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[Café péda] Conférence de rentrée du SE-UNSA Empty [Café péda] Conférence de rentrée du SE-UNSA

par jilucorg Mer 29 Aoû 2012 - 11:14
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C'est ICI

La conférence de rentrée du SE-UNSA, qui s'est tenue mardi 28 aout dans les locaux parisiens du syndicat, respirait un air plus léger. Christian Chevalier, secrétaire général, entouré de Claire Krepper, secteur éducation, Dominique Thoby, secteur revendicatif, Guy Barbier, secteur administratif, et Joël Pehau, secteur formation, résumait l'état d'esprit de la profession : apaisé, mais vigilant. Le Ministère Peillon peut encore « jouer l'héritage » de ses prédécesseurs, dit Christian Chevalier au terme de la présentation des résultats de l'enquête lancée en juin par le syndicat, mais il va devoir s'attaquer très vite à la rentrée 2013 – et les attentes sont vives. Rappelant que l’Éducation bénéficie sous l'actuel gouvernement, conformément aux engagements de campagne, d'une situation privilégiée au regard des autres secteurs de la fonction publique, Christian Chevalier n'en souligne pas moins plusieurs points forts d'exigences des enseignants, qui devront être pris en compte dans la loi d'orientation sur l'éducation.


L'enquête SE-UNSA : des éléments significatifs.
Environ 7000 réponses recueillies, en majorité d'enseignants du primaire, sur les quelques 50 points de sondage proposés par le syndicat, permettent de se former une vision révélatrice de ce qui préoccupe le corps enseignant. L'enquête, encore en cours, porte sur 3 domaines : la réussite des élèves, la reconnaissance et le respect des personnes, la qualité du service public. Si la réussite des élèves reste le souci majoritaire, l'adhésion des sondés atteint plus de 90% sur plusieurs propositions transversales au regard des 3 thèmes : respect de l'autonomie professionnelle et aménagement des fins de carrière, moyens pour aider à l'inclusion des élèves en situation de handicap et insertion des dispositifs d'aide individualisée dans le temps scolaire pour tous, revalorisation morale des métiers et des missions d'intérêt public et souci d'affectation prioritaire des moyens matériels à la scolarité obligatoire (école/collège).


Les traces d'une période difficile.
Si les enseignants ont bien intégré les limites imposées par le contexte économique et les contraintes budgétaires, souligne Christian Chevalier, leurs revendications ne se limitent pas au domaine des moyens matériels. Les questions qu'ils se posent sont liées à l'évolution globale du métier : comment envisager de faire face à des classes d'enfants ou d'adolescents au-delà de 60 ans ? Comment intégrer les enfants en situation de handicap, sans préparation ni accompagnement, alors que leur nombre augmente constamment depuis la loi de 2005 et que le recours aux AVS a montré ses limites ? Mais on sent aussi de leur part un profond rejet de « l'esprit de caporalisation » qui entrave et déprécie leur travail depuis bientôt dix ans, dans un déni récurrent de leur professionnalisme.


« Changer maintenant ou jamais ».
Sur d'autres points, le consensus est absent des réponses des enseignants qui se révèlent équitablement partagées : peut-on envisager de supprimer les notes chiffrées en primaire et collège ? Est-il souhaitable de fondre sections générales et technologiques au lycée, en insérant dans toutes les filières des enseignements technologiques ? Les épreuves du bac peuvent-elles être réduites à 3 ou 4, complétées par d'autres modalités d'évaluation ? Peut-on limiter les questions de rythme scolaire à l'école primaire, sans prendre en compte le collège et le lycée ? En primaire, le passage à la semaine de 4 jours et demi ne soulève-t-il pas de nouveaux et lourds problèmes en termes de programmes et d'organisation du temps de travail ? A tout le moins, le manque de consensus dans la profession sur ces questions montre à quel point elle s'est emparée de débats nés parfois en dehors d'elle et les a fait siens. « C'est maintenant ou jamais qu'il faut changer, en conclut Christian Chevalier, car il est clair que l'école ne correspond plus aux attentes de la société. »


Quelles modalités pour la formation initiale ?
La question de la formation initiale reste problématique, sur fond d'une crise de recrutement qui ne semble pas près de cesser. Les propositions évoluent sans cesse, admet Joël Pehau. La fausse bonne idée serait d'en rabattre sur le niveau de recrutement, pour évacuer la question de la mastérisation, estime-t-il. Mais accepter un master « maison » pour les futurs enseignants, ce serait les doter d'un diplôme inutilisable ; faire passer le concours en fin de M1 reviendrait à fractionner la formation en une première année disciplinaire et la seconde seulement tournée vers la pratique de terrain. Le SE-UNSA penche pour un concours professionnel en fin de M2, en une seule épreuve professionnelle et non disciplinaire. Il préconise aussi une formation en alternance, intégrée à part entière aux études et non juxtaposée à la formation disciplinaire. Ce qui supposerait de limiter les inscriptions en master d'enseignement, en s'appuyant par exemple sur les pré-recrutements des Emplois Avenir – dans la perspective aussi de favoriser la mixité sociale au sein de la profession, que la masterisation menaçait.


Une priorité : la continuité des enseignements dans le cursus obligatoire.
Pour le SE-UNSA, la priorité est de s'atteler à la continuité pédagogique entre primaire et collège, de mettre davantage en réseau l'ensemble du cursus de la scolarité obligatoire, ce qui passerait sans doute par une redéfinition du fonctionnement de l'école et du rôle des directeurs d'école - d'ailleurs particulièrement malmenés en cette rentrée où ils perdent leur aide administrative. Pour Claire Krepper, une logique de cycles et de compétences, dans l'esprit de la réforme de 2002, mais en acceptant d'alléger le volume des contenus d'apprentissage, serait un progrès. Il est temps, remarque-t-elle, de cesser de faire semblant de croire que les élèves maîtrisent les flots de contenus que l'on déverse continuellement sur eux. Par une logique de compétences, on peut travailler sur des contenus mobilisables et réutilisables sans céder à l'idée pédagogiquement réductrice d'un « retour aux fondamentaux ». Revoir les programmes et les approches en termes de réseau tout au long de la scolarité obligatoire, ce serait une bonne manière de travailler à la réussite de tous les élèves.


Le SE-UNSA entend rassembler des acteurs majeurs du monde de l'enseignement, comme le SGEN-CFDT et la FCPE pour peser sur les décisions qui vont être prises. Mais Christian Chevalier insiste aussi sur l'importance fondamentale de l'accompagnement de terrain : la loi d'orientation n'entrera pas dans les détails, et sa mise en œuvre ne pourra réussir sans l'association étroite des enseignants aux choix et aux décisions. Loin de s'en remettre aveuglément au Ministère Peillon, le SE-UNSA reste donc vigilant et « exigeant pour le changement ». « Il y a des signes importants de changement d'état d'esprit en termes de reconnaissance des enseignants et de reprise du dialogue social, souligne Christian Chevalier. C'est bon pour le moral des troupes... » De quoi espérer une rentrée sinon plus confortable, au moins plus légère que ces dernières années.

Jeanne-Claire Fumet
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