteEnchanteur
Merci Spinoza ! Quand on vous dit que les collègues ont subi un lavage de cerveau très consciencieux et qu'ils sont persuadés non seulement de très bien faire mais en plus que le niveau de leurs élèves est tout à fait correct, vous voyez que nous ne vous mentons pas...
- grandesvacancesNeoprof expérimenté
"Nous savons aujourd’hui pourquoi des méthodes comme la méthode Boscher peuvent être inefficaces pour certains élèves, ceux précisément qui ne parviennent pas à apprendre à lire quelle que soit la méthode utilisée."
:lol!:
:lol!:
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