Les profs sont-ils "des loups qui rêvent de vacances en Croatie" ?

Attention, je ne te parle pas des vieux réacs du SNALC - le seul syndicat enseignant ouvertement de droite et qui n'a jamais qu'un représentant officiel en salle des profs. Je te parle (et je te tutoie, lecteur, car les profs et leurs amis sont de fieffés post-soixante-huitards, c'est bien connu) de tous les pédagogues qui exercent leurs talents à l'Education nationale. Tu les croyais de gauche, voire carrément gauchistes ? Portant barbe républicaine, ou plutôt collier de barbe façon nain de jardin coco ? Tu les imaginais nostalgiques de la Commune, projetant de fondre à nouveau la colonne Vendôme au cours d'une sortie pédagogique ? Eh bien tu te trompes !
[...]

Plus encore que dans leurs goûts culturels, le côté droitier des profs d'aujourd'hui est surtout sensible dans leurs actions politiques. Ils continuent à faire la grève à tout bout de champ, me diras-tu ? À prendre en otage les gosses - et les usagers des services publics que sont leurs parents - en toute saison, les malotrus ? Eh bien là, tu te goures, camarade lecteur. Si tu regardes bien le calendrier des jours chômés par ces révolutionnaires de l'enseignement public, tu remarqueras qu'ils enterrent la hache de guerre au printemps, environ un mois avant le bac et le brevet, et qu'ils ne retournent la déterrer dans le terrain vague derrière le bahut que vers le mois d'octobre. Autrement dit : ils ont renoncé aux actions d'éclat, au bras de fer, à l'affrontement téméraire avec leur meilleur ennemi, le ministère. Car le seul moment où les profs pourraient faire céder les autorités qui leur refilent des couleuvres à bouffer à la cantine depuis des lustres, c'est dans les moments clés que sont les exams de fin d'année et la rentrée scolaire. Les seules dates auxquelles les caméras de télé et les journalistes se souviennent que l'école existe. Là, les profs pourraient avoir le fin mot. Mais ils y ont renoncé... Est-ce parce qu'ils ont été domestiqués depuis la fameuse grève à rallonge de 2003, durant laquelle l'Etat leur avait sucré d'un coup tous leurs jours de débrayage ? Serait-ce parce que les profs sont devenus mous ? Non.

C'est parce qu'ils sont de droite. C'est tout.

Comme les post-soixante-huitards convertis au trading à haute fréquence. Il n'y a qu'à regarder les conséquences - c'est une bonne manière de savoir ce que les gens veulent vraiment, les conséquences de leurs actes : depuis 10 ans, les gouvernements successifs ont fait passer leurs "réformes" (l'équarrissage à la hache) sans rencontrer d'opposition musclée. Sans clash, comme on dit du côté de Brixton. Et ne va pas me dire que c'est parce que les profs sont lâches. Que nenni. C'est parce qu'ils sont passés à tribord. Or, 800 000 personnes (en ne comptant que les enseignants du public) qui roquent sur l'échiquier politique, ça fait son poids. Surtout des gens éduqués et disciplinés, attachés aux rituels civiques et assidus quand il s'agit de faire la queue devant l'isoloir.
Tu trouves ça fort de café ? Tu me demandes de m'arrêter ? Mais j'en ai des tas d'autres, des exemples à te donner, camarade usager. Je ne t'en donnerai qu'un seul. La CAMIF. Hein ? Qui l'a donc laissée couler, pour commander bien à son aise des cachemires Zadig de Voltaire à La Redoute - l'entreprise privée de M. Pinault ? Qui ? Les con-sé-quences, t'as vu !

Alors un conseil aux candidats à la présidentielle qui se disent gauchers : ne croyez plus que le vote des profs vous est acquis. Même si vous posez désormais dans Gala ou Voici. Les profs ne sont pas des veaux. Ni même des mammouths. Ils sont comme vous, les impétrants, ils sont des loups qui rêvent de vacances en Croatie.

Docteur OX a écrit:C'est terrible de dézinguer l'équipage après avoir quitté le navire...

"Et s'ils votaient finalement pour Mélenchon, ce serait peut-être pour priver encore le PS de 2e tour, plutôt que par conviction." oh, ça c'est méchant.

"finis les emprunts de DVD ouzbeks à la médiathèque Louise Michel. Ils ont déserté les avant-premières du ciné d'art et d'essai local pour ne pas rater un épisode de Bref."
Oh, ça c'est marrant

L'article est tellement imbécile que je me demande s'il ne s'agirait pas d'une blague

iphigénie a écrit:

L'article est tellement imbécile que je me demande s'il ne s'agirait pas d'une blague

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mais oui, c'est très dixième degré , non?

Reine Margot a écrit:oui, ça me fait bien rigoler les gens qui critiquent les profs alors qu'ils ont eux-même quitté le navire bien vite...

iphigénie a écrit:Ben justement ça explique en bonne part l'échec de Jospin à la présidentielle: il croyait acquis le vote enseignant malgré Allègre.(Allègre c'était avant 2002)

Lefteris a écrit:C'est du ... ème degré. Derrière un état des lieux caricatural, il y a une dénonciation de la situation , du déboussolement des profs, et sous le nom de "gauche", des socialos (qui savent que le non vote des profs a bien contribué à les faire perdre en 2002 et surtout en 2007, je me souviens d'un blog PS qui l'analysait)..

Attention, je ne te parle pas des vieux réacs du SNALC - le seul syndicat enseignant ouvertement de droite et qui n'a jamais qu'un représentant officiel en salle des profs.

Celeborn a écrit:
Marcel, je pense que la syndicaliste devenue IPR saura se débrouiller

JPhMM a écrit:L'article est tellement imbécile que je me demande s'il ne s'agirait pas d'une blague.

PS : la Camif est bien vivante.
http://www.camif.fr/
Je dis ça...