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- alberto79Habitué du forum
Il est temps de sortir de l'autonomie de façade des universités françaises
La refondation indispensable de l'université française exige une analyse approfondie de sa crise actuelle, certes aggravée par la loi libertés et responsabilités des universités (LRU), mais dont les sources profondes sont beaucoup plus anciennes [...]
Il faut d'abord parvenir à dissocier la politique de l'enseignement supérieur de celle de la jeunesse [...]
Il faut que les autorités gouvernementales prennent en considération le caractère plural de l'enseignement supérieur français et mettent en place en conséquence une politique globale [...]
Une autonomie pédagogique réelle des établissements universitaires exige qu'on leur donne les mêmes droits qu'aux autres institutions d'enseignement supérieur en matière de choix de leur public [...]
La question cruciale concernant les universitaires n'est pas tant celle de leur évaluation, comme a voulu le faire croire le précédent gouvernement, que celle de leur recrutement. Il serait temps d'admettre qu'on recrute mal les universitaires en France et que ce défaut majeur est à l'origine d'un formidable gâchis, humain et financier [...]
La question la plus grave est bien sûr celle de l'entrée en première année universitaire. [...]
Cf. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/24/il-est-temps-de-sortir-de-l-autonomie-de-facade-des-universites-francaises_1780209_3232.html
La refondation indispensable de l'université française exige une analyse approfondie de sa crise actuelle, certes aggravée par la loi libertés et responsabilités des universités (LRU), mais dont les sources profondes sont beaucoup plus anciennes [...]
Il faut d'abord parvenir à dissocier la politique de l'enseignement supérieur de celle de la jeunesse [...]
Il faut que les autorités gouvernementales prennent en considération le caractère plural de l'enseignement supérieur français et mettent en place en conséquence une politique globale [...]
Une autonomie pédagogique réelle des établissements universitaires exige qu'on leur donne les mêmes droits qu'aux autres institutions d'enseignement supérieur en matière de choix de leur public [...]
La question cruciale concernant les universitaires n'est pas tant celle de leur évaluation, comme a voulu le faire croire le précédent gouvernement, que celle de leur recrutement. Il serait temps d'admettre qu'on recrute mal les universitaires en France et que ce défaut majeur est à l'origine d'un formidable gâchis, humain et financier [...]
La question la plus grave est bien sûr celle de l'entrée en première année universitaire. [...]
Cf. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/24/il-est-temps-de-sortir-de-l-autonomie-de-facade-des-universites-francaises_1780209_3232.html
- Kitty KittenNiveau 8
Autonomie de façade: that's an understatement!!! :shock: Cela fait plus de 10 ans que je travaille en fac, et depuis qu'elles sont censées être autonomes, il faut de plus en plus de paperasses et de justificatifs. Chaque dossier demande 20 signatures et 40 tampons, on continue à faire appel au ministère pour la mise en place de la moindre broutille, et le rectorat s'y met aussi et les bombardent de messages sur les règles de recrutement et j'en passe. L'an dernier lors d'une discussion avec un membre de l'administration, j'ai posé la question qui tue: "Au fait vous n'étiez pas censés être AUTONOMES?" La tête de mon interlocutrice!!! J'aurais dû prendre une photo.
- alberto79Habitué du forum
De mon côte, je trouve que ce texte est particulièrement intéressant car il touche -et à mon avis toujours avec des mots assez justes- un bon nombre des problèmes de l´enseignement supérieur en France aujourd´hui.
- Kitty KittenNiveau 8
On est bien d'accord sur ce principe, mais ce n'est pas avec l'autonomie virtuelle que les universités ont acquises, qu'on va pouvoir les régler.
Exemple: "Il serait temps d'admettre qu'on recrute mal les universitaires en France et que ce défaut majeur est à l'origine d'un formidable gâchis,..."
Les universités sont autonomes pour recruter leurs enseignants titulaires. Et pourtant, les règles de recrutement - qui auraient bien besoin d'être dépoussiérées dans certaines matières - sont toujours les mêmes partout. Personnellement, je n'appelle pas cela de l'autonomie. Je suis en revanche d'accord sur le fait que l'université est en crise. J'ai vu ces dernières années des recrutements hallucinants: des gens qui avaient faits certes une thèse de doctorat, mais qui n'ont aucune compétence pédagogique et surtout aucune volonté d'en acquérir. Certains s'en vantent!!! Les étudiants ne sont pas dupes, certains viennent d'ailleurs m'en parler, et me demandent des conseils sur une matière qui n'est pas toujours celle pour laquelle je suis la plus qualifiée. Parce qu'ils ne savent pas toujours vers qui se tourner. Dans ma classe de lycée de l'an dernier, dont la majorité étaient d'excellents élèves, peu ont rejoint l'université. Et je les comprends! Elle n'a pas besoin d'une refondation, mais carrément d'une reconstruction complète. Avec de vrais programmes pédagogiques et de vrais objectifs concertés de façon nationale. Bref, on s'adapte, en attendant mieux...
Exemple: "Il serait temps d'admettre qu'on recrute mal les universitaires en France et que ce défaut majeur est à l'origine d'un formidable gâchis,..."
Les universités sont autonomes pour recruter leurs enseignants titulaires. Et pourtant, les règles de recrutement - qui auraient bien besoin d'être dépoussiérées dans certaines matières - sont toujours les mêmes partout. Personnellement, je n'appelle pas cela de l'autonomie. Je suis en revanche d'accord sur le fait que l'université est en crise. J'ai vu ces dernières années des recrutements hallucinants: des gens qui avaient faits certes une thèse de doctorat, mais qui n'ont aucune compétence pédagogique et surtout aucune volonté d'en acquérir. Certains s'en vantent!!! Les étudiants ne sont pas dupes, certains viennent d'ailleurs m'en parler, et me demandent des conseils sur une matière qui n'est pas toujours celle pour laquelle je suis la plus qualifiée. Parce qu'ils ne savent pas toujours vers qui se tourner. Dans ma classe de lycée de l'an dernier, dont la majorité étaient d'excellents élèves, peu ont rejoint l'université. Et je les comprends! Elle n'a pas besoin d'une refondation, mais carrément d'une reconstruction complète. Avec de vrais programmes pédagogiques et de vrais objectifs concertés de façon nationale. Bref, on s'adapte, en attendant mieux...
- alberto79Habitué du forum
Kitty Kitten a écrit:On est bien d'accord sur ce principe, mais ce n'est pas avec l'autonomie virtuelle que les universités ont acquises, qu'on va pouvoir les régler.
Exemple: "Il serait temps d'admettre qu'on recrute mal les universitaires en France et que ce défaut majeur est à l'origine d'un formidable gâchis,..."
Les universités sont autonomes pour recruter leurs enseignants titulaires. Et pourtant, les règles de recrutement - qui auraient bien besoin d'être dépoussiérées dans certaines matières - sont toujours les mêmes partout. Personnellement, je n'appelle pas cela de l'autonomie. Je suis en revanche d'accord sur le fait que l'université est en crise. J'ai vu ces dernières années des recrutements hallucinants: des gens qui avaient faits certes une thèse de doctorat, mais qui n'ont aucune compétence pédagogique et surtout aucune volonté d'en acquérir. Certains s'en vantent!!! Les étudiants ne sont pas dupes, certains viennent d'ailleurs m'en parler, et me demandent des conseils sur une matière qui n'est pas toujours celle pour laquelle je suis la plus qualifiée. Parce qu'ils ne savent pas toujours vers qui se tourner. Dans ma classe de lycée de l'an dernier, dont la majorité étaient d'excellents élèves, peu ont rejoint l'université. Et je les comprends! Elle n'a pas besoin d'une refondation, mais carrément d'une reconstruction complète. Avec de vrais programmes pédagogiques et de vrais objectifs concertés de façon nationale. Bref, on s'adapte, en attendant mieux...
Je peux être d´accord avec vous sur certaines de vos remarques mais je ne comprends pas trop bien deux choses. D´abord, à mon avis, il est difficile de juger des compétences pédagogiques d´un enseignant-chercheur, et plus encore d´un candidat à un poste d´enseignant-chercheur. Ensuite je ne comprends pas cette référence aux programmes « pédagogiques ». Les programmes doivent être disciplinaires, n´est-ce pas ?
- Kitty KittenNiveau 8
Certes, ils doivent être disciplinaires, mais devant les carences méthodologiques des étudiants qui nous arrivent en masse des lycées, on ne peut guère se passer d'un volet pédagogique. Il ne suffit malheureusement plus de transmettre des savoirs, nous sommes maintenant obligés de nous assurer qu'ils les comprennent, contraints de leur apprendre comment les recevoir, comment les réinvestir... Bref, nous aurions besoin de beaucoup plus d'horaires de méthodologie (basée sur du disciplinaire cela va de soi) et pas seulement en 1ère année. Et qui dit méthodologie, dit pédagogie.
- alberto79Habitué du forum
Kitty Kitten a écrit:Certes, ils doivent être disciplinaires, mais devant les carences méthodologiques des étudiants qui nous arrivent en masse des lycées, on ne peut guère se passer d'un volet pédagogique. Il ne suffit malheureusement plus de transmettre des savoirs, nous sommes maintenant obligés de nous assurer qu'ils les comprennent, contraints de leur apprendre comment les recevoir, comment les réinvestir... Bref, nous aurions besoin de beaucoup plus d'horaires de méthodologie (basée sur du disciplinaire cela va de soi) et pas seulement en 1ère année. Et qui dit méthodologie, dit pédagogie.
Je ne suis pas d´accord avec vous sur ce point. Cela reviendrait à transformer l´université en « super-lycée », ce qui n´est pas sa vocation ni celle des universitaires.. Par contre des cours ou même une année de remise à niveau avant la L1, avec des enseignants du secondaire comme corps enseignant, ne serait pas une mauvaise idée.
- AuroreEsprit éclairé
Albertoalberto79 a écrit:Kitty Kitten a écrit:Certes, ils doivent être disciplinaires, mais devant les carences méthodologiques des étudiants qui nous arrivent en masse des lycées, on ne peut guère se passer d'un volet pédagogique. Il ne suffit malheureusement plus de transmettre des savoirs, nous sommes maintenant obligés de nous assurer qu'ils les comprennent, contraints de leur apprendre comment les recevoir, comment les réinvestir... Bref, nous aurions besoin de beaucoup plus d'horaires de méthodologie (basée sur du disciplinaire cela va de soi) et pas seulement en 1ère année. Et qui dit méthodologie, dit pédagogie.
Je ne suis pas d´accord avec vous sur ce point. Cela reviendrait à transformer l´université en « super-lycée », ce qui n´est pas sa vocation ni celle des universitaires.. Par contre des cours ou même une année de remise à niveau avant la L1, avec des enseignants du secondaire comme corps enseignant, ne serait pas une mauvaise idée.
- CondorcetOracle
Aurore a écrit:Albertoalberto79 a écrit:Kitty Kitten a écrit:Certes, ils doivent être disciplinaires, mais devant les carences méthodologiques des étudiants qui nous arrivent en masse des lycées, on ne peut guère se passer d'un volet pédagogique. Il ne suffit malheureusement plus de transmettre des savoirs, nous sommes maintenant obligés de nous assurer qu'ils les comprennent, contraints de leur apprendre comment les recevoir, comment les réinvestir... Bref, nous aurions besoin de beaucoup plus d'horaires de méthodologie (basée sur du disciplinaire cela va de soi) et pas seulement en 1ère année. Et qui dit méthodologie, dit pédagogie.
Je ne suis pas d´accord avec vous sur ce point. Cela reviendrait à transformer l´université en « super-lycée », ce qui n´est pas sa vocation ni celle des universitaires.. Par contre des cours ou même une année de remise à niveau avant la L1, avec des enseignants du secondaire comme corps enseignant, ne serait pas une mauvaise idée.
Itou.
Les universités n'ont pas vocation à se prévaloir d'une quelconque autonomie administrative ou financière (même si les évolutions législatives récentes l'exigent) : en revanche, l'autonomie pédagogique constitue un préalable. Oui, l'article est très bon.
- AbraxasDoyen
alberto79 a écrit:De mon côte, je trouve que ce texte est particulièrement intéressant car il touche -et à mon avis toujours avec des mots assez justes- un bon nombre des problèmes de l´enseignement supérieur en France aujourd´hui.
Ma foi, je pourrais le contresigner sans états d'âme. Ce qui y est dit sur le recrutement des enseignants en fac et sur le caractère illusoire du Bac — et la nécessité d'inventer un mode de recrutement des étudiants en université — me convient tout à fait.
- CeladonDemi-dieu
Kitty se situe dans la droite ligne de ce qui se fait maintenant : maternalisation du primaire, primarisation du collège, collégisation du lycée et lycéisation de l'université. Pour pallier la défaillance méthodologique des programmes à chacun des niveaux concernés. Il ne me semble pas que la solution soit là.
Et on n'a pas tout vu. Attendons les résultats spectaculaires de la refondation.
Et on n'a pas tout vu. Attendons les résultats spectaculaires de la refondation.
- AuroreEsprit éclairé
+1Abraxas a écrit:alberto79 a écrit:De mon côte, je trouve que ce texte est particulièrement intéressant car il touche -et à mon avis toujours avec des mots assez justes- un bon nombre des problèmes de l´enseignement supérieur en France aujourd´hui.
Ma foi, je pourrais le contresigner sans états d'âme. Ce qui y est dit sur le recrutement des enseignants en fac et sur le caractère illusoire du Bac — et la nécessité d'inventer un mode de recrutement des étudiants en université — me convient tout à fait.
Ce qu'ils disent sur le caractère illusoire de l'autonomie et sur sa véritable nature (désengagement de l'état) me convient également.
En attendant, avec la refondation on risque une secondarisation imminente de la licence en vue de l'adapter à la stratégie de Lisbonne (50% d'une classe d'âge)
- alberto79Habitué du forum
Aurore, Condorcet, Abraxas, Celadon, apparemment on est tous d´accord, et je crois que la plupart des enseignants-chercheurs sont aussi d´accord sur les problèmes de l´enseignement supérieur et sur quelques débuts de solutions. Néanmoins, si vous suivez les Assises de l´enseignement supérieur qui sont en train d´avoir lieu, il me semble que malheureusement leur discours est bien éloigné de ces idées.
- AuroreEsprit éclairé
Et pour quelle raison ?alberto79 a écrit:Aurore, Condorcet, Abraxas, Celadon, apparemment on est tous d´accord, et je crois que la plupart des enseignants-chercheurs sont aussi d´accord sur les problèmes de l´enseignement supérieur et sur quelques débuts de solutions. Néanmoins, si vous suivez les Assises de l´enseignement supérieur qui sont en train d´avoir lieu, il me semble que malheureusement leur discours est bien éloigné de ces idées.
- Kitty KittenNiveau 8
Celadon a écrit:Kitty se situe dans la droite ligne de ce qui se fait maintenant : maternalisation du primaire, primarisation du collège, collégisation du lycée et lycéisation de l'université. Pour pallier la défaillance méthodologique des programmes à chacun des niveaux concernés. Il ne me semble pas que la solution soit là.
Et on n'a pas tout vu. Attendons les résultats spectaculaires de la refondation.
Je suis d'accord sur le fond de votre analyse. J'y étais moi-même opposée à cette maternalisation du primaire, primarisation du collège, collégisation du lycée et lycéisation de l'université. Mais on doit se rendre à l'évidence: les réformes entreprises depuis les 20 dernières années sur tout le système éducatif du primaire à la fin du lycée ont eu des conséquences délétères sur les capacités méthodologiques et d'apprentissage des étudiants. Et nous sommes bien obligés de faire avec, même si cela n'est pas notre vocation. De nombreuses filières n'étant pas contingentées, il faut bien essayer de sauver ce qui peut l'être chez les étudiants les plus en difficulté et essayer de faire progresser les autres. Et pour cela, nous avons au mieux quelques heures (réparties sur plusieurs disciplines) par semaines (sur 12 semaines)!?! Les solutions??
- attendre un miracle de la refondation de l'école du primaire à la terminale. Et pour en voir les effets à la fac, il va falloir attendre entre 15 et 20 ans, le temps que les petits grandissent dans un système efficace. Et vu ce qu'on nous concocte, je n'y crois pas une seconde.
- envisager une prépa fac (avec des enseignants du secondaire et des enseignants chercheurs) avec (re)mise à niveau complète au niveau méthodo et examen d'entrée? Trop cher et impopulaire pour que qui que ce soit l'envisage. Même si cela me semble l'idée la plus viable et faisable.
- s'adapter au public que l'on nous envoie, solution qui ne me ravie pas, mais il y a longtemps que j'ai perdu mes illusions.
- CondorcetOracle
alberto79 a écrit:Aurore, Condorcet, Abraxas, Celadon, apparemment on est tous d´accord, et je crois que la plupart des enseignants-chercheurs sont aussi d´accord sur les problèmes de l´enseignement supérieur et sur quelques débuts de solutions. Néanmoins, si vous suivez les Assises de l´enseignement supérieur qui sont en train d´avoir lieu, il me semble que malheureusement leur discours est bien éloigné de ces idées.
Elles constituent un non-événement à mes yeux car elles consistent à ce que tout change pour que rien ne change.
- alberto79Habitué du forum
condorcet a écrit:alberto79 a écrit:Aurore, Condorcet, Abraxas, Celadon, apparemment on est tous d´accord, et je crois que la plupart des enseignants-chercheurs sont aussi d´accord sur les problèmes de l´enseignement supérieur et sur quelques débuts de solutions. Néanmoins, si vous suivez les Assises de l´enseignement supérieur qui sont en train d´avoir lieu, il me semble que malheureusement leur discours est bien éloigné de ces idées.
Elles constituent un non-événement à mes yeux car elles consistent à ce que tout change pour que rien ne change.
Mr. di Lampedusa de nouveau aux commandes…
- AuroreEsprit éclairé
Bien qu'il n'existe effectivement pas de solution miracle à court terme, il ne faut surtout pas baisser les bras ! Ce que vous proposez est à mes yeux :Kitty Kitten a écrit:Celadon a écrit:Kitty se situe dans la droite ligne de ce qui se fait maintenant : maternalisation du primaire, primarisation du collège, collégisation du lycée et lycéisation de l'université. Pour pallier la défaillance méthodologique des programmes à chacun des niveaux concernés. Il ne me semble pas que la solution soit là.
Et on n'a pas tout vu. Attendons les résultats spectaculaires de la refondation.
Je suis d'accord sur le fond de votre analyse. J'y étais moi-même opposée à cette maternalisation du primaire, primarisation du collège, collégisation du lycée et lycéisation de l'université. Mais on doit se rendre à l'évidence: les réformes entreprises depuis les 20 dernières années sur tout le système éducatif du primaire à la fin du lycée ont eu des conséquences délétères sur les capacités méthodologiques et d'apprentissage des étudiants. Et nous sommes bien obligés de faire avec, même si cela n'est pas notre vocation. De nombreuses filières n'étant pas contingentées, il faut bien essayer de sauver ce qui peut l'être chez les étudiants les plus en difficulté et essayer de faire progresser les autres. Et pour cela, nous avons au mieux quelques heures (réparties sur plusieurs disciplines) par semaines (sur 12 semaines)!?! Les solutions??
- attendre un miracle de la refondation de l'école du primaire à la terminale. Et pour en voir les effets à la fac, il va falloir attendre entre 15 et 20 ans, le temps que les petits grandissent dans un système efficace. Et vu ce qu'on nous concocte, je n'y crois pas une seconde.
- envisager une prépa fac (avec des enseignants du secondaire et des enseignants chercheurs) avec (re)mise à niveau complète au niveau méthodo et examen d'entrée? Trop cher et impopulaire pour que qui que ce soit l'envisage. Même si cela me semble l'idée la plus viable et faisable.
- s'adapter au public que l'on nous envoie, solution qui ne me ravie pas, mais il y a longtemps que j'ai perdu mes illusions.
- démagogique : on maintient les étudiants dans une bulle artificielle protectrice en leur faisant prolonger l'absence d'exigence à laquelle ils se sont habitués durant leur parcours antérieur ; or, plus le réveil est tardif, plus il est rude !
- dangereux : il s'agit d'une dénaturation complète de l'enseignement supérieur !
- illusoire : enseignante à la fac, je constate que les principaux problèmes des étudiants sont la faiblesse des connaissances de base et l'insuffisance (quand ce n'est pas l'absence ) de travail personnel suivi, bien plus que les défaillances de "méthodologie". Mettre en place des cours de "méthodo" pure (comme on le fait actuellement partout ou presque) ne sert strictement à rien ; en attendant, ça surcharge pour rien les emplois du temps tout en contribuant à infantiliser davantage si besoin tout ce petit monde.
- inefficace : on ne "sauve pas ce qui peut l'être" à un âge aussi avancé, qui plus est avec les effectifs pléthoriques de la fac (qu'on ne fera surtout pas baisser, avec les objectifs de la stratégie de Lisbonne !)
- voué à l'échec : la poursuite de la baisse du niveau dans le primaire et le secondaire rendra tous vos efforts d'adaptation parfaitement vains,
- coûteux : à moyen et long terme, ça coûtera bien plus cher qu'une propédeutique, par exemple.
Il vaut mieux donc reprendre tout à la base (maternelle puis primaire) et, en attendant que cette reconstruction porte ses fruits, soulager la fac entre autres mesures par :
- la suppression de la loi Pécresse (aspect budgétaire),
- l'instauration d'une année zéro pour les étudiants trop faibles si l'on refuse à tout prix la sélection à l'entrée, même si cela coûte plus cher à court terme (aspect pédagogique). Si année zéro il y a, celle-ci ne doit surtout pas faire partie de la licence ! Cela implique donc la sortie du système LMD, afin de préserver la pluralité et la cohérence de l'enseignement supérieur français, comme l'exprime si bien la tribune du Monde.
- la suppression des ubuesques compensations entre matières à l'intérieur d'une année (pour redonner de la crédibilité à la licence).
- le recentrage sur le disciplinaire, avec la suppression des gadgets méthodologiques, des "remédiations" et autres équivalents des TPE. Les étudiants doivent disposer d'un temps suffisant pour travailler par eux-mêmes. Il faudrait aussi un suivi plus régulier des étudiants: de ce point de vue, la prépa montre clairement l'exemple...
- alberto79Habitué du forum
Aurore a écrit: Ce que vous proposez est à mes yeux :
- démagogique : on maintient les étudiants dans une bulle artificielle protectrice en leur faisant prolonger l'absence d'exigence à laquelle ils se sont habitués durant leur parcours antérieur ; or, plus le réveil est tardif, plus il est rude !
- dangereux : il s'agit d'une dénaturation complète de l'enseignement supérieur !-
Je suis totalement d´accord avec vous.
- e-WandererGrand sage
Bonjour à toutes et à tous,
Le texte de cette tribune est absolument excellent ! J'enseigne dans le supérieur depuis 1997 (je suis PU dans une université de Lettres), et je souscris à 100% au diagnostic comme aux solutions préconisées.
Effectivement, en France, on marche sur la tête : les filières courtes, type BTS ou IUT, pratiquent la sélection alors que l'université, qui est censée proposer des formations académiques menant à l'enseignement et à la recherche – donc les cursus les plus exigeants et les plus longs – est obligée d'accueillir tout le monde ! Et comme il y a un taux d'échec massif en cycle Licence, on l'accuse de tous les maux (en revanche, on parle bien peu des taux de réussite et de l'insertion professionnelle après un MASTER 2 : les résultats sont pourtant remarquables)…
Alors on développe des options vaguement professionnalisantes (options "journalisme" dans un cursus de Lettres par exemple), dont on peut douter de l'efficacité : ces horaires de spécialisation sont insuffisants, les enseignants-chercheurs ne sont pas forcément formés pour intervenir dans des domaines étrangers à leur spécialité etc.
Il serait beaucoup plus logique d'ouvrir davantage de filières courtes (BTS et IUT), et de sélectionner à l'entrée de l'université (laquelle conserverait alors sa vocation académique, sans ambiguïté et sans être obligée de se donner pour ce qu'elle n'est pas).
Mais
1) toute mesure de sélection à l'entrée de l'université mettrait les syndicats étudiants dans la rue. Quel gouvernement prendrait ce risque ?
2) les enseignants-chercheurs ne seraient pas tous d'accord : cela signifierait qu'il faudrait moins de postes à l'université, et davantage en IUT / BTS. Sans parler de la tentation de nommer surtout des PRAG dans les filières courtes (ils font plus d'heures, coûtent moins cher et la corrélation IUT-recherche est beaucoup moins naturelle qu'à l'université) : dans ces conditions, les thésards auraient encore plus de mal qu'aujourd'hui à trouver un poste de MCF. Ce serait effectivement un vrai problème.
3) Surtout, c'est une solution qui coûterait beaucoup plus cher en termes de locaux, d'administration, d'encadrement, de matériel. En période de contraintes budgétaires, ce n'est même pas la peine d'y penser.
Nous allons donc continuer à nous accommoder tant bien que mal de notre système un peu absurde…
Le texte de cette tribune est absolument excellent ! J'enseigne dans le supérieur depuis 1997 (je suis PU dans une université de Lettres), et je souscris à 100% au diagnostic comme aux solutions préconisées.
Effectivement, en France, on marche sur la tête : les filières courtes, type BTS ou IUT, pratiquent la sélection alors que l'université, qui est censée proposer des formations académiques menant à l'enseignement et à la recherche – donc les cursus les plus exigeants et les plus longs – est obligée d'accueillir tout le monde ! Et comme il y a un taux d'échec massif en cycle Licence, on l'accuse de tous les maux (en revanche, on parle bien peu des taux de réussite et de l'insertion professionnelle après un MASTER 2 : les résultats sont pourtant remarquables)…
Alors on développe des options vaguement professionnalisantes (options "journalisme" dans un cursus de Lettres par exemple), dont on peut douter de l'efficacité : ces horaires de spécialisation sont insuffisants, les enseignants-chercheurs ne sont pas forcément formés pour intervenir dans des domaines étrangers à leur spécialité etc.
Il serait beaucoup plus logique d'ouvrir davantage de filières courtes (BTS et IUT), et de sélectionner à l'entrée de l'université (laquelle conserverait alors sa vocation académique, sans ambiguïté et sans être obligée de se donner pour ce qu'elle n'est pas).
Mais
1) toute mesure de sélection à l'entrée de l'université mettrait les syndicats étudiants dans la rue. Quel gouvernement prendrait ce risque ?
2) les enseignants-chercheurs ne seraient pas tous d'accord : cela signifierait qu'il faudrait moins de postes à l'université, et davantage en IUT / BTS. Sans parler de la tentation de nommer surtout des PRAG dans les filières courtes (ils font plus d'heures, coûtent moins cher et la corrélation IUT-recherche est beaucoup moins naturelle qu'à l'université) : dans ces conditions, les thésards auraient encore plus de mal qu'aujourd'hui à trouver un poste de MCF. Ce serait effectivement un vrai problème.
3) Surtout, c'est une solution qui coûterait beaucoup plus cher en termes de locaux, d'administration, d'encadrement, de matériel. En période de contraintes budgétaires, ce n'est même pas la peine d'y penser.
Nous allons donc continuer à nous accommoder tant bien que mal de notre système un peu absurde…
- AbraxasDoyen
Eh oui…
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
alberto79 a écrit:De mon côte, je trouve que ce texte est particulièrement intéressant car il touche -et à mon avis toujours avec des mots assez justes- un bon nombre des problèmes de l´enseignement supérieur en France aujourd´hui.
Pour une fois que les universitaires ne font pas dans le xyloglotte, cela donne un texte particulièrement pertinent .
Cela dit, sont-ils nombreux à partager cette opinion ?
:lunechat:
- e-WandererGrand sage
Oui, je pense : les signataires sont membres (ou proches de) l'association QSF (Qualité de la Science Française). Aux dernières élections au CNU, dans la section dont je dépends (9e section : langue et littérature françaises), QSF a fait une véritable razzia, avec 50% des élus. Ça donne une indication, même si d'autres sections (maths, sociologie, droit…) ont davantage voté pour des syndicats traditionnels, plus politisés.
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
e-Wanderer a écrit:Oui, je pense : les signataires sont membres (ou proches de) l'association QSF (Qualité de la Science Française). Aux dernières élections au CNU, dans la section dont je dépends (9e section : langue et littérature françaises), QSF a fait une véritable razzia, avec 50% des élus. Ça donne une indication, même si d'autres sections (maths, sociologie, droit…) ont davantage voté pour des syndicats traditionnels, plus politisés.
Mais (question volontairement provocatrice) QSF n'a-t-il pas la réputation d'être une association de "mandarins", comme on disait du temps de ma jeunesse folle ?
- e-WandererGrand sage
Je ne sais pas trop ce que vous mettez derrière ce mot… Ce que j'ai pu constater dans ma section, c'est que l'arrivée en force de QSF au CNU (il y a une dizaine d'années) a mis fin à certaines pratiques douteuses (auto-attribution de congés recherche ou de promotions). Je me méfie aussi des discours "anti-QSF" émanant de syndicats qui acceptent mal de voir leur pré carré rogné. Mais ils devraient aussi balayer devant leur porte : il n'était pas normal de voir des gens faire carrière, devenir PU ou obtenir la classe exceptionnelle avec un dossier recherche pratiquement vide, simplement parce qu'ils étaient encartés "comme il faut" (je peux vous citer plusieurs cas en MP si ça vous intéresse…). C'est un peu justement ce genre de pratiques ou ce clientélisme qu'on reproche ordinairement aux "mandarins", si je ne me trompe. Les collègues en avaient franchement assez, d'où sans doute ce succès assez inattendu d'une liste un peu hors normes.
Je dirais plutôt que les leaders de QSF sont des "pointures" (comme Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, ou Laurent Lafforgue, médaille Fields…). De toute façon, il y a d'une part, les leaders, et de l'autre les élus de terrain, sans doute moins médiatiques. Mais dans ma section, force est de reconnaître que les élus QSF sont aussi des chercheurs très reconnus. Pour ma part j'aime autant être représenté par des collègues scientifiquement irréprochables et réellement actifs en recherche. Et les principes défendus me semblent sains : par exemple, les élus s'engagent à ne pas se représenter pour deux mandats consécutifs au CNU (ce qui limite précisément les risques de mandarinat). Depuis la percée de QSF au CNU, j'ai d'ailleurs remarqué que les autres listes faisaient un effort pour proposer aussi des candidats de gros calibre (ce qui est une très bonne chose), et que les mœurs du SNESUP ou de l'Autonome avaient aussi évolué dans le bon sens (refus de l'auto-promotion…).
Je précise à toutes fins utiles que même si je vote régulièrement pour cette liste, je ne suis pas encarté à QSF. J'estime aussi qu'une association de ce type n'a pas vocation à se substituer complètement aux véritables syndicats, qui ont tout leur rôle à jouer. Il y a d'ailleurs dans mon université des élus QSF au CNU qui ont fait liste commune avec une liste intersyndicale pour les élections aux 3 conseils (CA, CS, CEVU). J'ai moi-même été élu au CS sur cette liste, bien que je ne sois encarté nulle part, comme quoi le temps de la politisation à outrance semble un peu dépassé…
Je dirais plutôt que les leaders de QSF sont des "pointures" (comme Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, ou Laurent Lafforgue, médaille Fields…). De toute façon, il y a d'une part, les leaders, et de l'autre les élus de terrain, sans doute moins médiatiques. Mais dans ma section, force est de reconnaître que les élus QSF sont aussi des chercheurs très reconnus. Pour ma part j'aime autant être représenté par des collègues scientifiquement irréprochables et réellement actifs en recherche. Et les principes défendus me semblent sains : par exemple, les élus s'engagent à ne pas se représenter pour deux mandats consécutifs au CNU (ce qui limite précisément les risques de mandarinat). Depuis la percée de QSF au CNU, j'ai d'ailleurs remarqué que les autres listes faisaient un effort pour proposer aussi des candidats de gros calibre (ce qui est une très bonne chose), et que les mœurs du SNESUP ou de l'Autonome avaient aussi évolué dans le bon sens (refus de l'auto-promotion…).
Je précise à toutes fins utiles que même si je vote régulièrement pour cette liste, je ne suis pas encarté à QSF. J'estime aussi qu'une association de ce type n'a pas vocation à se substituer complètement aux véritables syndicats, qui ont tout leur rôle à jouer. Il y a d'ailleurs dans mon université des élus QSF au CNU qui ont fait liste commune avec une liste intersyndicale pour les élections aux 3 conseils (CA, CS, CEVU). J'ai moi-même été élu au CS sur cette liste, bien que je ne sois encarté nulle part, comme quoi le temps de la politisation à outrance semble un peu dépassé…
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