- RobinFidèle du forum
"Le courage d'être s'enracine dans le Dieu qui apparaît quand Dieu a disparu dans l'angoisse du doute."
Dans son grand livre sur la théologie protestante au XXème siècle, Aux prises avec Dieu, Heinz Zahrnt décit ainsi l'ouvrage de Tillich, Le courage d'être : "Tillich y a entrepris de donner une interprétation nouvelle au mot "foi", devenu incompréhensible, par une analyse du "courage". Comme il l'a un jour déclaré dans un entretien privé, Tillich a écrit ce livre pour des hommes qui "sont possédés par le doute radical".
Quelle courage est en mesure d'accueillir en soi le non-être sous la forme du doute et de l'absurdité ? (...) En déterminant la réponse possible, Tillich a déjà donné la réponse de fait : le courage qui regarde le désespoir en face est déjà une foi, et le fait d'accueillir l'absurdité est un acte raisonnable. (...)
Il n'y a pas de preuves valables de l'existence de Dieu, mais il y a des actes de courage ou de foi, dans lesquels, par exemple lorsque nous regardons en face le désespoir ou que nous acceptons l'absurdité, nous affirmons la puissance de l'être et nous témoignons de la présence de Dieu en tout ce qui est."
"Pour être d'accord avec les stipulations de la Terry Foundation qui demandent que ces leçons traitent de "la religion à la lumière de la science et de la philosophie", j'ai choisi, écrit Paul Tillich, comme sujet un point vers lequel converge tout un ensemble de problèmes théologiques, sociologiques et philosophiques : le concept de "courage". Peu de notions peuvent rendre autant de services pour analyser la situation humaine. Le courage, sans doute, appartient à l'éthique, mais il s'enracine dans la totalité des dimensions de l'existence et, en dernière analyse, dans la structure de l'être lui-même. Il faut donc l'examiner d'un point de vue ontologique afin de le comprendre du point de vue éthique.
"Le titre de ce livre Le courage d'être, fait l'unité des deux significations, éthique et ontologique, du concept de courage. En tant qu'il qualifie une action humaine, qu'il en fait un sujet d'appréciation, le courage est un concept éthique. En revanche, en tant qu'affirmation de soi universelle et essentielle d'un être, il est un concept ontologique. Le courage d'être est l'acte éthique par lequel l'homme affirme son propre être en dépit de ces éléments de son existence qui sont en lutte avec son affirmation de soi essentielle"...
Un regard sur l'histoire de la pensée occidentale fait découvrir que ces deux termes de courage sont distingués presque partout explicitement ou implicitement. Paul Tillich en donne, dans le chapitre 1, une interprétation selon la ligne de pensée qui va de Platon (le "thymos") à Saint Thomas d'Aquin, en passant par Aristote (l'Ethique à Nicomaque), l'idéal aristocratique, le courage de Socrate mourant qui fut un courage rationnel et démocratique, et non plus un courage héroïque et aristocratique, le courage comme caractéristique essentielle de la noblesse médiévale, et, bien entendu la conception stoïcienne du courage : le courage d'être, c'est le courage d'affirmer notre propre nature rationnelle en dépit de tout ce qui en nous s'oppose à la réunion avec la nature rationnelle de l'être lui-même" ; Paul Tillich s'attarde sur la notion spinoziste de "conatus" - la puissance propre et singulière de tout "étant" à persévérer dans cet effort pour conserver, et même augmenter sa puissance d'être - : l'affirmation de soi, selon Spinoza, est participation à l'affirmation de soi divine.
L'auteur consacre plusieurs pages à la pensée de Nietzsche : "la vie a des aspects multiples, elle est ambiguë. Nietzsche a décrit cette ambiguïté de façon tout à fait typique dans le dernier fragment de La Volonté de Puissance. Le courage est cette puissance qu'à la vie de s'affirmer en dépit de son ambiguïté, tandis que la négation de la vie en raison de sa négativité est une expression de lâcheté. Partant de là, Nietzsche développera une philosophie et une prophétie du courage contre cette médiocrité et cette décadence de la vie qu'il voyait s'annoncer dans la période à venir."
"Le courage est affirmation de soi "en dépit de" ce qui tend à empêcher le soi de s'affirmer lui-même. A la différence de la doctrine du courage du stoïcisme et du néo-stoïcisme, les "philosophies de la vie" ont traité sérieusement et catégoriquement de ce contre quoi le courage s'affirme ; car si on interprète l'être en termes de vie ou d'évolution, ou de devenir, le non-être est ontologiquement aussi fondamental que l'être. Reconnaître ce fait n'implique pas que l'on doive conclure à la priorité de l'être sur le non-être, mais cela requiert la prise en considération du non-être comme fondement même de l'ontologie. Si on prend le courage comme clé pour l'interprétation de l'être lui-même, cette clé, pourrait-on dire, lorsqu'elle ouvre la porte de l'être, découvre en même temps l'être et la négation de l'être, ainsi que leur unité." (p. 42)
Dans le chapitre 2 (Etre, non-être et angoisse), Paul Tillich souligne l'importance du concept de non-être dans l'histoire de la métaphysique, depuis Parménide, jusqu'à Heidegger, en passant par Héraclite, Denys l'Aéropagite, Jacob Boehme, Leibniz, Schelling, Shopenhauer, Bergson, Whitehead, Berdiaeff, Sartre et dans la dialectique de Hegel.
Il montre que la négativité tient déjà une place importante dans la religion biblique, en dépit de la doctrine de la création, où le démoniaque, principe antidivin qui néanmoins participe à la puissance du divin, apparaît aux points dramatiques culminants de l'Histoire biblique.
"Il serait donc possible de dire que "l'être est la négation de la nuit primordiale du néant". Mais en procédant ainsi on est obligé de se rendre compte qu'un tel néant originel ne serait ni rien ni quelque chose, qu'il ne devient néant qu'en contraste avec quelque chose ; autrement dit, que le statut ontologique du non-être comme non-être est dépendant de l'être. En deuxième lieu, le non-être est sous la dépendance des qualités spéciales de l'être. En lui-même, en effet, le non-être n'a ni qualité ni différence qualitative, mais il l'acquiert dans son rapport avec l'être. La négation de l'être a un caractère qui est déterminé par ce qui est nié dans l'être. C'est ce qui permet de parler des qualités du non-être et, par conséquent, de types d'angoise."
Paul Tillich en distingue trois : l'angoisse de la mort, l'angoisse de l'absurde et l'angoisse de la damnation ; sous ces trois formes, l'angoisse est existentielle, en ce sens qu'elle appartient à l'existence comme telle et non à un état anormal de l'esprit comme dans l'angoisse névrotique (ou psychotique) que Tillich étudie dans un autre chapitre.
"Ces trois types d'angoisse s'entremêlent de façon telle que si l'un donne la nuance prédominante tous contribuent à donner son aspect à l'état d'angoisse. Tous ces types et l'unité qui les sous-tend sont existentiels, autrement dit appartiennent à l'existence de l'homme en tant qu'homme, à sa finitude et à son aliénation. Ils trouvent leur accomplissement dans la situation de désespoir auquel ils contribuent tous."
Paul Tillich montre dans un paragraphe intitulé Les périodes d'angoisse que chacune de ces modalités de l'angoisse : angoisse de la mort, angoisse de l'absurde, angoisse de la damnation, se retrouvent, sous une forme ou sous une autre dans l'histoire de la civilisation occidentale. "L'effondrement de l'absolutisme, le développement du libéralisme et de la démocratie, la montée d'une civilisation technique qui triomphe de tous ses ennemis et qui voit déjà le commencement de sa propre désagrégation, telles sont les conditions sociologiques de cette troisième et principale période d'angoisse. Ce qui domine alors, c'est l'angoisse du vide et de l'absurde. Nous sommes sous la menace du non-être spirituel..."
Albrecht Dürer, Nuremberg, 1471-1528 (le Chevalier, la Mort et le Diable) :
"C'est à juste titre que l'on a dit que la gravure d'Albrecht Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable, était une expression classique de l'esprit de la Réforme luthérienne et - pourrait-on ajouter - du courage luthérien de la confiance, forme de courage d'être. Un chevalier armé de pied en cap chevauche le long d'une vallée accompagné d'un côté par le figure de la mort, de l'autre, par celle du diable. Sans crainte, recueilli, confiant, il regarde droit devant lui. Il est seul, mais il n'est pas solitaire. Dans son isolement, il participe à la puissance qui lui donne le courage de s'affirmer en dépit des négativités de l'existence. Son courage n'est assurément pas le courage d'être participant." (Paul Tillich, Le courage d'être, p. 156)
Dans le chapitre 3 : Angoisse pathologique, vitalité et courage, Paul Tillich s'attache à montrer les liens et les différences entre l'angoisse existentielle et l'angoisse pathologique : 1) L'angoisse existentielle a un caractère ontologique : elle ne peut donc pas être supprimée, mais elle doit être intégrée au courage d'être. 2) L'angoisse pathologique est la conséquence de l'échec du moi à assumer l'angoisse. 3) L'angoisse pathologique conduit l'affirmation de soi à se faire sur une base bornée, sur laquelle elle se bloque et se voue à l'illusion : de là une défense compulsive de cette base. 4) L'angoisse pathologique en relation avec l'angoisse du destin et de la mort aboutit à une sécurité illusoire ; en relation avec l'angoisse de la culpabilité et de la damnation, à une perfection illusoire ; en relation avec l'angoisse du doute et de l'absurde à une certitude illusoire. 5) L'angoisse pathologique, une fois installée, relève de la thérapeutique médicale. L'angoisse existentielle appelle l'aide sacerdotale.
L'analyse des liens entre vitalité et courage montre que le vitalisme qui implique la désunion du vital et de l'intentionnel rétablit nécessairement la barbarie comme idéal de courage. Paul Tillich montre cependant que la thèse biologique doit être prise au sérieux, particulièrement par l'éthique, malgré les déformations de la notion de vitalité que comportent le vitalisme biologique et le vitalisme politique (Tillich fait allusion au nazisme et au fascisme): "La vérité de l'interprétation vitaliste de l'éthique est la grâce. Le courage considéré comme une grâce : c'est une conclusion et une question."
Le chapitre 4 (Courage et participation) étudie la relation entre le courage et la participation politique et/ou sociale, que ce soit dans les manifestations collectivistes tribales, semi-collectivistes médiévales et néo-collectivistes modernes ou dans ce que Tillich appelle le "conformisme démocratique" (p. 106)..."Le conformisme pourrait se rapprocher du collectivisme, non plus au point de vue économique, ni au point de vue politique, mais bien plutôt dans la conformité au même modèle de vie et de pensée journalière (le "productivisme"). Que cela doive arriver ou non, et si cela arrive, dans quelles limites, dépend en partie du pouvoir de résistance de ceux qui représentent le pôle opposé dans le courage d'être, c'est-à-dire le courage d'être soi-même (...) Il y a un point, toutefois, sur lequel toutes les critiques sont d'accord, c'est la menace qui pèse sur l'individu dans les différentes formes de courage d'être en participant. Elle est ce danger de la perte de soi qui suscite la réaction contre ces formes de courage et fait surgir le courage d'être soi-même - courage qui lui-même est menacé par la perte du monde." (p. 114)
Dans le chapitre 5 (Courage et individuation), Tillich analyse la naissance de l'individualisme moderne : "L'individualisme s'est développé en se dégageant des liens du collectivisme primitif et du semi-collectivisme médiéval. Il a pu grandir sous le couvert de la conformité démocratique et il s'est manifesté au grand jour, sous une forme modérée, dans le mouvement existentialiste." (p. 115)... "L'attitude existentielle est une attitude d'engagement qui s'oppose à l'attitude d'un détachement purement théorique. "Existentiel" en ce sens peut se définir comme le fait de participer à une situation, en particulier un acte de connaissance, avec la totalité de notre existence : ce qui implique des conditions temporelles, spatiales, historiques, psychologiques, sociologiques et biologiques. Cela inclut également une liberté finie qui réagit à ces conditions en les modifiant." (p.124-125) ; Tillich consacre ensuite son analyse à l'existentialisme en tant que philosophie qu'il considère comme "l'expression la plus radicale du courage d'être soi-même". (p. 126)... L'interprétation essentialiste (Hegel), tient que l'homme est capable, dans sa connaissance comme dans sa vie, de transcender sa finitude, son aliénation et les ambiguïtés de l'expérience humaine." (p. 126)
Rompant avec Hegel, Kierkegaard interprète l'aliénation de la nature essentielle de l'homme en termes d'angoisse et de désespoir : "L'homme ne s'est pas assis sur le trône de Dieu" en participant à sa connaissance de tout ce qui est. Il ne peut occuper un lieu d'objectivité pure au-delà de la finitude et de l'aliénation et sa fonction cognitive est aussi existentiellement conditionnée que l'ensemble de son être.
Selon Tillich, des penseurs aussi divers que Pascal, Kierkegaard, Marx, Nietzsche, Bergson combattaient pour la préservation de la personne, pour l'auto-affirmation du soi, dans une situation où le soi était de plus en plus perdu dans son monde. Ils ont tenté de tracer une voie au courage d'être soi-même dans des conditions qui annihilaient le soi et le remplaçaient par autre chose" (p. 137)
"Ces deux chapitres, sur le courage d'être comme le fait de prendre parti et sur le courage d'être soi-même, nous ont montré que la première forme de courage, si elle est poussée jusqu'à ses dernières conséquences, conduit à la perte du soi dans le collectivisme, tandis que la seconde aboutit à la perte du monde avec l'existentialisme. C'est ce qui nous amène à la question du dernier chapitre de ce livre : existe-t-il un courage d'être qui unisse ces deux formes de courage en les dépassant ?"
Courage et transcendance, le courage d'accepter d'être accepté : avant d'aborder la "solution" que Tillich propose à cette version post existentialiste du pari de Pascal, il convient de rappeler le sens de sa démarche : "Tillich a entrepris de donner une interprétation nouvelle au mot "foi", devenu incompréhensible, par une analyse du courage." (Heinz Zahrnt) ; il convient également de rappeler l'enjeu de cette interprétation nouvelle de la foi : la conservation de soi-même et du monde, malgré la triple angoisse de la finitude, du non sens et de la culpabilité.
Cette "solution" (qui est bien plutôt un "chemin de vie" et dont il faut souligner la dimension existentielle), passe, selon Tillich par le dépassement du "théisme" sous ses trois formes : rhétorique, religieux et théologique : "Un Dieu entendu comme un sujet fait de moi un objet et rien de plus. Il me dépouille de ma subjectivité parce qu'il est tout-puissant et omniscient. Je me révolte alors et tente de faire de lui un objet, mais la révolte échoue et devient désespérée. Dieu apparaît comme un tyran invincible, l'être devant lequel tous les autres sont sans liberté ni subjectivité. Il est égalé à ces tyrans récents qui, par la terreur, cherchent à tout transformer en pur objet, en chose parmi les choses, en rouage de la machine qu'ils dirigent... Un tel Dieu devient le modèle de tout ce contre quoi l'existentialisme s'est révolté. C'est le Dieu dont Nietzsche disait qu'il faut le tuer parce que personne ne peut tolérer d'être transformé purement et simplement en objet de connaissance absolue et de domination absolue. Là se trouve la racine la plus profonde de l'athéisme, du désespoir existentialiste et de l'angoisse de l'absurde répandue à notre époque."
" Seule une Eglise qui représente la puissance de l'être lui-même ou encore le Dieu qui dépasse le Dieu des religions peut être la médiatrice du courage d'être. Une Église qui se fonde sur l'autorité du Dieu du théisme ne peut pas formuler une telle prétention. Elle se développe inévitablement en un système collectiviste ou semi-collectiviste. Mais une Église qui, dans son message et sa prière, se hausse vers le Dieu qui est au-dessus du Dieu du théisme, sans sacrifier ses symboles concrets, peut être la médiatrice d'un courage qui intègre le doute et l'absurde.
C'est l’Église au pied de la croix qui seule peut faire cela, l’Église qui prêche le Crucifié qui implorait à grands cris un Dieu qui était encore son Dieu après que le Dieu de la confiance l'eut laissé dans les ténèbres du doute et de l'absence de sens. Être en participant dans une telle Église, c'est accueillir un courage d'être dans lequel il est impossible de perdre son soi et dans lequel on reçoit son monde..."
"... La foi absolue, ou l'état d'être saisi par le Dieu qui est au-dessus de Dieu, n'est pas un état qui apparaît à côté des autres états de l'esprit. Elle n'est jamais quelque chose de séparé et de défini, c'est-à-dire un événement qu'on pourrait isoler et décrire. Elle est toujours un mouvement présent dans, avec et sous les autres états de l'esprit. Elle consiste pour l'homme à se situer aux limites de ses possibilités. Elle est cette limite. C'est pourquoi elle est en même temps le courage du désespoir et le courage qui est dans et au-dessus de tout courage. Elle n'est pas un lieu où l'on peut vivre, elle est en dehors de la sécurité des mots et des concepts, elle est sans nom, sans Église, sans culte et sans théologie. Mais au plus profond de toutes ces réalités, c'est elle qui est à l’œuvre. Elle est la puissance de l'être à laquelle elles participent et dont elles sont les expressions fragmentaires."
"Le courage luthérien réapparaît, mais il n'est plus soutenu par la foi en un Dieu qui juge et qui pardonne. Il réapparaît sous la forme de cette foi absolue qui dit Oui, bien qu'il n'y ait pas de puissance particulière qui soit victorieuse de la faute. Le courage d'assumer l'angoisse de l'absurde est la limite extrême jusqu'où le courage d'être peut aller. Au-delà, c'est le pur non-être. Dans ce courage toutes les formes de courage sont réinstaurées dans la puissance du Dieu qui est au-dessus du Dieu du théisme. Le courage d'être s'enracine dans le Dieu qui apparaît quand Dieu a disparu dans l'angoisse du doute."
Paul Tillich, Le courage d'être, traduction de l'anglais et avant-propos de Fernand Chapey, préface de René Marlé, Casterman, titre original : The Courage to be, Yale University Press, New Haven, 1952, 1967, Casterman pour la traduction française. Et aux éditions du Cerf, Labor et Fides, Presse de l'université Laval.
Paul Johannes Tillich (20 août 1886, Starzeddel, Allemagne - 22 octobre 1965, Chicago) est un écrivain et théologien protestant.
D'origine allemande, il fut chassé de l'Université parce qu'il avait pris la défense d'étudiants juifs molestés par les nazis, et s'exila alors aux États- Unis.
Paul Tillich est l'un des plus grands théologiens du XXe siècle. Il participa en 1928 au premier cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.
Son œuvre maîtresse est sa théologie systématique. Elle comporte une importante "Introduction" méthodologique et cinq parties intitulées "Raison et révélation", "L'être et Dieu", "L'existence et le Christ", "La Vie et l'Esprit", "L'histoire et le Royaume" (trois volumes dans l'édition américaine, cinq, un par partie, prévus dans la traduction française).
Tillich exercera une forte influence sur de nombreux penseurs de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels Paul Ricoeur et René Girard.
Dans son grand livre sur la théologie protestante au XXème siècle, Aux prises avec Dieu, Heinz Zahrnt décit ainsi l'ouvrage de Tillich, Le courage d'être : "Tillich y a entrepris de donner une interprétation nouvelle au mot "foi", devenu incompréhensible, par une analyse du "courage". Comme il l'a un jour déclaré dans un entretien privé, Tillich a écrit ce livre pour des hommes qui "sont possédés par le doute radical".
Quelle courage est en mesure d'accueillir en soi le non-être sous la forme du doute et de l'absurdité ? (...) En déterminant la réponse possible, Tillich a déjà donné la réponse de fait : le courage qui regarde le désespoir en face est déjà une foi, et le fait d'accueillir l'absurdité est un acte raisonnable. (...)
Il n'y a pas de preuves valables de l'existence de Dieu, mais il y a des actes de courage ou de foi, dans lesquels, par exemple lorsque nous regardons en face le désespoir ou que nous acceptons l'absurdité, nous affirmons la puissance de l'être et nous témoignons de la présence de Dieu en tout ce qui est."
"Pour être d'accord avec les stipulations de la Terry Foundation qui demandent que ces leçons traitent de "la religion à la lumière de la science et de la philosophie", j'ai choisi, écrit Paul Tillich, comme sujet un point vers lequel converge tout un ensemble de problèmes théologiques, sociologiques et philosophiques : le concept de "courage". Peu de notions peuvent rendre autant de services pour analyser la situation humaine. Le courage, sans doute, appartient à l'éthique, mais il s'enracine dans la totalité des dimensions de l'existence et, en dernière analyse, dans la structure de l'être lui-même. Il faut donc l'examiner d'un point de vue ontologique afin de le comprendre du point de vue éthique.
"Le titre de ce livre Le courage d'être, fait l'unité des deux significations, éthique et ontologique, du concept de courage. En tant qu'il qualifie une action humaine, qu'il en fait un sujet d'appréciation, le courage est un concept éthique. En revanche, en tant qu'affirmation de soi universelle et essentielle d'un être, il est un concept ontologique. Le courage d'être est l'acte éthique par lequel l'homme affirme son propre être en dépit de ces éléments de son existence qui sont en lutte avec son affirmation de soi essentielle"...
Un regard sur l'histoire de la pensée occidentale fait découvrir que ces deux termes de courage sont distingués presque partout explicitement ou implicitement. Paul Tillich en donne, dans le chapitre 1, une interprétation selon la ligne de pensée qui va de Platon (le "thymos") à Saint Thomas d'Aquin, en passant par Aristote (l'Ethique à Nicomaque), l'idéal aristocratique, le courage de Socrate mourant qui fut un courage rationnel et démocratique, et non plus un courage héroïque et aristocratique, le courage comme caractéristique essentielle de la noblesse médiévale, et, bien entendu la conception stoïcienne du courage : le courage d'être, c'est le courage d'affirmer notre propre nature rationnelle en dépit de tout ce qui en nous s'oppose à la réunion avec la nature rationnelle de l'être lui-même" ; Paul Tillich s'attarde sur la notion spinoziste de "conatus" - la puissance propre et singulière de tout "étant" à persévérer dans cet effort pour conserver, et même augmenter sa puissance d'être - : l'affirmation de soi, selon Spinoza, est participation à l'affirmation de soi divine.
L'auteur consacre plusieurs pages à la pensée de Nietzsche : "la vie a des aspects multiples, elle est ambiguë. Nietzsche a décrit cette ambiguïté de façon tout à fait typique dans le dernier fragment de La Volonté de Puissance. Le courage est cette puissance qu'à la vie de s'affirmer en dépit de son ambiguïté, tandis que la négation de la vie en raison de sa négativité est une expression de lâcheté. Partant de là, Nietzsche développera une philosophie et une prophétie du courage contre cette médiocrité et cette décadence de la vie qu'il voyait s'annoncer dans la période à venir."
"Le courage est affirmation de soi "en dépit de" ce qui tend à empêcher le soi de s'affirmer lui-même. A la différence de la doctrine du courage du stoïcisme et du néo-stoïcisme, les "philosophies de la vie" ont traité sérieusement et catégoriquement de ce contre quoi le courage s'affirme ; car si on interprète l'être en termes de vie ou d'évolution, ou de devenir, le non-être est ontologiquement aussi fondamental que l'être. Reconnaître ce fait n'implique pas que l'on doive conclure à la priorité de l'être sur le non-être, mais cela requiert la prise en considération du non-être comme fondement même de l'ontologie. Si on prend le courage comme clé pour l'interprétation de l'être lui-même, cette clé, pourrait-on dire, lorsqu'elle ouvre la porte de l'être, découvre en même temps l'être et la négation de l'être, ainsi que leur unité." (p. 42)
Dans le chapitre 2 (Etre, non-être et angoisse), Paul Tillich souligne l'importance du concept de non-être dans l'histoire de la métaphysique, depuis Parménide, jusqu'à Heidegger, en passant par Héraclite, Denys l'Aéropagite, Jacob Boehme, Leibniz, Schelling, Shopenhauer, Bergson, Whitehead, Berdiaeff, Sartre et dans la dialectique de Hegel.
Il montre que la négativité tient déjà une place importante dans la religion biblique, en dépit de la doctrine de la création, où le démoniaque, principe antidivin qui néanmoins participe à la puissance du divin, apparaît aux points dramatiques culminants de l'Histoire biblique.
"Il serait donc possible de dire que "l'être est la négation de la nuit primordiale du néant". Mais en procédant ainsi on est obligé de se rendre compte qu'un tel néant originel ne serait ni rien ni quelque chose, qu'il ne devient néant qu'en contraste avec quelque chose ; autrement dit, que le statut ontologique du non-être comme non-être est dépendant de l'être. En deuxième lieu, le non-être est sous la dépendance des qualités spéciales de l'être. En lui-même, en effet, le non-être n'a ni qualité ni différence qualitative, mais il l'acquiert dans son rapport avec l'être. La négation de l'être a un caractère qui est déterminé par ce qui est nié dans l'être. C'est ce qui permet de parler des qualités du non-être et, par conséquent, de types d'angoise."
Paul Tillich en distingue trois : l'angoisse de la mort, l'angoisse de l'absurde et l'angoisse de la damnation ; sous ces trois formes, l'angoisse est existentielle, en ce sens qu'elle appartient à l'existence comme telle et non à un état anormal de l'esprit comme dans l'angoisse névrotique (ou psychotique) que Tillich étudie dans un autre chapitre.
"Ces trois types d'angoisse s'entremêlent de façon telle que si l'un donne la nuance prédominante tous contribuent à donner son aspect à l'état d'angoisse. Tous ces types et l'unité qui les sous-tend sont existentiels, autrement dit appartiennent à l'existence de l'homme en tant qu'homme, à sa finitude et à son aliénation. Ils trouvent leur accomplissement dans la situation de désespoir auquel ils contribuent tous."
Paul Tillich montre dans un paragraphe intitulé Les périodes d'angoisse que chacune de ces modalités de l'angoisse : angoisse de la mort, angoisse de l'absurde, angoisse de la damnation, se retrouvent, sous une forme ou sous une autre dans l'histoire de la civilisation occidentale. "L'effondrement de l'absolutisme, le développement du libéralisme et de la démocratie, la montée d'une civilisation technique qui triomphe de tous ses ennemis et qui voit déjà le commencement de sa propre désagrégation, telles sont les conditions sociologiques de cette troisième et principale période d'angoisse. Ce qui domine alors, c'est l'angoisse du vide et de l'absurde. Nous sommes sous la menace du non-être spirituel..."
Albrecht Dürer, Nuremberg, 1471-1528 (le Chevalier, la Mort et le Diable) :
"C'est à juste titre que l'on a dit que la gravure d'Albrecht Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable, était une expression classique de l'esprit de la Réforme luthérienne et - pourrait-on ajouter - du courage luthérien de la confiance, forme de courage d'être. Un chevalier armé de pied en cap chevauche le long d'une vallée accompagné d'un côté par le figure de la mort, de l'autre, par celle du diable. Sans crainte, recueilli, confiant, il regarde droit devant lui. Il est seul, mais il n'est pas solitaire. Dans son isolement, il participe à la puissance qui lui donne le courage de s'affirmer en dépit des négativités de l'existence. Son courage n'est assurément pas le courage d'être participant." (Paul Tillich, Le courage d'être, p. 156)
Dans le chapitre 3 : Angoisse pathologique, vitalité et courage, Paul Tillich s'attache à montrer les liens et les différences entre l'angoisse existentielle et l'angoisse pathologique : 1) L'angoisse existentielle a un caractère ontologique : elle ne peut donc pas être supprimée, mais elle doit être intégrée au courage d'être. 2) L'angoisse pathologique est la conséquence de l'échec du moi à assumer l'angoisse. 3) L'angoisse pathologique conduit l'affirmation de soi à se faire sur une base bornée, sur laquelle elle se bloque et se voue à l'illusion : de là une défense compulsive de cette base. 4) L'angoisse pathologique en relation avec l'angoisse du destin et de la mort aboutit à une sécurité illusoire ; en relation avec l'angoisse de la culpabilité et de la damnation, à une perfection illusoire ; en relation avec l'angoisse du doute et de l'absurde à une certitude illusoire. 5) L'angoisse pathologique, une fois installée, relève de la thérapeutique médicale. L'angoisse existentielle appelle l'aide sacerdotale.
L'analyse des liens entre vitalité et courage montre que le vitalisme qui implique la désunion du vital et de l'intentionnel rétablit nécessairement la barbarie comme idéal de courage. Paul Tillich montre cependant que la thèse biologique doit être prise au sérieux, particulièrement par l'éthique, malgré les déformations de la notion de vitalité que comportent le vitalisme biologique et le vitalisme politique (Tillich fait allusion au nazisme et au fascisme): "La vérité de l'interprétation vitaliste de l'éthique est la grâce. Le courage considéré comme une grâce : c'est une conclusion et une question."
Le chapitre 4 (Courage et participation) étudie la relation entre le courage et la participation politique et/ou sociale, que ce soit dans les manifestations collectivistes tribales, semi-collectivistes médiévales et néo-collectivistes modernes ou dans ce que Tillich appelle le "conformisme démocratique" (p. 106)..."Le conformisme pourrait se rapprocher du collectivisme, non plus au point de vue économique, ni au point de vue politique, mais bien plutôt dans la conformité au même modèle de vie et de pensée journalière (le "productivisme"). Que cela doive arriver ou non, et si cela arrive, dans quelles limites, dépend en partie du pouvoir de résistance de ceux qui représentent le pôle opposé dans le courage d'être, c'est-à-dire le courage d'être soi-même (...) Il y a un point, toutefois, sur lequel toutes les critiques sont d'accord, c'est la menace qui pèse sur l'individu dans les différentes formes de courage d'être en participant. Elle est ce danger de la perte de soi qui suscite la réaction contre ces formes de courage et fait surgir le courage d'être soi-même - courage qui lui-même est menacé par la perte du monde." (p. 114)
Dans le chapitre 5 (Courage et individuation), Tillich analyse la naissance de l'individualisme moderne : "L'individualisme s'est développé en se dégageant des liens du collectivisme primitif et du semi-collectivisme médiéval. Il a pu grandir sous le couvert de la conformité démocratique et il s'est manifesté au grand jour, sous une forme modérée, dans le mouvement existentialiste." (p. 115)... "L'attitude existentielle est une attitude d'engagement qui s'oppose à l'attitude d'un détachement purement théorique. "Existentiel" en ce sens peut se définir comme le fait de participer à une situation, en particulier un acte de connaissance, avec la totalité de notre existence : ce qui implique des conditions temporelles, spatiales, historiques, psychologiques, sociologiques et biologiques. Cela inclut également une liberté finie qui réagit à ces conditions en les modifiant." (p.124-125) ; Tillich consacre ensuite son analyse à l'existentialisme en tant que philosophie qu'il considère comme "l'expression la plus radicale du courage d'être soi-même". (p. 126)... L'interprétation essentialiste (Hegel), tient que l'homme est capable, dans sa connaissance comme dans sa vie, de transcender sa finitude, son aliénation et les ambiguïtés de l'expérience humaine." (p. 126)
Rompant avec Hegel, Kierkegaard interprète l'aliénation de la nature essentielle de l'homme en termes d'angoisse et de désespoir : "L'homme ne s'est pas assis sur le trône de Dieu" en participant à sa connaissance de tout ce qui est. Il ne peut occuper un lieu d'objectivité pure au-delà de la finitude et de l'aliénation et sa fonction cognitive est aussi existentiellement conditionnée que l'ensemble de son être.
Selon Tillich, des penseurs aussi divers que Pascal, Kierkegaard, Marx, Nietzsche, Bergson combattaient pour la préservation de la personne, pour l'auto-affirmation du soi, dans une situation où le soi était de plus en plus perdu dans son monde. Ils ont tenté de tracer une voie au courage d'être soi-même dans des conditions qui annihilaient le soi et le remplaçaient par autre chose" (p. 137)
"Ces deux chapitres, sur le courage d'être comme le fait de prendre parti et sur le courage d'être soi-même, nous ont montré que la première forme de courage, si elle est poussée jusqu'à ses dernières conséquences, conduit à la perte du soi dans le collectivisme, tandis que la seconde aboutit à la perte du monde avec l'existentialisme. C'est ce qui nous amène à la question du dernier chapitre de ce livre : existe-t-il un courage d'être qui unisse ces deux formes de courage en les dépassant ?"
Courage et transcendance, le courage d'accepter d'être accepté : avant d'aborder la "solution" que Tillich propose à cette version post existentialiste du pari de Pascal, il convient de rappeler le sens de sa démarche : "Tillich a entrepris de donner une interprétation nouvelle au mot "foi", devenu incompréhensible, par une analyse du courage." (Heinz Zahrnt) ; il convient également de rappeler l'enjeu de cette interprétation nouvelle de la foi : la conservation de soi-même et du monde, malgré la triple angoisse de la finitude, du non sens et de la culpabilité.
Cette "solution" (qui est bien plutôt un "chemin de vie" et dont il faut souligner la dimension existentielle), passe, selon Tillich par le dépassement du "théisme" sous ses trois formes : rhétorique, religieux et théologique : "Un Dieu entendu comme un sujet fait de moi un objet et rien de plus. Il me dépouille de ma subjectivité parce qu'il est tout-puissant et omniscient. Je me révolte alors et tente de faire de lui un objet, mais la révolte échoue et devient désespérée. Dieu apparaît comme un tyran invincible, l'être devant lequel tous les autres sont sans liberté ni subjectivité. Il est égalé à ces tyrans récents qui, par la terreur, cherchent à tout transformer en pur objet, en chose parmi les choses, en rouage de la machine qu'ils dirigent... Un tel Dieu devient le modèle de tout ce contre quoi l'existentialisme s'est révolté. C'est le Dieu dont Nietzsche disait qu'il faut le tuer parce que personne ne peut tolérer d'être transformé purement et simplement en objet de connaissance absolue et de domination absolue. Là se trouve la racine la plus profonde de l'athéisme, du désespoir existentialiste et de l'angoisse de l'absurde répandue à notre époque."
" Seule une Eglise qui représente la puissance de l'être lui-même ou encore le Dieu qui dépasse le Dieu des religions peut être la médiatrice du courage d'être. Une Église qui se fonde sur l'autorité du Dieu du théisme ne peut pas formuler une telle prétention. Elle se développe inévitablement en un système collectiviste ou semi-collectiviste. Mais une Église qui, dans son message et sa prière, se hausse vers le Dieu qui est au-dessus du Dieu du théisme, sans sacrifier ses symboles concrets, peut être la médiatrice d'un courage qui intègre le doute et l'absurde.
C'est l’Église au pied de la croix qui seule peut faire cela, l’Église qui prêche le Crucifié qui implorait à grands cris un Dieu qui était encore son Dieu après que le Dieu de la confiance l'eut laissé dans les ténèbres du doute et de l'absence de sens. Être en participant dans une telle Église, c'est accueillir un courage d'être dans lequel il est impossible de perdre son soi et dans lequel on reçoit son monde..."
"... La foi absolue, ou l'état d'être saisi par le Dieu qui est au-dessus de Dieu, n'est pas un état qui apparaît à côté des autres états de l'esprit. Elle n'est jamais quelque chose de séparé et de défini, c'est-à-dire un événement qu'on pourrait isoler et décrire. Elle est toujours un mouvement présent dans, avec et sous les autres états de l'esprit. Elle consiste pour l'homme à se situer aux limites de ses possibilités. Elle est cette limite. C'est pourquoi elle est en même temps le courage du désespoir et le courage qui est dans et au-dessus de tout courage. Elle n'est pas un lieu où l'on peut vivre, elle est en dehors de la sécurité des mots et des concepts, elle est sans nom, sans Église, sans culte et sans théologie. Mais au plus profond de toutes ces réalités, c'est elle qui est à l’œuvre. Elle est la puissance de l'être à laquelle elles participent et dont elles sont les expressions fragmentaires."
"Le courage luthérien réapparaît, mais il n'est plus soutenu par la foi en un Dieu qui juge et qui pardonne. Il réapparaît sous la forme de cette foi absolue qui dit Oui, bien qu'il n'y ait pas de puissance particulière qui soit victorieuse de la faute. Le courage d'assumer l'angoisse de l'absurde est la limite extrême jusqu'où le courage d'être peut aller. Au-delà, c'est le pur non-être. Dans ce courage toutes les formes de courage sont réinstaurées dans la puissance du Dieu qui est au-dessus du Dieu du théisme. Le courage d'être s'enracine dans le Dieu qui apparaît quand Dieu a disparu dans l'angoisse du doute."
Paul Tillich, Le courage d'être, traduction de l'anglais et avant-propos de Fernand Chapey, préface de René Marlé, Casterman, titre original : The Courage to be, Yale University Press, New Haven, 1952, 1967, Casterman pour la traduction française. Et aux éditions du Cerf, Labor et Fides, Presse de l'université Laval.
Paul Johannes Tillich (20 août 1886, Starzeddel, Allemagne - 22 octobre 1965, Chicago) est un écrivain et théologien protestant.
D'origine allemande, il fut chassé de l'Université parce qu'il avait pris la défense d'étudiants juifs molestés par les nazis, et s'exila alors aux États- Unis.
Paul Tillich est l'un des plus grands théologiens du XXe siècle. Il participa en 1928 au premier cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.
Son œuvre maîtresse est sa théologie systématique. Elle comporte une importante "Introduction" méthodologique et cinq parties intitulées "Raison et révélation", "L'être et Dieu", "L'existence et le Christ", "La Vie et l'Esprit", "L'histoire et le Royaume" (trois volumes dans l'édition américaine, cinq, un par partie, prévus dans la traduction française).
Tillich exercera une forte influence sur de nombreux penseurs de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels Paul Ricoeur et René Girard.
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