- JohnMédiateur
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120531.OBS7170/quebec-l-education-gratuite-c-est-la-base-notre-contrat-social.html
Paul Sabourin est professeur de sociologie à l’Université de Montréal. Pour lui, le mouvement social en cours est un "refus de la marchandisation de notre société". Interview.
Le printemps érable va-t-il se tasser si le gouvernement accepte de revenir sur l’augmentation des frais de scolarité ?
– L’ampleur qu’a pris ici ce mouvement montre qu’il est va bien au-delà des questions de droit de scolarité. De nombreux étudiants ne seront pas du tout ou très peu affectés par cette hausse, qui s’étale sur sept ans et ne concernera, à plein régime, que les plus jeunes qui entrent maintenant à l’université. Les étudiants ont donc été très nombreux à prendre le risque de rater leur semestre pour un problème qui ne les touche pas.
C’est bien la preuve d’un malaise plus profond. Il y a selon moi dans ce mouvement un refus de la marchandisation de la société et du néolibéralisme. C’est l’amorce d’un mouvement mondial, qui pose la question altermondialiste et humaniste, et qui veut restaurer des règles. Au Québec, notre modèle social s’est construit dans les années 1960, avec une large place accordée à l’économie coopérative, au syndicalisme, avec un Etat interventionniste. Dans les années 1980, on a cru que les marchés allaient naturellement se réguler. Aujourd’hui, on sait qu’il n’en est rien.
Le Québec a pourtant une réputation de consensus social. Ici, les réformes ont toujours été adoptées dans la concertation.
– Nous avons une tradition d’égalité économique, qui a été dévoyée. Tout a commencé en 2010, quand le gouvernement de Jean Charest, pour s’attaquer aux déficits et retrouver l’équilibre budgétaire, a imposé de nombreuses hausses de tarifs dans les services publics tout en augmentant les impôts. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a d’ailleurs parlé de "révolution culturelle", rien de moins.
A ce moment là s’est imposée la règle de "l’utilisateur payeur", principe selon lequel les services publics doivent être payés par ceux qui les utilisent. Cela a débouché sur une marchandisation des services publics, de la santé, de l’éducation, qui se traduit par une augmentation de l’endettement et qui a des conséquences sur la liberté individuelle.
Mais les frais de scolarité universitaire sont bien moindres au Québec que dans le reste du Canada, sans même parler des Etats-Unis...
– L’éducation doit être un service gratuit ou quasi gratuit. C’est le fondement même de notre modèle social, le socle sur lequel s’est bâtie la "révolution tranquille" du Québec, dans les années 1960. Un système où la sélection se fait sur les compétences et non sur l’argent. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis : l’endettement des étudiants est une nouvelle bulle financière qui menace d’exploser, comme celle des "subprimes". Quand on s’endette et qu’il y a une crise, on se retrouve dans la rue. La dernière crise l’a prouvé. Cela devrait nous servir de leçon.
Paul Sabourin est professeur de sociologie à l’Université de Montréal. Pour lui, le mouvement social en cours est un "refus de la marchandisation de notre société". Interview.
Le printemps érable va-t-il se tasser si le gouvernement accepte de revenir sur l’augmentation des frais de scolarité ?
– L’ampleur qu’a pris ici ce mouvement montre qu’il est va bien au-delà des questions de droit de scolarité. De nombreux étudiants ne seront pas du tout ou très peu affectés par cette hausse, qui s’étale sur sept ans et ne concernera, à plein régime, que les plus jeunes qui entrent maintenant à l’université. Les étudiants ont donc été très nombreux à prendre le risque de rater leur semestre pour un problème qui ne les touche pas.
C’est bien la preuve d’un malaise plus profond. Il y a selon moi dans ce mouvement un refus de la marchandisation de la société et du néolibéralisme. C’est l’amorce d’un mouvement mondial, qui pose la question altermondialiste et humaniste, et qui veut restaurer des règles. Au Québec, notre modèle social s’est construit dans les années 1960, avec une large place accordée à l’économie coopérative, au syndicalisme, avec un Etat interventionniste. Dans les années 1980, on a cru que les marchés allaient naturellement se réguler. Aujourd’hui, on sait qu’il n’en est rien.
Le Québec a pourtant une réputation de consensus social. Ici, les réformes ont toujours été adoptées dans la concertation.
– Nous avons une tradition d’égalité économique, qui a été dévoyée. Tout a commencé en 2010, quand le gouvernement de Jean Charest, pour s’attaquer aux déficits et retrouver l’équilibre budgétaire, a imposé de nombreuses hausses de tarifs dans les services publics tout en augmentant les impôts. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a d’ailleurs parlé de "révolution culturelle", rien de moins.
A ce moment là s’est imposée la règle de "l’utilisateur payeur", principe selon lequel les services publics doivent être payés par ceux qui les utilisent. Cela a débouché sur une marchandisation des services publics, de la santé, de l’éducation, qui se traduit par une augmentation de l’endettement et qui a des conséquences sur la liberté individuelle.
Mais les frais de scolarité universitaire sont bien moindres au Québec que dans le reste du Canada, sans même parler des Etats-Unis...
– L’éducation doit être un service gratuit ou quasi gratuit. C’est le fondement même de notre modèle social, le socle sur lequel s’est bâtie la "révolution tranquille" du Québec, dans les années 1960. Un système où la sélection se fait sur les compétences et non sur l’argent. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis : l’endettement des étudiants est une nouvelle bulle financière qui menace d’exploser, comme celle des "subprimes". Quand on s’endette et qu’il y a une crise, on se retrouve dans la rue. La dernière crise l’a prouvé. Cela devrait nous servir de leçon.
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