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Choisissez le récit de voyage que vous aimeriez lire pour la huitième édition du "Néo-club littéraire".

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Clarinette
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"Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier - Page 5 Empty Re: "Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier

par Clarinette Ven 1 Fév 2013 - 22:51
Ben mince alors... Bah, laisse-toi encore quelques dizaines de pages, et si tu n'adhères toujours pas, tu es en droit de laisser tomber, hein.
Bon, je m'en vais créer le topic "propositions théâtre".
Kak
Kak
Habitué du forum

"Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier - Page 5 Empty Re: "Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier

par Kak Sam 2 Fév 2013 - 11:52
Amaliah a écrit:Je viens de lire tes commentaires Clarinette, et je t'en remercie. je n'ai pas l'impression d'avoir entre les mains le livre que tu as lu. Je m'ennuie à cent sous de l'heure pour l'instant et ne parviens pas du tout à rentrer dans le texte. Mais comme je ne demande qu'à changer d'avis, je vais persévérer.

Je vous rejoins toutes les deux : je trouve cela à la fois ennuyeux ( je n'arrive pas à lire plus de 5 pages de suite) et beau (galerie de personnages, écriture vraiment littéraire, remarques intéressantes sur la vie...).
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User7674
Érudit

"Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier - Page 5 Empty Re: "Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier

par User7674 Mer 6 Mar 2013 - 10:41
Et bien j'ai rarement mis autant de temps pour lire un livre ! Plus d'un mois !!!! Mon avis est beaucoup plus personnel que les autres que j'ai pu donner jusque là car ce livre marque une période de ma vie très très particulière... Je vous laisse lire mon compte-rendu :

L'usage du monde est le deuxième récit de voyage que je lis après Africa Trek de Sonia et Alexandre Poussin qui ont traversé l'Afrique à pied sans argent. Leur voyage m'avait fascinée. Il m'avait donné envie de voyager moi aussi de façon non conventionnelle.

Il y a longtemps que je voulais lire Bouvier, ce classique de la littérature de voyage. Il a inspiré beaucoup de voyageurs et j'avais croisé à plusieurs reprises des citations lors de vagabondages sur les blogs de voyage dont je suis friande. Mon copain l'a lu l'an passé et m'avait bien dit à l'époque qu'il ne fallait pas s'attendre à un voyage "de rêve", le voyage étant ici prétexte à la réflexion. Surtout, il apparaît très vite que le voyage est un élément constitutif de l'être, un moment d'une vie qui est tout sauf une parenthèse puisqu'il forge la personnalité du voyageur et le conduit à un vie après le voyage différente de ce qu'il aurait pu envisager : "La vertu du voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir" ; "Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.". Le voyage, c'est une initiation, un rite de passage. C'est ce qui m'a parlé dans Bouvier. Je me suis retrouvée dans plusieurs de ses réflexions, préparant moi-même actuellement un voyage au long court d'un an avec mon compagnon :

"C'est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne aussi l'envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu'on y croise, aux idées qui vous y attendent..."

Pour ma part, ce n'est pas à plat ventre sur le tapis que je rêve au lointain, mais au fond de ma salle de classe, lorsque je contemple le planisphère accroché au mur pendant que mes élèves sont en exercice ou en contrôle ! Et actuellement, le rêve devient réalité... Je me dis "En janvier, nous serons là (Nouvelle-Zélande), en mars, ici (Argentine)..." et je sens monter en moi des sensations qui ne sont plus de l'ordre du rêve mais de l'excitation que l'on ressent tous à l'approche d'un grand évènement de sa vie !

Les phrases suivant cette citation m'ont également beaucoup parlé :

"Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c'est qu'on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon."

Pendant plusieurs mois, j'ai été confrontée à ma raison, au poids de la société qui m'a formatée à grand coups de "épargne, marie-toi, achète une maison, fais des enfants". Au fond de moi, j'ai toujours su que cet avenir là était fait pour moi mais pas tout de suite. Il apparaissait toujours comme une seconde vie, après avoir vécu à l'étranger par exemple. Quand j'ai rencontré mon copain, le voyage au long cours est devenu une évidence. Et petit à petit, j'ai détaché les amarres, pour reprendre la métaphore de Bouvier, j'ai coupé ces cordes qui me freinaient inutilement et sans raison valable finalement : mon emploi, mes économies... Tout en restant bien évidemment raisonnable : je suis fonctionnaire et je pars en gardant de l'argent sur mon compte pour le retour !!

Au delà de ces réflexions sur la vie d'un jeune homme d'une vingtaine d'année, il faut revenir au voyage en lui-même. Déjà, ce récit n'est pas contemporain, Bouvier et Vernet ayant entrepris leur périple en 1953-1954. C'est donc une plongée dans un Orient révolu qu'ils nous offrent. J'ai particulièrement été touché par la rencontre avec le professeur de français à Erzerum, en Anatolie (Turquie). Cet homme qui aime tant la langue française s'applique à formuler une phrase la plus juste soit-elle lors de son dialogue avec Bouvier et Vernet :

"Le maître de français s'isolait de temps en temps pour composer une phrase et se la répéter avant de nous l'adresser. Il bégayait un peu, il avait aussi peine à nous comprendre. Pour lui c'était pire qu'un examen, cette entrevue ; un peu comme si nous, avec notre latin d'école, devions donner la réplique à deux voyageurs surgis de l'époque alexandrine. Pourtant ici, dans cette solitude, ce peu de français appris presque sans livre lui faisait grand honneur."

Ces personnages, ces tranches de vie sont-ils encore visibles aujourd'hui à l'heure de la mondialisation ? Si l'étonnement et la fascination du voyageur sont toujours présents aujourd'hui face aux différences de cultures, aux paysages époustouflants, le voyage est-il vécu, ressenti comme à l'époque ? Bouvier et Vernet sont partis les poches vides au volant d'une petite Fiat loin d'être neuve. Ils écrivent dans des lettres ce qu'ils vivent à leur famille, à leurs petites amies. Aujourd'hui, chaque voyage ou presque est ponctué d'un blog alimenté plusieurs fois par semaine ; grâce aux emails et à skype, on peut parler à ses proches presque quotidiennement... Je suis personnellement tiraillée face à cela. D'un côté j'ai envie de partager mon voyage autour du monde et de communiquer avec mes proches, mais de l'autre, ce voyage est pour moi l'occasion de me purger de mon quotidien informatisé et standardisé ! Il faudra que l'on trouve un équilibre...

Si l'écriture de Nicolas Bouvier est magnifique, si ses rencontres et ses réflexions sur la vie m'ont parlé, il s'avère néanmoins que j'ai un sentiment paradoxal vis à vis de ce livre. A chaque fois, j'ai eu beaucoup de mal à me replonger dans l'histoire, et à me concentrer sur le récit. Je pense que cela s'explique par la lenteur des propos. Je ne reproche pas cette lenteur, au contraire, elle est nécessaire, mais elle a été un frein à une lecture plus fluide. On ne lit pas ce livre comme un roman finalement. D'ailleurs, c'est la première fois que je lis en collant des post-its sur les pages et en prenant des notes !

Je trouve qu'on ne ressent pas assez la présence de Thierry Vernet dans le récit de Nicoals Bouvier. S'il est souvent évoqué pour décrire son activité de peintre, leurs déboires avec la voiture... on ne retrouve pas de réel partage entre les deux hommes, de conversations, de réflexions... Peut-être Nicolas Bouvier a-t-il voulu garder cet aspect pour lui, son livre étant sa vision de son voyage ? Néanmoins, je trouve cela un peu dommage.

Pour conclure, je dirai que ce livre a été une déception si je me place sous l'angle de la "lecture-détente" : long à lire, parfois ennuyeux, un voyage qui ne fait pas rêver... Mais ce livre a aussi été une révélation, un écho troublant à mon propre vécu actuel, à savoir la préparation d'un long voyage. J'ai été sensible aux réflexions de Nicolas Bouvier. Le bilan est donc plus que positif : je devais lire ce livre ! ...même si j'aurai préféré le terminer un peu plus rapidement !
Clarinette
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Grand Maître

"Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier - Page 5 Empty Re: "Néo-club littéraire" n°8 : L'usage du monde - Nicolas Bouvier - Discussion le samedi 26 janvier

par Clarinette Mar 12 Mar 2013 - 16:26
Merci pour cette contribution détaillée, Janis. Effectivement, c'était le moment ou jamais pour lire cet ouvrage, qui ne peut que résonner avec ce que sera ton quotidien dans quelques mois.

Comme tu l'écris, le rythme de ce récit est lent, volontairement, bien sûr, et je comprends qu'il ait pu en déconcerter certains. Un tel rythme tranche tout particulièrement avec notre société de l'instantané, du "tout, tout de suite". Tu évoques toi-même le délicat équilibre, lors des voyages actuels, entre la tentation de communiquer "en live" avec ses proches, et la nécessité de pouvoir pleinement savourer le voyage pour lui-même.

Je n'y avais pas réfléchi, mais ta remarque sur le fait que Thierry soit relégué au second plan est intéressante. On pourrait imaginer que vivre ensemble de telles aventures les souderait de façon beaucoup plus nette.

Et maintenant, place à tes propres aventures ! cheers

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